Disclaimer : L’univers de Gundam Wing et les personnages de la série ne m’appartiennent pas, ils sont la propriété exclusive de leurs auteurs et dessinateurs.

 

Note de l’auteur : Ahhh ! Je suis en retard ! Milles excuses de vous avoir fait patienter aussi longuement mais j’ai eu dernièrement ce que l’on appelle couramment le syndrome de la page blanche ! Alors je vous préviens tout de suite, ne m’en veuillez pas si mes updates ont tendance à s’espacer un peu ^^

Mais attention ! Updates peut être moins fréquentes, mais chapitres plus long ! ( j’essaye de me rattraper…)

 

Aller, place à l’histoire !

 

REVELATIONS

 

 

Les deux pilotes attendaient dans la pièce jouxtant le bureau de la princesse lorsqu’ils entendirent le premier majordome sortir du bureau d’un pas appuyé. La porte s’ouvrit alors et la jeune fille leur apparue, un sourire victorieux aux lèvres.

-Tout est arrangé, vous allez loger avec moi au palais.

-Ma petite Iria, vous prenez vite de l’assurance, prononça une voix grave et profonde.

Heero et Quatre s’échangèrent un regard.

-Venez, je vais vous présenter.

Un homme d’une quarantaines d’années s’approcha d’eux, des épaules larges, le regard sûr et posé, il semblait être une personne sur laquelle il était rassurant de pouvoir compter.

-Heero, Quatre, je vous présente M. Allan Gregor.

L’homme s’approcha du petit blond et lui offrit une poignée de main.

-Quatre, ça fait plaisir de vous revoir parmi-nous.

-Plaisir partagé Allan, lui répondit-il dans un sourire, je sais qu’Iria pourra compter sur votre soutient.

-Oui, c’est moi qui m’occupe de l’introduire dans le milieu, quand ce n’est pas son majordome qui lui rabâche sans cesse le protocole ! Mais je ne vais pas vous ennuyer avec ça ! Je ne me suis pas encore présenté à votre ami.

Allan s’approcha alors d’Heero qui reçu sa poignée.

-M. le sénateur, répondit-il en le fixant dans les yeux.

-M. Heero…

-Yuy.

-Ah je vois…Je pense que votre aide à tous les deux nous sera précieuse.

Le visage d’Heero se détendit alors et il relâcha la main du sénateur.

-Je crains que oui, malheureusement.

-Nous en reparlerons plus tard, fit-il en continuant à fixer le pilote, pour le moment, nous allons vous installer au palais royal, la voiture doit nous attendre, leur signifia-t-il en les invitant d’un geste du bras à se diriger vers la sortie.

 

*****************************

 

La résidence  royale se situait à quelques kilomètres de St Gabriel, un peu plus loin dans les terres.

 

Les immenses arbres limitant la visibilité à quelques mètres seulement, c’est dans un tournant que la grande bâtisse leur apparue, comme sortie d’un songe d’une autre époque.

L’émerveillement fut lisible sur le visage de chacun, Iria elle-même ne se lassait jamais de cette vision qui réveillait en elle son regard d’enfant.

Le véhicule s’arrêta devant un grand portail forgé, soutenu de chaque côté par deux statues en marbre jaune représentant des licornes cabrées, symbole de pureté et de sagesse.

La grille s’ouvrit alors sur la voie royale qui menait au palais, une longue allée pavée de pierres dorées, de chaque côté de laquelle s’étendaient deux larges bassins, et un magnifique jardin d’agrément.

Les bassins se rejoignirent en arc de cercle devant la «porte des Nymphes », un complexe architectural raffiné formé d’une vingtaine de colonnes qui prenaient pied dans l’eau pour se rejoindre dans un ensemble de voûtes finement travaillées. Un pont permettait de traverser la porte des Nymphes en son centre et d’accéder dans la cour d’honneur du palais. Le corps du palais se divisait alors en trois ailes. Les façades composées de pierres jaunes rehaussées de colonnes et de bas reliefs en marbre rose, se paraient d’un drap d’or aux rayons du soleil couchant, le spectacle était magnifique à voir.

Iria laissa les deux jeunes hommes profiter du panorama.

-C’est magnifique, murmura Quatre, Relena ne m’avait jamais dit qu’il était aussi beau.

-Oui, elle ne tenait pas trop à en parler, moi-même, je n’ai eu que rarement l’occasion d’y venir.

-Si vous voulez bien me suivre, dit-elle au bout de quelques secondes.

 

L’intérieur n’avait rien à envier à ce qu’ils avaient vu auparavant, et c’est dans un dédale de marbre blanc, de dorure et de parquets que la jeune fille les conduisit jusqu’à leur chambre, à proximité de la sienne.

-Voilà vos appartements, je vous laisse vous y installez. Je vous attends pour le repas, dans une heure dans la petite salle.

Les pilotes acquiescèrent et la remercièrent poliment.

 

Iria s’était retirée dans sa chambre, la journée avait été harassante. Elle se laissa tomber en arrière sur son lit, mais la structure solidifiée du bustier rendit la réception très désagréable, l’air contrit elle se rassit et poussa un profond soupir.

Comment Relena avait-elle réussi à endosser aussi naturellement une telle vie ? Iria, pour sa part se sentait comme un oiseau dans une cage dorée, on l’empêchait de dire ce qu’elle pensait, de voir les personnes qu’elle voulait, on l’empêchait même de respirer ! La jeune fille sourit en tapotant son bustier et se décida à aller enlever cet instrument de contention.

-Il va falloir te montrer beaucoup plus déterminée que ça si tu veux réussir ma petite Iria ! se sermonna-t-elle à haute voix tout en se dirigeant vers sa salle de bain.

Elle resta longtemps sous la douche, comme si l’eau avait également le pouvoir de laver toute cette pression qui l’accablait. La jeune fille finit par sortir, à contrecœur. Elle enfila une robe légère, ouvrit en grand sa baie vitrée, et tout en s’accoudant sur la rambarde du balcon, se perdit dans la contemplation des grands pins qui s’agitaient doucement au gré du vent.

 

Heero pénétra à l’heure dite dans la petite salle. Visiblement il était le premier. Le couvert avait déjà été dressé, il s’avança vers la table lorsque son attention fut attirée par un mouvement volatil dans une pièce voisine. Le tissu fin de la robe d’Iria s’agitait, animée par la brise du soir. Il s’approcha doucement et constata qu’elle n’avait pas remarqué sa présence, le visage grave, elle était plongée dans ses réflexions. Une telle tristesse émanait de sa personne. Heero se sentit gêné d’assister à ce moment d’intimité où la nouvelle héritière dévoilait une partie de sa personnalité qu’elle tenait cachée aux regards des autres. Il fit un pas beaucoup plus appuyé et s’arrêta à l’entrée de sa chambre. Iria se retourna, d’abord surprise, en un instant elle reprit son attitude habituelle et afficha un sourire poli.

-Heero ! Je ne t’avais pas entendu arriver, dit-elle le plus naturellement possible.

Le jeune homme ressentit pourtant son trouble, il enchaîna aussitôt, l’air impassible.

-C’était la chambre de Relena ?

-Non…non je n’ai pas pu…occuper sa chambre. Celle-ci était en réalité destinée aux proches de la princesse, aux autres membres de sa famille.

Heero releva alors la tête pour observer la peinture qui ornait le plafond.

-La beauté de cette pièce m’aurait fait croire le contraire…Ce palais est vraiment magnifique, je croyais pourtant que tout avait été détruit.

Iria soupira et retourna à la contemplation du paysage, Heero la rejoignit sur le balcon. Ils restèrent quelques secondes silencieux, appréciant la caresse du vent, puis elle entama son récit.

-Le palais royal n’était plus habité depuis des années, il avait été en grande partie détruit lors de la rafle contre la famille Peacecraft…Le peuple fut bouleversé par la perte de sa famille royale et il se mit à reconstruire le magnifique édifice, ils avaient perdu leur dirigeant, mais ils ne voulaient jamais oublier ce soir où leur existence avait pris un destin tragique. C’est dans cet effort de mémoire qu’ils entreprirent aussitôt de faire renaître le bâtiment de ses cendres, l’ultime symbole de la famille Peacecraft, l’ultime symbole d’espoir de toute une nation. Lorsqu’ils apprirent que des descendants de leur roi étaient encore en vie, les habitants de Sank, insufflés d’une nouvelle énergie accélérèrent les travaux, et au début de l’été, le palais avait retrouvé sa splendeur d’antan.

La descendante légitime, Relena Peacecraft avait été invitée à venir y habiter de façon définitive. Elle s’était vue dans l’obligation d’accepter, malgré le fait qu’elle tenait particulièrement à rester dans la demeure des Darlian qui constituait encore un lien avec une existence stable et la chaleur d’un foyer à dimension humaine. Elle avait réussi à octroyer quelques mois avant de prendre possession de ses nouveaux appartements royaux…elle devait aménager en octobre…termina-t-elle d’une voix qui dissimulait difficilement l’émotion qui la gagnait.

Heero se sentit tout à coup maladroit d’avoir rappelé de douloureux souvenirs à la jeune fille, d’autant plus qu’il ne tenait pas à lui dévoiler l’existence de Relena.

-Je suis désolé, dit-il simplement.

Iria releva la tête sans rien dire, elle se contenta de l’observer. Il avait l’air si distant lorsqu’il disait ça, et pourtant ça paraissait sincère.

Elle allait prendre la parole lorsque Quatre fit son entrée.

Ils se dirigèrent alors vers la table et le dîner fut servit.

 

*****************************

 

Duo frappa à la porte, n’ayant obtenu aucune réponse, il l’ouvrit doucement et passa son visage à travers l’encadrement. Il aperçut la jeune fille recroquevillée sur le côté.

-J’en ai assez de toutes ces piqûres, laissez-moi, dit une voix lasse.

-Moi aussi j’ai jamais aimé ça.

-Duo…

-Lui-même ! répondit-il d’un air joyeux, rassures-toi je ne viens pas te torturer mais juste te tenir compagnie !

Le natté s’approcha une chaise à la main et s’installa à la tête du lit. Mais Relena ne bougea pas et il fut accueillit par un amas de couvertures desquelles dépassaient quelques mèches aux reflets ternes.

Le pilote fit la moue devant l’assemblage de tissus qui se présentait à lui.

Bien ! Je sens que ça ne va pas être facile ! Bah ! Ca ne peut pas être pire qu’avec Heero ! songea-t-il en souriant.

Il s’installa confortablement pour se donner du courage face à la tâche qui l’attendait et commença son monologue.

-Aujourd’hui c’était jour de marché à Al-jirma, j’y suis allé avec Wufei et Raschid, Raschid à été plutôt sympa, il nous a expliqués quelques coutumes de son pays, et tu veux que je te dise, il y en a qui sont vraiment tordues ! Tiens par exemple…

Duo déblatéra des tas d’explications sur la journée qui venait de se passer, en prenant soin d’omettre tout ce qui pouvait avoir trait à la guerre. Il restait en réalité bien peu de choses à dire mais le natté avait un don pour faire la conversation tout seul à partir de rien, il s’était bien entraîné ces dernières années… Cependant, au bout d’un moment le jeune homme finit par en avoir assez de parler à un tas de couvertures.

- …Euh, Relena tu pourrais pas dire quelque chose ? Je sais pas moi, par exemple : Ah tiens Duo, ça me fait plaisir de te voir ! Alors que s’est-il passé d’intéressant aujourd’hui ?

