Note de l’auteur : ^________^

 

UNE SI PETITE FLAMME

 

 

Un sifflement perça soudain le silence et Heero reconnu aussitôt le cri de l’arme de Duo qui alla abattre ses flancs aiguisés dans la trachée du rouquin du groupe. La terreur fut lisible sur son visage alors qu’il lâchait son arme et remontait des mains vers sa nuque, tentant dans un bruit rauque d’apporter de l’oxygène à son organisme… mais sans résultat. Et alors que les autres le regardait, complètement dépassés, un second poignard fit son œuvre. Heero se saisit alors de l’arme d’un des hommes encore valide et cella en quelques secondes le sort de ces soldats dans un silence seulement  perturbé par leurs sursauts de détresse.

 

-Tu as une idée d’où ils vont ? fit Duo alors qu’il récupérait ses armes au passage.

-Vers les toits.

Les deux pilotes prirent à peine le temps  de s’échanger un regard, s’élançant aussitôt dans la même direction que Onze.

Le jeune homme à la natte appuya sur son communicateur.

-Franz, vous cernez les sorties, nous on se dirige vers les toits.

-Bien reçu.

 

Mais Onze s’était montré extrêmement prévisible et les pilotes furent considérablement ralentis par les soldats dont leur chemin était parsemé, tant et si bien qu’ils arrivèrent sur le sommet du bâtiment trop tard.

L’hélicoptère n’était déjà plus qu’un point informe dans le ciel.

-Il se dirige vers le spatioport, analysa-t-il aussitôt alors qu’il faisait volte face, reprenant le chemin inverse.

Heero dévala les étages à une telle allure que son ami eu du mal à le suivre. Ils ne s’échangèrent pas un mot, leurs souffles consacrés à leur course. Et puis Duo savait très bien ce qu’il avait en tête : rejoindre au plus vite la base souterraine de la Résistance. Seuls les Gundams leur permettrait de poursuivre la navette de Onze… et encore fallait-il qu’elle ne soit pas déjà trop éloignée… chaque minute leur était donc comptée.

Les plans que Heero avait assimilés leur furent d’une grande utilité, leur permettant de contourner la foule qui s’était resserrée à la sortie, à présent contrôlé par les soldats de la Résistance. Ils abandonnèrent l’idée de reprendre leur véhicule et poursuivirent leur course au-delà du bâtiment, jusqu’à ce que le trafic automobile soit fluide. Duo vit alors le pilote employer un moyen radical. Il s’arrêta un instant aux abords d’une grande avenue, observa les véhicules et choisi pour s’élancer soudain sur la chaussée. Le cœur de Duo fit un bon lorsqu’il le vit éviter les voitures dans un jeu dangereux avant de se figer au milieu de la chaussée, écartant ses bras.

 

Les yeux bleus de ce jeune homme saisirent la conductrice qui pila aussitôt dans un crissement de pneus strident. Heero contourna aussitôt le véhicule et se pencha vers la fenêtre qui s’abaissait.

-Mademoiselle j’ai besoin de votre véhicule, ça concerne la sécurité de la princesse Relena Peacecraft.

La jeune femme ne le fixa que quelques secondes avant de défaire sa ceinture.

-Allez-y.

-Merci, on vous dédommagera, lui promit le pilote alors qu’il faisait signe à son ami.

Duos s’engagea sur la chaussée et adressa un clin d’œil à la grande blonde alors qu’il passait à sa hauteur.

-Faites attention en traversant, il y a des gens vraiment dangereux aujourd’hui.

La concernée ne pu s’empêcher de sourire et acquiesça simplement d’un signe de tête.

A peine Duo  était-il monté qu’Heero démarrait à toute allure.

Le jeune homme à la natte fut un instant déséquilibré mais se rétablit rapidement et fixa son coéquipier. Concentré sur la route et les traits tendus, il donnait tout son potentiel. Duo hésita  à lui parler, mais il se décida finalement.

-Heu Heero, tu m’expliques comment tu as fait s’il te plaît ?

-Comme Relena. J’ai été sincère.

Le pilote comprit à son ton qu’il n’était pas disposé à s’expliquer davantage et que la seule chose qui le préoccupait à l’instant, c’était la princesse. Il fit donc silence, réfléchissant à ses paroles.

 

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Relena n’eut aucune explication, seul Onze s’accorda le droit de lui poser des questions. Auxquelles il n’avait eu aucune réponse. Mais son attitude inquiétait la jeune fille… il s’était retenu… il ne se comportait pas comme lors de sa première capture, il préparait quelque chose… quelque chose de bien pire que ce qu’il lui avait affligé auparavant. Elle en était là dans ses pensées, lorsque l’appareil toucha le sol.

 

Relena sentit l’angoisse monter en elle lorsqu’ils pénétrèrent dans le hangar des navettes… ils étaient dans un spatioport… Onze avait donc prévu de les faire quitter la Colonie… mais pour aller où ?

 

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Heero fut expéditif dans ses explications au professeur G, et il pouvait être reconnaissant en Duo pour ses facultés à détendre les esprits irrités dans les situations critiques.

-Heero ! Prend garde à l’usage de ton canon à plasma, j’ai augmenté sa puissance, ça ne sera pas de trop étant donné ce qu’il vous attend dehors…

Le jeune homme hocha à peine la tête et referma le sas de son armure qui se mit presque aussitôt en mouvement.

-Hey attends-moi, tu pourras jamais y arriver tout seul ! aboya Duo face son attitude dangereuse.

-Dépêches-toi, eut-il pour seule réponse.

Le pilote à la natte obtempéra aussitôt, ce n’était pas le moment de le contredire.

Et les deux armures mobiles s’ébranlèrent ensemble, prenant la direction du sas de dépressurisation.

G apparu alors sur leurs écrans de contrôle, terminant ses explications.

Les unités terrestres seront dans notre secteur d’ici cinq minutes. Nous avons repéré la navette des Epyons Terros dans le secteur SAR.

-Alors c’est inutile de compter sur Trowa ou Quatre pour intercepter Onze, conclu Duo.

-Il va falloir vous débrouiller seuls. Et prenez garde aux MS que l’ennemis a disposés tout autour de la Colonie, ils vont certainement bientôt intervenir.

-Bien reçu, conclu Heero.

-Très bien je vous laisse, termina le mentor, comprenant que ses explications étaient du surplus qui agaçait Heero.

Mieux valait-il le laisser agir selon sa conscience et l’informer seulement en cas de danger immédiat.

 

Dès que les deux Gundams furent libérés, ils filèrent vers leur objectif.

 

-On n’attendait plus qu’eux, sourit le mentor des Epyons Terros, satisfait. Lancez l’opération !

 

Et les pilotes de Gundams furent soudain submergés par un déluge de feu.

Heero accusa un coup avant de pouvoir réagir, trop surpris.

-L’enfoiré ! jura Duo à travers l’intercom.

-Je passe en mode Zéro, rétorqua aussitôt Heero.

-Quoi ! Mais attend ! protesta-il.

Tout se passait trop vite à son goût.

-Regarde le nombre d’armures qui nous tombe dessus, même si des renforts arrivent bientôt, on perdra trop de temps à les attendre, il faut passer. Tout de suite ! termina le pilote en haussant la voix alors que ses écrans s’illuminaient d’une vive lumière jaune.

Mais Heero avait beau combiner ses meilleures capacités à celles de son armure toutes les forces des Epyons Terros semblaient s’être concentrées au même endroit, les empêchant de gagner la plus petite distance sur eux.

Et plus les minutes s’écoulaient, plus il voyait la navette s’éloigner… et la princesse de plus en plus inaccessible… il était dans une impasse.

Le Deathscythe et le Wing Zéro se rapprochèrent peu à peu l’un de l’autre pour finir dos contre dos.

Duo serra les dents. Cette situation lui rappelait étrangement ce qui était arrivé lors du coup d’état de Mariemeia… à la différence près qu’ils étaient seuls aujourd’hui.

-Ils nous mènent en bâteau ! s’énerva le pilote

-On ne peut pas laissez la navette s’éloigner davantage ! L’un d’entre nous doit passer !

Duo fit silence à sa réplique, il n’aimait pas du tout ça…

-Il faut se débarrasser de ces armures, si j’utilise le système d’autodestruction, je peux provoquer une explosion d’un diamètre qui suffirait à éliminer 70% des armures. Duo, si tu pousses tes réacteurs à leur maximum, tu peux t’en sortir avec des dégâts mineurs.

-…

-C’est la seule solution. Duo soit raisonnable… insista le pilote constatant l’absence de réaction de son ami.

-Non mais tu te rends compte de ce que tu me demandes ! s’emporta-t-il alors.

-Je ne laisserais pas Relena courir à une mort certaine !

-Et comment crois-tu qu’elle réagirait ! As-tu pensé à la douleur qu’elle éprouverait en apprenant ta disparition ?

Le jeune homme resta un instant sans savoir que répondre, il n’y avait pas pensé…

Il en était là dans ses réflexions lorsque le Deathscyte se mit soudainement en mouvement, entraînant dans sa course une partie des armures ennemies.

