Disclaimer : Les personnages et l’univers de Gundam Wing ne m’appartiennent pas, en revanche les persos que j’ai créé et l’histoire sont ma propriété exclusive.

 

Au nom de l’honneur, devant la bataille, dans le cœur d’un homme, vit l’âme d’un guerrier.

Le dernier Samouraï.

 

 

L’OBSCURITE EST TOMBEE

 

 

 

Après deux heures de lutte, la bataille était terminée et les quarante trois résistants avaient mis à bas près de trois cents armures ennemies, et ce, presque sans aucune perte. Presque.

 

Heero descendit de son appareil le visage grave et le regard dur, dur pour lui-même. Il ne voulait voir personne, partir, loin d’ici, loin de cette guerre dont il ne voulait plus. Il avait été pitoyable et il ne voulait pas du soutient de ses amis. Il ne le méritait pas.

Mais c’était sans compter sur Quatre qui vint aussitôt à sa rencontre, ignorant celles et ceux qui les entouraient. Heero avait mal, il le savait, il le sentait.

-Heero, tu as fait ce qu’il y avait de mieux.

Le pilote, dont le visage était dissimulé, releva sensiblement la tête et jeta un regard de travers à son interlocuteur. Il plaisantait !

Mais le petit blond ne se laissa pas impressionner et tint l’affront, implacable.

-Tu n’as rien à te reprocher, continua-t-il, son regard se faisant plus déterminé à mesure que les yeux du 01 s’assombrissaient.

 

Iria se crispa au face à face des deux pilotes, chacun ivres de colère. Une colère sourde, mais tellement profonde, tellement douloureuse. Elle faisait l’effet d’une véritable décharge électrique entre eux et elle aurait juré qu’ils étaient près à se sauter à la gorge.

Mais toute cette agressivité qui émanait de leurs êtres n’avait rien de personnel, Duo le savait et il vint poser une main rassurante contre l’épaule tendue de la jeune princesse.

 

Le pilote le fixait, menaçant, mais sans rien dire. A quoi cela aurait-il bien pu servir ? Tout le monde savait déjà ce qu’il s’était passé et leur opinion était toute faite.

Face au manque de réactivité de son ami Quatre se fit plus audacieux, et le temps d’un soupir, il rejoignit l’espace qui le séparait d’Heero pour le saisir par les épaules, n’ayant cesse de le fixer, son regard emplis d’émotions.

-Heero, je t’en prie, dis-moi quelque chose, le supplia-t-il à voix basse.

-Laisses-moi, rétorqua-t-il, monocorde, ses yeux toujours fermés à Quatre. Ce regard vide qui cachait tant d’abîmes…

Le jeune chef insista encore un instant, espérant le faire changer d’avis. Mais il ne fallait pas rêver, et dans un soupir il le libéra.

-Très bien, fit-il résigné.

Heero sans se préoccuper davantage des autres, fit volte face en direction de l’extérieur.

-Attends, où vas-tu ? intervint alors Iria, ignorant le geste dissuasif de Duo.

Le jeune homme s’arrêta un instant, sans se retourner.

-Ne t’inquiètes pas, je serais là lorsqu’il le faudra.

Et il disparut.

-Ce n’est pas ce qui m’importe…murmura-t-elle alors tristement.

 

Quatre, resta un instant fixé sur le jeune pilote qui s’en allait. Il ne pouvait pas retenir Heero, et la seule personne qui en avait jusqu’ici eu la capacité n’était pas des leurs. Le petit blond poussa un soupir avant de se tourner vers les autres. Aussitôt il rencontra le regard d’Iria et son visage se détendit dans un faible sourire. Elle allait bien, et c’était déjà une bonne chose.

 

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Azim avait fini par gagner et dès que la bataille avait prit fin, il l’avait conduite à la cuisine. Il faut dire que ses arguments l’avaient convaincue. Le Maganac s’inquiétait pour elle et il ne pouvait pas mentir éternellement à Quatre. C’est la raison pour laquelle il lui avait posé un ultimatum, où elle acceptait de manger et de se reposer, où il se trouverait obligé d’en parler aux autres. Et elle avait cédé, pour ses amis…et pour Heero…Heero ? Avait-il seulement encore envie de la voir ? Non, certainement plus et il avait raison, sur toute la ligne. Et il ne fallait pas qu’il ait la moindre raison de penser à elle, c’était bien le but de toute cette supercherie, non ?

La jeune princesse soupira avant de prendre une nouvelle bouchée sous l’œil prévenant d’Azim. Même s’il l’avait agacée au premier abord, elle appréciait à présent sa proximité. Heureusement qu’il était là. C’était le seul point d’ancrage qu’il lui restait depuis que cette maison s’était vidée…depuis qu’elle avait rejeté Heero…

A cette pensé, l’ex-ministre n’eut pas la force et rabaissa sa fourchette, au bord des larmes.

Azim la regarda avec compassion avant de lui effleurer la joue d’un revers de main. La jeune fille sursauta un instant puis apprécia son toucher avant de relever la tête.

-Allons Princesse, cessez de vous faire autant de mal.

-Ne m’appelez pas comme ça…fit-elle d’une toute petite voix chevrotante.

-Peux m’importe votre titre ou votre rang déchu, pour moi vous resterez toujours une Princesse, répliqua-t-il doucement.

Un faible sourire prit forme alors que les larmes s’écoulaient sur son visage tiré.

-Azim, s’il vous plait, ne dites rien, murmura-t-elle, désespéré.

Le jeune homme au teint halé la fixa, partagé entre parler à Quatre de l’état inquiétant de la jeune fille, sachant qu’il aurait certainement plus de chance que lui pour l’aider, et ne rien dire. Ne rien dire pour ne pas leur rajouter de nouvelles préoccupations, mais surtout parce qu’au-delà de la douleur de la princesse, il percevait à quel point cela était important pour elle. Oui elle était désespérée. Et prête à aller jusqu’au bout. C’était important pour elle, et il respectait trop Relena pour aller contre sa volonté…il n’avait plus qu’à faire son possible pour limiter les dégâts…

-C’est entendu Relena, lui promit-il alors dans un sourire encourageant.

 

 

*****************************

 

 

La nuit venait de tomber lorsque Quatre et Iria purent enfin se retrouver seuls. Le combat avait prit fin en début d’après midi, et entre l’interrogation des prisonniers, la réparation des machines et la mise en place d’une nouvelle stratégie défensive, ils n’avaient pas eu une minute à eux. D’autant plus que les propos du lieutenant que Quatre avait mis à bas n’avaient rien de rassurant. Il avait confirmé ce qu’ils soupçonnaient déjà : les Opposants et les épyons terros n’étaient qu’une seule et même hydre. L’issue de cette guerre était donc toute acquise…Seuls les Résistants se mettaient en travers de leurs dominations avec pour bastion, le royaume de Sank. Il ne faisait plus aucun doute qu’aussitôt qu’ils leurs seraient possibles, ils allaient lancer une attaque massive sur le pays.

Et c’est plongé dans leurs sombres réflexions que les deux jeunes quittèrent le palais pour le parc.

Ils n’avaient parlé à personne de leur relation, ce n’était vraiment pas le moment, mais cela rendait leur situation d’autant plus difficile. Et Quatre n’en pouvait plus d’avoir dû se contenter d’observer l’anxiété de la princesse grandir au fil des heures. Et dès qu’il furent protégés par la grande allée de peuplier, le jeune homme qui se trouvait légèrement en retrait, se rapprocha et enserra la taille de la princesse. Iria s’immobilisa, sentant ses mains glisser contre son corps et son souffle tiède effleurer son cou. Elle posa doucement ses mains contre ses bras croisés sur son ventre et se laissa tomber contre lui, acceptant, pour la première fois de la journée de baisser sa garde. Quatre resserra son emprise et vint poser sa tête contre son épaule. Ils restèrent ainsi quelques minutes, leurs respirations se faisant plus lente et profonde à mesure que la pression qui les accablait s’atténuait.

-Quatre, je m’inquiète pour Heero, que lui est-il arrivé ? fit-elle alors en rouvrant les yeux.

Le pilote fit de même tout en se redressant.

-Ils se sont séparés.

-Comment ! s’exclama la princesse en reprenant aussitôt appuis sur ses pieds.

Quatre la libéra alors pour se mettre à sa hauteur, gardant néanmoins un bras autour de sa taille. Le regard qu’il lui adressa fut plus explicite qu’aucun mot.

-Mais pourquoi…elle l’aimait tellement, comment as-t-elle pu faire une chose pareille ? bafouilla-t-elle, sans voix face à cette nouvelle.

-Je l’ignore, avoua-t-il.

-C’est arrivé quand ?

-Il y a deux jours, juste avant notre départ.

-Ils ne méritaient pas ça…fit-elle alors d’une voix brisée, pas eux.

-Je sais Iria, je sais…

La jeune fille se tourna face à Quatre, ses yeux vert brillants d’émotions et de certitude.

-Il y a dû se passer quelque chose de grave pour qu’elle fasse une telle chose. Ca m’inquiète…la pauvre, je n’imagine même pas dans quel état elle doit se trouver…Et qui sait pourquoi elle a fait ça…qui sait ce qu’elle à l’intention de faire…murmura-t-elle d’une voix qui vacilla dans l’angoisse. Elle serait prête à tout sacrifier pour lui, fit-elle alors en relevant son regard sur le jeune homme. Heero représente tellement pour elle, il représente tous ses efforts de paix. Je le sais. Même si elle ne m’en a jamais parlé, même si elle a toujours gardé ça pour elle. Il a bouleversé sa vie, il l’a transcendé. Je ne peux pas croire qu’elle ait fait une telle chose… Elle aurait tout donné pour le sortir de sa vie de pilote…alors pourquoi ?

-Après l’annonce de l’ultimatum, Heero a changé d’attitude à son égard, il s’est renfermé et elle en a été inquiétée. C’est la dernière fois que j’ai vraiment pu la voir, après elle ne m’a plus laissé l’approcher, elle craignait que je puisse percevoir la véritable raison de sa douleur…

-Et Heero…où as-t-il bien pu aller ?  Mon dieu, pourquoi doivent-ils ainsi souffrir, ce n’est pas juste…souffla la princesse en détournant un instant la tête, essayant de ne pas accabler davantage Quatre par son inquiétude.

 

Mais le petit blond n’était pas du même avis. Voyant la peine qui s’insinuait dans le cœur de la jeune fille, il se plaça devant elle, cherchant son regard. Iria releva alors la tête et fut happée. Ces yeux…Tellement doux, tellement profond…tellement sincère. La tristesse dans l’expression du pilote s’effaça au profit d’un faible sourire et il leva doucement la main pour chasser les quelques mèches bouclées qui s’échappaient de sa coiffure avant de l’effleurer tendrement, s’appliquant à parcourir du bout des doigts le moindre de ses traits. La jeune princesse ferma bientôt les yeux et Quatre prit alors plus fermement son visage. Elle tressaillit insensiblement mais rentra dans son jeu. Le petit blond sourit, amusé, jusqu’à se rapprocher un peu plus d’elle. Il déposa un baiser sur son front, volatil. Un baiser sur ses paupières, humide. Pour faire ensuite courir une phalange de l’arrête de son nez jusqu’à son menton. Un imperceptible recourbement de ses lèvres fines indiqua à Quatre qu’elle s’abandonnait peu à peu à lui. Le pilote ne la fit pas patienter davantage et prit possession de ses lèvres, doucement, se retirant presque aussitôt pour revenir ensuite avec la même délicatesse. Iria se tendit à sa douce pression, suspendue à ses baisers, cherchant son contact qu’elle parvint bientôt à anticiper. Le jeune homme sourit faiblement à son attitude. Dans une moindre mesure, tout un chacun était capable de percevoir et d’adapter son comportement par rapport aux autres. Et à cet instant là, elle le percevait lui. Parfaitement.

