Disclaimer : Presque tout ( je dis bien presque ^^ ) ce qui constitue cette histoire n’est pas de moi, ni l’univers, ni les persos de la série gundam wing.

 

Note de l’auteur : Il y en a qui ne vont pas m’aimer…

 

LE TESTAMENT

 

16 Septembre de l’AC 197,

 

Relena s’agita sous les couvertures, Heero s’arrêta un instant et observa la jeune fille. Sally lui avait demandé de la laisser progressivement seule, de sorte que son corps soit forcé de réagir et qu’elle reprenne enfin le dessus, mais pour lui, le problème venait d’ailleurs. Il ferma le fichier sécurisé de son portable et la rejoignit.

Elle était éveillée, luttant contre elle-même pour se réchauffer, mais elle n’avait réussi à récolter que des tremblements incontrôlés qui avaient fini par attirer l’attention d’Heero.

Elle se sentait tellement incapable.

-Je…je suis désolé, balbutia-t-elle d’une voix tremblante.

-Allons, ne dis pas ça.

Le jeune homme se glissa à ses côtés et la prit dans ses bras, immédiatement sa chaleur l’envahit et Relena s’apaisa.

Un silence pesant s’installa et elle n’osa plus bouger.

Tout lui échappait, elle ne contrôlait plus rien de son existence, elle ignorait ce que Heero voulait faire d’elle, ce qu’ils voulaient faire d’elle d’ailleurs, et cela l’effrayait terriblement. Elle ne voulait plus, elle ne pouvait plus se battre, il y avait eu trop de sacrifices et trop de souffrances, elle aurait dû mourir elle aussi, se laisser aller, tout aurait été tellement plus simple.

C’est la ministre que Heero voulait sauver, mais elle ne pouvait pas lui en tenir rigueur. Ses sentiments envers lui étaient bien trop fort pour qu’elle puisse lui en vouloir, elle l’admirait et elle l’aimait, d’un amour qu’elle ne parvenait pas à saisir, si frugale et si intense à la fois.

La première chose qui l’avait frappée chez lui : Ces yeux.

Oui, elle aimait surtout ces yeux, plus clairs que l’étoile des cieux, elle aimait ces yeux lumineux.[1]

Car ils étaient lumineux, comme il était rare d’en voir, mais ils brillaient d’une telle froideur, mortellement glaciale.

Un cœur pur derrière un regard de glace, voilà ce qu’elle avait vu en Heero Yuy, et elle ne s’était pas trompée.

Mais à présent, tout ça c’était terminé, et elle serait honnête avec lui, une dernière fois.

Et elle brisa le silence.

 

-Ca suffit Heero, laisses-moi, dit-elle en le repoussant d’une voix qui trembla plus qu’elle ne l’aurait voulu.

C’était plus dur que prévu.

-Mais !…Je ne peux pas…

-Bien sûr que si ! lui répondit-elle d’un ton sec.

-Relena, qu’est-ce que…

Mais elle le coupa.

-C’est fini Heero, je ne veux plus…je ne veux plus me battre…plus jamais !

-…

-La ministre est morte, alors vas-t’en…tu n’as…tu n’as plus aucune raison de t’intéresser à moi…termina-t-elle d’une voix de plus en plus faible. Elle hoqueta, mais résista au flot de larmes qui la gagnait, elle ne pleurerait pas, pas devant lui.

Heero accusa le coup.

Alors c’est tout ce qu’elle pense de moi…Mais je…enfin je…non, c’est…mais c’est…

-C’est faux ! cria-t-il.

Relena sursauta et Heero se redressa d’un seul coup, c’était sortit tout seul.

Il resta quelques secondes sans pouvoir réagir, mais se ressaisit en voyant la jeune fille couchée à ses côtés, elle était bouleversée, mais ne voulait rien laisser transparaître.

-Relena, jamais il n’a été question de te demander quoi que ce soit…

-…

-S’il te plaît, regardes-moi, je…je t’en prie regardes-moi !

L’appel du pilote eut raison de la jeune fille qui l’affronta, de ce regard qui le décida enfin à lui ouvrir son cœur.

Une lueur différente éclaira les yeux du jeune homme.

-Ecoutes-moi bien, je veux que tu vives et la princesse m’importe bien peu.

Il approcha doucement sa main pour lui effleurer la joue.

-Je…je ne veux pas te perdre.

Relena resta interdite. Jamais elle ne l’avait vu ainsi, aussi sincère et aussi vulnérable.

Elle releva sa main et lui caressa longuement le visage, s’imprégnant de cet homme qui se découvrait à elle.

-Moi non plus…souffla-t-elle les yeux emplis de larmes.

Heero lui sourit doucement et peu à peu, s’abaissa vers elle, jusqu’à ce que ses lèvres effleurent sa peau si douce, jusqu’à ce que, le souffle court, il l’embrasse tendrement.

Relena goûta de nouveau à ses lèvres qui lui avaient tant manqué, à ce contact qui lui insufflait tant de forces. Le temps sembla se suspendre, aucun des deux ne voulant rompre la magie de l’instant présent, c’est dans une synchronie parfaite qu’ils se séparèrent. [2]

-Ne vas plus jamais croire une chose pareille, lui dit-il aussitôt.

Heero ne détacha pas son regard. La flamme qu’il connaissait si bien en elle sembla vaciller un peu moins, mais le voile sombre qui avait recouvert le cœur de Relena ne se dissipait pas.

-Heero, je…

Mais il posa ses doigts contre ses lèvres.

-Quoi qu’il advienne, continua-t-il.

-Je…je te le promets.

