Disclaimer : Les personnages et l’univers de Gundam Wing ne m’appartiennent pas, en revanche les persos que j’ai créé et l’histoire sont ma propriété exclusive.
Le dernier Samouraï.
Après deux heures de lutte, la
bataille était terminée et les quarante trois résistants avaient mis à bas près
de trois cents armures ennemies, et ce, presque sans aucune perte. Presque.
Heero descendit de son appareil le
visage grave et le regard dur, dur pour lui-même. Il ne voulait voir personne,
partir, loin d’ici, loin de cette guerre dont il ne voulait plus. Il avait été
pitoyable et il ne voulait pas du soutient de ses amis. Il ne le méritait pas.
Mais c’était sans compter sur
Quatre qui vint aussitôt à sa rencontre, ignorant celles et ceux qui les
entouraient. Heero avait mal, il le savait, il le sentait.
-Heero, tu as fait ce qu’il y avait
de mieux.
Le pilote, dont le visage était
dissimulé, releva sensiblement la tête et jeta un regard de travers à son
interlocuteur. Il plaisantait !
Mais le petit blond ne se laissa
pas impressionner et tint l’affront, implacable.
-Tu n’as rien à te reprocher, continua-t-il, son regard se faisant plus déterminé à mesure que les yeux du 01 s’assombrissaient.
Iria se crispa au face à face des
deux pilotes, chacun ivres de colère. Une colère sourde, mais tellement
profonde, tellement douloureuse. Elle faisait l’effet d’une véritable décharge
électrique entre eux et elle aurait juré qu’ils étaient près à se sauter à la
gorge.
Mais toute cette agressivité qui
émanait de leurs êtres n’avait rien de personnel, Duo le savait et il vint
poser une main rassurante contre l’épaule tendue de la jeune princesse.
Le pilote le fixait, menaçant, mais
sans rien dire. A quoi cela aurait-il bien pu servir ? Tout le monde
savait déjà ce qu’il s’était passé et leur opinion était toute faite.
Face au manque de réactivité de son
ami Quatre se fit plus audacieux, et le temps d’un soupir, il rejoignit
l’espace qui le séparait d’Heero pour le saisir par les épaules, n’ayant cesse
de le fixer, son regard emplis d’émotions.
-Heero, je t’en prie, dis-moi
quelque chose, le supplia-t-il à voix basse.
-Laisses-moi, rétorqua-t-il,
monocorde, ses yeux toujours fermés à Quatre. Ce regard vide qui cachait tant
d’abîmes…
Le jeune chef insista encore un
instant, espérant le faire changer d’avis. Mais il ne fallait pas rêver, et
dans un soupir il le libéra.
-Très bien, fit-il résigné.
Heero sans se préoccuper davantage
des autres, fit volte face en direction de l’extérieur.
-Attends, où vas-tu ?
intervint alors Iria, ignorant le geste dissuasif de Duo.
Le jeune homme s’arrêta un instant,
sans se retourner.
-Ne t’inquiètes pas, je serais là
lorsqu’il le faudra.
Et il disparut.
-Ce n’est pas ce qui
m’importe…murmura-t-elle alors tristement.
Quatre, resta un instant fixé sur
le jeune pilote qui s’en allait. Il ne pouvait pas retenir Heero, et la seule
personne qui en avait jusqu’ici eu la capacité n’était pas des leurs. Le petit
blond poussa un soupir avant de se tourner vers les autres. Aussitôt il
rencontra le regard d’Iria et son visage se détendit dans un faible sourire.
Elle allait bien, et c’était déjà une bonne chose.
*****************************
Azim avait fini par gagner et dès
que la bataille avait prit fin, il l’avait conduite à la cuisine. Il faut dire
que ses arguments l’avaient convaincue. Le Maganac s’inquiétait pour elle et il
ne pouvait pas mentir éternellement à Quatre. C’est la raison pour laquelle il
lui avait posé un ultimatum, où elle acceptait de manger et de se reposer, où
il se trouverait obligé d’en parler aux autres. Et elle avait cédé, pour ses
amis…et pour Heero…Heero ? Avait-il seulement encore envie de la
voir ? Non, certainement plus et il avait raison, sur toute la ligne. Et
il ne fallait pas qu’il ait la moindre raison de penser à elle, c’était bien le
but de toute cette supercherie, non ?
La jeune princesse soupira avant de
prendre une nouvelle bouchée sous l’œil prévenant d’Azim. Même s’il l’avait
agacée au premier abord, elle appréciait à présent sa proximité. Heureusement
qu’il était là. C’était le seul point d’ancrage qu’il lui restait depuis que
cette maison s’était vidée…depuis qu’elle avait rejeté Heero…
A cette pensé, l’ex-ministre n’eut
pas la force et rabaissa sa fourchette, au bord des larmes.
Azim la regarda avec compassion
avant de lui effleurer la joue d’un revers de main. La jeune fille sursauta un
instant puis apprécia son toucher avant de relever la tête.
-Allons Princesse, cessez de vous
faire autant de mal.
-Ne m’appelez pas comme ça…fit-elle
d’une toute petite voix chevrotante.
-Peux m’importe votre titre ou
votre rang déchu, pour moi vous resterez toujours une Princesse, répliqua-t-il
doucement.
Un faible sourire prit forme alors
que les larmes s’écoulaient sur son visage tiré.
-Azim, s’il vous plait, ne dites
rien, murmura-t-elle, désespéré.
Le jeune homme au teint halé la
fixa, partagé entre parler à Quatre de l’état inquiétant de la jeune fille,
sachant qu’il aurait certainement plus de chance que lui pour l’aider, et ne
rien dire. Ne rien dire pour ne pas leur rajouter de nouvelles préoccupations,
mais surtout parce qu’au-delà de la douleur de la princesse, il percevait à
quel point cela était important pour elle. Oui elle était désespérée. Et prête
à aller jusqu’au bout. C’était important pour elle, et il respectait trop
Relena pour aller contre sa volonté…il n’avait plus qu’à faire son possible
pour limiter les dégâts…
-C’est entendu Relena, lui
promit-il alors dans un sourire encourageant.
*****************************
La nuit venait de tomber lorsque
Quatre et Iria purent enfin se retrouver seuls. Le combat avait prit fin en
début d’après midi, et entre l’interrogation des prisonniers, la réparation des
machines et la mise en place d’une nouvelle stratégie défensive, ils n’avaient
pas eu une minute à eux. D’autant plus que les propos du lieutenant que Quatre
avait mis à bas n’avaient rien de rassurant. Il avait confirmé ce qu’ils
soupçonnaient déjà : les Opposants et les épyons terros n’étaient qu’une
seule et même hydre. L’issue de cette guerre était donc toute acquise…Seuls les
Résistants se mettaient en travers de leurs dominations avec pour bastion, le
royaume de Sank. Il ne faisait plus aucun doute qu’aussitôt qu’ils leurs
seraient possibles, ils allaient lancer une attaque massive sur le pays.
Et c’est plongé dans leurs sombres
réflexions que les deux jeunes quittèrent le palais pour le parc.
Ils n’avaient parlé à personne de
leur relation, ce n’était vraiment pas le moment, mais cela rendait leur
situation d’autant plus difficile. Et Quatre n’en pouvait plus d’avoir dû se
contenter d’observer l’anxiété de la princesse grandir au fil des heures. Et
dès qu’il furent protégés par la grande allée de peuplier, le jeune homme qui
se trouvait légèrement en retrait, se rapprocha et enserra la taille de la
princesse. Iria s’immobilisa, sentant ses mains glisser contre son corps et son
souffle tiède effleurer son cou. Elle posa doucement ses mains contre ses bras
croisés sur son ventre et se laissa tomber contre lui, acceptant, pour la
première fois de la journée de baisser sa garde. Quatre resserra son emprise et
vint poser sa tête contre son épaule. Ils restèrent ainsi quelques minutes,
leurs respirations se faisant plus lente et profonde à mesure que la pression
qui les accablait s’atténuait.
-Quatre, je m’inquiète pour Heero,
que lui est-il arrivé ? fit-elle alors en rouvrant les yeux.
Le pilote fit de même tout en se
redressant.
-Ils se sont séparés.
-Comment ! s’exclama la
princesse en reprenant aussitôt appuis sur ses pieds.
Quatre la libéra alors pour se
mettre à sa hauteur, gardant néanmoins un bras autour de sa taille. Le regard
qu’il lui adressa fut plus explicite qu’aucun mot.
-Mais pourquoi…elle l’aimait
tellement, comment as-t-elle pu faire une chose pareille ?
bafouilla-t-elle, sans voix face à cette nouvelle.
-Je l’ignore, avoua-t-il.
-C’est arrivé quand ?
-Il y a deux jours, juste avant
notre départ.
-Ils ne méritaient pas ça…fit-elle
alors d’une voix brisée, pas eux.
-Je sais Iria, je sais…
La jeune fille se tourna face à
Quatre, ses yeux vert brillants d’émotions et de certitude.
-Il y a dû se passer quelque chose
de grave pour qu’elle fasse une telle chose. Ca m’inquiète…la pauvre, je
n’imagine même pas dans quel état elle doit se trouver…Et qui sait pourquoi
elle a fait ça…qui sait ce qu’elle à l’intention de faire…murmura-t-elle d’une
voix qui vacilla dans l’angoisse. Elle serait prête à tout sacrifier pour lui,
fit-elle alors en relevant son regard sur le jeune homme. Heero représente
tellement pour elle, il représente tous ses efforts de paix. Je le sais. Même
si elle ne m’en a jamais parlé, même si elle a toujours gardé ça pour elle. Il
a bouleversé sa vie, il l’a transcendé. Je ne peux pas croire qu’elle ait fait
une telle chose… Elle aurait tout donné pour le sortir de sa vie de
pilote…alors pourquoi ?
-Après l’annonce de l’ultimatum,
Heero a changé d’attitude à son égard, il s’est renfermé et elle en a été
inquiétée. C’est la dernière fois que j’ai vraiment pu la voir, après elle ne
m’a plus laissé l’approcher, elle craignait que je puisse percevoir la
véritable raison de sa douleur…
-Et Heero…où as-t-il bien pu
aller ? Mon dieu, pourquoi
doivent-ils ainsi souffrir, ce n’est pas juste…souffla la princesse en
détournant un instant la tête, essayant de ne pas accabler davantage Quatre par
son inquiétude.
Mais le petit blond n’était pas du
même avis. Voyant la peine qui s’insinuait dans le cœur de la jeune fille, il
se plaça devant elle, cherchant son regard. Iria releva alors la tête et fut
happée. Ces yeux…Tellement doux, tellement profond…tellement sincère. La
tristesse dans l’expression du pilote s’effaça au profit d’un faible sourire et
il leva doucement la main pour chasser les quelques mèches bouclées qui
s’échappaient de sa coiffure avant de l’effleurer tendrement, s’appliquant à
parcourir du bout des doigts le moindre de ses traits. La jeune princesse ferma
bientôt les yeux et Quatre prit alors plus fermement son visage. Elle
tressaillit insensiblement mais rentra dans son jeu. Le petit blond sourit,
amusé, jusqu’à se rapprocher un peu plus d’elle. Il déposa un baiser sur son
front, volatil. Un baiser sur ses paupières, humide. Pour faire ensuite courir
une phalange de l’arrête de son nez jusqu’à son menton. Un imperceptible
recourbement de ses lèvres fines indiqua à Quatre qu’elle s’abandonnait peu à
peu à lui. Le pilote ne la fit pas patienter davantage et prit possession de
ses lèvres, doucement, se retirant presque aussitôt pour revenir ensuite avec
la même délicatesse. Iria se tendit à sa douce pression, suspendue à ses
baisers, cherchant son contact qu’elle parvint bientôt à anticiper. Le jeune
homme sourit faiblement à son attitude. Dans une moindre mesure, tout un chacun
était capable de percevoir et d’adapter son comportement par rapport aux
autres. Et à cet instant là, elle le percevait lui. Parfaitement.