-Tu as raison  sur une chose, c’est que si nous ne faisons rien, nous serons abattus tous les deux et Relena sera perdue. Mais ce n’est pas toi qui partiras, mon ami.

Le cœur du pilote comprit ses paroles plus vite que son esprit et exprima la peine de cette déclaration dans une contraction douloureuse.

-Duuooo !!! Ne fais pas ça ! l’appela-t-il alors qu’il s’élançait à sa poursuite, ignorant les MS qui s’engageaient à sa suite et qui ouvrirent bientôt le feu sur lui.

Et soudain, sans qu’il n’ait eu le temps de comprendre une barrière de feu se dressa devant lui alors que les armures ennemies se désintégraient les unes après les autres.

Duo avait accéléré sa destruction.

Trop tard

C’était trop tard.

Le Wing Zéro s’immobilisa, submergé par la souffrance son pilote refusait de réagir… tout était allé si vite… il s’était  retrouvé impuissant une fois encore…

Le signal sonore de son Gundam le fit sortir de sa léthargie au bout de plusieurs secondes, il lui signalait une armure en approche. Il devait faire honneur à Duo, qu’il ne se soit pas sacrifié pour rien. A cette pensé il sentait la chaleur brûlante de la colère et de l’amertume s’entremêler et s’unir alors qu’il se saisissait de son sabre laser. Il ne laisserait personne entacher l’acte héroïque de son ami.

Le mur de feu se dissipait lorsqu’il vit l’ombre de son ennemi, et dans un cri de défit, il se jeta sur lui au travers des flammes.

-Allez aux enfers ! cria-t-il d’une voix brisée.

-Hey ! C’est comme ça qu’on accueil les amis, répliqua le concerné en parant son attaque avec facilité.

Heero se figea alors que les dernières poussières se dissipaient, laissant peu à peu apparaître les contours d’une faux.

Le pilote resta un instant muet, le flot d’émotions diverses qui le traversaient le laissant désemparé.

-Mais… comment… articula-t-il sans même s’en rendre compte.

-J’avais une dette envers Duo [1]. Je ne pouvais pas laisser le Deathscyte se désintégrer ainsi, intervint une voix familière alors qu’une armure mobile apparaissait peu à peu, quittant les ténèbres de l’espace pour laisser la lumière du soleil révéler l’alliage scintillant qui la composait. Son éclat Rouge se réverbérant sur les restes de ses ennemis. Rouge comme la vie et la mort tout à la fois.

-C’est vraiment trop gentil à toi de t’inquiéter pour mon compagnon des mauvais jours ! le taquina le pilote, entrant à son tour dans le jeu subtil de ses propos à multiples sens.

Le pilote au visage inexpressif esquissa un sourire. Il était heureux d’être arrivé à temp.

-La bataille n’en est qu’à ses prémices, enchaîna-t-il alors, les unités qui vous on pourchassé ne constituent qu’une petite partie des effectifs des Epyons Terros. En ce moment même, nombre d’armures quittent leurs vaisseaux de stationnement… et il y a autre chose… fit-il alors d’une voix inhabituellement trop grave.

-Les Epyons Terros ont également déployé des armures et des soldats sur les quatre autres colonies-mère, termina Quatre alors qu’il  arrivait aux côtés du Heavyarms. Content que vous soyez sains et saufs.

-Ce conflit dépasse nos capacités intervint Heero qui avait retrouvé un minimum de contenance. Il s’expliquerait avec Duo plus tard. Tout ce que l’on peut faire, reprit-il, c’est défendre cette Colonie et mettre un terme aux agissements de Onze… et il faut pour cela retrouver Relena.

-Heero et Duo, rejoignez Millardo, il est déjà parti à la poursuite de la navette. Nous on va défendre du mieux que possible cette Colonie !

-Ok

-Bonne chance.

Et les deux armures disparurent.

 

-Lieutenant, les deux Gundams sont à notre poursuite.

-Très bien, lancez tout de suite  la deuxième phase.

-Oui monsieur.

 

Une capsule autonome quitta alors la navette, prenant aussitôt la direction opposée.

Le Tallgeese émit aussitôt une alerte. Millardo fronça les sourcils en constatant un faible signal qui s’éloignait de la navette qu’il pourchassait.

Il était encore trop loin pour que son appareil identifie distinctement l’objet qu’il avait repéré.

Le prince effectua alors une commande manuelle, se servant du satellite delta comme relais il entra les données et quelques secondes plus tard l’image apparaissait.

Une capsule.

Qui filait à l’opposé de la navette… il n’aimait pas ça.

Le jeune homme bascula son intercom.

-Ici Millardo. On a un problème. Une capsule furtive a quitté la navette.

Le silence envahit les cockpits.

-Quelle est la direction de la navette ?

-Le satellite TY 4 pour le moment.

Le silence de la réflexion retomba. Qu’est ce que tout cela pouvait bien signifier ?

Et alors que Heero étudiait toutes les possibilités envisageables, le serment qu’il avait prononcé à la fin de la Grande Guerre s’imposa à lui.

Te protéger toi ainsi que la planète Terre…

Cette capsule…

-Je m’occupe de la capsule déclara-t-il soudainement d’une voix déterminée.

-Très bien moi je continue ma mission, le vaisseau ne m’a pas repéré.

-Duo tu me suis en furtif ?

-Je te suis !

-Ok allons-y.

Et les deux armures modifièrent leur direction, prenant une voie opposée à celle du Tallgeese.

 

Millardo s’approchait davantage de sa cible alors qu’il cherchait à donner un sens à tout ce qui s’était produit en une heure à peine. Comment sa sœur avait pu finir entre les mains des Epyons Terros ? Et pourquoi cette capsule libérée dans le plus grand secret ? Manifestement Onze avait tout planifié. Il ne pouvait en vouloir à Heero, il ne s’en serait certainement pas mieux sortis que lui. Et puis il avait fini par reconnaître le lien puissant qui l’unissait à sa sœur, il mesurait à présent à quel point Heero s’était avéré essentiel pour Relena. Sans lui, elle n’aurait certainement jamais pu reprendre un tel goût à la vie. Et il savait que le jeune pilote souffrait autant que lui de la situation actuelle, en plus de son sentiment de responsabilité.

 

L’intercom de Heero émis soudain un faible signal. Le pilote redressa aussitôt la tête sur ses appareils de contrôle.

-Wing Zéro ?

L’appareil sembla analyser quelques instants avant de faire apparaître en réponse la capsule.

-Millardo, Duo, j’ai un faible signal provenant de la capsule. J’essaye d’établir une communication..

-OK soi prudent.

Le jeune homme entra alors les données que le Wing Zéro lui avait fournies et établit la connection, restant en liaison avec les deux autres Gundams.

-Ici Heero Yuy, répondez.

Le cœur de la jeune fille se mit à palpiter plus fort encore au son de cette voix qu’elle désespérait d’entendre à nouveau.

-Heero ! Je suis s…

-Relena ! Relena  répond-moi !

Mais la fréquence grésillait de nouveau.

Et alors que le jeune homme se sentait perdre le peu de sang froid qu’il lui restait, le cockpit s’illumina d’une lumière jaune que trop connue… Heero eut peur pendant un instant que le système profite de la situation pour prendre le contrôle. Le pilote se crispa alors qu’il voyait le Wing diriger sa vision vers la capsule. Ses yeux traversèrent les parois du vaisseau pour arriver jusqu’à la salle de commande et une silhouette qu’il aurait reconnue entre mille se dessina alors dans l’ombre. La vision repartit alors vers l’extérieur en passant au-dessus du tableau de contrôle et cette fois, c’est son ventre qui se noua lorsqu’il vit le visage teinté de peur de la princesse.

 

-Heero ! Heero !

La voix impérative de Duo surpris le pilote alors que le cœur du Gundam redevenait sombre.

-J’ai assez attendu, cette fois j’y vais ! Je peux pas laisser le système Zéro reprendre le dessus !

Le Deathscythe allait s’élancer lorsqu’une voix encore atténuée par le choc l’interpela.

-Duo…

-Heero ? Ca va ?

-Duo écoutes moi, il faut que tu partes rejoindre Millardo.

-Hein ? Mais à quoi veux-tu que ça serve ?

-Relena est seule dans cet engin. Moi je ne peux pas partir, je dois rester à ses côtés. Mais toi tu dois faire ton possible pour arrêter Onze. Il est le seul à avoir la réponse à tout ça.

-C’est le système Zéro c’est ça ?

-Oui.

-Très bien. De toute manière j’ai un vieux compte à régler avec lui.

Le Deathscythe fit alors demi-tour, prenant la direction du compte justicier à toute vitesse

-Pendant que je rattrape Millardo, je vais essayer de rétablir une communication.

Les capacités furtives du Deathscythe le rendait parfait pour ce type de mission, le Gundam était le prolongement de son pilote dans l’art de l’infraction et pour lui, pirater une fréquence radio était un jeu d’enfant.

-Je la tiens, fit alors le jeune homme à la natte au bout de quelques minutes.

 

-Lieutenant ! Les pilotes de Gundam  essayent d’établir une connection avec la capsule !