-…Duo, je n’ai rien contre toi…

-…mais tu préfères rester seule à dépérir. Désolé mais je ne peux pas te laisser faire ça, répliqua-t-il d’un ton grave qui tranchait avec son entrain habituel.

-…

-Penses un peu à moi ! Heero va me tuer ! reprit-il à la dérision.

La jeune fille se contracta au nom pilote et Duo esquissa un sourire, il avait réussi à la faire réagir.

-Ecoutes Rel’, je peux t’aider mais il va falloir que tu fasses un petit effort, je peux m’arranger avec Sally…

-Je ne veux pas que l’on m’aide.

-Si tu pars comme ça, c’est sûr que…

-Laisses-moi, le coupa-t-elle d’une voix atone.

Le jeune homme soupira et se releva, mais alors qu’elle croyait qu’il partait, elle sentit des mains se poser contre elle. Elle sursauta et tenta d’instinct d’échapper à la prise, mais Duo n’eut aucun mal à la contenir et il la bascula doucement sur le dos. Il la bloqua d’une main contre son épaule et s’assit sur le rebord du lit. Relena se figea, la tête tournée du côté opposé au pilote, le regard porté le plus loin possible de cet endroit. Une fois encore, elle se trouvait prise au piège. Duo avança lentement sa main et dégagea les mèches qui lui empêchaient de voir le visage de la jeune fille. Il lui prit alors délicatement la tête pour la tourner en sa direction, Relena se laissa faire, à quoi cela aurait-il servit de résister de toute manière ?

Il l’amena à le regarder. Elle fut alors submergée par les yeux améthyste de Duo, comme si une bouffée de chaleur venait d’envahir son corps affaiblit. Le regard intense et passionné du jeune homme trahissait la grandeur de son âme, c’était un être généreux et qui ne renonçait jamais. Elle avait comprit le message, il ne lui laissait pas d’alternative.

-Que les choses soient claires Relena, je ne vais pas te regarder renoncer un peu plus chaque jour sans rien faire. Il y a déjà eu bien trop de gens honorables qui sont morts ces dernières années. Toi qui as toujours dit que la vie était la chose la plus précieuse, comment peux-tu agir de la sorte !

La jeune fille le fixa d’un regard mélancolique.

-C’est différent.

Duo lui caressa les cheveux d’une main protectrice.

-Tu te trompes princesse.

-…

-Bien, puisque tu y tiens tant, je vais te laisser. Je repasserais demain matin, tâches de réfléchir à ce que je t’ai dit…

Le pilote referma la porte et laissa échapper sa colère sous jacente en fendant l’air de son poing. Comment la princesse du royaume de Sank, celle qui avait tant donné pour établir la paix pouvait-elle renoncer ?

Duo avait promis à Heero de veiller sur Relena, mais il se demandait s’il était vraiment la bonne personne.

Mais Duo Maxwell ne ment jamais, alors il fera tout ce qu’il pourra ! Songea-t-il en se dirigeant vers sa chambre d’un air résigné.

 

Les jours qui suivirent se ressemblèrent, le jeune homme venait tenir compagnie à Relena et celle-ci restait enfermée dans son silence si on ne la contraignait pas à réagir, mais ce n’était pas une solution. Sally décida de lui administrer des anxiolytiques, ce qui eu pour effet de rendre la jeune fille encore plus amorphe. Son regard triste et résigné s’était éteint, plus rien ne transparaissait, elle était une coquille vide.

Le pilote sortait de la chambre chaque fois un peu plus abattu, mais le soir du cinquième jour, sa colère prit le dessus sur sa peine et d’un pas ferme il se dirigea vers son gundam.

Duo ne comprenait pas pourquoi son meilleur ami avait abandonné Relena mais il allait devoir s’expliquer !

 

Heero reconnu aussitôt l’icône de son ordinateur qui était associée à Duo. Il se pencha devant son écran et ouvrit la communication. Il n’eut pas besoin d’entendre le natté pour comprendre qu’il était en colère, ses yeux parlaient pour lui.

-Heero bordel ! Mais qu’est ce que tu fous !

Le jeune homme se contenta de froncer les sourcils, il savait que Duo en avait gros sur le cœur et qu’il fallait le laisser « cracher le morceau »

-Relena ne va pas bien du tout ! Qu’est ce que tu croyais ? Je ne peux rien faire moi ! C’est de toi qu’elle a besoin, ça crève les yeux bon sang ! T’es vraiment qu’un crétin si tu t’en ais pas rendu compte ! aboya-t-il.

-…

-Tu vas quand même pas la laisser crever ! Mais dit quelque chose non de Dieu !

-Je ne rentrerais pas, dit-il d’un ton trop ferme pour être naturel.

Heureusement que Duo était assit car il s’attendait à tout sauf à ça ! Il savait qu’Heero tenait à Relena, avant-même que Quatre n’en ait parlé. Il avait appris à connaître son compagnon d’armes au fil des années à tel point que tous deux avaient fini par lier une amitié sincère et inébranlable.

Il connaissait Heero et ce n’était pas à lui d’agir comme ça, et puis il y avait quelque chose d’inhabituel dans son regard, une vague expression de tristesse, l’avait-il blessé ?

-Heero qu’est ce que tu me caches ? demanda-t-il d’un air concerné, son calme tout à fait retrouvé.

-Je ne peux rien pour elle…

-Tu peux être un peu plus explicite s’il te plaît ?

-Laisses tomber.

Duo plissa les yeux, un brin vexé. Il se releva et se rapprocha de son écran.

-Tu sais bien que je ne laisserais pas tomber. Et si tu as la brillante idée de couper la communication, je peux t’assurer que je vais continuer à te harceler, dussé-je aller jusqu’à Sank !

Bien malgré lui, un faible sourire apparu sur son visage, Heero reconnaissait bien là son ami, il aimait sa persévérance.

-…C’est elle qui m’a demandé de partir.

-Ça je le sais ! Mais pourquoi ?

-Pour que je ne sois pas à ses côtés…

-Hein ? Sois pas bête, elle ne rêve que d’une chose, c’est d’être dans tes bras ! Tu peux me croire, je sais de quoi je parle !

La déclaration de Duo le toucha plus qu’il ne l’aurait crû, et son regard se troubla l’espace d’une seconde.

-Quels que soient le…les liens qu’ils existent entre Relena et moi, il y a bien trop d’autres facteurs qui entrent en jeu dans sa…décision. Et je respecterais son souhait, je n’interférerais pas dans ses choix, dit-il d’un air résigné.

Duo garda le silence quelques instants, touché par la tristesse de son ami. Il connaissait ce regard, cet abîme cobalt derrière la surface duquel un océan de peine s’étendait. Heero prenait sur lui, encore une fois.

-Heero, tu ne dois pas renoncer, je suis convaincu que tu peux l’aider. Heero tu m’écoutes !

Le jeune homme cilla à l’injonction de Duo, il s’égarait dans ses pensées.

-J’ai essayé…je suis désolé, murmura-t-il.

Et il interrompit la communication.

-Non ! Attends ! Heero !

Mais c’était trop tard, le visage du pilote avait déjà disparu de son écran. Duo se laissa tomber dans le fond de son siège en poussant un profond soupir. Jamais auparavant il n’avait vu Heero aussi perdu. Mais cela ne l’empêchait pas d’être en colère, il était furieux, ces deux là n’étaient vraiment que des imbéciles et il se demandait lequel il allait étriper en premier…Il fallait qu’il agisse !

 

*****************************

 

La lune était pleine cette nuit et une lumière crépusculaire éclairait sa chambre. Relena fixait l’astre depuis déjà longtemps. Elle n’avait pas bougé depuis plusieurs jours, sauf lorsqu’on l’y obligeait et aussitôt qu’on la libérait, elle retournait dans sa position fœtale, le regard perdu vers le ciel. Elle était dans un tel état qu’elle ne faisait plus vraiment la distinction entre les moments où elle était éveillée et ceux où elle dormait, à la différence près que lorsqu’elle perdait connaissance ses cauchemars reprenaient le dessus. Elle ne voulait plus s’endormir, mais elle préférait encore cet endroit au satellite des épyons terros…Elle fixait donc le ciel, l’endroit le plus susceptible de briser la monotonie et de maintenir son attention, mais elle dérivait vite.

La jeune fille s’inquiétait de savoir Iria à la tête du royaume, elle était en danger, même si Heero et Quatre étaient à ses côtés…Heero. Comme elle aurait aimé être de nouveau envahit par sa douce chaleur. Mais malgré tout l’amour qu’elle pouvait lui porter, elle ne voulait pas le savoir à ses côtés… Heero en avait déjà assez vu comme ça.... Elle ne voulait pas qu’il la voit dans cet état. Son passé était bien trop présent dans son esprit pour pouvoir aller de l’avant.

Son passé…Elle revoyait Sank, ses proches, sa maison en flamme, le visage de Onze et cette foule qui l’avait attaquée…tous ces fantômes qui la hantaient à chaque instant. Elle ne cessait de se demander si sa mère et Pagan étaient encore en vie…par sa faute sûrement plus…elle revoyait sa maison qui brûlait, puis ses écuries et ses chevaux agonisant dans les flammes…son cœur se brisait alors en une atroce douleur, mais elle avait déjà vidé toutes les larmes que son pauvre corps pouvait lui offrir pour se soulager.

Mais depuis quelques jours, elle n’arrivait même plus à être triste, que lui avaient-ils administré cette fois-ci ? N’avait-elle même plus le droit de ressentir son cœur souffrir ? Elle était comme un pantin sans âme depuis et si elle vivait encore, c’était seulement parce respirer faire battre son cœur était une réaction innée qu’elle ne contrôlait pas.

 

Une seule personne arrivait à lui apporter un peu de lumière, c’était Duo. Le jeune homme se montrait particulièrement obstiné, et il lui rendait visite plusieurs fois dans la journée, parfois il lui racontait ce qui se passait à Al-jirma, et parfois il restait avec elle, simplement, sans rien dire. Elle avait appris à apprécier sa présence, cela la rassurait de le savoir à ses côtés.

Cela faisait maintenant une semaine que Heero et Quatre étaient partis, Wufei quant à lui venait de quitter la base pour aller rencontrer des indicateurs que Lady Une avait retrouvés en Asie centrale.

Duo, comme à son habitude vint dire bonjour à la jeune fille après son petit déjeuner.

-Salut Rel’ !

Le jeune homme inspira bruyamment.

-Pouah ! Ca sent le fauve par ici ! Attends un peu, je vais arranger ça !

Il ouvrit la baie vitrée pour laisser rentrer un peu de fraîcheur et en profita au passage pour jeter un coup d’œil furtif à la patiente, il ne remarqua rien de suspect. Il prit alors sa place sur le siège qu’il s’était désormais attribué et commença à expliquer à Relena le départ de Wufei, prétextant un voyage pour aller retrouver une vieille connaissance. Il insista particulièrement sur le caractère grincheux du pilote et sur le fait qu’à cause de lui, il avait eu un mauvais petit déjeuner, ce qui était particulièrement grave.

Le jeune homme venait de finir son récit lorsqu’une petite voix qu’il n’avait pas entendu résonner depuis plusieurs jours prit la parole.

-Non, ne t’arrêtes pas, continues s’il te plaît…

Duo était tellement surpris qu’il resta sans savoir quoi dire pendant une seconde.