Et c’est dans une synchronie
parfaite qu’ils s’embrassèrent, lentement et tendrement. De toute cette
tendresse qui jurait avec la guerre à laquelle elle était liée. Un baiser
porteur d’espoir.
*****************************
La lune s’élevait des montagnes
lorsque les pas de Heero l’arrêtèrent face à la méditerranée. Devant lui se
dressait la stèle qui avait été érigé devant le tombeau infini de la princesse.
Encre de Chine ondulant de reflets ce soir là. Un abîme insondable. Le jeune
homme s’approcha davantage et tressaillit au toucher de la pierre. Glaciale.
Relena avait toujours été si vivante à ses yeux. Ses doigts descendirent alors
le long du marbre pour s’arrêter sur l’irrégularité des mots, rehaussés de
reluire d’or.
Relena Peacecraft Darlian [1]
Poursuivant le chemin tracé par les
Hommes, le pilote fit glisser les mots sous ses phalanges :
Je t'aime pour tous les temps ou je n'ai pas vecu
Pour l'odeur du grand large et l'odeur du pain chaud
Pour la neige qui fond pour les premieres fleurs
Pour les animaux purs que l'Homme n'effraie pas
Je t'aime pour tous les autres que je
n'aime pas
Qui me reflete sinon toi-meme je me vois si peu
Sans toi je ne vois rien qu'une etendue deserte
Entre autrefois et aujourd'hui
Je n'ai pas pu percer le mur de mon miroir
Il m'a fallu apprendre mot par mot la vie
Comme on oublie
Je t'aime pour ta sagesse qui n'est pas la mienne
Pour ta volonte
Je t'aime contre tout ce qui n'est qu'illusion
Pour ce coeur immortel que je ne detiens pas
Tu crois etre le doute et tu n'es que
raison
Tu es le grand soleil qui me monte a la tete
Quand je suis sur de moi
Je t’aime pour aimer.[2]
Un sourire triste accueillit ces
paroles…il n’aurait pas mieux dit. Iria avait su trouver les mots justes, elle
avait su découvrir peu à peu le cœur de la jeune fille. Un tel lien semblait
les unir l’une à l’autre, une telle foi réciproque que ça paraissait au-delà de
l’entendement. Qui accepterait de livrer ainsi, sans aucune concession, tout ce
qui constituait son existence ? Seule Relena était capable d’une telle
chose, capable de tout abandonner à ceux qui comptaient vraiment pour elle.
Oui, elle savait voir avec son cœur. Pas comme lui.
C’est étrange qu’il soit venu
jusqu’ici. Mais n’était ce pas l’endroit de prédilection pour s’adresser à la
princesse ? Pour soulager son être accablé ? Heero n’avait jamais cru
en un quelconque Dieu, mis à part peut être celui de la mort. Le seul qu’il
avait traîné dans son sillon, son frère d’arme.
Le jeune homme posa alors un genou
au sol, acceptant pour la première fois de s’abaisser devant une icône,
rejoignant le parterre recouvert de fleurs.
Même si la guerre faisait rage, des
Hommes venaient encore honorer la tombe pacifiste. Non, ils n’avaient pas
oublié. Personne. Relena s’était mésestimée. Elle était devenue une martyre. La
dernière chose qu’elle aurait souhaité.
Cette stèle était un juste retour
des choses, une revanche. Elle n’avait pas de tombe pour l’enfermer de nouveau.
Non, à présent elle était libre, son secret emporté avec elle, dans cette
étendue azure…Et il en était heureux. Plus rien ne la retenait. Surtout pas
lui.
-Tes chaînes ne sont plus. Reposes
en paix. Je tiendrais ma promesse.
Heero se releva et resta encore un
instant, fixant la pierre pour relever son regard sur l’océan, la brise
rabattant sa chevelure au devant de ces yeux si pâle. Personne ne saurait.
Le pilote fit alors demi-tour,
préférant l’obscurité de la forêt à la clarté d’une plage dénudée, trop
chaleureuse pour lui.
De l’autre côté de la mer, une
jeune silhouette équine fit volte face, le visage inondé de larmes emportées
par le vent. Inès était la seule habilitée à voir ses plus profondes blessures.
Elle n’aurait pas dû revenir, se
raccrocher. Mais c’était comme si elle en avait besoin, comme si elle ne
voulait pas oublier, aussi dur cela soit-il. Elle se rappelait chaque regard,
chaque geste, son souffle contre le sien, son corps contre son corps. Ce soir
qu’elle ne voulait pas oublier. Jamais. Ce soir où ils s’étaient promis l’un à
l’autre.
Relena était perdue, comme elle ne
l’avait encore jamais été. Elle n’avait plus rien, elle était tellement vide
qu’elle ne se reconnaissait même plus…plus aucun espoir. Une poupée bonne à
poser sur une étagère, prisonnière de son visage de porcelaine.
Qu’avait-elle fait jusqu’à
présent ?
Il paraît qu’elle s’était battue
pour la paix…Battre ? Paix ? Et qu’avait-elle donc semé mise à part
mort et destruction ? Jolie récolte, fauchée là où cela est le plus
douloureux…en lui prenant chaque être cher à son cœur, coupant peu à peu toutes
trace de vie pour ne laisser qu’une terre aride, acide.
Elle était comme ce cratère, cette
écorchure que son frère avait fait à la planète bleue.[3]
Elle l’avait détesté ce jour là.
La terre l’avait porté, et lui, il
la piétinait. Deux ans et rien n’avait encore repoussé. Comme si la planète
tenait ici sa revanche. Elle n’était pas éternelle, encore moins invincible et
pourtant on ignorait sa souffrance. La terre s’était régénérée jusque là,
continuant sans répit à porter la vie. Elle était admirable.
Etait-elle comme ce cratère ?
Même si elle ne regrettait pas ce
qu’elle avait accomplit, la pression qui l’avait accablée avait fini par avoir
raison d’elle. La princesse Peacecraft n’était devenue qu’une pâle image de
Relena. Elle s’était langui de son ancienne liberté, devenue prisonnière de sa
cage dorée. Aujourd’hui, elle pouvait effleurer son nouvel univers qui semblait
sans limites. Mais le cœur restait un lien puissant et elle ne pouvait pas aller
au-delà, elle ne le voulait. Emprunter une voie centrée sur son existence
n’avait tout simplement aucun sens. Elle leur était inutile, elle le savait,
néanmoins elle ne partirait pas.
Parce que son cœur lui criait de
rester.
*****************************
Millardo posa sa tasse sur le
rebord de la gigantesque cheminée, rehaussée du blason de sa famille.
Un imperceptible bruit répercuté en
écho le fit se retourner aussitôt. Noin se tenait à l’autre bout de la salle de
réception, en hauteur. La jeune femme sourit doucement, accueillant le ballet
d’or qui s’offrit à elle alors que le prince se tournait dans sa direction.
Lucrezia, sans plus de cérémonie descendit alors les marches de l’escalier
d’honneur, légèrement rosie par le regard insistant de Millardo. Il lui aurait
fait croire à l’archétype du conte de fée à la fixer ainsi, si elle avait un
peu d’imagination, le compte y était.
La jeune femme parcourut l’immense salle vide et le rejoignit. Le regard du pilote se fit plus doux et il coupa court à la distance qui les séparait pour enserrer la taille de Lucrezia avant de déposer un baiser au creux de son oreille. Le sourire de Noin s’accentua et elle se serra un peu plus contre lui. Millardo était beaucoup plus intime avec elle depuis qu’il lui avait confié son lourd secret. Elle ne doutait pas qu’il ait pu avoir des sentiments moins puissants auparavant, c’était juste qu’il n’osait pas les exposer.
La jeune femme releva alors la tête
face à la cheminée pour être frappée par ses dimensions. Elle détourna un
instant son regard pour remarquer que Millardo était lui aussi perdu dans la
contemplation de l’édifice.
-C’était la salle de bal, fit-il
alors faiblement.
-Les réceptions devaient être
impressionnantes.
-Elles étaient magnifiques…
Et sans prévenir, le prince se
retourna, entraînant à sa suite la jeune femme dans ses bras.
-Je me souviens de l’anniversaire
de maman, lorsque j’avais sept ans. Mon père avait fait décorer la salle en son
honneur, sans qu’elle le sache. Ici, fit-il en indiquant les baies vitrées, il
avait fait mettre de grands rideaux bleu pâle, sa couleur préférée et sur
toutes les tables, disposées en un immense rectangle, il avait fait mettre des
Iris versicolore [4], fleur que ma mère affectionnait particulièrement. C’était
magnifique. Mais le meilleur moment, c’est lorsque maman est descendue au bras
de papa, dans sa robe de gala, curieusement assortie aux tons de la salle. Je
n’ai jamais oublié son visage, cette expression de joie intense dissimulée
derrière la première impression de surprise. En un instant, ses yeux se
brouillèrent de larmes et sans aucune retenue, elle se jeta au cou de mon père
à la stupéfaction de la plupart des invités.
Millardo marqua une pose et revint
un instant au présent pour rencontrer le regard doux et un brin amusé de
Lucrezia.
-Maman était quelqu’un de très
digne, mais elle n’oubliait jamais ses émotions. La spontanéité de Relena me
rappelle souvent à son souvenir…murmura-t-il d’une voix étrangement sereine,
sans aucune teinte de douleur ou de colère, juste mélancolique.
-Tu aimais beaucoup ta mère.
-Je l’adorais. J’aimais aussi
énormément mon père, mais c’était différent, parce que je le voyais beaucoup
moins. Il m’a toujours inspiré énormément de respect. Il avait une telle
prestance que j’en venais parfois à ne pas oser l’approcher, de peur de ne pas
être à la hauteur. Mais c’était un grand homme, d’une douceur inaltérable qui
m’a toujours fait sentir fier de moi.
Le silence s’installa un instant et
leurs mains s’entremêlèrent tendrement jusqu’à ce que Noin reprenne la parole,
l’incitant doucement à poursuivre.
-Tu appelais tes parents
« papa » et « maman » ?
-Oui. Ils ont toujours tenu à nous
préserver de l’hypocrisie des milieux aristocrates. C’est ma mère qui nous a
élevé et la seule différence avec d’autres enfants c’est que la plupart des
gens m’appelaient « prince » et que l’on nommait ma sœur
« princesse ». Moi, je n’accordais aucune importance à ce titre,
Relena en revanche adorait être ainsi appelée et elle ne répondait que par ce
nom à ceux qui n’appartenaient pas à notre famille.
-A deux ans seulement…fit-elle en
souriant.
-Oui, elle a toujours eu cette
répartie. Sa personnalité s’est énormément affinée au cours de toutes ces
épreuves…j’ai toujours eu si peur de la perdre à nouveau…
La voix du prince s’éteignit dans
un silence lourd d’inquiétude quant à l’état de la jeune fille. Ils s’en
faisaient tous. Personne ne comprenait ce qui c’était passé et cela ne faisait
qu’accentuer leurs peines. Pour Relena. Et pour Heero.