-Vous avez la position de l’appareil ?

-Négatif.

-Maudit soit cette gamine ! Depuis quand les princesses savent-elles utiliser un émetteur ! Il faut les empêcher de reprendre contact !

 

-Je me suis fait repérer, remarqua Duo alors que les Epyons Terros tentaient de changer la fréquence. Aller mon gars, montre-leur ce que tu as dans le ventre ! s’exclama le pilote alors qu’il entrait de nouvelles données pour son appareil.

-J’arrive en vue de la navette, déclara alors le prince.

-J’ai stabilisé la fréquence pour quelques minutes, pour la suite, j’ai envoyé mes données à G, il prendra le relais sur moi. Je vais couvrir Millardo.

-Reçu.

Heero qui suivait la navette sur les flancs enregistra alors les données de Duo et tenta une nouvelle fois de reprendre contact, décidant d’ouvrir leur conversation aux autres pilotes.

-Ici Heero, Relena tu m’entends ?

Les pilotes de Gundam qui défendaient la Colonie se figèrent un instant en entendant cet étrange appel de leur compagnon. Qu’est-ce que cela signifiait ?

Pendant quelques secondes, le silence ne fut perturbé que par le grésillement de la fréquence. Jusqu’à ce qu’un timbre clair ne supplante le bruit parasite.

-Heero ! Heero ici Relena fit alors une voix aux intonations envahies par la crainte avant qu’elle n’apparaisse sur un de ses écrans de contrôles.

Le pilote fut un instant surpris de cette soudaine apparition qui se généralisa aux autres armures et à la capsule elle-même. Ils pouvaient remercier les talents de G.

La princesse plongea aussitôt son regard dans celui du pilote, puissant dans ses yeux toute la protection dont elle avait désespérément besoin pour ne pas paniquer.

Et il la laissa faire pendant de longues secondes avant de reprendre la parole.

-Relena que s’est-il passé ?

-Je… Je ne sais pas… juste que j’ai été enfermée dans cette capsule.

-Tu n’es pas blessée ? fit-il d’une voix préoccupée.

-Non, il ne m’a pas touché… il s’est contenté de m’enfermer dans cet appareil….

-Que t’as dit Onze avant ça ?

-Que j’étais son dernier présent pour l’humanité… j’ai peur de ce qu’il a en tête.

-Très bien Relena, on va tout faire pour te sortir de là. Je reste près de toi en attendant d’en apprendre davantage.

-Je vais essayer de trouver des informations dans cette navette qui pourraient m’aider à comprendre ses intentions, pour le moment je n’ai pas quitté la salle de commande, décida-t-elle d’une voix qui chevrota.

La jeune fille se mordit les lèvres, s’en voulant de ne pas réussir à se contrôler. Heero n’avait vraiment pas besoin qu’elle lui transmette son angoisse.

-Relena.

-… Oui ? répondit-elle alors que son cœur s’accélérait davantage encore.

-Tu fais preuve de beaucoup de courage.

La princesse eut un sourire crispé.

-j’essaye juste de ne pas faire empirer la situation… Heero s’il te plait, dis-moi ce qu’il se passe à l’extérieur.

Le regard du pilote s’assombrit à sa demande, il ne trouvait pas que ce soit la meilleure des idées…

-S’il te plait, j’ai besoin de savoir…

-Heero, je peux ? intervint alors la voix de Quatre, surprenant la jeune fille.

Elle ignorait que leur conversation était écoutée.

-Je t’en prie.

Le petit blond apparu alors à son tours sur l’écran qui se divisa en deux partie, lui permettant de garder un contact visuel avec Heero.

-Nous sommes actuellement en train de défendre L-2 de l’extérieur mais aussi de l’intérieur. Mais les Epyons Terros se sont également déployés sur les quatre autres Colonies principales.

-Mon dieu…

-Tout n’est pas perdu pour autant. Dans toutes ces Colonies dort la volonté de millions de gens. Une volonté de liberté qui ne demande qu’à être réveillée. Et pour ça nous allons avoir besoin de toi et de Lady Une. Il faut que les Citoyens te reconnaissent et alors ils comprendront.

-Mais Quatre… tu sembles oublier que je suis retenue dans une navette dont j’ignore tout ! J’ai des tas d’écrans et de tableaux de commandes face à moi qui s’agitent en tout sens sans que je ne puisse rien comprendre ! Et j’ignore quel est mon rôle dans les projets de Onze ! s’exclama-t-elle alors que sa voix déraillait de nouveau, elle se sentait complètement découragée.

-Quatre, c’est bon, commanda alors la voix quelque peu autoritaire d’Heero.

-Excuses-moi Relena… je me suis emporté sans vouloir entendre ta détresse.

-Non, ce n’est rien. J’ai accepté les risques en reprenant ma fonction. Et j’irai jusqu’au bout. Si tu peux te débrouiller pour avoir une communication, je suis prête.

-Relena rien ne t’y oblige, répliqua Heero qui ne pouvait s’empêcher de ne pas aimer cette proposition.

-Il a raison,  reprit le petit blond, j’ai peu être eu tord de dire ça… Je ne veux pas que tu fasses quelque chose dont tu n’as pas envie… je ne veux pas que tu reproduise le schéma que tu as vécu avant tout ça… je m’en voudrais terriblement…

Relena ne put s’empêcher de sourire tendrement face à l’inquiétude de son ami.

-Quatre… tu es bien mon éternel ami qui a toujours su être là pour moi. Ne te reproches pas tes propos. Tu as tout à fait raison. Ce serai trop bête de tout laisser tomber alors qu’on est arrivé jusqu’ici. Et puis je ne suis pas seule. Et ça va déjà mieux de me dire que vous êtes tous avec moi.

A ce moment là, une explosion retentie, suivit d’une succession de bruits non identifiable avant que la communication ne soit coupée.

-Quatre !  l’appela la princesse, apeurée

La fréquence grésilla encore quelques secondes jusqu’à ce qu’une voix diminuée ne réponde, mais l’image n’était plus là.

-Ca va. Heero je te laisse t’occuper de ça.

-Je verrais.

-Très bien. Bonne chance à vous deux.

-Je sais que c’est un conseil un peu inutile étant donné que tu t’es engagé dans ce conflit après ce qu’il s’est passé à Sank… mais essaye de nous revenir..

Les traits fatigués du petit blond se détendirent dans un sourire à sa réplique.

-Je n’ai aucunement l’intention de finir ici. Et toi aussi tu t’en sortiras. J’ai confiance en Heero.

-Merci.

-Bonne chance.

Et alors que Quatre les quittait, l’écran principal du Wing Zéro s’anima de nouveau.

-Professeur, l’accueillit-il d’une voix froide.

Mais le vieil homme fit mine d’ignorer son ton.

-J’ai assisté à votre échange.

Constatant qu’il n’y avait aucune réaction de leur part, le scientifique se racla la gorge, tentant de laisser quelques secondes de plus à l’atmosphère tendue qui régnait pour s’apaiser quelque peu. Mais sans succès.

-Je peux vous aider, décida-t-il de reprendre. Le satellite delta risque de se dévoiler si il est utilisé ainsi pour une opération de si grande envergure. Je peux m’occuper de ça.

-Relena ? demanda le jeune homme d’une voix toujours distante, presque forcée.

-C’est d’accord, répondit-elle alors que son ton se faisait plus déterminé

-Je refuse ! s’exclama soudain le jeune pilote du Wing, surprenant tout le monde.

-Heero… murmura-t-elle.

Elle le savait. Elle l’avait sentie. Il n’aurait jamais accepté.

-Je ne veux pas que tu fasses une telle chose Relena, c’est trop de risques ! Cette capsule est sous le contrôl des Epyons Terros, qui sait ce qu’ils te feront en apprenant ta tentative de retourner les Citoyens contre eux ? Je ne veux pas que tu mettes ainsi ta vie en danger… c’est déjà bien suffisant comme ça. Tu peux m’en vouloir pour ça, mais je ne peux pas faire autrement…

-Non tu as raison, intervint alors un jeune homme à la voix posé qui avait suivit toute la conversation. En se bornant seulement à un point de vue stratégique, ce serait prendre beaucoup trop de risques par rapport aux bénéfices éventuels qui pourraient en découler. Le mieux à faire pour le moment c’est d’essayer de te sortir de là.

-Je comprends votre point de vue. Et je suis touchée par ton geste Heero… mais… supposons… que ce soit ici ma dernière chance… termina-t-elle d’une voix abaissée.

-Ce n’est pas ta dernière chance ! s’emporta de nouveau le pilote du Wing Zéro. Mais il se sentit aussitôt coupable de son attitude incontrôlée. Pardon… s’excusa-t-il pâlement, je n’ai pas le droit de t’en empêcher.

La princesse sourit tendrement à sa remarque. Elle l’aimait tellement.

-Très bien. Je crois que je vais chercher si il n’y aurait pas quelque chose dans cette capsule qui puisse nous aider à en savoir plus sur les objectifs des Epyons Terros.

-Bonne chance Relena, lui souhaita Trowa.

-Merci. A toi aussi. Et merci pour ton intervention.