Le pilote l’entoura alors doucement de ses bras et la souleva contre lui. Relena répondit à son étreinte, elle s’accrocha autour de son cou par son bras valide et posa sa tête tout près de son cœur. Elle se laissa bercer par le rythme cardiaque du jeune homme et s’apaisa au fur et à mesure que le son cœur emballé ralentissait. Heero la caressa doucement pour éviter qu’elle ne se refroidisse pendant qu’elle jouait de sa main avec les mèches rebelles de la nuque du pilote. Ils restèrent ainsi longtemps, silencieux, leurs gestes parlant pour eux. Jusqu’à ce que la main de Relena se crispe.

Elle voulait lui dire, tout lui raconter, exprimer ce froid immense qui s’était emparé d’elle peu à peu, mais rien ne voulait sortir…

Heero lui déposa un baiser sur le front et continua à la caresser.

-C’est si difficile…murmura-t-elle.

Il resserra un peu plus son étreinte.

-Je sais.

Relena prit alors appui sur l’épaule du pilote et se redressa un peu plus, il s’immobilisa mais tourna sensiblement la tête en sa direction. Elle lui déposa un tendre baiser à la commissure des lèvres avant de retomber contre son torse, inconsciente.

 

*****************************

 

Duo et Trowa étaient dans le grand hangar, chacun affairé sur sa machine.

Duo n’aimant pas travailler en silence, il avait donc allumé le canal de son armure mobile sur les ondes internationales. Tout en fredonnant, il étudiait avec minutie les nouvelles aptitudes de son gundam. Jusqu’à ce que l’air qu’il écoutait soit soudainement remplacé par le silence.

-C’est pas vrai ! Des gundams plus performant hein ? Et même pas capable de mettre une radio qui fonctionne correctement ! marmonna le natté tout en se contorsionnant pour sortir de sa position inconfortable afin d’aller s’expliquer avec l’appareil en faute.

Trowa soupira, il préférait la musique aux jérémiades de Duo.

-Le Deathscythe est une œuvre parfaite, elle n’a aucun défaut.

Le jeune homme qui venait de se relever sursauta devant le visage ridé qui se dessinait sur son écran.

-Hey ! Non mais ça ne va pas d’apparaître comme ça ! aboya-t-il.

Au ton employé par le natté, Trowa mit un instant son travail de côté et sortit la tête de son habitacle.

-Duo, est ce que tout va bien ?

-Non ! Allumes ton communicateur !

Le grand brun s’exécuta  et le professeur J lui apparu à son tour. Mais le vieil homme n’eut pas le loisir d’observer la même surprise sur le visage de Trowa qui resta stoïque.

-Que voulez-vous ? lui demanda celui-ci.

-Vous prévenir. Les épyons terros se préparent à entrer en guerre.

-Contre qui ? demanda Duo qui avait retrouvé sa contenance.

-Contre les opposants aux Sphères Unifiées.

-Hein ? Mais ça ne tien pas debout !

-Quels intérêts auraient-ils à attaquer les Opposants ?

-Ca, c’est à vous de le découvrir…Au fait, je ne vois pas Heero, où est-il ?

A cette question, Duo s’hérissa, mais Trowa répliqua plus vite.

-Il est occupé.

-Mmm…Ah vraiment…Bon, je crois que c’est tout ce que j’avais à vous dire, soyez prudent.

Puis le visage du professeur disparut.

-Non mais de quoi il se mêle ce vieux sénile ! s’agaça Duo.

-Allons prévenir les autres, l’appela Trowa qui descendait de son Heavyarms.

 

-Les épyons terros qui se préparent à attaquer les Opposants ? répéta Wufei.

-Oui, c’est que ces vieux fous nous ont annoncés.

-Les professeurs ne se sont jamais trompés dans leurs prédictions, on ne doit pas les prendre à la légère, tenta de le raisonner Quatre.

-La solution la plus évidente, c’est qu’ils font cela afin de s’assurer de l’appui des Sphères Unifiées et des citoyens pour leur intégration dans l’organisation, si les Opposants les attaquent, ils apparaîtront comme des sauveurs, analysa Trowa

-Oui, mais attaquer les Opposants…tout portait à croire que les épyons terros étaient originaires de ces territoires qui ont toujours résisté aux Sphères Unifiées, ajouta Quatre.

-Et bien il faut croire que l’on s’était trompé.

-Peut être Wufei, répondit Sally qui était resté pensive depuis le début de la conversation, je vais voir si Lady Une en sait davantage, et il faudrait prévenir Heero, peut être qu’il sait quelque chose qui pourrait nous aider…

 

*****************************

 

Quatre frappa doucement et attendit l’autorisation d’entrer. Les silhouettes des deux pilotes apparurent à l’embrasure, ils pénétrèrent dans la chambre restée sombre malgré l’heure avancée de la journée. Ils distinguèrent bientôt Heero qui s’était légèrement redressé, il les fixait, attendant la raison de leur venue, Quatre répondit à sa demande silencieuse.

-Heero, saurais-tu de quelles natures sont les rapports entre les épyons terros et les Opposants ?

Le jeune homme fronça un sourcil à cette question.

-Pas vraiment, j’ai toujours pensé qu’ils étaient liés mais je n’en ai jamais trouvé la preuve formelle, pourquoi ?

-Parce que selon J, ils vont s’attaquer mutuellement, déclencher une guerre quoi !

Heero garda le silence quelques instant, analysant ce qu’il venait d’apprendre.

-Ca ne présage rien de bon. Je ne vois rien d’utile à ce conflit si ce n’est un moyen de faire disparaître ceux qui sont encore favorable à la paix.