Ne pouvant se permettre d’évoquer
la princesse en ces lieux, Lucrezia étreignit dans une caresse rassurante les
deux bras qui l’enserraient un peu plus fort.
*****************************
-Monsieur, fit Onze en s’inclinant
face à l’image qui venait d’apparaître.
-Lieutenant, répliqua-t-il d’une
voix dure.
-Je suis désolé.
-Il y a de quoi ! s’écria-t-il
alors. Comment avez vous pu donner le commandement à ce bon à rien
d’Arthims !
-Nous avions convenu d’envoyer une
petite faction d’armures mobile pour juger de leurs forces. Je ne voulais pas
sacrifier de bons éléments.
-Et qu’alliez vous sacrifier !
Vous savez très bien qu’ils ne tuent pas leurs ennemis ! Regardez le
résultat ! Maintenant ils savent que vous et moi ne sommes qu’une seule et
même organisation ! Si les citoyens venaient à l’apprendre, cela
compromettrait de façon irréversible l’issue de cette guerre !
Onze qui ne s’était pas encore
redressé, releva alors la tête et fixa les yeux de glace de son chef.
-Alors nous n’avons plus une
seconde à perdre. Lançons une attaque contre laquelle ils ne pourront pas faire
face.
-Il est inutile de penser à une
destruction massive. Les citoyens ne nous le pardonneraient pas.
-Même si on met cette attaque sur
le compte des Opposants ?
-On ne peut prendre ce risque. Nous
ignorons qui connaît déjà la véritable nature de notre organisation. A présent
l’avantage est pour eux.
-Alors il n’y a plus qu’une seule
chose à faire. Nous allons allier les forces des Opposants et les miennes pour
attaquer le royaume. Ils ne pourront faire face à deux fronts à la fois,
surtout lorsque nous unirons nos forces.
-Votre situation sur terre vous
permet-elle une entreprise aussi risquée ?
-La victoire est acquise ici. Les
citoyens n’ont montré que très peu de résistance.
-Hum, ce n’est pas comme dans
l’espace. La situation est beaucoup plus difficile ici…C’est d’accord, fit-il
au bout de quelques secondes. Mieux vaut en finir rapidement sur terre, c’est
le plus important.
-Comptez sur moi Monsieur, j’irais
personnellement mener les troupes.
-Il reste un détail Onze, comment
aller vous pouvoir unir vos forces à celles des Opposants si le monde entier
peu vous regarder ?
-Ne vous en faites pas pour
ça…répliqua alors le lieutenant, un sourire vainqueur plissant ses lèvres
sèches.
*****************************
Duo était assis en tailleur sur son
lit, perdu dans la contemplation de la lune lorsque la porte s’ouvrit
faiblement, laissant apparaître un jeune homme au visage barré.
-Entres Trowa, fit-il sans se
retourner.
Il connaissait tous ses compagnons
sur le bout des doigts, et il n’avait pas besoin de voir pour savoir.
Le pilote s’exécuta et le natté se
tourna face à lui une fois que la porte fut refermée.
-Tu n’es pas parti à la recherche d’Heero.
Duo le fixa un instant avant de
pousser un profond soupir.
-Je ne sais plus quoi faire avec
lui. J’ai pensé qu’il valait mieux que je le laisse un peu seul. De toute
manière je ne lui aurais pas été d’une grande aide.
Trowa s’avança alors jusqu’à son
ami et à son expression, le jeune pilote découragé comprit qu’il savait quelque
chose. Il se redressa et d’un geste du bras invita son compagnon à s’asseoir
face à lui.
-J’ai longuement hésité à venir
t’en parler, fit-il alors une fois qu’il fut installé. Cependant, je pense que
Wufei est dans l’erreur et qu’Heero est en droit de savoir.
Duo écarquilla les yeux, pas tout à
fait sûr de vouloir comprendre ce qu’il était en train de lui expliquer.
-Il n’a pas fait ça…murmura-t-il,
comme pour se convaincre que ce n’était pas ce qu’il croyait.
Le silence de Trowa fut plus
explicite qu’aucun mot.
-C’est pas vrai ! s’exclama
soudain le natté. Mais quelle mouche l’a piqué !
Duo se calma aussitôt en voyant que
son ami attendait patiemment qu’il s’apaise.
-Vas-y, fit-il alors en le fixant
avec sérieux.
-Wufei s’est attaqué à Relena afin
de la rendre suffisamment vulnérable. Pour qu’elle accepte de se séparer
d’Heero.
Le pilote marqua une pause et il ne
put s’empêcher de se demander s’il avait bien fait en voyant la colère qui
brûlait à présent dans les yeux de son compagnon. Il pensait sincèrement
qu’Heero devait savoir et il avait besoin d’aide pour le retrouver. Mais il
connaissait également l’attachement du natté à la jeune princesse qu’il avait
prise sous son aile durant ces dernières semaines. C’était en partie grâce au
lien qu’ils avaient tissé que Relena s’était relevée. Alors lui apprendre que
Wufei l’avait profondément blessée ne pouvait que le mettre dans une colère
noire. Mais il avait confiance en Duo, et il le savait capable de faire la part
des choses.
-Quel connard ! explosa-t-il
alors. Mais quel connard !
Une vague de colère le submergea
soudain en voyant l’air détaché de son interlocuteur. Relena avait eu confiance
en lui ! Comment pouvait-il lui annoncer ça sans aucune once d’émotions.
Cette apparente indifférence l’agaçait profondément.
-Ne me dis pas que tu approuves ce
qu’il a fait ! lança-t-il, de ses yeux devenu sombres.
-Bien sûr que non, répliqua-t-il
d’une voix égale.
A son attitude, Duo se sentit
soudainement bête et il se ressaisit aussitôt.
-Excuses-moi, je me suis laissé
emporté. Je sais bien que tu tien aussi à elle.
-Ce n’est pas grave.
-Alors comme ça, il pense que leur
union peut causer la perte de Heero, c’est ça ?
-A peu près, oui, fit-il en hochant
la tête.
-Et il a pensé un peu à Relena où
il la déteste au point de la sacrifier sans aucun remord ?
-Tu te méprends Duo.
-Euh, tu m’excuseras, mais là, j’ai
un peu du mal à te croire ! répliqua-t-il dans un sourire jaune.
La seule chose qu’il avait envie de
faire à l’instant, c’était d’aller sauter à la gorge de son « ami »
chinois.
Même s’il avait peu à peu appris à
l’apprécier, il ne l’avait jamais vraiment cerné. Enfin si. Il l’avait cerné,
mais il n’approuvait pas le chemin qu’il s’était choisit. Il l’acceptait parce
que c’était Wufei. Un point c’est tout.
Trowa hésita un instant. Mais il n’avait plus vraiment le choix. Ou il lui disait tout et il créditait l’action de leur compagnon, ou il gardait le silence et Duo ferait la peau à Wufei à la première occasion, et cette solution n’était pas envisageable.
-Duo, écoutes moi, demanda-t-il
alors avec un tel sérieux que le natté obtempéra aussitôt. Wufei n’est pas
celui que tu crois, et ce, malgré tout ce qu’il a fait.
Le natté ne cilla même pas,
continuant à fixer son ami avec appuis. Il attendait de voir comment il allait
justifier son acte.
-Wufei a été marié et sa femme à
été tué par l’Alliance alors qu’elle tentait de sauver la colonie où ils
vivaient. Nataku était le surnom de sa femme, Meilan. Il ne s’est jamais
pardonné sa mort. J’ignore s’il l’aimait ou pas, mais il la respectait.
Profondément.
-Je savais qu’il avait été marié.
Je l’ai surpris un jour alors que l’on était en mission en Asie, assis en
tailleur au bord d’un étang. J’ai d’abord cru qu’il méditait mais je me suis arrêté
lorsque je l’ai vu se pencher vers la surface de l’eau. J’allais lui faire
remarquer que j’avais fini avec la salle de bain lorsque je l’ai vu effleurer
délicatement une fleur de Lotus. Jamais je ne l’aurais crû capable d’un geste
emplis d'autant de douceur. Mais ce qui m’a encore plus surpris, ce sont les
paroles qui ont accompagné son acte « Nataku, tu me manques ». En
chinois, Lotus se prononce comme « enfant » et « année »,
c’est un symbole de prospérité et de continuité pour un couple…il y avait pas
besoin d’aller chercher plus loin. Ca expliquait déjà pas mal de choses.
Trowa le fixa, qu’à moitié surprit.
-Les autres le savent aussi ?
-Je l’ignore. Je ne suis pas aller
le crier sur les toits. Mais ils ne sont pas stupides.
Les deux pilotes s’adressèrent un
regard entendu. Quatre le savait certainement, mais Heero…
-Alors si j’ai bien suivit, reprit
le natté, il assimile la relation d’Heero et de…notre petite protégée, fit-il
pour éviter de trop prononcer son nom, comme définitivement voué à l’échec.
-Pour lui Meilan et Relena sont
semblables à plusieurs égards, rectifia-t-il.
Duo fronça les sourcils et son
regard s’assombrit de nouveau.
-C’est ce que j’ai toujours
reproché à Wufei, cette façon qu’il a de se plier à tant de concept tout en se
refusant à créditer des sentiments tels que la paix ou l’amour. Toujours douter
des autres ne mène à rien. Cette faiblesse finira par le perdre, mais il est
hors de question qu’il les entraîne avec lui.
-Duo, il pense bien faire en
agissant ainsi.
-Je le sais bien, et c’est ce qui
me révolte davantage. Je sais pertinemment que c’est quelqu’un de bien et c’est
ça le pire. Si seulement il arrivait à s’accepter, tout serait plus simple,
d’un autre côté on ne peut pas lui en vouloir, vu son passé. Mais bon, ce n’est
pas une raison pour semer ainsi la pagaille et je te jure que s’il n’y avait
pas ce satané conflit j’irai lui coller mon poing dans la figure !
A l’attitude du natté, Trowa ne put
s’empêcher un sourire.
-Alors heureusement que nous sommes
en guerre.
-Trowa, ton humour laisse vraiment
à désirer ! fit-il en détendant un instant son visage dans un sourire. Va
falloir faire gaffe à Iria, souffla-t-il alors pour lui-même.
-C’est la raison pour laquelle je
n’en ai pas parlé à Quatre, répliqua-t-il, ce qui provoqua un sursaut de
surprise chez son compagnon.
-Comment ! Tu sais pour Quatre
et Iria !
-Cela faisait déjà un certain temps qu’il n’était plus
vraiment lui-même, se justifia-t-il, une lueur d’amusement dans son regard. Il
ne faut pas inquiéter Quatre, mais surveiller Iria, en effet.
Ils hochèrent la tête d’un commun
accord avant de se lever.
-Bien, à présent, il faut mettre la
main sur Heero. On a intérêt à se presser, surtout que je n’ai pas la moindre
idée d’où il pourrait bien se trouver, si ce n’est non loin des sous-terrains.
-Allons-y, nous n’avons pas de
temps à perdre.
Et alors que les deux pilotes
s’apprêtaient à sortir, la poignée échappa à Duo et la porte s’ouvrit laissant
apparaître Noin qui sembla un instant surprise.
-On a un problème. En salle de
réunion, répliqua-t-elle aussitôt avant de se diriger vers la prochaine porte.
-Laisses, la stoppa alors Duo avant
qu’elle n’arrive devant les appartements de la princesse, je m’en occupe. On te
rejoint tout de suite.
La jeune femme ne chercha pas à en
savoir davantage et hocha la tête pour disparaître aussitôt.