Le pilote la fixa un instant et elle vit à travers ses yeux qu’il lui signifiait qu’il n’y avait pas de quoi le remercier. Et il disparu de l’écran.

-Heero ?

-Vas-y, je reste sur le canal.

-C’est entendu. Heero… merci. Merci de me redonner autant de courage.

Le pilote voulu protester, prétextant qu’il n’y était pour rien, mais il se tut, hochant simplement la tête en signe d’encouragement.

Et elle disparut de son écran qui n’affichait à présent plus qu’un espace vide.

Le jeune homme remarqua alors que le professeur avait également quitté la conversation, sans prévenir.

Tant mieux, il n’avait vraiment pas envie de tenir une longue conversation avec lui.

 

G vit la fréquence qu’il surveillait redevenir plate. Leur conversation était terminée. Le vieil homme fixa un instant ses différents écrans de commande qui visualisaient les multiples scènes de bataille, avant que son regard ne soit traversé d’un éclat de malice.

Il  entra alors des données sur son tableau de commande. Un instant se passa avant que les visages de ses quatre compagnons n’apparaissent tour à tour.

-Messieurs ?

Et chacun de ces scientifiques de génie marqua son approbation.

-Très bien alors allons-y, je compte sur vous.

-Bien évidemment.

-Une fois de plus tout repose encore sur eux.

 

*****************************

 

Etant donné la situation, Millardo et Duo abandonnèrent l’idée première de détruire la navette. Car même si la capsule avait à la base été lancée avec discrétion, les Epyons Terros savaient à présent que la princesse avait été repéré par les Gundams et la possibilité qu’ils utilisent à présent Relena comme bouclier en cas d’attaque n’était pas à exclure. Après tout la capsule était entièrement sous leur contrôle. Leur stratégie consistait donc à présent à infiltrer le satellite vers lequel la navette se dirigeait. Mais c’était une souricière où ils s’engageaient là, base de replis des Epyons Terros.

Onze venait à peine de prendre les commandes du satellite qu’un système d’alarme s’activait.

-Explosion d’origine inconnue dans le secteur D4.

-Je sais qui c’est. C’est le pilote 02 qui a quitté son compagnon. Le militaire eut une exclamation de dédain. Et qu’espère-t-il faire à lui seul ? Me tuer ! Occupez-vous de cette vermine insignifiante !

 

Les deux armures pénétrèrent par le sas qu’ils avaient détruit. Duo fit un signe affirmatif au prince qui bifurqua aussitôt sur la droite alors  que le Deathscythe animait sa faux à faisceaux laser, la faisant bientôt s’abattre sur les armures qui stationnaient dans le grand hangar.

Millardo abandonna le Tallgeese  lorsqu’il ne lui fut plus possible de progresser sans se faire repérer. Duo avait vraiment bien joué son rôle, toutes les forces s’étaient concentrées sur lui.

Le pilote aux longs cheveux d’or descendit avec agilité, arme en main, Sa priorité c’était de reprendre le contrôle de la capsule qui renfermait sa sœur.

 

-Bien je crois que j’ai fait suffisamment de ménage par ici.

Le  pilote inactiva sa faux alors qu’autour de lui gisaient les décombres de nombre d’armures. Il était temps de se faire discret à présent.

-L’appareil ennemis à disparu !

-Il est équipé d’un puissant système de brouillage monsieur.

-Evidemment, comment aurait-il pu arriver ici sans que l’on s’en aperçoive à votre avis ! grogna leur chef. Renvoyez des troupes ! Il est hors de question qu’il arrive jusqu’ici !

Et lorsque Duo repéra trop d’armures aux alentours, il quitta son Deathscythe, le laissant dans un endroit discret et maintenant sa couverture. Il usurpa l’identité d’un soldat et rejoignit Millardo au point de rencontre qu’ils s’étaient fixé.

-Tout s’est bien passé ? demanda le jeune homme aux longs cheveux nattés.

-C’est en place, je t’attendais.

-Alors il n’y a pas d’autre alternative ?

-Même si tu as réussi à déployer un certain nombre de soldats sur la périphérie, le secteur central reste encore trop protégé. De toute manière, nous ferons prendre autant de risques à Relena si on tente une infiltration. Alors autant faire le plus vite possible.

-Alors montrons-leur ce dont nous sommes capables… déclara le pilote dans un sourire aux accents de mort.

 

-Lieutenant ! On a plusieurs explosions dans le secteur central !

-Elles se rapprochent ! en rajouta un autre lorsque tout à coup la salle s’ébranla d’une déflagration puissante.

Onze fut déséquilibré et se heurta avec force contre le tableau de commandes.

-Monsieur, est-ce que ça va ? lui demanda le premier soldat qui repris sa contenance.

L’homme se releva sans un mot pour son subordonné, le regard sombre de colère.

-Activer la phase quatre. William, Kaleb et Jacki avec moi. Officier Gates, je vous confie le commandement.

L’officier fixa son supérieur d’un regard froid et imperturbable, mais il n’en pensait pas moins. Ce lâche les abandonnait.

-A vos ordres.

 

-Il sort, confirma alors Millardo à travers l’écran de commande qu’ils avaient piraté sur la fréquence des caméras de surveillance du secteur central.

-Il est temps d’aller régler certains comptes.

-Allons-y.

 

*****************************

 

Relena parvint à trouver la faille de la porte qu’ils avaient condamnée derrière elle en l’enfermant. Elle trouva une pièce sombre, seulement nourrie par la lumière qu’elle avait apportée en ouvrant. La jeune fille hésita face à cette obscurité béante lorsqu’un signal sonore la fit sursauter. Elle se sentit alors se raidir toute entière, comme si son instinct lui criait de prendre garde à un grand danger. Une faible lumière clignotante attira son attention et c’est d’une façon mécanique et le cœur battant à toute allure qu’elle avança à tâtons vers cette lumière à présent silencieuse qui éclairait sporadiquement une partie de la pièce qu’elle devinait exiguë. Lorsqu’elle avait été enfermée, on ne l’avait pas laissé voir quoi que ce soit, c’est donc vers l’inconnu qu’elle se dirigeait.

Sa main rencontra alors une substance qu’elle identifia à son toucher froid comme étant du métal. Et alors qu’elle se sentait de plus en plus fébrile, elle progressa avec courage le long de l’objet, priant pour que son intuition soit erronée. Son angoisse s’intensifia à un tel point qu’elle se trouva incapable de se détacher de l’objet fusiforme tant qu’elle ne l’eut pas parcouru dans toute sa longueur. Comme pour se convaincre que ce n’était pas possible. Comme si elle espérait trouver par ce geste un signe qui contradirait l’évidence. Et la peur s’intensifia lorsqu’elle sépara sa main du métal, la figeant dans l’immobilité. C’était le pire des scénarios qu’elle aurait pu s’imaginer. Mais la princesse se fit violence et se força à réagir. Elle effectua d’abord quelques pas vers l’arrière avant de faire soudainement volte face et de fuir de ce lieux en verrouillant la porte derrière elle. C’était stupide, elle en était consciente, mais de ne pas voir cet engin limitait sa panique. Elle prit cependant quelques secondes avant de se montrer à Heero, essayant de se contrôler. Puis elle fit les quelques pas qui la séparait de la vision du pilote.

 

Relena apparu sur l’écran du Wing Zéro et au même instant, le canal d’information intercolonies se brouilla avant de laisser apparaître sur des millions d’écrans une capsule qui filait à travers l’espace. Puis le champs de l’image s’agrandit et une armure mobile ailée apparue à ses côtés. Et à peine quelques secondes après, l’image de la Reine du monde. Une Reine au visage abaissé qui semblait tenter de dissimuler beaucoup de choses.

Et une voix masculine intervint alors :

-Relena, il faut que tu me dises ce que tu as trouvé. Je suis là, je ne t’abandonnerais pas, lui assura-t-il en s’efforçant de resté calme et concentré. Mais de la voir dans un tel état le rendait extrêmement nerveux.

-Heero je … souffla-t-elle, son visage toujours abaissé.

-Ca va aller. Essaye de me donner des indices si tu n’arrives pas à le dire.

 

Plusieurs secondes s’écoulèrent dans un silence total. Autant dans l’espace que dans toutes les Colonies. Les Citoyens observaient la scène sans mot dire. Ils ne comprenaient rien à ce qu’il se déroulait sous leurs yeux. Au début ils avaient cru à une intervention de leur Reine du monde, mais il n’en était rien. Elle ne semblait même pas être consciente qu’ils la regardaient. Pas plus que cet homme dont ils avaient entendu la voix. Probablement le pilote de l’Ange. Il semblait très proche de la princesse. Et quelque chose de grave paraissait les affecter tous les deux.

 

Et soudainement la princesse releva la tête, fixant Heero à travers son écran. Fixant droit dans les yeux, des milliards d’êtres humains. Un regard bouleversant

-Un missile, lâcha-t-elle. J’ai découvert un missile.

Heero eu un coup au cœur à cette nouvelle. Mais il s’efforça de ne pas sombrer à son tour dans la panique.

