Disclaimer : Les personnages et l’univers de Gundam Wing ne m’appartiennent pas…je rêve du jour où les copyrights deviendront libres !

 

Petite précision : je vous conseille vivement pour votre santé émotionnelle de vous munir pour la lecture de cette…chose, d’un paquet de clinex ou du rouleau pâtissier de votre môman. Tout cela dépend de quel côté vous allez vous positionnez…Quoiqu’il en soit, moi je suis innocente et je décline toute responsabilité sur l’action des personnages…^^

 

 

CREPUSCULE

 

 

 

Alors le calme semblait enfin revenu à Al-jirma, la mécanique trop connue de la guerre s’ébranlait…

Le journal du soir touchait à sa fin, c’était une heure de grande écoute en Afrique noire et en Europe. Sally allait éteindre la télévision lorsque l’écran se mit à grésiller avant que le présentateur ne disparaisse. Tous relevèrent la tête et rencontrèrent alors la silhouette d’un homme à la longue chevelure, ses traits habillements dissimulés derrière un jeu d’ombre et de lumière.

Inconsciemment Relena frissonna, elle n’aimait pas cet individu. Heero et Millardo entrèrent au même moment et se figèrent à leur tour face au poste. L’apparition de cet homme ne pouvait signifier qu’une chose.

« La mainmise des Sphères Unifiées n’a que trop duré…Nous avons prévenu le gouvernement et revendiqué nos droits, mais personne ne nous a entendus…Nous, les Opposants, nous proclamons le droit à l’armement comme un moyen légitime de se défendre, nous revendiquons l’état nation et la défense de nos frontières, nous ne voulons pas voir disparaître nos pays et nos traditions sous le prétexte d’unifier les Hommes ! Nous, les Opposants, nous allons montrer aux pacifistes à quel point leurs idéaux sont vains. En tant que dirigeant de cette organisation, je pose un ultimatum de 48 heures au président des Sphères Unifiées pour démanteler la Zone Unifiée, sans quoi, chers Citoyens du Monde, vous constaterez comme les armes peuvent se savoir convaincantes. »

L’image sauta alors et le sombre individu disparut au profit d’un présentateur livide.

Pendant quelques secondes, tous restèrent silencieux, certains envahis par l’inquiétude, d’autres par la rage ou tout simplement, par la lassitude. C’était reparti. Ils n’étaient pas parvenus à éviter ce conflit.

-Duo, contactes Howard, dis-lui d’approcher son croiseur des côtes occidentales méditerranéennes au plus vite, intervint alors une voix assurée qui imposait l’obéissance.

-Sally, mets en alerte les groupements de résistance et que tous ceux qui sont près à se battre puissent le faire.

Le petit blond se tourna alors vers Wufei.

-Tu peux contacter Une et lui donner le feu vert pour la livraison des armements ?

Le petit brun fit volte face et s’exécutât, lui adressant un imperceptible signe d’obtempération.

-Maître Quatre…

Le jeune homme se tourna alors vers Raschid et acquiesça, le chef des Maganac hocha la tête et disparut aussitôt.

 

Le ton assuré et l’expression déterminée du prince du désert s’effacèrent aussitôt qu’il eut donné ses instructions, faisant place à son véritable sentiment, la peine.

Relena le regarda, un instant admirative. Elle avait toujours été très impressionnée par cette capacité qu’il avait à prendre les choses en main dans les moments les plus désespérés, faisant abstraction de ses craintes personnelles pour aller de l’avant. Elle savait à quel point Quatre pouvait se montrer redoutable lorsqu’il s’emportait, le heurter n’était jamais quelque chose de recommandable, or, il venait de définir le chef des Opposants comme son ennemi, et elle savait qu’il allait faire tout ce qu’il lui serait possible pour l’arrêter, même s’il fallait pour cela qu’il aille à l’encontre de sa véritable nature.

Quatre l’avait aidée à comprendre le chemin qu’ils s’étaient destinés. C’étaient des pilotes de Gundams, leurs buts, qui leurs avaient d’abord été dictés étaient rapidement devenus des quêtes personnelles. C’était ça qui rendait leur lutte aussi profonde et passionnée, ils se battaient avec toute leur âme, guidés par une volonté rare de ne pas renoncer, ils se battaient pour trouver un sens à leur existence. C’est la raison pour laquelle Relena les avait soutenus et leur avait toujours offert une terre d’accueil, une halte à cette lutte incessante pour l’existence…à présent, qu’elle les connaissait mieux, elle comprenait pourquoi ils n’avaient jamais cessé de se battre. Parce qu’ils avaient un grand cœur, capable d’embrasser l’humanité toute entière…les petits princes…ce nom leur était destiné.

 

La jeune fille s’approcha alors et pris doucement la main de Quatre entre les siennes, elle n’aimait pas voir une telle tristesse dans les yeux de son ami. Le petit blond se retourna aussitôt et son expression se radoucit en rencontrant le pâle sourire de la jeune princesse. Elle s’inquiétait pour lui.

-Je suis désolé Relena. Nous n’avons pas su empêcher ce conflit.

-Quatre…murmura-t-elle, touchée par sa peine, ce n’était pas à vous de préserver la paix…

Le prince du désert se crispa un instant, ressentant le profond sentiment de culpabilité qui habitait la jeune fille.

-Je crois malheureusement qu’aussi longtemps que les Hommes existeront, il y aura des conflits, tu n’y peux rien, telle est ainsi faite la nature de l’être humain, dit-il alors d’une voix étrangement calme.

Un éclair de surprise traversa le visage de la princesse. Elle ne s’attendait pas à entendre ça de la part de Quatre.

-Cependant, reprit-il, il ne faut pas perdre espoir, il y a de bonnes choses en ce monde. Nombreux sont ceux qui désirent une paix véritable. Nous ne sommes pas seuls à nous battre Relena. Bien sûr qu’il y aura toujours des gens pour venir saccager ce que certains ont mis tant de temps à construire. C’est tellement plus facile de détruire tout ce qui n’est pas en accord avec nous, tellement plus rapide d’utiliser la force pour soumettre…mais ça ne mène à rien d’agir ainsi, tu le sais certainement mieux que personne. Nous devons montrer au monde à quel point ceux qui ont de telles pensées sont dans l’erreur, mais à présent c’est différent, car je suis convaincu que cet avis est aujourd’hui partagé par nombre d’Hommes.

Relena lui sourit faiblement, il avait raison, ils n’étaient plus seuls, mais cela ne l’empêchait pas pour autant d’être inquiète. Quatre n’eut pas besoin qu’elle s’exprime par des mots pour comprendre ses sentiments et doucement, il la serra dans une promesse rassurante. La jeune fille referma une main crispée sur sa chemise et l’étreignit à son tour.

-Je t’en prie Quatre, ne te lances pas dans des choses inconsidérées.

Le petit blond sourit tristement à ses paroles et la serra un peu plus contre lui. Il releva alors la tête et rencontra Millardo et Heero, face à lui, puis Noin et Trowa, un peu plus en retrait. Il comprit soudain la peur de Relena, cette crainte qui faisait vibrer son cœur. Toutes les personnes qu’elle aimait allaient s’engager dans cette guerre. Même Iria qu’elle avait réussi jusque-là à épargner. Il mesurait à présent à quel point cette situation pouvait être difficile pour elle, et pourtant, elle n’avait jamais tenté de les dissuader d’intervenir…Heero avait raison, Relena était forte. La plus forte. [1]

La princesse se redressa alors à son tour et ils s’écartèrent l’un de l’autre.

-Je ne laisserais personne faire de mal à Iria. Je te le promets.

Relena se plongea un instant dans ses yeux célestes, encore impressionnée par cette capacité qu’il avait à percevoir les autres. Une lueur de surprise traversa soudain son regard et son visage se teinta d’un tendre sourire.

-Je sais, fit-elle doucement.

 

*****************************

 

Les heures qui suivirent, les pilotes restèrent dans l’attente car Iria leur avait demandé de ne pas s’engager. Et malgré l’opposition de Quatre à cette décision, elle était restée ferme sur ses intentions. Elle ne voulait pas s’engager, mais il fallait être réaliste, Sank allait essuyer un nouveau conflit. La guerre était en marche, d’autant plus que des soldats et des armures mobiles étaient déjà présents sur les terres du royaume. C’étaient des Résistants, qui, dès l’annonce des Opposants, avaient spontanément rejoint le pays pacifiste. Iria, ne pouvant les laisser ainsi exposer leurs vies, avait demandé à ce que des armures mobiles lui soient envoyées.

Et en même temps qu’elle accueillait les rebelles et que l’évacuation de Newport City se mettait en place, elle annonçait officiellement ce que tous savaient déjà :

Elle se retirait des Sphères Unifiées et réaffirmait sa volonté pacifiste. Cette décision enflamma les dirigeants de la Zone Terrestre et les épyons terros rirent sous cape : C’était une occasion rêvée pour eux, cela leur permettait d’attaquer le pays pacifiste en toute légitimité.

Le petit royaume s’apprêtait, une fois encore, à s’opposer à la folie destructrice des Hommes.

 

Dès que le cameraman lui fit signe que la liaison était interrompue, Iria poussa un profond soupir et s’effondra dans son siège, son regard se fit alors plus tourmenter. Elle s’inquiétait pour les citoyens. Elle ne savait que trop bien ce que la guerre représentait pour eux, elle avait vécu la première dans l’anonymat du peuple…perdre toute notions de ce qui nous raccroche à l’existence telle que l’on l’avait connue…vivre au rythme des alertes et des évacuations, être saisit au ventre par une angoisse permanente de voir surgir ces terrifiantes machines de destruction que sont les armures mobiles, ravageant tout et semant mort et souffrance dans leurs sombres sillons. Le peuple de Sank avait déjà enduré tant d’épreuves…Mais à présent c’était différent, ils n’appréhendaient plus la guerre de la même manière. Les citoyens du royaume pacifiste n’étaient plus les Hommes soumis ou sauvages que l’alliance avait fait d’eux. Relena avait rendu à son peuple sa véritable identité. Par sa spontanéité et sa générosité, elle avait su apporter chaleur à leurs cœurs refroidis. Frappés par la justesse et la grandeur de la cause de cette princesse destituée, c’est tout naturellement qu’ils lui rendirent son pouvoir, promettant, comme le veut le serment d’allégeance, obéissance et loyauté dans les décisions de la famille royale. Les citoyens de Sank avaient retrouvé leur fierté et allaient découvrir la véritable force qui résidait en chacun d’eux.

Le peuple pacifiste retrouva sa prestance et son influence d’antan, et c’est ainsi qu’ils furent les premiers à s’opposer à l’armée de Mariemeia.

 

Aujourd’hui, elle savait qu’ils étaient avec elle, mais elle ne pouvait s’empêcher de se sentir responsable.

-C’était la meilleure chose à faire Mademoiselle.

La princesse sortit de sa réflexion et releva la tête vers la jeune fille qui venait de s’approcher.

-Je sais…mais cette décision expose le royaume aux plus grands des dangers…

Dorothy sourit faiblement à la princesse et attendit que le personnel des médias soit sortit, les laissant seules avec Allan et Dave.

-Oui Mademoiselle, vous avez raison, vous exposez Sank aux plus grands des dangers, mais il peut aussi être la terre la plus protégée. Ne refusez pas l’aide de ceux qui veulent vous défendre par les armes, ils n’en demeurent pas moins honorables.

Iria fixa Dorothy puis interrogea du regard les autres protagonistes. Ils semblaient s’accorder avec les propos de la jeune fille.

Les pilotes de gundam…

La princesse baissa alors la tête et croisa ses mains sur son bureau. Elle resta ainsi plusieurs minutes totalement immobile, pesant le pour et le contre. Elle ne tenait pas particulièrement à les mêler à ce conflit, même si elle savait cela inévitable, le plus tard serait le mieux. Elle savait que c’était égoïste de sa part mais elle ne voulait pas imposer ça à Quatre et Heero. Elle s’angoissait rien qu’à l’idée qu’ils puissent ainsi exposer leurs vies.

-Très bien, fit-elle finalement d’une voix résignée, je vais le leur demander.

Allan vint alors poser une main amicale sur son épaule, la jeune fille releva la tête et croisa son regard chaleureux, il lui assurait que tout se passerait bien. Son visage se détendit alors et elle lui sourit doucement.

 

*****************************

 

-Très bien, nous serons sur place demain en début d’après-midi.

Quatre, entourés des autres pilotes, ne put s’adresser personnellement à la princesse. Il se contenta d’un doux regard et d’un faible sourire pour l’encourager à tenir bon. Iria s’empourpra légèrement et répondit à son geste.

La communication fut alors coupée et ils sortirent du salon. Relena les attendaient dans le couloir, elle ne pouvait pas communiquer avec la nouvelle princesse et ils ne devaient jamais évoquer qu’elle soit encore en vie. Elle se sentait terriblement frustrée d’être ainsi éloignée d’elle, mais il ne pouvait en être autrement. Quatre fut le premier à sortir, il l’éloigna un peu des autres et l’informa qu’ils allaient devoir partir demain matin à l’aube. Le regard de la jeune fille se brisa alors et ses yeux se remplirent de larmes, elle le savait pourtant, elle s’y était préparée, mais c’était plus fort qu’elle. Quatre, face à elle, la prit alors par les épaules et la fit reculer un peu plus. Relena le remercia intérieurement pour son geste, elle ne tenait pas à ce que Heero la voit ainsi, c’était déjà assez difficile pour lui. L’annonce d’hier soir l’avait suffisamment perturbée…Elle avait vu dans ses yeux le bouleversement de cette nouvelle, aussitôt il s’était renfermé et son regard était redevenu froid. Le soldat venait de refaire son apparition. Elle ne pouvait pas lui en tenir rigueur, mais elle ne pouvait s’empêcher d’avoir peur, peur de le perdre.

Le pilote aux yeux topaze sortit à son tour, il aperçut aussitôt les deux jeunes gens et resta un instant à les fixer. Sans ajouter un mot, il se détourna alors et suivit les autres à la salle de réunion.

La jeune fille se tassa un peu plus en sentant le regard d’Heero peser sur elle, ça n’allait pas bien, vraiment pas bien.

-Relena, l’appela alors une voix douce et calme, ça va aller. N’attribues pas l’attitude d’Heero à un changement de ses sentiments à ton égard. Vois-tu, il est en train de changer, et il ne sait plus vraiment où il en est…

 

En son fort intérieur, Quatre avait toujours redouté l’annonce de cette guerre…comment Heero allait-il réagir lorsqu’il se retrouverait confronté à la guerre ? Il commençait tout juste à découvrir l’humanité qu’il avait en lui, et à apprécier la vie. Et voilà que l’on lui demandait de retourner se battre, de redevenir le soldat dont il avait mis tant de temps à se détacher…comment allait-il réagir à ça ?