-…Pardonnes-moi Relena ! reprit-il. Tu te rappelles tout à l’heure je te disais que…

Le pilote continua ainsi pendant un quart d’heure sans se soucier davantage de la raison de l’intervention de Relena, trop heureux qu’il était qu’elle se décide enfin à réagir.

Mais il remarqua bientôt que la respiration de la jeune fille s’accélérait, il allait lui demander si elle se sentait bien lorsqu’elle le devança.

-Ils reviennent ! Non ! Duo aides-moi ! cria-t-elle tout en s’agitant.

Le natté réagit instantanément, il se releva, saisit la jeune fille et la retourna sur le dos.

-Calmes-toi, il n’y a personne d’autre que moi ici, lui dit-il d’une voix douce.

Le regard brillant de Relena rencontra alors celui du jeune homme.

-Duo…

Son visage prit soudain une expression grave et il passa sa main sur le front de la jeune fille. Il était brûlant.

-Et merde ! s’exclama-t-il involontairement tout haut. Je vais chercher Sally, je reviens !

Mais Relena l’agrippa.

-Non ! Ne m’abandonnes pas, ils vont revenir si tu t’en vas ! le supplia-t-elle d’une voix étranglée.

Duo s’arrêta dans son élan et se tourna vers la jeune fille. Il lui prit la main et la regarda dans les yeux.

-Je dois appeler Sally, je vais jusqu’à la porte de la chambre et je reviens, c’est promis.

Relena avait l’air de comprendre ce qu’il lui avait dit puisqu’elle acquiesça d’un mouvement de cils. Il se précipita alors vers la porte qu’il ouvrit à la volée.

-SALLY ! Hurla-t-il à pleins poumons, si fort que son appel retentit dans toute la résidence.

Il se retourna et revint aussi rapidement auprès de la jeune fille qui avait tourné la tête dans sa direction. Elle éleva sa main et Duo la saisit au vol.

Le pilote la regarda et se força à sourire. Il décolla sa frange de son front en sueur et lui parla d’une voix qui se voulait rassurante.

-Ca va aller princesse, je reste avec toi…

 

Le cri du jeune homme avait alerté tout le monde.

-Sally ! Elle a une forte poussée de fièvre ! l’informa-t-il alors que la femme médecin entrait en trombe, talonné de près par Trowa.

Sans plus de considérations, Sally fit sauter les boutons de la chemise de sa patiente et défit son bandage à la hâte, découvrant ainsi une partie de sa poitrine. Duo détourna son regard et Trowa recula d’un pas. La plaie aux vagues contours violacés apparut.

-Ma lampe ! La poche de gauche !

Trowa s’exécuta et lui tendit l’objet.

Le médecin l’alluma et fit courir le faisceau sur les contours de la blessure. Le cœur de Sally ne fit qu’un bon.

-Mon dieu, murmura-t-elle.

Les deux pilotes se rapprochèrent.

A la lumière encore basse de l’aube de fins filaments bleuâtres apparurent par transparence, l’infection se propageait à travers le corps de sa victime, tissant une toile à l’issue fatale.

Sally se releva aussitôt, elle murmura quelque chose à Trowa qui partit en courant et se dirigea vers la poche de liquide qu’elle administrait en permanence à la jeune fille.

Duo quant à lui fut figé par le regard de détresse que lui adressa Relena. Elle voyait des gens s’agiter autour d’elle, elle sentait la douleur s’insinuer peu à peu dans son corps mais elle ne comprenait pas l’origine de cette agitation subite, elle ne comprenait pas pourquoi le visage lumineux de Duo avait disparu.

-Du…o…

-Duo ! Ne restes pas planté là ! Dans son état elle ne se rend pas compte de ce qu’il lui arrive, viens plutôt m’aider !

Le pilote sortit de sa léthargie et vint l’assister.

 

Sally installa les nouvelles poches de liquides composées d’antibiotiques à concentrations élevées. Elle ouvrit les vannes et le remède fila vers la veine de la jeune fille…

-Sally, tu ne crois pas que…

-Si Trowa, le coupa-t-elle, c’est dangereux de lui administrer des doses aussi fortes, mais dans son état, si l’infection n’est pas rapidement annihilée, c’est la septicémie assurée. Je pensais que le traitement que je lui avais administré, ajouté à la chute brutale de sa température corporelle aurait suffit à tuer tous les germes, mais apparemment je me suis trompée… Elle n’a plus le choix, ou elle résiste, ou elle meurt… 

-Je reste avec elle, reprit Duo pour couper court à l’atmosphère pesante qui s’installait.

-Je vais prévenir Quatre et Heero.

Le natté se retourna vivement vers Trowa.

-Il a le droit de savoir.

-Oui, tu as raison, concéda-t-il, mais c’était à moi de lui annoncer…

 

*****************************

 

Heero remercia Quatre et prit congé.

-Heero ! Attends où vas-tu ?

-Prendre l’air, dit-il sans se retourner.

Quatre n’insista pas, voyant que s’il s’interposait, cela risquait de dégénérer.

 

Iria rencontra Heero dans le couloir, il la croisa sans même la regarder, le visage fermé, il semblait faire abstraction de tout ce qui l’entourait. La jeune fille se retourna à son passage et le suivit du regard jusqu’à ce qu’il disparaisse, puis elle se décida à aller trouver Quatre.

 

Le pilote à la chevelure en bataille erra dans le grand parc, sans but précis. La nouvelle l’avait frappée de plein fouet, il redoutait au fond de lui-même que quelque chose de semblable se produise, mais il s’était refusé à l’accepter. Seulement voilà, maintenant il se trouvait devant le fait accomplit et il se sentait vraiment mal.

Ses pas le guidèrent jusqu’à ce qu’il arrive en vue d’une grande clairière entrecoupée de barrières blanches. Heero s’arrêta à l’orée du bois et remarqua sur sa droite une nouvelle bâtisse, les grandes écuries. Il ne s’approcha pas davantage et s’assit sur la barrière, comme le faisait si souvent la princesse. A cette heure encore matinale, les brumes n’étaient pas dissipées et il devinait par intermittences des formes sveltes se déplacer avec aisance à travers l’épais nuage de brouillard.

Des chevaux à n’en pas douter…Relena les aimait tellement…

Et peu à peu, le jeune homme se perdit dans ses pensées…

Un mois. Un mois que tout a commencé, un mois que ta vie oscille et un mois que je me rends compte à quel point j’ai peur de te perdre. J’ai toujours appris à gérer mes sentiments, à tel point que j’avais fini par ne plus reconnaître mes propres émotions, ce qui m’a fait devenir un justicier ou un assassin parfait, cela dépend de quel point de vue on se place. J’ai tué, tant et si bien que j’ai bien failli en perdre la raison. J’étais devenu une machine, l’égal du système zéro, un parfait soldat, mais qui fallait-il blâmer ? Je ne m’en suis pris qu’à moi-même le jour où le système zéro m’a montré quel destin s’offrait à moi, moi, celui qui tuait, qui prenait la vie des autres. Le système zéro m’avait pris à son tour et je devenais comme lui, détruire, éliminer, exterminer. Quelle différence cela pouvait-il bien faire entre alliés ou ennemis puisque tout le monde mourrait de toute façon ?

C’est alors que tu m’es apparu, tu m’as donné un peu de cet espoir qui brillait en toi, de cette force qui te transcendait…Relena, si tu savais comme je…

 

Tout à coup un hennissement puissant brisa le silence. Le sol se mit alors à trembler et à résonner en rythme avec celui qui s’approchait. Les contours de l’animal se dessinèrent peu à peu, cinquante mètres avant, il ralentit son allure et repassa au trot. Il abaissa son encolure et émit un soufflement doux qui firent vibrer ses naseaux. Heero plissa les yeux pour essayer de mieux le distinguer, mais il ne voyait que vaguement une forme équine se déplacer en se balançant allègrement de droite à gauche, comme une danseuse. Il se dirigeait vers lui, il en était sûr. Une bourrasque de vent chassa la dernière nappe de brouillard et l’animal à la robe dorée lui apparut.

L’étalon pila net face à l’homme qu’il découvrit. Il balaya aussitôt de son regard les alentours, huma l’air puis revint poser toute son attention sur Heero.

-Anìron…murmura le pilote.

Le cheval gratta nerveusement le sol et soupira bruyamment. Apparemment il hésitait sur la marche à suivre.

Heero, qui n’avait jusque là pas bougé, tendit sa main vers lui et l’appela. 

-Viens, dit-il simplement.

L’étalon releva la tête et jaugea le petit homme qui l’invitait à s’approcher, ses oreilles qui s’agitaient en tout sens marquaient son indécision.

Le jeune garçon ne put s’empêcher de sourire à l’attitude de l’animal, il le regardait avec un air espiègle qui semblait près à défier la terre entière.

Poussé par  la curiosité, Anìron fit quelques pas vers l’avant, il tendit son encolure au maximum et vint effleurer la paume du jeune homme. Pas après pas il continua à s’approcher, le regard toujours fixé sur celui d’Heero. Le jeune homme fit glisser doucement sa main jusqu’à la joue de l’animal, l’étalon suivit le mouvement et glissa son nez sous le bras du pilote, d’un geste vif, il lui attrapa le débardeur et le mordilla.

-Hey ! Mais qu’est-ce que tu fais !

Anìron sursauta et bondit en arrière.

C’est alors qu’Heero comprit. L’animal avait reconnu sur lui l’odeur de Relena. A Al-jirma il avait déposé les affaires de la jeune fille sur les siennes, il s’en souvenait à présent.

-Je suis désolé, je ne te veux aucun mal.

Il tendit à nouveau sa main et Anìron s’approcha aussitôt, il posa doucement sa tête contre le torse de l’homme et Heero l’entoura de ses bras.

Non loin de là, une personne se retira discrètement et laissa les deux êtres seuls…

 

Heero revint une heure plus tard, le visage apaisé. Il prit place à bord de la voiture dans laquelle Quatre et Iria l’attendaient. Personne ne lui posa de questions et ils partirent aussitôt vers St Gabriel où ils devaient rencontrer des sénateurs de Sank.

 

*****************************

 

La fièvre prit rapidement le dessus sur l’esprit de Relena et elle se trouva bientôt plongé dans un univers qu’elle commençait à trop bien connaître…

 

Duo ne la quitta pas, tout au long de la journée il resta à ses côtés, lui parlant d’une voix rassurante et l’empêchant de se blesser davantage lorsqu’elle s’agitait dans son délire. C’était tout ce qu’il pouvait faire, et il se sentait vraiment incapable. Il la voyait se convulser dans tous les sens sous l’effet de la douleur, et la seule chose qu’il était capable de faire, c’était de regarder…il savait que Relena se battait, comme elle l’avait toujours fait, elle avait ça dans le sang, mais combien de temps encore tiendrait-elle ? Elle semblait tellement fatiguée, tellement lassée par la vie…

Relena qui n’a plus le goût à la vie, quelle ironie du sort ! songea Duo.

Une question revenait sans cesse dans son esprit, comment cela avait-il put arriver ? Que lui avait-ont fait pour qu’elle ait toutes ces blessures et que voulait-elle dire par ils reviennent ? Ca avait un lien avec les épyons terros, il en aurait mis sa main à couper…Si seulement elle voulait parler…Mais la princesse de Sank était peu loquace sur sa vie privée, d’autant plus lorsque ça l’affectait au plus profond d’elle-même.