-Je m’occupe de Quatre, va prévenir
Wufei.
Dix minutes plus tard, ils se
retrouvaient tous dans la petite salle, improvisée en QG d’infortune. De toute
manière personne n’avait dormis, mise à part Iria qui s’était assoupi deux
heures à peine dans les bras de Quatre.
Sally apparut sur l’intercom.
-Mauvaise nouvelle. Plus de deux
mille armures mobiles transitent en direction des terres de Sank.
-Comment ! S’exclama Iria.
Mais personne ne peut résister à un tel assaut !
Quatre d’un imperceptible
effleurement l’invita à s’apaiser.
-Sont-elles toutes de la même
organisation ? fit-il en prenant doucement le relais sur la princesse.
-Non, il y en a des Opposants, et
des épyons terros. En nombre égal.
-Ce sont les Gemini ?
-Affirmatif Wufei. Et des
Serpentarius aussi.
-Dans combien de temps ?
reprit Quatre.
-Il y en a qui seront aux
frontières dans moins d’une heure, mais je pense qu’ils vont attendre l’arrivé
de toutes les troupes.
-C’est probable, fit alors Trowa.
Ils savent à présent que seule une offensive massive pourra venir à bout des
Taurus blancs.
-Ils espèrent nous avoir à l’usure,
souffla Duo d’une voix sombre. Je suis sûr qu’il y en a plus de la moitié qui
sont des MD…
-Sûrement, répliqua Millardo. Ils
savent que nous ne tuons pas, et ils vont utiliser cette carte à leur profit.
Ils vont nous épuiser avec des MD qui combattront certainement bien mieux que
leurs soldats, mais que nous ne pourrons pas prendre le risque de détruire,
dans l’hypothèse que ce soit véritablement un Homme à l’intérieur…
-Sally, Maizer mettez en alerte
tous les Hommes en pause et rappelez les autres, d’ici une heure, les Maganac
tiendront les armures prête à la lisière Sud de la forêt. Nous tiendrons les
Taurus blancs opérationnels pour vous. Il en reste deux, je compte sur vous
pour choisir des Hommes qualifiés pour en prendre les commandes, leur puissance
de destruction n’est pas égale aux Gundams, mais elle reste importante. Il ne
faut pas les confier à la légère et je vous conseille de garder un système
d’inactivation à porté de main.
-C’est entendu. Des nouvelles
d’Heero ? se risqua alors à demander la doctoresse.
Un court silence s’ensuivit, néanmoins lourd de toutes les questions que ce « problème » soulevait.
-Non, fit finalement le petit
blond. Mais il n’y a pas de soucis à se faire. Il sera là pour la bataille. Il
n’est pas loin.
L’image d’Heero et de Quatre face à
face revint brutalement dans l’esprit d’Iria, et la jeune fille qui était
restée complètement amorphe depuis l’intervention du jeune leader se ressaisit
alors.
-Je refuse ! s’écria-t-elle soudain en tapant du poing sur la table, faisant vaciller le visiophone. Il est hors de question que vous partiez vous battre à un contre vingt ! Jamais je ne cautionnerais un tel carnage, ce conflit a déjà fait suffisamment de dégâts ! Sally, mettez-moi en contact avec Une, je veux qu’elle me trouve Onze, je dois lui parler.
-Et que comptes-tu faire ?
intervint alors Quatre d’un air sarcastique non voulu, coupant court à la
réplique de la dirigeante des Préventers.
Iria fut blessée par son ton, ce
qui la renforça davantage dans ses intentions.
-Faire ce que mon devoir m’incombe.
Protéger ce pays ! Je dois trouver un arrangement avec Onze !
Le ventre du jeune arabe se noua à
l’évocation du lieutenant en chef des épyons terros. Ce qu’il avait fait à
Relena lui avait largement suffit.
-Il en est hors de question !
s’emporta-t-il à la plus grande stupéfaction de la plupart des personnes en
présence.
Iria sursauta et son regard se fit
noir. Mais qu’est ce qui lui prenait de réagir comme ça ?
-Quatre, je suis encore la
représentante officielle de ce royaume. De part mes engagements pacifistes, je
ne peux cautionner une telle bataille. J’ai promis à Relena de protéger ce pays
et je le ferais ! Quoi qu’il m’en coûte !
Le jeune homme, sans plus aucune
considération pour les personnes qui les entouraient, saisit alors la princesse
et la fit reculer dans un coin de la pièce. Iria, trop surprise, fut incapable
de quelque protestation que ce soit, d’autant plus que la poigne du pilote lui
faisait clairement comprendre qu’il ne lui laissait pas le choix.
Une fois qu’ils furent suffisamment
à l’écart, le petit blond, qui avait jusque là conservé les yeux rivés au sol,
releva la tête. Iria sauta une inspiration lorsqu’elle vit ses yeux célestes au
bord des larmes, jamais elle n’avait vu une telle expression de peur dans son regard.
Il avait peur pour elle.
Immédiatement toute trace
d’agressivité disparut de ses traits et elle souffla son nom.
-Iria, ne fais pas ça, lui dit-il
alors d’une voix brisée d’angoisse. Relena, c’est Onze qui l’a…qui l’a brisée.
Je t’en prie, ne fais pas ça, je ne veux pas te perdre. Je…je…Iria, je...
Mais avant qu’il n’ait eu le temps
de trouver ces mots, la princesse, incapable de résister davantage à la
souffrance de celui qui comptait tellement pour elle, s’était jetée à son cou,
laissant Quatre sans voix. Le pilote se ressaisit finalement et serra doucement
la jeune fille contre lui. Au même instant Wufei se raidit et son regard se fit
noir.
Voyant que la situation commençait
à devenir tendue, Trowa décida d’intervenir, Quatre n’étant visiblement pas en
état de réfléchir posément.
-Princesse, Quatre a raison. Vous rendre ne servira à rien, si ce n’est à asseoir leur pouvoir. Le contexte est différent de celui auquel Relena à dû faire face durant la Grande Guerre. Onze n’est pas le Duc Dermail. Il vous éliminera. Et alors il n’y aura plus personne de suffisamment influent pour s’opposer à eux.
Iria qui s’était redressée, fixa le jeune homme qui venait d’intervenir. Le meilleur ami de Quatre. Elle n’avait pas encore eu l’occasion de faire plus ample connaissance avec lui mais ces propos l’avaient frappée. Et une telle sérénité se dégageait de cet homme au regard franc et posé qu’il inspirait naturellement à ce qu’elle lui accorde sa confiance.
-Vous vous méprenez sur mon compte, répliqua-t-elle cependant. Je suis impuissante. Je ne peux rien faire mis à part regarder en spectatrice les déchirements des Hommes. Il y a des gens bien plus qualifiés que moi, rien que ceux qui appartiennent à la liste Teddy Bear. La seule chose que je puisse encore offrir, c’est ma vie.
Trowa plongea son regard dans celui de la princesse, et un combat silencieux entre leurs yeux de jade s’engagea. Cette façon insistance qu’il avait de la regarder, sans exprimer néanmoins la moindre agressivité. Elle ne se sentait pas mise à nu par ses yeux il cherchait juste à lui faire comprendre son point de vue. Et la jeune fille finit par lui céder, incapable de trouver la force de réfuter ses arguments.
Duo s’approcha alors pour s’arrêter à la hauteur du grand pilote.
-Ce n’est pas de politiciens dont le peuple à besoin, mais de gens comme vous Iria. Des personnes qui s’engagent corps et âme pour ce en quoi elles croient, sans attendre aucune compensation. Avoir un si grand cœur n’est pas donné à tous le monde, et les citoyens ne s’y sont pas trompé. Ils croient en vous, bien plus que vous ne pouvez l’imaginez.
-Vous savez ce que Relena vous aurait dis ? intervint alors Noin en s’avançant à son tour. Que la vie est le bien le plus précieux et le plus fragile qu’il existe en ce monde. Aussi fragile que du cristal. Alors ne la briser pas.
La jeune princesse resta un instant sans voix, touchée par l’engagement de ces personnes qu’elle connaissait à peine pour la plupart et qui était déjà prête à lui accorder toute leur confiance.
-Je…merci, fit-elle simplement en
parcourant du regard ces intervenant avant de s’arrêter sur les yeux de Quatre.
Un imperceptible sourire détendit
son visage lorsqu’elle vit qu’il allait déjà mieux. Le jeune homme répondit à
son geste et serra un peu plus son emprise sur sa taille.
-Puisque vous pensez tous qu’il
vaut mieux que je préserve ma vie, alors il en sera fait selon votre demande.
Relena vous a accordé sa confiance et elle m’a recommandé d’écouter avec
attention ce que vous auriez à me dire. Je ne peux que constater à quel point
elle a eu raison. Je vous donne carte blanche. Je ferais ce que vous me
demandez, s’inclina-t-elle alors dans un signe de tête respectueux.
Quatre soulagé, ferma les yeux et
soupira silencieusement. Lorsqu’il les rouvrit, il se trouva face à son éternel
ami dans les yeux duquel il put voir l’attachement qu’il lui portait. D’un
imperceptible geste il le remercia et Trowa fit de même, lui signifiant qu’il
considérait désormais Iria au même titre que les autres personnes auxquelles il
était attaché.
-Bien, fit alors Quatre tout en
détournant son regard de son ami vers la princesse, Iria, tu vas quitter le
palais avec Dave et Dorothy. Vous irez vous réfugier à la base arrière.
-Pourquoi pas les sous-sols ?
intervint alors le majordome.
-Parce qu’ils seront au centre des
combats. Je ne veux pas prendre le risque qu’ils soient ensevelis. D’autant
plus que personne ne s’intéressera à la base arrière, toutes les troupes seront
concentrées ici. Dorothy, l’appela-t-il tout en sortant un semi-automatique de
sa ceinture, prend ceci.
-Comptez sur moi pour veiller sur
la princesse, promit-elle en recevant le Glock 17, basculant machinalement la
culasse afin de vérifier si la chambre était encore chargée [5].
La jeune fille rangea son arme et
les deux chargeurs qui se volatilisèrent sous le regard stupéfait d’Iria. Elle
n’avait encore jamais eu l’occasion de constater les aptitudes militaires de la
petite fille de l’ancien président de la fondation Romefeller, même si elle
avait toujours soupçonné de telles capacités en elle. Ce n’était pas pour rien
qu’Heero l’avait introduite ici.
-Dave vous avez ce qu’il vous
faut ?
-Un HK P7, il ne me quitte jamais,
fit-il en tapotant sa poitrine.
-Très bien, il n’y a plus de temps
à perdre, plus tôt vous partirez, plus tôt vous serez en sécurité, leur
conseilla-t-il alors tout en se tournant de nouveau vers la princesse.
La jeune fille pour sa part était
encore fixée sur l’endroit où avait disparut l’arme de Quatre. Et dire qu’elle
ne s’était même pas rendu compte qu’il portait constamment un semi-automatique
à la ceinture…une sensation de peur la traversa soudain en se disant qu’ils
étaient probablement tous armés…
Mais qu’est ce qu’elle
croyait ! Ce qu’elle pouvait être naïve parfois ! Ils étaient avant
tout des combattants, la guerre, c’était leurs univers. Un univers froid et
impitoyable qui avait transformé ces enfants en adolescent terroristes formés
pour libérer les colonies.
Iria se ressaisit en sentant son
regard posé sur elle.
Mais comment croire ? Comment
croire qu’un garçon aussi doux et respirant de gentillesse comme Quatre puisse
abattre un Homme de sang froid ?
