Disclaimer : Les personnages et l’univers de Gundam Wing ne m’appartiennent pas, en revanche les persos que j’ai créé et l’histoire sont ma propriété exclusive ^^
Voilà la suite ! Hey vous avez vu, j’ai été bien sage, un mois tout juste ^^
Et puis que dire à part que j’ai été très agréablement surprise de voir de nouveaux lecteurs – euh…’trices – et donc, ben…merci.
Alors à mon tour à présent de vous récompensez !
Relena s’éveilla en même temps que
le jour, elle resta plusieurs minutes encore dans son lit, le temps d’être
suffisamment réveillée, puis s’assit lentement sur le bord du matelas. Elle
apprécia le contact agréable de ses pieds nus sur les tapis d’orient et un
léger sourire courut sur ses lèvres. Elle se leva finalement, prit de quoi
s’habiller puis se dirigea vers la salle de bain.
La jeune fille tira la balance de
sous le meuble puis monta dessus : 42 kilogrammes.
-C’est pas vrai !
s’exclama-t-elle.
C’était bien ce qu’elle redoutait,
le simple fait d’avoir un peu moins mangé la veille lui avait fait perdre près
d’un kilo. Elle avait énormément de mal à reprendre du poids, par contre en
perdre, ce n’était vraiment pas un problème…durant sa maladie, elle avait
atteint le seuil critique des 40 kilogrammes, il lui en faillait huit de plus
au grand minimum pour ne pas risquer d’affaiblir son corps en le privant des
éléments essentiels à son bon fonctionnement. Et elle n’en était même pas à la
moitié du chemin, alors il fallait absolument qu’elle évite de perdre ne
serait-ce que quelques centaines de grammes…
Je dois absolument faire attention, se répéta-t-elle.
La princesse rangea alors
l’appareil et se décida à se changer. Enlever et mettre des vêtements se
révélait toujours une entreprise laborieuse, son bras l’handicapait réellement,
d’autant plus que c’était le côté droit qui se trouvait défaillant, une chance
qu’elle soit un peu ambidextre…La jeune fille se contorsionna, et se fit, comme
à son habitude, encore mal en enfilant son haut.
Elle observa l’effet dans le miroir
et fit la moue, le noir et les fines bretelles de son débardeur accentuaient
son aspect déjà maigre, et tranchaient de façon incontestable
avec son bandage. Mais de toute manière, elle n’avait rien d’autre à se mettre,
et qui plus est, il était hors de question de se changer à nouveau, une fois,
c’était déjà bien assez douloureux.
Relena opta finalement pour une
veste légère qui dissimulait efficacement son ossature, et sa blessure, car
même si elle s’acceptait à présent un peu mieux, elle avait encore du mal à
laisser visible aux regards des autres ce qui l’avait autant affaiblie.
Une fois sa tenue vestimentaire
suffisamment étudiée, elle se passa un peu d’eau fraîche sur le visage puis
entrepris de discipliner ses cheveux ébouriffés. Mais la jeune fille dut
rapidement se résoudre à capituler face à la longueur de sa chevelure et à ses
moyens limités…
Pour se coiffer et refaire ses
bandages, elle n’avait pas le choix, il lui fallait de l’aide.
Un sourire illumina alors son
visage. Mais tout ça serait bientôt terminé, Sally lui enlevait aujourd’hui les
points de sutures restants. Son épaule ne serait enfin plus enfermée dans une
atèle rigide, elle allait retrouver une partie de ses mouvements et pourrait
faire des gestes simples, cependant il lui faudrait passer par de la
rééducation…Fort heureusement, la balle n’avait fait qu’ébrécher l’articulation
entre l’humérus et l’omoplate, mais elle n’avait pas épargné en revanche les
muscles et tendons. Et durant l’intervention chirurgicale, ils durent réparer
les lésions, ce qui s’avéra d’autant plus difficile du fait que la blessure
datait déjà de plusieurs heures…
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Tous tournèrent la tête en
entendant entrer la princesse, apparemment ils étaient en grande discussion,
inhabituellement réunis pour le petit déjeuner, et ils ne s’attendaient pas
vraiment à la voir de si bonne heure.
-Bonjour…leur dit-elle hésitante.
Ils lui rendirent son salut, mais
elle sentit bien l’atmosphère pesante qui régnait.
-Allons, qu’est ce qui se
passe ? dit-elle d’un ton soudainement plus concerné, parcourant du regard
l’ensemble des personnes en présence.
Mais ils hésitaient à lui dire ce
qui n’allait pas, et elle fut touchée par leur geste. Elle était à chaque fois
étonnée de constater à quel point ils pouvaient essayer de la préserver. C’est
fou comme elle avait pu s’attacher à chacun d’entre eux, c’étaient vraiment des
êtres extraordinaires et elle espérait, un jour, pouvoir leur rendre tout le
bien qu’ils lui avaient fait. La jeune fille leur sourit avec affection.
-Vous savez, je suis encore plus
inquiète lorsque je sais qu’il y a quelque chose qui ne va pas, mais que
j’ignore ce que c’est...leur dit-elle doucement.
Heero obtempéra, ce qu’elle disait
était véridique, il la connaissait suffisamment pour savoir qu’elle allait
s’angoisser toute la journée s’ils ne le lui disaient pas, c’était trop tard.
Il tira la chaise qui était à ses côtés.
-Viens t’asseoir, l’invita-t-il.
La princesse lui adressa un regard
reconnaissant et prit place.
-Bien, reprit Quatre dès qu’elle fut
installée, voilà ce qu’il s’est passé durant la nuit…
Le petit blond exposa à Relena
l’action des Opposants et la réponse agressive des Sphères Unifiées qui
venaient d’annoncer officiellement la production d’un nouveau type d’armures
mobiles et ce, dans le but de défendre « les valeurs pacifistes des
citoyens du monde »…
La jeune fille fronça les sourcils
à la justification des épyons terros, mais le laissa poursuivre.
-…et ce qui est relativement
inquiétant, c’est que les citoyens ont approuvé en masse cette action.
-Je ne vois qu’une explication pour
un tel comportement : Ils ont peur. Mais la question qui serait à se
poser, c’est comment sont-ils arrivés à être apeurés au point d’accepter une
guerre à bras ouvert ? dit-elle avec une pointe de tristesse.
-C’est une action des épyons
terros.
-Ils manipulent les citoyens,
repris Trowa à la suite d’Heero.
-Maintenir l’ordre par la peur,
enchaîna Duo.
Maintenir l’ordre par la peur. Le gouvernement entretenait une véritable campagne de terreur, à travers la main mise des médias qui diffusaient à longueur de journée des reportages sur les agressions, les meurtres, et les supposées actions des Opposants. Cette sensation d’insécurité alimentait une peur irrationnelle des citoyens qui réagissaient sans réfléchir, simplement guidés par leurs angoisses les plus primitives, alimentant leur agressivité envers les gens différents, appartenant à des minorités ethniques où politiques qui devenaient victimes de véritables persécutions. Et pendant ce temps là, le gouvernement avait carte blanche, le peuple trop obsédé par sa peur de l’autre, ne se souciait plus d’une économie désastreuse et d’une politique sociale dévastatrice soutenant aveuglement une guerre qui leur donnait l’impression d’être encore fort, encore capable de se défendre contre un ennemis sans nom. Les armes, les armes étaient la seule solution pour se sentir en sécurité. Attaquer avant d’être attaqué, tuer avant d’être tué. Telle était à présent la situation des Sphères Unifiées…[6]
Relena les écouta sans les interrompre et prit quelques secondes de réflexions avant de répondre.
-C’est la pire des situations que l’on aurait put imaginer…finit-elle par dire d’un ton qu’elle essaya de garder assuré malgré le choc que cette nouvelle venait de provoquer en elle. Les épyons terros vont se servir des citoyens pour asseoir leur autorité…ils vont les engager dans une guerre où ils vont être la chair et le sang de leur victoire…
-…il faut les empêcher de faire ça, ce sont des innocents qui vont partir se battre…rajouta-t-elle d’une petite voix sans se rendre compte qu’elle pensait tout haut.
-Ce sont eux qui ont décidé de s’engager, les épyons terros ne les y ont certainement pas obligés. S’ils sont trop faibles pour se rendre compte de ce qu’ils font, alors c’est normal qu’ils meurent…répliqua une voix sèche qui laissait comprendre qu’aucune contestation ne serait acceptée.
Relena releva la tête et resta un instant sidérée face au pilote. Ils se fixèrent quelques secondes, le visage tourmenté de la jeune fille tranchant avec la rigidité de l’expression du chinois. Pourquoi pouvait-elle ressentir une telle quantité de haine dans son regard ? Pourquoi Wufei était-il ainsi ? Elle ne comprenait pas. Mais pour la première fois, elle eut peur, elle eut peur de ce regard dirigé contre elle. Les yeux haineux du jeune homme n’avaient plus rien à voir avec le sujet précédent, c’était pour elle et seulement pour elle, il lui sommait de renoncer. Le regard de la princesse se fit d’un seul coup plus dur et elle se redressa, la lueur dans ses yeux, laissa un instant le chinois incapable de réagir, où diable pouvait-elle trouver une telle force ?
-Comment peux-tu dire ça ? s’indigna-t-elle. Nous avons tous nos moments de faiblesse et nous faisons tous des erreurs, nous ne sommes pas des machines !. Nombreux sont les morts qui mériteraient d’être en vie, et les vivants qui mériteraient d’être mort. Qui es-tu pour te croire si prompt à décider de vie ou de mort ? cria-t-elle d’un air de défi, faisant totalement abstraction de toutes celles et ceux qui l’entouraient, plus rien n’existait à par cet homme en face d’elle, cet homme remplit de haine et de mépris. Elle ne le laisserait pas faire. Elle ne le laisserait pas mettre à exécution la menace qui brûlait dans ses yeux.
Le front du chinois de plissa de contrariété et ses lèvres se pincèrent pour ne pas laisser échapper un cri de rage.
Pendant un instant le temps sembla se suspendre, tous pris de court face à ce qui était en train de se dérouler sous leurs yeux. D’un seul coup Wufei se leva, l’espace d’une seconde ils crurent qu’il allait se jeter sur la jeune fille tellement il semblait hors de lui. Relena fit alors instinctivement un pas en arrière et cilla revenant subitement à la réalité, son expression déterminée se transforma alors en crainte, qu’est ce qu’elle avait fait !
Heero fut le premier à réagir, cela avait assez duré. Il se tourna vers Wufei et lui adressa un regard menaçant, lui signifiant clairement qu’il valait mieux qu’il se calme rapidement. Les autres suivirent bientôt le mouvement et le jeune homme se trouva face aux attitudes dissuasives de toutes les personnes en présence. Excédé, il tapa violemment son poing sur la table, faisant au passage sursauter la princesse.
-Très bien ! C’est vous qui voyez ! cracha-t-il avant de quitter la pièce en rage.
La porte claqua, ébranlant les murs et un silence de mort s’en suivit.
-Je…je suis désolée…murmura Relena au bord des larmes, tellement l’affront l’avait éprouvée.
Aussitôt Heero se tourna vers elle inquiet, il la vit alors s’effondrer sur sa chaise comme si elle était à bout de force. Il posa immédiatement sa main contre son genoux qu’il effleura doucement, comme pour s’assurer de son état. Relena posa alors sa main sur la sienne et lui renvoya un regard rassurant avant de se rendre compte que tout le monde la fixait.
-Ca va, c’est juste qu’il m’a surprise, leur répondit-elle d’une voix déjà plus affirmée.
L’atmosphère se détendit alors et Sally prit la parole.
-Wufei n’est pas dans son état normal, il faut l’excuser.
-Ce n’est pas grave, je n’aurais pas dû m’emporter comme ça aussi…
-Vous n’avez rien à vous reprocher princesse, répliqua alors Raschid, un pilote qui se bat pour défendre la paix ne devrait pas tenir de tels propos…
-A la différence près que Wufei ne se bat pas pour la paix, mais pour la justice…rectifia tristement Duo.
La princesse fut surprise par cette information, elle l’ignorait.
-N’en parlons plus, fit-elle, je ne lui en tiens pas rigueur de toute manière.