Et c’est dans une synchronie parfaite qu’ils s’embrassèrent, lentement et tendrement. De toute cette tendresse qui jurait avec la guerre à laquelle elle était liée. Un baiser porteur d’espoir.

 

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La lune s’élevait des montagnes lorsque les pas de Heero l’arrêtèrent face à la méditerranée. Devant lui se dressait la stèle qui avait été érigé devant le tombeau infini de la princesse. Encre de Chine ondulant de reflets ce soir là. Un abîme insondable. Le jeune homme s’approcha davantage et tressaillit au toucher de la pierre. Glaciale. Relena avait toujours été si vivante à ses yeux. Ses doigts descendirent alors le long du marbre pour s’arrêter sur l’irrégularité des mots, rehaussés de reluire d’or.

 

Relena Peacecraft Darlian [1]

 

Poursuivant le chemin tracé par les Hommes, le pilote fit glisser les mots sous ses phalanges :

 

Je t'aime pour tous les temps ou je n'ai pas vecu
Pour l'odeur du grand large et l'odeur du pain chaud
Pour la neige qui fond pour les premieres fleurs
Pour les animaux purs que l'Homme n'effraie pas
 Je t'aime pour tous les autres que je n'aime pas

Qui me reflete sinon toi-meme je me vois si peu
Sans toi je ne vois rien qu'une etendue deserte
Entre autrefois et aujourd'hui
Je n'ai pas pu percer le mur de mon miroir
Il m'a fallu apprendre mot par mot la vie
Comme on oublie

Je t'aime pour ta sagesse qui n'est pas la mienne
Pour ta volonte
Je t'aime contre tout ce qui n'est qu'illusion
Pour ce coeur immortel que je ne detiens pas
Tu crois  etre le doute et tu n'es que raison
Tu es le grand soleil qui me monte a la tete

Quand je suis sur de moi

 

Je taime pour aimer.[2]

 

Un sourire triste accueillit ces paroles…il n’aurait pas mieux dit. Iria avait su trouver les mots justes, elle avait su découvrir peu à peu le cœur de la jeune fille. Un tel lien semblait les unir l’une à l’autre, une telle foi réciproque que ça paraissait au-delà de l’entendement. Qui accepterait de livrer ainsi, sans aucune concession, tout ce qui constituait son existence ? Seule Relena était capable d’une telle chose, capable de tout abandonner à ceux qui comptaient vraiment pour elle. Oui, elle savait voir avec son cœur. Pas comme lui.

C’est étrange qu’il soit venu jusqu’ici. Mais n’était ce pas l’endroit de prédilection pour s’adresser à la princesse ? Pour soulager son être accablé ? Heero n’avait jamais cru en un quelconque Dieu, mis à part peut être celui de la mort. Le seul qu’il avait traîné dans son sillon, son frère d’arme.

Le jeune homme posa alors un genou au sol, acceptant pour la première fois de s’abaisser devant une icône, rejoignant le parterre recouvert de fleurs.

Même si la guerre faisait rage, des Hommes venaient encore honorer la tombe pacifiste. Non, ils n’avaient pas oublié. Personne. Relena s’était mésestimée. Elle était devenue une martyre. La dernière chose qu’elle aurait souhaité.

Cette stèle était un juste retour des choses, une revanche. Elle n’avait pas de tombe pour l’enfermer de nouveau. Non, à présent elle était libre, son secret emporté avec elle, dans cette étendue azure…Et il en était heureux. Plus rien ne la retenait. Surtout pas lui.

-Tes chaînes ne sont plus. Reposes en paix. Je tiendrais ma promesse.

Heero se releva et resta encore un instant, fixant la pierre pour relever son regard sur l’océan, la brise rabattant sa chevelure au devant de ces yeux si pâle. Personne ne saurait.

 

Le pilote fit alors demi-tour, préférant l’obscurité de la forêt à la clarté d’une plage dénudée, trop chaleureuse pour lui.

 

De l’autre côté de la mer, une jeune silhouette équine fit volte face, le visage inondé de larmes emportées par le vent. Inès était la seule habilitée à voir ses plus profondes blessures.

Elle n’aurait pas dû revenir, se raccrocher. Mais c’était comme si elle en avait besoin, comme si elle ne voulait pas oublier, aussi dur cela soit-il. Elle se rappelait chaque regard, chaque geste, son souffle contre le sien, son corps contre son corps. Ce soir qu’elle ne voulait pas oublier. Jamais. Ce soir où ils s’étaient promis l’un à l’autre.

Relena était perdue, comme elle ne l’avait encore jamais été. Elle n’avait plus rien, elle était tellement vide qu’elle ne se reconnaissait même plus…plus aucun espoir. Une poupée bonne à poser sur une étagère, prisonnière de son visage de porcelaine.

Qu’avait-elle fait jusqu’à présent ?

Il paraît qu’elle s’était battue pour la paix…Battre ? Paix ? Et qu’avait-elle donc semé mise à part mort et destruction ? Jolie récolte, fauchée là où cela est le plus douloureux…en lui prenant chaque être cher à son cœur, coupant peu à peu toutes trace de vie pour ne laisser qu’une terre aride, acide.

Elle était comme ce cratère, cette écorchure que son frère avait fait à la planète bleue.[3]

Elle l’avait détesté ce jour là.

La terre l’avait porté, et lui, il la piétinait. Deux ans et rien n’avait encore repoussé. Comme si la planète tenait ici sa revanche. Elle n’était pas éternelle, encore moins invincible et pourtant on ignorait sa souffrance. La terre s’était régénérée jusque là, continuant sans répit à porter la vie. Elle était admirable.

Etait-elle comme ce cratère ?

Même si elle ne regrettait pas ce qu’elle avait accomplit, la pression qui l’avait accablée avait fini par avoir raison d’elle. La princesse Peacecraft n’était devenue qu’une pâle image de Relena. Elle s’était langui de son ancienne liberté, devenue prisonnière de sa cage dorée. Aujourd’hui, elle pouvait effleurer son nouvel univers qui semblait sans limites. Mais le cœur restait un lien puissant et elle ne pouvait pas aller au-delà, elle ne le voulait. Emprunter une voie centrée sur son existence n’avait tout simplement aucun sens. Elle leur était inutile, elle le savait, néanmoins elle ne partirait pas.

Parce que son cœur lui criait de rester.

 

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Millardo posa sa tasse sur le rebord de la gigantesque cheminée, rehaussée du blason de sa famille.

Un imperceptible bruit répercuté en écho le fit se retourner aussitôt. Noin se tenait à l’autre bout de la salle de réception, en hauteur. La jeune femme sourit doucement, accueillant le ballet d’or qui s’offrit à elle alors que le prince se tournait dans sa direction. Lucrezia, sans plus de cérémonie descendit alors les marches de l’escalier d’honneur, légèrement rosie par le regard insistant de Millardo. Il lui aurait fait croire à l’archétype du conte de fée à la fixer ainsi, si elle avait un peu d’imagination, le compte y était.

La jeune femme parcourut l’immense salle vide et le rejoignit. Le regard du pilote se fit plus doux et il coupa court à la distance qui les séparait pour enserrer la taille de Lucrezia avant de déposer un baiser au creux de son oreille. Le sourire de Noin s’accentua et elle se serra un peu plus contre lui. Millardo était beaucoup plus intime avec elle depuis qu’il lui avait confié son lourd secret. Elle ne doutait pas qu’il ait pu avoir des sentiments moins puissants auparavant, c’était juste qu’il n’osait pas les exposer.

La jeune femme releva alors la tête face à la cheminée pour être frappée par ses dimensions. Elle détourna un instant son regard pour remarquer que Millardo était lui aussi perdu dans la contemplation de l’édifice.

-C’était la salle de bal, fit-il alors faiblement.

-Les réceptions devaient être impressionnantes.

-Elles étaient magnifiques…

Et sans prévenir, le prince se retourna, entraînant à sa suite la jeune femme dans ses bras.

-Je me souviens de l’anniversaire de maman, lorsque j’avais sept ans. Mon père avait fait décorer la salle en son honneur, sans qu’elle le sache. Ici, fit-il en indiquant les baies vitrées, il avait fait mettre de grands rideaux bleu pâle, sa couleur préférée et sur toutes les tables, disposées en un immense rectangle, il avait fait mettre des Iris versicolore [4], fleur que ma mère affectionnait particulièrement. C’était magnifique. Mais le meilleur moment, c’est lorsque maman est descendue au bras de papa, dans sa robe de gala, curieusement assortie aux tons de la salle. Je n’ai jamais oublié son visage, cette expression de joie intense dissimulée derrière la première impression de surprise. En un instant, ses yeux se brouillèrent de larmes et sans aucune retenue, elle se jeta au cou de mon père à la stupéfaction de la plupart des invités.

Millardo marqua une pose et revint un instant au présent pour rencontrer le regard doux et un brin amusé de Lucrezia.

-Maman était quelqu’un de très digne, mais elle n’oubliait jamais ses émotions. La spontanéité de Relena me rappelle souvent à son souvenir…murmura-t-il d’une voix étrangement sereine, sans aucune teinte de douleur ou de colère, juste mélancolique.

-Tu aimais beaucoup ta mère.

-Je l’adorais. J’aimais aussi énormément mon père, mais c’était différent, parce que je le voyais beaucoup moins. Il m’a toujours inspiré énormément de respect. Il avait une telle prestance que j’en venais parfois à ne pas oser l’approcher, de peur de ne pas être à la hauteur. Mais c’était un grand homme, d’une douceur inaltérable qui m’a toujours fait sentir fier de moi.

Le silence s’installa un instant et leurs mains s’entremêlèrent tendrement jusqu’à ce que Noin reprenne la parole, l’incitant doucement à poursuivre.

-Tu appelais tes parents « papa » et « maman » ?

-Oui. Ils ont toujours tenu à nous préserver de l’hypocrisie des milieux aristocrates. C’est ma mère qui nous a élevé et la seule différence avec d’autres enfants c’est que la plupart des gens m’appelaient « prince » et que l’on nommait ma sœur « princesse ». Moi, je n’accordais aucune importance à ce titre, Relena en revanche adorait être ainsi appelée et elle ne répondait que par ce nom à ceux qui n’appartenaient pas à notre famille.

-A deux ans seulement…fit-elle en souriant.

-Oui, elle a toujours eu cette répartie. Sa personnalité s’est énormément affinée au cours de toutes ces épreuves…j’ai toujours eu si peur de la perdre à nouveau…

La voix du prince s’éteignit dans un silence lourd d’inquiétude quant à l’état de la jeune fille. Ils s’en faisaient tous. Personne ne comprenait ce qui c’était passé et cela ne faisait qu’accentuer leurs peines. Pour Relena. Et pour Heero.