 

-Je sais…lui répondit faiblement la jeune fille, mais je n’aime pas le voir ainsi.

Quatre lui sourit et lui effleura doucement le visage dans un geste rassurant.

-Ca va aller…ne t’en fais pas.

Face à l’intention de son ami, Relena s’apaisa finalement et un faible sourire de reconnaissance se dessina sur ses lèvres.

-Je dois aller le voir, dit-elle d’un ton déjà plus assuré.

La princesse s’apprêtait à partir lorsqu’il la retint.

- Attends.

La jeune fille s’arrêta dans son mouvement et se tourna vers le petit blond. Quatre chassa alors de ses yeux les larmes qui menaçaient de s’écouler et réarrangea les quelques mèches qui tombaient en désordre.

-Voilà, fit-il lorsqu’il eut fini.

-Je ne sais pas ce que je deviendrais sans toi… lui sourit-elle, reconnaissante.

Elle déposa alors un baiser furtif contre sa joue et disparut à la poursuite des pilotes.

 

Dieu merci, Heero se trouvait à la fin du groupe. Elle le rattrapa à un angle droit du couloir et effleura sa main. Elle ne l’obligeait pas à s’arrêter, elle le lui demandait juste. Le pilote s’immobilisa aussitôt, sachant qui venait d’agir ainsi et tourna son visage face à elle. Relena s’inquiétait, il le voyait bien, elle semblait si tourmentée…Mais il ne fallait pas. Il lui avait promis que la guerre ne changerait rien entre eux et c’était la vérité. Seulement il y avait sa mission, et il devait se concentrer dessus, qu’il soit le plus efficace possible et qu’il en finisse rapidement. Mais comment expliquer ça à Relena, celle qui se battait avant tout avec son cœur ? Comment lui dire qu’il lui fallait refouler ses sentiments s’il voulait combattre efficacement, sinon, le Système Zéro ne lui laisserait aucune chance…tout ça devait lui apparaître si stupide et elle avait probablement raison…mais c’était la seule façon de se battre qu’il connaissait.

Ils restèrent quelques instant à se fixer, le regard brillant d’émotion de la princesse tranchant avec l’apparente indifférence d’Heero. Mais Relena avait toujours su voir au-delà de ses yeux à la résonance métallique, elle ne l’avait jamais considéré comme une machine sans âme, elle le voyait lui, tel qu’il était vraiment. Et peu à peu l’expression du pilote se modifia, son regard se fit plus profond, il lui prit alors délicatement la tête entre les mains, son geste semblant complètement à l’opposé de son attitude générale. La jeune fille, incapable de se défaire de son regard ne bougea pas. Les yeux du jeune homme se firent alors plus doux et déterminés.

-Je suis avec toi, lui souffla-t-il dans une promesse avant de déposer un tendre baiser contre son front.

Relena cilla et elle resta sans voix, le pilote la regarda une dernière fois puis son expression se durcit à nouveau et il repartit à la suite de ses compagnons sans se retourner. La princesse le regarda faire, un instant interdite. Mais elle se ressaisit.

-Moi aussi Heero, j’ai confiance en toi…oui, j’ai confiance…fit-elle un peu plus bas.

 

******************************

 

Lorsqu’elles virent les pilotes sortir de la salle de réunion, Noin et Sally comprirent immédiatement ce qui se passait dans leur esprit. Ils étaient cinq, avant tout, liés comme les doigts d’une même main, et c’est tous les cinq qu’ils partiraient combattre.

Millardo les vit quitter la pièce dans un silence de mort, une étrange lueur de connivence dans leurs regards qui laissait comprendre qu’ils étaient d’accord sur leurs objectifs. Interpellé par leur attitude, il s’apprêtait à les retenir lorsque Lucrezia lui fit signe de ne pas intervenir.

-Laisses Millardo, ils savent très bien ce qu’ils ont à faire.

-Mais ! Nous n’en avons  même pas parlé !

-Ils ont l’habitude, ils n’ont pas oublié. Ils ont appris à se battrent ensembles lorsqu’ils ont eu à faire face au Libra. Laisses-les faire.

L’ex-lieutenant fixa les deux jeunes femmes et abdiqua finalement. Elles les connaissaient bien mieux que lui…Mais il restait néanmoins surpris par cette faculté qu’ils avaient eu à se comprendre sans échanger la moindre parole.

La journée s’articula autour de la préparation au combat, comme cela avait si souvent été le cas quelques années auparavant. Les pilotes organisèrent spontanément leurs temps comme ils l’avaient fait pendant la Grande Guerre, comme si elle n’avait jamais cessé. Et dans un étrange silence certains allèrent préparer leurs amures mobiles pendant que d’autre se dirigeaient vers la salle de contrôle de la base, espérant trouver encore des informations sur leurs ennemis. La seule chose qui comptait à présent, c’était de se mettre en condition pour le combat. Tout était réglé, tout était calculé, ils avaient appris à s’organiser à cinq et à gérer leur entraînement lorsqu’ils étaient à bord du Peacemillion et ils savaient exactement ce qu’ils avaient à faire.

 

Quatre, dès qu’il fut assuré que Relena serait prise en charge par Azim, se concentra sur ses objectifs et partit rejoindre Heero, Trowa et Raschid au hangar des armures mobiles.

L’après midi touchait à sa fin lorsque Heero et Duo se dirigèrent vers la salle d’entraînement, ils avaient besoin de se changer les idées. Il ne furent qu’à moitié surpris lorsqu’ils retrouvèrent Sally et Noin qui s’affrontaient à l’escrime alors que Wufei et Millardo s’échauffaient séparément.

Les deux jeunes femmes, concentrées sur leur combat ne semblèrent pas remarquer l’entrée des deux pilotes, jusqu’à ce que, dans une ultime attaque elles se touchent mutuellement, épuisées, elles tombèrent toutes deux à terre et éclatèrent d’un rire joyeux.

-Ah Sally, finit par articuler Noin, tu n’as pas démérité au combat !

-Je te retourne le compliment, fit la doctoresse tout en tendant la main à son adversaire.

Les deux jeunes femmes se relevèrent encore toutes essoufflées et se débarrassèrent de leur équipement, il était temps de laisser leur place aux autres.

Les pilotes les regardèrent avec un air mi-amusé, mi-réprobateur, comment pouvaient-elles trouver encore des prétextes pour rire dans la situation actuelle ?

Lucrezia remarqua la première le regard des hommes posé sur elles, elle se retourna et les fixa, de ses yeux brillant d’intelligence.

-Ne vous en faites pas, ce n’est pas parce que l’on plaisante que l’on prend tout ça à la légère.

-Voyez-vous, nous les femmes, nous avons besoin d’extérioriser ce que nous ressentons, rajouta Sally en posant une main amicale sur l’épaule de sa cadette.

Elles se fixèrent alors et se remirent à nouveau à rire tout en se dirigeant vers la sortie.

Les pilotes les regardèrent s’éloigner, perplexes.

-Je crois qu’elles sont vraiment nerveuses, dit finalement Millardo, encore tout surpris.

-Qui ne le serait pas…remarqua alors Duo tout en se dirigeant vers les tapis au sol, la seule différence avec nous, c’est qu’elles, elles s’expriment.

Et sans rien rajouter d’autre, chacun se mit à son travail.

 

-Un duel ?

Heero et Duo relevèrent la tête du sac de frappe. Wufei fixait le Japonais de son regard noir brillant de défi. Heero sans rompre le contact, enleva ses gants et les jeta à son compagnon. Le natté les réceptionna sans les quitter des yeux. Cette façon qu’ils avaient de se regarder, cela ne présageait rien de bon. Il aurait bien tenté de raisonner Heero, mais vu la lueur dans ses yeux, il préféra ne pas s’y aventurer. Il les vit s’éloigner tous deux et s’équiper en silence, jusqu’à ce que les deux hommes soient en position. La pointe de leurs lames s’effleurèrent alors et le combat commença.

Wufei entreprit d’abords de jauger les capacités de son adversaire en portant de petits assauts en différents points.

-Je vois que tu n’as pas tout perdu, fit-il entre deux attaques qu’Heero esquissa de nouveau. Mais je constate néanmoins que tu ne fais que parer, et bien alors ? Serais-tu devenu faible ? siffla-t-il tout en l’attaquant plus violemment.

Heero fronça les sourcils et contra son assaut avant de lancer une offensive. Il avait déjà affronté Wufei dans ses conditions, et il savait à quel point le pilote pouvait être redoutable lorsqu’il était dans un tel état de colère. Dans sa façon de combattre, il retrouvait la même haine qui l’avait habité lorsqu’il avait rejoint les rangs de l’armée de Mariemeia [2]…cela ne présageait rien de bon. Mais une question occupait l’esprit du jeune homme, qu’est ce qui avait bien pu le mettre dans cet état ?

-Et quel mal y aurait-il à ça ? Je n’ai aucune envie de rester un soldat toute ma vie ! Lança-t-il tout en effectuant une passade sur son adversaire.

Wufei, un instant prit de court, recula pour réattaquer aussitôt.

Le combat reprit de plus bel sous le regard préoccupé de Duo et Millardo qui ne les quittaient à présent plus des yeux.

Les coups se firent de plus en plus violent et les pilotes ne tardèrent pas à montrer des signes de fatigue. Après plusieurs minutes de lutte acharnée, Heero faillit et trébucha, se retrouvant ainsi à terre.

-C’est tout ce que tu as à m’offrir Heero Yuy ! cria-t-il alors qu’il armait son coup.

-Wufei Chang ! Ne vous a-t-on jamais enseigné le code de bonne conduite ! s’éleva soudain une voix qui imposait le respect.

Le chinois, surpris, fut coupé dans son élan, il jura alors et jeta avec rage son épée qui alla se planter à quelques centimètres du corps du jeune homme au sol.

Il enleva son masque et regarda avec dédain son adversaire jeté à bas.

-Je le savais. Cela n’a que trop duré, il faut en finir.

Le regard d’Heero se fit plus noir de la colère qui l’habitait déjà, il se contracta alors, s’apprêtant à répondre à l’attaque du pilote, mais à la surprise générale, Wufei lui tourna le dos et quitta aussitôt la pièce.

Une expression béate traversa un instant le visage d’Heero et si la situation n’avait pas été aussi tendue, Duo aurait explosé de rire tellement cette mimique était drôle à voir sur la tête de son ami.

Millardo fut finalement le premier à réagir, certainement le moins stupéfait des trois. Il s’avança jusqu’au jeune homme au sol et lui offrit sa main. Heero qui était jusque là resté fixé sur la porte, releva la tête, et comme si cela était possible, afficha un air encore plus surpris. Mais en l’espace d’une seconde il se ressaisit et accepta l’aide du comte. Millardo le releva, ils se fixèrent un instant mais le prince jugea bon de ne rien rajouter, il se savait trop à l’extérieur de ce qui venait de se produire pour pouvoir porter quelque jugement que ce soit.

-Merci, fit alors Heero tout en relâchant le bras de l’homme.

Le comte le fixa un instant stupéfait, il ne s’attendait pas à ça. Voyant que son expression gênait manifestement Heero, il se reprit aussitôt et lui adressa un regard qui lui signifiait qu’il n’avait pas à se sentir redevable, agrémentant son intention d’un hochement de tête.

-Je t’en prie.

Duo les rejoignit à cet instant et posa sa main contre l’épaule du pilote.

-Ca va ? fit-il d’une voix légèrement inquiète.

Heero tourna sensiblement la tête dans sa direction et lui adressa un imperceptible signe d’affirmation. Au fil du temps, il s’était progressivement mis à accepter les marques d’attentions du pilote, et leur amitié grandissante l’avait aidé à apprécier ces gestes de tendresse de la part du natté. Il savait maintenant mesurer l’importance de tels sentiments.

Duo, poussa alors un profond soupir et le relâcha.

-Tu m’en vois rassuré ! s’exclama-t-il pour redevenir aussitôt sérieux. Après Rel’ voilà qu’il s’en prend à toi…

Millardo qui fixait les deux jeunes face à lui, fronça les sourcils et se perdit un instant dans ses pensées. Tout ce qu’il croyait connaître sur les pilotes de gundam venait d’être compromis en l’espace de quelques minutes.

Jamais il n’aurait pensé qu’il existait entre eux des liens aussi fort et en même temps de telles tensions. Il avait vu une telle rage dans les yeux de Wufei, une telle expression meurtrière, qu’il ne lui avait pas fallu longtemps pour comprendre que le combat auquel il venait d’assister n’avait rien eu de fictif…qui aurait pu croire qu’ils puissent entre eux se vouer une telle aversion ? Et en même temps l’attitude d’Heero l’avait énormément surpris, même s’il l’avait toujours su loyal, la facilité avec laquelle il avait accepté son aide l’avait étonné…et plus encore cet étrange lien qu’il semblait exister entre Heero et Duo…de l’amitié ? Le regard qu’ils s’étaient échangés ne pouvait laisser soupçonner autre chose de moins puissant…et puis ce n’était pas la première fois qu’il remarquait la connivence qu’il y avait entre eux…tout cela était vraiment surprenant…

-Laisses tomber, fit Duo en constatant l’air préoccupé de son ami, ça fait un moment qu’il est comme ça. N’y penses plus, de toute manière il aura vite fait d’oublier son différend avec toi une fois qu’il sera au combat.

Millardo cilla alors et sortit de ses pensées pour voir Heero obtempérer aux conseils du natté.

-Tu as raison. Allons-y, fit-il en se mettant en marche vers les hangars comme si rien ne s’était produit, nous avons encore du travail.

 

Relena revenait du Haras, son baluchon en main, elle déambulait dans le corridor, perdue dans ses pensées, lorsqu’elle tomba sur Wufei. Elle posa son regard sur lui et un frisson la parcouru soudain. Il était en colère. Le pilote, dès qu’il l’aperçut infléchit sa trajectoire et se dirigea droit sur elle d’un pas appuyé. Une telle rage émanait de sa personne que s’en était presque palpable, gagnée par une crainte inexpliquée, le cœur de la jeune fille s’emballa et elle se mit à reculer, mais au moment ou Wufei arrivait à sa hauteur, elle se trouva acculée au mur.

La princesse sursauta en sentant l’obstacle derrière elle. Elle détourna un instant son intention du pilote, au moment même où celui-ci planta ses poings de part et d’autre de sa tête en faisant trembler la façade. Le cœur de Relena sauta un battement, elle se raidit d’un seul coup et lâcha prise, laissant son baluchon tomber au sol. Elle releva alors les yeux sur l’homme qui la maintenait à sa mercie. L’éclair noir qui traversa le regard de Wufei la frappa de plein fouet. Cette lueur, c’était la même que celle qu’elle avait vue dans les yeux de Onze. La douleur de son épaule se réveilla soudain. Spontanément, elle plaqua une de ses mains contre sa cicatrise et se recroquevilla pour ne pas laisser échapper un cri de douleur. Mais loin s’en fallait pour que son apparente souffrance ne l’arrête, il était temps qu’il mette les choses au point avec la princesse pacifiste.