-Serais-tu capable de me donner ses particularités ? Qu’est ce qui t’as permis d’affirmer que c’était un missile ?

La jeune fille lui détailla l’objet le plus fidèlement possible, s’efforçant à répondre à toutes ses questions.

-C’est très bien, lui assura-t-il une fois qu’elle eut terminé son descriptif, peu convaincue par la justesse de ses propos. Je vais devoir te laisser seule quelques minutes.

-Entendu, souffla-t-elle d’une voix mal assurée.

-Je fais aussi vite que possible.

-Je sais, ne t’en fais pas, ça ira.

-Je ne m’éloigne pas de toi.

-Oui.

 

Et la communication s’interrompit, l’image de la princesse s’estompant pour laisser apparaître une autre lutte, une bataille beaucoup plus apparente que livraient les forces de la Résistance, soutenues par plusieurs Gundams.

Les Citoyens restèrent sans voix face à cet enchaînement de scènes dont ils ne comprenaient pas tout, si ce n’est que les Epyons Terros leur avaient effectivement mentis. Ils ne voulaient pas la paix. Actuellement ils prenaient le contrôle des Colonies de l’intérieur en prétextant un nouvel ordre donné au sommet des Colonies alors qu’en réalité des combats violents avaient lieux à l’extérieurs. Des Hommes combattaient les Epyons Terros, comme la rumeur venue de la Terre… peut être bien qu’ils n’étaient pas si seuls que ça, peut être même que les Gundams et leur princesse luttaient pour les sauvers… Allaient-ils les laisser livrer bataille seuls ?

 

*****************************

 

-Ici 01.

Le pilote à la natte répondit aussitôt à la voix au timbre un peu trop vibrant de son ami. Il fit signe à Millardo qu’il lui laissait la garde de leur captif et concentra son attention sur sa communication, sans néanmoins relâcher sa prise.

-Je te reçois.

 

Onze observa avec délectation le visage du Dieu de la mort devenir aussi pâle que celle qu’il représentait.

Mais, trop satisfait de sa douleur, il n’eut pas la prévenance de rester vigilant et il se serrait assurément retrouvé à terre si un mur contre lui ne l’avait pas maintenu lorsque Duo se jeta sur lui, le plaquant avec violence, sa main se resserrant dangereusement sur sa trachée.

Millardo le fixa avec surprise et un soupçon de crainte, que venait-il d’apprendre ? Il avait réagit avec une telle vélocité. Et a présent la colère qui émanait de sa personne était effrayante. Onze avait toutes les raisons de devenir blême en dehors de l’oxygène qui lui manquait.

-Espèce de salopard. Tu vas me dire quel est l’objectif de cette capsule ou je vais te faire tellement souffrire que tu me supplieras de t’achever.

Entre sa respiration bruyante, le militaire parvint à rire. Un rire sombre et défiant.

-Quoique vous puissiez faire, elle est perdue.

Le cœur du prince de Sank se serra lorsqu’il eut la confirmation de ce qu’il avait pressentit dans les paroles de Duo… sa sœur… elle était en ce moment même en grand danger… C’est alors qu’il sentit la chaleur de la haine monter en lui, comme des années auparavant. Son regard redevint celui de l’officier Zech Merquize et il tourna son regard sur son coéquipier.

-Si tu ne le fait pas parler c’est moi qui lui ferait cracher ses tripes, lança-t-il au jeune homme.

Le regard du pilote se fit plus sombre encore alors qu’il menaçait davantage sa proie.

-Répète-moi ça ! lui ordonna-t-il avec colère.

Cette fois Onze n’eut pas le loisir de lui rire au nez, mais il n’en restait pas moins prétentieux.

-Depuis le début, l’issue de ce combat est déterminée. Quelques soient vos actions, une parade avait été prévue. La possibilité que vous découvriez la capsule avait été étudiée tout comme l’intervention des Résistants à la conférence. Vous n’êtes que des pantins à travers mes mains.

-Ce n’est pas vous, intervint alors le prince. Ce n’est pas vous qui avez pu élaborer un coup d’état aussi structuré.

Duo eut un rire nerveux à sa remarque.

-Ca c’est une certitude. Tout comme il est certain que toute stratégie possède une faille, déclara-t-il alors qu’il se saisissait avec agilité d’une de ses armes blanches à l’aide de sa main libre.

Le visage naguère enfantin du pilote à la natte avait à présent les traits tirés par une profonde aversion, et ses yeux bleus s’étaient fait aussi sombre que les mers d’encre les plus opaques alors qu’il remontait la pointe affinée de son arme le long des côtes de celui qui avait eu l’audace de le défier.

-Je suis quelqu’un de très impatient par nature, mais fort heureusement, je suis très joueur aussi. Alors voyons voir si nous pouvons nous amuser un peu ensemble, déclara-t-il avec un sourire terrifiant alors qu’il appliquait la lame de son arme dans un espace intercostal [1], effleurant à vif sa chaire qui frissonna.

-Je ne peux plus rien faire à présent je vous l’ai dit ! tenta-t-il pitoyablement de se défendre alors qu’il essayait de se soustraire à la douleur.

Mais son mouvement fut aussitôt contré avec force, lui imposant l’immobilité. Onze dévisagea ce gamin qui le menaçait ainsi. Il lui faisait peur. Comment pouvait-il faire preuve de tant de force à son âge ? Sans compter la lueur malsaine qui brûlait dans ses yeux… il commençait à prendre ses paroles plus que sérieusement

-A présent c’est moi qui pose les questions ou je transforme ce poumon en  passoire.

Duo constatant qu’il avait enfin son attention poursuivit.

-Qui contrôle cette navette ?

-Elle est autonome. Elle a un programme de route intégré que nous même ne sommes plus en mesure de modifier.

-Qui a mis au point ce programme ?

-…

-Répondez ! s’énerva-t-il alors qu’il remontait une nouvelle côte, prenant soin de la marquer au passage.

-Arrêter ! le supplia-t-il.

Mais Duo poursuivit, ignorant sa souffrance.

-C’est mon supérieur hiérarchique ! lâcha-t-il alors.

-Qui est ce !

-Je ne sais pas !

Cette réponse ne fut pas à son goût et Onze paniqua lorsqu’il sentit la lame s’enfoncer davantage.

-Je l’ignore ! Je ne l’ai jamais rencontré !

-Il dit vrai, confirma Millardo.

Il connaissait les interrogatoires. Et Onze tenait bien trop à sa vie pour mentir longtemps ainsi menacé.

Le pilote relâcha alors la pression.

-Vous êtes d’une stupidité défiant toute concurrence, fit alors Duo avec mépris. Vous vous êtes condamné en acceptant un ordre aussi aveuglément. Votre supérieur savait très bien que la meilleure des garanties de réussite serait de garder le secret de cette capsule, peu lui importe que l’ennemi vous ôte la vie parce que vous ne disposez pas de l’information qu’il recherche. Sans compter que vous auriez assurément refusé cet ordre si vous aviez reconnu ce qui se dissimulait en dessous.

Millardo observa avec satisfaction ce que le visage du lieutenant laissa transparaître. Duo avait visé juste.

-La Terre. C’est la Terre l’objectif de cette capsule. 

-Pourquoi un missile à bord ? Pourquoi pas seulement la charge d’une bombe ? le questionna le prince, peu convaincu.

 Il ne leur disait pas tout.

-Pour vous tromper. Dans l’éventualité ou vous découvririez la charge, elle a été déposée sous cette forme pour que vous croyez à une attaque des Colonies et non de la Terre.

-Qui contrôle l’activation de cette bombe ?

-C’était moi. Mais une fois qu’elle est activé, il n’est plus possible de retourner en arrière.

-Fait chier ! jura Duo alors qu’il retirait son arme et balançait Onze sur le côté, l’offrant à Millardo. Je te laisse poursuivre, déclara-t-il alors qu’il se dirigeait vers le tableau de commande de la petite salle qu’ils occupaient à présent. Je vais essayer de voir si je peux pirater l’auto-commande de la capsule, Heero t’es avec moi ?

-Je te suis.

-Très bien, fit-il alors qu’il commençait à programmer une commande qui permettrait à Heero de se mettre en connexion directe avec lui. Heero je vais prendre contact avec Relena, je vais avoir besoin de son aide.

-Reçu. Tu peux y aller.

Le pilote à la natte reçu ses données et ouvrit la communication.

 

Et la princesse apparu de nouveau sur des millions d’écrans.

Relena releva la tête en constatant que l’écran venait de s’allumer.

-Duo ? l’accueillit-elle alors qu’elle révélait ses traits marqués par l’anxiété.

Elle était au bord des larmes. Et cela toucha profondément Duo.

-Rel’, je vais avoir besoin d’un coup de main, lui annonça-t-il en s’efforçant d’afficher un sourire encourageant.

La princesse reconnut ses efforts, mais elle perçut surtout son état de stress. Elle ne l’avait encore jamais vu comme ça.

-Je t’écoute.

-Il va falloir que tu essayes de reprogrammer l’itinéraire de ta capsule. On verra après pour la bombe.

-Qu’est ce que je dois faire ?