Ne pouvant se permettre d’évoquer la princesse en ces lieux, Lucrezia étreignit dans une caresse rassurante les deux bras qui l’enserraient un peu plus fort.

 

*****************************

 

-Monsieur, fit Onze en s’inclinant face à l’image qui venait d’apparaître.

-Lieutenant, répliqua-t-il d’une voix dure.

-Je suis désolé.

-Il y a de quoi ! s’écria-t-il alors. Comment avez vous pu donner le commandement à ce bon à rien d’Arthims !

-Nous avions convenu d’envoyer une petite faction d’armures mobile pour juger de leurs forces. Je ne voulais pas sacrifier de bons éléments.

-Et qu’alliez vous sacrifier ! Vous savez très bien qu’ils ne tuent pas leurs ennemis ! Regardez le résultat ! Maintenant ils savent que vous et moi ne sommes qu’une seule et même organisation ! Si les citoyens venaient à l’apprendre, cela compromettrait de façon irréversible l’issue de cette guerre !

Onze qui ne s’était pas encore redressé, releva alors la tête et fixa les yeux de glace de son chef.

-Alors nous n’avons plus une seconde à perdre. Lançons une attaque contre laquelle ils ne pourront pas faire face.

-Il est inutile de penser à une destruction massive. Les citoyens ne nous le pardonneraient pas.

-Même si on met cette attaque sur le compte des Opposants ?

-On ne peut prendre ce risque. Nous ignorons qui connaît déjà la véritable nature de notre organisation. A présent l’avantage est pour eux.

-Alors il n’y a plus qu’une seule chose à faire. Nous allons allier les forces des Opposants et les miennes pour attaquer le royaume. Ils ne pourront faire face à deux fronts à la fois, surtout lorsque nous unirons nos forces.

-Votre situation sur terre vous permet-elle une entreprise aussi risquée ?

-La victoire est acquise ici. Les citoyens n’ont montré que très peu de résistance.

-Hum, ce n’est pas comme dans l’espace. La situation est beaucoup plus difficile ici…C’est d’accord, fit-il au bout de quelques secondes. Mieux vaut en finir rapidement sur terre, c’est le plus important.

-Comptez sur moi Monsieur, j’irais personnellement mener les troupes.

-Il reste un détail Onze, comment aller vous pouvoir unir vos forces à celles des Opposants si le monde entier peu vous regarder ?

-Ne vous en faites pas pour ça…répliqua alors le lieutenant, un sourire vainqueur plissant ses lèvres sèches.

 

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Duo était assis en tailleur sur son lit, perdu dans la contemplation de la lune lorsque la porte s’ouvrit faiblement, laissant apparaître un jeune homme au visage barré.

-Entres Trowa, fit-il sans se retourner.

Il connaissait tous ses compagnons sur le bout des doigts, et il n’avait pas besoin de voir pour savoir.

Le pilote s’exécuta et le natté se tourna face à lui une fois que la porte fut refermée.

-Tu n’es pas parti à la recherche d’Heero.

Duo le fixa un instant avant de pousser un profond soupir.

-Je ne sais plus quoi faire avec lui. J’ai pensé qu’il valait mieux que je le laisse un peu seul. De toute manière je ne lui aurais pas été d’une grande aide.

Trowa s’avança alors jusqu’à son ami et à son expression, le jeune pilote découragé comprit qu’il savait quelque chose. Il se redressa et d’un geste du bras invita son compagnon à s’asseoir face à lui.

-J’ai longuement hésité à venir t’en parler, fit-il alors une fois qu’il fut installé. Cependant, je pense que Wufei est dans l’erreur et qu’Heero est en droit de savoir.

Duo écarquilla les yeux, pas tout à fait sûr de vouloir comprendre ce qu’il était en train de lui expliquer.

-Il n’a pas fait ça…murmura-t-il, comme pour se convaincre que ce n’était pas ce qu’il croyait.

Le silence de Trowa fut plus explicite qu’aucun mot.

-C’est pas vrai ! s’exclama soudain le natté. Mais quelle mouche l’a piqué !

Duo se calma aussitôt en voyant que son ami attendait patiemment qu’il s’apaise.

-Vas-y, fit-il alors en le fixant avec sérieux.

-Wufei s’est attaqué à Relena afin de la rendre suffisamment vulnérable. Pour qu’elle accepte de se séparer d’Heero.

Le pilote marqua une pause et il ne put s’empêcher de se demander s’il avait bien fait en voyant la colère qui brûlait à présent dans les yeux de son compagnon. Il pensait sincèrement qu’Heero devait savoir et il avait besoin d’aide pour le retrouver. Mais il connaissait également l’attachement du natté à la jeune princesse qu’il avait prise sous son aile durant ces dernières semaines. C’était en partie grâce au lien qu’ils avaient tissé que Relena s’était relevée. Alors lui apprendre que Wufei l’avait profondément blessée ne pouvait que le mettre dans une colère noire. Mais il avait confiance en Duo, et il le savait capable de faire la part des choses.

-Quel connard ! explosa-t-il alors. Mais quel connard !

Une vague de colère le submergea soudain en voyant l’air détaché de son interlocuteur. Relena avait eu confiance en lui ! Comment pouvait-il lui annoncer ça sans aucune once d’émotions. Cette apparente indifférence l’agaçait profondément.

-Ne me dis pas que tu approuves ce qu’il a fait ! lança-t-il, de ses yeux devenu sombres.

-Bien sûr que non, répliqua-t-il d’une voix égale.

A son attitude, Duo se sentit soudainement bête et il se ressaisit aussitôt.

-Excuses-moi, je me suis laissé emporté. Je sais bien que tu tien aussi à elle.

-Ce n’est pas grave.

-Alors comme ça, il pense que leur union peut causer la perte de Heero, c’est ça ?

-A peu près, oui, fit-il en hochant la tête.

-Et il a pensé un peu à Relena où il la déteste au point de la sacrifier sans aucun remord ?

-Tu te méprends Duo.

-Euh, tu m’excuseras, mais là, j’ai un peu du mal à te croire ! répliqua-t-il dans un sourire jaune.

La seule chose qu’il avait envie de faire à l’instant, c’était d’aller sauter à la gorge de son « ami » chinois.

Même s’il avait peu à peu appris à l’apprécier, il ne l’avait jamais vraiment cerné. Enfin si. Il l’avait cerné, mais il n’approuvait pas le chemin qu’il s’était choisit. Il l’acceptait parce que c’était Wufei. Un point c’est tout.

Trowa hésita un instant. Mais il n’avait plus vraiment le choix. Ou il lui disait tout et il créditait l’action de leur compagnon, ou il gardait le silence et Duo ferait la peau à Wufei à la première occasion, et cette solution n’était pas envisageable.

-Duo, écoutes moi, demanda-t-il alors avec un tel sérieux que le natté obtempéra aussitôt. Wufei n’est pas celui que tu crois, et ce, malgré tout ce qu’il a fait.

Le natté ne cilla même pas, continuant à fixer son ami avec appuis. Il attendait de voir comment il allait justifier son acte.

-Wufei a été marié et sa femme à été tué par l’Alliance alors qu’elle tentait de sauver la colonie où ils vivaient. Nataku était le surnom de sa femme, Meilan. Il ne s’est jamais pardonné sa mort. J’ignore s’il l’aimait ou pas, mais il la respectait. Profondément.

-Je savais qu’il avait été marié. Je l’ai surpris un jour alors que l’on était en mission en Asie, assis en tailleur au bord d’un étang. J’ai d’abord cru qu’il méditait mais je me suis arrêté lorsque je l’ai vu se pencher vers la surface de l’eau. J’allais lui faire remarquer que j’avais fini avec la salle de bain lorsque je l’ai vu effleurer délicatement une fleur de Lotus. Jamais je ne l’aurais crû capable d’un geste emplis d'autant de douceur. Mais ce qui m’a encore plus surpris, ce sont les paroles qui ont accompagné son acte «  Nataku, tu me manques ». En chinois, Lotus se prononce comme « enfant » et « année », c’est un symbole de prospérité et de continuité pour un couple…il y avait pas besoin d’aller chercher plus loin. Ca expliquait déjà pas mal de choses.

Trowa le fixa, qu’à moitié surprit.

-Les autres le savent aussi ?

-Je l’ignore. Je ne suis pas aller le crier sur les toits. Mais ils ne sont pas stupides.

Les deux pilotes s’adressèrent un regard entendu. Quatre le savait certainement, mais Heero…

-Alors si j’ai bien suivit, reprit le natté, il assimile la relation d’Heero et de…notre petite protégée, fit-il pour éviter de trop prononcer son nom, comme définitivement voué à l’échec.

-Pour lui Meilan et Relena sont semblables à plusieurs égards, rectifia-t-il.

Duo fronça les sourcils et son regard s’assombrit de nouveau.

-C’est ce que j’ai toujours reproché à Wufei, cette façon qu’il a de se plier à tant de concept tout en se refusant à créditer des sentiments tels que la paix ou l’amour. Toujours douter des autres ne mène à rien. Cette faiblesse finira par le perdre, mais il est hors de question qu’il les entraîne avec lui.

-Duo, il pense bien faire en agissant ainsi.

-Je le sais bien, et c’est ce qui me révolte davantage. Je sais pertinemment que c’est quelqu’un de bien et c’est ça le pire. Si seulement il arrivait à s’accepter, tout serait plus simple, d’un autre côté on ne peut pas lui en vouloir, vu son passé. Mais bon, ce n’est pas une raison pour semer ainsi la pagaille et je te jure que s’il n’y avait pas ce satané conflit j’irai lui coller mon poing dans la figure !

A l’attitude du natté, Trowa ne put s’empêcher un sourire.

-Alors heureusement que nous sommes en guerre.

-Trowa, ton humour laisse vraiment à désirer ! fit-il en détendant un instant son visage dans un sourire. Va falloir faire gaffe à Iria, souffla-t-il alors pour lui-même.

-C’est la raison pour laquelle je n’en ai pas parlé à Quatre, répliqua-t-il, ce qui provoqua un sursaut de surprise chez son compagnon.

-Comment ! Tu sais pour Quatre et Iria !

-Cela faisait déjà un certain temps qu’il n’était plus vraiment lui-même, se justifia-t-il, une lueur d’amusement dans son regard. Il ne faut pas inquiéter Quatre, mais surveiller Iria, en effet.

Ils hochèrent la tête d’un commun accord avant de se lever.

-Bien, à présent, il faut mettre la main sur Heero. On a intérêt à se presser, surtout que je n’ai pas la moindre idée d’où il pourrait bien se trouver, si ce n’est non loin des sous-terrains.

-Allons-y, nous n’avons pas de temps à perdre.

 

Et alors que les deux pilotes s’apprêtaient à sortir, la poignée échappa à Duo et la porte s’ouvrit laissant apparaître Noin qui sembla un instant surprise.

-On a un problème. En salle de réunion, répliqua-t-elle aussitôt avant de se diriger vers la prochaine porte.

-Laisses, la stoppa alors Duo avant qu’elle n’arrive devant les appartements de la princesse, je m’en occupe. On te rejoint tout de suite.

La jeune femme ne chercha pas à en savoir davantage et hocha la tête pour disparaître aussitôt.

-Je m’occupe de Quatre, va prévenir Wufei.