Le pilote, avec une délicatesse déplacée, lui releva alors le menton pour qu’elle le regarde.

-Comment tant de gens ont-ils pu penser que tu saurais préserver la paix ? fit-il d’une voix bien trop calme pour être honnête. Vois-tu, moi je n’ai jamais cru en toi, enfin, si, à la vérité cela m’est arrivé une fois [3]. Mais je me suis rendu compte que je n’aurais pas dû écouter Heero. Il n’était plus vraiment lui-même. La vérité c’est qu’à cause de toi il a fait des choix stupides, des choix qui vont finir par lui coûter cher.

-Co…comment, bafouilla-t-elle complètement perdue.

Et sans crier garde, le visage un instant plus serein du jeune homme redevint aussi sombre que l’abîme.

-Quittes-le ! lui cria-t-il soudain en resserrant sa poigne sur son menton.

Les pupilles de la jeune princesse se rétractèrent et elle resta un instant le souffle coupé. Que pouvait-elle faire face à autant de haine ? Pourquoi Wufei la détestait-il à ce point ? Elle avait peur, elle était terrorisée par le regard noir de mépris de cet homme, cependant elle ne pouvait pas. Elle ne pouvait pas le laisser s’en prendre à ceux qu’elle aimait, ça, elle ne le permettrait jamais. D’un seul coup, la crainte sembla disparaître de ses yeux qui s’illuminèrent d’une volonté insoupçonnée. Elle se redressa alors et le fixa avec une force qui déstabilisa un instant le chinois.

-Jamais je ne ferais une telle chose, rétorqua-t-elle en pesant sur chacun de ses mots toute la profondeur de ses sentiments.

Wufei vit la lueur qui traversa ses yeux à cet instant. Son visage se teinta alors de contrariété et ses lèvres se pincèrent, ça n’allait pas être facile de la faire lâcher prise.

Sans qu’il s’y attende, la jeune fille le repoussa alors et tenta de fuir, mais le pilote réagir prestement et la rattrapa par le bras avant de la plaquer à nouveau contre le mur, Relena tenta de lui échapper, mais il n’eut aucun mal à l’immobiliser. Après plusieurs minutes de lutte, haletante et faiblissante, la jeune fille finit par cesser de se débattre. Elle n’essaya même pas de crier ou d’appeler au secours, sachant pertinemment que Wufei l’en aurait empêché avant même qu’elle n’ait eu le temps de prononcer une syllabe. C’est alors que son regard se figea et qu’elle sentit à quel point elle était vulnérable. Le pilote vit aussitôt le signe qu’il guettait et sans plus attendre l’attaqua là où cela lui ferait le plus mal.

-Regardes-toi, contemples à quel point tu es faible. Ca te plait de jouer à la petite princesse, de faire croire à tous que tu peux les sauver ? souffla-t-il d’une voix suave au creux de son oreille. Pour qui tu te prends ! cria-t-il soudain avec autorité, faisant une peur effroyable à Relena qui, complètement à bout de nerfs, se mit bientôt à trembler. Tu te prends pour une divinité hein ? Tu te crois, meilleure que nous avec tes belles paroles ! Hein ? Et qu’est ce que ça t’a apporté, qui est ce que ça a sauvé ? Tu veux que je te le dise ? Personne ! s’emporta-t-il un peu plus fort.

Relena, les yeux baissés, et les lèvres tremblantes, versa bientôt des larmes silencieuses, mêlées de peur et de peine. Wufei avait raison, qu’avait-elle semée sur son passage mise à part mort et destruction…faible…elle était faible…ils mourraient tous…par sa faute…

Le pilote, en voyant ses premières larmes tomber réalisa alors qu’il avait gagné, elle serait prête à croire tout ce qu’il lui dirait à présent.

-Heero n’a rien à faire avec toi, dit-il d’une voix méprisante…les femmes, des êtres faibles et sans intérêt…murmura-t-il soudain d’une voix étrangement douloureuse.

Relena, malgré son état, remarqua ce changement de ton et releva la tête dans un brouillard de larmes. Dès qu’il eut capté son regard, Wufei la saisit d’un geste sec par les épaules tout en plongeant toute sa colère dans ses yeux.

-Tu tiens à ce qu’il devienne comme moi !

Le jeune homme desserra alors insensiblement sa poigne, et dans une tentative désespérée, Relena rassembla ses dernières forces et tenta de se libérer. Et cela fonctionna.

 

Sans chercher à comprendre par quel miracle elle avait réussi, seulement guidée par son instinct, elle prit la fuite. La jeune fille emprunta la première direction qui s’offrit à elle. Courir, courir pour ne plus s’arrêter, partir le plus loin possible d’ici, fuir cette atroce douleur qui venait de lui transpercer le cœur. Une seule chose arrivait à se détacher de son esprit torturé, c’était les paroles de Wufei qui résonnaient en échos…Il n’a rien à faire avec toi, ce n’est plus qu’un faible, ça va lui coûter cher…soudain le ton du pilote revint la frapper : Tu tiens à ce qu’il devienne comme moi !

-Oh mon dieu ! Mais qu’est ce que j’ai fait ! s’exclama-t-elle tout en se prenant le visage à deux mains pour contenir un nouveau flot de larmes.

Au-delà de la peur que Wufei avait provoquée en elle, il venait de frapper quelque chose de bien plus profond et un horrible doute envahissait à présent la jeune femme. Et s’il avait raison ? Si elle compromettait sa vie en le rendant plus « humain » ? Après tout, il n’avait pas tort lorsqu’il disait que sa politique n’avait mené à rien…cela signifierait-il qu’elle avait tort ? Que croire en des choses telles que la paix ou l’amour n’étaient que signe d’une quelconque faiblesse, pire encore, que cela menait irrémédiablement vers la mort et la souffrance…d’ailleurs comment Heero avait-il réagit à l’annonce de cette guerre ? Il s’était renfermé. Etait-il comme Wufei, croyait-il lui aussi que les sentiments et la sensibilité n’étaient que de mauvaises choses ? Cherchait-il à se préserver en agissant ainsi ?…elle ne savait plus, elle était perdue…elle avait si mal…

La princesse, fuyant aveuglément, déboucha soudain au tournant d’un virage et se heurta contre quelque chose. Elle eut instinctivement un mouvement de recul et dégagea aussitôt ses mains pour relever la tête. Relena laissa échapper un hoquet de surprise lorsqu’elle rencontra face à elle le visage de son frère. Elle resta paralysée. Elle vit alors l’expression de Millardo, un instant figée dans la surprise, se teinter soudain d’une vive inquiétude.

-Relena, qu’est ce qu’il t’arrive ? fit-il d’une voix qu’il tenta vainement de garder assurée.

La jeune fille recula aussitôt, sur la défensive. Elle vit bien le trouble dans lequel elle venait de plonger son frère, et sa peine sous jacente. Mais elle ne pouvait pas, elle ne pouvait pas s’appuyer sur lui, elle ne pouvait s’appuyer sur personne.

-Millardo…je suis désolée, ne te mêles pas de ça…articula-t-elle d’une voix tremblante.

Le regard du prince se brisa alors, laissant apparaître sa propre peur. Relena avait l’air si désespérée, si meurtrie…jamais il ne l’avait vu comme ça, et il avait tout d’un coup terriblement peur pour elle, il avait peur de ce qu’il voyait dans ses yeux.

Sans plus attendre, il tenta de la retenir, mais la jeune fille fit volte face et repartit à toute allure, la peur lui donnant une rapidité féline. Relena, encore concentrée sur son frère, ne vit pas le pilote qui se mit en travers de son chemin. Et alors qu’elle se croyait hors de toute atteinte, elle sentit soudain quelqu’un la réceptionner souplement et la serrer contre lui. Relena, trop surprise et trop effrayée de constater qui venait de l’attraper, eut un léger moment de flottement. Elle releva finalement la tête et constata qu’elle ne s’était malheureusement pas trompée. Heero, qui la fixait, le visage crispé par l’angoisse. Ses yeux, rendus encore plus froid par l’inquiétude, avaient aussitôt capté son regard et semblaient à présent la sonder au plus profond d’elle-même. Non pas ça. Pas Heero, c’était trop dur. La princesse qui s’était un instant figée, céda à la panique et se mit à se débattre farouchement.

-Non, laisses-moi ! cria-t-elle tout en tentant de lui échapper.

Mais le jeune homme ne se laissa pas impressionner, et par des gestes vifs, mais sans aucune violence, la bloqua contre le mur.

-Relena ! Que s’est-il passé ! fit-il d’un ton autoritaire tout en l’obligeant à le regarder.

La princesse à bout de souffle, resta un instant sans voix, complètement paralysée par les yeux du pilote, brûlant d’une colère incroyable, mais qui n’était pas dirigée contre elle, elle le savait. Heero était complètement hors de lui.

Ils restèrent quelques secondes à se fixer dans un silence de mort, seulement perturbés par leurs respirations courtes.

Il luttait, Heero luttait pour faire entendre raison à Relena, il voulait savoir pourquoi elle était si désespérée, pourquoi elle le regardait avec crainte, de quoi avait-elle donc si peur ? Le pilote, pendant un instant la sentit céder, son regard commençait à s’éclaircir, inconsciemment il baissa sa garde. Quelle ne fut pas son erreur. Aussitôt les yeux de la princesse se noircirent comme jamais auparavant et elle le repoussa avec violence. Scotché, Heero fut incapable de quelque mouvement que ce soit. Relena, ainsi libérée s’éloigna aussitôt, mais dès qu’elle fut à une distance raisonnable, elle se retourna et fit face au pilote. Elle était désolée, désolée d’avoir dû abuser de la confiance qu’il avait en elle. Une lueur de tristesse traversa son regard pour que la peur et l’incertitude reprennent aussi vite le dessus, elle se détourna alors et s’enfuit.

 

Duo, qui avait observé toute la scène s’anima soudain en voyant la princesse s’enfuir. Il tourna la tête d’un air complètement affolé, droite gauche, gauche droite. Mais pourquoi personne ne réagissait !

-Hey les mecs ! Mais réagissez bon sang ! s’exclama-t-il en s’adressant respectivement Heero et Millardo complètement amorphe.

Les concernés se regardèrent alors comme deux abrutis, mais cela ne fit pas du tout rire le natté, bien au contraire.

-Faut que je vous fasse un dessin ou quoi ! Relena vient de se faire la malle ! Elle a besoin que quelqu’un aille la chercher, l’un de vous deux, insista-t-il en voyant que cela n’avait toujours pas plus d’effet.

Heero sembla alors reprendre une teinte un peu plus vivante et fixa Millardo qui répondit à sa demande silencieuse.

-Je n’irais pas à sa rencontre. Ce que j’ai vu dans ses yeux…ne présage rien de bon, fit-il en regardant plus intensément Heero. Cependant il est inutile que j’y aille, parce qu’il est clair qu’elle ne me dira rien.

Heero fit face encore quelques secondes au comte puis se retourna finalement et prit la direction des hangars.

Duo, le regarda faire, sidéré. Mais il se ressaisit prestement et courut jusqu’à lui.

-Heero ! Non mais ça va pas !

Voyant que son injonction n’avait aucun effet, le pilote se saisit de toute son audace et se planta devant son ami.

-Hey mon pote ! C’est pas la bonne route par ici, c’est dans l’autre direction que tu dois aller ! dit-il en indiquant le couloir sur sa gauche.

Heero, qui avait jusque là gardé son regard fixe droit devant lui, planta ses yeux dans ceux du natté. Duo en eut le souffle coupé. Ce n’était pas possible, il ne pouvait pas le croire. Heero n’allait pas faire ça..

Cloué sur place, le natté ne cilla même pas lorsque le soldat au regard de glace se décala pour poursuivre son chemin. Passé le choc, un sentiment profond mêlé de colère et de peine l’envahit, il fit volte face et regarda le pilote qui s’éloignait.

-Tu es en train de faire la plus grosse erreur de ta vie ! cria-t-il soudain, les points serrés, bouillonnant de rage.

Au plus profond de lui, Duo espéra qu’à cet instant Heero allait réagir…mais il n’en fut rien, le jeune homme poursuivit sa route, comme un automate parfaitement réglé. Exactement comme ces petits robots à la démarche raide, tant et si bien que Duo fut incapable de noter l’impact de ses paroles sur son ami qui se figea néanmoins un peu plus. Heero, le visage fermé et le regard impénétrable poursuivit sa route, mais à l’intérieur il venait d’être frappé en plein cœur.

Ce n’est pas à moi que reviens cette décision…

-T’es qu’un con ! lâcha le natté d’une voix brisée avant de disparaître à la poursuite de la jeune fille.

Heero accusa le coup et la lame s’enfonça un peu plus…

 

Duo courut un moment à la recherche de la princesse, l’appelant, mais ne recevant que pour seule réponse, l’écho de sa voix. Volatilisée. Le nattée soupira, dépité, et s’arrêta à une intersection.

C’est pas vrai, c’est un véritable enfer. Mais qu’est ce qui leur prend ? Que s’est-il passé ?

Duo ferma les yeux et inspira profondément, cela ne servait à rien de se poser de telles questions, il n’en avait pas les réponses. Le jeune homme se reprit et son regard se teinta de détermination. Il fallait qu’il la retrouve, il n’y avait aucune autre alternative…Mais où chercher ? C’est alors qu’il lui sembla entendre un sanglot. Il s’immobilisa aussitôt, se demandant si ce n’était pas son imaginaire qui débordait un peu trop. Mais cette hypothèse fut vite démentie par un nouveau murmure, le natté se tourna immédiatement vers l’origine du bruit et se retrouva face à la chambre de la ministre. Il était devant la chambre de Relena ! Il avait parcouru toute la résidence et il n’avait même pas songé à sa chambre !

Maxwell t’es vraiment qu’un crétin ! se reprocha-t-il avant de se concentrer à nouveau sur ce qui l’attendait derrière la porte.

Le jeune homme pénétra précautionneusement dans la pièce, si bien que la princesse ne l’entendit pas entrer. Il l’observa un instant, assise contre son lit, les jambes relevées et la tête dissimulée dans ses bras, c’était tout juste si on la remarquait. Relena aussi avait appris ça, elle aussi savait l’attitude à adopter lorsque l’on voulait se fondre dans le décor, disparaître aux yeux de tous pour être enfin seul face à son malheur…il avait été ainsi, comme elle…mais c’était une mauvaise chose, et il ne la laisserait faire.

-C’est vrai que la vue est pas mal d’ici, mais moi, à choisir j’aurais plutôt opté pour les bras d’Heero, intervint alors une voix au ton léger.