Le silence retomba, chacun cherchant intérieurement à comprendre, jusqu’à ce que leur méditation soit interrompue par une petite voix.

-Le royaume de Sank…il va être détruit…tout ça n’a servit à rien…ils vont mourir…

Personne n’avait pensé que Relena puisse être éveillée, ils se sentirent tout d’un coup tous terriblement mal à l’aise, ils connaissaient l’état de la ministre, et elle n’avait vraiment pas besoin d’avoir une nouvelle guerre sur la conscience.

-C’est de ma faute, murmura-t-elle d’une voix qui trahissait les tremblements que seul Heero put sentir.

Le pilote jeta un regard à ses compagnons et dû accepter le fait, qu’une fois de plus il se trouvait obligé de s’exposer ouvertement. Il tenta cependant de faire abstraction de leur présence et se concentra sur la jeune fille. Il se recoucha et essaya d’apaiser ses tremblements, il la serra doucement contre lui tout en lui parlant à voix basse.

-Tu n’as plus rien à craindre, tu es considérée comme morte, et le gouvernement provisoire de ton pays n’a pas renouvelé les vœux de pacifisme que tu avais fait, plus personne n’a donc une raison de s’attaquer au royaume de Sank.

-Tu te trompes.

Relena venait de parler avec une telle certitude qu’elle ébranla celle d’Heero.

-Que veux-tu dire ? l’incita-t-il à continuer.

Mais la jeune fille menaçait de perdre connaissance, son regard se fit tout à coup très vague et sa tête pencha nonchalamment sur le côté. Il se redressa aussitôt au-dessus d’elle, saisit son visage entre ses mains et la força à le regarder.

-Relena ! Regardes-moi ! Que veux-tu dire !

-Heero…le testament…la promesse d’Iria.

Le pilote la regarda, perplexe, il ne comprenait plus rien de ce qu’elle disait.

-Quatre…aides-moi…

Le jeune homme se rapprocha et saisit la main que lui tendit la ministre, le regard doux de Heero fut immédiatement remplacé par un voile froid et dur, comme si ses émotions avaient subitement été aspirées au plus profond de son être. Il se retira et détourna son regard.

Relena suivit son mouvement et tenta sans grand succès de commander à son corps de faire quelque chose pour le retenir.

-Non…laissa-t-elle échapper.

-Relena concentres-toi ! lui commanda Quatre.

Heero se retourna aussitôt, le regard noir, Duo intervint in extremis avant que quelque chose de fâcheux ne se produise.

-Attends ! dit-il avec autorité alors qu’il le retenait par l’épaule.

Le ton du natté était tellement inattendu qu’Heero s’immobilisa aussitôt.

Quatre semblait ne pas avoir prêté attention à ce qui se passait autour de lui, il serrait la main de Relena et la regardait intensément.

-Je ne sais pas tout, Iria est restée très vague, quel est son rôle ?

-Suss…succéder.

-Te succéder ? Mais comment ?

-Le testament…tout y est écrit.

-Tu veux dire qu’après ta mort, tu avais prévu qu’elle te succède.

La jeune fille acquiesça d’un mouvement de cils.

-Deux…semaines plus tard.

-Mais alors ça veux dire…

-Aujourd’hui, continua Heero à la suite de Duo.

-Je…je suis désolé…elle est en danger…

Relena serra un peu plus la main du jeune blond.

-Quatre, je t’en prie…protèges-la…

-Il est vrai que si cette Iria reprend le flambeau, elle va vite devenir une cible pour beaucoup d’hommes, concéda le natté.

-Nous allons en référer aux autres, mais quoiqu’il en soit, il va falloir intervenir rapidement.

Un pâle sourire prit forme sur les lèvres de la ministre.

-Merci…

Quatre la regarda tendrement et répondit à son sourire.

-Tu reviens de loin, reposes-toi, ne t’inquiètes pas, ça va aller.

Relena cessa alors de résister, elle relâcha la main du pilote et laissa son inconscient reprendre le dessus.

Quatre poussa alors un profond soupir.

-Alors c’était donc ça…pensa-t-il de vive voix.

-Mais qui c’est cette fille ?

Le petit blond releva la tête vers ses deux amis qui restaient dubitatifs.

-Je vous expliquerais tout.

Il se tourna alors vers Heero qui lui fit face avec son expression habituelle, il ressentit pourtant la gêne du pilote.

-Je lui ai demandé un effort important, fais attention à elle.

Le jeune homme lui répondit d’un signe de tête.

-Je reviendrais vous prévenir, Duo ! l’appela-t-il alors qu’il s’était déjà relevé et se dirigeait rapidement vers la porte.

-J’te suis !

 

*****************************

 

Au même instant, au palais de la Nation du royaume de Sank, Melle Iria Raunber, du haut de ses 19 ans, annonçait le vœu de la défunte princesse.

-Je remercie l’assemblée de s’être réunie à titre exceptionnel, à présent je vais laisser la parole à Mademoiselle Raunber.

Le président du parlement se retira et invita Iria à prendre place.

-Merci monsieur le président.

La jeune fille aux longs cheveux châtains se redressa alors et parcouru de son regard intense l’ensemble des députés et sénateurs.

Elle connaissait  le parlement pour avoir souvent assisté à des séances en tant que spectatrice, mais c’était la première fois qu’elle se retrouvait sur le devant de la scène.

-Si nous sommes tous réunis ce soir, c’est parce que j’ai une annonce importante à vous faire.

Iria marqua un temps d’arrêt, elle inspira profondément et serra les poings pour se donner du courage, puis elle se lança.