 

Dix minutes plus tard, ils se retrouvaient tous dans la petite salle, improvisée en QG d’infortune. De toute manière personne n’avait dormis, mise à part Iria qui s’était assoupi deux heures à peine dans les bras de Quatre.

Sally apparut sur l’intercom.

-Mauvaise nouvelle. Plus de deux mille armures mobiles transitent en direction des terres de Sank.

-Comment ! S’exclama Iria. Mais personne ne peut résister à un tel assaut !

Quatre d’un imperceptible effleurement l’invita à s’apaiser.

-Sont-elles toutes de la même organisation ? fit-il en prenant doucement le relais sur la princesse.

-Non, il y en a des Opposants, et des épyons terros. En nombre égal.

-Ce sont les Gemini ?

-Affirmatif Wufei. Et des Serpentarius aussi.

-Dans combien de temps ? reprit Quatre.

-Il y en a qui seront aux frontières dans moins d’une heure, mais je pense qu’ils vont attendre l’arrivé de toutes les troupes.

-C’est probable, fit alors Trowa. Ils savent à présent que seule une offensive massive pourra venir à bout des Taurus blancs.

-Ils espèrent nous avoir à l’usure, souffla Duo d’une voix sombre. Je suis sûr qu’il y en a plus de la moitié qui sont des MD…

-Sûrement, répliqua Millardo. Ils savent que nous ne tuons pas, et ils vont utiliser cette carte à leur profit. Ils vont nous épuiser avec des MD qui combattront certainement bien mieux que leurs soldats, mais que nous ne pourrons pas prendre le risque de détruire, dans l’hypothèse que ce soit véritablement un Homme à l’intérieur…

-Sally, Maizer mettez en alerte tous les Hommes en pause et rappelez les autres, d’ici une heure, les Maganac tiendront les armures prête à la lisière Sud de la forêt. Nous tiendrons les Taurus blancs opérationnels pour vous. Il en reste deux, je compte sur vous pour choisir des Hommes qualifiés pour en prendre les commandes, leur puissance de destruction n’est pas égale aux Gundams, mais elle reste importante. Il ne faut pas les confier à la légère et je vous conseille de garder un système d’inactivation à porté de main.

-C’est entendu. Des nouvelles d’Heero ? se risqua alors à demander la doctoresse.

Un court silence s’ensuivit, néanmoins lourd de toutes les questions que ce « problème » soulevait.

-Non, fit finalement le petit blond. Mais il n’y a pas de soucis à se faire. Il sera là pour la bataille. Il n’est pas loin.

L’image d’Heero et de Quatre face à face revint brutalement dans l’esprit d’Iria, et la jeune fille qui était restée complètement amorphe depuis l’intervention du jeune leader se ressaisit alors.

-Je refuse ! s’écria-t-elle soudain en tapant du poing sur la table, faisant vaciller le visiophone. Il est hors de question que vous partiez vous battre à un contre vingt ! Jamais je ne cautionnerais un tel carnage, ce conflit a déjà fait suffisamment de dégâts ! Sally, mettez-moi en contact avec Une, je veux qu’elle me trouve Onze, je dois lui parler.

-Et que comptes-tu faire ? intervint alors Quatre d’un air sarcastique non voulu, coupant court à la réplique de la dirigeante des Préventers.

Iria fut blessée par son ton, ce qui la renforça davantage dans ses intentions.

-Faire ce que mon devoir m’incombe. Protéger ce pays ! Je dois trouver un arrangement avec Onze !

Le ventre du jeune arabe se noua à l’évocation du lieutenant en chef des épyons terros. Ce qu’il avait fait à Relena lui avait largement suffit.

-Il en est hors de question ! s’emporta-t-il à la plus grande stupéfaction de la plupart des personnes en présence.

Iria sursauta et son regard se fit noir. Mais qu’est ce qui lui prenait de réagir comme ça ?

-Quatre, je suis encore la représentante officielle de ce royaume. De part mes engagements pacifistes, je ne peux cautionner une telle bataille. J’ai promis à Relena de protéger ce pays et je le ferais ! Quoi qu’il m’en coûte !

Le jeune homme, sans plus aucune considération pour les personnes qui les entouraient, saisit alors la princesse et la fit reculer dans un coin de la pièce. Iria, trop surprise, fut incapable de quelque protestation que ce soit, d’autant plus que la poigne du pilote lui faisait clairement comprendre qu’il ne lui laissait pas le choix.

Une fois qu’ils furent suffisamment à l’écart, le petit blond, qui avait jusque là conservé les yeux rivés au sol, releva la tête. Iria sauta une inspiration lorsqu’elle vit ses yeux célestes au bord des larmes, jamais elle n’avait vu une telle expression de peur dans son regard. Il avait peur pour elle.

Immédiatement toute trace d’agressivité disparut de ses traits et elle souffla son nom.

-Iria, ne fais pas ça, lui dit-il alors d’une voix brisée d’angoisse. Relena, c’est Onze qui l’a…qui l’a brisée. Je t’en prie, ne fais pas ça, je ne veux pas te perdre. Je…je…Iria, je...

Mais avant qu’il n’ait eu le temps de trouver ces mots, la princesse, incapable de résister davantage à la souffrance de celui qui comptait tellement pour elle, s’était jetée à son cou, laissant Quatre sans voix. Le pilote se ressaisit finalement et serra doucement la jeune fille contre lui. Au même instant Wufei se raidit et son regard se fit noir.

Voyant que la situation commençait à devenir tendue, Trowa décida d’intervenir, Quatre n’étant visiblement pas en état de réfléchir posément.

-Princesse, Quatre a raison. Vous rendre ne servira à rien, si ce n’est à asseoir leur pouvoir. Le contexte est différent de celui auquel Relena à dû faire face durant la Grande Guerre. Onze n’est pas le Duc Dermail. Il vous éliminera. Et alors il n’y aura plus personne de suffisamment influent pour s’opposer à eux.

Iria qui s’était redressée, fixa le jeune homme qui venait d’intervenir. Le meilleur ami de Quatre. Elle n’avait pas encore eu l’occasion de faire plus ample connaissance avec lui mais ces propos l’avaient frappée. Et une telle sérénité se dégageait de cet homme au regard franc et posé qu’il inspirait naturellement à ce qu’elle lui accorde sa confiance.

-Vous vous méprenez sur mon compte, répliqua-t-elle cependant. Je suis impuissante. Je ne peux rien faire mis à part regarder en spectatrice les déchirements des Hommes. Il y a des gens bien plus qualifiés que moi, rien que ceux qui appartiennent à la liste Teddy Bear. La seule chose que je puisse encore offrir, c’est ma vie.

Trowa plongea son regard dans celui de la princesse, et un combat silencieux entre leurs yeux de jade s’engagea. Cette façon insistance qu’il avait de la regarder, sans exprimer néanmoins la moindre agressivité. Elle ne se sentait pas mise à nu par ses yeux il cherchait juste à lui faire comprendre son point de vue. Et la jeune fille finit par lui céder, incapable de trouver la force de réfuter ses arguments.

Duo s’approcha alors pour s’arrêter à la hauteur du grand pilote.

-Ce n’est pas de politiciens dont le peuple à besoin, mais de gens comme vous Iria. Des personnes qui s’engagent corps et âme pour ce en quoi elles croient, sans attendre aucune compensation. Avoir un si grand cœur n’est pas donné à tous le monde, et les citoyens ne s’y sont pas trompé. Ils croient en vous, bien plus que vous ne pouvez l’imaginez.

-Vous savez ce que Relena vous aurait dis ? intervint alors Noin en s’avançant à son tour. Que la vie est le bien le plus précieux et le plus fragile qu’il existe en ce monde. Aussi fragile que du cristal. Alors ne la briser pas.

La jeune princesse resta un instant sans voix, touchée par l’engagement de ces personnes qu’elle connaissait à peine pour la plupart et qui était déjà prête à lui accorder toute leur confiance.

-Je…merci, fit-elle simplement en parcourant du regard ces intervenant avant de s’arrêter sur les yeux de Quatre.

Un imperceptible sourire détendit son visage lorsqu’elle vit qu’il allait déjà mieux. Le jeune homme répondit à son geste et serra un peu plus son emprise sur sa taille.

-Puisque vous pensez tous qu’il vaut mieux que je préserve ma vie, alors il en sera fait selon votre demande. Relena vous a accordé sa confiance et elle m’a recommandé d’écouter avec attention ce que vous auriez à me dire. Je ne peux que constater à quel point elle a eu raison. Je vous donne carte blanche. Je ferais ce que vous me demandez, s’inclina-t-elle alors dans un signe de tête respectueux.

Quatre soulagé, ferma les yeux et soupira silencieusement. Lorsqu’il les rouvrit, il se trouva face à son éternel ami dans les yeux duquel il put voir l’attachement qu’il lui portait. D’un imperceptible geste il le remercia et Trowa fit de même, lui signifiant qu’il considérait désormais Iria au même titre que les autres personnes auxquelles il était attaché.

-Bien, fit alors Quatre tout en détournant son regard de son ami vers la princesse, Iria, tu vas quitter le palais avec Dave et Dorothy. Vous irez vous réfugier à la base arrière.

-Pourquoi pas les sous-sols ? intervint alors le majordome.

-Parce qu’ils seront au centre des combats. Je ne veux pas prendre le risque qu’ils soient ensevelis. D’autant plus que personne ne s’intéressera à la base arrière, toutes les troupes seront concentrées ici. Dorothy, l’appela-t-il tout en sortant un semi-automatique de sa ceinture, prend ceci.

-Comptez sur moi pour veiller sur la princesse, promit-elle en recevant le Glock 17, basculant machinalement la culasse afin de vérifier si la chambre était encore chargée [5].

La jeune fille rangea son arme et les deux chargeurs qui se volatilisèrent sous le regard stupéfait d’Iria. Elle n’avait encore jamais eu l’occasion de constater les aptitudes militaires de la petite fille de l’ancien président de la fondation Romefeller, même si elle avait toujours soupçonné de telles capacités en elle. Ce n’était pas pour rien qu’Heero l’avait introduite ici.

-Dave vous avez ce qu’il vous faut ?

-Un HK P7, il ne me quitte jamais, fit-il en tapotant sa poitrine.

-Très bien, il n’y a plus de temps à perdre, plus tôt vous partirez, plus tôt vous serez en sécurité, leur conseilla-t-il alors tout en se tournant de nouveau vers la princesse.

La jeune fille pour sa part était encore fixée sur l’endroit où avait disparut l’arme de Quatre. Et dire qu’elle ne s’était même pas rendu compte qu’il portait constamment un semi-automatique à la ceinture…une sensation de peur la traversa soudain en se disant qu’ils étaient probablement tous armés…

Mais qu’est ce qu’elle croyait ! Ce qu’elle pouvait être naïve parfois ! Ils étaient avant tout des combattants, la guerre, c’était leurs univers. Un univers froid et impitoyable qui avait transformé ces enfants en adolescent terroristes formés pour libérer les colonies.

Iria se ressaisit en sentant son regard posé sur elle.

Mais comment croire ? Comment croire qu’un garçon aussi doux et respirant de gentillesse comme Quatre puisse abattre un Homme de sang froid ?

La princesse constatant soudain que le pilote était en train de percevoir son angoisse détourna aussitôt la tête.