La jeune fille sursauta et se retrouva en un instant sur ses pieds, sur la défensive. Les pilotes de gundams avaient la fâcheuse habitude de la prendre par surprise. Leurs regards se croisèrent un instant et Duo fut à son tour frappé par ce qu’il vit. Comprenant qu’on lisait en ce moment en elle comme à livre ouvert, Relena rompit immédiatement le contact et se décida à partir d’ici le plus vite possible. Mais Duo, ayant immédiatement cerné l’état dans lequel elle se trouvait, réagit plus rapidement.

-Attends ! l’appela-t-il d’une voix angoissée.

Relena se figea un instant, trop surprise qu’il ait ainsi anticipé son action.

-On passe un deal toi et moi, je ne m’approche pas d’avantage et toi tu ne disparais pas, rajouta-t-il aussitôt en la fixant avec détermination.

En d’autres circonstances, Relena aurait laissé échapper un soupir de résignation, mais elle n’en avait vraiment pas le cœur. Elle voulait juste qu’on la laisse, qu’on l’oublie un instant, que son cœur meurtris et son esprit torturé puissent enfin apaiser leurs souffrances, qu’elle puisse enfin trouver réponse à cet horrible doute qui la prenait au ventre.  Elle n’en pouvait plus, elle n’avait pas la force d’affronter encore Duo, surtout pas Duo. Mais elle avait vu son regard, elle connaissait cette lueur…si elle avait le malheur de s’enfuir, il la poursuivrait sans relâche…elle n’avait pas le choix.

La princesse releva alors les yeux vers lui.

-Ne t’approches pas…fit-elle d’une voix faible et résignée tout en se tournant de nouveau vers l’extérieur.

A son attitude, le jeune homme comprit que cette fois-ci, il ne pourrait pas l’aider. Elle n’avait même pas réagit à son intervention, pas un regard menaçant, pas une once de colère…Relena semblait complètement perdue…Bien au-delà de sa peine, c’est cette peur que Duo perçut en elle, comme si toutes ces angoisses et toutes ses chimères venaient de l’assaillir au même instant, l’ébranlant toute entière. Et il était clair qu’elle ne tenait pas à ce que d’autre partage ce combat intérieur…Tant pis, il la laisserait à sa peine, cela semblait être la seule solution. Il devait avoir confiance en elle.

-Très bien, je crois qu’il vaut mieux que je te laisse seule…

A cette annonce, la princesse se retourna spontanément, surprise. Duo la regarda et il sut qu’il avait pris la meilleure décision. Ses yeux se firent plus confiant et se teintèrent de douceur.

-Juste une chose, promets-moi que tu ne vas pas disparaître ou faire quoi que ce soit d’autre de grave.

A sa question, le natté crut voir un sourire traverser son regard.

-Ne t’en fais pas, je ne ferais rien d’autre qui puisse vous détourner de votre mission…Ne t’inquiètes pas, ça va aller…rajouta-t-elle en constatant que le regard de son ami s’était troublé à ses dernières paroles.

-Ton courage est tout à ton honneur, princesse…fit-il en s’inclinant respectueusement. Nous nous battrons corps et âme pour défendre Sank, je t’en fais la promesse.

Un sourire sincère éclaira alors faiblement le visage de la jeune fille.

-Merci Duo…

Le pilote lui rendit son geste avant de faire demi-tour et de quitter la pièce.

 

*****************************

 

Heero ne prononça plus un mot de la soirée, si ce n’est pour confirmer quelque ordre de mission ou autre réglage des armures mobiles. Le départ était fixé le lendemain à cinq heures et ils travaillèrent tous jusque tard dans la nuit. L’accrochage de la princesse avec les trois pilotes n’aurait pas dû être ébruité, mais c’était sans compter sur Noin qui remarqua immédiatement que quelque chose n’allait pas chez son homme. Cependant Millardo n’avait pas voulu lui parler, sachant que s’il l’avait fait, Lucrezia serait immédiatement allée auprès de sa sœur ce qui n’était certainement pas la meilleure chose à faire pour le moment. Inquiète, Noin alla se confier à Sally, et de fil en aiguille, la rumeur finit par s’étendre.

Tous se tournèrent alors vers Heero qui eut toute la peine du monde à leur dissimuler son trouble.

Meurtris par son affrontement avec Relena, il n’avait à cet instant envie que d’une seule chose : s’isoler. Se retrouver seul pour pouvoir mettre au clair ce qui venait de se passer. Tout était allé trop vite, tout se bousculait en lui, des sentiments, des pensées, tout s’emmêlait dans un brouilly absolument incompréhensible. Sous sa façade de marbre, Heero était sur le point d’exploser. Ce que l’on lui demandait là était au-delà de ses capacités, il ne pouvait pas. Il ne pouvait pas afficher l’attitude qu’il avait acquise aux cotés de la princesse ces dernières semaines, étrangement douce et sereine. Le pilote se renferma donc et devint aussi impénétrable que la pierre. Tous surent alors qu’il s’était produit quelque chose de grave entre lui et la princesse.

Quatre voulut aussitôt aller voir la jeune fille pour se rendre compte par lui-même de ce qui s’était réellement passé, mais Duo le pris à part et l’en dissuada.

 

Au fil des heures Relena finit par s’apaiser un peu, mais c’était plus par dépit que par une réelle amélioration de son moral. Elle avait néanmoins réussit à mettre certaines choses au clair, il lui fallait prendre du recul avant de décider comment elle allait se positionner par rapport à ce conflit, mais avant tout, il fallait qu’elle préserve Heero. En aucun cas elle ne voulait qu’il lui arrive malheur, elle préférait trop prendre au sérieux les paroles de Wufei plutôt que de les négliger. Cependant, plus le temps passait et plus un doute grandissait en elle. Et s’il ne rentrait pas ? S’il avait trop bien interprété son geste et qu’il ne voulait plus l’approcher ? Cette simple idée lui enserra le cœur, mais elle se ressaisit aussitôt, ce n’était pas le moment de se laisser aller. Après tout, c’était peut être une bonne chose, tout serait plus simple ainsi, quoiqu’il en soit, il était hors de question qu’il reste dans le salon ou dieu sait où pour prendre les quelques heures de repos qu’il lui restait avant le départ pour Sank. La princesse inspira profondément et se releva de son fauteuil, il fallait qu’elle s’assure qu’Heero revienne jusqu’à cette chambre. La jeune fille s’arrêta à la salle de bain et se passa un coup d’eau fraîche sur le visage afin de le raffermir et de faire disparaître toutes ces affreuses rougeurs causées par ses larmes. Elle s’arrangea comme elle le put et dès que l’effet lui parut à peu près correct, elle prit son courage à deux mains et sortit de l’enceinte protectrice de sa chambre. A cette heure-ci, la résidence était sombre, Relena n’alluma cependant pas la lumière et déambula dans la pénombre des couloirs, ce soir, elle trouvait la nuit étrangement rassurante. La jeune fille se dirigea d’abord vers la salle de réunion mais n’y trouva personne, elle passa alors par le salon qui n’était pas plus animé. Un peu découragée, elle décida de s’arrêter à la cuisine afin de prendre au passage de quoi satisfaire ce que son corps ne cessait de lui crier depuis déjà plusieurs heures : à manger. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle trouva Trowa et Quatre sur le plan de travail, en train de confectionner des sandwichs ! C’était bien le dernier endroit où elle s’attendait à trouver quelqu’un ! D’un seul coup son cœur s’emballa, et si Quatre arrivait à percevoir sa douleur ! Mais la jeune fille se força à rester calme, il ne pouvait pas deviner comme ça toutes les émotions des gens, cela ne lui était possible que lorsque les personnes avaient un moment de faiblesse ou qu’il rentrait en contact physique avec elles…de toute manière, s’il devait savoir quelque chose, le mal était déjà fait…Relena se donna du courage et vint à leur rencontre du plus naturellement possible. Les pilotes relevèrent la tête vers la princesse et elle eut aussitôt l’intuition qu’ils savaient quelque chose, mais décida de faire abstraction de ses doutes, ce n’était pas le moment de faire un pas de travers.

-Tu n’es pas encore couchée ? lui fit alors Quatre tout en la regardant avec une certaine appréhension.

Mais la jeune fille ne se laissa pas faire, bien décidée à n’impliquer personne d’autre dans cette histoire.

-Non, je commençais à me faire du souci en ne vous voyant pas rentrer, vous en avez pour longtemps encore ?

-Deux heures tout au plus, de toute manière, après 1h, j’ai donné l’ordre à ce que tout le monde aille prendre du repos.

La princesse sourit faiblement.

-Heureusement que tu es là. L’un de vous deux pourrait-il dire à Heero qu’il me réveille lorsqu’il sera de retour, j’aurais besoin de lui parler.

-Bien sûr, je n’oublierais pas. Tiens, fit-il alors en lui tendant un de ces sandwiches, manges, tu en as besoin.

Relena se crispa soudain, si Quatre venait à la toucher, il risquait de tout découvrir. Mais d’un autre coté, si elle refusait, la signification était tout aussi claire…ils soupçonnaient quelque chose, elle en aurait mis sa main à couper…En l’espace d’une seconde sa décision fut prise, elle tendit sa main et se saisit de son repas d’un geste trop vif pour que Quatre puisse la toucher.

-Bien, je vais vous laisser, dit-elle un peu confuse. Bon courage et merci pour le sandwiche ! les salua-t-elles avant de disparaître aussitôt de la cuisine.

Les deux pilotes se regardèrent alors et attendirent que le son de ses pas ait disparu avant de prendre la parole.

-Elle m’inquiète…tu as vu la façon dont elle a évité mon contact ?

-Moi je l’ai trouvé plutôt sûre d’elle. Quatre, elle n’a peut être tout simplement pas envie que tu perçoives ses pensées, et je trouve ça plutôt légitime.

-Tu sais très bien qu’il m’est impossible de lire comme ça dans le cœur des gens, seulement là, elle semblait avoir tellement peur que je puisse le faire qu’elle a préféré éviter tout risque…dit-il avec tristesse.

Trowa s’arrêta alors et fixa son ami.

-Quoi qui ait pu se passer tout à l’heure, je trouve qu’elle a plutôt bien assimilé, ce qui signifie que ce n’était certainement pas aussi grave. Quatre, fit-il en voyant que son argumentation n’avait pas l’air de le convaincre davantage, ne t’en fais pas, il ne peut rien lui arriver ici.

Le petit blond se ressaisit au ton du jeune homme, il se redressa et lui adressa un faible sourire.

-Tu as probablement raison, je dois encore trop m’inquiéter.

Trowa répondit imperceptiblement à son geste puis se saisit du plateau.

-Allons-y, nous avons un message à transmettre à Heero.

 

Relena veilla encore un moment, mais gagnée par la fatigue, elle finit par s’assoupir dans le fauteuil. A une heure du matin, le pilote pénétra dans la chambre, son attention fut aussitôt attirée par la faible lumière de la lampe de chevet mais personne ne se trouvait dans le lit. Il vit alors un peu plus loin, dans la pénombre, le corps recroquevillé de la princesse. Relena avait dû vouloir l’attendre mais elle n’avait pas résisté à la fatigue, le jeune homme s’approcha en silence et contempla la princesse endormie. Mais l’espoir qui était né en lui lorsque Trowa était venu lui annoncer la demande de Relena s’envola aussitôt…elle avait l’air si tourmenté, même le sommeil ne semblait pas avoir apaisé le mal qu’il avait vu en elle, cette douleur qui semblait avoir saisit son cœur…ce qui l’inquiétait, c’est qu’elle n’avait pas voulu lui en parler, mais ça allait même plus loin que ça, elle semblait ne plus vouloir qu’il s’approche d’elle…une seule question le hantait à présent : Pourquoi ?

La princesse tressaillit alors et souffla quelque chose d’incompréhensible. Heero fut soudain prit de l’irrésistible envie de la serrer dans ses bras et de la réconforter, mais il se retint d’essayer car il savait que cela pouvait ne faire qu’empirer la situation. Aussi blessée que Relena avait été, il avait également vu en elle sa détermination et il ne savait que trop bien qu’agir ainsi ne ferait certainement qu’empirer les choses entre eux…de plus l’essentiel était que la princesse reste en sécurité, ce que Duo lui avait confirmé. C’était le plus important…il n’avait plus qu’une seule chose à faire : prendre sur lui.

Cependant il ne pouvait pas la laisser dormir dans cette position inconfortable, surtout qu’elle n’était pas encore rétablie. Il hésita un instant entre la porter jusqu’au lit ou la réveiller, mais il opta finalement pour la deuxième solution, plus correcte vis à vis de la situation.

Le pilote allait lui effleurer le visage, mais il se ravisa et la saisit par l’épaule sans même la secouer, il la savait tellement tendue qu’elle se réveillerait au moindre contact.

-Relena, réveilles-toi, l’appela-t-il tout de même pour ne pas trop la surprendre.

La jeune fille sursauta aussitôt qu’elle sentit quelqu’un la toucher et ouvrit grand les yeux, sur le qui-vive, elle s’apaisa néanmoins en reconnaissant la voix qui venait de prononcer son nom.

-Heero…murmura-t-elle dans un léger moment de flottement qui suivit son brusque réveil.

Mais la princesse se ressaisit immédiatement et afficha un air détaché qui dissimulait difficilement sa peine sous-jacente.

-Je t’attendais. Je te laisse le lit, tu n’as que peu de temps de repos, lui dit-elle sur un ton sec qui la faisait souffrir davantage à chaque syllabe.

Mais il fallait qu’elle reste forte.

Heero la fixa un instant, le ton qu’elle avait employé l’avait frappé au plus profond de lui-même, mais il ne devait rien lui laisser transparaître et il trouva, comme seule parade à cela, la colère.

-Hors de question ! Tu es encore convalescente, et je ne te laisserais pas dans ce fauteuil, où tu partages ce lit avec moi, ou je sors de cette chambre !

Relena sursauta à ces paroles et une fraction de secondes laissa transparaître à jour la souffrance que ses mots lui affligeaient. Cette fois il était bien en colère contre elle, et il ne lui facilitait vraiment pas la tâche. Heero regretta aussitôt le ton acide qu’il venait d’employer, mais quel idiot il faisait ! Comme si agir de la sorte allait apaiser leurs peines inavouées, car son attitude ne faisait que confirmer ce qu’il avait déjà vu en elle; Elle aussi souffrait de cette situation.

-Très bien, parvint-elle à dire aussitôt qu’elle eut repris son contrôle.

La jeune fille se leva alors et d’une démarche aussi souple que son état de tension le permettait, elle se dirigea jusqu’au lit.

Heero se changea puis vint se glisser sous les draps. Il avait toute la place qu’il pouvait désirer, Relena s’était recroquevillée à l’autre extrémité du grand lit…son cœur se serra inévitablement en pensant aux dernières nuits qu’ils avaient passées ensemble…avant c’était plutôt le matelas et les couvertures qui avaient toute

 la place…Le jeune homme avait beau essayer de comprendre, il n’arrivait à tirer qu’une seule chose de tout ça : de la souffrance.