-Melle Relena Peacecraft, héritière du royaume de Sank, a manifesté dans son testament la volonté que je lui succède si elle venait à disparaître sans laisser de descendance.

Un bruit sourd s’éleva dans l’assemblée. Iria se décala afin de laisser la parole au notaire. La voix portante et profonde du vieil homme imposa l’intention.

-Mesdames, Messieurs, les lois de notre pays laissent à la famille royale le droit de choisir librement quelles personnes deviendront membre de leur famille, quelles que soient leurs origines, et cela inclus un successeur, même si celui-ci n’a aucun lien de sang avec la famille royale.

L’homme fit une pause et observa la réaction du parlement, un silence de mort avait fait place au grondement, tous les regards étaient à présent fixé sur lui.

-Bien, selon le souhait de notre princesse, je vais vous rapporter ses paroles.

Dans la clause du testament réservée aux fonctions officielles, cas d’une mort prématurée de Melle Peacecraft.

« Dans le cas où il adviendrait que je disparaisse sans laisser d’héritier légitime, Melle Iria Raunber serait élevée au nom de Peacecraft, elle détiendra alors le pouvoir exécutif qu’elle partagera avec le parlement et sa descendance constituera la famille royale.

Par le passé, la famille royale a été décimée, s’en est suivie une période de récession et de profond trouble, je ne veux pas faire revivre au peuple une nouvelle fois la perte de son identité. Ma famille a toujours été un symbole, bien au-delà de nos frontières et le message de paix et de liberté qu’elle incarne ne doit plus jamais disparaître.

C’est la raison pour laquelle j’ai choisi Iria, elle ne porte peut être pas le nom de Peacecraft, mais son cœur et son esprit sont dignes de celui d’une princesse de Sank.

Que les sénateurs et les députés veuillent bien me pardonner, mais vous comprendrez aisément que cette initiative devait rester dans la confidence »

Tous les regards se tournèrent alors vers la jeune fille.

Elle avait tout préparé dans son esprit, ce qu’elle ferait et ce qu’elle leur dirait, mais pas un mot ne parvint à franchir sa barrière mentale, Iria se sentit tout à coup terriblement vulnérable, elle recula involontairement d’un pas et baissa la tête.

Tout se bousculait dans son esprit, comment avait-elle pu accepter ? Comment avait-elle pu croire qu’elle serait à la hauteur ?

La jeune fille sentit sa gorge se nouer, les larmes menaçaient. Elle serra les poings un peu plus forts et refoula le goût salé qui s’insinuait déjà sur ses lèvres.

Et c’est dans un silence religieux qu’elle entendit un premier homme se lever, poussée par la curiosité, elle sortit de son mutisme et releva timidement la tête vers lui. Le membre du parlement éleva alors sa main jusqu’à son front pour la redescendre ensuite paume contre cœur, puis il s’inclina respectueusement.

-Veuillez recevoir mon serment d’allégeance, Princesse.

Iria resta face à lui, incapable de quelque mouvement que ce soit, jusqu’à ce qu’un autre homme se relève, puis un autre et encore un autre.

Il en fut ainsi jusqu’à ce que toute l’assemblée ait prêté serment.

Le visage tourmenté de la jeune fille, s’apaisa peu à peu jusqu’à ce qu’un faible sourire apparaisse.

-Je…je vous remercie…

Elle fit alors à son tour le geste symbolique du royaume de Sank, elle éleva sa main jusqu’à son front, l’abaissa paume contre cœur, puis s’inclina.

-Mon cœur et mon esprit resteront à jamais fidèle à Relena.

 

*****************************

 

Quatre revint une heure plus tard annoncer leur décision.

-Je parts avec Trowa dès que le royaume de Sank aura déclaré officiellement l’accession d’Iria au titre de princesse.

-Très bien, j’ai promis à Relena de la prévenir quand tu reviendrais.

Le jeune homme acquiesça d’un signe de tête.

Heero appela alors la ministre tout en la secouant doucement.

-Relena, réveilles-toi, Relena…

La jeune fille sursauta et ouvrit aussitôt les yeux.

-Hee…Heero ?

Le pilote lui renvoya un regard rassurant.

Elle referma les yeux et soupira, et eut encore besoin de quelques secondes avant de revenir à la réalité.

-Relena, Quatre est ici.

La jeune fille reprit alors le court des événements, aidé de Heero, elle bascula sur le dos et aperçut le doux visage de son ami.

-Je t’écoute Quatre, fit-elle faiblement en plissant les yeux.

-Afin de ne pas éveiller de soupçons, nous interviendrons dès que Iria s’annoncera en tant que ton successeur.

-Depuis combien de temps suis-je considérée comme…morte ?

-Avec aujourd’hui, ça va faire le quinzième jour.

-Alors demain matin au plus tard, ce sera fait.

-Très bien, demain à la première heure, je partirais.

La ministre retourna alors son regard vers Heero.

-Heero…toi aussi tu dois y aller…

Il allait intervenir lorsqu’elle se saisit de sa main pour l’inciter à la laisser finir.

-Tu as de grandes qualités Heero, Iria aura besoin de toi à ses côtés, elle saura t’écouter…

-Mais Relena ! Je ne peux pas t’abandonner, jamais tu n’auras la force de…

Mais elle lui effleura du pouce le contour des lèvres, l’empêchant une fois de plus de continuer.

-J’ai confiance en toi, tu dois partir.

Heero céda finalement, à contrecœur.

-Je vais aller préparer Wing Zéro.

Il se releva en silence prit ses affaires et se dirigea vers la salle de bain.

Aussitôt que la porte de la chambre claqua, le masque de détermination de la jeune fille tomba et sa profonde tristesse réapparut.