Quatre la fixa et un sourire courut sur ses lèvres, cette capacité que Relena avait à pardonner l’impressionnait énormément, il lui fallait une grande force pour être capable d’une telle chose, et c’était signe qu’elle allait déjà mieux. Elle avait tellement changé depuis qu’elle était avec Heero, c’est incroyable comme elle avait put s’épanouir à ses cotés, mais dans le fond il n’en était pas étonné…
-Relena, il y a autre chose aussi dont je voulais te parler, reprit alors le petit blond, Millardo et Noin ont avancé leur retour sur terre, ils ne s’arrêtent pas comme prévus sur L3 pour rencontrer les troupes résistantes, ils nous rejoignent directement. Ils devraient arriver dans la nuit.
La jeune fille fut prise de court par la nouvelle, elle ne s’attendait pas à revoir Noin et son frère avant deux semaines…
Mais pourquoi
précipitent-ils leur retour ? Est-ce que cela signifierait que…
D’un seul coup le visage de la princesse se teinta d’inquiétude.
-Quatre…c’est le royaume de Sank n’est-ce pas ?
-En effet, fit Heero, si la guerre se déclenche, Iria tentera tout pour se mettre en travers du massacre…elle va annoncer son retrait des Sphères Unifiées et proclamer l’indépendance de son pays pour pouvoir affirmer sa volonté pacifiste.
-…je savais qu’elle ferait ça…mais c’est dangereux, très dangereux.
-C’est la raison pour laquelle nous irons nous battre à Sank si cela est nécessaire, expliqua Duo, il est essentiel qu’il y ait des gens comme elle pour montrer la voie à tous ceux qui aspirent à la paix.
La jeune fille regarda Heero, puis Quatre, et les autres, toutes ces personnes auxquelles elle s’était attachée. Ils allaient partir se battre, exposer leur vie au danger, défier une fois encore la mort…n’y échapperait-elle jamais ? Faudrait-il que toute son existence soit liée à la mort et à la souffrance, elle qui aspirait tant à la paix et à la douceur ? Elle sourit tristement en constatant l’air préoccupé de celui qui comptait tellement pour elle. Mais elle ne pourrait pas le retenir, ni lui, ni les autres, ils étaient ainsi, et c’était cette grandeur d’âme et cette volonté qui les rendaient aussi extraordinaires.
-Ne t’inquiètes pas Relena, rien n’est encore joué, et peut être arriverons-nous à arrêter cette guerre à temps…la rassura le petit blond en voyant sa peine.
Le sourire de la princesse se fit plus sincère et elle regarda, reconnaissante.
-Tu as raison Quatre, il ne faut pas se décourager.
Duo recula alors sa chaise et se leva, prenant appuis sur la table pour se pencher vers ses compagnons.
-Bien, sur ces bonnes paroles, si nous petits déjeunions ?
Relena sourit à l’attitude du natté, il était vraiment doué pour mettre les gens à l’aise.
-C’est une excellente idée Duo, fit la princesse en lui rendant son sourire.
Le pilote lui fit un clin d’œil et ne manqua pas de lui ébouriffer affectueusement les cheveux lorsqu’il passa à sa hauteur.
-Houlà ! Mais c’est tout emmêlé tout ça, il va falloir que je m’occupe de toi sérieusement Rel’ !
-Je te prends au mot Duo.
Le pilote agita joyeusement sa natte.
-Tu parles à un professionnel !
La princesse lui sourit et lui adressa un regard entendu et inconsciemment, peu à peu ses doigts crispés sur la main d’Heero se détendirent. Relena ne s’en était pas rendue compte, mais à l’évocation de la guerre, elle avait spontanément serré plus fort la main du jeune homme. Son geste en revanche n’avait pas échappé au pilote.
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La matinée fut particulièrement assidue, chacun essayant de rapporter le plus d’éléments possibles sur la construction de ces nouveaux robots mobiles et les différentes possibilités d’armement des deux camps. Sally travailla en collaboration avec Lady Une qui leur rapporta différents lieux de productions de ces new méchas. Des rebelles, encadrés par ses agents prévoyaient de détruire deux usines de production spatiale et une sur terre d’ici à 48 heures. Par contre, en ce qui concernait les Opposants, les informations étaient beaucoup plus difficiles à obtenir. Leur recherches se poursuivirent bien au-delà de la matinée, mais en début d’après midi, Heero fut sommé par ses compagnons de rejoindre Relena au haras.
Relena ne monterait pas à cheval aujourd’hui, elle ne s’en sentait pas capable, elle avait donc décidé de passer simplement un peu de temps avec Inès. Elle avait besoin de se changer les idées, mais rien à faire, les événements de ce matin résonnaient encore dans son esprit. Et tout en pansant le corps délicat de l’animal, elle ne put s’empêcher de se remémorer son affrontement avec Wufei. Et d’un seul coup, sans qu’elle ne puisse rien faire, elle fut saisit d’un froid immense et son corps se mit à trembler de façon incontrôlée, la faisant lâcher la brosse douce qui tomba au sol. La jument tourna aussitôt la tête en direction de la jeune fille et la fixa, visiblement inquiète.
-C’est rien ma grande…lui souffla la princesse…ça va passer.
Relena tituba jusqu’à l’épaule de l’animal, elle entoura alors son encolure dans un geste maladroit et posa doucement sa tête tremblante contre le corps chaud d’Inès. La jument, malgré les soubresauts de la jeune fille resta immobile et attendit paisiblement qu’elle se calme. Relena ferma les yeux et se laissa envahir par la chaleur douce et sereine de l’animal. Elle avait tellement froid, ce froid qui ne l’avait jamais vraiment quittée depuis ce jour où elle avait voulu renoncer…il lui arrivait souvent, lorsqu’elle ne se sentait pas bien, d’être saisie de cette sensation d’hiver intense, elle se mettait alors à trembler comme une feuille sans rien pouvoir faire. Mais si les premières fois, elle n’avait pas su comment réagir, elle parvenait maintenant à gérer le stress que cette situation provoquait. Il lui suffisait de trouver un peu de chaleur et de se détendre et cela disparaissait aussi rapidement que c’était arrivé. C’était comme un appel douloureux de son passé, comme une cicatrice que l’on ne voit pas mais que l’on sent néanmoins, quoiqu’il en soit, elle avait appris à vivre avec et ses contractions s’apaisèrent bientôt jusqu’à disparaître.
La jeune fille resta cependant contre l’encolure de la jument, appréciant le contact rassurant avec un autre être vivant. Elle la caressa doucement et la remercia dans un murmure. Inès avait à présent l’habitude de cette réaction de la part de Relena, elle connaissait elle aussi cette peur qui prenait, parfois encore, possession de la jeune fille.
Le son de pas se rapprochant ramenèrent cependant la jeune princesse à la réalité. Elle se redressa et rouvrit les yeux, rencontrant alors Heero. Son visage s’illumina aussitôt d’un faible sourire et elle relâcha l’animal.
L’expression du pilote se fit plus préoccupée, Relena n’avait pas l’air d’aller bien, son teint était si pâle…
-Est-ce que ça va ? la questionna-t-il, inquiet.
La princesse releva la tête et rencontra les yeux du pilote, ces yeux de Prusse à l’expression si intense…oh non, il ne fallait pas qu’il la regarde ainsi où dans quelques secondes elle serrait totalement à sa merci. Elle se surprit une fois encore à constater l’effet que le jeune homme avait sur elle. Il était la seule personne sur terre qui avait le pouvoir de la rendre aussi vulnérable et aussi forte tout à la fois, la seule qui l’ébranlait jusqu’au plus profond de son âme.
Elle détourna la tête, prétextant de ramasser la brosse à terre et lui répondit d’un air léger :
-Oui, bien sûr que ça va.
La jeune fille se réprimanda intérieurement en se rendant compte de la façon dont elle venait de lui parler, ça sonnait tellement faux qu’il aurait fallu être sourd pour ne pas s’en rendre compte. Elle se releva, mal à l’aise et rangea la brosse, en profitant ainsi pour lui tourner le dos.
Heero se risqua à essayer d’en savoir davantage.
-Tu ne montes pas ?
-Non, Sally m’a enlevé les points ce matin et m’a recommandée de rester à terre…se justifia-t-elle d’une voix trop mal assurée pour être honnête. Décidément elle ne savait pas mentir, encore moins lorsqu’elle sentait son regard peser sur elle, mais elle ne voulait pas lui parler de ce qui l’inquiétait, elle ne voulait pas être la cause de nouvelles tensions dans la résidence, elle en avait déjà assez fait.
Mais ses efforts furent inutiles puisque son attitude n’échappa pas à au jeune homme, au-delà de son ton hésitant, ses propos ne tenaient pas debout…la vérité c’est qu’elle ne voulait pas monter à cheval, et ce, par ce qu’elle ne s’en sentait pas capable, parce que quelque chose de profond la préoccupait…Mais elle ne tenait pas à lui en parler et il n’insisterait pas davantage, même s’il n’aimait pas la savoir ainsi.
Et alors qu’elle refermait la caisse de pansage, le pilote s’approcha et lui enlaça doucement la taille. Relena sourit faiblement et se laissa aller contre lui, elle se sentait tellement mieux lorsque les bras puissants d’Heero l’enserrait. Ils restèrent ainsi quelques secondes, puis elle se redressa. Le pilote la libéra aussitôt, elle détacha alors la jument et invita le jeune homme à les suivre.
Elle avait besoin de sentir la sécurité d’Heero, aujourd’hui bien plus que d’accoutumé, en dehors des évènements de ce matin, elle percevait au fond d’elle un mauvais pressentiment, une vague sensation de peur inexpliquée. Elle redoutait ce que le futur leur réservait…le calme avant la tempête, voilà ce qu’elle ressentait, et si c’était les derniers moments de quiétude qu’ils leur restaient, elle voulait les passer avec lui.
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Le communicateur grésilla et l’image de Noin apparut.
-Sally, nous avons pris de l’avance, nous risquons d’arriver avant la nuit.
-Dans combien de temps ?
-A cette allure, dans trois heures tout au plus, nous aurons touché le sable du désert…
La présidente des préventers fronça les sourcils, qu’ils arrivent le plus tôt possible était essentiel, mais ils n’étaient pas préparés à les recevoir aussi rapidement.
Elle releva la tête et parcouru d’un regard interrogateur l’ensemble des personnes en présence.
-Laissez-moi votre place Melle Pô.
La jeune femme s’exécuta et s’écarta au profit du chef des Maganac. L’homme reconnut aussitôt les traits fin et les cheveux aux reflets bleutés de la femme qui se trouvait en face de lui.
-Bonjour Mademoiselle Noin, je suis Raschid de l’unité Maganac.
-Oui, nous nous sommes aperçut à la fin de la Grande Guerre, lui répondit-elle en souriant. Je vous remercie de votre hospitalité.
Raschid hocha la tête en signe de respect.
-C’est un honneur pour nous de vous accueillir et notre soutient vous est acquis.
Lucrezia lui adressa un regard reconnaissant et lui rendit son geste. L’expression du grand homme redevint alors beaucoup plus sérieuse.
-Vous dites arriver d’ici trois heures ?
-Absolument.
-Nous pouvons assurer la sécurité terrestre et aérienne sur un rayon de 200 kilomètres, et mon unité sera prête à aller vous chercher, en revanche, je ne peux vous offrir une protection plus étendue.
-Lady Une confirme qu’elle peut leur assurer une couverture satellite delta d’ici moins de trois heures, intervint alors Trowa.
Le visage de Raschid se détendit.
-Très bien, dans ce cas tout est en ordre. Donnez-moi les coordonnées de votre atterrissage.
Dès que la communication fut terminée, Raschid partit immédiatement mettre ses hommes en alerte. Wufei et Trowa allaient assister les informaticiens de Lady Une, pendant que Quatre, Duo et le chef des Maganac iraient accueillir les passagers de la navette. Sally les abandonna dans le couloir pour superviser l’opération et les deux pilotes se retrouvèrent seuls.
-Dis Quatre, où est ce que tu vas loger Noin et Millardo ?
Le petit blond sourit à cette remarque.
-C’était justement la question que je me posais…J’espère qu’ils sont ensemble parce que j’avais l’intention de les mettre dans la chambre d’Heero.
Ils s’échangèrent un regard amusé devant l’allusion, sachant tous les deux l’amour que Noin avait pour le comte justicier et soupçonnant une réciprocité des sentiments.
-Bah ! s’exclama Duo, ils viennent de passer près de deux mois enfermés dans une navette, je ne pense pas que quelques nuits dans le même lit va les importuner, bien au contraire, fit-il en agrandissant son sourire.