Sans doutes un vestige de sa vie passé…un peu comme moi…dans le fond je comprends son attitude, mais comment Heero va-t-il réagir ?

Et moi, quelle serait sa réaction s’il arrivait quelque chose de semblable à Hilde…Je deviendrais fou de rage à n’en pas douter, se dit-il, un sourire aux lèvres en pensant à la frêle jeune fille aux cheveux courts et au regard qui l’envoûtait.

Bien sûr Heero ne réagit pas comme moi, lui il garde tout à l’intérieur mais je suis sûre qu’il n’en est pas moins affecté…pfff…

Le jeune homme poussa un profond soupir, les bras croisés contre son torse, le regard vague, il se perdait dans sa réflexion.

Un bruit faible le ramena à la réalité. Le linge qu’il avait disposé sur le front de Relena venait de tomber à terre.

La jeune fille recommençait à s’agiter, il jeta un coup d’œil aux appareils et remarqua que la fièvre qui avait sensiblement diminué quelques heures auparavant revenait à la charge. Duo ramassa le linge, le rinça et le passa doucement sur le visage de la malade.

Relena était transite de froid, comme si elle était retournée quelques jours plus tôt. Elle sentait ses forces la quitter peu à peu, elle n’arrivait plus à lutter contre cette sensation que l’hiver reprenait peu à peu possession d’elle. Le contact du tissu contre sa peau l’agressa comme si on venait de la lacérer avec une lame aiguisée. Saignée à vif, elle se réveilla en sursaut.

Duo la vit ouvrir les yeux, mais il constata aussitôt que son regard était complètement opaque. La jeune fille commença à s’agiter violemment, le pilote la saisit et contint ses mouvements.

-Calmes-toi Relena !

Dans son délire, elle vit Onze la bloquer contre lui et, un sourire sadique aux lèvres, lui coller un couteau sous la gorge. La princesse tenta d’échapper à la prise et se redressa d’un seul coup.

-Non ! Je ne veux pas mourir ! HEEEEERO ! ! ! cria-t-elle de toutes ses forces avant de retomber, épuisée.

Le cri de la jeune fille saisit Duo au ventre. Jamais il n’avait entendu pareil appel de détresse.

Le natté la saisit avec fermeté.

-Relena ! Relena ! Tu ne vas pas mourir tu m’entends ! Tu ne mourras pas ! lui cria-t-il en la ramenant contre lui.

Le regard embrumé de la jeune fille sembla s’éclaircir l’espace d’un instant, avant qu’elle ne retombe dans les bras de Duo, inconsciente.

A l’horizon, les derniers rayons du soleil disparurent et le drap d’obscurité du crépuscule recouvrit peu à peu Al-jirma…

 

*****************************

 

Le soleil devint rouge, il finit sa course en dessous des nuages qu’il éclaira d’une vague couleur violacée.

Heero avait passé sa journée à St Gabriel à assister à diverses réunions, mais toutes ses pensées étaient orientées vers une seule personne : Relena Peacecraft. Trowa ne les avait pas recontactés, c’était plutôt bon signe, mais il savait aussi que si l’état de la jeune fille s’était amélioré, Duo n’aurait pas manqué de le prévenir…Le pilote décida d’aller prendre l’air, cela ne servait à rien de rester enfermé, et puis, il préférait ne pas avoir à faire à Quatre… Le jeune homme s’éloigna un peu du palais et s’assit sur un banc en bois sculpté, tout près d’une allée bordée de grands chênes. Il leva la tête et contempla le dégradé de couleurs qu’offrait le soleil couchant à la voûte céleste. Les nuages s’éclairèrent au fur et à mesure que l’astre descendait un peu plus vers les montagnes, une légère brise accompagna le spectacle, Heero se laissa aller contre la caresse du vent et il ferma les yeux. Impossible de dire combien de temps il resta ainsi, les échelles de mesures ne s’appliquaient plus lorsque Heero Yuy s’évadait.

Un bruit de pas sortit le jeune homme de sa méditation, mais il avait trop baissé sa garde et il était à présent trop tard pour s’éclipser sans se faire remarquer. Il attendit donc que cette personne se rapproche et il reconnut bientôt la silhouette de la nouvelle princesse.

 

Iria marcha sans but dans le jardin royal, elle avait besoin de changer d’air pour réfléchir. Quelque chose de grave venait de se produire aujourd’hui, quelque chose qui avait affecté profondément Quatre et Heero. Les deux hommes avaient tout fait pour ne rien laisser transparaître, mais Iria était observatrice et elle avait rapidement constaté que quelque chose n’allait pas. Et c’est sans y prendre garde que la jeune fille se retrouva nez à nez avec Heero.

-Heero ! Oh je suis désolée, je ne voulais pas te déranger…s’excusa-t-elle.

-Tu es ici chez toi…

Le ton employé par le pilote la blessa, elle avait encore des difficultés avec les répliques d’Heero. Cependant aujourd’hui il avait des circonstances atténuantes et elle décida d’essayer de l’aider, même si elle savait pertinemment qu’il ne lui avouera jamais la cause de son mal-être.

-Et alors ? Ce n’est pas une raison ! Mais puisque tu le prends comme ça ! dit-elle d’un air de défi en s’asseyant à ses côtés.

Heero haussa un sourcil et marmonna quelque chose d’à peine audible, mais il ne bougea pas. Il aimait le caractère d’Iria et il acceptait de rester écouter ce qu’elle avait à lui dire.

Quelques minutes passèrent sans qu’un mot ne soit prononcé, observant tous deux la beauté d’un crépuscule sur les reliefs du royaume de Sank.

-Je sais qu’il s’est passé quelque chose de grave ce matin, finit-elle par dire, Quatre et toi avez été absents aujourd’hui…

Heero tourna légèrement la tête dans sa direction.

-…je ne te demande aucune explication, mais ce que vous avez appris devait certainement avoir un caractère particulièrement important…certainement plus important que moi, et je voulais que vous sachiez qu’en aucun cas vous ne deviez vous sentir obligé de rester ici…je ne retiens personne, termina-t-elle d’une voix un peu plus faible.

Le jeune homme se tourna plus franchement vers elle et la regarda.

Il la trouvait courageuse de dire ça. Il savait qu’Iria était effrayée face à la hauteur de ce qu’elle avait à accomplir et leur présence l’aidait à aller de l’avant, celle de Quatre plus particulièrement…Mais la jeune fille savait faire passer les autres avant elle, c’était une des qualités qui déterminait les princesses de Sank…

Ils restèrent quelques secondes à s’observer. Iria fut surprise par sa réaction, mais elle appréciait qu’Heero accepte enfin de la regarder autrement que comme une personne de plus à protéger pour préserver la paix.

Le jeune homme finit par détourner son regard.

-C’est toi la plus importante à présent, répondit-il d’une voix plus dure qu’il ne l’aurait voulu.

-Oui…tu as peut être raison, dit-elle tristement, mais je ne suis pas Relena…

A nouveau les minutes passèrent, jusqu’à ce que Heero, le regard toujours fixé vers le ciel, brise le silence.

-Quels étaient tes liens avec Relena ?

La princesse sourit faiblement à cette question qui la rappelait au doux souvenir de la jeune fille.

-Une amitié. Une amitié profonde et préservée. Nous nous sommes rencontrées lorsque nous étions encore de jeunes adolescentes. Relena était nouvelle, elle venait d’arriver dans l’écurie où je montais depuis déjà plusieurs années et je dois avouer que le courant n’est pas passé tout de suite entre nous ! dit-elle en riant.

Heero la regarda, sans trop comprendre.

-Vois-tu, lorsqu’elle était plus jeune, Relena était quelqu’un de très introvertie. Mais tout le monde savait qu’elle était la fille du richissime vice-ministre des affaires étrangères. Et lorsque je suis arrivée vers elle, les bras grands ouverts, elle l’a plutôt mal pris, elle a crû que je m’intéressais à elle seulement parce ce qu’elle était la fille de Darlian…alors elle a cherché à m’éviter et je l’ai laissée faire. La seule chose que je voulais, c’était lui souhaiter la bienvenue, mais je me suis bien vite rendue compte que Relena n’était pas facile à aborder, elle était sur la défensive…Le hasard à fait que nous nous sommes retrouvées dans le même cour d’équitation et peu à peu, j’ai appris à l’apprécier, mais elle, même si elle me parlait un peu plus restait toujours très distante…jusqu’au jour où un autre cavalier a voulu m’humilier, une vieille rancune, précisa-t-elle…Mais s’il y avait bien une chose que Relena ne supportait pas, c’était la méchanceté, alors elle est intervenue devant tout le monde et c’est lui qui s’est retrouvé ridicule ! Relena parlait peu, mais elle parlait déjà bien ! Et c’est sous les applaudissements des autres personnes en présence que son intervention fut saluée et que le pauvre garçon dû quitter la carrière. Je me souviens très bien que son visage fut recouvert d’une expression de surprise, elle parcourut du regard tous les autres cavaliers, un vague sourire se dessina sur ses lèvres jusqu’à ce qu’elle s’arrête sur moi, son sourire s’accentua alors jusqu’à ce que l’ont partent toutes les deux dans un fou rire totalement incontrôlable ! C’était la première fois que je la voyais rire, et c’est à partir de ce jour que nous sommes devenues inséparables. Les années qui suivirent, elle changea beaucoup et devint peu à peu une jeune fille respectée de tous pour son sens de l’honneur et sa grande générosité.

Mais trois ans après notre rencontre sa vie prenait un tournant décisif. J’ai été la première personne à apprendre qu’elle était une princesse, elle était tellement bouleversée…J’ai voulu la rejoindre aussitôt qu’elle serait sur terre mais elle a refusé que j’écourte mon séjour en Amérique et m’a promis que l’on se verrait dès mon retour. Je l’ai retrouvée le lendemain de l’attaque contre St Gabriel. Elle était transformée, son sourire avait disparu et son regard doux s’était éteint pour faire place à un océan de tristesse dissimulé derrière une détermination implacable…

Relena m’a ouvert l’accès à St Gabriel pour me permettre de poursuivre mes études en politique, je n’aurais jamais pu m’offrir cette école sans elle…mais il y avait une condition, je ne devais plus m’afficher à ses côtés, je devais m’éloigner d’elle le plus possible et surtout ne jamais intervenir quoiqu’il arrive. Sur le coup je n’ai pas compris sa réaction, puisque j’ignorais presque tout de ce qu’il venait de se passer, mais un profond sentiment de frustration et de colère aidant, j’ai accepté. Relena a coupé les ponts avec pratiquement toutes ses relations, elle s’est enfermée dans son rôle de princesse qui défiait la politique de destruction de la guerre et qui prônait en contrepartie un pacifisme radical et ce, jusqu’à la fin de la Grande Guerre.

-Et tu n’as jamais essayé de lui demander des explications ? lui demanda Heero qui avait à présent son regard fixé sur Iria et qui semblait particulièrement intéressé par ce qu’il était en train d’apprendre.