Quatre se rapprocha et caressa doucement ses cheveux, Relena tourna alors la tête vers lui, il répondit par un tendre sourire.

-Quatre…soyez prudent.

Il se pencha alors au-dessus d’elle et déposa un baiser protecteur sur son front.

-Je te le promets.

-Merci…

 

Duo se promenait nonchalamment dans les couloirs, il venait de sortir de la réunion et prenait tout son temps pour rejoindre sa chambre, il passa à une intersection à moitié songeur lorsqu’il lui sembla reconnaître une silhouette familière, il stoppa son avancée et fit deux pas en arrière afin de s’assurer qu’il n’avait pas rêvé.

Heero venait de sortir de la salle d’eau, mais le plus curieux, c’est qu’il était habillé.

Duo allait l’appeler, mais au dernier moment son esprit commanda à sa voix de rester silencieuse. L’œil exercé du natté remarqua à l’attitude du pilote que quelque chose n’allait pas et qu’il valait mieux éviter de le prendre « à chaud ».

Quatre doit sûrement savoir ce qui se passe, songea-t-il.

Il s’éclipsa discrètement et partit en quête du jeune homme.

Sa recherche fut rapidement fructueuse puisqu’il intercepta le petit blond alors qu’il sortait de la chambre de Heero et Relena.

-Quatre ! Tu as encore fait des tiennes, le réprimanda-t-il gentiment.

-De quoi tu parles ? le questionna celui-ci alors qu’il avait déjà une idée de la réponse.

Duo prit un air évasif.

-Oh de rien de bien important, c’est juste que je viens de voir Heero sortir de la salle de bain tout habillé…

-Je n’y suis pour rien, c’est Relena qui lui a demandé de partir avec moi pour Sank.

Les yeux du natté s’arrondirent comme des soucoupes.

-Hein ? Tu veux rire ? !

-Pas du tout, dit-il d’un air désolé.

-Alors c’était bien vrai, son état est si sérieux que ça ?

Quatre acquiesça tristement.

-Il faut que j’aille parler à Heero.

-Je te souhaite bien du courage, dit Duo dans un soupir.

 

Quatre le retrouva dans le hangar des armures mobiles, Heero, du haut de son gundam le vit arriver de loin, il continua pourtant à s’affairer sur son appareil.

-Qu’est ce tu veux ? lui demanda-t-il sans prendre la peine de relever la tête.

-T’aider à comprendre Heero…

Cette déclaration  le piqua à vif.

Ah vraiment, il tient à m’aider…

 Il releva alors la tête de son écran et regarda Quatre, les yeux emplis de colère.

-Quoi ! Qu’y a-t-il à comprendre ? Elle ne veut pas de mon aide ! Je n’ai pas sut la protéger, tu vois ? Tu vois Quatre ? Je ne suis qu’un incapable ! cria-t-il en frappant avec rage son armure mobile.

-Heero ça suffit !

Mais il n’entendit même pas l’injonction du petit blond, la peine cumulée à la colère faisaient ressortir tout ce qu’il avait jusqu’ici refoulé au fond de lui-même, il descendit alors a la hauteur du jeune homme et se redressa face à lui.

-Quel est le problème Quatre ? Tu devrais être heureux, je te ferais plus d’ombre !

S’en était trop pour le petit blond qui se sentit blessé au plus profond de son être, sa colère sous jacente explosa à son tour et il décrocha un puissant coup de poing dans le ventre du pilote.

Heero en eut le souffle coupé, il se recroquevilla, les deux bras joints contre son abdomen.

-Tu n’es qu’un crétin !

Il l’attrapa par le col et l’obligea à se redresser.

-Pourquoi crois-tu qu’elle a fait ça, hein !

Heero n’en attendit pas plus et colla son poing contre la mâchoire de Quatre qui ne tenta même pas d’esquisser.

-Vas-y ! Aller frappes si c’est le seul moyen pour toi de t’exprimer !

Il était en train d’armer son second coup lorsque les dernières paroles de Quatre le firent hésiter, il  plongea alors ses yeux dans ceux du petit blond et le regard qu’il lui adressa le toucha de plein fouet. Les yeux de Heero qui brillaient d’un bleu meurtrier s’éclaircirent subitement, il relâcha son ami, tituba et s’effondra au sol, haletant.

-Quatre…

Quelques secondes plus tard, Quatre le rejoignit à son tour à terre.

-Tu ne sais pas tout Heero, et les sentiments qui sont en train de naîtrent en toi t’aveuglent.

Le jeune homme releva la tête dans sa direction, mais ne prononça pas un mot.

-Relena ne sait plus où elle en est, continua-t-il.

Les paroles de la jeune fille revinrent alors à la mémoire d’Heero.

-Elle ne veut plus se battre, prononça-t-il sans même se rendre compte qu’il pensait tout haut.

-Oui, elle ne veut plus se battre parce qu’elle ne se sent plus digne de vivre, son cœur est remplit de peine et de souffrance, et pourtant, aucune colère n’émane de sa personne.

Ses sentiments envers toi l’on incité à revenir, mais malheureusement elle n’arrive pas à trouver la force nécessaire pour se relever seule et elle ne veut pas le faire au dépend de ta personne. Elle cherche à te protéger en agissant ainsi Heero.

-La nécessité de mourir n’est supportable qu’à celui qui la regarde comme telle…

-Oui, mais on ne peut pas décider à sa place.

-Je sais…lui répondit-il tristement.

-Ne perds pas espoir, elle a besoin de toi.

-Et de toi aussi…dit-il d’une voix faible.