Quatre ne put s’empêcher d’adresser un regard mi-réprobateur, mi-amusé à son compagnon.
-Duo tu es incorrigible…mais je souhaite que tu ais raison.
-Moi aussi Quatre, moi aussi…et Heero et Relena alors ? On les met dans la même chambre ! dit-il d’un air soudainement très enjoué, se tournant face au petit blond.
-Et bien, ça me gêne de le faire sans leur en avoir parlé avant, mais ce matin, ça n’était pas vraiment à l’ordre du jour…
-On peut peu être les rappeler tout de suite pour les prévenir des derniers changements.
-Non Duo. Il vaut mieux les laisser seuls pour le moment, Relena a eu assez d’émotions pour aujourd’hui et elle reverra bien assez tôt Lucrezia et son frère…
-Tu t’inquiètes pour elle n’est-ce pas ? l’interrogea le natté tout à coup beaucoup plus sérieux.
-Oui…lui avoua-t-il. Je m’inquiète pour l’avenir de leur relation…d’autant plus que je sais à quel point elle est importante pour chacun d’eux…et je n’ose imaginer ce qui se passerait si…
Mais le jeune homme le coupa avant qu’il ne termine, posant une main amicale contre son épaule.
-C’est vrai que leur relation est loin d’être facile, et qu’à première vue, on pourrait se demander ce qu’une princesse pacifiste peut bien faire avec un homme dont le seul univers a été la guerre…enfin jusqu’à présent, rajouta-t-il dans un sourire. Mais le pilote redevint aussitôt sérieux et poursuivit : Mais n’importe quelle personne qui les connaît un peu est capable de remarquer cette même lueur dans leurs yeux, cette même force de cœur et d’esprit qui brûle en eux…ils en sont capables Quatre. Je suis persuadé qu’ils sont capables de se battre pour faire triompher la force de leurs sentiments, j’ai foi en eux.
Un faible sourire détendit le visage tourmenté du jeune blond.
-Tu as raison. Je dois avoir confiance…
La navette atterrit à 17 heures, à une centaine de kilomètres plus au sud d’Al-jirma. Millardo fut le premier à sortir, aidant la jeune femme brune à faire de même. Il vit alors la petite troupe venir à leur rencontre mais il ne reconnut pas parmi eux, la silhouette svelte de sa jeune sœur. Il s’était fait tellement de souci pour elle et pour le moment la chose qui lui importait le plus, c’était de s’assurer que Relena allait bien.
-Ne t’en fait pas…lui murmura alors une voix douce.
Millardo cilla et se tourna vers la jeune femme à ses cotés. Noin le fixait sans faillir, d’un regard franc et encourageant. Le visage du prince se détendit alors et il lui sourit tendrement. Il lui arrivait encore de se demander ce qu’il serait devenu s’il n’avait pas eu Lucrezia à ses côtés pour croire en lui et le remettre sur le droit chemin lorsqu’il s’égarait…plus encore maintenant.
-Merci…lui dit-il simplement.
Le comité d’accueil arriva alors à leur rencontre…
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Heero caressa doucement la joue de la jeune fille assoupie contre lui. La princesse resserra alors un peu plus sa main sur le tissu de sa chemise, comme si elle cherchait, dans une tentative désespérée, à le retenir. Le jeune homme sourit faiblement à son attitude, elle n’avait pas à avoir peur, il ne l’abandonnerait pas. Il l’étreignit alors un peu plus fort et l’invita à s’éveiller.
La princesse rouvrit des yeux noyés de fatigue et la première chose qu’elle perçut, ce fut la cascade verdoyante de feuilles et le chant harmonieux des oiseaux. Son esprit encore embrumé se demanda instant si tout ça était bien réel, tout semblait si paisible…Mais au bout de quelques secondes, elle sentit la présence d’Heero et tout redevint clair. Elle éleva lentement sa main encore faible et la posa contre celle que le pilote avait sur sa taille.
Tout en le caressant doucement, elle prit le temps de sortir de sa torpeur.
Une brise froide perça alors le manteau protecteur du saule et fit frissonner la princesse qui se plaqua spontanément contre le corps de l’homme. Heero remonta ses mains le long des bras de la jeune fille et constata qu’ils étaient gelés.
-Le temps se rafraîchit, nous devrions rentrer, lui dit-il doucement.
Relena sans s’en rendre compte, poussa un profond soupir. Elle n’avait pas envie de rentrer, elle aurait aimé pouvoir suspendre la course du soleil durant ces après-midi passés sous cet arbre, que le jour ne finisse jamais et qu’Heero soit, pour toujours, auprès d’elle…Mais elle se reprocha d’avoir de telles pensées, elle n’avait pas le droit de se montrer aussi égoïste. Une nouvelle fois, le vent souffla à travers les branchages et elle se rendit compte, qu’effectivement, le jour baissait. D’un seul coup la princesse se redressa :
-Mon dieu Heero, mais j’ai dormi toute l’après-midi !
Le jeune homme sourit face à son expression.
-Seulement plus de deux heures.
La princesse écarquilla les yeux.
-C’est pas vrai ! Mais tu aurais dû me réveiller !...Je suis désolée, rajouta-t-elle d’un ton étrange.
-Voyons, tu n’as pas à t’excuser, tu semblais tellement fatiguée que je ne me serais pas permis de te priver d’un peu de repos, répliqua-t-il en la fixant, sans trop comprendre pourquoi cela la gênait tellement.
Relena vit bien dans ses yeux le trouble que cette déclaration avait provoqué en lui, et elle se rendit compte, qu’une fois de plus, elle aurait dû réfléchir avant de parler…mais elle n’avait plus le choix, elle était obligée de le lui dire maintenant. Son expression se fit alors plus profonde et son visage se teinta de tristesse.
-Heero…c’est que…c’est que je n’ai pas envie de gaspiller le temps que je passe avec toi…
La princesse marqua un temps d’arrêt et l’observa, espérant que cette justification suffirait à rattraper ses paroles…mais comme elle s’en doutait, il était bien trop perspicace pour ne pas se rendre compte qu’il y avait autre chose.
Le pilote sentit son hésitation, il lui effleura alors le visage et lui renvoya un regard rassurant. Relena, incapable de résister à sa tendre pression ne fut pas longue à lui céder, et elle avoua :
-…je veux profiter de chaque instant à tes cotés parce que…parce tu…parce qu’il y a la guerre Heero ! cria-t-elle soudain, incapable d’exorciser ses sentiments d’une autre manière, tellement cela était profond et douloureux.
Le pilote resta un instant sidéré, comment n’y avait-il pas pensé ! Passé l’effet de surprise, son regard s’illumina de détermination et il fixa intensément la jeune fille.
-Oui Relena, c’est vrai, il y a la guerre. Oui je vais partir me battre pour défendre la paix, parce que c’est ce en quoi je crois…Mais rien, je dis bien rien ne changera les sentiments que j’ai pour toi.
Les yeux de la princesse se remplirent de larmes et elle détourna la tête avant de se raidir. Heero la fixa inquiet, pourquoi gardait-elle tout à l’intérieur ?
-Relena…
Tout à coup, elle se tourna et le fixa, de ce regard douloureux qu’il ne lui avait déjà que trop vu.
-Mais j’ai peur Heero ! s’exclama-t-elle. J’ai tellement peur de te perdre…je ne veux plus, je ne peux pas…pas toi…non pas toi…murmura-t-elle de plus en plus faiblement.
Elle sentit alors deux mains douces et chaudes lui saisir délicatement le visage refroidit par ses larmes. Dans un geste remplit d’une précaution amoureuse, il l’amena à le regarder.
-Moi non plus, lui dit-il. Moi non plus je ne veux pas te perdre... C’est la raison pour laquelle je vais partir me battre et je reviendrais. Je te le promets Relena.
Plongés dans le regard l’un de l’autre ils restèrent silencieux quelques secondes, jusqu’à ce que les larmes de la princesse cessent de s’écouler.
-…ne t’en fais pas, lui dit-il en essuyant ses yeux, et puis, tu sais, je ne suis pas facile à abattre.
La princesse ne put s’empêcher de sourire, le pire, c’est qu’il avait raison…
-Rigoles avec ça…dit-elle d’un ton qu’elle voulait réprobateur mais qui sonnait plus dans l’attendrissement.
Heero lui sourit en retour en constatant qu’elle se sentait déjà mieux, mais tout en lui caressant doucement la joue, son expression redevint sérieuse.
-Relena…tu fais encore des cauchemars n’est ce pas ?
Le regard de la jeune fille se figea un instant et il sut qu’il avait raison, cette même lueur de crainte venait de la traverser à nouveau. La jeune princesse sembla hésiter, mais cette fois-ci, elle ne chercha pas à se dérober.
-…oui…souffla-t-elle du bout des lèvres. Oui…et non…ce ne sont plus les mêmes cauchemars…je ne rêve presque plus de…Onze…ce n’est plus moi, mais les gens qui me sont proche que je vois souffrir…Iria…le peuple de Sank…ma mère, Pagan…murmura-t-elle d’une voix de plus en plus douloureuse. Mais il n’y a pas qu’eux…il y a toi, et les autres aussi…
Heero la fixa un instant surpris, il n’aurait pas pensé. Son regard se fit plus tendre, elle avait vraiment un grand cœur de les avoir tous adoptés de cette manière.
-J’ai eu peu de sommeil ces derniers temps…ta présence m’apaise…c’est parce que je t’ai senti près de moi que j’ai pu dormir aussi profondément...lui avoua-t-elle, rassurée par son attitude.
-Mon dieu Relena, je ne savais pas ! s’exclama-t-il soudain.
La tristesse des derniers propos de la jeune fille semblèrent s’effacer au profit d’un faible sourire. Elle éleva sa main et arrangea avec délicatesse les mèches rebelles du pilote, avant de pouvoir caresser son visage. Heero resta muet, vaincu par la tendresse de ces gestes. C’était incroyable le pouvoir que cette sensation de douceur exerçait sur lui. Comment pouvait-on avoir envie de prendre la vie d’un autre après avoir découvert des sentiments aussi profond que la paix ou l’amour ? Il comprenait trop bien à présent à quel point la guerre pouvait paraître absurde aux yeux de Relena…
-Allons, tu n’as pas à te sentir responsable, je ne t’ai rien dis, comment pouvais-tu t’en rendre compte ? murmura-t-elle alors en le regardant avec affection.
-J’aurais dû le voir…voir que tu n’allais pas bien…tu es encore si faible…lui dit-il avec une pointe d’angoisse tout en effleurant les poignets tellement fins de la princesse qu’il aurait juré pouvoir les briser s’il avait le malheur de les serrer un peu trop fort.
Etrangement, Relena ne fut pas gênée par son allusion, elle se contenta de le fixer, une vague expression de mélancolie sur son visage.
-Ne sois pas si dur avec toi-même, tu as très bien vu que j’avais perdu du poids…il y a simplement certaines choses qui te sont invisibles parce que c’est ma volonté…
Relena se confiait peu, elle avait hérité ça de sa très jeune enfance. Même si l’assassinat de la famille royale avait eu lieu alors qu’elle était âgée seulement de deux ans, ses parents adoptifs se demandèrent longtemps si elle n’en avait pas gardé des séquelles inavouées…Pendant des années, elle fut une petite fille extrêmement frêle et silencieuse, s’évadant des heures durant dans la forêt bordant la résidence des Darlian…elle ne racontait jamais rien de ces journées à l’école, n’exprimait jamais ses sentiments…c’était une enfant apeurée, inexorablement poursuivit par un passé dont elle ignorait tout…jusqu’au jour où elle fit la rencontre de cet orphelin qui avait rejoint l’école St Gabriel…Ce petit garçon qui était comme elle…Un enfant perdu…elle comprit alors l’importance d’aller vers les autres…Ce jour-là, elle se promit de changer [1]. Mais cela pris du temps et la personne qui lui donna la force et le courage de vaincre le mutisme dans lequel elle s’était enfermée des années durant, ce fut Iria…Iria qui lui montra l’importance d’accorder sa confiance et la grandeur de ce geste. La jeune fille changea énormément et devint peu à peu la princesse que tout le monde connaissait à présent…mais une chose n’avait pas changé en revanche, elle était toujours restée très discrète sur elle-même, c’était un trait naturel de sa personnalité que le temps n’altèrerait certainement jamais…
Heero plissa un instant les sourcils et la fixa, Relena soutint son regard de ses yeux azur remplis de peine et de compassion. Aussi dur que se soit à accepter, il comprenait. Il comprenait ce mystère qui entourait la princesse, c’était comme un comportement inné pour elle, une façon instinctive et naturelle d’agir qui datait d’aussi loin qu’elle soit en mesure de se souvenir… il était à même de comprendre parce qu’il était pareil…Qui aurait pu soupçonner que la reine du monde, si généreuse et volontaire soit autant réservée lorsqu’il s’agissait de sa propre personne ? Heero sourit un instant à cette pensée, Relena était vraiment quelqu’un de surprenant…mais il savait aussi à quel point tout prendre sur soi était quelque chose d’éprouvant, et il ne la laisserait plus porter ça seule. Son regard se fit alors plus profond :
-Je t’en prie Relena, n’aies pas peur de te confier à moi…
La princesse allait prendre la parole mais il lui fit signe de le laisser finir :
-…je sais que ton attitude n’est pas directement liée à un manque de confiance en moi. Tu cherches à me protéger en agissant ainsi, mais crois-moi, c’est pire…lui dit-il en la regardant avec tendresse. Je le sais tout de suite lorsque tu ne vas pas bien. Je le vois Relena. Mais j’ignore quelle est la cause de ton mal être et le résultat c’est que je m’inquiète encore davantage…je t’en prie…
-…c’est si difficile…murmura-t-elle, touchée par sa sincérité.