-Tu te souviens de ce que je t’ai expliqué il y a deux jours ?

-Je crois…

-Bien alors tu vas d’abord me dire si le voyant d’auto-commande est allumé.

-Il l’est… depuis que je suis à bord.

-OK. Alors nous allons essayer de décoder le programme d’auto-commande et de reprendre le contrôle de cette capsule. Relena tu vas t’installer devant le tableau de contrôle et rentrer cette suite de chiffres.

 

Pendant plusieurs minutes, la princesse suivit à la lettre les instructions de Duo pendant que les deux pilotes tentaient de découvrire la faille du programme.

Et alors qu’ils semblaient progresser dans le décodage de l’ordre, ils virent tout à coup la jeune fille se faire violemment projeter sur le côté, ayant à peine le temps de lancer un cri de peur.

-Relena ! ! !

Et à cet instant même, le Wing Zéro eut à son tour un mouvement brusque.

Le Gundam qui suivait le parcours de la navette à quelques mètres de ses flancs venait d’éviter une collision de justesse. Heero qui était absorbé par le piratage de la capsule aurait assurément subit  un choc violent si le Système Zéro n’était pas intervenu.

 

Duo qui avait réagit promptement, essayait de reprendre le contrôle du canal de communication avec la navette lorsque l’écran se fit soudain noir face à lui.

Tout comme les millions d’écrans qui étaient reliés à cette fréquence.

Le silence se fit alors que l’obscurité se levait peu à peu son rideau noir, laissant apparaître une pièce en apparence circulaire, éclairée par la lumière blanche d’une Terre vue depuis l’espace. Quelqu’un se tenait au centre de cette salle surnaturelle. Homme ou femme, impossible à déterminer, seule une silhouette fine était visible, ses traits habilement dissimulés dans l’ombre, encadré par de longs cheveux qui rendaient ses contours indéterminés.

-Votre combat est vain, fit alors une voix douce aux sonorités infantiles. Se dresser contre moi, c’est rendre votre fin plus douloureuse encore. Votre lutte à été honorable Relena Darlian Peacecraft, mais votre règne touche à sa fin.

La princesse qui venait d’apercevoir ce personnage à travers son écran se releva avec effort, encore assommée par le choc de la collision avec le tableau de commande.

-Oh votre beau visage a été abîmé, fit tristement le personnage. J’en suis désolé mais je ne pouvais pas vous laisser compromettre mes dessins.

La jeune fille surprise, effleura d’une main sa joue pour constater que du sang avait imprégné l’extrémité de ses doigts. Son regard se fit soudain noir.

-Qui êtes vous !

-Tout aurait été tellement plus simple si vous aviez accepté de renoncer dès le début. Le royaume de Sank et tous ces pacifistes seraient déjà oubliés. Mais vous… et ces pilotes de Gundams êtes pire que la peste ! Alors puisque vous tenez tant à la vie je ne vous l’ôterais pas. Vos chers pilotes ont bien essayé de vous soustraire à la fin qui vous attend, mais ils ne pourront pas vous préserver plus longtemps. Puisqu’ils se refusent à vous dire la vérité je vais donc vous l’apprendre. Cette capsule est destinée à s’écraser sur la Terre. Sur le royaume de Sank. Et la bombe qu’elle contient permettra de produire un impact suffisant pour produire un nuage de particules qui plongera l’Europe dans un hiver dont les terriens ne verront jamais la fin.

-Mon Dieu… souffla la princesse alors que ses pupilles se révulsaient.

-Mais tout n’est pas perdu pour vous, Reine du monde, vous vous en sortirez en vie. Cette capsule possède une cellule de survie. L’accès à cette cellule vous sera ouvert dès que vous entrerez dans l’atmosphère terrestre. Et vous pourrez sauver votre existence. Bien entendu si vous tentez d’y accéder avant je la détruirais.

-Pourquoi ? Pourquoi faites-vous tout ça ?

-Mais pour les mêmes raisons que vous Relena. Pour accomplir mon idéal.

-Détruire toute forme de vie ? Tel est donc votre objectif ?

-Non. Détruire mes ennemis ! s’emporta la voix si douce auparavant.

-Qui êtes vous… répéta la princesse d’une voix défiante.

-Assez parlé, cela n’a plus aucune importance puisque votre existence en tant que princesse pacifiste touche à sa fin. Vous ne serez plus qu’un être insignifiant après ça.

-Attendez !

Mais il était trop tard, cet étranger avait disparu.

Relena baissa la tête sur le poste de commande.

-Heero tu m’entends ?

-Affirmatif, déclara-t-il alors que son image apparaissait sur l’écran.

C’était ce à quoi elle s’attendait. La communication n’était pas coupée. C’était ici sa dernière chance. La jeune fille resserra ses poings et releva la tête, révélant ses yeux emplit d’une détermination qui supplantait sa détresse sous-jacente.

Le pilote se crispa. Il n’aimait ce qu’il voyait dans son regard.

Une lueur de tristesse traversa l’expression de la princesse, mais elle se ressaisit.

-Heero tu vas m’écouter et m’obéir sans te poser de questions.

Le jeune brun la fixa sans mot dire. Elle exprima alors sa volonté qui résonna en lui comme si c’était sa propre sentence.

-Détruit cet appareil avant qu’il ne s’approche davantage de la Terre.

Le pilote cessa de respirer pendant un instant alors que des milliards d’êtres humains restaient en suspend face à cette décision difficile.

-Heero ! Tu dois protéger la Terre et les Colonies !

-Non ! cria-t-il alors dans une plainte douloureuse, c’est toi que je protéges ! C’est pour toi que je me bats ! C’est toi qui m’as fait comprendre l’importance de la Terre et des Colonies ! Sans ça elles ne représentent rien pour moi !

-Ca suffit ! le coupa-t-elle avec colère. Je t’interdis de mépriser ainsi la vie ! Remplis la mission qui t’a été donné !

Le pilote la fixa d’un regard indéfinissable.

-Pourquoi ne te contente-tu pas d’être un soldat bon sang ! craqua-t-elle, ses yeux se remplissant aussitôt de larmes lourdes de biens des sentiments.

-Relena…

-Pardon Heero… 

-Tu ne peux pas faire ça ! s’exclama-t-il soudain d’une voix brisée. Nous pouvons trouver une solution, te permettre de quitter la navette et la détruire avant qu’elle ne s’écrase !

-On ne peut pas prendre ce risque.

C’est alors que la princesse vit celui qui comptait tant pour elle s’effondrer en larmes alors qu’il était pris de violentes convulsions, tiraillé entre son devoir et l’amour qu’il avait pour elle.

-Heero ! l’appela-t-elle alors que ses larmes redoublaient.

Elle s’en voulait tellement. Comment avait-elle pu mettre dans un tel état celui qui avait toujours été réputé pour sa force infaillible… elle s’en voulait tellement…

-Je vais le faire, déclara alors Trowa qui fut le premier à avoir le courage de réagir.

 

-C’est impossible ! s’exclama alors Onze en riant alors qu’il assistait lui aussi à la scène. L’alliage de la capsule est bien trop résistant ! Vous ne pourrez pas sauver la Terre ! finit-il dans un fou rire malsain.

Duo se sentit littéralement exploser et fit volte face en un instant. Le lieutenant des Epyons Terros manqua de s’étrangler lorsqu’il vit la haine qui avait envahit le pilote aux longs cheveux tressés. La panique supplanta rapidement son air narquois et il se débattit comme un animal face à son prédateur.

-Ecarte-toi ! ordonna aussitôt Duo au prince qui  avait déjà commencé à s’exécuter avant même qu’il n’ait eu besoin de le lui dire.

Onze qui venait d’être libéré tenta aussitôt de s’enfuir, mais une lame tranchante vint s’abattre dans son mollet, le faisant lourdement s’effondrer au sol. Il n’eut pas le temps de pousser un cri de douleur que l’ange noir était sur lui, l’empêchant d’émettre le moindre son. Il retira alors avec violence son poignard de sa victime avant de trancher d’un geste sec sa trachée.

L’œil unique du militaire qui lui permettait encore de voir fixa son agresseur avec terreur alors qu’il ne lui restait plus que quelques secondes à vivre.

-Espèce d’enfoiré, lui adressa Duo pour ultime salut.

Et la vie s’en fut de son corps.

Millardo sentit soudain son cœur se serrer lorsqu’il vit les larmes du jeune pilote de Gundam envahir son visage déchiré par la colère. Seules ses perles de peine s’animèrent de mouvements alors qu’il restait au-dessus du corps inerte de sa victime, sans plus aucune volonté. Il capitulait. Dépassé par toute cette haine. Celle de leurs ennemis et la sienne.

Mais le compte s’efforça à ne pas renoncer.

-Ici Millardo, c’est inutile Trowa, seul le canon à plasma pourrait être en mesure de détruire la capsule.

 

-Heero… parvint alors à articuler la princesse à travers ses larmes, tentant avec effort de se reprendre. Plus qu’une dernière fois. Heero souviens-toi de ce que je t’ai dit… que la chose la plus importante pour moi était de préserver la vie. Je t’en prie… fait honneur à ton serment. Fais-le pour moi.