 

Et il éteignit la lumière.

 

*****************************

 

La nuit fut très courte. Heero se leva comme il s’était couché : Les yeux grand ouvert. Sans en éprouver la moindre gêne, il se déplaça dans la pénombre, rassemblant ses affaires, puis se dirigea vers la salle de bain. Le pilote repassa par la chambre et sortit sans détourner un instant son regard vers la jeune fille, il savait très bien qu’elle non plus n’avait pas fermé l’œil.

Ils se retrouvèrent à sept dans la cuisine à avaler un petit déjeuner sommaire, seuls Raschid et Quatre étaient absent, occupés à préparer le départ de l’unité Maganac. Pas un mot ne fut prononcé, mais à voir la mine d’Heero, tous surent que le problème ne semblait pas s’être résolu durant leur intermède, ajouté à cela, le stress du combat à venir les gagnait peu à peu. Car même s’ils étaient avant tout des soldats, leurs vies étaient définitivement différentes de celle qu’ils avaient eut deux ans auparavant, et même s’ils étaient restés fidèles à leurs engagements, partir au combat impliquait incontestablement plus de risques, car à présent, leurs vies étaient liées à d’autres.

 

Un quart d’heure après, ils étaient tous aux hangars, les Gundams furent les derniers appareils à êtres mis en soute. Ils étaient parés au départ. Tous les hommes se réunirent alors une dernière fois autour de leur chef.

-Bien, tout le monde sait exactement ce qu’il a à faire ?

Une approbation silencieuse confirma sa demande. Le visage du prince du désert se fit alors plus doux.

-Mes amis soyez prudent, et n’oubliez pas, nous nous battons pour préserver, pas pour tuer. Je ne veux déplorer la perte d’aucun d’entre vous.

-Vous en faites pas maître Quatre, on en a vu d’autres !

-Ouais, nous sommes le peuple nomade du désert, ont est des coriaces !

Le jeune chef sourit à l’emportement de ses hommes, ils étaient inestimables à ses yeux.

-Tient, voilà la dernière personne qui manquait encore à l’appel ! fit alors Azim en indiquant d’un signe de menton une jeune fille, enveloppé dans un châle, qui venait à leur rencontre.

Quatre se tourna aussitôt vers ses hommes.

-Allez-y, nous vous suivons.

-Amusez-vous bien les gars ! les salua Azim alors qu’ils se dirigeaient vers les transporteurs.

-C’est bien à toi de dire ça ! répliqua alors un des soldats. Pourquoi c’est pas moi qui suis resté avec la minette ?  fit-il avec une moue faussement triste.

Le Maganac resté au sol fit un dernier signe à son unité puis se tourna vers la princesse en approche.

 

Relena n’avait pas pu les laisser partir sans leur avoir dit au revoir, elle n’en pouvait plus de rester sourde aux appels de son cœur. Une dernière fois, elle décida d’écouter ses émotions. Même si à cet instant, elle était certainement bien plus vulnérable qu’hier, et prête à céder à sa peine. Ces quelques heures avec Heero l’avaient bien plus éprouvée qu’elle ne l’aurait cru, cela avait été un véritable supplice. Le sentir proche, percevoir son trouble tout en sachant qu’il lui était interdit de s’approcher de lui…elle était au bout du rouleau, et bien qu’elle essaya du mieux qu’elle put de dissimuler sa faiblesse, elle n’échappa à personne.

La princesse s’arrêta à distance raisonnable des dix membres qui comptait pour la plupart d’entre eux parmi les gens qui avaient le plus d’importance à ses yeux.

-Je vous en prie, faites attention…n’oubliez pas de préserver votre vie…dit-elle d’une voix qui se brisa à ses dernières paroles.

Relena se maudit aussitôt de ne pas réussir à mieux se contrôler, elle baissa la tête, tentant ainsi de dissimuler les émotions qui prenaient peu à peu le dessus. Tous l’observèrent, silencieux, touchés par sa sincérité. La jeune fille cependant, ne perçut pas leur silence de la même manière, au bord des larmes elle était sur le point de s’enfuir lorsqu’elle sentit l’un d’entre eux s’approcher d’elle. Relena releva la tête et ses yeux inondés de tristesse rencontrèrent le regard chaleureux du natté. Elle gratifia Duo d’un faible sourire, soulagée que ce ne soit pas quelqu’un d’autre qui l’ait surprise à sa peine. Le jeune homme lui sourit à son tour et se rapprocha davantage pour la serrer avec précaution dans ses bras. Un instant surprise par son attention, Relena répondit à son étreinte et s’offrit le luxe de s’abandonner quelques secondes dans ses bras.

-Ne t’en fais pas, ça va aller, lui murmura-t-il en la sentant enfin accepter le soutient qu’il lui offrait. Tout finira par s’arranger, j’en suis persuadé. J’ai toute confiance en toi princesse, je sais que quoi que tu fasses, c’est pour le bien de ceux que tu aimes, pour son bien, fit-il alors qu’ils desserraient leur étreinte.

Ils restèrent encore quelques secondes à se fixer, jusqu’à ce qu’un sourire prenne vie sur le visage de la jeune fille. Les paroles de Duo lui avaient fait tant de bien, cela était tellement rassurant de pouvoir sentir son regard rempli d’affection sans craindre une quelconque obligation de se justifier.

-Merci Duo, fit-elle simplement. Sois prudent…

-T’en fais par pour ça Lena, lui dit-il dans un sourire tout en s’écartant d’elle.

Le regard de la princesse, un peu revigoré, tomba alors sur Quatre. Il n’osait pas venir à sa rencontre, son geste, hier soir n’avait pas dû lui échapper. Elle s’avança alors dans sa direction, elle prenait peut être un risque mais elle ne pouvait pas le laisser partir sans lui avoir souhaité bonne chance. La jeune fille étreignit son ami avec tendresse puis fit ses adieux aux autres personnes…jusqu’à ce qu’elle se retrouve face à Heero. Le pilote la fixait avec dureté, parfaitement immobile. Face à son regard, Relena n’eut pas la force de jouer la comédie. C’était tellement douloureux pour elle de le voir avec cette expression de marbre, même si c’était peut être là le seul moyen de lui sauver la vie…ces maudites armures mobiles.

-Surtout fais attention à toi…restes en vie, fit-elle d’un air désolé.

Elle était tellement désolée de ne pas avoir sut le protéger, d’avoir négligé la guerre et au final d’avoir dû blesser ce cœur qu’il avait eu le courage de lui ouvrit…elle était vraiment pitoyable.

La jeune fille cilla et sursauta en se rendant compte qu’elle était plantée devant Heero à se morfondre comme une idiote. Son cœur s’emballa alors et son regard se teinta de crainte, qu’est ce qu’elle était en train de faire ! Paniquée, Relena fit volte face.

 

Tout se passa alors très vite, Heero réagit en une fraction de seconde, la saisissant par le poignet, il l’attira vers lui et avec un geste aussi délicat que la vitesse de son action le permettait, l’embrassa. Relena resta un instant le souffle coupé par la stupéfaction, les yeux agrandis de surprise. Elle sentit soudain à travers la main qui enserrait son poignet, le cœur du pilote qui battait à toute vitesse. Pourquoi fallait-il qu’il tienne tant à elle ? Elle n’en pouvait plus de le faire souffrir ainsi.

Vaincue, elle n’hésita pas une seconde de plus et se laissa allez à son étreinte. Heero la relâcha alors et éleva ses deux mains qui emprisonnèrent dans un geste tendre le visage de la princesse. Leur baiser se fit plus passionné et Relena glissa doucement sa main contre la nuque du jeune homme.

Les autres les fixèrent, stupéfait. La réaction d’Heero les avait tous surprit, lui qui d’habitude était un garçon si discret et maître de lui-même ! Il leur prouvait, une fois de plus, à quel point il tenait à Relena. Duo fut le premier à afficher un large sourire, il était temps que son ami se décide à prendre les choses en main ! Les autres suivirent le mouvement, tous content de voir que cet accrochage entre eux deux était terminé…tous, sauf Wufei dont le regard semblait se noircir davantage au fil des secondes, ce qui n’échappa pas à Trowa.

Le chinois n’en revenait pas ! Relena semblait avoir tenu toute une nuit et voilà qu’elle venait de tout foutre en l’air en cinq minutes ! Avait-il eu trop d’estime pour elle ? Mais bon sang, il fallait qu’elle se remue ! Heero n’était pas du tout prêt à aller se battre, il était complètement ailleurs ! Elle tenait vraiment à ce qu’il meurt !

 

Le couple se sépara alors, Heero plongea aussitôt son regard dans celui de la princesse et ses yeux confirmèrent ce qu’il avait ressentit dans ses gestes : Elle ne voulait pas s’éloigner de lui. Mais quelque chose l’obligeait à agir de la sorte…quelque chose ou quelqu’un…soudain il la sentit se tendre, le temps qu’il pose son regard sur le reste de son visage et il n’avait plus la même personne en face de lui.

Par-dessus l’épaule d’Heero, elle venait de rencontrer le regard de Wufei, le regard noir et menaçant du pilote. Mais qu’est ce qu’elle venait de faire ! Comment avait-elle pu se laisser aller aux bras d’Heero ! Etait-elle inconsciente ? ! Elle ne pouvait pas faire ça, c’était trop dangereux !

Le jeune homme un instant surpris, se ressaisit et enserra un peu plus fermement le visage de la princesse.

-Relena, qu’est ce qu’il y a ? Que se passe-t-il ? Quelqu’un t’as-t-il menacé ? De quoi as-tu peur ? termina-t-il d’une voix déterminée, néanmoins teintée d’une vive angoisse.

La princesse cilla et reconcentra toute son attention sur le pilote, elle parut un instant hésiter, mais son regard redevint de nouveau impénétrable.

 

Et à la surprise générale, d’un geste vif elle se défit de son étreinte et recula aussitôt, prenant soin de se mettre hors de son atteinte.

-Arrêtes ! le stoppa-t-elle alors qu’il tentait de la retenir. C’est terminé, c’est fini entre nous ! cria-t-elle un peu plus fort, puisant dans tout le courage qu’il lui restait.

Heero resta un instant atonique, incapable de réagir à l’affreuse douleur qui venait de s’emparer de lui. Complètement désemparé face à ce qui était en train de se passer, il fit un pas vers elle, vers la seule personne en qui il avait toujours crû. Relena, qui avait les yeux rivés au sol par le poids de son chagrin, se redressa alors.

-Je ne veux plus te voir ! lança-t-elle alors dans un ultime effort, laissant la stupéfaction se lire sur le visage de la plupart des personnes en présence.

La peine qu’Heero ressentit à cet instant fut indescriptible, le regard du pilote se brisa alors dans une atroce douleur, et elle aperçut la profondeur de son atteinte. Elle avait frappé ce cœur qu’elle s’était toujours promis de préserver…Mais la blessure du jeune homme ne fut pas longtemps laissée à nu, en l’espace d’une seconde Relena le vit se redresser, son visage s’effaça alors de toute expression, et son regard se fit de métal, au reflet meurtrier à faire pâlir les plus téméraires.

Le pilote baissa un instant ses yeux de glace sur la frêle jeune fille qui se trouvait face à lui, son regard la frappa de plein fouet. Il se détourna alors et se dirigea vers les transporteurs, les yeux fixes droit devant lui comme si plus rien ni personne n’existait.

Le regard de Relena se brouilla de désespoir, elle s’en voulait tellement, elle avait eu la faiblesse de laisser apparaître sa souffrance l’espace d’un instant et elle en avait payé le prix fort…elle avait était exécrable, elle se répugnait d’avoir fait une telle chose…Wufei avait raison, elle ne le méritait pas, elle n’aurait jamais dû se laisser aller à leur histoire, être jusqu’au bout restée sourde à la réalité du monde pour préserver un amour impossible…un amour qui aurait causée la perte de celui à qui elle tenait tant…car la réalité était bien là, quelques soient les illusions derrière lesquelles elle avait pu se dissimuler, et Wufei n’avait pas manqué de venir les lui rappeler…La guerre n’autorisait aucune défaillance, le Système Zéro encore moins…

C’est alors que Relena sentit les yeux des autres posés sur elle. Elle tourna son attention vers le groupe et les regards qu’ils lui adressèrent finirent de l’achever…tant de peines, de doutes, de mépris ? Un grand vide s’empara soudain d’elle et elle perçut alors à quel point elle se retrouvait seule…C’était bien là tout ce qu’elle méritait.

La jeune fille leur fit cependant face, jusqu’à ce qu’ils disparaissent en silence, avalés par ses monstres d’acier de transporteurs.

 

Relena, vidée de toute volonté et accablée par la peine, ne bougea même pas lorsque les appareils disparurent dans le ciel. Plus rien n’avait d’importance. C’est tout juste si elle haussa un sourcil, lorsque Azim, jusque là resté légèrement en retrait, se planta devant elle. Voyant que ses appels ne provoquaient aucune réaction, l’homme se pencha vers elle, lui saisissant doucement le visage entre ses mains. La jeune fille cilla et le regarda, complètement vide. Mais Azim ne se laissa pas démonter, il la fixa d’un regard emplit de compassion.

-Ne jouez pas à ça avec moi Princesse, lui dit-il avec douceur, je sais très bien que vous n’avez jamais été aussi triste qu’à cet instant. Vous êtes quelqu’un de sensible, c’est une qualité tellement rare de nos jours qu’il faut absolument que vous la préserviez. N’ayez pas peur, personne n’en saura rien, je vous le promets.

Relena le fixa et d’un seul coup son regard, un instant avant impénétrable, se remplit de larmes lourdes de peines.

Azim la prit dans ses bras et elle ne chercha plus à se retenir. « Heero… » parvint-il à entendre entre les soubresauts de ses sanglots.

 

*****************************

 

Les sept transporteurs atterrirent à une cinquantaine de kilomètres de la capitale, sur un ancien terrain militaire de l’Alliance que les Résistants utilisaient à présent comme base de repli, une centaine d’Hommes se trouvaient sur place, ajoutés aux deux cents autres qui avaient établi un périmètre de sécurité autour de la capitale. Mais leurs moyens étaient presque réduits à néant et c’est avec un nouvel d’espoir que l’arrivée des transporteurs fut accueillie. Un grand homme brun et une jeune femme d’une vingtaine d’années vinrent à leur rencontres.

-Melle Pô ! Soyez les bienvenus ! Cela va remonter le moral des troupes d’avoir de tels alliés ! s’exclama le jeune homme avant de saluer plus personnellement les deux ex-membres d’Oz. Lieutenants, c’est un honneur pour moi que de me battre de nouveau à vos côtés, fit-il en s’inclinant respectueusement.

Un sourire éclaira alors le visage du prince et il vint poser une main amicale sur son ancien soldat.