Le pilote lui sourit, caressant à nouveau son visage.
-Je le sais.
-C’est d’accord…je vais essayer, rajouta-t-elle, répondant à son sourire…Mais tu sais Heero, tu m’aides déjà énormément…
-N’hésites pas à t’appuyer sur moi…jamais… lui murmura-t-il alors dans un souffle avant qu’ils ne s’embrassent.
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Heero et Relena rentrèrent à l’obscurité. Le jeune homme poussa la porte et un courant d’air chaud vint caresser leur visage refroidit par la nuit du désert. Heero fit entrer la jeune fille et l’aida à ôter son châle, ils se sourirent doucement et s’échangèrent un baiser furtif avant de se diriger vers le salon où des voix s’élevaient.
Relena arriva la première, Heero à sa suite, sa main effleurant sa taille.
La jeune fille pénétra dans la lumière de la pièce et se figea subitement, le pilote réagit aussitôt et fit un pas en avant afin que la princesse se trouve légèrement derrière lui. C’est alors qu’il comprit : Noin et Millardo se trouvaient face à eux.
Pendant un instant le temps sembla se figer, le frère et la sœur se fixant d’un même regard.
Millardo fut frappé par l’apparente faiblesse de sa sœur, elle avait beaucoup maigri, et son bras droit était soutenu par une écharpe, accentuant ce sentiment de vulnérabilité…mais au-delà de cette première impression, il vit que la lueur qui caractérisait si bien sa sœur était toujours là, son regard brillait encore…cependant son intensité était différente, ses yeux ne traduisaient plus la même expression, il y avait autre chose derrière…de la souffrance…de l’amour ?
Le jeune homme fut le premier à réagir et se leva, son visage se détendit alors dans un tendre sourire, d’un charme digne des plus grands princes. Relena fut un instant surprise, elle avait si rarement vu sourire son frère et il dégageait une telle prestance…Millardo semblait avoir beaucoup changé depuis ces dix derniers mois…Mais elle lui rendit bientôt son geste et fit un pas dans sa direction. Les enfants de la famille royale s’avancèrent l’un vers l’autre et s’étreignirent dans un mouvement rempli de tendresse.
La jeune princesse posa doucement sa tête contre le torse de son frère et il remonta sa main pour lui caresser précautionneusement les cheveux, il n’osait pas la serrer davantage, de peur de lui faire mal. Ils restèrent ainsi plusieurs secondes, semblant se désintéresser totalement de tout ce qui les entouraient. Relena ferma un instant les yeux et apprécia l’étreinte protectrice de Millardo. Même si elle ne connaissait que depuis peu l’existence de son frère, il y avait eu aussitôt entre eux une connivence spontanée et malgré tous leurs actes et leurs apparentes discordances, le cœur de Millardo et celui de Relena vibraient d’une même volonté : celle de la famille Peacecraft. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, Relena reconnaissait dans cet homme qui la serrait dans ses bras, l’aura protectrice qu’un frère peut avoir pour sa sœur. C’était revenu naturellement pour elle, comme lorsqu’elle n’était encore qu’une très jeune enfant et que le petit prince passait des heures à jouer avec elle dans le jardin royal…
-Millardo…souffla-t-elle dans un murmure.
-J’ai eu tellement peur pour toi…répondit-il avant de s’écarter légèrement.
Il la tint à bout de bras et l’observa.
-…l’essentiel c’est que tu ailles mieux…rajouta-t-il en lui souriant avec affection.
Relena lui renvoya un regard complice et ses lèvres se courbèrent faiblement.
-Toi aussi tu as changé…je suis heureuse de te revoir, avoua-t-elle en lui effleurant le visage.
Le jeune homme la regarda et lui caressa les cheveux dans un geste protecteur.
-Mais certaines choses ne changerons jamais, petite sœur…
Ils se fixèrent, le regard plongé l’un dans l’autre, un sourire apparu finalement sur le visage de la princesse et Millardo la relâcha, il se redressa alors et fixa le pilote aux yeux cobalt et à la chevelure en bataille.
Heero était resté en retrait, derrière Relena. Les deux hommes semblèrent se jauger pendant une fraction de secondes, jusqu’à ce que Millardo tende sa main.
-Heero…fit-il d’un ton neutre en le fixant droit dans les yeux d’un regard appuyé.
Le pilote reçu sa poigne et soutint son affront, mais Millardo fut extrêmement troublé par la façon qu’il eut de le regarder, il n’y avait aucune agressivité dans son expression, rien ne transparaissait.
-Millardo…répondit-il simplement sur le même ton.
Duo observa avec attention leur confrontation. A première vue, la situation aurait eu de quoi être risible…On aurait dit qu’ils agissaient l’un envers l’autre comme s’il avaient en face d’eux leurs images…mais le natté vit bien l’agressivité sous jacente que trahissait leur attitude…et Relena non plus ne s’y trompa pas.
Noin sentant la tension s’insinuer se leva alors, aussitôt les deux hommes se séparèrent et la jeune femme salua le pilote de gundam.
-Je suis heureuse de te revoir Heero.
Le jeune homme accueillit sa main avec beaucoup plus de douceur et hocha la tête en signe de remerciement.
Lucrezia lui sourit puis se tourna vers l’ex-ministre. Les deux jeunes femmes s’échangèrent un regard teinté de joie puis s’étreignirent.
-Noin…tu m’as manqué…
Relena s’était beaucoup attachée à cette femme qui lui avait montrée qu’écouter son cœur et penser avec son esprit étaient deux choses compatibles.
Dès sa rencontre avec Noin, la princesse avait été frappée par l’esprit de contradiction qui semblait habiter celle qu’elle croyait être son ennemie : Elle appartenait à Oz, et souhaitait se mettre à son service…cependant la princesse novice lui accorda sa confiance et elle n’eut jamais à le regretter. L’aide de Lucrezia lui avait été inestimable : elle l’avait initiée au milieu du pouvoir et lui avait appris beaucoup sur Oz et la fondation Romefeller. Mais au-delà de ça, elle avait surtout toujours été là pour veiller sur elle et l’encourager dans la voie qu’elle s’était choisie…c’était devenu une amie.
Une fois les salutations terminées, le dîner fut servi. Relena resta silencieuse pendant un moment, l’attitude de son frère envers Heero l’avait troublée.
Pourquoi avait-il été si froid ? Soudain son estomac se noua, serait-il possible que Millardo sache pour eux deux ? Mais aussitôt après avoir été saisie par le doute, son regard se fit plus déterminé, de quoi avait-elle peur ? Que son frère accepte ou non sa relation avec Heero ne changerait rien, c’était à ses côtés qu’elle voulait être et peu lui importait d’avoir l’accord ou non de son entourage.
Au même instant, elle sentit la main du pilote l’effleurer sous la table, elle tourna aussitôt son regard dans sa direction et rencontra son visage aux traits tirés. Il s’inquiétait pour elle. Elle se remémora alors leur dernière discussion et son regard se radoucit dans une tendre contemplation, elle l’aimait tellement…Relena serra sa main dans la sienne et l’expression du jeune homme se détendit à son tour. Elle lui promettait que tout irait bien, et il avait toute confiance en elle.
-Veuillez m’excuser…
Le couple releva la tête dans un même mouvement et rencontra Duo qui attendait pour pouvoir poser les plats. Ils s’écartèrent aussitôt, et Duo, dans un beau sourire, posa les récipients et servit l’assiette de la princesse.
-Merci…lui dit-elle en lui adressant un regard reconnaissant.
Le sourire du natté se fit alors plus doux et il posa une main affectueuse sur la tête de la jeune fille; il en profita au passage pour jeter un regard furtif vers Millardo qui l’observait. Décidément, il le trouvait beaucoup trop protecteur envers sa sœur.
-Je t’en prie Rel’, rajouta-t-il, ignorant son frère.
Duo se redressa alors et rejoignit sa place, il posa au passage une main amicale sur l’épaule d’Heero et s’installa à ses cotés.
L’atmosphère du repas se détendit lorsque Relena entama de questionner Noin et Millardo sur les avancements du projet de Terraforming.
Cette initiative lui tenait particulièrement à cœur et c’était grâce à sa volonté que cette idée de colonisation de Mars avait obtenu les fonds nécessaires pour devenir une réalité. Aussitôt que la paix avait été instaurée, en dehors de son pays et de son rôle de représentante du ministre des affaires étrangères des Sphères Unifiées, elle consacra tout le reste de son temps au projet Terraforming. Relena craignait pour la planète bleue, même si l’Homme était devenu un peu plus raisonnable, la pollution, l’extinction des espèces et la destruction des réserves naturelles, notamment de l’eau devenaient de plus en plus préoccupantes. Ajouté à ça, une démographie qui avait explosé depuis la fin de la Grande Guerre. L’augmentation de la population allait accroître les blessures de la terre et faire naître de nouvelles tensions entre les Hommes…
C’était entre autre pour çà qu’elle tenait à mettre au premier plan la transformation de Mars en une planète viable pour les espèces terrestres. Ajouté à cela, elle tenait également à offrir la possibilité aux habitants des colonies spatiales de pouvoir vivre sur une terre.
Dès sa première visite dans l’espace, elle avait été frappée par l’humilité et l’hospitalité de ces Hommes exilés, cet esprit contrastant avec l’attitude arrogante et dominatrice des terriens…ils méritaient, plus que tout autres, le bonheur de vivre un jour dans un environnement naturel sur une planète qui serait aussi la leur. Car malheureusement, pour la plupart d’entre eux, vivre un jour sur la planète bleue n’était devenu qu’une lointaine utopie…la Terre représentait plutôt une force hostile, elle les avait asservis si longtemps…
Tout en confiant à sa sœur les progrès réalisés sur la planète rouge, Millardo profita du repas pour observer toutes ces personnes auxquelles il accordait beaucoup d’estime, malgré le fait qu’ils aient été pendant longtemps des ennemis…Sally était restée fidèle à elle-même et avait parfaitement endossé son rôle de présidente des préventers, il trouvait en revanche les pilotes changés. Il n’avait pas eu l’occasion de vraiment les revoirs depuis la fin de la Grande Guerre et les adolescents qu’il avait quittés étaient à présent devenus de jeunes hommes bien loin des soldats d’autrefois. Duo et Trowa faisaient à présent la même taille et leurs carrures s’était affirmées, Quatre aussi avait grandit mais il semblait surtout avoir acquis une grande maîtrise de soi, une telle sérénité et un tel charisme se dégageaient du prince du désert que son aura semblait envahir toute la pièce. Wufei et Heero apparaissaient en revanche beaucoup plus fidèle à l’image qu’il avait encore d’eux, le pilote du Nataku avait conservé selon ses origines une petite taille et il semblait toujours aussi solitaire. Quant à son meilleur ennemi, c’était peu être celui qui avait le moins changé au point de vu physique : Heero avait gagné quelques centimètres, mais dépassait à peine sa sœur et avait conservé son aspect chétif, mais loin s’en fallait pour que Millardo ne s’arrête à ça…le regard du pilote semblait différent, derrière son éclat bleu à la résonance métallique, semblait se cacher une nouvelle chaleur, une étrange impression de sérénité...