La princesse constatant soudain que
le pilote était en train de percevoir son angoisse détourna aussitôt la tête.
Il aurait aimé la préserver de ça,
la tenir le plus loin possible de tout ce qui se rapprochait de la violence de
la guerre, mais il avait été prit de court et il n’avait pas eu le temps de
régler ces détails en son absence. Iria avait une peur panique des armes à feu.
Il le savait et il avait vu dans ses yeux son regard à son égard changer. Elle
craignait à présent le soldat qu’il y avait en lui, l’assassin qu’il avait vu à
travers ses yeux pâlis par la peur.
-Iria…murmura-t-il en lui
effleurant doucement la joue.
La jeune fille eut un léger
mouvement de recul. Instinctif.
-Excuses-moi Quatre, fit-elle, de
plus en plus mal à l’aise.
Le petit blond continua cependant,
prenant le temps de ne pas la brusquer.
-Non, c’est à moi de m’excuser.
Happée par sa voix douce et basse,
elle releva finalement la tête. Immobile, elle le fixa un instant et Quatre
accepta son inquisition, sans essayer d’interférer dans son jugement. Le regard
troublé de la jeune fille s’apaisa finalement et elle prit la parole :
-J’ai confiance en toi Quatre. Quoi
que tu fasses…quelque soit l’arme que tu portes…c’est stupide de ma part de
douter de toi.
Le jeune homme lui adressa un
tendre sourire avant qu’elle ne se tourne vers les autres protagonistes qui
n’avaient pas manqué de remarquer également son changement d’attitude.
-Soyez prudent. Mais surtout
préserver votre vie. Je veux tous vous revoir.
-Comptez sur nous Iria, il en faut
plus que ça pour venir à bout des Résistants !
La princesse offrit un sourire au
natté.
-Duo, j’espère qu’à l’avenir nous
deviendrons suffisamment amis pour que tu me tutoies toi aussi.
-Hum…c’est à voir, répliqua-t-il
dans un clin d’œil espiègle.
-Bien, il est temps pour moi de
vous laisser…
La jeune fille se retourna un
instant vers le petit blond afin de lui adresser un dernier regard
d’encouragement. Elle lui offrit un faible sourire pour accompagner son adieu
lorsqu’il la saisit par le poignet, l’empêchant ainsi de se retourner. Et avant
qu’elle n’ait pu lui demander la moindre explication, il prit possession de ses
lèvres dans un baiser emplis de tout l’amour qu’il avait pour elle. Iria
répondit aussitôt à son étreinte et partagea aux yeux de tous ce dernier
instant de tendresse.
*****************************
Deux heures plus tard, alors que
l’aube se levait sur le petit royaume pacifiste une bataille décisive
s’engageait. Le dernier rempart avant une domination totale des épyons terros
sur la Sphère Terrestre. Et tous les yeux du monde étaient braqués sur Sank.
Mais la plupart ignoraient l’enjeu véritable de ce combat. Ce n’était pour eux
que le dernier terrain de jeux de cette guerre éclair qui s’était opéré contre
les Opposants. La partie semblait donc toute acquise.
Mais le mouvement de Résistance,
bien que largement étouffé par les grands de la communication, commençait à
s’épandre dans les rues du peuple, murmure d’un élan révolutionnaire pour
sauver la paix. La véritable, celle pour laquelle leur Reine était morte. Le
doute s’était installé en un temps record dans le cœur des citoyens. Déjà
largement entretenus par la politique de terreur des membres du gouvernement
des Sphères Unifiées, cette crainte se retournait à présent contre eux, au
profit du réseau des Résistants, relayé par les membres Teddy Bear qui
gagnaient à leur cause de plus en plus de personnalités. Mais tout ça, les
épyons terros l’ignoraient, endormis par leur trop grande confiance, ils se
concentraient sur la source mère du mal alors que leur pouvoir s’effritait déjà
là où ils le croyaient définitivement acquis…
Cette bataille était un véritable
enjeu pour faire prendre conscience à l’humanité de l’absurdité de cette pseudo
guerre dont les seul à en pâtir étaient les citoyens.
Les gundams allaient avoir un rôle
important à jouer, fer de lance de la résistance, véritable symbole des Hommes
se battant pour la paix. Ils étaient au même titre que Relena, devenus des
icônes de liberté et de justice. Personne n’avait oublié que c’était grâce à
leur intervention que l’armée de Mariemieia avait été mise à bas, grâce à eux
que la paix avait été sauvée. Alors les voir se battre aux côtés de la
Résistance allait sans aucun doute faire réagir bon nombre de citoyens.
Les premiers rayons du soleil
s’élevaient lorsque l’armée des épyons terros entama sa marche sur la capitale.
-Première ligne, avec moi, déclara
Sally.
Le cœur battant à tout rompre face
à l’étendue des forces ennemies – à perte de vue – , une dizaine d’armes
mobiles, dont deux Taurus blanc se mirent vaillamment en marche.
Un sourire triomphant accueillit la
tentative de l’armée rebelle.
-Abattez-moi ça ! ordonna
alors Onze, resté en arrière.
Les Geminis ouvrirent le feu et les
rebelles battirent aussitôt en retraite.
-Ah ah ! Ils viennent de
mesurer à quel point nos nouvelles armures sont puissantes ! Ils sont
incapables de se défendre !
Onze repris soudain un visage dur.
-Poursuivez-les ! Il n’est pas
question qu’ils s’en sortent comme ça.
-Arrêtez ! ordonna alors la
présidente des préventers au bout d’une centaine de mètres.
La ligne rebelle s’immobilisa et
cessa de riposter. Les épyons terros, un instant déstabilisés par l’attitude de
leur ennemis eurent un léger moment de flottement.
-Allez-y ! cria soudain Sally
dans l’intercom
-Feux ! répercuta aussitôt
Sylvia à ses Hommes.
La terre se mit alors à trembler,
tous les soldats tournèrent leur attention vers l’origine de la déflagration
pour voir un nuage de flammes s’élever d’une partie de leurs troupes. Ils
n’eurent pas le temps de réagir q’une série d’explosion se resserrant en cercle
de plus en plus restreint les emprisonna bientôt dans un enclos de feu et de
fumée.
-Deuxième ligne en renforts !
annonça alors Maizer qui arriva en tête d’un nouveau régiment.
-Lancer l’offensive !
Les deux unités franchirent alors
le mur de flamme et attaquèrent la vingtaine d’armures prises au piège.
-Mais…comment ! souffla Iria à
la fois soulagée et surprise par ce retournement de situation.
-Nous n’avons peut être pas
beaucoup d’armures mobiles, intervint alors Sylvia, mais des Hommes avec des
idées pour faire de grandes choses avec de petits moyens. Plus de quatre cents
personnes se sont attelés cette nuit à poser des centaines de pièges comme
celui-ci tout autour de Newport.
-Les épyons terros et les Opposants
vont avoir à faire face à un véritable combat de rue, sauf que l’avantage du
terrain est pour nous, déclara alors Dorothy. Et puis, ils ne se doutent pas de
la véritable puissance de feu dont nous disposons, rajouta-t-elle dans un
sourire vainqueur.
Heero se redressa et aperçu de son
perchoir l’impressionnante armée ennemie. Un nuage s’élevait plus à l’Est. Les
Hommes avaient bien travaillé cette nuit. A présent c’était à lui de faire son
boulot. La seule chose qu’il n’ai jamais su faire. C’était décidé. Encore une
bataille et ensuite il disparaissait. Définitivement. Il n’avait plus aucune
volonté de se battre.
-Les salauds ! jura Onze en
voyant ses armures si performante se faire décimer ainsi. Envoyez des MD en
renforts ! Tout de suite !
-Troisième Unité,
déployez-vous !
De nouveaux, une dizaine d’armures
mobile, pour la plupart des Serpentarius, s’avancèrent sur le champ de
bataille, faisant face aux Geminis qui progressait en ligne serrée et
organisée.
-Ce sont sûrement des MD, sois
prudente Noin, la prévint alors Millardo.
-C’est parfait ! s’exclama
alors la jeune femme. Attirez-les sur la gauche !
L’unité rebelle dévia ses tirs et
les Geminis se déportèrent tombant soudain sur une nouvelle zone piégée qui les
mit sous l’influence d’un puissant champ magnétique. Au bout de quelques
secondes, les amures s’écroulèrent, totalement inoffensives.
-Ca a marché ! les informa
alors Lucrezia.
-J’étais sûr que ça
fonctionnerait ! clama triomphalement Maizer. Il suffisait simplement
d’adapter les boucliers de types Virgos à une utilisation destructrice et non
défensive ! Aucune armure mobile normalement constitué ne pouvait résister
à un tel champ !
-Très bien, reculez vers la ville,
on continu comme ça ! commanda alors Sally.
-Et Merde ! Mais c’est pas
vrai ! explosa Onze
-Monsieur, c’est une vrai
souricière, ils ont posé des pièges de partout !
-Cessez de dire n’importe
quoi ! Comment voulez-vous qu’ils aient miné toute une ville en une seule
nuit ! Ce n’est qu’une poignée de
rebelles insignifiants ! Ils cherchent juste à nous intimider et il est
hors de question de les laisser se moquer ainsi de nous vous
m’entendez ! Lancez les unités mobiles en avant, les commandés à
l’arrière ! Exécution !
-Mais pourquoi c’est nous qui
devons partir en tête ! protesta alors un soldat.
-Parce que les épyons terros ne
veulent pas sacrifier leurs unités commandés, répliqua alors le commandant du
régiment.
-Nous ne nous battons pas assez
bien pour eux. Onze accorde plus de crédit à ses machines qu’à nous !
-Et d’abord, n’est ce pas les
Opposants que nous sommes avant tout censés combattre !
-C’est vrai ! Ca ne me plaît
pas d’avoir à ouvrir le feu sur les terres de Sank !
-Ca suffit ! Leur ordonna
soudain leur chef. Nous avons promis de protéger nos familles en nous engageant
aux côtés de l’armée des Sphères Unifiées et c’est ce que nous ferons !
Même si les épyons terros
préparaient leur coup d’état depuis déjà plusieurs mois, que leurs amures
avaient été longuement étudiées et leurs troupes dûment sélectionnées, pour
créditer leur action auprès des peuples, ils s’étaient trouvés dans
l’obligation d’intégrer des citoyens dans leur rang, pour la plupart des
anciens militaires de la Grande Guerre.
Onze avait envoyé ces Hommes en
première ligne. L’avantage était double. D’une part il préservait sa meilleure
force de frappe et d’autre part, si les rebelles venaient à tuer un de ces
citoyens, cela ne ferait que renforcer son influence, gagnant à sa cause
davantage d’Hommes. Car tous les satellites de communication étaient orientés
sur cette bataille. Et ils ne pardonneraient aucune erreur.
Bientôt deux heures que la bataille
était engagée et les épyons terros peinaient toujours autant, complètement mené
par les rebelles. Mais ici, personne n’était dupe, ce n’était que du spectacle
pour satisfaire l’asservissement des citoyens. Onze n’avait envoyé qu’une
centaine d’armures mobiles. Pratiquement que des MS. Et de piètres combattants
en plus.
Le lieutenant observait la scène
depuis la retransmission internationale, satisfait. Jusqu’à ce que son
attention soit attirée par un mouvement dans un coin de l’image.
-Simons, mettez-moi sur la caméra
de votre amure.