-Si, bien sûr, une fois la colère passée j’ai voulu la revoir. Je ne pouvais pas la regarder se mettre la corde au cou en défiant les grandes puissances de ce monde sans rien faire. Mais Pagan m’en a empêchée. Il m’a pris à part et m’a tout racontée, Oz, Milliardo, les pilotes de gundams, Noin, absolument tout. Il m’a pratiquement suppliée de rester en dehors de tout ça. Mais après ça, je n’ai eu aucun mal à accepter sa demande, je comprenais pourquoi elle agissait de la sorte. Je la comprenais, elle cherchait à protéger les gens qu’elle aimait, comme elle l’a toujours fait d’ailleurs…

A la fin de la Grande Guerre, elle m’a tout racontée et nous sommes de nouveau redevenues proches, mais la période de paix a été de courte durée…et son enlèvement par Mariemeia a sonné le glas de ma nouvelle destinée…Au début de l’année AC 197, elle me demandait de lui succéder si elle venait à disparaître. J’ai aussitôt refusé, mais ses arguments m’ont convaincue. Elle avait confiance en moi, et pour elle j’étais la personne la plus apte à continuer son travail…il est vrai que  nous poursuivions en quelque sorte le même rêve puisque je faisais des études en politique dans l’espoir d’œuvrer un jour moi aussi pour la paix…

Après ça, Relena travailla sans relâche pour préserver la paix qui avait été durement fragilisée par le conflit qu’avait provoqué Dekim Barton [1], enfin, jusqu’au mois d’avril de cette année…

Le ton de la jeune fille changea soudainement et devint beaucoup plus grave. Heero l’incita d’un regard à continuer son récit.

…elle ne s’est jamais vraiment remise de l’attaque des épyons terros. En fait avec le recul j’ai compris, j’ai compris que ce qui avait vraiment blessé Relena était bien antérieur à la prise d’otage, en vérité c’était la guerre qu’avait déclarée la fondation Barton. Depuis, elle avait perdu cette force de croire que le meilleur restait à venir…Alors elle a donné tout ce qu’il lui restait, elle s’est donnée corps et âme pour finir ce qu’elle avait commencé…mais apparemment ça n’était pas encore assez puisqu’une nouvelle organisation, les épyons terros sont venus compromettre à nouveau la paix. Ca l’a achevée. Pourtant elle a continué à s’investir avec la seule énergie du désespoir, mais ses conseillers ont  vite remarqué que la princesse n’allait pas bien, ils lui ont sommée de prendre du repos. Mais ça n’a rien arrangé, bien au contraire…Quatre est venu vivre chez elle pendant les deux mois où elle a été arrêtée et peu à peu elle a semblé aller un peu mieux. Mais ce n’était qu’une apparence, cela a pourtant suffit à ce que la ministre reprenne ses fonctions, mais elle n’était plus que l’ombre d’elle-même…et nous étions totalement impuissants…et après, elle a disparu…la voix d’Iria se mit à trembler un peu plus et elle ne parvint plus à retenir ses larmes, elle se sentait tellement faible parfois ! Elle détourna la tête et dissimula son visage au regard d’Heero.

-Je suis désolée, je n’aurais pas dû t’ennuyer avec ça, s’excusa-t-elle en tentant de cacher la profonde tristesse que sa voix trahissait pourtant.

-Tu n’as pas à t’excuser, lui répondit-il d’une voix inhabituellement triste.

La princesse surprise par le ton du pilote, se tourna vers lui. Elle vit alors ce qui se cachait derrière les yeux bleu-acier du soldat Yuy. Une profonde mélancolie et un regard tellement humain…

-Heero…murmura-t-elle.

-Tu n’as pas à te sentir responsable de ce qui est arrivé à Relena…c’est tellement difficile de sauver quelqu’un qui refuse de croire en l’avenir…

A ses paroles son cœur se serra et son regard vacilla l’espace d’une seconde, mais il se ressaisit aussitôt et fixa plus intensément les yeux émeraudes de la princesse.

Relena t’aimait beaucoup, et l’amour qu’elle te portait n’a pas altéré son jugement, elle a eu raison de te confier la gestion du Royaume de Sank car tu as en toi une grande force, de même nature que celle qui l’animait autrefois…alors continues, continues à te battre, pour faire vivre l’espoir dans le cœur de millions d’Hommes.

-…Heero…je…merci, dit-elle finalement tout émue, un sourire sincère éclairant son visage.

Le pilote ne dit rien mais la gratifia d’un regard qui lui signifiait qu’elle n’avait pas à le remercier.

-Nous devrions rentrer, Quatre doit nous attendre.

-Mon dieu tu as raison ! Je n’avais pas vu l’heure !

 

Le jeune blond attendait sur le balcon de la petite salle. Un sourire apparu sur son visage lorsqu’il vit Heero et Iria revenir ensemble. Le regard qu’ils avaient l’un envers l’autre avait changé, ils s’étaient enfin parlés et Quatre en était rassuré car il était temps qu’ils commencent à se faire confiance.

 

*****************************

 

Cela allait bientôt faire quatre heures que la nuit était tombée sur la base et Relena continuait à se débattre dans ses draps. Sally réajusta au maximum la dose d’antibiotiques et lui fit une dernière piqûre de calmants. Les spasmes de la jeune patiente diminuèrent alors d’intensité et la doctoresse déposa doucement son bras contre le matelas.

-C’est tout ce que je peux faire, répondit-elle au regard plein d’espoir de Duo.

-Je vais passer la nuit avec elle.

-Bien. Préviens-moi s’il y a quoi que ce soit, lui demanda-t-elle en se relevant.

 

Le pilote à la natte veilla à ses côtés pendant encore de longues heures, épongeant son front en sueur et réajustant ses couvertures tout en lui parlant d’une voix douce. Vers trois heures du matin, l’état de la jeune fille se stabilisa, le délire semblait la quitter et son visage s’apaisa, comme si elle venait de s’endormir profondément. Duo resta éveillé encore une heure, puis, gagné par la fatigue, il s’accouda contre le matelas et s’endormi.

Relena avait combattu ses démons cette nuit-là, et elle avait remporté le combat…le combat, mais pas la guerre. Elle ignorait de combien de temps serait son répit, mais pour le moment, elle savourait seulement l’instant présent.

 

La jeune fille sortit peu à peu de sa torpeur, et elle ouvrit faiblement les yeux pour accueillir le lever du jour. Relena mit du temps à éclaircir son esprit embrumé, elle se sentait tellement affaiblit. Les étoiles disparurent progressivement au profit du soleil rougeoyant qui apparaissait sur la ligne d’horizon, l’astre s’éleva de plus en plus haut, jusqu’à ce que ses rayons pénètrent dans la chambre. Les particules de lumière finirent leur course contre la peau de la patiente qui, revigorée par leur chaleur trouva l’énergie nécessaire pour s’éveiller totalement. Relena sentit alors le contact d’un autre corps contre le sien. Elle tourna lentement la tête et aperçut Duo qui s’était assoupi. Le pilote dans son sommeil était peu à peu tombé contre elle, il avait passé un de ses bras par-dessus sa taille et avait logé sa tête contre sa hanche. Un faible sourire se dessina sur le visage de la malade. Duo était vraiment attendrissant, ses longs cheveux et les contours arrondis de son visage lui donnaient une expression infantile tellement innocente.

Sa main se trouvait tout près de lui, elle l’éleva sensiblement et lui effleura la frange qui recouvrait son front. Elle continua à lui caresser doucement les cheveux jusqu’à ce qu’il s’éveille à son tour.

Les yeux améthystes de Duo s’ouvrirent à la lumière du jour, il vit d’abord la petite main qui lui effleurait doucement le front, l’esprit encore assoupit, il se redressa légèrement pour rencontrer le regard doux de Relena et d’un seul coup tout lui revint en mémoire.

-Re..Relena ! Relena tu te sens mieux ? Tu vas bien ? demanda-t-il tout affolé.

La jeune fille lui adressa un léger sourire.

-Je…v…ais…

-Non ! Non surtout ne te fatigue pas ! J’ai compris lui dit-il dans un sourire.

Le natté se rendit alors compte qu’il était penché au-dessus de Relena, pratiquement couché sur elle. Il se redressa d’un seul coup et tomba à la renverse dans son fauteuil.

-Oh je suis désolé ! Je me suis endormi contre toi ! Je…vraiment, je suis navré ! bafouilla-t-il, les pommettes légèrement rougies.

Le sourire de la patiente s’accentua un peu plus devant la gêne de Duo.

-Oh ! Je t’ai pas fais mal au moins ?

-Plaisir…était pour moi, murmura-t-elle amusé.

Le pilote se passa une main dans les cheveux et lui sourit à nouveau.

-Si tu le prends comme ça…Je suis content que tu sois là.

 

Sally vint l’ausculter et confirma qu’elle était à présent hors de danger. L’infection avait stoppé sa progression et commençait même à se résorber.

-Mais à présent, il va falloir qu’elle se nourrisse pour reprendre des forces. Elle est vraiment très affaiblie, et les perfusions ne lui suffiront pas, expliqua-t-elle à Duo, alors qu’ils quittaient la chambre de la jeune fille endormie.

-Je vais m’en occuper. Je ne la laisserai pas retomber dans son mutisme.

La présidente des préventers sourit devant l’air déterminé de Duo.

-Alors je n’ai plus à me faire de souci !

-Hey ! Je suis sérieux

-Moi aussi Duo.

Le jeune homme s’arrêta un instant, se demandant si c’était du lard ou du cochon, il prit finalement pour partie de le considérer à la dérision et rejoignit la femme médecin qui se dirigeait vers les cuisines.

-Attends-moi Sally !

 

Les trois jours qui suivirent, Relena passa l’essentiel de son temps à dormir, mais dès qu’elle se sentit un peu mieux Duo revint à la charge.

Le matin du troisième jour le pilote à la natte arriva dans sa chambre avec un plateau à la main.

-Bonjour Rel’ ! la salua-t-il derrière le monticule de nourriture et de boissons qu’il transportait.

La jeune fille tourna la tête et ses yeux s’arrondirent.

-Duo qu’est-ce que…

-C’est pour toi ! la coupa-t-il.

Le pilote posa le plateau sur la table de chevet et ne put s’empêcher de se demander si il n’aurait pas mieux fait d’y aller un peu plus en douceur devant l’air inquiet de sa protégée.

-Je plaisante Lena, je plaisante ! tenta-t-il de se rattraper, mais c’était déjà trop tard, Relena commençait à se renfermer.

-Je n’ai pas faim Duo…s’il te plait…

-Ah non ! la coupa-t-il d’une voix plus dure qu’il ne l’aurai voulu, je ne te laisserais pas faire cette fois-ci !

Relena fut blessée par le ton qu’il avait employé.

-Tu ne sais rien Duo ! cria-t-elle, une expression de souffrance indéfinissable dans son regard.

Le regard du pilote s’obscurcit face à la douleur de la jeune fille. Il s’assit sur le rebord du lit et caressa doucement le visage de la princesse qui avait tourné la tête vers l’extérieur.

-Je suis désolé, je ne voulais pas te blesser. C’est vrai, je ne sais probablement rien de ce qui t’es arrivée, mais je sais une chose en revanche. Relena, tu ne veux pas mourir.

Le regard fixe de la jeune fille cilla à cette affirmation, elle ignorait pourquoi mais ça la rendait triste. Elle tourna doucement sa tête vers Duo, elle tenait à savoir où il voulait en venir et il répondit aussitôt à sa demande silencieuse.

-C’est toi-même qui me l’a dit lorsque tu étais sous l’emprise de la fièvre.

Le pilote rapprocha un peu plus son visage de la princesse et son regard se fit plus déterminé.

-Tu peux bien dire ce que tu veux, une partie de toi veut continuer à vivre et je vais me battre pour que ce sentiment reprenne enfin le dessus. Remues-toi bon sang !