Noin fut amusée de constater à quel point les pilotes de gundams pouvaient être aux petits soins pour la princesse. Elle était peut être l’une des personnes qui les connaissait le mieux pour avoir combattu avec eux pendant plusieurs mois. Et elle était d’autant plus attendrie par leurs gestes d’attention envers Relena qu’elle savait à quel point cela signifiait qu’ils avaient évolué depuis leurs vies de soldat…Relena ne semblait pas se rendre compte du bien qu’elle avait l’air de leur faire, apparemment ces derniers mois passés ensemble leur avaient été réciproquement bénéfiques et l’on pouvait sentir la connivence qu’il y avait à présent entre la princesse et les jeunes hommes, une expression, un geste et ils se comprenaient…cela faisait réellement plaisir à voir et Lucrezia sentit bientôt la chaleur des émotions envahir son cœur, elle était tellement heureuse qu’ils s’en soient sortis et qu’ils aient réussi à tisser des liens aussi forts. Son visage se détendit alors dans un faible sourire en remarquant un regard furtif qu’Heero et Relena s’échangèrent, un regard doux et complice…Elle était prête à parier qu’il y avait quelque chose entre eux, elle savait à quel point l’amour de la princesse pour Heero était sincère et elle avait toujours soupçonné le pilote d’avoir des sentiments profonds pour elle...Mais une chose l’interpella, ce fut l’attitude de Wufei. Il semblait irrité par Relena, sa façon de la regarder trahissait son aversion sous jacente, et ça l’inquiétait…
Heero surveilla si Relena mangeait suffisamment et si elle ne manquait de rien, il resta cependant très discret, ne sachant comment il devait se comporter maintenant qu’il avait Millardo en face de lui qui ne cessait de l’épier. Il avait très bien compris le message qu’il lui avait adressé lorsqu’ils s’étaient serrés la main, et il acceptait son jugement. Cependant, l’ex lieutenant Zechs allait devoir se faire à l’idée qu’à présent lui et sa sœur étaient devenus beaucoup plus intimes…Mais Heero ne ferait rien tant qu’il ne saurait pas exactement comment la princesse réagirait face à son frère.
Le repas ne s’étira pas trop tard dans la soirée et Relena en fut heureuse, elle sentait la fatigue la gagner peu à peu et elle ne pourrait bientôt plus résister.
-Je suis désolée, mais je crois que je vais vous abandonner, je tombe de sommeil, s’excusa la jeune fille alors que Raschid servait les digestifs.
-Ce serait une sage décision, remarqua Duo en lui adressant un sourire.
La princesse sourit doucement à sa réplique, prise sur le fait.
-Je ne pensais pas que ça se voyait autant que ça…
-Duo a raison, reprit Millardo, nous devrions aller dormir nous aussi, fit-il en adressant un regard étrangement doux à Noin, nous avons fait un long voyage.
Lucrezia fut un instant surprise, mais lui sourit doucement en signe d’acquiescement.
-Tu as raison, un peu de repos ne me fera pas de mal non plus.
Relena resta un instant stupéfaite face à Noin et son frère. Cette façon qu’ils avaient eue de se regarder, il n’y avait pas de doutes possibles, ils s’étaient avoués leurs sentiments. Elle jeta un coup d’œil à Heero qui semblait en être arrivé à la même conclusion, son visage s’illumina alors d’un beau sourire. Voilà pourquoi elle trouvait Millardo tellement changé. Elle était si heureuse pour eux, ils étaient vraiment fait pour vivre ensemble, depuis le temps qu’ils devaient s’aimer…
Duo et Quatre s’échangèrent un regard et comprirent que c’était le moment où jamais d’intervenir.
-Je vous ai installé dans la chambre d’Heero, fit-il alors en regardant ses deux invités.
Ils se fixèrent un instant et Quatre sut qu’il ne s’était pas trompé. Millardo et Lucrezia lui sourirent alors faiblement.
-Très bien, fit le comte.
Quatre répondit à leurs sourires puis se tourna vers les deux autres intéressés.
-Heero, je suis désolé de ne pas t’avoir prévenu avant…si tu veux je te laisse ma chambre.
Relena se tourna alors vers le jeune homme brun et le fixa, incertaine. Face à son regard, le pilote oublia un instant les personnes qui l’entouraient et se perdit dans la contemplation de ses yeux si envoûtants. Il aimait tellement cette façon qu’elle avait de le regarder, emplie d’amour et de confiance. A travers elle, il se sentait fier et heureux d’exister. C’était comme si elle avait la capacité de balayer toutes ses angoisses et toutes ses faiblesses, il l’aimait tellement, comment avait-il pu passer à côté de ça pendant toutes ces années…et peu à peu, son visage fermé se détendit dans une douce expression, il ne la laisserait pas seule.
-Merci Quatre, mais je vais rester avec Relena, répondit-il tout en se tournant vers le petit blond.
Un imperceptible sourire courut sur les lèvres du jeune arabe et il hocha affirmativement la tête. Heero se retourna alors vers la princesse qui lui adressa un tendre sourire.
-Merci, fit-elle, reconnaissante.
C’est alors que Relena releva la tête et affronta le jugement de son frère, il était temps que les choses soient claires pour chacun. Le regard de Millardo resta un instant figé dans la surprise pour tout d’un coup s’obscurcir de colère, comment osait-il ! Comment osait-il poser la main sur sa sœur après ce qu’il avait fait ! C’était de sa faute si Relena avait faillit mourir, il aurait dû la protéger, c’était sa mission ! Mais qu’avait-il fait à la place ? Il avait profité de la faiblesse de sa sœur pour... pour… il allait le tuer !
Le ventre de la jeune fille se noua et la surprise se transforma bientôt en une douleur profonde, jamais auparavant il ne l’avait regardé comme ça. Il y avait tant de colère et de violence dans son expression. Elle resta sans voix. Incapable de résister face à la dureté de son frère, son regard s’affaiblit bientôt et ses yeux brillant se mirent à rougir. C’est alors que Noin intervint et saisit la main du comte.
-Millardo ! dit-elle d’un ton autoritaire
Le pilote cilla, revenant d’un seul coup à la réalité, c’est alors qu’il vit sa sœur complètement abattue, tremblante et au bord des larmes, qu’avait-il fait ! Ce n’était pas contre elle qu’il était en colère ! Il s’était tellement emporté qu’il en avait oublié que c’était Relena qu’il avait en face de lui !
La jeune fille baissa alors la tête dans une attitude de pudeur. Il ne fallait pas qu’elle pleure, il ne fallait pas qu’ils la voient, elle ne devait pas craquer. Heero la fixa, totalement prit de court par ce qui venait de se dérouler sous ses yeux, il la vit alors se recroqueviller un peu plus et refermer ses mains crispées sur le tissu de sa robe. Son cœur se gonfla de peine et d’un seul coup il redressa la tête adressant un regard meurtrier à son éternel ennemi, mais il n’y avait plus aucune agressivité dans l’attitude de Millardo, seulement une vive inquiétude, il fixait sa sœur, angoissé et coupable.
-Relena…se risqua-t-il dans un murmure mal assuré.
La princesse se releva alors tout en prenant soin de garder son visage dissimulé.
-Excusez-moi, mais je vais me coucher, dit-elle d’une petite voix qu’elle parvint cependant à garder égale.
Elle se retourna alors, sans même prêter attention à Heero et sortit de la pièce.
Le jeune homme fut blessé par son attitude et se demanda un instant si elle ne lui en voulait pas, après tout, c’était sa faute si tout ça était arrivé…incapable de réagir, son visage se ferma alors de toute expression et son regard se fit vide.
L’assemblée resta un instant figée dans un silence de mort, jusqu’à ce que Duo décide de prendre les choses en main, il n’allait tout de même pas laisser Zechs venir mettre la pagaille dans la résidence ! Le natté se tourna vers son ami et lui envoya une claque vive sur la cuisse, Heero sursauta de surprise et releva aussitôt un regard glacial sur Duo, mais celui-ci n’eut aucun effet.
-Vas-y Heero ! lui ordonna-t-il tout en le fixant avec détermination.
-Mais je…bafouilla-t-il d’un air soudainement désœuvré.
-Fais pas l’idiot, restes pas planté là ! Allez, dépêches-toi ! le secoua-t-il en haussant le ton.
Heero resta un instant plongé dans les yeux passionnés de son ami, et peu à peu Duo vit son masque s’éfritter, jusqu’à ce que son regard retrouve cet élan de volonté qui lui était si particulier.
Duo avait raison, il devait aller la retrouver, il était stupide de réagir comme ça !
D’un seul coup Heero se redressa, il se tourna alors face à Millardo et le fixa de ses yeux intenses, il le mettait en garde de faire à nouveau du mal à celle qu’il aimait, et sans attendre une quelconque réaction de sa part, il fit demi-tour et quitta la pièce à la recherche de la jeune fille.
L’expression du comte se fit alors plus dure face à l’impertinence d’Heero et il s’apprêtait à se lever pour le poursuivre lorsque qu’un point ébranla la table, faisant au passage sursauter plusieurs personnes.
-Par tous les enfers ! s’exclama une voix dont le calme faisait peur à entendre.
Duo venait de se redresser et fixait l’ancien chef du Lotus Blanc d’un regard aussi sombre que les ténèbres. Ses yeux brillaient d’un éclat meurtrier et un sourire en coin lui donnaient une expression diabolique à faire pâlir les plus téméraires. Il n’avait plus rien de comparable avec le sympathique jeune homme à la natte, plus rien d’humain ou de vacillant en lui, c’était un assassin, efficace et infaillible qui n’épargnait jamais ses victimes lorsqu’elles étaient tombées sous sa faux.
Millardo mit une fraction de seconde pour comprendre qu’il avait en face de lui l’âme du Deathscythe, le Shinigami. Le comte sut aussitôt que la meilleur chose qu’il avait à faire, c’était de ne pas le provoquer, il connaissait la légende qui entourait le pilote 02 et n’avait aucune envie de vérifier les fondements de la peur que l’ange noir provoquait chez ses ennemis.
-Ouvres grandes tes oreilles mon bonhomme, dit-il d’un ton toujours aussi glacial, Heero et Relena sont ensemble, ils s’aiment. Que Relena soit ta sœur ne change rien, si tu essayes de t’opposer à ça, je peux te jurer que je t’enverrais moi-même rejoindre les enfers, souffla-t-il comme une promesse en se penchant vers son oreille.
Le pilote se redressa alors et fixa son interlocuteur. Millardo n’avait pas bougé, et son regard semblait s’être vidé de toute cette colère, il s’était calmé. L’expression du dieu de la mort se fit alors plus douce.
-Je ne suis pas ton ennemi, dit-il en reprenant peu à peu son ton habituel, nous sommes ici pour combattre ensemble. Mais, pour moi, il y a certaines choses qui passent avant le bien de l’humanité, j’espère que tu ne deviendras pas une de ces priorités, Zechs Merquise.
Heero se dirigea d’abord vers la cour intérieure, il l’appela mais personne ne répondit et pas un bruit ne vint rompre le silence de la nuit. Il jeta un coup d’œil à sa chambre, mais il n’y avait personne. Il allait essayer de chercher en dehors de la résidence lorsqu’il aperçut furtivement un fin trait de lumière provenir de la chambre de la princesse. La salle de bain.
Relena enleva ses vêtements à la hâte, elle se redressa alors face à la glace et regarda son reflet…Comment cela avait-il pu arriver…Une première larme roula sur sa joue, sans plus attendre, elle fit sauter son bandage et au prix d’une vive douleur à laquelle elle n’adressa aucune considération, elle s’attacha les cheveux. Elle se glissa alors dans la cabine de douche et offrit à son être meurtri une tendre caresse. L’eau coura sur sa peau, la réchauffant progressivement de ce froid qui l’avait saisie. Elle se détendit alors et parvint peu à peu à exorciser sa peine, laissant à ses larmes le loisir de s’écouler sans retenue.