Il aurait aimé la préserver de ça, la tenir le plus loin possible de tout ce qui se rapprochait de la violence de la guerre, mais il avait été prit de court et il n’avait pas eu le temps de régler ces détails en son absence. Iria avait une peur panique des armes à feu. Il le savait et il avait vu dans ses yeux son regard à son égard changer. Elle craignait à présent le soldat qu’il y avait en lui, l’assassin qu’il avait vu à travers ses yeux pâlis par la peur.

-Iria…murmura-t-il en lui effleurant doucement la joue.

La jeune fille eut un léger mouvement de recul. Instinctif.

-Excuses-moi Quatre, fit-elle, de plus en plus mal à l’aise.

Le petit blond continua cependant, prenant le temps de ne pas la brusquer.

-Non, c’est à moi de m’excuser.

Happée par sa voix douce et basse, elle releva finalement la tête. Immobile, elle le fixa un instant et Quatre accepta son inquisition, sans essayer d’interférer dans son jugement. Le regard troublé de la jeune fille s’apaisa finalement et elle prit la parole :

-J’ai confiance en toi Quatre. Quoi que tu fasses…quelque soit l’arme que tu portes…c’est stupide de ma part de douter de toi.

Le jeune homme lui adressa un tendre sourire avant qu’elle ne se tourne vers les autres protagonistes qui n’avaient pas manqué de remarquer également son changement d’attitude.

-Soyez prudent. Mais surtout préserver votre vie. Je veux tous vous revoir.

-Comptez sur nous Iria, il en faut plus que ça pour venir à bout des Résistants !

La princesse offrit un sourire au natté.

-Duo, j’espère qu’à l’avenir nous deviendrons suffisamment amis pour que tu me tutoies toi aussi.

-Hum…c’est à voir, répliqua-t-il dans un clin d’œil espiègle.

-Bien, il est temps pour moi de vous laisser…

La jeune fille se retourna un instant vers le petit blond afin de lui adresser un dernier regard d’encouragement. Elle lui offrit un faible sourire pour accompagner son adieu lorsqu’il la saisit par le poignet, l’empêchant ainsi de se retourner. Et avant qu’elle n’ait pu lui demander la moindre explication, il prit possession de ses lèvres dans un baiser emplis de tout l’amour qu’il avait pour elle. Iria répondit aussitôt à son étreinte et partagea aux yeux de tous ce dernier instant de tendresse.

 

*****************************

 

Deux heures plus tard, alors que l’aube se levait sur le petit royaume pacifiste une bataille décisive s’engageait. Le dernier rempart avant une domination totale des épyons terros sur la Sphère Terrestre. Et tous les yeux du monde étaient braqués sur Sank. Mais la plupart ignoraient l’enjeu véritable de ce combat. Ce n’était pour eux que le dernier terrain de jeux de cette guerre éclair qui s’était opéré contre les Opposants. La partie semblait donc toute acquise.

Mais le mouvement de Résistance, bien que largement étouffé par les grands de la communication, commençait à s’épandre dans les rues du peuple, murmure d’un élan révolutionnaire pour sauver la paix. La véritable, celle pour laquelle leur Reine était morte. Le doute s’était installé en un temps record dans le cœur des citoyens. Déjà largement entretenus par la politique de terreur des membres du gouvernement des Sphères Unifiées, cette crainte se retournait à présent contre eux, au profit du réseau des Résistants, relayé par les membres Teddy Bear qui gagnaient à leur cause de plus en plus de personnalités. Mais tout ça, les épyons terros l’ignoraient, endormis par leur trop grande confiance, ils se concentraient sur la source mère du mal alors que leur pouvoir s’effritait déjà là où ils le croyaient définitivement acquis…

Cette bataille était un véritable enjeu pour faire prendre conscience à l’humanité de l’absurdité de cette pseudo guerre dont les seul à en pâtir étaient les citoyens.

Les gundams allaient avoir un rôle important à jouer, fer de lance de la résistance, véritable symbole des Hommes se battant pour la paix. Ils étaient au même titre que Relena, devenus des icônes de liberté et de justice. Personne n’avait oublié que c’était grâce à leur intervention que l’armée de Mariemieia avait été mise à bas, grâce à eux que la paix avait été sauvée. Alors les voir se battre aux côtés de la Résistance allait sans aucun doute faire réagir bon nombre de citoyens.

 

Les premiers rayons du soleil s’élevaient lorsque l’armée des épyons terros entama sa marche sur la capitale.

-Première ligne, avec moi, déclara Sally.

Le cœur battant à tout rompre face à l’étendue des forces ennemies – à perte de vue – , une dizaine d’armes mobiles, dont deux Taurus blanc se mirent vaillamment en marche.

Un sourire triomphant accueillit la tentative de l’armée rebelle.

-Abattez-moi ça ! ordonna alors Onze, resté en arrière.

Les Geminis ouvrirent le feu et les rebelles battirent aussitôt en retraite.

-Ah ah ! Ils viennent de mesurer à quel point nos nouvelles armures sont puissantes ! Ils sont incapables de se défendre !

Onze repris soudain un visage dur.

-Poursuivez-les ! Il n’est pas question qu’ils s’en sortent comme ça.

-Arrêtez ! ordonna alors la présidente des préventers au bout d’une centaine de mètres.

La ligne rebelle s’immobilisa et cessa de riposter. Les épyons terros, un instant déstabilisés par l’attitude de leur ennemis eurent un léger moment de flottement.

-Allez-y ! cria soudain Sally dans l’intercom

-Feux ! répercuta aussitôt Sylvia à  ses Hommes.

La terre se mit alors à trembler, tous les soldats tournèrent leur attention vers l’origine de la déflagration pour voir un nuage de flammes s’élever d’une partie de leurs troupes. Ils n’eurent pas le temps de réagir q’une série d’explosion se resserrant en cercle de plus en plus restreint les emprisonna bientôt dans un enclos de feu et de fumée.

-Deuxième ligne en renforts ! annonça alors Maizer qui arriva en tête d’un nouveau régiment.

-Lancer l’offensive !

Les deux unités franchirent alors le mur de flamme et attaquèrent la vingtaine d’armures prises au piège.

 

-Mais…comment ! souffla Iria à la fois soulagée et surprise par ce retournement de situation.

-Nous n’avons peut être pas beaucoup d’armures mobiles, intervint alors Sylvia, mais des Hommes avec des idées pour faire de grandes choses avec de petits moyens. Plus de quatre cents personnes se sont attelés cette nuit à poser des centaines de pièges comme celui-ci tout autour de Newport.

-Les épyons terros et les Opposants vont avoir à faire face à un véritable combat de rue, sauf que l’avantage du terrain est pour nous, déclara alors Dorothy. Et puis, ils ne se doutent pas de la véritable puissance de feu dont nous disposons, rajouta-t-elle dans un sourire vainqueur.

 

Heero se redressa et aperçu de son perchoir l’impressionnante armée ennemie. Un nuage s’élevait plus à l’Est. Les Hommes avaient bien travaillé cette nuit. A présent c’était à lui de faire son boulot. La seule chose qu’il n’ai jamais su faire. C’était décidé. Encore une bataille et ensuite il disparaissait. Définitivement. Il n’avait plus aucune volonté de se battre.

 

-Les salauds ! jura Onze en voyant ses armures si performante se faire décimer ainsi. Envoyez des MD en renforts ! Tout de suite !

-Troisième Unité, déployez-vous !

De nouveaux, une dizaine d’armures mobile, pour la plupart des Serpentarius, s’avancèrent sur le champ de bataille, faisant face aux Geminis qui progressait en ligne serrée et organisée.

-Ce sont sûrement des MD, sois prudente Noin, la prévint alors Millardo.

-C’est parfait ! s’exclama alors la jeune femme. Attirez-les sur la gauche !

L’unité rebelle dévia ses tirs et les Geminis se déportèrent tombant soudain sur une nouvelle zone piégée qui les mit sous l’influence d’un puissant champ magnétique. Au bout de quelques secondes, les amures s’écroulèrent, totalement inoffensives.

-Ca a marché ! les informa alors Lucrezia.

-J’étais sûr que ça fonctionnerait ! clama triomphalement Maizer. Il suffisait simplement d’adapter les boucliers de types Virgos à une utilisation destructrice et non défensive ! Aucune armure mobile normalement constitué ne pouvait résister à un tel champ !

-Très bien, reculez vers la ville, on continu comme ça ! commanda alors Sally.

-Et Merde ! Mais c’est pas vrai ! explosa Onze

-Monsieur, c’est une vrai souricière, ils ont posé des pièges de partout !

-Cessez de dire n’importe quoi ! Comment voulez-vous qu’ils aient miné toute une ville en une seule nuit ! Ce n’est  qu’une poignée de rebelles insignifiants ! Ils cherchent juste à nous intimider et il est hors de question de les laisser se moquer ainsi de nous vous m’entendez ! Lancez les unités mobiles en avant, les commandés à l’arrière ! Exécution !

 

-Mais pourquoi c’est nous qui devons partir en tête ! protesta alors un soldat.

-Parce que les épyons terros ne veulent pas sacrifier leurs unités commandés, répliqua alors le commandant du régiment.

-Nous ne nous battons pas assez bien pour eux. Onze accorde plus de crédit à ses machines qu’à nous !

-Et d’abord, n’est ce pas les Opposants que nous sommes avant tout censés combattre !

-C’est vrai ! Ca ne me plaît pas d’avoir à ouvrir le feu sur les terres de Sank !

-Ca suffit ! Leur ordonna soudain leur chef. Nous avons promis de protéger nos familles en nous engageant aux côtés de l’armée des Sphères Unifiées et c’est ce que nous ferons !

 

Même si les épyons terros préparaient leur coup d’état depuis déjà plusieurs mois, que leurs amures avaient été longuement étudiées et leurs troupes dûment sélectionnées, pour créditer leur action auprès des peuples, ils s’étaient trouvés dans l’obligation d’intégrer des citoyens dans leur rang, pour la plupart des anciens militaires de la Grande Guerre.

Onze avait envoyé ces Hommes en première ligne. L’avantage était double. D’une part il préservait sa meilleure force de frappe et d’autre part, si les rebelles venaient à tuer un de ces citoyens, cela ne ferait que renforcer son influence, gagnant à sa cause davantage d’Hommes. Car tous les satellites de communication étaient orientés sur cette bataille. Et ils ne pardonneraient aucune erreur.

 

Bientôt deux heures que la bataille était engagée et les épyons terros peinaient toujours autant, complètement mené par les rebelles. Mais ici, personne n’était dupe, ce n’était que du spectacle pour satisfaire l’asservissement des citoyens. Onze n’avait envoyé qu’une centaine d’armures mobiles. Pratiquement que des MS. Et de piètres combattants en plus.

Le lieutenant observait la scène depuis la retransmission internationale, satisfait. Jusqu’à ce que son attention soit attirée par un mouvement dans un coin de l’image.

-Simons, mettez-moi sur la caméra de votre amure.

Le soldat s’exécuta et Onze fronça les sourcils en constatant ce qui était en train de se produire. Ca grouillait de rebelles dans la ville. Des dizaines d’Hommes, des centaines peut être. Et pas seulement des soldats à en voir leurs vêtements. C’étaient eux qui amorçaient les pièges et en posaient d’autres. Eux également qui s’occupaient des soldats ennemis.