Quatre retint un sourire que Heero aurait pu mal interpréter, pour une fois que le jeune homme parlait librement, il ne fallait pas risquer de le blesser.

-Oui, tu as raison, elle a besoin de moi…

Heero se crispa à cette déclaration

-…mais parce que je suis devenu son ami et son confident, tu n’as rien à craindre de ma personne.

-Quatre excuses-moi, je…j’ai agit comme un imbécile, je…enfin je…

-Je sais…lui dit-il en souriant.

Il se releva et lui tendit la main, Heero la saisit et se redressa en laissant échapper une grimace.

-Je t’ai connu moins impulsif, dit-il en se tenant légèrement penché vers l’avant afin de soulager la douleur.

-Moi aussi, le regarda Quatre amusé.

-J’ai dû mal à me contrôler en ce moment…Quatre qu’est ce qu’on va leur dire ?

-Que je me suis pris une porte et que tu étais malencontreusement derrière !

Heero le regarda avec un air mi-sérieux, mi-amusé.

-Tu n’es pas très drôle.

-Je sais, je n’ai encore jamais réussi à égaler Duo, allez viens !

 

Relena ne s’était pas trompée puisque ce soir-là, le royaume de Sank annonça dans un communiqué officiel que le pays avait une nouvelle princesse.

Les pilotes regardèrent bizarrement Quatre et Heero lorsqu’ils les rejoignirent pour mettre au point la mission du lendemain, mais personne ne leur posa de questions et l’entretien fut rapidement clos.

Heero sortit de la salle et hésita de la marche à suivre valait-il mieux qu’il rejoigne Relena où qu’il la laisse seule ?

Quatre sortit à sa suite et croisa son regard lorsqu’il le dépassa.

-N’oublies pas Heero…

-On se rejoint demain à 4 heures.

Le jeune homme tourna alors les talons et prit la direction de sa chambre.

 

Il était déjà tard lorsqu’il rejoignit Relena. Il fut rassuré de constater qu’elle ne tremblait pas et que son corps n’était pas trop froid.

Il souleva avec précaution les draps et se glissa le plus discrètement possible à ses côtés, mais dans son sommeil la jeune fille sentit quelque chose la toucher, dans un geste de peur, elle s’éveilla en sursaut et saisit la main du pilote qui venait de lui effleurer l’épaule en voulant ramener les couvertures sur elle.

-Heero ?

Surprise, elle le relâcha aussitôt.

-Pardon, je ne voulais pas te déranger…il vaut peut être mieux que je te laisse…

Il allait se relever lorsqu’il sentit une main le retenir.

-Restes…dit-elle du bout des lèvres.

Heero la regarda alors, elle avait dissimulé son visage, de sorte qu’il ne puisse pas voir ses émotions, cette réaction de sa part l’attrista, elle qui autrefois n’avait rien à cacher.

Elle avait besoin d’aide, ça crevait les yeux, s’en rendait-elle seulement compte ?

Mais Quatre avait raison, on ne pouvait pas l’obliger.

-Relena, quel que soit ton choix, saches que je le respecterai.

La jeune fille releva alors la tête vers le pilote et le gratifia d’un regard emplit de reconnaissance.

-J’ai si peur…

Heero approcha doucement sa main et dégagea les mèches qui lui tombaient sur le visage.

-Tu dois avoir confiance en toi.

La jeune fille le regarda à nouveau et il comprit aussitôt, Heero se rallongea à ses cotés, et pour la première fois, c’est elle qui le serra dans ses bras.

 

Tidididit ! Tidididit ! …

Heero désenclencha l’alarme de sa montre et poussa un profond soupir.

Il libéra prudemment Relena de son étreinte, puis dégagea de son cou le bras blessé de la jeune fille qui laissa échapper un gémissement.

Le jeune homme s’habilla d’une chemise légère et d’un pantalon de toile sombre, prit son baluchon, son portable et se dirigea vers la sortie.

Lorsqu’il passa à la hauteur du lit, il ralentit son allure, incertain. Heero posa finalement ses affaires et se rapprocha de la jeune fille, il ouvrit la table de chevet et en sortit une électrode qu’il appliqua contre l’omoplate de la ministre. Il alluma ensuite les appareils de surveillance qui émirent un petit « bip » de mise sous tension.

Ce qu’il venait de faire ne plairait sûrement pas à Relena, mais au moins, si il y avait quoi que ce soit d’anormal, Sally en serait avertie.

Heero lui effleura une dernière fois le visage puis partit rejoindre Quatre.

 

Le jeune homme retrouva Quatre et Trowa dans la cuisine. Trowa avait décrété qu’étant donné qu’il dormait très peu, ce serait lui qui leur préparerait leur petit déjeuné et Quatre s’était résigné à laisser faire son meilleur ami.

Vingt minutes plus tard, les deux pilotes désignés montaient à bord de leur appareil.

L’itinéraire consistait d’abord à aller jusqu’à Izmir aux commandes de leur gundam, de là, ils prendraient un transporteur pour Genève pour ensuite repartir à bord de leurs armures mobiles jusqu’au Royaume de Sank, ils en avaient pour approximativement 6 heures.

-Soyez prudent, les épyons terros vont sûrement tenter des coups bas pour éliminer la princesse, cette mission ne me dit rien qui vaille.

Quatre lui adressa un grand sourire et Heero un regard entendu.

-Promis Trowa !

Le Sandrock et le Wing Zéro s’envolèrent alors de la base pour rejoindre leur première étape.