Elle se sentait tellement blessée et le pire, c’est qu’elle ne parvenait pas à saisir pourquoi la réaction de Millardo l’avait tellement heurtée…son regard l’avait transpercée sans qu’elle ne puisse rien y faire, toute cette colère, cette agressivité…ce mépris ? Et bientôt elle se mit à hoqueter, secouée par des sanglots plus intenses…c’était vraiment la pire des situations qu’elle aurait pu imaginer…ce qui devait être d’heureuses retrouvailles s’étaient transformées en bras de fer, et sous le regard de tous…elle se sentait tellement mal à l’aise vis à vis de ses amis, elle avait gâché leur soirée, elle abusait encore d’eux après tout ce qu’ils lui avaient déjà apporté. Rien que pour eux, sans même compter Heero, elle aurait dû tenir tête à Millardo, avoir la force d’aller au-delà de son jugement. Mais il fallait se rendre à l’évidence, cela lui était impossible…c’était son frère. Aussi étranger qu’ils puissent apparaîtrent l’un à l’autre, un lien puissant les unissaient pourtant, celui du sang. Il était le dernier, le seul membre de sa famille encore en vie…tout ce qu’il lui restait…elle ne pouvait l’ignorer…mais qu’est ce qu’Heero devait penser d’elle maintenant ? Et dire qu’elle n’avait pas eu la force d’affirmer les sentiments qu’elle avait pour lui…
Complètement à bout, la princesse se laissa tomber contre la paroi de la cabine, elle se sentait tellement mal. Et bientôt le brouillard de ses larmes se mêla à l’eau, noyant ses yeux azur dans un voile de tristesse. Elle ferma les yeux, et vidée de toute volonté se laissa aller à sa peine.
Heero s’approcha en silence et s’arrêta à hauteur de la porte, prenant le temps d’écouter. L’eau coulait, elle semblait prendre une douche. Il attendit quelques secondes et il lui sembla percevoir de faibles gémissements. Des sanglots.
-Relena ! l’appela-t-il aussitôt, est-ce que ça va ?
La princesse sursauta. Heero !
Mon dieu, il ne faut pas qu’il sache dans quel état je suis !
Le jeune homme attendit, suspendu au moindre murmure. Mais aucune réponse.
-Relena ! Je t’en prie, dis quelque chose ! lança-t-il d’une voix plus inquiète, envisageant de se débarrasser de cette porte qui l’empêchait de la rejoindre.
La jeune fille sursauta de nouveau, il fallait qu’elle lui réponde. Au prix d’un énorme effort, elle parvint à contenir ses larmes pendant un instant.
-Je suis sous la douche…parvint-elle à articuler d’une petite voix. Elle se réprimanda aussitôt d’avoir dit une chose aussi stupide, elle n’avait vraiment rien trouvé de mieux comme excuse à sa fuite !
-…Très bien, fit le pilote au bout de quelques secondes. Je t’attends…surtout prends ton temps, se rattrapa-t-il aussitôt d’un air maladroit.
-C’est d’accord…répondit-elle dans un murmure, le remerciant intérieurement pour sa délicatesse.
Heero se redressa en soupirant tristement, elle n’avait pas l’air d’aller très bien. Cependant il comprenait qu’elle puisse ressentir le besoin de se retrouver seule, il ne pouvait pas la blâmer pour ça, pas lui.
Le jeune homme resta quelques minutes devant la porte. Se rendant compte que c’était vraiment stupide de rester ainsi planté au milieu de la pièce, il se mit à marcher, faisant bientôt les cents pas à tourner comme un animal en cage. Il se décida finalement à s’asseoir, comprenant que s’agiter ainsi ne la ferait pas sortir plus vite. Le pilote s’installa dans le fauteuil face à la cour intérieure, celui-là même où il avait trouvé Relena à son retour de Sank…
La respiration de la jeune fille s’accéléra de son cœur qui s’était affolé en entendant la voix d’Heero. Elle augmenta la pression de la douche et offrit à son visage les milliers de particules liquides qui tombaient en pluie chaude, espérant ainsi parvenir à se calmer. Mais rien n’y fit et ses larmes semblaient ne plus vouloir s’arrêter. Il fallait qu’elle se calme, qu’elle arrive à se ressaisir. Mais ce fut la fatigue qui finit par avoir raison de ses sanglots, épuisée, son corps fut forcé de se détendre et ses spasmes s’espacèrent jusqu’à n’être plus que de faibles tremblements.
Les yeux encore lourds de larmes, elle sortit de la douche et s’enveloppa d’une serviette. A nouveau son épaule vint crier sa douleur et une nouvelle vague de désespoir déferla sur la jeune princesse. Pourquoi fallait-il que tout soit si dur ? Une première larme se libéra, menaçant d’en entraîner d’autres à sa suite, mais cette fois-ci, elle lutta pour ne pas se laisser submerger. Elle parvint à se contenir, mais resta plusieurs minutes enveloppée dans la douce chaleur de sa serviette de bain, jusqu’à ce qu’elle se sente capable d’affronter Heero sans fondre en larme à la moindre de ses paroles.
Au bout d’une quinzaine de minutes qui parurent une éternité à Heero, le loquet de la salle de bain émis un cliquetis. Le pilote se redressa aussitôt et vit la porte s’ouvrir doucement, mettant à la lumière une jeune fille à l’apparence si chétive. Relena fit à peine quelques mètres et s’arrêta, elle se sentait vraiment mal, tellement coupable qu’elle en était incapable de relever les yeux, désespérément rivés au sol. Le jeune homme la regarda un instant avant de se rapprocher, l’attitude de Millardo lui avait mis un sacré coup. Heero s’approcha précautionneusement et lui caressa doucement les cheveux, mais Relena resta figée. Nombreux sont ceux qui auraient été rebutés par une attitude aussi froide et distante. Relena semblait parfois s’enfermer derrière des remparts à l’épaisseur digne des plus grands châteaux d’autrefois…c’était incroyable comme il avait parfois l’impression de voir en elle son propre reflet, qui aurait pu penser qu’ils se ressemblent à ce point ? Heero laissa échapper un imperceptible sourire à cette évocation.
Briser ces murs derrière lesquels elle se croyait en sécurité, mais qui l’asphyxiaient en réalité, tel était son but. Quelle ironie, c’était elle qui lui avait fait comprendre ça et voilà qu’elle se trouvait prise dans ce cercle vicieux de solitude et de mépris de soi…
Le jeune homme fit alors descendre ses mains le long de son dos jusqu’à la serrer doucement contre lui, Relena se contracta un peu plus mais ne bougea pas. Heero commença alors à déposer un baiser sur le sommet de son crâne, puis, tout en la caressant doucement, descendit peu à peu, son front, ses sourcils, puis ses paupières qu’elle ferma doucement pour accueillir la tendresse de celui qui comptait tant pour elle. Il lui sembla voir un faible sourire détendre son visage, elle commençait à s’apaiser. Il remonta alors sa main pour lui effleurer doucement le visage, et Relena, sans qu’il s’y attende, releva alors ses yeux pour les plonger dans les siens. Elle lui avait fait une promesse il y a quelques heures et elle tiendrait parole.
-Heero, dit-elle d’une petite voix, je n’ai pas su affronter le jugement de mon frère…je n’ai pas eu la force…la force d’imposer les sentiments que j’avais pour toi. Si tu savais comme je m’en veux…termina-t-elle faiblement.
Le regard du pilote se fit plus tendre, il prit alors son visage entre ses mains et s’abaissa pour l’embrasser doucement. Relena ferma les yeux et se risqua un instant à oublier le contexte de cette journée. Cette façon qu’il avait de l’embrasser, si sincère et prévenante à la fois, ses lèvres contre les siennes qui s’accordaient dans un mouvement parfait…comment pouvait-elle encore faire preuve de rationalité après ça ?
-S’il y a quelqu’un qui doit se sentir coupable ici, ce n’est certainement pas toi, répondit-il en s’écartant un instant afin de renforcer ses propos d’un regard appuyé.
Les yeux du jeune homme se teintèrent de tendresse lorsqu’il vit l’effort de la princesse pour ne pas répondre à ses paroles.
-Ne t’en fais pas, Millardo finira par s’y faire, lui murmura-t-il en lui embrassant le bout du nez.
Relena le regarda, une expression triste habitant encore ses yeux d’océan. Ses lèvres frémirent alors d’une sensation de froid inavouée et elle passa doucement son bras autour de sa taille.
-Serres-moi…souffla-t-elle faiblement.
Heero répondit à son étreinte et enveloppa précautionneusement son corps pour le serrer contre le sien.
-Peu importe ce que les gens peuvent penser…peu importe le jugement de mon frère, ils ne pourront jamais m’empêcher de croire qu’il n’y a qu’auprès de toi que je serrais capable d’aller au bout de mes rêves…
Une boule se forma soudain à la gorge du pilote. Plus le temps passait et plus il se rendait compte à quel point Relena était devenue importante pour lui. Ce sentiment était monté en puissance au court des années, bien plus qu’un but pour accomplir sa mission, elle était devenue une finalité personnelle. Cependant, il avait toujours exclu la possibilité d’avoir une relation avec la princesse pacifiste, mais cela s’était avéré incroyablement plus difficile qu’il ne l’aurait imaginé. Après la Grande Guerre, la reine du monde s’était battue avec conviction pour établir des fondements solides à la paix juvénile, et plus d’une fois elle lui avait donné de belles sueurs froides. Car même si la plupart des hommes aspiraient désormais à la paix, il y en restait toujours pour conserver des volontés belliqueuses et Relena était devenue pour eux une cible de prédilection. Irrémédiablement, ils s’étaient donc rapprochés petit à petit au fil des mois. Et il avait eu toute la peine du monde à rester sourd à ce que son être lui criait, d’autant plus que Relena ne lui avait jamais facilité les choses. C’était une jeune fille tellement belle et bouleversante, son charisme était tel qu’elle ne pouvait le laisser insensible…
Et il n’avait pas résisté le jour où il l’avait sortie d’une embuscade ordonnée par des miliciens qui cherchaient à s’emparer des gundams [2]…Depuis tout était devenu plus clair et plus difficile entre eux. Sa douleur avait atteint son apogée le jour où il avait dû choisir de tuer Relena pour sauver la paix, ce jour où il avait fait sauter le palais présidentiel de Bruxelles [3]. Sa décision fut prise en un instant, mais elle n’en fut pas moins insupportable…il fallait être honnête, quoiqu’ils puissent ressentir l’un pour l’autre, quelle que soit la force des liens qui les unissaient, cela passerait toujours après la guerre…La guerre, cette machine sournoise et destructrice qui s’insinuait entre eux, venant leur rappeler que leurs destins étaient à l’appréciation ses mains macabres…Car Heero et Relena avaient des engagements respectifs et des convictions qui leurs étaient propres et que le temps n’altèrerait probablement jamais. Combattre la guerre, cesser toutes ces violences et tout ce sang versé, tels étaient leurs buts, et ils serraient près à donner leurs vies pour ça.
Heero resserra alors son étreinte et colla sa joue contre la chevelure de la jeune fille, s’imprégnant de son essence si particulière.
-Je ferais tout mon possible pour te rendre heureuse Relena…souffla-t-il d’une voix qui trahissait cette colère d’avoir une existence irrémédiablement liée à la mort.
-Je sais Heero…je sais…répondit-elle à sa douleur silencieuse.
*****************************
Noin avait ordonné à Millardo d’aller prendre une douche pour se calmer. Elle s’était couchée et attendait qu’il sorte, luttant contre la fatigue pour ne pas sombrer.
Le voyage de Mars à la Terre avait été long, ils étaient entre temps passés par différentes colonies et satellites, relayant les réseaux de résistance entre eux et coordonnant les forces des terriens et des colonistes. Et ceci avait été d’autant plus difficile que les communications étaient à présent surveillées par le gouvernement et les déplacements devenaient extrêmement limités. Mais avec l’aide des professeurs ils avaient cependant réussi à élaborer un réseau suffisamment structuré pour pouvoir contrecarrer les actions des épyons terros. C’était «un travail de titans avec des moyens de fourmis » comme le disait si bien Millardo, mais la volonté et l’humilité de ces Hommes prêts à se battrent pour sauver leur paix ne pouvaient pas laisser indifférent des soldats comme eux. Ils se battraient avec eux, jusqu’au bout.
Millardo sortit finalement de la salle d’eau, il posa négligemment ses affaires sur la commode et se glissa discrètement sous les couvertures. Noin avait laissé la lampe de chevet allumée, il se pencha au-dessus d’elle pour l’éteindre lorsqu’il la vit rouvrir les yeux.
-Ca va mieux ? lui dit-elle d’une petite voix tout en se tournant de son côté.
L’expression du compte se radoucit alors et son regard se fit plus concerné.