Une nouvelle fois, la colère monta en lui. Il fallait qu’il extermine cette vermine. Il allait ordonner d’ouvrir le feu sur les bâtiments lorsque le commentateur le coupa dans son action.

-Oh ! Mais c’est incroyable ! Regardez ! s’exclama-t-il alors qu’un gros plan se mettait en place sur une armure vaincue. Des hommes et des femmes de l’armée rebelle récupèrent nos soldats ! Jamais je n’aurais pensé les Opposants capables d’un tel acte !

Et pendant ce temps là, au centre de la ville, se tenaient les Gundams et l’unité Maganac. Silencieux. Enfin presque.

-Le pauvre ! explosa alors Duo mort de rire. Vous imaginez dans quel état Onze doit se trouver !

-Oui, fit Quatre qui ne put s’empêcher d’être amusé par l’attitude de son camarade, il se retrouve menacé par ses propres armes.

-Et s’il savait à quel point cela est vrai ! Mais quel crétin ! T’imagines un peu voir tes ennemis tordre du cul sous ton nez sans que tu ne puisses rien faire ! reprit-il de plus belle.

Un imperceptible sourire se dessina sur la plupart des visages tendus. Duo avait le chic pour prendre les évènements importants avec beaucoup de philosophie.

-A mon avis il va bientôt craquer, se prit alors Millardo à la discussion.

-Oui. Mais je mettrais ma main à couper qu’il y a anguille sous roche.

-Onze ne sait peut être pas se contrôler, mais son supérieur ne le laissera pas tout gâcher, reprit alors Trowa à la suite du pilote du Nataku.

-Alors peut être qu’on devrait aller l’aider un peu ? proposa le natté

-Où ça en est ? questionna le petit blond alors que le communicateur laissait apparaître le visage de la présidente des services de renseignements des Préventers.

-Toujours rien de suspect. La situation reste à notre avantage.

-Alors on attend encore, trancha Quatre.

 

Onze fulminait. Dans l’esprit de tous les citoyens, les résistants du royaume pacifiste étaient placés comme criminels aux même titre que les Opposants…Seulement montrer la charité des Résistants compromettait fortement ces propos… Et il était impuissant… Il ne lui restait plus qu’une chose à faire.

Le lieutenant bascula sur le canal privé de son armure.

-Thomas, lancez l’offensive et éliminez-moi ces chiens de rebelles, les citoyens n’en on déjà que trop vu.

-Bien reçu lieutenant.

C’est alors qu’un éclair traversa soudain le champ de bataille pour venir pulvériser plusieurs MS des épyons terros.

-Ce sont les Opposants, en position défensive ! Aboya Onze sur ses soldats.

Dans la panique, le lieutenant en profita pour déplacer quelques MD juste devant les premiers bâtiments de Newport, ceux-là même où les caméras avaient leurs objectifs braqués.

-Mon dieu ! Plusieurs armures viennent d’être détruites par une attaque inattendue ! s’emporta le commentateur. Les Opposants ! Ce sont les Opposants qui viennent prêter main forte aux rebelles !

Les Résistants restèrent un instant sidéré par ce qui venait de se passer. Les épyons terros venaient de sacrifier leurs propres Hommes pour justifier leur gigantesque supercherie.

Quatre fut le premier à comprendre ce qui se passait.

-Les Résistants ! Ce sont les Résistants au sol qu’ils veulent tuer ! Il va tirer sur les MD placés devant les bâtiments !

Mais c’était déjà trop tard, le canon laser à longue portée des Opposants avait déjà lancé sa seconde attaque. Droit sur les MD effectivement.

-Regardez ! Ils ouvrent de nouveau le feu sur nos troupes ! en rajouta le journaliste.

-On est foutu ! eut juste le temps de souffler un rebelle alors qu’ils voyaient l’éclair d’énergie se diriger droit sur eux.

Tout se passa alors en une fraction de seconde, une vague forme traversa le ciel qui s’assombrissait et une imposante masse blanche atterrit au moment même où les MD s’éclipsaient.

Une puissante lumière éblouit un instant tous les Hommes et une gigantesque explosion s’ensuivit.

 

Le visage réjouit du dirigeant des opérations se crispa soudain lorsque les fumées se dissipèrent. Et le monde entier se figea de surprise.

-C’est un…C’est un…

-Un Gundam !

L’armure qui avait subit la puissance de l’attaque, prit alors appuis sur son avant bras se redressa de toute sa hauteur. Les derniers nuages noirs se dissipèrent alors que les ailes du Wing Zéro se déployaient, révélant l’éclat scintillant de son alliage, d’une blancheur presque éblouissante.

-Mais c’est… mais c’est… c’est le Gundam qui a détruit le palais de Bruxelles… c’est l’ange ! [6] bafouilla le présentateur sous le choc. Mais… mais… où sont les Geminis ? réalisa-t-il soudain

-Heero ! clama alors Duo, bon sang mon gars heureusement que tu étais là !

-Dieu merci, respira Quatre.

Les yeux de l’armure s’illuminèrent soudain de bleu et un de ses bras s’anima, soulevant l’immense canon à plasma qui se mit en charge.

-Il semblerait qu’il protège les rebelles, analysa tout haut le journaliste… Attendez, on dirait qu’il s’apprête à ouvrir le feu sur les Opposants !

L’homme venait tout juste de terminer sa réflexion lorsque Heero lança son attaque. Une slave d’une puissance incroyablement supérieure au tir des Opposants. D’une précision parfaite, elle pulvérisa le canon de ses ennemis. Heero n’attendit pas une seconde de plus et se tourna vers les Geminis, mettant plusieurs armures mobiles hors d’état de nuire avant même qu’elles n’aient pu réagir.

-Incroyable ! s’exclama le commentateur. Voilà maintenant  qu’il s’attaque à nos troupes !

Onze, muet de rage tapa violemment sur le bouton du canal privé.

-Mais qu’est ce que vous foutez bordel ! Hurla-t-il.

-On y est presque. Encore quelques minutes.

-A nous de jouer ! intervint Quatre au même instant. Allons-y !

 

Les cinq Gundams s’animèrent dans un même élan. Duo fut le premier à arriver en vue de la bataille. Une ombre obscurcit un instant les pâles rayons du soleil. Les Hommes eurent juste le temps de lever les yeux pour voir ses ailes sèches et râpeuses se déployer dans leur danse mortuaire, éclairées par la lumière verdâtre de la faux du Shinigami. Le Deathscythe se posa en haut du bâtiment qui avait été visé au moment même où le Heavyarms arrivait souplement sur l’immeuble voisin. Les rebelles cessèrent alors un instant le feu et le dernier nuage de poudre se dissipât au profit de trois autres Gundams, le Sandrock en tête, ses faucilles en main.

 

Le cœur de Hilde se serra douloureusement en voyant le Deathcsythe apparaître à l’écran. C’était la première fois qu’elle les revoyait. Duo et son armure. Son « partenaire » comme il l’avait si souvent appelé. La rumeur disait donc vrai, les Gundams étaient bien de retour…Jamais elle n’aurait pensé que les choses prendraient une telle tournure lorsqu’il est partit précipitamment, il y a de ça bientôt trois mois. Mais c’était arrivé jusqu’aux colonies. Et il n’était plus là pour elle, plus là pour les protéger. Mais elle ne pouvait pas lui en vouloir, à lui pas plus qu’aux autres. Il fallait défendre Sank, le royaume et sa princesse étaient devenus le porte drapeau de la Résistance, les épyons terros ne pouvaient pas tout détruire, ils ne devaient pas.

C’est à l’annonce de la mort de la princesse Peacecraft qu’Hilde avait décidé de rejoindre l’organisation rebelle, et tant pis si Duo n’appréciait pas. Elle ne pouvait plus ignorer les bouleversements qui s’opéraient, car en touchant à la « Reine Relena » comme tout le monde l’appelait encore, les épyons terros avaient réveillé la fibre fraternelle des citoyens des colonies. Ici, plus encore qu’ailleurs, la princesse avait acquis une grande notoriété.

Le réseau de Résistance s’était rapidement structuré, largement plus représenté que sur terre. Et bien que n’ayant rencontré aucune hostilité majeure pour prendre le pouvoir, les épyons terros devaient faire face à une pression quasi permanente du mouvement contestataire qui n’avait cesse d’enchaîner menaces et attaques contre l’organisation.

Les murmures qui s’élevaient de la foule sortirent Hilde de sa réflexion.

-Les Gundams…

-Oui, ce sont bien eux.

-Ils sont revenus…

-…

La jeune fille releva alors la tête pour  apercevoir le Deathscythe qui abaissait sa faux. Duo se préparait à attaquer. Soudain saisie d’un élan inconsidéré, la brunette aux cheveux court se retourna face aux Hommes qui s’étaient rassemblés en masse.

-Oui, ils vont se battre, répondit-elle alors à leur question silencieuse.

Les murmures s’éteignirent aussitôt et des centaines de têtes se tournèrent dans sa direction. Le cœur de la jeune fille s’accéléra et sa détermination se renforça.

-Parce que la paix est menacée ! Notre paix ! lança-t-elle un peu plus fort, ses yeux s’assombrissant à mesure qu’elle sentait la peur et la colère grandir en elle.

Ils n’ont rien demandé à personne, n’ont jamais bénéficié d’aucune reconnaissance quelle qu’elle soit. Et pourtant ils se battent ! cria-t-elle en pointant l’écran. Allez-vous les laissez se sacrifier ainsi ? N’allez-vous pas vous battre vous aussi ! La paix n’est pas quelque chose qui nous est donnée, elle a été battit au prix de vies humaines. Et elle mérite qu’on la défende !

Hilde se tut un instant et parcourut du regard la foule en présence. Des têtes baissées et des visages fermés. Ses yeux se brouillèrent soudain. Non. Elle ne pouvait pas y croire. Ce n’était pas possible.

-Maintenant c’est fini ! soma un homme qui pointait à présent son arme d’assaut sur elle.

La jeune fille tourna la tête, lentement, pour rencontrer un épyon terros, bientôt rejoint par un autre soldat.

-Toi ma jolie tu vas gentiment nous suivre, ricana le second.

Mais Hilde ne bougea pas, ses yeux orageux les mettant au défi de tirer.

-Espèce de petite prétentieuse ! s’énerva le second en la menaçant à son tour de son arme.

C’est alors qu’un éclat de voix retentit, faisant spontanément relever la tête de tous les Hommes. Tous, sauf Hilde. Elle savait ce qui venait de se produire. Les pilotes de Gundams, dans un même cri de défi, venaient d’engager la bataille.

Elle eut tout le loisir de voir le visage des deux hommes qui la menaçaient pâlir et se tendre face à la puissance des Gundams. Jusqu’à ce qu’ils abaissent leurs yeux ivres de colère sur elle.

Hilde vit sa mort arriver lorsque soudain un plat de main s’abattit sur la nuque du soldat. Le coup de feu retentit et l’épyon terros retomba au sol, inconscient. La jeune fille, un instant trop surprise, regarda soudain autour d’elle. Personne n’avait reçu la balle perdue. Une chance.

Son attention se porta alors sur l’autre soldat qui se faisait encercler peu à peu par la foule qui ne semblait soudain beaucoup moins docile.

-Lâches ton arme !