Le regard de Relena se troubla.

-Mais…je…j’ai…

Elle se retrouva bloqué, que pouvait-elle dire pour se justifier ? En aucun cas, elle tenait à lui faire part de ce qui l’effrayait autant, ni à lui, ni à personne d’autre d’ailleurs.

Duo vit bien  le duel intérieur que Relena était en train de mener.

-Peu importe princesse, lui dit-il d’une voix douce, peu importe que je sache ou non ce qui t’a rendue aussi malheureuse. L’essentiel pour moi c’est que tu reprennes le dessus. Je ne te demande rien Relena, moi pas plus que les autres, mis à part de vivre, juste pour toi. Rien d’autre.

-Je…c’est d’accord, capitula-t-elle devant la détermination de Duo, je vais essayer.

Un sourire tendre éclaira le visage du pilote.

-Et je serais là pour t’y aider.

-Mais…Duo, dit-elle en tournant son regard vers la table de chevet, jamais je ne pourrais avaler tout ça…

-Ca ? Oh non, c’est pour moi ! Toi pour le moment tu n’as droit qu’aux boissons, Sally me ferait la peau si je te faisais manger une telle quantité de nourriture !

La princesse parut rassurée et lui fit signe qu’elle était d’accord pour essayer.

-Je vais t’aider à t’asseoir.

Duo n’eut aucun mal à la soulever.

Bon sang ! Elle doit faire 40 kilos toute mouillée ! Se dit le jeune homme à lui-même.

 

-Ça va aller ? lui demanda-t-il en relâchant progressivement le verre dans sa main.

-Je crois…

Relena saisit l’objet et parvint à maintenir sa poigne, mais elle n’avait pas encore suffisamment de forces pour l’élever jusqu’à ses lèvres.

-Laisses, je vais t’aider

Le pilote mit sa main sous le plat du verre et l’aida à le soulever. La jeune fille but timidement une première gorgée. Cela faisait tellement longtemps qu’elle n’avait pas avalé quelque aliment que ce soit. Elle sentit le liquide filer en elle et ses sens se réveiller à son passage. Relena but doucement, une gorgée après l’autre et Duo ne put s’empêcher de sourire. La princesse s’arrêta un instant devant la mine réjouie du natté.

-Ça me rassure de voir que tu apprécies…se justifia-t-il face à son regard mitigé.

Une fois qu’elle eut finit Duo s’attaqua à son petit déjeuner sous l’œil amusé de Relena. Le pilote usait de tous les stratagèmes possibles et inimaginables pour faire apparaître un sourire sur le visage de la jeune fille, sans qu’elle ne se doute trop qu’il y faisait vraiment exprès. Tant pis s’il apparaissait pour un pitre, il s’était fixé un objectif : Redonner vie à la princesse, et il y arriverait. Le jeune homme ne manqua pas de proposer chacun des produits qui se trouvaient sur son plateau à Relena, mais elle refusa toujours poliment. Même si elle avait apprécié le jus de fruit elle n’avait pas envie de goûter à autre chose. L’appétit lui manquait, c’était une sensation qu’elle avait perdue depuis qu’on la nourrissait par perfusions.

Duo, lorsqu’il eut terminé son repas, aida la jeune fille à se rallonger.

-Je repasserais te voir en fin de matinée.

-Duo attends ! dit-elle d’une petite voix hésitante.

Le jeune homme lui sourit doucement et s’assit sur le rebord du lit.

-Je…j’ai besoin de savoir. Que s’est-il passé, je veux dire, comment Heero…et pourquoi je suis encore…prononça-t-elle d’une voix de plus en plus tremblante qu’elle n’arrivait plus à contrôler. Elle s’en voulait tellement d’autant prendre à cœur de savoir ce qu’il s’était vraiment passé pour qu’elle se retrouve dans les bras d’Heero.

Le pilote d’un geste de main lui signifia de s’apaiser. Son sourire se fit plus doux devant l’inquiétude de la jeune fille.

-Tu te souviens lorsque tu nous as tous convoqués dans ta chambre…

 Relena hocha affirmativement la tête.

-…et que Heero t’a demandé de «ne pas faire ça » ?

Le regard de la princesse vacilla, mais elle répondit à nouveau par l’affirmative.

-Et bien dès que tu as perdu connaissance, ta température interne s’est rapidement mise à chuter, tu étais en train de te laisser mourir. Mais Heero ne pouvait pas te laisser faire, il a décidé d’essayer de te sauver en t’apportant sa chaleur. Quatre est resté à tes côtés aussi pendant près de 24 heures, il a ensuite demandé à ce que nous vous laissions seul toi et Heero…

Duo s’arrêta un instant, voyant que la jeune fille avait besoin d’une pause pour assimiler ce qu’elle venait déjà d’apprendre.

Cette période était particulièrement floue dans son esprit, ses souvenirs se limitaient à de vagues sensations, mais maintenant qu’il lui disait elle avait l’impression d’avoir entendu son ami…

-…quatre jours se sont écoulés, et nous commencions sérieusement à douter de l’issue heureuse du combat que Heero était en train de mener. Il est resté durant plusieurs jours sans manger ni dormir pour éviter que tu te refroidisses…On a essayé de le raisonner, de lui dire de cesser, moi le premier, avoua Duo…mais il s’est obstiné, et tu t’es réveillée…après, je pense que tu te souviens du reste…

-Heero…Heero m’a sauvé la vie, il est resté avec moi pendant tout ce temps là…murmura-t-elle sans réaliser qu’elle pensait tout haut.

Le natté lui effleura la joue et elle sursauta en revenant à la réalité. Elle plongea son regard troublé dans celui de Duo.

-Relena, tu dois lui faire confiance.

-Heero…

Mais la jeune princesse était encore épuisée et le sommeil menaçait de l’envelopper à nouveaux.

-Ce n’est rien, dit-il doucement en lui caressant le visage, nous en reparlerons plus tard.

La tête de la jeune fille pencha nonchalamment sur le côté et elle sombra.

-Dors bien…lui murmura-t-il, tout en prenant son plateau et en se dirigeant vers la porte

 

Trowa et Sally déjeunaient paisiblement lorsque le natté poussa la porte de la cuisine à la volée, les bras chargés du plateau dévalisé. Duo posa le support et tendit triomphalement le verre de jus de fruit dont tout le monde savait à qui il était destiné.

-Je vous l’avais dit ! clama-t-il victorieusement.

-Qu’est-ce qui nous prouve que ce n’est pas toi qui l’a avalé ? rétorqua Trowa d’un air impassible.

L’élan de joie du natté fut stoppé un instant par sa réplique, mais son immense sourire revint presque aussitôt.

-Merci pour le compliment ! le remercia-t-il, la parole agrémentée d’un clin d’œil.

Maxwell, tu t’es encore fait avoir ! Se réprimanda-t-il à lui-même.

Après toutes ces années, Trowa arrivait encore à le faire marcher et il ne manquait pas d’abuser de son pouvoir dès qu’il en avait l’occasion. Cela l’amusait terriblement de déstabiliser Duo. Le natté faisait partit de ses gens que l’on qualifiait d’émotifs, un peu comme Quatre, c’est cette particularité qui rendait Duo relativement réceptif aux humeurs des autres. Mais Trowa ne le considérait pas comme faible parce qu’il était émotif, au contraire, c’était une qualité à ses yeux, car en situation de combat cette particularité le rendait hypersensible aux réactions de ses ennemis, ce qui faisait de lui un redoutable mercenaire, le patronyme de dieu de la mort n’était pas exagéré pour Duo Maxwell. Et puis, en dehors de la guerre, c’était une qualité unanimement reconnue qui avait permit à Duo de gagner la confiance de tous ses camarades et l’amitié de Heero…

Trowa pour sa part était en quelque sorte l’antithèse de la tornade Maxwell, parfois il enviait la facilité avec laquelle Duo ou Quatre exprimaient leurs sentiments. Lui ne connaissait que la guerre depuis qu’il était en âge d’avoir des souvenirs, et pour préserver son intégrité, il avait instinctivement refoulé ses émotions. Avant, c’était facile puisqu’il n’attachait aucune importance à la vie, il ne s’embarrassait pas de considérations pour lui-même ou pour les autres, mais tout a changé le jour où il a rencontré cette jeune fille qui l’avait vendu aux forces de l’Alliance, Midy Une qui se battait pour sauver ceux qu’elle aimait [2]…et lui pourquoi se battait-il et que représentait la vie à ses yeux ? Trowa entreprit alors un long voyage pour trouver une réponse à ses questions, et cinq ans plus tard, il s’engageait comme pilote de gundam pour libérer les colonies et là tout a changé pour lui. C’est Catherine la première qui a bouleversé son existence et puis il y a eu ensuite les autres pilotes de gundam, Quatre surtout, et tous les hommes qui se sont élevés contre la guerre…C’est à ce moment là qu’il a compris à quel point les sentiments étaient essentiels. C’est avec des hommes comme lui que la guerre perdurait, des hommes qui n’avaient aucune considération pour la vie. Trowa avait enfin trouvé un but à son existence : Stopper la guerre pour préserver la vie des gens qu’il aimait, la paix était à présent son seul et unique objectif, la paix, et son affirmation en tant qu’être humain et non plus en tant que soldat…

Trowa avait tellement changé…Duo avait appris à connaître chacun de ses compagnons et il savait maintenant apprécier l’homme qui grandissait peu à peu en Trowa Barton au mépris du soldat. Le grand brun était cependant resté fidèle à lui-même, toujours aussi calme et discret, il exprimait ses sentiments d’une façon toute aussi subtile que la finesse de son caractère l’imposait et l’humour qu’il avait développé laissait toujours une trace de perplexité dans le regard de Duo.

-Tu étais la personne la plus qualifiée pour y arriver, rajouta Trowa pour terminer sa réflexion.

-Oui, peut être…dit-il d’un air pensif, mais Quatre ou Heero…

-Je ne crois pas. Relena ne voulait plus avoir à faire à des personnes qui lui étaient proches…

 

*****************************

 

-C’est pas vrai ! Je suis en retard ! s’exclama Iria qui s’activait dans sa salle de bain.

Elle enfila sa robe qui lui avait été préparée la veille, se passa un coup d’eau sur le visage et apprécia le résultat sur sa mine fatiguée. La princesse fie la moue devant son reflet, ce n’était vraiment pas ça. Ca allait encore lorsqu’elle avait à faire à des gens «de passage », mais pour les personnes qui la fréquentaient tous les jours, sa fatigue commençait vraiment à se faire ressentir. Pourtant Iria se sentait de mieux en mieux et ce n’était ni le cœur, ni le courage qui lui manquaient pour assurer son rôle, mais bien la résistance. La résistance physique et morale qu’imposait son statut. La jeune fille disciplina ses longs cheveux châtains à la hâte et partit en vitesse rejoindre la salle à manger.

Les deux pilotes attendaient en silence devant leur petit déjeuner. Quatre regarda nerveusement sa montre, ça ne ressemblait pas à Iria d’être en retard. Il était préoccupé par l’état de la princesse, il sentait bien qu’elle peinait à maintenir la cadence, et il ne voulait pas la perdre, pas comme avec Relena. Heero en revanche paraissait beaucoup plus serein quant aux chances de réussites de la princesse novice, surtout depuis qu’ils s’étaient parlés.

Une jeune fille à la robe bordeaux et au pas pressé fit alors son entrée.