Le soldat s’exécuta et Onze fronça
les sourcils en constatant ce qui était en train de se produire. Ca grouillait
de rebelles dans la ville. Des dizaines d’Hommes, des centaines peut être. Et
pas seulement des soldats à en voir leurs vêtements. C’étaient eux qui
amorçaient les pièges et en posaient d’autres. Eux également qui s’occupaient
des soldats ennemis.
Une nouvelle fois, la colère monta
en lui. Il fallait qu’il extermine cette vermine. Il allait ordonner d’ouvrir
le feu sur les bâtiments lorsque le commentateur le coupa dans son action.
-Oh ! Mais c’est
incroyable ! Regardez ! s’exclama-t-il alors qu’un gros plan se
mettait en place sur une armure vaincue. Des hommes et des femmes de l’armée
rebelle récupèrent nos soldats ! Jamais je n’aurais pensé les Opposants
capables d’un tel acte !
Et pendant ce temps là, au centre de la ville, se tenaient
les Gundams et l’unité Maganac. Silencieux. Enfin presque.
-Le pauvre ! explosa alors Duo
mort de rire. Vous imaginez dans quel état Onze doit se trouver !
-Oui, fit Quatre qui ne put
s’empêcher d’être amusé par l’attitude de son camarade, il se retrouve menacé
par ses propres armes.
-Et s’il savait à quel point cela
est vrai ! Mais quel crétin ! T’imagines un peu voir tes ennemis
tordre du cul sous ton nez sans que tu ne puisses rien faire ! reprit-il
de plus belle.
Un imperceptible sourire se dessina
sur la plupart des visages tendus. Duo avait le chic pour prendre les
évènements importants avec beaucoup de philosophie.
-A mon avis il va bientôt craquer,
se prit alors Millardo à la discussion.
-Oui. Mais je mettrais ma main à
couper qu’il y a anguille sous roche.
-Onze ne sait peut être pas se
contrôler, mais son supérieur ne le laissera pas tout gâcher, reprit alors
Trowa à la suite du pilote du Nataku.
-Alors peut être qu’on devrait
aller l’aider un peu ? proposa le natté
-Où ça en est ? questionna le petit
blond alors que le communicateur laissait apparaître le visage de la présidente
des services de renseignements des Préventers.
-Toujours rien de suspect. La
situation reste à notre avantage.
-Alors on attend encore, trancha
Quatre.
Onze fulminait. Dans l’esprit de
tous les citoyens, les résistants du royaume pacifiste étaient placés comme
criminels aux même titre que les Opposants…Seulement montrer la charité des
Résistants compromettait fortement ces propos… Et il était impuissant… Il ne
lui restait plus qu’une chose à faire.
Le lieutenant bascula sur le canal
privé de son armure.
-Thomas, lancez l’offensive et
éliminez-moi ces chiens de rebelles, les citoyens n’en on déjà que trop vu.
-Bien reçu lieutenant.
C’est alors qu’un éclair traversa
soudain le champ de bataille pour venir pulvériser plusieurs MS des épyons
terros.
-Ce sont les Opposants, en position
défensive ! Aboya Onze sur ses soldats.
Dans la panique, le lieutenant en
profita pour déplacer quelques MD juste devant les premiers bâtiments de
Newport, ceux-là même où les caméras avaient leurs objectifs braqués.
-Mon dieu ! Plusieurs armures
viennent d’être détruites par une attaque inattendue ! s’emporta le
commentateur. Les Opposants ! Ce sont les Opposants qui viennent prêter
main forte aux rebelles !
Les Résistants restèrent un instant
sidéré par ce qui venait de se passer. Les épyons terros venaient de sacrifier
leurs propres Hommes pour justifier leur gigantesque supercherie.
Quatre fut le premier à comprendre
ce qui se passait.
-Les Résistants ! Ce sont les
Résistants au sol qu’ils veulent tuer ! Il va tirer sur les MD placés
devant les bâtiments !
Mais c’était déjà trop tard, le
canon laser à longue portée des Opposants avait déjà lancé sa seconde attaque.
Droit sur les MD effectivement.
-Regardez ! Ils ouvrent de
nouveau le feu sur nos troupes ! en rajouta le journaliste.
-On est foutu ! eut juste le
temps de souffler un rebelle alors qu’ils voyaient l’éclair d’énergie se
diriger droit sur eux.
Tout se passa alors en une fraction
de seconde, une vague forme traversa le ciel qui s’assombrissait et une
imposante masse blanche atterrit au moment même où les MD s’éclipsaient.
Une puissante lumière éblouit un
instant tous les Hommes et une gigantesque explosion s’ensuivit.
Le visage réjouit du dirigeant des
opérations se crispa soudain lorsque les fumées se dissipèrent. Et le monde
entier se figea de surprise.
-C’est un…C’est un…
-Un Gundam !
L’armure qui avait subit la
puissance de l’attaque, prit alors appuis sur son avant bras se redressa de
toute sa hauteur. Les derniers nuages noirs se dissipèrent alors que les ailes
du Wing Zéro se déployaient, révélant l’éclat scintillant de son alliage, d’une
blancheur presque éblouissante.
-Mais c’est… mais c’est… c’est le
Gundam qui a détruit le palais de Bruxelles… c’est l’ange ! [6]
bafouilla le présentateur sous le choc. Mais… mais… où sont les Geminis ?
réalisa-t-il soudain
-Heero ! clama alors Duo, bon
sang mon gars heureusement que tu étais là !
-Dieu merci, respira Quatre.
Les yeux de l’armure s’illuminèrent
soudain de bleu et un de ses bras s’anima, soulevant l’immense canon à
plasma qui se mit en charge.
-Il semblerait qu’il protège les
rebelles, analysa tout haut le journaliste… Attendez, on dirait qu’il s’apprête
à ouvrir le feu sur les Opposants !
L’homme venait tout juste de
terminer sa réflexion lorsque Heero lança son attaque. Une slave d’une
puissance incroyablement supérieure au tir des Opposants. D’une précision
parfaite, elle pulvérisa le canon de ses ennemis. Heero n’attendit pas une
seconde de plus et se tourna vers les Geminis, mettant plusieurs armures
mobiles hors d’état de nuire avant même qu’elles n’aient pu réagir.
-Incroyable ! s’exclama le
commentateur. Voilà maintenant qu’il
s’attaque à nos troupes !
Onze, muet de rage tapa violemment
sur le bouton du canal privé.
-Mais qu’est ce que vous foutez
bordel ! Hurla-t-il.
-On y est presque. Encore quelques
minutes.
-A nous de jouer ! intervint
Quatre au même instant. Allons-y !
Les cinq Gundams s’animèrent dans
un même élan. Duo fut le premier à arriver en vue de la bataille. Une ombre
obscurcit un instant les pâles rayons du soleil. Les Hommes eurent juste le
temps de lever les yeux pour voir ses ailes sèches et râpeuses se déployer dans
leur danse mortuaire, éclairées par la lumière verdâtre de la faux du
Shinigami. Le Deathscythe se posa en haut du bâtiment qui avait été visé au
moment même où le Heavyarms arrivait souplement sur l’immeuble voisin. Les
rebelles cessèrent alors un instant le feu et le dernier nuage de poudre se
dissipât au profit de trois autres Gundams, le Sandrock en tête, ses faucilles
en main.
Le cœur de Hilde se serra
douloureusement en voyant le Deathcsythe apparaître à l’écran. C’était la
première fois qu’elle les revoyait. Duo et son armure. Son
« partenaire » comme il l’avait si souvent appelé. La rumeur disait
donc vrai, les Gundams étaient bien de retour…Jamais elle n’aurait pensé que
les choses prendraient une telle tournure lorsqu’il est partit précipitamment,
il y a de ça bientôt trois mois. Mais c’était arrivé jusqu’aux colonies. Et il
n’était plus là pour elle, plus là pour les protéger. Mais elle ne pouvait pas
lui en vouloir, à lui pas plus qu’aux autres. Il fallait défendre Sank, le
royaume et sa princesse étaient devenus le porte drapeau de la Résistance, les
épyons terros ne pouvaient pas tout détruire, ils ne devaient pas.
C’est à l’annonce de la mort de la
princesse Peacecraft qu’Hilde avait décidé de rejoindre l’organisation rebelle,
et tant pis si Duo n’appréciait pas. Elle ne pouvait plus ignorer les
bouleversements qui s’opéraient, car en touchant à la « Reine
Relena » comme tout le monde l’appelait encore, les épyons terros avaient
réveillé la fibre fraternelle des citoyens des colonies. Ici, plus encore qu’ailleurs,
la princesse avait acquis une grande notoriété.
Le réseau de Résistance s’était
rapidement structuré, largement plus représenté que sur terre. Et bien que
n’ayant rencontré aucune hostilité majeure pour prendre le pouvoir, les épyons
terros devaient faire face à une pression quasi permanente du mouvement
contestataire qui n’avait cesse d’enchaîner menaces et attaques contre
l’organisation.
Les murmures qui s’élevaient de la
foule sortirent Hilde de sa réflexion.
-Les Gundams…
-Oui, ce sont bien eux.
-Ils sont revenus…
-…
La jeune fille releva alors la tête
pour apercevoir le Deathscythe qui
abaissait sa faux. Duo se préparait à attaquer. Soudain saisie d’un élan
inconsidéré, la brunette aux cheveux court se retourna face aux Hommes qui
s’étaient rassemblés en masse.
-Oui, ils vont se battre,
répondit-elle alors à leur question silencieuse.
Les murmures s’éteignirent aussitôt
et des centaines de têtes se tournèrent dans sa direction. Le cœur de la jeune
fille s’accéléra et sa détermination se renforça.
-Parce que la paix est
menacée ! Notre paix ! lança-t-elle un peu plus fort, ses yeux
s’assombrissant à mesure qu’elle sentait la peur et la colère grandir en elle.
Ils n’ont rien demandé à personne,
n’ont jamais bénéficié d’aucune reconnaissance quelle qu’elle soit. Et pourtant
ils se battent ! cria-t-elle en pointant l’écran. Allez-vous les laissez
se sacrifier ainsi ? N’allez-vous pas vous battre vous aussi ! La paix
n’est pas quelque chose qui nous est donnée, elle a été battit au prix de vies
humaines. Et elle mérite qu’on la défende !
Hilde se tut un instant et
parcourut du regard la foule en présence. Des têtes baissées et des visages
fermés. Ses yeux se brouillèrent soudain. Non. Elle ne pouvait pas y croire. Ce
n’était pas possible.
-Maintenant c’est fini ! soma
un homme qui pointait à présent son arme d’assaut sur elle.
La jeune fille tourna la tête,
lentement, pour rencontrer un épyon terros, bientôt rejoint par un autre
soldat.
-Toi ma jolie tu vas gentiment nous
suivre, ricana le second.
Mais Hilde ne bougea pas, ses yeux
orageux les mettant au défi de tirer.
-Espèce de petite
prétentieuse ! s’énerva le second en la menaçant à son tour de son arme.
C’est alors qu’un éclat de voix
retentit, faisant spontanément relever la tête de tous les Hommes. Tous, sauf
Hilde. Elle savait ce qui venait de se produire. Les pilotes de Gundams, dans
un même cri de défi, venaient d’engager la bataille.
Elle eut tout le loisir de voir le
visage des deux hommes qui la menaçaient pâlir et se tendre face à la puissance
des Gundams. Jusqu’à ce qu’ils abaissent leurs yeux ivres de colère sur elle.
Hilde vit sa mort arriver lorsque
soudain un plat de main s’abattit sur la nuque du soldat. Le coup de feu
retentit et l’épyon terros retomba au sol, inconscient. La jeune fille, un
instant trop surprise, regarda soudain autour d’elle. Personne n’avait reçu la
balle perdue. Une chance.