-Maizer [4], tout le plaisir est pour moi. Je suis heureux de voir que vous avez su vous battre pour vos convictions.

Le bras droit de Lady Une se redressa alors et le regarda avec franchise.

-Je n’ai fais que suivre votre exemple.

Le regard de Millardo se troubla un instant, mais il se contenta de lui répondre d’un hochement de tête. Il détourna alors son regard et tomba sur la jeune fille. Elle lui rappelait quelqu’un, mais il n’arrivait pas à mettre de nom sur sa personne. C’est alors qu’il remarqua la façon dont Heero la regardait, il y avait au moins une chose positive à cela, ça prouvait qu’il commençait à se reprendre un peu….

Elle avait grandi, elle s’était embellie, mais ses yeux n’avaient pas changé, c’était bien elle…

-Sylvia Noventa…fit-il alors sans détacher son regard du sien.

Tous, sauf Trowa et Quatre sursautèrent à ce nom, cela signifiait-il que cette jeune femme appartenait à la famille du Maréchal Noventa, l’homme de l’Alliance qui avait prôné la paix deux ans auparavant et qu’Heero avait tué ?

Elle s’approcha alors davantage et un sourire prit forme sur son visage de porcelaine.

-Heero Yuy, je suis contente de voir que tu ne m’as pas oublié.

Voyant le trouble dans lequel elle venait de plonger le pilote et les autres protagonistes, la jeune fille jugea nécessaire d’éclaircir leurs doutes.

-Je suis Sylvia, la petite fille du Maréchal Noventa, et amie de Relena Peacecraft. Nous nous sommes rencontrées durant la Grande Guerre, après la mort de mon grand-père [5]. Je n’ai pas le pouvoir de régner sur les peuples, ni celui de me battre avec des armes, mais les militaires de l’Alliance qui croyaient dans la volonté pacifiste de mon grand-père me sont restés fidèles. Cinq cent d’entre eux sont à présent sur les terres de Sank, sous le commandement d’Iria.

Ils restèrent un instant muet de stupéfactions face à la jeune fille, jusqu’à ce que Quatre s’approche d’elle. Il la connaissait très bien pour avoir discuté avec elle de longues soirées en compagnie d’Iria et Relena. Sylvia vivait avec sa grand-mère, juste à la frontière Est de Sank, dans la région que l’on appelait encore aujourd’hui Friuli. Et aussitôt après la prise d’otage à St Gabriel, elle était venue soutenir Relena. Une réelle complicité s’était crée entre elles pendant la Grande Guerre, elles s’étaient mutuellement soutenues et avaient ensemble réussi à surmonter la perte d’un être aimé et bien au-delà de ça, elles s’étaient données une nouvelle raison de se battre : Pour instaurer cette paix pour laquelle leurs parents étaient morts. Il savait que Silvia s’en était toujours voulu de ne pas avoir pu aider davantage Relena durant la Grande Guerre et il était clair qu’à présent elle se battrait corps et âme pour sauver Sank.

Le petit blond lui prit alors tendrement ses mains et les serra dans les siennes.

-Relena serait fière de toi, mais elle te dirait également que la guerre t’as déjà suffisamment fait souffrir…

La jeune fille le regarda avec affection, sans pour autant que sa détermination ne s’amenuise.

-Quatre, Relena a su apaiser ma souffrance et me montrer à quel point une volonté de vengeance ne menait à rien, à quel point les choix que l’on faisait parfois étaient à l’opposé de ce que l’on souhaitait réellement…fit-elle en se tournant vers Heero…la paix nécessite qu’on la défende et je suis prête à me battre aux côtés de tous ceux qui m’ont accordés leur confiance, pour honorer ceux qui se sont battus pour l’instaurer et pour que plus personne n’ait pour seul horizon mort et destruction…

Le jeune homme retira alors ses mains des siennes et lui adressa un sourire respectueux.

-Dans ce cas là. Je suis heureux de te compter parmi-nous.

-Non Quatre, c’est à moi de vous remercier pour tout ce que vous avez fait.

Sylvia parcourut alors du regard les autres personnes en présence.

-Pardonnez-moi si tout ça est un peu rapide, mais Iria vous attend au palais, elle m’a envoyé vous chercher, vous et votre matériel.

 

Deux heures plus tard, le précieux chargement gagnait les sous-terrains de Sank, rejoignant l’artillerie déjà présente. Iria, Dorothy et Allan virent alors à leur rencontre. Mais la princesse à cet instant n’avait d’yeux que pour une seule personne. Quatre totalement immobile, observait la jeune fille aux longs cheveux châtains qui avançait vers lui, une bouffée de chaleur le submergea soudain et son cœur s’emballa. Il était enfin de retour auprès d’Iria, elle lui avait tant manqué !

Ils s’arrêtèrent à quelques pas l’un de l’autre, totalement plongés dans leurs regards dans lesquels brillaient tellement d’émotions.

-Tu vois, j’ai tenu ma promesse, dit-il d’un air hébété qui en amusa plus d’un, depuis quand le prince du désert perdait-il ainsi ses moyens ?

Quatre se rendit alors compte de la dérision de ses propos, qu’est ce qui lui avait prit de dire ça, comme ça, devant tout le monde !

Iria afficha alors un doux sourire, ce si joli sourire dont elle seule avait le secret !

-Je n’ai jamais douté de ta parole Quatre.

La princesse releva alors la tête et salua les autres personnes, mettant au passage un nom sur chaque nouveau visage, sur ces hommes vertueux dont elle avait tant de fois entendue parler. Son regard tomba alors sur Millardo et elle se raidit soudain, comment l’héritier déchu de Sank allait-il réagir face à celle qui venait de prendre son trône ?

-Millardo Peacecraft, j’ai quelque chose pour vous.

Le comte se permis alors de plonger ses yeux dans ceux de la nouvelle dirigeante de son pays. Iria accepta son inquisition et soutint son regard, elle fut alors frappée par la lueur qui brillait dans ces joyaux bleus, c’était comme si à cet instant elle avait Relena en face d’elle, c’était incroyable.

Le pilote sourit alors imperceptiblement et s’inclina.

-Je suis à votre service Princesse, mais je vous en prie, appelez-moi Millardo.

Iria lui sourit et hocha respectueusement la tête.

-Seulement si vous m’appelez Iria. Suivez-moi Millardo fit-t-elle alors, indiquant au passage aux autres qu’ils étaient également invités à venir.

Quatre fit signe à l’unité Maganac de les attendre et il emboîta le pas au petit groupe.

Ils déambulèrent quelques minutes dans les sous terrains jusqu’à ce que la princesse s’arrête devant une immense porte. Elle inséra une carte, puis tapa un code. La gigantesque porte s’ébranla alors, révélant une pièce au contenu inédit. Se dressaient face à eux, le Talgeese III, entouré de cinq Taurus blanc.

-Oui, fit Iria devant leur air dubitatif, c’est à Sank qu’ont été dissimulées les seules armures mobiles qui ont échappé à la destruction. Le Talgeese, que les préventers ont tenus à conserver, et les Taurus…sont à l’instigation de Relena.

-Comment…Relena a…voulu garder des armures mobiles…bafouilla Duo sous l’effet de la surprise.

-Ca va plus loin que ça…murmura alors Trowa sans quitter les appareils des yeux.

-Ces Taurus ne sont pas ordinaires.

-Oui Heero, ils ne sont pas ordinaires…ce sont des gundams, dit-elle tristement. Cinq gundams pour cinq pilotes…Relena n’aurait certainement jamais voulu que quiconque en prenne connaissance, vous encore moins…Mais quelques mois après la tentative de coup d’état de Dekim Barton, gagnée par le doute et l’incertitude sur cette paix qui tremblait chaque jour davantage, elle a prit contact avec le docteur J et lui a demandé son aide. Comme le professeur ne pouvait pas se déplacer, il a envoyé Howard, qui, avec l’aide de Maizer, a transformé ces armures mobiles.

-J’en reviens pas ! s’exclama alors le natté qui fut le premier à trouver les mots.

Iria se tourna alors face à ses invités, elle vit bien dans leurs yeux, au-delà de la surprise, de la tristesse et peut être même de la déception…mais cela semblait déjà trop profond pour n’être dû qu’à la simple présentation des armures…Une question survint soudain dans son esprit : ce serait-il passé quelque chose à Al-jirma ? Cela confirmerait par de la même l’impression de froide qu’Heero lui avait donné, il ne semblait pas très bien…Mais avant tout, elle avait confiance en son amie, et elle ne les laisserait pas douter ainsi de ses choix.

-En toute humilité, fit-elle alors en fixant le pilote à la longue tresse puis en relevant son regard vers les autres, lorsque l’on a la vie de tout un peuple entre les mains, croyez-moi, on est prêt à faire des concessions avec ses idéaux.

 

Le petit groupe s’en retourna alors. Sylvia prit en charge l’installation de l’unité Maganac à l’abbaye de Maria Anna, située au-dessus des sous terrains à mi-chemin entre St Gabriel et la résidence Royale, ils allaient assurer la garde des armures mobiles, soulageant ainsi Maizer et Sylvia qui en avaient jusqu’ici la seule responsabilité.

Le comité quitta alors les souterrains pour rejoindre la résidence royale, Iria les conduisit d’un pas assuré à travers les méandres des sous-sols, à nouveau, elle entra un code et s’identifia. Le mur, apparemment uniforme, révéla alors un ascenseur qui les conduisit à la surface, les menant à une pièce sombre et humide qui devait être une cave. Dave n’avait pas encore trouvé l’interrupteur lorsque Lucrezia sentit que Millardo n’allait pas bien, la façon qu’il avait eue de l’effleurer venait de mettre son instinct en alerte. Aussitôt que la lumière lui révéla son visage, elle n’eut plus aucun doute. Le jeune homme se tenait raide comme un pic, les pupilles révulsées et le regard qui semblait trembler davantage à mesure que les pulsations de son cœur se faisaient plus violentes. Jamais elle n’avait vu une telle détresse en lui et elle ne put s’empêcher d’éprouver un profond sentiment de peur, Millardo semblait tellement inébranlable…Comprenant qu’il lui serait impossible de s’en sortir seul, Noin laissa les autres aller de l’avant puis lui prit doucement la main sans cesser de le regarder.

-Viens, lui fit-elle faiblement.

Cette voix, tellement tendre et rassurante…malgré cette douleur qui venait de le saisir, le comte n’hésita pas et se laissa conduire.

Ils passèrent encore quelques portes et remontèrent finalement à la surface. Maizer fut le premier à soulever la trappe, il vérifia qu’il n’y avait rien de suspect, puis fit signe aux autres.

-Mais ce sont…

-Les écuries, oui, fit Iria en se tournant vers Quatre. Depuis qu’elles ont été vidées, plus personne n’y vient. C’était la sortie la plus sûre pour quitter la base souterraine. La jeune fille lui sourit alors malicieusement. Mais ce palais est incroyablement bien pensé. Il existe des passages sûrs pour arriver dans l’enceinte même du château. Suivez-moi.

Lucrezia allait leur emboîter le pas lorsqu’elle fut retenue dans son élan. Millardo s’était figé. Cet endroit, c’était impossible, tout avait brûlé, il n’y avait plus rien ! Et pourtant c’était comme s’il n’avait jamais disparut, comme si c’était hier…Sa main serra alors beaucoup plus fort celle de Noin, sa gorge se noua et ses lèvres se mirent à trembler…non, il ne voulait pas, pas ce moment là, plus jamais ! Sans même s’en rendre compte, il se mit à reculer, refusant tous les souvenirs que ce lieux ravivait, à chaque seconde, de plus en plus clairs. Lucrezia, voyant que le compte s’affolait davantage de secondes en secondes, loin de le libérer, s’accrocha à son bras et le ramena vers elle d’un geste vif.

-Millardo ! cria-t-elle soudain, les faisant tous se retourner au quart de tour.

Le prince, se sentant retenu réagit violemment et tenta d’échapper à son emprise. Mais Noin, aiguisée par des années de vie militaire, esquissa ses coups désordonnés et l’immobilisa en un instant. Le comte se débattit, mais le peu d’esprit lucide qu’il lui restait eu tôt fait de lui faire réaliser que c’était un combat perdu d’avance.

-Millardo…je t’en prie, regardes-moi, l’appela alors une voix qui sonnait si bien en lui.

Elle le vit alors baisser les yeux vers les siens et son regard si perdu sembla trouver un instant un point d’ancrage.

-Lu…Lucrezia parvint-il à articuler.

-Je suis là…lui murmura-t-elle en retour.

Noin se retourna alors vers les autres et son regard, un instant auparavant rempli de douceur, se teinta d’une détermination impénétrable.

-Allez-y, leur dit-elle alors avec autorité.

Ils restèrent un instant sans réagir, encore stupéfait de voir Millardo sous ce jour. C’est la princesse fut la première à prendre conscience de la situation.

-C’est par ici, fit-elle alors en prenant la direction indiquée d’un pas sûr.

Sans se poser davantage de questions, ils firent volte face et suivirent spontanément la jeune fille, comprenant qu’à cet instant, leur place n’était pas ici.

Et au moment même où ils disparaissaient, le prince s’effondra, se laissant glisser le long du mur pour atterrir sur la paille.

-Millardo !

Noin s’abaissa aussitôt à sa hauteur et emprisonna son visage entre ses mains, le forçant ainsi à ne pas s’enfermer.

-Je suis là, ça va aller, fit-elle tout en essayant de capter son regard fuyant. Calmes-toi…il ne va rien se passer…

Et peu à peu, le comte s’apaisa à ses paroles. Ses yeux affolés cessèrent alors de regarder en tout sens pour se plonger dans ceux de la jeune femme.

-Chérie…souffla-t-il d’une voix tremblante qui serra un peu plus le cœur de Lucrezia.

Elle se força cependant à ne pas se laisser gagner par ses craintes et tout en effleurant tendrement ses longues mèches dorées, posa la question la plus difficile qu’il lui fut :

-Millardo, que s’est-il passé ?

Le regard du pilote se troubla soudain, mais à son plus grand soulagement, il n’eut aucune réaction vive. Noin n’avait aucune envie de se battre avec lui, mais elle l’aurait fait si cela s’était révélé nécessaire car il ne fallait pas qu’il garde ça pour lui, il ne fallait plus. Cela l’avait rongé pendant des années, le condamnant à vivre dissimulé sous un masque, sous le nom de Zechs Merquise… Mais tout ça c’était terminé, et il ne lui restait plus qu’une seule bataille à mener pour mettre définitivement fin à ce combat qui n’avait duré que depuis trop longtemps.

Le prince resta un instant silencieux, son regard inondé de peine semblant puiser en elle la force nécessaire pour exorciser ce qu’il avait gardé en lui depuis quinze longues années, depuis ce soir d’octobre…

-Nous venions de finir de dîner avec mère et Relena…commença-t-il, la voix faible et hésitante.