-Veuillez m’excuser, vous n’auriez pas dû m’attendre ! dit-elle d’un air confus.

-Nous n’allions quand même pas commencer sans toi ! Comment ça va ?

Le regard de la princesse se fit plus doux face à l’inquiétude du petit blond. Elle s’approcha et lui déposa un léger baiser sur le front.

-Je vais très bien, lui assura-t-elle, cesses donc de te faire autant de soucis Quatre.

Le jeune homme capitula devant la présence d’Iria. Son charisme grandissait de jour en jour, et il ne serait bientôt plus capable de lui refuser quoique ce soit. Il hocha la tête en signe d’acquiescement et lui adressa un beau sourire.

La princesse se retourna alors vers son siège et s’installa.

-Bonjour Heero, dit-elle en adressant un léger sourire au jeune homme à sa droite.

Le pilote tourna son regard vers elle.

-Bonjour Iria.

Le sourire de la jeune fille s’accentua, et ils commencèrent leur repas. Iria sentait qu’ils allaient de mieux en mieux depuis quelques jours et elle en était vraiment heureuse, cela l’avait libéré d’un poids énorme. Elle était attachée à eux, et le fait qu’ils vivent en promiscuité faisait que leurs humeurs l’affectaient d’autant plus, surtout en ce qui concernait Heero, pour Quatre, c’était un sentiment plus profond et elle ne supportait pas de le voir triste ou inquiet.

 

Le déjeuner fut rapidement servit car chacun avait fort à faire. Iria devait intervenir ce matin au parlement au sujet de son intégration dans les décisions politiques de son pays et l’après midi, elle devait rencontrer le ministre des affaires étrangères d’austro-hongrie, un des pays voisins du royaume de Sank. Les pilotes quant à eux poursuivaient leurs recherches sur la base de données du royaume, et ce, en lien avec Lady Une. Quatre abandonna Heero à ses investigations en début d’après midi car il devait lui aussi s’entretenir avec le ministre des affaires étrangères, c’était un homme qui faisait partit du pouvoir décisionnel des Sphères Unifiées et qui avait toujours soutenu la politique pacifiste du royaume de Sank.

 

*****************************

 

Duo passa l’essentiel de son temps en compagnie de la jeune patiente. Relena reprenait des forces de jour en jour depuis qu’elle avait recommencé à manger, il faut dire aussi que Duo surveillait le moindre de ses gestes et que dès qu’il détectait quelque chose de suspect ou un excès de faiblesse dans les mouvements de la princesse il s’assurait aussitôt qu’elle allait bien. Il avait fait une fois l’erreur de ne pas se rendre compte assez vite qu’elle était fiévreuse, mais il ne la ferait pas deux fois, il s’en voulait déjà suffisamment pour la première…

Relena appréciait l’attention que lui portait le natté, il lui donnait l’impression d’être encore importante…et puis si elle faisait tout ça, c’était aussi pour lui faire plaisir, Duo était tellement généreux qu’elle se serrait vraiment sentit coupable de ne montrer aucune bonne volonté.

 

Plusieurs jours passèrent, et Duo prit pour habitude de venir en fin d’après midi faire la lecture à la jeune fille. Peu importait l’histoire que le pilote venait lui raconter, Relena appréciait énormément ce moment, cela lui permettait de fixer son esprit et de se libérer ainsi de toutes les peurs et doutes qui la hantaient. Duo racontait vraiment très bien et sa voix douce et profonde faisait merveille au moral de la princesse, il voyait sur le visage de Relena que cela lui faisait du bien et c’était de bon cœur qu’il se prêtait au jeu. Mais un jour, en relevant le nez de son livre, Duo surprit le regard triste de la jeune fille, tourné vers l’extérieur. Une telle mélancolie ressortait de son être qu’il en interrompit sa lecture. Relena sursauta lorsque la voix du jeune homme s’éteignit, et se tourna aussitôt dans sa direction.

-Oh Duo, excuses-moi ! Je me suis laissée distraire…s’excusa-t-elle une expression sincère dans son regard.

-Ce n’est pas la première fois que je te vois le regard perdu vers l’extérieur…dans tes yeux brillent la même tristesse que dans ceux d’un animal en cage, tu te sens prisonnière n’est ce pas ?

Relena fut surprise par sa franchise, mais elle confirma d’un léger signe de tête, elle pouvait bien lui avouer ça.

-Je suis désolé, désolé que tu te sentes si oppressée, ce n’était pas dans mon intention …

La princesse secoua la tête.

-Non Duo, tu n’as rien à te reprocher, je sais que vous faites tout ça pour mon bien…c’est seulement que ton histoire…qu’elle me rappelle au souvenir de mon pays, de ses montagnes, de ses forêts…du plaisir que l’on peut éprouver à s’y évader…la nature est si belle Duo…dit-elle en se tournant inconsciemment de nouveau vers la cour intérieure.

Le pilote soupira.

-Si seulement je pouvais t’emmener dehors, mais Sally prétend que tes défenses immunitaires sont encore trop faibles pour te laisser quitter ta chambre…

Relena tourna la tête vers son ami et lui adressa un regard empli de compassion.

-J’ai trouvé ! Nous allons prouver à Sally que tu as en toi la force nécessaire pour faire face aux dangers du monde extérieur ! annonça-t-il, une subite lueur de détermination brillant dans ses yeux.

La princesse fronça les sourcils devant ce regard qu’elle commençait à trop bien connaître.

-Qu’est ce que tu as derrière la tête, lui demanda-t-elle, inquiète.

-Nous allons te faire marcher, clama-t-il, triomphant.

Les yeux de la jeune fille s’écarquillèrent.

-Comment ? Mais Duo ! Je ne peux pas ! tenta-t-elle de le raisonner.

-Tu n’as pas envie de respirer enfin l’air pur du dehors et d’apprécier de tes propres yeux la beauté de la pointe de l’Afrique noire ?

-…j’aimerais…mais je…

-Il n’y a pas de «mais » qui tiennent ! la coupa-t-il, la parole agrémentée d’un geste négatif de son index.

Duo reprit un peu de son sérieux devant l’air peu convaincu de la malade, il se rapprocha de son visage et plongea son regard dans celui de la princesse.

-Je ne te demande pas de courir le marathon, juste d’essayer de tenir sur tes jambes, rien de plus.

Relena ferma les yeux et soupira, que pouvait-elle faire face à l’obstination de Duo Maxwell ?

-Très bien, capitula-t-elle.

Un large sourire illumina le visage du natté et fit un instant oublier à la jeune fille ce qu’elle venait de lui promettre.

Relena enleva l’unique électrode que Sally avait placée contre sa poitrine et Duo l’aida à dégager les draps du bas de son corps. Le pilote découvrit alors en même temps qu’elle les traces de coups et d’égratignures qui lui restaient encore sur les jambes, la chemise de nuit ne lui arrivant qu’au-dessus des genoux. La jeune fille se sentit terriblement mal à l’aise, le pilote en revanche ne laissait rien paraître, et lui adressa un regard encourageant.

-Tu peux t’asseoir ?

Relena fut rassurée par l’attitude de Duo et lui adressa un léger sourire affirmatif. Elle plia ses jambes tout en les ramenant sur le côté et tenta de se redresser en prenant appuis sur son bras valide, mais son côté droit blessé lui faisait défaut, il lui manquait de la force pour se relever. Le jeune homme vint positionner son bras derrière elle et lui donna l’appui nécessaire pour s’asseoir. La tête lui tourna quelques instants et elle utilisa son bras gauche pour stabiliser son nouvel équilibre. Relena n’avait plus l’habitude de se tenir assise sans avoir un monticule de coussins qui lui soutenait le dos. Duo lui laissa le temps de reprendre conscience de son corps. Dès qu’elle se sentit plus à l’aise, la princesse balança doucement ses jambes devant elle, rajustant la force nécessaire au mouvement qu’elle désirait accomplir.

-On y va ? lui demanda doucement le pilote.

Elle hésita mais acquiesça finalement d’un mouvement de menton.

-Prends ma main, ça t’aidera à t’équilibrer.

Le jeune homme réceptionna la petite main et la tint fermement dans la sienne, ce qui lui permit de donner l’élan nécessaire à la princesse pour qu’elle se relève. Relena se retrouva debout avant qu’elle n’ait eu le temps de s’en rendre compte, Duo lui ferait payer ce coup en traître ! Mais à sa grande surprise elle arrivait à supporter son poids sur ses jambes flageolantes, elle qui avait crû qu’elle s’effondrerait aussitôt qu’elle aurait essayé de se tenir droite.

Un sourire satisfait apparut sur les lèvres du pilote, il savait qu’elle en était capable.

-On essaye de marcher ?

Relena leva timidement un pied, mais l’équilibre lui manquait, d’autant plus qu’elle devait reporter tout son poids sur une seule jambe et qu’elle la sentait fléchir. Elle fit un premier pas, puis poussée par son déséquilibre un deuxième puis un troisième mais elle ne contrôla bientôt plus ses mouvements et ses jambes tremblotantes cédèrent.

-Duo !

Le jeune homme qui se trouvait devant elle fit un pas de côté afin de libérer l’épaule invalide de la princesse et la réceptionna du côté gauche contre son torse. Dès que le premier choc fut passé, il la rapprocha contre lui en la saisissant par la taille du côté où elle était blessée et la stabilisa de l’autre avec sa main toujours dans la sienne. Relena mit quelques secondes à reprendre son souffle, la tête appuyée contre la poitrine large de Duo.

-Ça va, je ne t’ai pas fait trop mal ? lui demanda-t-il, inquiet.

-C’est…supportable, finit par lui répondre la jeune fille.

Même si le pilote avait essayé de diminuer l’impact, sa chute avait réveillé la douleur lancinante de son épaule. Passé l’effet de la surprise et l’accoutumance à la douleur, Relena remarqua la position dans laquelle ils se trouvaient. Ils se tenaient exactement comme un couple de danseurs, elle releva la tête et rencontra le sourire malicieux de Duo.

-Oh non ! J’en ai assez fait pour aujourd’hui !

-Même pas quelques pas de valse ?

Relena ne put s’empêcher de sourire devant la mine faussement triste du jeune homme.

-Pas un seul.

-Très bien, alors ne bouges pas. Lui commanda-t-il pendant qu’il la relâchait et s’abaissait.

La jeune fille s’agrippa d’instinct à son cou.

-Duo qu’est ce que tu fais !

-Je te porte puisque tu n’as pas la force de danser ! lui répondit-il d’un air taquin.

-C’est de ta faute si l’on en est arrivé là ! protesta-t-elle.

Duo la déposa doucement sur le lit et la recouvrit aussitôt pour éviter qu’elle n’attrape froid.

-L’essentiel c’est d’avoir eu le courage d’essayer. Je suis fier de toi, lui dit-il, une expression sincère au fond des yeux.

-Merci…fit doucement Relena, touchée par la déclaration du jeune homme.

-Mais ne crois pas que tu vas t’en tirer aussi facilement, tu me dois une danse princesse !

-Promis…lui répondit-elle un vague sourire sur ses lèvres.

Duo comprit qu’elle était fatiguée.

-Reposes-toi, je viendrais ce soir t’apporter ton repas.

-Hm…

 Il se retira discrètement et referma la porte dès qu’il fut assuré qu’elle dormait profondément.