-On ne vous laissera pas menacer ainsi la paix !

-Les épyons terros n’ont rien à faire ici !

-Dehors, on ne veut pas d’armes !

La jeune recrue, prise de panique, laissa alors tomber sa mitraillette au sol pour faire volte face, bousculant plusieurs hommes pour s’enfuir. Mais personne ne le retint.

-C’est ça dégage !

-Il est temps de chasser ces épyons terros de notre colonie !

-Allons-y !

-Nous n’avons que trop attendus !

La première révolte du peuple contre le pouvoir autoritaire était engagée.

 

Et pendant ce temps là, la véritable offensive contre Sank était sur le point d’être lancée.

Les Gundams s’attaquèrent aux premières lignes dans la panique la plus totale de celles-ci. Leur intervention avait soulevé le doute chez la plupart de ces soldats. Et certains Geminis semblaient même s’offrir volontairement à l’ennemi. La seule chose que Onze put faire pour limiter son humiliation, ce fut de lancer des MD qui ralentirent l’action des Gundams.

Jusqu’à ce que ce soit à son tour de mener la danse.

La bataille devait être engagée depuis cinq minutes lorsque soudain la donne changea.

Millardo, qui avait pour rôle de garder un œil sur les informations internationales, vit soudain son écran devenir noir. Le visage du prince s’obscurcit.

-Il y a un problème de retransmission, je n’ai plus de signal des satellites, informa-t-il les autres.

-Quoi ! s’exclama Duo alors qu’il décapitait une armure.

-Je confirme, approuva Sally en vérifiant sur son propre canal.

Lady Une apparut alors sur leurs écrans.

-La situation a viré. Sank est à présent plongé dans le noir. Les épyons terros viennent de prendre possession de la centrale énergétique du pays et ils ont complètement détruit le système de diffusion…Préparez-vous, les prévint-elle.

Et alors qu’une pluie fine commençait à tomber, les Hommes, le visage fermé, reprirent de plus belle la bataille. La guerre venait de commencer.

Le commandant des services de renseignement prit alors le jeune leader à part.

-Quatre, le Wing Zéro ne répond pas, je n’ai pas réussi à établir de communication.

-Je sais. Je vais voir ce que je peux faire. Merci Une.

-Je suis avec vous. On l’est tous.

-On y arrivera, assura-t-il en lui souriant faiblement.

La jeune femme hocha alors une dernière fois la tête et disparut.

Le petit blond contacta aussitôt son ami.

-Duo, on a un problème. Heero semble bloquer tous ces canaux. Je pense qu’il nous entend mais on ne peut pas entrer en contact avec lui.

-C’est mauvais…murmura sombrement le natté. Si seulement j’avais su avant…

-De quoi tu parles ? remarqua Quatre alors qu’il se trouvait aux prises avec un ennemi plus tenace.

-De rien ! fit-il en se reprenant. Je vais lui parler.

-Ok. Bonne chance.

-Oui, fait attention à toi little boy.

-Promis Duo, sourit Quatre en entendant le surnom affectif que son ami lui avait trouvé, il y a de ça quelques années déjà.

 

Le natté prit alors une profonde inspiration et bascula sur le Wing. Il allait lui falloir être efficace car Heero ne lui laisserait aucune chance de s’étaler.

Mais comment faire ? Lui apprendre maintenant, en plein combat que Wufei était à l’origine de sa séparation n’était peu être pas la meilleure des choses à faire. Surtout que Heero ne se battait jamais sans le Système Zéro…C’était dangereux. Très risqué.

-Heero, Relena t’aime et ne veux pas te quitter, opta-t-il finalement.

Les paroles de Duo retentirent dans son cockpit alors qu’il mettait à bas une autre armure. S’il n’était pas en train de se battre, il en aurait presque rit.

Non mais est ce qu’il s’entendait ?

Tout cela sonnait tellement faux en lui.

C’était un pilote de Gundam. Un tueur, depuis toujours et pour l’éternité. Relena n’avait rien à faire avec lui. Il avait eu tort d’y croire. De croire en la vie. Ce n’était pas pour lui, il n’y avait pas sa place. Il s’était trompé de bord, son existence était une erreur. Et l’heure n’était plus à l’espérance.

-Heero ! Je sais que tu m’entends, alors réponds-moi ! s’emporta Duo, soudain gagné d’une peur inexpliquée.

Le jeune homme cilla un instant avant de presser la commande vocale.

La souffrance ne serait plus son pain, et il n’entraînerait plus personne dans sa peine.

-Duo, nous avons un combat à mener. Restes en dehors de ça. C’est terminé, lui répondit-il d’une voix incroyablement calme.

Le natté resta un instant sous le choc. Cela n’était pas possible, cela ne se pouvait pas.

-Co…comment, bafouilla-t-il. Non ! Heero ! Attends ! Ne fais pas ça ! Heeroooo ! ! ! s’emporta-t-il soudain en réalisant que c’était ici sa dernière chance.

Mais c’était trop tard, le pilote du Wing venait d’interrompre définitivement tout contact avec l’extérieur.

-Heero ! T’es qu’un connard ! hurla-t-il alors dans le cockpit, noyé de colère.

Duo s’en voulait tellement.

Mais le pilote, après un instant de désespoir, se ressaisit. Il ne voulait pas perdre son ami. Il ne voulait pas croire en ce qu’il avait perçut chez lui.

-Il va te falloir compter le dieu de la mort avant de nous fausser compagnie Heero ! s’écria-t-il.

Le jeune homme quitta alors son poste de combat pour rejoindre la zone où se trouvait le Gundam ailé.

-Duo qu’est ce que tu fais ! intervint aussitôt Quatre

-Duo ! ! ! l’appela-t-il plus fort.

-Maxwell, bordel ! jura le chinois d’une voix nerveuse, surprenant tout le monde.

Le jeune homme se retint pour ne pas lui répondre, et fit exploser sa colère en frappant le bouton de la commande vocale, coupant ainsi court à toutes les protestations de ses coéquipiers. Il l’avait déjà dit, la guerre, la paix et tout ça, il avait déjà donné. Il avait bien plus important à faire pour le moment.

Mais Onze, libéré du regard du monde, choisit cet instant pour lancer sa contre offensive. Et les forces conjuguées des épyons terros et des Opposants s’unirent pour une attaque d’une envergure démesurée. Ils lancèrent un assaut en masse et plus de trois cents armures passèrent soudain à l’attaque.

Duo, subitement assaillit de toute part, ne mit qu’une seconde à comprendre ce qu’il venait de se passer.

Incapable de se soustraire à la pression de ces ennemis, il fut obligé de riposter, pour ne plus jamais cesser d’être assaillit par des armures en surnombre.

 

*****************************

 

Huit heures…huit heures que la bataille faisait rage. Comme l’orage.

Un nouveau claquement sec se fit entendre, supplantant l’espace d’un instant le rugissement des machines.

Une lumière blanche inonda la terre alors que Quatre démembrait encore une armure qui s’effondra au sol, étendue de boue et de carcasses.

Le pilote au souffle court se redressa après un léger instant de flottement, dans un cri rauque, retourna au devant de ses ennemis.

Ils s’épuisaient. Elle le voyait.

Elle n’en pouvait plus. Les larmes s’étaient faites invisibles au fil des heures, inutiles face à la profondeur de sa douleur. Inutiles face à la mort qui s’infiltrait un peu plus chaque seconde sur cette terre de paix, devenue étendue de désolation.

Les pilotes ne se battaient plus. Ils se débattaient. Il n’y avait plus de place pour la stratégie, juste pour la survie.

Et à mesure que le jour s’éteignait, les rebelles tombaient.

La guerre était pourtant presque finit, deux cents armures tout au plus. Quelle ironie.

 

Mais la respiration saccadée de Quatre et ses gestes de moins en moins précis ne laissaient qu’une alternative.

Relena, et tous les autres résistants voyaient à travers les yeux du jeune leader depuis que l’obscurité s’était abattue sur le royaume.

Le petit blond donnait tout ce qu’il lui restait, comme ses coéquipiers.

Bientôt trois heures qu’il combattait avec le Système Zéro. Malgré la désapprobation de certains, le jeune homme, voyant que la tournure des évènements devenait trop critique, avait décidé d’utiliser le support de l’intelligence artificielle. Et cela l’avait grandement aidé, augmentant ses capacités tactiques pour le commandement de ses troupes, et aiguisant ses aptitudes de soldat.

Quatre avait vraiment été admirable.

Soudain le Sandrock reçut le tir d’un Gemini sur les flancs et dérapa sur le sol devenu glissant se retrouvant sur les genoux. Le pilote de l’armure ennemie envoya alors sur lui les deux MD qui étaient sous son contrôle. Les Gemini, d’une rapidité redoutable arrivèrent sur lui avant qu’il n’ait pu se relever et pointèrent leurs canons laser. Sandrock ne résisterait pas à une telle attaque, il était bien trop endommagé, Quatre le savait.

Relena serra les poings jusqu’au sang alors que de l’autre côté de la mer, Dorothy et Dave enserraient la princesse qui venait de s’effondrer au sol, accablé de souffrance.

Mais au moment où elles allaient tirer, le bras du Shenlong fit sauter la tête de la première alors qu’un Taurus blanc, désactivait la seconde.

-Merci…souffla alors le petit blond une fois qu’il eut repris ses esprits. Merci Sally et Wufei.

 

C’est alors qu’un éclair illumina le ciel, coupant court à leur interaction.

-Mon dieu…souffla alors Noin.

-Heero !

-Ressaisis-toi !

Mais le pilote n’entendit pas. Il n’était plus là. Depuis longtemps. Il n’avait plus qu’une seule chose en tête : détruire l’ennemi pour enfin en finir. Mais l’ennemi revenait toujours, le forçant à rester, à puiser chaque fois davantage dans ses ressources…à s’impliquer dans cette lutte dont il ne voulait plus…et inévitablement le Système Zéro avait finit par prendre le dessus.

C’était une forme d’intelligence redoutable à laquelle on avait inculqué l’instinct de survie. Détruire pour perdurer. Telle était sa mission. Le Système fonctionnait parfaitement à partir du moment où le pilote éprouvait la même ardeur au combat. Zéro devenait alors le prolongement de l’Homme, et un équilibre s’installait entre les deux. L’intelligence pour la sensibilité. Une alchimie parfaite. Mais fragile et fatale pour le néophyte.

La distorsion causée au Système par l’état psychologique d’Heero finit par causer un bug. Et Wing Zéro décida d’employer les grands moyens.

Le canon à plasma se rechargea une seconde fois pour pulvériser une dizaine d’armures supplémentaires. Une fois la zone de combat définitivement ravagée par les flammes, le Gundam prit son envol pour la partie sud de la ville. Les épyons terros gagnaient du terrain sur les Résistants, et plus de la moitié de New port se trouvait déjà sous leur contrôle.

Mais le Wing Zéro changea rapidement la donne en éliminant les quelques armures que les épyons terros avaient laissé à l’arrière, préférant envoyer toute leurs troupes sur le front.

-Mais qu’est ce qui se passe ici ! grogna un dirigeant d’unité alors que des explosions retentissaient dans la cité.

Il n’eut pas le loisir de se poser davantage de question lorsque le Wing Zéro passa en rase motte, le détruisant lui et les armures qui assuraient la garde de ce secteur.