Mais la douceur et la patience de Noin le firent peu à peu trouver le chemin pour mettre des mots sur ce qui était resté gravé dans sa mémoire, quoi qu’il puisse faire, comme si c’était hier…

 

Dès qu’il eut finit de manger, Millardo se précipita dans sa chambre pour rassembler ses affaires, car ce soir, son père venait les chercher pour prendre quelques jours de vacances avec sa famille, près du Lac de Garde. Le petit prince rassemblait les jouets de sa sœur lorsqu’un claquement sec se fit entendre, faisant, une fraction de secondes plus tard, s’ébranler les murs du château dans un grondement sinistre. L’enfant se figea, un instant trop surpris pour oser bouger. Des centaines de questions virent soudain se bousculer dans son esprit : Qu’est ce qu’il venait de se passer ? Qu’était cet affreux bruit qui venait de faire trembler le palais ? Et pour la première fois de sa vie, Millardo sentit la peur le traverser de part en part. D’un seul coup il eut un éclair de lucidité : Sa mère et sa sœur.

Il bondit aussitôt hors de sa chambre et se précipita vers le petit salon. Soudain il se heurta à quelque chose et tomba à la renverse, il n’eut pas le temps de réaliser ce qui venait de se passer qu’une main le saisit et le releva.

-Venez Millardo, fit alors Pagan en se saisissant du jeune enfant.

Et alors que les missiles semblaient se faire de plus en plus menaçants, ils arrivèrent sur le parvis des jardins royaux.

-Papa ! cria alors le jeune garçon en se précipitant vers le roi.

Millardo se jeta sur son père et agrippa ses petites mains autour de sa taille, il était terrorisé.

-Papa qu’est ce qui se passe ? Pourquoi il y a toutes ces explosions ?

Le grand homme à la longue chevelure d’or passa alors une main protectrice sur la tête du jeune prince et s’abaissa à sa hauteur.

-Mon fils, fit alors la voix douce et grave du monarque, écoutes-moi bien. L’armée de l’Alliance attaque notre pays.

Le petit prince fronça alors les sourcils, son père lui avait déjà parlé de l’Alliance, le royaume était sous leur protection.

-Mais papa ! Pourquoi ils nous attaquent ! Ce sont nos alliés ! Ils ne sont pas amis avec nous ?! protesta-t-il

Le roi le regarda avec affection et lui sourit tendrement.

-Malheureusement, le cœur des Hommes est aisément corruptible…Mais toi tu n’es pas comme…

Soudain un sifflement puissant retentit et un missile toucha l’aile sud du palais dans une gigantesque explosion. Le ciel s’illumina de rouge sang et le sol se mit à trembler sous leur pied. La reine retint un cri et serra la jeune enfant apeurée qui s’était mise à pleurer dans ses bras. Millardo regarda complètement affolé autour de lui, mais la poigne de son père ramena son attention.

-Tu n’es pas comme eux mon fils. Ne laisses jamais la haine envahir ton cœur.

La lueur qu’il vit dans les yeux de son père le saisit soudain au ventre, tellement de tristesses dissimulées derrière une volonté désespérée…

Le monarque sourit une dernière fois à son fils puis se releva.

-Papa ! Qu’est ce que tu fais ! cria-t-il soudain d’une voix brisée d’angoisse qui supplanta le rugissement de la destruction qui s’opérait.

Le cœur du roi pacifiste se serra à l’appel de son fils, mais néanmoins il ne se retourna pas.

-Millardo, prends soin de ta mère et de ta sœur, fit-il alors d’un air détaché tout en se dirigeant vers la reine.

Le jeune prince allait s’élancer à sa poursuite mais la main de Pagan emprisonna son épaule. L’enfant releva alors des yeux remplis de colère et de larmes sur celui qui le retenait, mais le regard que le majordome lui adressa le saisit. Pagan hocha alors négativement la tête avant de regarder le roi et la reine s’enlacer une dernière fois. Millardo, incapable de quelque réaction que ce soit, suivit le mouvement et se tourna vers ses parents.

Il ne comprenait rien à ce qui se passait, tout s’embrouillait dans son esprit dominé par la peur. Les flammes, le bruit, les larmes…ça ne pouvait pas être réel, ce n’était qu’un mauvais rêve, il ne pouvait pas croire ce qu’il voyait dans leurs regards.

La dernière vision qu’il eut de son père, ce fut lorsqu’il embrassa tendrement le front de sa jeune sœur avant de la reposer dans les bras de sa femme, il murmura alors quelque chose qu’il lui fut impossible d’entendre à sa mère qui l’enlaça une dernière fois. Ils se regardèrent encore un instant, incapables de briser ce lien puissant qui les unissaient. Finalement la reine hocha la tête, et son père fit volte face, prenant la direction du palais, pour ne plus jamais se retourner.

 

Son dévoué majordome et ex-agent des services de renseignements allait lui emboîter le pas lorsque celui-ci intervint.

-Non Pagan, fit-il en s’arrêtant. Mon ami, je vous en prie, prenez soins de ma famille.

-Je vous en donne ma parole, Théodien, promit-il en lui adressant un triste sourire qu’il ne vit jamais.

Le roi hocha alors la tête et disparut dans l’enceinte du château en flamme au moment même où des transporteurs survolaient le palais, libérant de leurs soutes des dizaines d’armures mobiles qui atterrirent lourdement au sol.

Pagan n’attendit pas une seconde de plus.

-Aux écuries ! ordonna-t-il en saisissant la main du jeune prince tétanisé.

Mais il était déjà trop tard, les détecteurs de chaleur des robots mobiles les avaient repérés et les soldats à terre envahissaient à présent les jardins royaux à leur poursuite.

Pagan, qui courait juste derrière la reine, fit alors volte face et dégaina son arme tout en libérant le prince.

-Millardo ! Avec votre mère ! commanda-t-il avec une telle autorité que l’enfant obtempéra aussitôt.

Et alors que le petit blond s’enfuyait vers les fourrés, les premiers tirs entre l’ex-agent et les soldats retentirent. La peur lui donnant des ailes, le prince rejoignit bientôt sa mère.

Ils coururent encore quelques minutes qui parurent s’allonger jusqu’à l’éternité avant d’apercevoir enfin les grandes portes des écuries royales. Ils quittèrent alors la protection des bosquets et se précipitèrent vers le bâtiment. 

La reine referma d’un geste ample les portes coulissantes avant de verrouiller l’entrée. Les deux êtres essoufflés mirent quelques secondes avant de reprendre leurs esprits. Soudain, le silence des lieux les frappa. La reine, qui était resté face à la porte se retourna alors et constata que tous les chevaux étaient pourtant là. Ils étaient figés dans l’attente. Millardo regarda autour de lui, stupéfait et apeuré. Il ne les avait jamais vus comme ça, c’était comme s’ils n’étaient plus vivant, comme s’ils comprenaient trop bien ce qui se passait à l’extérieur…

Des cris au dehors le sortirent soudain de sa réflexion, les soldats semblaient les avoirs retrouvés. La reine sera un peu plus fort sa petite fille qui avait cessé de pleurer. Elle regarda un instant autour d’elle, semblant chercher une issue. Son regard se troubla alors l’espace d’une seconde puis elle abaissa ses yeux d’une douceur inaltérable sur son fils.

-Millardo mon chéri, vient ici.

Le jeune prince accourut aussitôt, alors qu’elle s’abaissait à sa hauteur.

-Millardo, tu te souviens du passage ?

A cette question, les yeux du petit garçon s’assombrirent et ses petits poings se serrèrent.

-Mon ange, c’est important, s’il te plait, réponds-moi, insista la reine en le regardant avec toute sa tendresse, sans jamais laisser transparaître sa peur.

Millardo céda finalement et confirma silencieusement.

-C’est très bien mon chéri, lui dit-elle en lui souriant faiblement.

-Je veux pas ! explosa soudain le jeune prince. Je sais pourquoi papa est parti ! fit-il en regardant sa mère avec colère. Toi aussi tu veux mourir ! T’as pas le droit ! lança-t-il un peu plus fort.

La reine ne dit rien, se contentant de le regarder avec compassion. Face à ses yeux, la colère s’effaça de son être, laissant à nu cette peur terrible, mêlée à une peine indéfinissable.

-Maman…souffla-t-il d’une voix tremblante, je veux pas que tu meurs…fit-il alors, les larmes coulant bientôt sans retenues le long de son visage vibrant d’innocence.

La reine vaincue par sa sincérité, laissa à son tour transparaître sa douleur. Elle caressa alors tendrement la joue inondée de son fils.

-Ecoutes, les soldats savent que nous sommes rentrés ici. Ils ignorent que Relena est avec moi, et avec un peu de chance ils ne t’on peut être pas repéré toi non plus. Millardo, je ne peux pas partir avec toi parce qu’ils doivent trouver quelqu’un ici.

 

La belle femme aux longs cheveux châtains posa alors sa fille au sol, maintenant son équilibre encore précaire dans l’étreinte de ses bras.

-Ma…man ? bafouilla alors la jeune princesse en relevant ses grands yeux bleus mouillés de larmes sur sa mère.

-Ma chérie, tu vas aller avec ton frère. Tu vas être très sage et faire tout ce qu’il te dira, d’accord ? lui dit-elle avec sa douceur naturelle.

Un adorable sourire prit alors forme sur son visage, elle adorait lorsque sa mère la regardait comme ça, elle était rassurée.

-Vi maman, répondit-elle avec répartie.

La reine laissa à son tour échapper un sourire, le cœur serré.

-A présent sois une grande fille et ne pleures plus, fit-elle en essuyant ses yeux rouges.

La princesse se retourna alors et se précipita vers son frère.

-Mi’do ! s’exclama-t-elle alors qu’elle était réceptionnée par les bras du jeune garçon.

Millardo serra sa sœur contre lui et fixa sa mère, d’un regard indéfinissable.

-Je vous aime très fort, fit alors la reine en étreignant une dernière fois ces enfants. Millardo, il te faudra trouver les Darlian, ils sauront vous aider. Sois très prudent mon chéri et je t’en prie, n’oublie pas ce que ton père t’as dit. Quoiqu’il arrive, l’essentiel c’est que vous vous en sortiez toi et ta sœur.

-Promis maman. Moi aussi je t’aime.

La reine le relâcha alors et vit le regard courageux de son fils.

-Ton père serait très fier de toi. A présent il faut y aller fit-elle en se relevant.

La reine se dirigea vers le box face à elle, dans le fond de l’écurie. Féanor, le grand cheval blanc du roi, les observait depuis qu’ils étaient entrés, immobile. La reine flatta l’encolure de l’animal et déverrouilla la porte de son box, faisant rentrer ses enfants.

-Prends bien soins d’eux, lui murmura-t-elle alors.

Soudain la grande porte s’ébranla, les soldats tentaient de l’ouvrir.

-Dépêches-toi Millardo, ordonna alors la reine qui n’adressa pas un regard à ses enfants. Elle referma le box et se dirigea vers l’entrée avec une détermination incroyable. Elle ne laisserait personne toucher à ses enfants.

Relena aussitôt que son frère l’eut libéré se précipita vers l’étalon.

-‘anor ! s’exclama-t-elle en s’agrippant à l’un des membres antérieurs de l’animal.

Tout à coup le prince se retourna et la saisit par les épaules, la faisant sursauter de peur.

-Relena, écoutes-moi, tu ne dois plus faire de bruit, plus le moindre bruit quoiqu’il arrive, même si tu as très peur, c’est entendu ? fit-il en la fixant avec insistance.

La princesse regarda un instant son frère et hocha la tête en signe de réponse. Millardo ne put s’empêcher d’être attendri par l’attitude de sa sœur. Leur mère avait raison, il fallait qu’ils s’en sortent, il fallait qu’il le fasse, au moins pour Relena.

-C’est très bien, dit-il en lui caressant affectueusement les cheveux. A présent, restes avec Féanor jusqu’à ce que je viennes te chercher.

L’enfant se dirigea alors vers un coin du box et dégagea la paille, découvrant une dalle de béton, il enleva les joints qui protégeaient la trappe et glissa ses petits doigts dans la fente. Il sentit alors sous ses phalanges, l’écran tactile et entra le code qu’il avait si souvent répété.

Et au moment même où la dalle se soulevait, une explosion ébranla le bâtiment. Relena ferma les yeux et s’agrippa un peu plus fort à Féanor, terrorisée. L’étalon baissa un instant la tête vers la jeune princesse, mais resta parfaitement immobile, fixant avec insistance les étrangers qui venaient d’entrer.

Millardo, aidé par le vent de panique qui avait gagné les autres chevaux, rejoignit sa sœur sous couvert de l’agitation générale.

Relena, en le sentant approcher releva la tête qu’elle avait logée contre l’animal, révélant ses yeux remplis de larmes de terreur. Le jeune prince lui adressa un pâle sourire et la prit dans ses bras. Il s’apprêtait à partir lorsqu’il aperçut à travers les fentes de la porte en bois, sa mère qui faisait face aux hommes qui venaient de faire exploser la porte. Complètement hypnotisé, il se figea.

 

Les soldats qui tenaient sa mère en joue s’écartèrent alors pour laisser passer leur chef, un homme de petite taille, corpulent, qui aurait pu apparaître sympathique si son regard ne brûlait pas de cette expression de cruauté folle.

-Nous avons eu le roi, et voilà maintenant la reine qui s’offre à nous ! s’exclama le général. Mais dites-moi, je crois qu’il me manque encore deux têtes pour que mon tableau de chasse soit au complet.

La reine, totalement immobile, se contentait de fixer le militaire, son regard bleu ne retranscrivant pas la moindre émotion. Elle était impériale, comme elle l’avait toujours été, sans aucune prétention, mais sa présence respirait la prestance.

Il ne fallut pas longtemps au général pour être agacé par la présence écrasante de cette femme. D’un seul coup, par un geste vif il saisit la mâchoire fine de la reine entre ses mains, se rapprochant davantage.

-Allons Elisabeth, ce serait vraiment dommage de devoir abîmer un si joli visage, nous qui sommes amis depuis si longtemps lui souffla-t-il en descendant sa main le long de son corps qu’il caressa avec indécence.

Millardo se crispa en voyant cet homme répugnant poser les mains sur sa mère et bientôt une sensation nouvelle grandit en lui, quelque chose de plus fort que la colère, au-delà de tout ce qu’il avait connu auparavant. La haine, une rage profonde qui le remplissait d’une chaleur digne des enfers et qui faisait vibrer son cœur dans sa poitrine.

-Vos paroles sont du venin, fit alors la reine dont les yeux semblaient s’être assombris, comme cela a toujours été le cas. Vous êtes un être abject, reprit-elle, et quoi que vous puissiez faire, ce royaume ne sera jamais votre, car tout comme vous ne pourrez jamais obtenir la moindre coopération de ma part, le peuple de Sank restera à jamais fidèle à ses principes ! cria-t-elle soudain.