Plusieurs secondes se passèrent dans le silence, seulement perturbé par la respiration saccadée du pilote qui tremblait tout entier. Jusqu’à ce qu’elle le voit esquisser un mouvement. Ses mains qui étaient serrées avec force contre sa taille se libérèrent alors, reprenant en tremblant leur prises sur les commandes du Gundam.

-Relena je… souffla-t-il d’une voix méconnaissable.

-Je sais, fit-elle dans un pâle sourire. Moi aussi. Quoi qu’il advienne.

Heero resserra alors soudainement sa poigne sur ses commandes et releva la tête. Et derrière ses larmes brilla sa détermination.

Le visage de la princesse se détendit alors dans un sourire ultime. Elle le remerciait pour son courage.

Et elle coupa leur communication. Ce serait du masochisme que le laisser la voir mourir… à cette pensé son ventre se crispa. Elle avait beau dire, elle était terrifiée à cette idée. Sa plus grande peur. La mort. Celle qu’elle avait toujours combattue semblait tenir ici sa revanche. Cette étrange sensation d’être sur le point de mourir lui rappela soudain comment tout cela avait commencé… comment cette fois-ci elle était venue elle-même à la mort… et l’effort de tous ses proches pour la sauver.

Dire qu’elle l’avait toujours combattue était faux effectivement puisqu’une fois elle avait voulu renoncer à la vie… renier tout ce qui la constituait… et c’est alors que des suites de mots s’imposèrent à soudainement à elle.

Ne renonces pas

Si tu veux alors meurs, si tu dois alors vis

Reste auprès de moi

Quoi qu’il advienne…

Ces phrases… venaient de Heero… mais pas que de lui… de tous ses amis…. de ces pilotes qui lui avait tant donné.

La princesse se sentit soudain transcendée par une chaleur sans commune mesure, comme si un feu ardent venait d’être ravivé tout près d’elle. Il fallait qu’elle se batte, qu’elle ne renonce pas à sa vie. Même si ça paraissait complètement insensé dans sa situation, elle était soudain saisit d’une conviction puissante. Elle devait trouver un moyen de sortir de cette navette !

 

La jeune fille se releva alors, essuyant d’un revers de main les larmes qui troublaient sa vue.

Elle observa la pièce d’un regard circulaire. Elle ne trouverait rien ici… et soudain un éclair de lucidité la saisit. Elle se précipita vers la porte qu’elle avait refermée tout à l’heure avec autant d’empressement. Cette fois elle n’hésita pas une seconde et ne prit même pas le temps de laisser ses yeux s’habituer à l’obscurité. Se fiant à ses souvenirs, elle progressa de quelques pas avant de se pencher au-dessus du missile, se mettant sur la pointe des pieds et cherchant à tâtons lorsqu’elle atteignit enfin ce qu’elle recherchait. Tous les engins spatiaux possédaient des combinaisons adaptées au vide. Elles étaient prévues en cas de problèmes techniques en cours de vol, que ce soit pour assurer la survie de l’équipage de brèche ouverte ou pour réparer l’appareil de l’extérieur. Et ce qu’il lui avait semblé voir auparavant s’avérait exact. Les Epyons Terros ne les avaient pas enlevées. Relena s’empressa d’en défaire une de son attache et de l’enfiler, remerciant intérieurement Heero de lui avoir montré comment faire quelques année auparavant.

La princesse verrouilla son casque et activa le système de respiration artificielle. Elle se tourna alors face au sas par lequel les Epyons Terros l’avaient fait pénétrer dans cette capsule. Elle tenta de déverrouiller la porte lorsque l’inscription « lock » s’afficha sur l’écran digital au dessus d’elle. Elle fit aussitôt volte face vers la salle de commande. Et au moment où elle allait atteindre le tableau de contrôle elle vit soudain le Wing Zéro qui pointait face à elle son canon à plasma. Et la vision de sa mort la pétrifia lorsqu’elle vit les premières particules d’énergie s’animer à l’extrémité du canon qui se mettait en charge. Au même instant de lourdes plaques de métal s’abattirent sur les hublots, lui donnant la décharge d’adrénaline suffisante pour la faire réagir. Et elle se jeta sur la commande du sas de dépressurisation l’instant avant que le Gundam ne mette sa sentence à exécution.

La capsule vibra toute entière et Relena se crut perdue pendant les longues secondes qui s’écoulèrent alors qu’elle était violement projetée à travers la pièce. Elle retomba lourdement au sol lorsque le premier tir de Heero s’acheva.

La princesse mit quelques secondes à reprendre ses esprits alors que le goût du sang dans sa trachée la ramenait à la réalité. Elle cilla et reprit appuis sur ses avant-bras avec efforts pour constater que la salle était à présent devenue obscure, seulement animée périodiquement par la lumière rouge du signal d’alarme. Le tableau de commande était endommagé également. Elle ne devait plus perdre de temps. Heero en finirait certainement au plus vite et il lui était impossible de prendre contact avec lui, sans parler de la radio qui était certainement hors service, cela reviendrait à anéantir son dernier espoir. La jeune fille se releva alors et progressa avec courage, pénétrant dans la pièce qui renfermait la bombe avant de s’arrêter face à la porte qui lui avait résistée. Elle pria lorsqu’elle posa sa main sur le verrou qui s’abaissa sans peine.

Elle ne s’autorisa même pas un soupir de soulagement et pénétra aussitôt dans le sas. Elle vérifia que sa combinaison était indemne du choc qu’elle avait subi. De toute manière elle n’avait plus le temps de reculer. La princesse enfonça alors avec détermination le bouton qui initia la dépressurisation. Pendant un instant rien ne se produisit et elle eut peur que l’attaque d’Heero n’ait également endommagée cette partie de l’appareil. Mais la commande sembla se débloquer subitement et le vide d’air se fit rapidement jusqu’à ce que le voyant vert de la deuxième porte s’allume. Relena enfonça la commande et l’ultime rempart au vide disparu.

Elle fut un instant figée par l’immensité de l’obscurité qui se dévoilait sans plus aucune barrière. Dire qu’elle allait avait pris la décision de s’offrir à l’espace. Elle n’avait guère plus de chances de survie que dans cette capsule. Mais au moins elle mourrait peut être en contemplant la Terre. Elle était magnifique vue de l’espace, vibrante de sa si frêle beauté. Jamais elle n’aurait permis que ce bleu océan ne soit taché d’un voile noir. C’était une belle mort qui l’attendait. Il était inutile d’espérer que Heero détecte sa présence. Il était probable qu’il fuirait cet endroit le plus vite possible dès qu’il aurait terminé sa mission.

Je t’en prie, ne me rejoins pas tout de suite… souhaita-t-elle. Et sans même se rendre compte que ses yeux de la même teinte que cette planète versaient des larmes chargées de bien des souffrances, elle se jeta dans le vide.

La princesse subit la décélération avec moins de difficultés qu’elle l’aurait cru. Une fois qu’elle eut retrouvé ses repères de base, elle se contorsionna et se retourna, faisant ainsi face à la capsule.

Elle devait être à deux cents mètres de l’appareil lorsqu’elle vit l’éclair du canon du Wing fendre l’espace. Une fraction de secondes se passa avant qu’une gigantesque explosion n’illumine le noir de l’espace. Ce cœur rougeoyant d’énergie qui se propageait à présent. Un souffle puissant, vent de tourments augurant la chaleur fatale qui le suivait, souffla alors dans sa direction. La jeune fille rabattit instinctivement son avant-bras au-devant de son visage et alors qu’elle courbait l’échine elle aperçut un nuage de débris qui filait à toute vitesse vers elle. Elle mit un instant pour repérer que la porte du sas en tête du cortège menaçant.

Son regard se fit déterminé. Il fallait qu’elle l’intercepte ou sinon elle n’aurait aucune chance.

Elle se recentra sur sa cible à l’aide des moteurs directionnels de sa combinaison. Après ça elle n’eut plus le temps de réfléchir, l’objet arrivant à une vitesse effrayante droit sur elle. Elle eut juste l’instinct de mettre ses jambes en avant dans un souci de protection. 

Et la collision se produisit.

A peine venait-elle d’entrer en contact avec l’objet de métal qu’elle fut violemment plaquée contre elle. Le choc contre sa poitrine lui coupa la respiration et son casque se parsema de projections de sang alors que sa tête rebondissait sur la plaque. La jeune fille se sentit perdre conscience, lâchant prise. Mais elle se força de tout son être à ne pas renoncer. Et avec l’énergie de l’espoir, elle referma ses phalanges sur ses appuis. Les premiers débris se mirent à siffler autour d’elle alors qu’elle sentait la porte s’ébranler à chaque impact. L’assaut des fragments de capsules s’intensifia et la chaleur s’accrue considérablement en un instant.

La princesse ferma les yeux et se contracta de toutes ses forces, se concentrant sur la douleur qu’elle provoquait en elle pour oublier ce qui l’attendait.