Leur voyage se passa sans problème et en début d’après midi ils arrivèrent au royaume de Sank. Ils dissimulèrent leur appareil dans l’un des sous-sols qu’ils avaient utilisés pendant la Grande Guerre et dont peu de gens connaissaient l’existence. Les grands hangars souterrains avaient été réaménagés par Noin, ils s’étendaient sous l’école pacifiste St Gabriel qui servait aussi de palais officiel, jusqu’à la résidence royale où vivait autrefois la famille Peacecraft.

Une voiture avait été mise à leur disposition deux kilomètres plus loin sur la cote selon les ordres de Sally.

 

*****************************

 

-Halte là ! Vous ne pouvez pas passer !

Un des gardes armés s’approcha du véhicule qui ralentissait, Quatre descendit sa vitre teintée.

-Oh Monsieur Winner !

Le jeune blond lui sourit poliment.

-Bonjour Tom.

-Monsieur, je suis désolé, mais depuis que Mademoiselle Relena est…enfin je ne peux plus vous laisser accéder librement au palais.

-Oui, je comprends, répondit-il tristement, mais pourriez-vous m’annoncer à Melle Raunber, je dois m’entretenir avec elle.

-Bien sûr, c’est la moindre des choses que je puisse faire.

L’homme revint deux minutes plus tard.

-Tout est en ordre, la princesse vous attend dans le petit hall.

Tom se pencha alors un peu plus vers Quatre.

-Je suis vraiment navré de ce qui est arrivé, ça doit être particulièrement difficile pour vous, mais ne vous laissez pas abattre, notre princesse n’aurait pas aimé vous voir dans cet état.

-Oui je sais…merci Tom.

Quatre remonta alors sa vitre et se dirigea vers l’endroit indiqué.

Heero qui n’avait pas bougé jusque là, tourna sensiblement la tête en direction du jeune homme, l’air suspicieux.

-Les rumeurs vont bon train dans les milieux aristocrates, et nombreux sont ceux qui voyaient entre moi et Relena une relation beaucoup plus intime que de la simple amitié.

-Je vois…

 

La discussion fut close puisqu’ils arrivaient devant le bâtiment désigné. Un voiturier et un portier s’occupèrent des dispositions nécessaires et les deux pilotes pénétrèrent dans le petit hall. Iria descendait au moment où ses invités arrivaient, elle était vêtue d’une longue jupe plissée et d’un bustier, tous deux de couleur

vert-pâle, au-dessus duquel elle portait l’écharpe de la royauté, rouge bordée de fil doré.

La jeune fille marcha lentement jusqu’à eux, arrivée à leur hauteur elle leur sourit poliment et s’inclina dans une petite révérence.

-Soyez les bienvenus, si vous voulez bien me suivre.

Elle fit demi-tour et se dirigea vers son bureau suivit de près par son premier majordome qui ne décollait pas de la princesse et qui prenait soin de laisser de l’espace entre Mademoiselle et les deux jeunes garçons.

Ils rentrèrent tous les quatre dans la grande pièce, la jeune fille s’installa derrière son bureau et regarda son majordome qui venait de refermer la porte derrière lui.

-Dave, voulez-vous bien nous laisser seul s’il vous plait ?

-Mais Mademoiselle, je dois veiller à votre sécurité…

La princesse s’agaça de cette remarque.

-Allons, c’est Monsieur Winner, vous n’oseriez tout de même pas mettre en doute la confiance que Relena lui accordait ?

-Non…non bien sûr…

-Et ce n’est pas la peine de nous attendre, lança-t-elle en le fixant droit dans les yeux.

L’homme serra les dents face au ton employé, il fit une révérence forcée puis se retira. Iria attendit jusqu’à ce que le son de ses pas disparaisse au loin, son visage changea alors d’expression et elle se précipita dans les bras du petit blond.

-Oh Quatre ! Je suis si heureuse de te voir !

Le jeune homme lui sourit doucement et la serra à son tour.

-Moi aussi Iria…

-Tout est arrivé si vite…je n’étais pas prête à ça, à devenir…princesse, et Relena qui a été… oh mon dieu Quatre c’est un cauchemar !

Quatre lui caressa doucement les cheveux et lui parla d’une voix douce. Il pouvait ressentir la tristesse et toutes les incertitudes qui avaient pris possession de la jeune fille.

-Ca va aller, nous sommes là pour t’aider, et puis tu as l’air de ne pas t’en sortir aussi mal que ça.

Iria ne put s’empêcher de sourire à la remarque de Quatre, elle le relâcha et le regarda dans les yeux.

-Ce type est une vraie sangsue !

Ils se sourirent tous les deux comme deux enfants dans les bras l’un de l’autre, mais Iria revint tout à coup à la réalité en apercevant l’autre jeune homme par-dessus l’épaule de son ami. Elle reprit un peu de sa contenance et s’avança vers lui avec un sourire chaleureux.

-Je suis vraiment désolé, l’espace d’un instant j’avais oublié votre présence.

Elle s’arrêta face à lui et plongea ses yeux verts dans ceux du pilote, rare étaient ceux qui pouvaient soutenir le regard d’Heero.

Le jeune homme prit le temps de l’observer.

Relena a raison, cette fille à l’étoffe d’une princesse de Sank, elle au fond de ses yeux une expression sincère et passionnée et son charisme impose le respect.

-Je suppose que tu es Heero, dit-elle finalement au bout de quelques secondes, Relena m’a beaucoup parlé de toi. J’espère que nous serons amis, ajouta-t-elle en lui tendant la main.

-Enchanté, fit Heero en recevant la poigne ferme de la jeune fille.

-Appelles-moi Iria.