Son attention se porta alors sur
l’autre soldat qui se faisait encercler peu à peu par la foule qui ne semblait
soudain beaucoup moins docile.
-Lâches ton arme !
-On ne vous laissera pas menacer
ainsi la paix !
-Les épyons terros n’ont rien à
faire ici !
-Dehors, on ne veut pas
d’armes !
La jeune recrue, prise de panique,
laissa alors tomber sa mitraillette au sol pour faire volte face, bousculant
plusieurs hommes pour s’enfuir. Mais personne ne le retint.
-C’est ça dégage !
-Il est temps de chasser ces épyons
terros de notre colonie !
-Allons-y !
-Nous n’avons que trop
attendus !
La première révolte du peuple
contre le pouvoir autoritaire était engagée.
Et pendant ce temps là, la
véritable offensive contre Sank était sur le point d’être lancée.
Les Gundams s’attaquèrent aux
premières lignes dans la panique la plus totale de celles-ci. Leur intervention
avait soulevé le doute chez la plupart de ces soldats. Et certains Geminis
semblaient même s’offrir volontairement à l’ennemi. La seule chose que Onze put
faire pour limiter son humiliation, ce fut de lancer des MD qui ralentirent
l’action des Gundams.
Jusqu’à ce que ce soit à son tour
de mener la danse.
La bataille devait être engagée
depuis cinq minutes lorsque soudain la donne changea.
Millardo, qui avait pour rôle de
garder un œil sur les informations internationales, vit soudain son écran
devenir noir. Le visage du prince s’obscurcit.
-Il y a un problème de
retransmission, je n’ai plus de signal des satellites, informa-t-il les autres.
-Quoi ! s’exclama Duo alors
qu’il décapitait une armure.
-Je confirme, approuva Sally en
vérifiant sur son propre canal.
Lady Une apparut alors sur leurs
écrans.
-La situation a viré. Sank est à
présent plongé dans le noir. Les épyons terros viennent de prendre possession
de la centrale énergétique du pays et ils ont complètement détruit le système
de diffusion…Préparez-vous, les prévint-elle.
Et alors qu’une pluie fine
commençait à tomber, les Hommes, le visage fermé, reprirent de plus belle la
bataille. La guerre venait de commencer.
Le commandant des services de
renseignement prit alors le jeune leader à part.
-Quatre, le Wing Zéro ne répond
pas, je n’ai pas réussi à établir de communication.
-Je sais. Je vais voir ce que je
peux faire. Merci Une.
-Je suis avec vous. On l’est tous.
-On y arrivera, assura-t-il en lui
souriant faiblement.
La jeune femme hocha alors une
dernière fois la tête et disparut.
Le petit blond contacta aussitôt
son ami.
-Duo, on a un problème. Heero
semble bloquer tous ces canaux. Je pense qu’il nous entend mais on ne peut pas
entrer en contact avec lui.
-C’est mauvais…murmura sombrement
le natté. Si seulement j’avais su avant…
-De quoi tu parles ? remarqua
Quatre alors qu’il se trouvait aux prises avec un ennemi plus tenace.
-De rien ! fit-il en se
reprenant. Je vais lui parler.
-Ok. Bonne chance.
-Oui, fait attention à toi little
boy.
-Promis Duo, sourit Quatre en
entendant le surnom affectif que son ami lui avait trouvé, il y a de ça
quelques années déjà.
Le natté prit alors une profonde
inspiration et bascula sur le Wing. Il allait lui falloir être efficace car
Heero ne lui laisserait aucune chance de s’étaler.
Mais comment faire ? Lui
apprendre maintenant, en plein combat que Wufei était à l’origine de sa
séparation n’était peu être pas la meilleure des choses à faire. Surtout que
Heero ne se battait jamais sans le Système Zéro…C’était dangereux. Très risqué.
-Heero, Relena t’aime et ne veux
pas te quitter, opta-t-il finalement.
Les paroles de Duo retentirent dans
son cockpit alors qu’il mettait à bas une autre armure. S’il n’était pas en
train de se battre, il en aurait presque rit.
Non mais est ce qu’il
s’entendait ?
Tout cela sonnait tellement faux en
lui.
C’était un pilote de Gundam. Un
tueur, depuis toujours et pour l’éternité. Relena n’avait rien à faire avec
lui. Il avait eu tort d’y croire. De croire en la vie. Ce n’était pas pour lui,
il n’y avait pas sa place. Il s’était trompé de bord, son existence était une
erreur. Et l’heure n’était plus à l’espérance.
-Heero ! Je sais que tu
m’entends, alors réponds-moi ! s’emporta Duo, soudain gagné d’une peur
inexpliquée.
Le jeune homme cilla un instant
avant de presser la commande vocale.
La souffrance ne serait plus son
pain, et il n’entraînerait plus personne dans sa peine.
-Duo, nous avons un combat à mener.
Restes en dehors de ça. C’est terminé, lui répondit-il d’une voix
incroyablement calme.
Le natté resta un instant sous le
choc. Cela n’était pas possible, cela ne se pouvait pas.
-Co…comment, bafouilla-t-il.
Non ! Heero ! Attends ! Ne fais pas ça ! Heeroooo ! !
! s’emporta-t-il soudain en réalisant que c’était ici sa dernière chance.
Mais c’était trop tard, le pilote
du Wing venait d’interrompre définitivement tout contact avec l’extérieur.
-Heero ! T’es qu’un
connard ! hurla-t-il alors dans le cockpit, noyé de colère.
Duo s’en voulait tellement.
Mais le pilote, après un instant de
désespoir, se ressaisit. Il ne voulait pas perdre son ami. Il ne voulait pas
croire en ce qu’il avait perçut chez lui.
-Il va te falloir compter le dieu de la mort avant de nous fausser compagnie Heero ! s’écria-t-il.
Le jeune homme quitta alors son poste de combat pour rejoindre la zone où se trouvait le Gundam ailé.
-Duo qu’est ce que tu fais ! intervint aussitôt Quatre
-Duo ! ! ! l’appela-t-il plus fort.
-Maxwell, bordel ! jura le chinois d’une voix nerveuse, surprenant tout le monde.
Le jeune homme se retint pour ne pas lui répondre, et fit exploser sa colère en frappant le bouton de la commande vocale, coupant ainsi court à toutes les protestations de ses coéquipiers. Il l’avait déjà dit, la guerre, la paix et tout ça, il avait déjà donné. Il avait bien plus important à faire pour le moment.
Mais Onze, libéré du regard du monde, choisit cet instant pour lancer sa contre offensive. Et les forces conjuguées des épyons terros et des Opposants s’unirent pour une attaque d’une envergure démesurée. Ils lancèrent un assaut en masse et plus de trois cents armures passèrent soudain à l’attaque.
Duo, subitement assaillit de toute part, ne mit qu’une seconde à comprendre ce qu’il venait de se passer.
Incapable de se soustraire à la pression de ces ennemis, il fut obligé de riposter, pour ne plus jamais cesser d’être assaillit par des armures en surnombre.
*****************************
Huit heures…huit heures que la bataille faisait rage. Comme l’orage.
Un nouveau claquement sec se fit entendre, supplantant l’espace d’un instant le rugissement des machines.
Une lumière blanche inonda la terre alors que Quatre démembrait encore une armure qui s’effondra au sol, étendue de boue et de carcasses.
Le pilote au souffle court se redressa après un léger instant de flottement, dans un cri rauque, retourna au devant de ses ennemis.
Ils s’épuisaient. Elle le voyait.
Elle n’en pouvait plus. Les larmes s’étaient faites invisibles au fil des heures, inutiles face à la profondeur de sa douleur. Inutiles face à la mort qui s’infiltrait un peu plus chaque seconde sur cette terre de paix, devenue étendue de désolation.
Les pilotes ne se battaient plus. Ils se débattaient. Il n’y avait plus de place pour la stratégie, juste pour la survie.
Et à mesure que le jour s’éteignait, les rebelles tombaient.
La guerre était pourtant presque finit, deux cents armures tout au plus. Quelle ironie.
Mais la respiration saccadée de Quatre et ses gestes de moins en moins précis ne laissaient qu’une alternative.
Relena, et tous les autres résistants voyaient à travers les yeux du jeune leader depuis que l’obscurité s’était abattue sur le royaume.
Le petit blond donnait tout ce qu’il lui restait, comme ses coéquipiers.
Bientôt trois heures qu’il combattait avec le Système Zéro. Malgré la désapprobation de certains, le jeune homme, voyant que la tournure des évènements devenait trop critique, avait décidé d’utiliser le support de l’intelligence artificielle. Et cela l’avait grandement aidé, augmentant ses capacités tactiques pour le commandement de ses troupes, et aiguisant ses aptitudes de soldat.
Quatre avait vraiment été admirable.
Soudain le Sandrock reçut le tir d’un Gemini sur les flancs et dérapa sur le sol devenu glissant se retrouvant sur les genoux. Le pilote de l’armure ennemie envoya alors sur lui les deux MD qui étaient sous son contrôle. Les Gemini, d’une rapidité redoutable arrivèrent sur lui avant qu’il n’ait pu se relever et pointèrent leurs canons laser. Sandrock ne résisterait pas à une telle attaque, il était bien trop endommagé, Quatre le savait.
Relena serra les poings jusqu’au
sang alors que de l’autre côté de la mer, Dorothy et Dave enserraient la
princesse qui venait de s’effondrer au sol, accablé de souffrance.
Mais au moment où elles allaient
tirer, le bras du Shenlong fit sauter la tête de la première alors qu’un Taurus
blanc, désactivait la seconde.
-Merci…souffla alors le petit blond
une fois qu’il eut repris ses esprits. Merci Sally et Wufei.
C’est alors qu’un éclair illumina
le ciel, coupant court à leur interaction.
-Mon dieu…souffla alors Noin.
-Heero !
-Ressaisis-toi !
Mais le pilote n’entendit pas. Il
n’était plus là. Depuis longtemps. Il n’avait plus qu’une seule chose en
tête : détruire l’ennemi pour enfin en finir. Mais l’ennemi revenait
toujours, le forçant à rester, à puiser chaque fois davantage dans ses
ressources…à s’impliquer dans cette lutte dont il ne voulait plus…et
inévitablement le Système Zéro avait finit par prendre le dessus.
C’était une forme d’intelligence
redoutable à laquelle on avait inculqué l’instinct de survie. Détruire pour
perdurer. Telle était sa mission. Le Système fonctionnait parfaitement à partir
du moment où le pilote éprouvait la même ardeur au combat. Zéro devenait alors
le prolongement de l’Homme, et un équilibre s’installait entre les deux.
L’intelligence pour la sensibilité. Une alchimie parfaite. Mais fragile et
fatale pour le néophyte.
La distorsion causée au Système par
l’état psychologique d’Heero finit par causer un bug. Et Wing Zéro décida
d’employer les grands moyens.
Le canon à plasma se rechargea une
seconde fois pour pulvériser une dizaine d’armures supplémentaires. Une fois la
zone de combat définitivement ravagée par les flammes, le Gundam prit son envol
pour la partie sud de la ville. Les épyons terros gagnaient du terrain sur les
Résistants, et plus de la moitié de New port se trouvait déjà sous leur
contrôle.
Mais le Wing Zéro changea
rapidement la donne en éliminant les quelques armures que les épyons terros
avaient laissé à l’arrière, préférant envoyer toute leurs troupes sur le front.