Tout était plus simple lorsque l’on ne faisait pas de compromis, et le Gundam ailé eut tôt fait de mettre à feux et à sang une partie de la ville sous le regard horrifié des Résistants. 

Mais les épyons terros réagirent promptement et envoyèrent rapidement des renforts en arrière. Et en plein centre ville, l’armure mit son canon à plasma en charge.

-Non…Wing…arrêtes…balbutia le pilote, fibrillaire et le cœur au bord des lèvres.

Heero voyait impuissant les horreurs défiler devant lui. Tous ses sens étaient en alertes, mais il n’avait plus le moindre contrôle sur son armure. Il n’était plus que le prolongement du Système.

Mais soudainement il luttait. Il luttait pour l’empêcher de commettre un tel massacre. S’il tirait ici, une partie de la ville serait totalement soufflée par l’explosion.

Et ça, il ne le permettrait jamais.

Et dans un élan de détermination, le pilote reprit un instant le contrôle, pointant le canon vers le ciel au dernier moment.

Le tir déchira les nuages et Heero n’attendit pas une seconde de plus, décollant aussitôt pour rejoindre la zone de combat des autres Gundams, a présent toute proche du Palais résidentiel.

Mais alors qu’il arrivait en vue des autres Résistants, une nouvelle vision s’imposa à lui. La plus terrible des prédictions.

Relena venait d’apparaître, appuyée contre ce qui semblait être un poste de commande. Les poings serrés, elle pleurait.

Heero se plaqua soudain contre son siége et ses mains se crispèrent davantage sur les commandes.

-Non ! Arrêtes ! Arrrrrêêêêtes! S’écria-t-il avec désespoir.

La princesse se retourna soudain, et sur son visage inondé de souffrance, il put lire la peur. Heero eut à peine le temps de la voir qu’une nuée de flammes la happèrent. La silhouette immolée tituba un instant avant qu’une gigantesque explosion ne prenne le pas sur sa vision.

La vie sembla se suspendre un instant dans le corps d’Heero. Et sa souffrance atteint son paroxysme. Le pilote, ignorant totalement l’emprise du Système se dégagea violemment des commandes alors qu’il hurlait le nom de la jeune fille.

Le Wing Zéro s’immobilisa soudain et tous les Hommes retinrent leurs souffles. Les Résistants, le cœur battant à tout rompre virent alors le sas de l’armure s’ouvrir, et à travers le rideau dense de la pluie, une silhouette flageolante apparaître.

Heero cilla au contact de l’eau. Il perdit l’équilibre mais se rattrapa de son bras libre contre l’embrasure de l’habitacle. Il releva alors ces yeux et ses pupilles révulsées accédèrent à sa demande pour lui révéler l’ampleur de ses plus grandes peurs.

Le ciel noir s’éclaira un instant de blanc cinglant, donnant à la pluie le reflet argenté de milliard de lames. Le jeune homme abaissa alors son regard et sauta une inspiration lorsqu’il vit l’étendue de désolation qui s’offrait à lui. Un cimetière de métal au-delà duquel s’élevaient les flammes de l’enfer.

 

Un claquement sec retentit soudain

 

Relena vit le corps d’Heero se tendre et relâcher presque aussitôt la pression. Le petit pilote virevolta sur lui-même telle une ballerine désarticulée avant de se jeter dans le vide.

-Heeeeeeroooo ! ! ! hurla-t-elle en se redressant au-dessus du tableau de commandes, le visage inondé de larmes.

Les Hommes restèrent un instant sous le choc en voyant le jeune pilote toucher terre tête la première.

Mais le soldat qui avait tiré, lui, ne perdit pas une seconde et se précipita vers le corps étalé dans son linceul de boue.

-Enculés ! ! ! explosa alors le dieu de la mort.

Le Shinigami poussa ses réacteurs au maximum et atterrit au-devant du corps de son ami pour projeter violemment dans les airs le soldat qui avait eu l’impudence de s’attaquer à son ange. Et le châtiment fut aussi cruel que l’acte perpétré. L’épyon terros, stoppa sa course contre la carcasse d’un Sepentarius, un craquement sourd se fit entendre et le soldat empalé, perdit son souffle vital.

Duo, activa sa faux thermique et recula d’un pas afin de se retrouver au-dessus de l’être inerte.

-Venez espèce de salaupard ! Venez goûter à l’acariâtreté de la mort ! s’écria-t-il alors que des larmes chaudes se répandaient sur son visage déchiré par la peine.

 

Azim qui était jusqu’à présent resté en arrière, s’approcha doucement de la jeune fille. Et alors qu’il allait poser la main sur elle, elle réagit pour la première fois depuis plusieurs secondes et se tourna face à lui. Le jeune homme retint l’émotion qui le gagna lorsqu’il rencontra ses yeux à l’expression si intense. Quoi qu’elle puisse en dire, Relena ne se donnait jamais à moitié lorsqu’elle se liait à quelqu’un.

-Azim mettez-moi en liaison avec l’international, fit-elle alors avec détermination, dernier soubresaut d’ambition avant la capitulation.

Le Maganac la fixa. Elle n’était que peine et colère. Elle souffrait plus que tout. Il n’aurait jamais dû accepter. Et pourtant il accéda à sa demande, comprenant et partageant le même sentiment.

L’image de la défunte Princesse apparut alors aux yeux de l’humanité. Et les Hommes se figèrent face à l’icône pacifiste revenue du néant.

Relena, les poings serrés, releva alors la tête, révélant sa souffrance à la face du monde. Elle garda le silence pendant quelques secondes, encore trop choquée. Trop accablée par ce qu’il venait de se passer. Elle se fichait bien que des milliards d’êtres humains aient les yeux fixés sur elle en ce moment même, attendant une réaction de sa part, elle n’en avait cure de ce qu’ils pouvaient bien penser. Tout ce qui comptait, c’était ce qu’elle, elle pensait d’eux.

Et soudain sa rage explosa.

-N’en avez-vous pas assez ! N’êtes vous pas satisfait ! cria-t-elle alors que ses larmes redoublaient, faisant vaciller sa voix.

Mais la jeune fille ne cilla même pas, et le regard brillant d’émotions, poursuivit :

-Combien de morts faudra-t-il encore pour que vous réagissiez enfin ! Combien de sacrifices et de destructions ? Combien ! lança-t-elle, cette fois, incapable de surmonter ses sanglots.

Dans un geste de pudeur, elle baissa la tête, tentant vainement de dissimuler son chagrin.

-Pourquoi est ce que ce sont toujours les plus honorables qui sont voués à un tel destin…souffla-t-elle alors qu’elle se rendait. Définitivement.

L’image de la Princesse grésilla puis disparut.

 

Les pilotes restèrent un instant figé dans la surprise, encore fixés sur Relena qui venait de s’effacer de leurs écrans. L’élan de la princesse les avait touchés en plein cœur et Quatre fut le premier à trouver les mots.

-Allons-nous renoncer ! s’écria soudain le jeune leader. Allons-nous laisser les épyons terros piétiner tous nos efforts ? Relena, elle n’a pas hésité à exprimer son amertume ! Parce qu’elle n’a jamais voulu s’avouer vaincue ! Pourquoi nous battons-nous ? fit-il alors. Nous nous battons parce que nous voulons protéger ceux que nous aimons ! Peut importe que le monde entier se fiche de notre sort ! Peut importe que notre résistance soit inutile ! Je me battrais pour ceux en qui je crois !

clama-t-il alors qu’il rejoignait Duo.

-Merci vieux frère, souffla le Shinigami, sa voix teinté d’un nouvel espoir.

Et alors qu’ils se mettaient dos à dos, un nouveau Gundam s’approcha.

-Nous vaincrons. Où nous mourrons tous ensemble, déclara le pilote du Heavyarms, bientôt rejoins par les autres armures.

Les Hommes s’organisaient en cercle autour du Wing Zéro lorsqu’un voyant du Talgeese s’éclaira.

-Att…Attendez ! s’écria soudain Millardo. Heero…Heero est vivant ! Je détecte une activité thermique !

Les pilotes restèrent un instant bête. A la vitesse où venaient de s’enchaîner les évènements, ils n’avaient même pas pensé à vérifier ce point de base.

Mais leur réflexion fut subitement interrompue par un tir ennemi qui traversa le champ de bataille.

-Ils reviennent ! En cercle ! ordonna Quatre. Elargissez-le au maximum. Sally, on te couvre, occupes-toi d’Heero et sorts-le de là !

 

Relena, constatant que le voyant de retransmission venait de passer au rouge, se ressaisit et se tourna vers Azim. Le Maganac hocha négativement de la tête. Ce n’était pas de son initiative.

Les deux êtres s’échangèrent un regard au moment même où une explosion occasionna une violente déflagration…

 

****

 

Puisse une étoile du soir,

Faire descendre sa lumière sur toi.

Puisse, lorsque l’obscurité tombe,

Ton cœur voir la vérité.

 

L’obscurité est venue,

Crois et tu trouveras le chemin.

L’obscurité est tombée.

Une promesse vit maintenant en toi…

 

Puisse le chant des ombres,

S’envoler au loin.

Puisse ton voyage continuer,

Pour éclairer le jour.

 

Quand la nuit sera vaincue,

Tu pourras t’élever et enfin trouver la lumière.

 

Car une promesse vit maintenant en toi.[7]

 

 

*****************************

 

[1] : Tenchi  copyright ^^

 

[2] : Alors si je ne m’abuse, c’est de Paul Eluard, extrait de « derniers poèmes d’amour ». Sous réserve d’infimes modification que j’ai apportée ^^

 

[3] : Ca c’est dans la deuxième saison. Millardo, alors commandant en chef du Lotus Blanc, lance une « mise en garde » aux terriens. Depuis son vaisseau de guerre, le Libra, il tire sur la terre, déchirant sa surface d’un énorme cratère.

 

[4] : L’Iris versicolore est la fleur emblématique du Québec depuis peu. Elle est symbole de paix et de tolérance.

 

[5] : Ouf ! C’est compliqué les armes ^^ Le Glock17 et le HKP7 sont des pistolets qui existe réellement. D’après mes recherches, ce sont les semi-automatique les plus utilisés de nos jours.

 

[6] : Cela fait référence à Endless Waltz, mais pour le coup de l’ange, c’est de moi. Mais bon, j’imagine assez facilement qu’il est pu se faire appeler « l’ange » avec un Gundam pareil ^^ Et puis moi j’aime bien !

 

[7] : Traduction de May it be, la chanson de clôture de la communauté de l’anneau. Euh, ici aussi un peu arrangée pour les circonstances ^^

 

Note de l’auteur : Euh…vous me croyez si je vous dis que j’étais dans une période noire ^^ Enfin, même si le début de ce chapitre à été difficile pour moi, je me suis éclatée sur la fin ! J’avais la rage.

La fin, vous a peut être surpris, ce n’est pas dans mon habitude de couper ainsi mes chapitres, mais là, désolé, j’ai vraiment pas pu faire autrement. Et puis, au moins une fois, je vous aurais vraiment laissé en haleine >_< !!!

 

A bientôt  ^_~

 

Temps écoulé durant ce chapitre : un jour…sans commentaires ^^

 

Chapitre Commencé le 06/02/2004, Terminé le 02/03/04.

 



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