 

*****************************

 

8 octobre de l’AC 197,

Iria et Allan avaient travaillé ces derniers jours à rassembler les hommes de la liste Teddy Bear…Mais ils n’étaient pas seulement réunis pour ça, les pilotes tenaient à leurs faire part de la prochaine guerre que les épyons terros préparaient.

 

A 14 heures précise, Iria suivit des deux garçons fit son entrée dans la salle de conseil. La vingtaine d’hommes et de femmes réunis se levèrent à l’unisson pour saluer la princesse du royaume pacifiste et les deux jeunes hommes dont tout le monde ici connaissait la véritable identité. Iria prit place et s’assit, Quatre à sa droite et Heero à sa gauche.

-Mesdames, Messieurs, je vous remercie d’avoir répondu aussi rapidement à mon invitation sans en connaître la raison. Mais je ne vais pas vous faire patienter davantage. Je laisse la parole aux pilotes ici présents.

-Merci Melle Raunber. Mesdames, Messieurs les membres des Sphères Unifiées, les salua-t-ils d’un mouvement de tête, je suis Quatre Raberba Winner, pilote du Sandrock et voici Heero Yuy, le pilote du Wing Zéro. C’est suite à notre demande que la princesse vous a convoqués.

Un murmure s’éleva parmi les politiciens, le jeune blond attendit que le calme soit revenu et reprit :

-Nous savons que vous constituez le noyau qui a élaboré et a permis à la loi sur le désarmement d’être mise en œuvre, seulement voilà, votre engagement vous met tous en danger…

Heero enchaîna :

-Après la disparition de Relena Peacecraft, les épyons terros ont prévu d’éliminer les hommes qui avaient soutenu la princesse et permit l’instauration d’un pacifisme total. Melle Peacecraft a laissé un fichier dans lequel était indiqué vos noms, c’est ce qui nous a permis de tous vous réunir.

-Comment avez-vous obtenu ce fichier ?

-C’est Lady Une qui nous l’a transmis, répondit Heero.

-Lady Une ?

-Elle est encore en vie ?

-Mais où se trouve-t-elle ?

-Elle va bien et continue à faire son travail, les informa Quatre dès qu’il put en placer une, cependant pour votre sécurité et celles des agents, je ne peux vous dire où elle se trouve.

-Et Sally Poe ?

-Sally Poe travaille avec nous.

Tous les regards se tournèrent vers le pilote brun dont on ne pouvait apercevoir le visage, à moitié dissimulé par sa chevelure.

-Si elle n’est pas venue, c’est tout d’abord pour ne pas éveiller davantage de soupçons sur le royaume de Sank, continua-t-il pour couper cour  à leurs répliques, et ensuite parce qu’elle tente d’anticiper du mieux qu’elle peut la guerre imminente.

A nouveau, la conversation monta d’un ton, les questions se bousculant aux lèvres des politiques, certains s’étaient levés, tandis que d’autres débattaient entre eux sur la marche à suivre, le volume sonore continuait à monter au fur et à mesure que chacun restait campé sur ses positions.

Allan qui faisait également partie de la liste Teddy Bear jeta un regard réprobateur à Heero et intervint.

-Mesdames, Messieurs ! Du calme s’il vous plaît !  Mais qu’est ce qu’il vous prend voyons !

Le silence se fit et les fauteurs de trouble se ressayèrent comprenant que leur réaction était vraiment ridicule.

La tension était palpable au sein du conseil, les derniers événements avaient mis à rude épreuve les nerfs des hommes et des femmes qui s’étaient battus avec conviction pour la paix, ils voyaient tout ce qu’ils avaient eu tant de difficulté à mettre en place s’écrouler comme un château de cartes, et les aveux des pilotes ne faisaient qu’amplifier leurs craintes.

Heero, pour sa part, voulait voir comment les membres allaient réagir à ce qu’il venait de leur annoncer et ils avaient eu exactement le comportement qu’il avait prévu. Il soupira, ce qu’il redoutait était en train de se produire. Les hommes qui s’étaient jadis alliés pour donner un véritable sens aux Sphères Unifiées étaient en train de se diviser, ils perdaient leur unité qui avait fait leurs forces autrefois et bientôt ils deviendraient totalement impuissants face aux épyons terros…et Iria n’avait pas encore la capacité de les garder soudés, elle n’avait pas le charisme de Relena, même s’il la considérait comme la meilleure personne pour succéder à l’héritière légitime du royaume de Sank, tout allait beaucoup trop vite pour la jeune princesse.

-Apparemment, les épyons terros déploient leurs troupes, ils se prépareraient à attaquer les Opposants, reprit Quatre. La logique de ce conflit nous échappe pour le moment, la seule chose que l’ont puisse dire, c’est que cette guerre assoira certainement le pouvoir des épyons terros sur les Sphères Unifiées…Nous sommes venus ici avec nos gundams…

Les membres sursautèrent à nouveau à cette déclaration, mais cette fois-ci, ils ne coupèrent pas le jeune homme.

…et ce pour deux raisons. La première a pour vocation de protéger le royaume de Sank, la succession au trône de Melle Raunber a surpris tout le monde, et une attaque contre le pays est à craindre, et la seconde était de pouvoir riposter en cas d’une attaque contre vous. Bien sûr, nous n’avons pas crié sur les toits votre présence ici, mais si les épyons terros tenaient vraiment à vous éliminer, ils auraient eu vent de cette réunion.

-Et qu’est ce que vous en concluez ? demanda une femme d’une trentaine d’années.

-Que vous êtes devenus insignifiants à leurs yeux, répondit Heero.

-Que voulez-vous dire exactement jeune homme ?

-Ce qu’il veut dire, intervint Iria, c’est que vous réagissez exactement comme les épyons terros l’espérait ! Non mais regardez-vous ! Vous n’êtes même plus capable de tenir une conversation sans que ça tourne mal ! dit-elle excédée. Je me souviens de Relena qui me parlait souvent de ces hommes et de ces femmes honorables qui avaient tant donné pour établir la paix…Où sont-ils à présent ? demanda la princesse en parcourant d’un regard empli de colère et de tristesse la liste de ses invités…J’avais l’espoir de trouver en vous la force pour lutter contre les épyons terros…me suis-je trompée ? Allez-vous laisser les épyons terros asservir sous le poids de leur armes l’humanité toute entière ?

La jeune fille qui s’était levée prit soudainement conscience de ce qu’elle était en train de faire. Elle venait de sermonner les personnes parmi les plus influentes des Sphères Unifiées ! Elle s’était laissée emporter et avait parlé sans penser aux conséquences. Iria baissa la tête et se rassit, profondément mal à l’aise.

-Je…je suis désolée, balbutia-t-elle, veuillez m’excusez.

Pendant quelques secondes pas un bruit ne vint rompre le silence qui s’était établi. Quatre aurait voulu la réconforter, la serrer contre lui tout en lui murmurant qu’elle avait bien agit…mais il ne pouvait pas faire ça, il ne pouvait pas montrer ouvertement son attachement, il ne devait pas intervenir. Il se contenta donc d’un regard furtif dans sa direction.

-Non princesse, vous avez raison, intervint un homme à la chevelure grisonnante et au regard profond, vous avez laissé parler votre cœur, il n’y a aucun mal à ça et nous devrions tous en faire autant.

-Vous êtes impulsive, et votre honnêteté vous fait honneur, vous être la digne héritière du royaume de Sank, rajouta une jeune femme.

Iria releva la tête et vit qu’ils la regardaient tous, mais quelque chose avait changé dans leurs yeux, ils la regardaient différemment.

Un autre homme se leva.

-La princesse a fait preuve de plus de sagesse et de lucidité que nous tous ces derniers temps. Mes confrères et amis, il est temps de réagir et d’ôter le voile qui nous aveugle tous, nous devons défendre la paix à ses côtés !

Un mouvement d’approbation suivit cette déclaration et Iria ne put s’empêcher de laisser échapper un sourire, elle reprenait espoir.

-Nous devons tirer profit du fait que les épyons terros ne nous considèrent plus comme potentiellement nuisible à leur projet, ajouta Allan.

-En effet, c’est un atout que vous devez essayer de conserver le plus longtemps possible, confirma Heero.

-Que comptez-vous faire, pilotes de gundams ?

-Pour le moment, nous allons rester le plus discret possible.

-Je pense que vous devriez repartir…déclara un des membres du conseil.

-Je le crois aussi, confirma Quatre, par notre présence, nous mettons également en danger la vie de la princesse, et nous faisons peut être plus de mal que de bien en restant ici…

Iria sursauta à cette annonce et se tourna vers le jeune blond, elle allait répliquer lorsqu’elle comprit que dans le fond il avait raison.

…nous allons envoyer des préventers sous les ordres de Lady Une pour veiller à sa sécurité.

-Et nous reviendrons avec nos armures mobiles aussitôt que cela sera nécessaire, termina Heero.

-Nous veillerons sur la princesse, assura l’un des hommes, car une nouvelle fois, le royaume de Sank sera le symbole de la paix et de la liberté !

-Oui !

-Nous allons combattre à ses côtés !

-Pour la paix et la liberté, pour ce en quoi nous avons toujours crû !

La grande porte s’ouvrit alors et stoppa un instant l’élan d’enthousiasme des politiciens. Une jeune femme à la longue chevelure blonde et au regard perçant pénétra dans la salle en ouvrant en plein les grands battants de la porte.

-Et je resterais aux côtés de la princesse aussi longtemps que durera ce conflit qui va déterminer à nouveau du sort des Hommes car à présent ce ne sont plus seulement les colonies ou la terre qui sont menacées, mais l’humanité toute entière ! dit-elle en s’inclinant respectueusement devant l’assemblée.

-La petite fille du Duc Dermail !

-Dorothy ! S’exclama Iria.

 

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[1] : Dekim Barton, c’est le méchant monsieur qui nous a permis d’avoir les trois fantastiques oav que sont Endless Waltz ^^. Et Mariemeia c’est la petite fille que Dekim va utiliser pour déclencher sa guerre.

[2] : L’apparition de cette jeune fille fait référence aux épisodes Zéro, ce sont des mangas qui racontent le passé des principaux protagonistes de la série.

 

Notes de l’auteur :

 

Voilà ! Alors pour vous donner un ordre d’idées, pratiquement trois semaines se sont écoulées dans ce chapitre, alors forcément, ça fait des choses à raconter ! J’ai voulu introduire un peu de « sang neuf » dans l’histoire avec Iria, et j’espère que sa petite explication avec Heero vous aura convaincu de la crédibilité de ce nouveau personnage ^^

Et si vous avez des petits problèmes de compréhension, notamment en ce qui concerne, les mangas et oav’s, n’hésitez pas.

Bon et la petite phrase de fin ce serait : Ne me tapez pas ^^ Aller, je sais ce que vous êtes en train de vous dire, mais ça ne sera pas pour tout de suite…Je veux du crédible moi ! Aller courage !

Ben voilà que c’est l’auteur qui coach ses lecteurs…non mais on aura tout vu !

 

Et juste un dernier petit mot pour remercier Sissi qui travaille dans l’ombre et corrige toutes mes fautes d’orthographe ( et si il  en reste je ne vous autorise pas à lui taper dessus ! ) et m’éclaire également lorsque la lumière de mon inspiration est passée en mode nocturne ( c’est à dire assez souvent en ce moment ) ! Donc si vous pouvez apprécier un texte à peu près lisible, c’est grâce à elle ! Merchi ^^

 

A très bientôt.

 

Chapitre commencé le 30/07/2003, terminé le 02/09/2003



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