Le pilote haussa alors un sourcil et tourna légèrement la tête vers le bureau de la princesse, une lueur traversa son regard lorsqu’il aperçut l’ourson qu’il avait offert à Relena pour son seizième anniversaire. La jeune fille suivit son regard et lui sourit.

-Je n’ai rien touché, tout est comme Relena l’avait laissé.

Heero contourna alors le bureau et s’installa devant l’ordinateur personnel de la princesse.

Iria se rapprocha de Quatre et l’interrogea du regard.

-Relena détenait des informations importantes sur les politiciens des Sphères Unifiées qui avaient appuyé le désarmement.

-C’est pour ça que vous êtes venus ?

-Pas seulement, nous allons rester un peu avec toi, voir comment tu t’en sorts et garder un œil sur les épyons terros.

Le visage d’Iria se referma, elle se détourna alors vers la fenêtre et son regard se perdit au-delà de la grande forêt, loin vers les montagnes.

-…C’est une si grande responsabilité, et l’ombre de Relena plane dans tous les esprits, ils attendent de moi peut être plus que ce que je ne pourrais leur offrir.

Quatre se rapprocha et lui posa une main amicale sur l’épaule.

-Jamais elle ne t’aurait choisi si elle ne t’avait pas jugé capable de supporter cette charge, elle t’aimait bien trop pour risquer de te mettre en danger inutilement.

-Tu as en toi les capacités de réussir avec tes propres convictions, il te faut quitter son ombre et construire l’avenir comme tu le vois. Tu dois oublier Relena.

La jeune fille sursauta au ton dur que le pilote avait employé dans sa dernière phrase. Elle se retourna vers lui, interloquée, d’abord en colère de la façon dont il venait de traiter la défunte princesse.

-Comment veux-tu que je l’oublie, c’était mon amie ! Et je croyais que tu l’aimais toi aussi !

Heero releva la tête et fixa la jeune fille de son regard impénétrable, finalement il se leva silencieusement et sortit sur le balcon.

-Ce type n’a aucune compassion ! Mais qu’est ce qu’elle pouvait bien lui trouver !

-Tu te trompes Iria, dit-il doucement.

La jeune fille se retourna vers Quatre, surprise.

-Relena et Heero étaient très proches. Heero ne laisse jamais rien transparaître de ce qu’il ressent, il faudra t’y habituer, mais ne fait pas de conclusion hâtive, dans le fond c’est quelqu’un de sensible, sinon, comment Relena aurait-elle put l’aimer autant ? Tu n’es pas d’accord avec moi ?

La jeune fille acquiesça silencieusement.

-Ses conseils te seront précieux. Il ne cherche pas à t’attaquer lorsqu’il te parle ainsi, mais juste à te faire comprendre que tu dois construire ta propre politique et te détacher de Relena, sinon tu ne seras jamais reconnue pour toi-même mais seulement pour celle qui aura remplacé la princesse assassinée.

-Il a une façon plutôt…brutale de dire les choses.

-C’est ainsi qu’on le lui a appris, laisses-lui le temps de s’habituer à toi.

Le visage d’Iria se détendit alors et un faible sourire prit naissance.

-Oui, tu as raison…dit-elle en se dirigeant vers le balcon.

Quatre voulu la retenir, mais elle lui fit signe que ça irait, il céda alors et un sourire rassuré apparu sur ses lèvres.

 

Heero était accoudé à la balustrade, le regard perdu dans les remous de la mer.

-Je voulais m’excuser Heero, je n’aurais pas dû m’emporter de la sorte, je suis désolé si je t’ai blessé.

-…‘pas grave, répondit-t-il dans un souffle, les yeux toujours portés au loin.

-J’en suis heureuse…bien je vais te laisser, je crois que tu as besoin d’être seul.

La jeune fille se retourna, alors qu’elle allait pénétrer dans son bureau le jeune homme l’interpella.

-Iria

-Oui ?

-Je remplirai la mission qui m’a été donnée.

-Je sais Heero.

Et elle referma la porte.

 

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 [1] Cette jolie phrase n’est pas de ma personne, mais de Verlaine ^^

 [2] Alors vous vous demandez quant est ce qu’ils se sont embrassés pour la première fois hein ? Un petit indice, ceux qui ont lu les mangas devraient le savoir, et si ça ne vous dit toujours rien, mailez-moi et je vous éclairerais.

 

 

 

Note de l’auteur :

 

Je vous vois derrière votre clavier, pas la peine de vous cacher, en ce moment vous êtes en train de me maudire en vous disant « Mais à quoi elle joue Kiwidieu en faisant partir Heero ? Putain, elle saoule ! Et puis qui c’est cette nouvelle, on en avait déjà pas assez d’une princesse ! »

 

Bon, je crois que je vous dois quelques petites explications…

Le but de mon histoire n’est pas seulement de faire du Heero/Relena, sinon, croyez-moi bien, je ne me serais pas autant prise la tête sur le scénar. Relena reste bien sûr mon perso principal, mais je ne tiens pas à la jeter dans les bras d’Heero parce que je trouve que ce serait vraiment dommage de faire une chose pareille. Je ne vais pas commencer à vous expliquer pourquoi, parce que sinon la note de l’auteur va devenir trop longue pour que vous arriviez au bout ^^.

L’amour reste le thème maître de mon histoire, mais l’amour au sens large du terme, et pas seulement l’amour qu’il y a entre Heero et Relena, enfin, vous verrez, je ne vais pas spoiler non plus !

Voilà, je suis désolé de ne pas vous en dire davantage, vous n’avez plus qu’à me faire confiance !

 

A très bientôt.

 

Commencé le 13/07/2003 Terminé le 29/07/2003

 



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