L’espace d’une fraction de seconde, le temps sembla se suspendre, jusqu’à ce qu’un gémissement de douleur retentisse, la reine tombant à genoux.

D’un geste sec, le général retira la lame de son poignard, et la reine laissa échapper un cri avant de plaquer contre son abdomen sa main qui s’immacula bientôt de sang. Un râle profond s’éleva de la femme à terre et sa respiration se fit rapidement saccadée, l’oxygène commençait déjà à lui manquer.

Le jeune prince resta un instant paralysé, incapable de défaire son regard de sa mère. Comment pouvait-on faire preuve d’une telle cruauté ?  C’était inhumain d’affliger une telle souffrance ! Des larmes silencieuses inondèrent bientôt son visage, jamais auparavant il n’avait ressentit pareille douleur. Sa mère ne méritait pas ça, il ne pouvait pas le croire. Il ne pouvait pas croire que l’Homme puisse se montrer ainsi fourbe et sadique…et où était son père ? Où était le roi pacifiste qui lui avait toujours appris à croire en l’humanité ? Que dirait-il face à ça ! songea-t-il alors en sentant cette colère noire grandir en lui. Il lui en voulait, il était tellement triste et furieux, tellement désespéré…

Le général s’abaissa alors jusqu’à l’oreille de la reine suffocante.

-Allons Elisabeth, dites-moi juste où se trouve le prince et j’abrégerais vos souffrances, lui susurra-t-il.

Mais l’homme eut pour seule réponse un silence lourd de signification, juste perturbé par la respiration bruyante et saccadée de sa victime qui perdait à chaque seconde un peu plus de vie.

-Dans ce cas là je ne peux plus rien faire pour vous, votre majesté, fit-il en se relevant avec dédain.

Sans accorder aucune considération à la reine, il se retourna et prit son talki.

-Baker, alors où sont les gamins ?

-Impossible à dire général Daigo Onégel [6], les détecteurs de chaleur ne peuvent rien repérer avec tous ces chevaux. Ca brouille tout le système.

Le militaire, que la colère gagnait peu à peu, se tourna aussitôt vers ses soldats.

-Et bien alors ! Qu’est ce que vous attendez ! Fouillez-moi ces écuries !

Les hommes commencèrent à se mettre en mouvement lorsqu’ils se rendirent compte que certains d’entre eux ne bougeaient pas. Le regard totalement happé par l’image de la reine qui mourrait sous leurs yeux dans la douleur et l’indifférence la plus totale, dispersant peu à peu sur le sol son liquide carmin. Ils étaient figés par une telle horreur.

-Mais bordel ! Qu’est ce qui m’a foutu des traînes couillons pareils ! explosa soudain leur chef complètement hors de lui. Bougez-vous où je vous réserve le même sort !

Les hommes, pour la plupart, de jeunes recrues des unités d’élite, apeurés par l’horreur qui se déroulait sous leurs yeux, ne se posèrent pas davantage de questions et obéirent pour le salut de leurs vies.

-Vous appartenez à l’armée de l’Alliance. Votre devoir est de servir ses intérêts. Et je vous préviens que si vous désobéissez à mes ordres, ce n’est pas à la cour martiale que vous aurez à faire, mais à moi ! Ceux qui ne sont pas avec l’Alliance doivent être éliminés, et si vous n’êtes pas en accord avec ces principes, vous n’avez plus qu’à serrer les fesses, fermer les yeux, et espérer que je ne vous surprenne plus jamais à votre faiblesse !

Et alors qu’il terminait son monologue, dans l’inconsidération générale, la reine poussa un dernier soupir et s’effondra dans son sang.

-Tient, fit alors Onégel en la retournant d’un coup de pied, on dirait que la famille Peacecraft est sur la voie de l’extinction !

Incités par le rire mauvais qui venait de s’emparer de leur supérieur, les hommes se mirent à chercher plus frénétiquement, ce qui attisa davantage le vent de panique qui avait gagné les chevaux, hystériques.

 

Millardo, complètement sous état de choc, se ressaisit soudain en sentant sa sœur s’agiter dans ses bras. La jeune princesse se redressa alors et plongea ses yeux azur dans ceux de son frère, interrogatrice. Elle vit alors que son attention était fixée sur quelque chose de précis et s’apprêtait à tourner la tête pour satisfaire sa curiosité lorsque la main de son frère se plaqua contre son petit visage. Il ne fallait pas qu’elle voit ça. Millardo adressa un dernier regard à ce Onégel et grava ce nom dans sa mémoire, promettant avec une rage qui brûlait son cœur, de tuer de ses propres mains cet homme qui avait massacré sa famille. Il le payerait.

Le prince vit alors les soldats s’approcher et n’attendit plus un instant. Il hissa sa sœur sur ses pieds et la prit par la main. Les deux enfants passèrent sous le ventre de Féanor et se glissèrent dans la trappe. Mais Relena peinait à trouver prise sur l’échelle et le temps que Millardo assure ses appuis en la protégeant de son corps, les soldats arrivèrent vers le box du cheval du roi. L’étalon recula alors et le prince sut que s’en était fini pour eux. Mais à sa surprise, il vit soudain l’animal rouer son encolure et se redresser de toute sa hauteur. Féanor se cabra et abattit sa mâchoire grande ouverte sur l’un des hommes qu’il saisit par l’épaule et envoya heurter violemment le mur sur le coté.

Le soldat retomba, mort. Les autres s’écartèrent aussitôt, saisit par la peur, l’étalon blanc retomba alors à terre et boxa violemment la porte en bois de son box qui s’ébranlait à chaque fois davantage sous l’assaut de ses sabots. Les hommes n’attendirent pas une seconde de plus et disparurent aussi vite que leurs jambes le leur permettaient. Daigo Onégel, complètement dépassé par ce qui se déroulait, ne se résolut cependant pas à perdre le contrôle de la situation.

-Brûlez tout ! ordonna-t-il alors qu’il reculait à mesure que ses soldats quittaient le bâtiment.

Dès que l’armée de l’Alliance eut refermé les portes des grandes écuries, Féanor cessa de s’agiter et tous les autres chevaux s’immobilisèrent, le silence retomba dans les écuries, un silence de mort…[7]

 

Même si au début Millardo n’avait pas su quoi dire, aussitôt qu’il eut trouvé le chemin des mots, il lui fut tout simplement impossible de stopper le flot de paroles qui déferlèrent de son être, et Noin attendit patiemment qu’il se soit libéré avant d’intervenir.

-…Nous avons couru un moment dans les sous-terrains, mais tout s’embrouillait dans mon esprit, j’étais complètement perdu, je ne savais plus quelle direction emprunter, je ne savais plus rien…Et puis Relena s’épuisait, alors nous nous sommes arrêtés dans un coin et nous nous sommes endormis dans les bras l’un de l’autre…jusqu’à ce que Pagan nous retrouve.

Et pour la première fois depuis vingt minutes, le comte fit silence. Il n’en pouvait plus, il était épuisé, le récit l’avait éprouvé, bien plus qu’il ne l’aurait crû…comme quoi il n’arrivait toujours pas aller au-delà…Mais comment l’aurait-il put ? Le prince ferma alors les yeux et inspira profondément, imposant à son cœur emballé de s’apaiser.

Noin sourit faiblement en le voyant ainsi agir, cela lui avait fait du bien.

Elle libéra alors ses mains et éleva l’une des siennes pour essuyer les dernières larmes qui courraient encore sur ses joues. Le prince rouvrit aussitôt des yeux surpris. Il avait pleuré ? Il ne s’en était même pas aperçut…mais toutes ces questions se dissipèrent aussitôt qu’il rencontra le regard de la jeune femme qui était restée à ses côtés.

-Lucrezia…murmura-t-il.

Noin, lui sourit faiblement et caressa tendrement sa joue, il commençait à revenir à lui. C’était terminé. Car aussi vrai que cela s’était révélé éprouvant pour Millardo, il en avait été tout autant pour Noin. Le voir autant souffrir, aussi vulnérable…aussi sincère, l’avait bouleversée. A cet instant, des milliers de questions trouvaient enfin réponse en elle. Tous ces silences, ces états de mélancolie qu’elle lui avait si souvent trouvé pendant toutes ces années, ils trouvaient ici leurs justifications.

-C’est terminé, lui dit-elle en le regardant avec douceur. Tu es quelqu’un d’extraordinaire Millardo et tes parents peuvent êtres fier de toi. Avoir su encore aimer et préserver après…ça, fit-elle, incapable de trouver un mot pour qualifier son récit, c’est faire preuve d’une grande force…et d’un cœur immense.

Le comte resta un instant sans réagir, touché par la sincérité qui émanait de ses paroles. Son regard se troubla néanmoins, il n’avait pas une aussi bonne estime de lui…non il ne méritait pas tant d’éloges, il s’était engagé dans l’armée et avait tué bien des Hommes…il avait désobéit à son père car la haine et la vengeance s’étaient belles et bien emparées de lui, l’ayant consumé doucement pendant des années…et même s’il était parvenu peu à peu à apaiser les blessures de son cœur, il lui restait l’amertume, cette profonde déception qui ne le quitterait probablement jamais tout à fait.

Mais le prince se ressaisit en voyant le visage de Noin se voiler d’inquiétude à son attitude. Millardo quitta alors ses sombres idées pour se concentrer sur celle qui avait tant d’importance pour lui.

-Lucrezia, je suis désolé. J’aurais dû t’en parler avant…je n’avais pas le droit de te cacher ça, je n’avais plus le droit, plus maintenant…fit-il en baissant un instant son regard teinté de peine.

Noin le fixa, muette, totalement prise de court. Elle le vit alors, dans un élan de courage se redresser et plonger ses yeux cistes dans les siens.

-Je comprendrais si tu avais besoin de temps, si tu…si tu voulais t’éloigner de moi, continua-t-il en s’efforçant de garder une voix égale…je ne mérite pas l’amour que tu me portes.

Pendant une seconde, aucun des deux ne bougea, se faisant face l’un et l’autre. Millardo commençait à trop bien interpréter le silence de Noin lorsque subitement elle se redressa et emprisonna son visage entre ses mains. L’expression de son regard, un instant obscurcie par la surprise, se mit alors à vibrer d’émotions.

-Millardo, je t’aime et rien ne pourra jamais aller contre ça. J’ai foi en toi, comme je l’ai toujours eu, et si tu ne m’en as pas parlé auparavant, c’est tout simplement parce que cela t’était impossible…je suis très touchée par la confiance que tu m’as accordé aujourd’hui, cela demande un grand courage.

La jeune femme fit alors silence et observa le prince qui n’eut aucune réaction. Son cœur se serra soudain et un affreux doute s’empara d’elle.

-Bien sûr, si tu veux rester seul…si tu veux que je te laisse…fit-elle, tout à coup mal à l’aise.

Millardo, qui était resté sous le choc des paroles précédentes, se réveilla soudain en se rendant compte de ce que Lucrezia était en train de s’imaginer. Complètement dépassé par cet afflux d’émotions, il lui fut impossible de garder un esprit lucide, il fit alors la première chose qui lui vint en tête.

Le prince se redressa et éleva ses deux mains pour saisir celles de Noin. La jeune femme, complètement interdite, se laissa simplement conduire. Le comte l’attira alors vers elle et l’embrassa avec une infime douceur. Lucrezia tressaillit à son contact et son corps tout entier frissonna. Jamais auparavant il ne l’avait embrassé ainsi.

-Lucrezia, je ne veux pas que tu partes, fit-il alors en brisant leur lien volatil. Je serais fou de souhaiter une chose pareille car si je suis aujourd’hui un homme aussi heureux c’est grâce à toi. Tu m’as été d’un tel soutient pendant toutes ces années, si tu savais…murmura-t-il, le souvenir troublant un instant son expression.

Mais aussitôt l’expression du pilote se fit plus intense, et il resserra doucement les mains de la jeune femme.

-Je t’aime. Je t’aime et je promets de te protéger, car à présent c’est à moi de veiller sur toi. Personne ne fera plus jamais de mal à ma famille.

 

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[1] : Cette phrase, je la reprends de « Blind Target », c’est ce que Heero dit de Relena à Quatre ( vous suivez ^^ ) et il n’a pas oublié.

[2] : C’est dans Endless Waltz, Wufei qui a rejoint les rangs ennemis affronte Heero. Il lui dit alors qu’il ne croit pas en Relena et en sa politique, que le prix pour gagner cette paix absolue est bien trop fort pour lui.

[3] : Et bien, ça, c’est juste après son affrontement avec Heero. Touché par le dévouement d’Heero pour sa cause ( on se demande qui lui a mit ces idées dans la tête ^^ ), il comprend que son combat est vain et se joint aux pacifistes. Bon, j’ai beaucoup simplifié l’histoire parce que ce passage est beaucoup plus profond que ça. Cet affrontement entre ces deux pilotes, c’est tout simplement une merveille ^^

[4] : Maizer, c’est le chef mécanicien qui a reconstruit le Wing Zéro au pôle Sud. C’est un homme jeune, mais très talentueux, c’est ce qui lui a permis d’accéder à un si haut poste au sein des Préventers.

[5] : Sylvia, vous vous souvenez, c’est la jeune fille que Heero va voir après s’être remis de ces blessures, au début de la série.

[6] : Daigo Onégel, c’est le général brigadier ( allez savoir quel grade ça doit encore être ça ^^ ), qui, à l’époque de la Grande Guerre dirige le siège de l’Alliance à Luxembourg. Zechs, après avoir anéantit le centre nerveux de l’Alliance, va tuer Onégel. Mais avant de mourir, Millardo va prendre soin de lui rappeler ce qu’il a fait au royaume de Sank, 13 ans plus tôt, le général va alors se rendre compte de la véritable identité de celui qui se trouve en face de lui, mais il sera déjà trop tard pour lui.

[7] : C’est ainsi que ce comportent les chevaux face à la mort. Ils l’attendent. Nombre de fait rapportent des écuries qui ont prit feu et où les chevaux sont tous mort. Même si ils peuvent sortir, il ne le feront pas.

 

Note de l’auteur : Voilà ! Fini…30 pages, c’est la cata, sont de plus en plus long ! Bon, siouplez, me taper pas, sinon, je pourrais plus écrire et je serais très malheureuse ^^ Je sais, je suis (un peu ) noire dans ce chapitre mais je vous avais prévenu ! Bin, hésitez pas à me dire ce que vous en pensez et à faire des tas de suppositions pour la suite…je suis sûre que vous ne trouverez jamais ce que j’ai derrière la tête, hé hé ! ! ! 

 

Temps écoulé durant ce chapitre : 3 jours…je sais, ça fait un peu long trente pages pour trois jours, mais y avait plein de choses à raconter ^^

 

Chapitre commencé le 08/12/2003, terminé le 15/01/04

 



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