-Tu ne dors pas ? Tu as été très fatiguée ces derniers temps, tu devrais te ménager.
La jeune femme aux cheveux courts sourit tendrement à sa marque d’affection.
-Ne t’en fais pas pour ça. Et toi, tu te sens un peu mieux ? répéta-t-elle la question tout en effleurant doucement les mèches d’or qui recouvraient son visage.
Un faible sourire prit naissance sur les lèvres du pilote et il caressa tendrement le front de la jeune femme qui ferma un instant les yeux à la délicatesse de son toucher.
-Oui, je vais mieux. Merci Lucrezia.
Noin se détendit aussitôt, rassurée, et répondit à son sourire. Millardo se pencha alors un peu plus vers elle et l’embrassa doucement avant d’éteindre la lumière.
Le jeune homme la serra alors dans ses bras.
-Cesses de t’inquiéter pour ça. A présent dors ma chérie, lui souffla-t-il au creux de l’oreille avant de l’embrasser une dernière fois.
-Ne t’en fais pas…Relena est une personne ouverte…elle te pardonnera… murmura-t-elle avant de sombrer dans l’inconscient.
*****************************
Les jours qui suivirent, la situation sembla s’améliorer sensiblement. Millardo et Heero firent abstraction de leurs différends et travaillèrent avec les autres à l’élaboration d’une stratégie défensive pour Sank. Car il ne faisait plus aucun doute à présent que la guerre serait déclarée et il était fort probable que le royaume pacifiste devienne un terrain de combat idéal, si ce n’est pour les épyons terros, au moins pour les Opposants.
Relena participa également aux réunions, elle vint d’elle-même leur apporter ses connaissances sur les politiques et les points stratégiques de son pays. Mais pas une seule fois elle se permit de faire la moindre remarque sur leur programme d’action, elle ne reprit même pas les propos arrogants de Wufei à l’égard des pacifistes. Mais même si elle ne disait rien, elle n’était pas moins affectée par ses remarques cinglantes. Son regard s’obscurcit peu à peu et la tension s’insinua entre les différents protagonistes et elle préféra se retirer avant que cela ne dégénère.
La jeune fille referma la porte et poussa un profond soupir. Sa situation n’était vraiment pas facile à gérer, ancienne princesse qui refusait de reprendre ses fonctions, mais qui se battait néanmoins pour sauver son royaume, et par-dessus le marché, qui était amoureuse d’un pilote de gundam…
La porte de la salle de réunion se
rouvrit alors, ramenant la jeune fille à la réalité.
-Je t’offre un café ? proposa
alors une voix au timbre doux.
Relena sourit faiblement, elle
aurait préféré être un peu seule mais elle ne pouvait pas lui refuser ça.
-Allons nous installer dans la
bibliothèque, l’invita-t-elle alors à la suivre.
Noin versa le liquide encore fumant
dans leurs tasses respectives puis s’installa face à la princesse.
Depuis son arrivée, elles n’avaient
pas encore eu l’occasion de se parler franchement, il faut dire que tout le
monde était centré sur la guerre car le temps leur était compté. Mais Lucrezia
tenait à s’entretenir avec elle, car elle sentait à quel point la jeune fille
était perdue.
-Ca n’a pas l’air d’être facile
pour toi en ce moment, commença-t-elle alors.
Relena la fixa un instant, elle
savait qu’elle allait lui dire ça. Venant de quelqu’un d’autre, elle aurait mal
prise cette intrusion dans sa vie, mais Noin, c’était différent, et elle aimait
sa franchise.
-C’est récent, répondit-elle dans un
faible sourire. Et puis j’essaye de ne pas me faire remarquer, après tout, je
suis la princesse qui a abandonné son royaume, je ne suis pas vraiment à ma
place ici...
-Ne dis pas ça Relena. Comment
aurais-tu pu gouverner ces derniers mois ?
Le regard de la princesse se fit
tout un coup beaucoup plus impénétrable à l’évocation de sa convalescence et
ceci n’échappa pas à Noin. Elle se pencha et fixa la jeune fille de ses yeux
remplis de douceur.
-N’oublies pas une chose :
C’est que l’essentiel pour nous tous, c’est de savoir que tu vas bien. Le plus
important Relena, c’est que tu sois avec nous, insista-t-elle. La politique, ce
n’est que de la considération, c’est secondaire, l’essentiel c’est que tu sois
en vie.
-Si c’était aussi
simple...répondit-elle tristement.
Lucrezia se redressa alors et la
fixa, un pâle sourire compatissant sur les lèvres.
-Ne t’en fais pas. Millardo finira
par accepter ta relation avec Heero et Wufei réalisera un jour que tu es
vraiment quelqu’un de bien.
La princesse releva spontanément la
tête et la regarda, prise de court. Le sourire de Noin, se fit alors plus doux.
-Je n’ai jamais vraiment parlé à
ton frère de l’amour que tu avais pour Heero, il s’est retrouvé au pied du mur,
d’autant plus qu’il était furieux que Heero n’ait pas su t’éviter cet attentat.
La jeune fille fronça les sourcils
à cette révélation, elle l’ignorait.
-Pourquoi s’en prend-il à Heero en
particulier ? Ce n’était pas à lui d’assurer ma protection, mais aux
préventers. S’il n’avait pas été là, je serais morte.
Noin fut frappée par cette lueur
qui éclaircit ses yeux à l’évocation du pilote. Jamais auparavant, elle n’avait
vu une telle expression d’attachement dans son regard. Plus les jours passaient
et plus elle réalisait à quel point la princesse avait changé, elle avait
quitté une adolescente aux traits tirés par la fatigue et elle retrouvait une
jeune femme, certes encore faible mais qui semblait tellement plus sereine et
accomplie dans son fort intérieur.
-Je ne sais pas trop, lui dit-elle
honnêtement, mais apparemment ils sembleraient avoir passé une sorte d’accord à
la fin de la Grande Guerre... Je crois que Millardo, lorsqu’il s’est sacrifié
pour détruire le Libra, a demandé à Heero de veiller sur toi.
-Tu veux dire qu’Heero et Millardo
se seraient...entendus à mon sujet ? fit-elle, étonnée.
Lucrezia hocha la tête pour
confirmer.
-Tu sais, contrairement à ce qu’ils
laissent croire, ils se respectent énormément, j’irais même plus loin en disant
que ton frère l’apprécie. Seulement l’annonce de votre relation l’a pris de
court, mais cela ne veut pas dire pour autant qu’ils soient des ennemis.
-S’il n’en veut pas à Heero, une
chose est sûre, c’est qu’à moi il m’en veut…dit-elle d’une petite voix teintée
d’une émotion encore vivace.
-Relena…murmura-t-elle, touchée par
l’importance qu’elle accordait à ce frère qu’elle ne connaissait pratiquement
pas. Ecoutes-moi, ça ne devrait pas être à moi de te le dire, mais Millardo
t’aime bien plus que tu ne puisses l’imaginer…si tu savais…alors ne remet pas
en doute les sentiments qu’il a pour toi, il n’a jamais voulu te blesser et il
s’en veut terriblement d’avoir agi comme il l’a fait.
La jeune fille releva la tête, et
resta un instant sans savoir que répondre.
-Mon frère ? Mais
comment ? ! Il n’a fait que m’ignorer durant ces derniers jours,
j’étais persuadé qu’il était en colère contre moi !
Noin sourit au soulagement qui se
lisait sur le visage de la princesse.
-Ne t’en fais pas pour ça. Tu sais,
Millardo est un peu maladroit lorsqu’il s’agit d’exprimer ses sentiments…dit-elle,
une lueur rêveuse teintant alors son regard.
Le visage de la princesse se
radoucit en constatant l’expression mélancolique de son amie.
-Mon frère n’a pas dû avoir souvent
l’occasion d’exprimer ses sentiments…j’irais lui parler…
Soudain, une vague lueur de malice
illumina ses yeux.
-Mais dis-moi, tu as avoué tes
sentiments à Millardo ?
Lucrezia ne put s’empêcher
d’afficher un magnifique sourire qui était plus éloquent qu’aucun mot.
La discussion s’étendit alors et
les deux jeunes femmes discutèrent encore longtemps, partageant leurs
confidences et ravivant ces liens d’amitié qui les avaient unies deux ans
auparavant.
Elles sortirent, souriantes,
lorsqu’elles tombèrent nez à nez sur Heero et Millardo se faisant face. Le cœur
de Relena ne fit qu’un bond en voyant la colère qui enflammait leurs regards
respectifs. Son frère, qui devait dépasser le pilote de gundam d’une bonne
tête, fut le premier à attaquer.
-Comment oses-tu ! cria-t-il
soudain.
Heero ne répondit pas à sa
provocation, il se contenta de le fixer d’un regard plus sombre encore.
-C’est de ta faute si tout ça est
arrivé ! Tu aurais dû remplir ta mission ! Et qu’est ce que tu as
fait à la place ? Hein ! Tu fous ma sœur dans ton lit !
Mais cette fois-ci, le pilote ne
put supporter l’affront et en l’espace d’une fraction de secondes, il se jeta
sur Millardo qu’il plaqua contre le mur, son avant bras contre sa trachée. Le
comte resta un instant sans pouvoir réagir, surpris par les gestes vifs et
précis du jeune homme, finalement, le soldat parfait n’avait pas totalement
disparu d’Heero Yuy.
-Tu n’as vraiment rien de mieux à
me dire Zechs ? Jamais je ne me permettrais de lever la main sur Relena.
C’est vrai, j’ai échoué, et à cause de moi elle a faillit mourir. Mais cela m’a
permis de reconnaître une chose, c’est l’amour que j’ai pour elle.
Le regard du jeune homme se fit
alors plus serein et il le relâcha peu à peu.
-Tu peux y aller, frappes-moi si tu
veux. Mais je ne répondrais pas, et tu sais très bien pourquoi.[4]
-Si tu crois que tu vas t’en tirer
comme ça ! s’exclama alors le comte en lui envoyant son poing dans la
figure aussitôt qu’il fut libéré.
Le pilote fit quelques pas de cotés
avant de retrouver son équilibre, il se releva alors et lui fit face.
Le prince, d’autant plus agacé par
son comportement s’apprêtait à le frapper une seconde fois lorsqu’on lui en
dissuada :
-Arrêtez ! ordonna soudain une
voix résonnante de peine et de colère.
Les deux hommes tournèrent la tête
dans un même mouvement et aperçurent, à l’autre bout du couloir, les
silhouettes de Noin et Relena.
La jeune princesse s’élança alors
vers eux et se plaça devant Heero, face à son frère.
-Eh bien alors ? Qu’est-ce que
tu attends frappes-moi ! fit-elle en colère. Si tu t’en prends à Heero,
c’est exactement comme si tu t’attaquais à moi ! s’exclama-t-elle en
écartant les bras, les yeux brillants de témérité, le mettant au défi d’essayer
de lever la main sur elle.
Millardo resta interdit, ne sachant
comment réagir.
-Tu n’as pas le droit de juger
notre relation ! Qui es-tu pour intervenir de cette façon ? Mon
frère ? Lança-t-elle sur un ton sarcastique. Et où était-il ce frère
lorsque j’ai eu besoin de lui ? Si Heero n’avait pas été là je serais
morte. Morte, tu entends ! C’est grâce à lui si je suis encore en vie,
alors je t’interdis de lui rejeter la faute, il n’est pas responsable !
Les deux enfants se fixèrent,
Millardo fronça alors les sourcils, comme s’il cherchait à dissimuler les
émotions qui se bousculaient en lui, pourquoi fallait-il toujours qu’il fasse
du mal à sa sœur ?
Et avant que Relena n’ait eu le
temps de rajouter quoi que ce soit, le comte fit volte face et disparut.
La princesse le regarda s’éloigner
et son expression déterminée s’effaça pour faire place à son véritable sentiment, la tristesse.
-Millardo…pourquoi agis-tu toujours
ainsi…
-Relena…l’appela alors doucement le
pilote, encore stupéfait du face à face auquel il venait d’assister.
La jeune fille se retourna
aussitôt, elle avait oublié pendant une seconde qu’il se trouvait derrière
elle.
-Heero…
-Je suis désolé…
-Je savais que cela devrait arriver
un jour où l’autre, mais j’espérais juste être là pour intervenir… fit-elle en
lui effleurant sa joue rosie par le coup de son frère.
Heero lui sourit doucement, Relena
était tellement attentionnée.