-Mais qu’est ce qui se passe
ici ! grogna un dirigeant d’unité alors que des explosions retentissaient
dans la cité.
Il n’eut pas le loisir de se poser
davantage de question lorsque le Wing Zéro passa en rase motte, le détruisant
lui et les armures qui assuraient la garde de ce secteur.
Tout était plus simple lorsque l’on
ne faisait pas de compromis, et le Gundam ailé eut tôt fait de mettre à feux et
à sang une partie de la ville sous le regard horrifié des Résistants.
Mais les épyons terros réagirent
promptement et envoyèrent rapidement des renforts en arrière. Et en plein
centre ville, l’armure mit son canon à plasma en charge.
-Non…Wing…arrêtes…balbutia le
pilote, fibrillaire et le cœur au bord des lèvres.
Heero voyait impuissant les
horreurs défiler devant lui. Tous ses sens étaient en alertes, mais il n’avait
plus le moindre contrôle sur son armure. Il n’était plus que le prolongement du
Système.
Mais soudainement il luttait. Il
luttait pour l’empêcher de commettre un tel massacre. S’il tirait ici, une
partie de la ville serait totalement soufflée par l’explosion.
Et ça, il ne le permettrait jamais.
Et dans un élan de détermination,
le pilote reprit un instant le contrôle, pointant le canon vers le ciel au
dernier moment.
Le tir déchira les nuages et Heero
n’attendit pas une seconde de plus, décollant aussitôt pour rejoindre la zone
de combat des autres Gundams, a présent toute proche du Palais résidentiel.
Mais alors qu’il arrivait en vue
des autres Résistants, une nouvelle vision s’imposa à lui. La plus terrible des
prédictions.
Relena venait d’apparaître, appuyée
contre ce qui semblait être un poste de commande. Les poings serrés, elle
pleurait.
Heero se plaqua soudain contre son
siége et ses mains se crispèrent davantage sur les commandes.
-Non ! Arrêtes ! Arrrrrêêêêtes!
S’écria-t-il avec désespoir.
La princesse se retourna soudain,
et sur son visage inondé de souffrance, il put lire la peur. Heero eut à peine
le temps de la voir qu’une nuée de flammes la happèrent. La silhouette immolée
tituba un instant avant qu’une gigantesque explosion ne prenne le pas sur sa
vision.
La vie sembla se suspendre un
instant dans le corps d’Heero. Et sa souffrance atteint son paroxysme. Le
pilote, ignorant totalement l’emprise du Système se dégagea violemment des
commandes alors qu’il hurlait le nom de la jeune fille.
Le Wing Zéro s’immobilisa soudain et tous les Hommes retinrent leurs souffles. Les Résistants, le cœur battant à tout rompre virent alors le sas de l’armure s’ouvrir, et à travers le rideau dense de la pluie, une silhouette flageolante apparaître.
Heero cilla au contact de l’eau. Il perdit l’équilibre mais se rattrapa de son bras libre contre l’embrasure de l’habitacle. Il releva alors ces yeux et ses pupilles révulsées accédèrent à sa demande pour lui révéler l’ampleur de ses plus grandes peurs.
Le ciel noir s’éclaira un instant de blanc cinglant, donnant à la pluie le reflet argenté de milliard de lames. Le jeune homme abaissa alors son regard et sauta une inspiration lorsqu’il vit l’étendue de désolation qui s’offrait à lui. Un cimetière de métal au-delà duquel s’élevaient les flammes de l’enfer.
Un claquement sec retentit soudain
Relena vit le corps d’Heero se tendre et relâcher presque aussitôt la pression. Le petit pilote virevolta sur lui-même telle une ballerine désarticulée avant de se jeter dans le vide.
-Heeeeeeroooo ! ! ! hurla-t-elle en se
redressant au-dessus du tableau de commandes, le visage inondé de larmes.
Les Hommes restèrent un instant sous le choc en voyant le jeune pilote toucher terre tête la première.
Mais le soldat qui avait tiré, lui, ne perdit pas une seconde et se précipita vers le corps étalé dans son linceul de boue.
-Enculés ! ! ! explosa alors le dieu de la mort.
Le Shinigami poussa ses réacteurs au maximum et atterrit au-devant du corps de son ami pour projeter violemment dans les airs le soldat qui avait eu l’impudence de s’attaquer à son ange. Et le châtiment fut aussi cruel que l’acte perpétré. L’épyon terros, stoppa sa course contre la carcasse d’un Sepentarius, un craquement sourd se fit entendre et le soldat empalé, perdit son souffle vital.
Duo, activa sa faux thermique et recula d’un pas afin de se retrouver au-dessus de l’être inerte.
-Venez espèce de salaupard ! Venez goûter à l’acariâtreté de la mort ! s’écria-t-il alors que des larmes chaudes se répandaient sur son visage déchiré par la peine.
Azim qui était jusqu’à présent resté en arrière, s’approcha doucement de la jeune fille. Et alors qu’il allait poser la main sur elle, elle réagit pour la première fois depuis plusieurs secondes et se tourna face à lui. Le jeune homme retint l’émotion qui le gagna lorsqu’il rencontra ses yeux à l’expression si intense. Quoi qu’elle puisse en dire, Relena ne se donnait jamais à moitié lorsqu’elle se liait à quelqu’un.
-Azim mettez-moi en liaison avec l’international, fit-elle alors avec détermination, dernier soubresaut d’ambition avant la capitulation.
Le Maganac la fixa. Elle n’était que peine et colère. Elle souffrait plus que tout. Il n’aurait jamais dû accepter. Et pourtant il accéda à sa demande, comprenant et partageant le même sentiment.
L’image de la défunte Princesse apparut alors aux yeux de l’humanité. Et les Hommes se figèrent face à l’icône pacifiste revenue du néant.
Relena, les poings serrés, releva alors la tête, révélant sa souffrance à la face du monde. Elle garda le silence pendant quelques secondes, encore trop choquée. Trop accablée par ce qu’il venait de se passer. Elle se fichait bien que des milliards d’êtres humains aient les yeux fixés sur elle en ce moment même, attendant une réaction de sa part, elle n’en avait cure de ce qu’ils pouvaient bien penser. Tout ce qui comptait, c’était ce qu’elle, elle pensait d’eux.
Et soudain sa rage explosa.
-N’en avez-vous pas assez ! N’êtes vous pas satisfait ! cria-t-elle alors que ses larmes redoublaient, faisant vaciller sa voix.
Mais la jeune fille ne cilla même pas, et le regard brillant d’émotions, poursuivit :
-Combien de morts faudra-t-il encore pour que vous réagissiez enfin ! Combien de sacrifices et de destructions ? Combien ! lança-t-elle, cette fois, incapable de surmonter ses sanglots.
Dans un geste de pudeur, elle baissa la tête, tentant vainement de dissimuler son chagrin.
-Pourquoi est ce que ce sont toujours les plus honorables qui sont voués à un tel destin…souffla-t-elle alors qu’elle se rendait. Définitivement.
L’image de la Princesse grésilla puis disparut.
Les pilotes restèrent un instant figé dans la surprise, encore fixés sur Relena qui venait de s’effacer de leurs écrans. L’élan de la princesse les avait touchés en plein cœur et Quatre fut le premier à trouver les mots.
-Allons-nous renoncer ! s’écria soudain le jeune leader. Allons-nous laisser les épyons terros piétiner tous nos efforts ? Relena, elle n’a pas hésité à exprimer son amertume ! Parce qu’elle n’a jamais voulu s’avouer vaincue ! Pourquoi nous battons-nous ? fit-il alors. Nous nous battons parce que nous voulons protéger ceux que nous aimons ! Peut importe que le monde entier se fiche de notre sort ! Peut importe que notre résistance soit inutile ! Je me battrais pour ceux en qui je crois !
clama-t-il alors qu’il rejoignait Duo.
-Merci vieux frère, souffla le Shinigami, sa voix teinté d’un nouvel espoir.
Et alors qu’ils se mettaient dos à dos, un nouveau Gundam s’approcha.
-Nous vaincrons. Où nous mourrons tous ensemble, déclara le pilote du Heavyarms, bientôt rejoins par les autres armures.
Les Hommes s’organisaient en cercle autour du Wing Zéro lorsqu’un voyant du Talgeese s’éclaira.
-Att…Attendez ! s’écria soudain Millardo. Heero…Heero est vivant ! Je détecte une activité thermique !
Les pilotes restèrent un instant bête. A la vitesse où venaient de s’enchaîner les évènements, ils n’avaient même pas pensé à vérifier ce point de base.
Mais leur réflexion fut subitement interrompue par un tir ennemi qui traversa le champ de bataille.
-Ils reviennent ! En cercle ! ordonna Quatre. Elargissez-le au maximum. Sally, on te couvre, occupes-toi d’Heero et sorts-le de là !
Relena, constatant que le voyant de retransmission venait de passer au rouge, se ressaisit et se tourna vers Azim. Le Maganac hocha négativement de la tête. Ce n’était pas de son initiative.
Les deux êtres s’échangèrent un regard au moment même où une explosion occasionna une violente déflagration…
****
Puisse une étoile du soir,
Faire descendre sa lumière sur toi.
Puisse, lorsque l’obscurité tombe,
Ton cœur voir la vérité.
L’obscurité est venue,
Crois et tu trouveras le chemin.
L’obscurité est tombée.
Une promesse vit maintenant en toi…
Puisse le chant des ombres,
S’envoler au loin.
Puisse ton voyage continuer,
Pour éclairer le jour.
Quand la nuit sera vaincue,
Tu pourras t’élever et enfin trouver la lumière.
Car une promesse vit maintenant en toi.[7]
*****************************
[2] : Alors si je ne m’abuse, c’est de Paul Eluard, extrait de « derniers poèmes d’amour ». Sous réserve d’infimes modification que j’ai apportée ^^
[3] : Ca c’est dans la deuxième saison. Millardo, alors commandant en chef du Lotus Blanc, lance une « mise en garde » aux terriens. Depuis son vaisseau de guerre, le Libra, il tire sur la terre, déchirant sa surface d’un énorme cratère.
[4] : L’Iris versicolore est la fleur emblématique du Québec depuis peu. Elle est symbole de paix et de tolérance.
[5] : Ouf ! C’est compliqué les armes ^^ Le Glock17 et le HKP7 sont des pistolets qui existe réellement. D’après mes recherches, ce sont les semi-automatique les plus utilisés de nos jours.
[6] : Cela fait référence à Endless Waltz, mais pour le coup de l’ange, c’est de moi. Mais bon, j’imagine assez facilement qu’il est pu se faire appeler « l’ange » avec un Gundam pareil ^^ Et puis moi j’aime bien !
[7] : Traduction de May it be, la chanson de clôture de la communauté de l’anneau. Euh, ici aussi un peu arrangée pour les circonstances ^^
Note de l’auteur : Euh…vous me croyez si je vous dis que j’étais dans une période noire ^^ Enfin, même si le début de ce chapitre à été difficile pour moi, je me suis éclatée sur la fin ! J’avais la rage.
La fin, vous a peut être surpris, ce n’est pas dans mon habitude de couper ainsi mes chapitres, mais là, désolé, j’ai vraiment pas pu faire autrement. Et puis, au moins une fois, je vous aurais vraiment laissé en haleine >_< !!!
A bientôt ^_~
Temps écoulé durant ce chapitre : un jour…sans commentaires ^^
Chapitre Commencé le 06/02/2004, Terminé le 02/03/04.