-Ne t’en fais pas pour ça. Tu
devrais aller le voir.
-Je sais…j’avais décidé de le
faire, mais à présent, je ne suis plus sûre que ce soit la meilleur des
idées…Je n’aurais jamais dû lui dire de telles choses, mais j’ai eu tellement
peur en vous voyant que je n’ai pas réfléchi…
Le jeune homme la prit doucement
par les épaules.
-Vas-y, ou tu le regretteras. Il
comprendra.
Relena lui sourit faiblement.
-Tu as raison, dit-elle en essayant
de se convaincre qu’il fallait qu’elle le fasse.
Le pilote, touché par ses efforts
lui caressa tendrement le visage.
-Vas, fit-il en la libérant.
Le regard de la jeune fille
s’illumina de nouveau, rempli de volonté. Elle fit alors demi-tour avant de
disparaître.
Noin, qui était jusque là restée en
retrait s’avança vers le jeune homme qui resta, le regard fixé sur le couloir
où venait de s’envoler la princesse.
-Ne t’en fais pas, ça se passera
bien. Millardo tient beaucoup à elle.
-Je le sais bien…répondit-il à voix
basse, néanmoins soucieux.
Tout en prenant la direction de son
frère, Relena réfléchit aux différents endroits où il aurait pu aller. Elle
opta finalement pour la cour intérieure et aperçut assis près de la piscine, la
tête basse et sa longue chevelure faisant écho aux reflets argentés de la lune,
la silhouette de son frère.
Elle s’approcha et l’appela
doucement pour ne pas le surprendre.
Le pilote se redressa alors,
manifestement étonné de la voir, cependant il ne la regarda pas, conservant son
visage dissimulé derrière sa chevelure.
Relena fut attristée par son
attitude, elle fit néanmoins abstraction de ses craintes et s’assit à ses
cotés, un pâle sourire affiché sur ses lèvres.
-…Je regrette ce que je t’ai dis,
non seulement c’était injuste, mais en plus je ne le pensais pas. Excuses-moi,
j’ai agi sans réfléchir, termina-t-elle un peu moins assurée.
Millardo, surpris par ses paroles,
releva spontanément la tête et rencontra le regard doux et aimant de sa jeune
sœur. Relena vit alors dans ses yeux à quel point il semblait désemparé, tout à
coup tellement vulnérable. Elle lui sourit faiblement et chassa les mèches en
travers de son visage avant de lui effleurer tendrement la joue.
-Je ne voulais pas te blesser…
-Moi non plus, rajouta-t-il à voix
basse, vaincue par la tendresse de son geste.
Le visage de la princesse sembla se
détendre pour se faire soudain plus déterminé, et, rassurée, elle reprit :
-Millardo…pourquoi t’es-tu attaqué
à Heero ?
-Parce que je lui en veux…je lui en
veux de ne pas avoir su te protéger, d’autant plus que vous êtes à présent ensembles…fit-il,
le regard soudainement assombrit.
-Tu ne peux pas lui reprocher ça,
c’est cruel.
Le comte la regarda interrogateur,
incertain sur le sens de ses paroles.
-Tu ne peux pas lui reprocher de
chercher à être enfin heureux. Si tu savais les efforts que cela lui a
demandés, c’est cruel de piétiner toute cette volonté dont il a dû faire preuve
pour sortir de sa vie de soldat. Millardo, tu es certainement le mieux placé
pour savoir ça, alors je t’en prie, comprends-le.
Le jeune homme la fixa un instant,
touché par la profondeur de ses propos. C’était incroyable cette capacité
qu’elle avait à remettre en question les convictions les plus ancrées dans
l’esprit de son interlocuteur, par sa sincérité et sa douceur frappaient en
plein cœur. S’il y avait bien une chose qui n’avait pas changé chez sa sœur,
c’était ce charisme extraordinaire. Le pilote eut un faible sourire qui
n’échappa pas à la jeune fille.
-C’est vrai…je n’avais pas vu les
choses ainsi, mais je comprends ton point de vue, et tu as certainement raison,
nous avons sûrement tous deux parcouru un chemin similaire…fit-il un peu plus
faiblement, plongé dans la réflexion de ce que cela pouvait signifier.
Relena le regarda avec tendresse en
voyant son attitude changer peu à peu, il commençait à appréhender le véritable
sens de leur relation.
-Millardo, reprit-elle dès qu’elle
eut à nouveau son attention, si Heero n’avait pas été là, je serais morte,
dit-elle d’une voix étrangement sereine. Le sens de mes paroles ne saurait en
être plus concret.
-Que veux-tu dire ? la
questionna-t-il, soudain beaucoup plus concerné par l’expression de sa sœur qui
semblait cacher quelque chose de profond.
Relena le fixa alors et il vit dans
son regard une lueur de peur, une crainte bien ancrée qui persistait derrière
son expression naturelle.
-Je n’aime pas particulièrement
parler de cette période de ma vie, mais je vais néanmoins le faire, pour que tu
comprennes…Je te demanderais de ne pas m’interrompre s’il te plait…lui
demanda-t-elle d’une voix qui vacilla légèrement.
L’expression du comte se fit un peu
plus inquiète et il hocha la tête en signe d’acquiescement.
Relena lui sourit faiblement, comme
pour se donner du courage et entama son récit.
Elle révéla à son frère le minimum
qu’il lui était nécessaire de connaître pour comprendre l’importance de leur
relation. Elle lui raconta tout ce qui s’était passé depuis son enlèvement, de
l’instant où Heero l’avait retrouvée à Sank, à ce soir où il était revenu à
Al-jirma après son séjour auprès d’Iria.
-…et depuis, il m’a encore apporté
bien davantage…termina-t-elle, le regard encore remplit d’émotions, les yeux
rivés sur la surface de l’eau.
Millardo resta un instant sans
voix, une expression légèrement béate sur son visage. Comme il avait pu être
stupide ! Il avait tellement eu peur pour sa sœur qu’il s’était focalisé
sur la défaillance d’Heero et qu’il avait nourrit sa colère contre le jeune
homme, comme si cette attitude serait arrivée à l’exorciser de ce ressentiment
de culpabilité qui était apparu en lui aussitôt que Lady Une lui avait annoncé
la disparition de sa sœur…comme cela avait été puéril d’agir de la sorte !
-Je suis rassuré…fit alors le comte
en souriant doucement à sa sœur.
La princesse le regarda, la
surprise, masquant un instant sa joie.
-Je suis vraiment désolé d’avoir
agit de la sorte, c’était vraiment ridicule…
Relena haussa alors les sourcils
dans un geste d’incompréhension, le fil de l’histoire lui avait échappé.
Comment son frère, qui était prêt à sauter sur Heero quelques minutes
auparavant, était-il à présent en train de présenter des excuses ? Que
s’était-il donc passé pour qu’il change ainsi de perspective ?
Millardo, voyant le trouble dans
lequel il venait de plonger sa sœur, sourit un instant à sa mimique avant de
s’expliquer.
-Heero est un homme au grand cœur,
capable d’aimer l’humanité toute entière…c’est d’ailleurs la raison pour
laquelle il m’a toujours battu, dit-il, soudain perdu dans ses souvenirs.
Relena, je suis désolé, reprit-il en la regardant avec sincérité, ma peine et
ma peur m’ont aveuglé et j’ai agi de façon stupide en oubliant la véritable
qualité d’Heero sous prétexte qu’il n’avait pas su te protéger…Je n’ai vu que
le soldat que nous connaissions tous, celui qui ne faillait jamais.
-Millardo…murmura-t-elle toute émue
de la joie que cette déclaration venait de provoquer en elle.
-Je te remercie. Merci de m’avoir
raconté tout ça, cela demande beaucoup de courage de parler ainsi…moi je n’ai
même pas eu la force d’accepter mes sentiments…tu sais, fit-il en lui
effleurant doucement le visage, tu ressembles beaucoup à maman, tu as cette
même grandeur en toi…je me suis toujours senti tout petit par rapport à elle…
Instantanément, le ventre de la
jeune fille se noua, c’était la première fois qu’il lui parlait de leurs
parents…son regard se fit alors plus profond et se remplit d’une triste
gentillesse.
-Allons, ne dis pas ça, lui
reprocha-t-elle doucement tout en lui prenant sa main pour la serrer dans les
siennes. Tu es quelqu’un d’extraordinaire Millardo, et quoique tu puisses en
dire tu es une personne très généreuse, je suis sûre que nos parents seraient
fiers de toi, cela ne fait aucun doute, insista-t-elle en resserrant un peu
plus sa poigne.
Le regard tourmenté du jeune homme
sembla s’apaiser un peu. Ils se fixèrent, à nouveau complice de ce lien qui les
unissaient mais qu’ils avaient encore du mal à appréhender, être frère et sœur,
c’était l’histoire de toute une vie, et leur relation ne datait seulement que
de quelques années…
-…tu sais, reprit-elle alors,
s’accepter soi-même c’est peut être la chose la plus difficile au monde qui
soit…alors ne soit pas trop dur avec toi. Et puis ce n’est pas quelque chose
que l’on arrive à faire seul. L’erreur est humaine Millardo, l’essentiel c’est
de reconnaître ses fautes, ne t’en fais pas, Heero ne t’en tiendra pas rigueur.
Et surtout n’oublie pas, si tu as besoin de moi je suis là. Et même si ça ne se
fait pas de parler au nom des autres, je tiens à te dire que Noin est également
prête à t’aider. Ca peut paraître évident, mais n’hésites pas à te confier à
elle, si elle le pouvait, elle déplacerait des montagnes tellement elle t’aime,
dit-elle dans un tendre sourire.
-Elle est merveilleuse…rajouta-t-il
alors, son regard soudain tellement plus enfantin.
-Oui, elle est merveilleuse, et
vous méritez d’être ensemble.
-Merci…fit-il simplement, ne
sachant quoi répondre.
-Je t’en prie…grand frère…lui
dit-elle dans un sourire, sur un ton encore mal assuré, c’était un mot nouveau
pour elle.
Millardo répondit à son geste et la
serra contre lui dans une étreinte protectrice.
-Je te souhaite beaucoup de bonheur
Relena…
Heero et Noin avaient rejoint les
autres dans le salon lorsque le comte fit son entrée, suivit d’un peu plus loin
par Relena.
Le silence tomba soudain dans la
pièce et tous fixèrent le prince. L’ambiance devenait vraiment électrique dans
la résidence, les pilotes avaient relativement mal accepté la réaction de
Millardo à l’encontre d’Heero et Relena, seul Wufei ne semblait pas y accorder
d’importance, ou plutôt si, cela nourrissait en lui une antipathie tenace, mais
la cible, ce n’était pas Millardo…
-Je peux te parler ? fit le
comte en ignorant le regard menaçant de Duo.
Heero le fixa un instant puis se
leva finalement et le suivit dans le couloir. Relena s’écarta pour les laisser
passer et adressa un regard encourageant au jeune pilote avant de rentrer et de
refermer la porte derrière elle.
La princesse sourit alors
faiblement et leur adressa un regard rassuré, tous comprirent alors que la
guerre entre les deux hommes touchait à sa fin.
Millardo s’arrêta et se retourna,
faisant face à Heero qui le fixait, imperturbable.
-Je ne suis pas très doué pour ça,
ce n’est pas quelque chose que j’ai l’habitude de faire…dit-il un peu
maladroit. Son regard se fit alors plus profond et il se redressa sensiblement.
-Excuses-moi, lâcha-t-il. J’ai agi
sans réfléchir, je t’ai mal jugé Heero.
Le pilote fronça les sourcils, un
peu étonné par ce brusque changement d’attitude. Mais son expression se
détendit aussitôt et pour la première fois, le comte crut voir un faible
sourire éclairer son visage à l’apparence si dure.
Il ignorait ce que Relena avait pu
lui raconter mais il était heureux que cela se termine ainsi.
-N’y pensons plus, fit le jeune
homme, le plus important c’est que Relena n'ait plus à s’inquiéter de nos
différends.
Millardo le fixa un instant puis il
lui sourit faiblement et lui offrit sa main.
-C’est
la première fois que je fais ça…[5] Je souhaites que tu
sois la personne qui sache apporter le bonheur à ma sœur.
Heero soutint son regard déterminé et impérial, étrangement similaire à celui de Relena. Il s’approcha finalement et accepta sa poigne.
-C’est entendu.
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Commencé le 06/11/2003 Terminé le 10/12/2003