La mâchoire du pilote se contracta plus fort encore. Il ne pouvait pas arriver trop tard. Pas maintenant. Elle ne méritait que trop de s’en sortir. Elle l’avait trop ébranlé pour qu’il ne soit plus intimement concerné par son existence. Elle n’avait pas fait preuve une fois encore d’autant de courage pour finir comme ça.

 

 -Alleeeez ! s’écria-t-il comme pour encourager son armure dont il augmentait encore la puissance de ses réacteurs.

Il n’eut pas le temps de se mettre au devant de celle qu’il voulait sauver. Il ne pu qu’immobiliser son armure à ses côtés et briser de son faisceau laser une tôle incandescente qui arrivait droit sur eux précédent de quelques centièmes les flammes de l’enfer. Il dressa au-devant d’eux  ses lance-flammes qui déversèrent l’énergie rougeoyante de l’Altron comme ultime rempart à la folie destructrice des Hommes, priant une dernière fois Nataku de lui apporter sa force pour qu’il ne répète pas la même erreur qu’avec elle.

Wufei maintint une énergie suffisante pour que les deux forces s’annulent. Mais son regard s’assombrit en constatant que les capteurs extérieurs de son armure ne cessaient d’afficher des valeurs thermiques croissantes à mesure que l’explosion se propageait, son cœur plus chaud se rapprochant encore d’eux. Le jeune homme prit alors la décision d’augmenter la puissance  des gueules de l’Altron. La température extérieure se stabilisa à 880°C.

-Allez… descend… aller… siffla-t-il avec appréhension.

Il fallait que l’explosion cesse de s’étendre ou s’en était fini pour de bon. Les combinaisons spatiales n’étaient pas faites pour résister longtemps à de telles températures [1]. Relena ne serait pas capable de résister longtemps. Il était d’autant plus inquiet qu’il ignorait tout de son état.

C’est alors qu’il vit la température augmenter subitement… pour redescendre aussitôt. Le cœur incandescent s’était retiré. L’énergie de l’explosion se dissipa en quelques secondes alors que la température rechutait à toute allure.

-Bon sang ! s’exclama-t-il, refermant son casque et se détachant avec fébrilité.

Il ouvrit son cockpit sans attendre que les derniers résidus de l’explosion soient dissipés. Le pilote s’élança dans le vide, seulement plus relié à son armure par un filin d’acier. Lui-même frissonna à la variation rapide de la température qui s’opérait, et ce, malgré la stabilisation thermique de sa combinaison. Et ce n’était rien en comparaison à ce que Relena devait ressentir. Il fallait qu’il fasse vite ou c’était le choc thermique assuré. Et son cœur ne résisterait pas [2] . Wufei arriva au-dessus de la jeune fille, se stabilisant, un pied de part et d’autre du corps étendu. Il se pencha aussitôt et la saisit par les épaules. Il fut surpris de la sentir opposer une résistance. Elle était consciente, en état de choc, mais consciente. Il s’abaissa davantage et délia ses doigts noués avec force sur son radeau de métal. Aussitôt qu’elle fut délivrée son corps se souleva et le pilote la retourna.

Son ventre se noua et ses pupilles se rétractèrent lorsque la réalité de la situation le saisit. C’est à travers la paroi transparente de son masque couvert de sang qu’il réalisa qu’elle était inconsciente. Son cœur s’accéléra et il dégagea aussitôt l’indicateur d’oxygénation. Les valeurs indiquaient qu’elle était encore en vie. Wufei la ramena contre lui avec précaution et le filin d’acier les conduisit jusqu’à l’armure mobile.

Le jeune homme l’installa sur son siège et la maintint d’une main alors qu’il refermait le sas et commandait la pressurisation. En quelques secondes le cockpit redevint viable. Le pilote retira son masque avec négligence et se retourna aussitôt vers la princesse. Il posa ses mains de chaque côté de sa nuque et avec une infinie précaution il déverrouilla le casque, libérant la tête de la jeune fille.

Son visage était parsemé de son liquide vital. Il l’observa avec anxiété, impossible d’en déterminer l’origine. La princesse fut soudain secouée par un spasme violent qui fit sursauter le petit brun. Mais il ne se laissa pas impressionner et ôta un de ses gants, posant immédiatement sa main nue contre la joue de Relena. Elle était brûlante. Et la princesse dont le corps semblait s’être détendu pendant un instant se contracta de nouveau, mais ce n’était plus une secousse isolée cette fois-ci. Wufei l’immobilisa du mieux qu’il put tout en la débarrassant de sa combinaison.

La princesse gémit et ses tremblements s’accentuèrent à mesure qu’il lui ôtait sa protection brûlante. Mais il n’avait pas le choix. Sa température interne était montée tellement vite qu’elle n’avait même pas sur elle la moindre trace de sudation. Il ne pouvait pas la laisser plus longtemps ainsi, il fallait qu’elle se refroidisse même si elle avait la sensation qu’elle allait mourir de froid à chaque fois qu’il découvrait une nouvelle parcelle de son corps.

-Tiens bon Relena…

Une fois qu’il l’eut découverte, il fit de même. Il souleva ensuite la jeune fille et s’assit avant de l’installer avec précautions sur ses genoux dans des gestes mal assurés. C’était la première fois qu’il faisait ça.

La princesse se recroquevilla instinctivement, tentant de récupérer le plus de chaleur possible, mais elle se figea tout à coup dans une plainte. Le mouvement la faisait souffrire. Le pilote posa les yeux sur elle, cherchant l’origine de son mal, c’était probablement lié à ce sang… mais son observation fut rapidement troublée par les multiples émotions qui se bousculaient en lui. Il fallait qu’il se rendre à l’évidence, il avait très peur pour elle. Relena se perdait peu à peu dans les méandres de l’obscurité. Le pilote se crispa, il était terrorisé. Tout était tellement semblable aux quelques minutes qui avaient précédé la disparition de Nataku. Il ne voulait pas… il ne voulait pas reproduire une nouvelle fois la même erreur… mais… il était bloqué, comme si son esprit verrouillait ses mouvements. Les sentiments dont il avait besoin aujourd’hui avaient été occultés avec tant d’ardeur ces trois dernières années qu’il s’en trouvait désemparé.

Une contraction plus intense traversa la jeune fille qui chercha aussitôt une protection en se réfugiant contre son cou.

Le pilote frissonna en sentant sa chevelure retomber en cascade sur son bras.

Il fallait qu’il réagisse. A son tour d’être fort et d’avoir le courage de laisser parler ce cœur refoulé. Il était temps pour lui de reconnaître véritablement ce que Heero et Relena lui avaient si bien montré.

Et c’est avec des gestes d’abord hésitants et maladroits qu’il la prit dans ses bras, la resserrant contre lui dans une attention délicate.

-Excuses-moi Relena, je ne sais vraiment pas m’y prendre dans ce domaine… souffla-t-il alors qu’il libérait une de ses mains pour effleurer son visage, sentant aussitôt une nouvelle chaleur l’envahir alors que son ventre se nouait.

Wufei eut un sourire crispé alors que ses phalanges se faisaient plus douces.

-Ne meurs pas… ça ferait souffrir beaucoup de gens… et moi aussi ça me ferait souffrir… j’aurais vraiment raté toute ma vie… d’abord ma femme… et puis toi …

Les tremblements de la princesse semblèrent s’apaiser au timbre doux du chinois.

-Ne renonces pas. Je sais que tu en es capable. Heero a raison, tu es la plus forte. Et lui aussi est fort. Parce qu’il a su reconnaître ses sentiments pour toi.

Le jeune homme descendit sa main et fut surpris lorsque Relena la lui saisit, la serrant avec désespoir. Le pilote frissonna de nouveau mais répondit à son appel, l’étreignant à présent avec émotions.

-Heero… souffla-t-elle inaudiblement.

-Heero est perdu. Il a besoin de toi plus que de quiconque en ce moment, je t’en prie réveilles-toi.

Wufei allait poursuivre lorsqu’il fit soudainement silence. Muet de respect il sentit la princesse se contracter de tout son être, comme si elle imposait à son corps de l’écouter à nouveau. Son expression se crispa, laissant transparaître la douleur de cette décision, mais elle ne renonça pas et continua à lutter… jusqu’à ciller… puis révéler à la lumière ses pupilles imprégnées du noir de l’espace.

Le jeune homme sentit soudain une chaleur rassurante grandir en lui, revivifiant tout son corps jusqu’à prendre vie sur ses lèvres dans un sourire comme il n’en avait jamais fait.

La vision encore imprécise, Relena eut pour premier accueil l’écho d’un cœur qui vibrait tout proche d’elle. La vie était encore là. Elle cilla, cherchant à faire la netteté. Elle rencontra alors un visage penché au-dessus d’elle. Quelqu’un lui souriait. Il était heureux.

Wufei sut qu’elle avait reprit ses esprits lorsqu’il vit dans son regard la surprise et l’incompréhension apparaître. Mais il n’eut pas le temps de se sentir coupable, car ses sentiments se dissipèrent aussitôt pour laisser place à une expression de profonde reconnaissance. Et de joie aussi. Mais ses traits se tirèrent soudainement alors que ses yeux se teintaient de crainte.

-Heero… articula-t-elle avec effort alors qu’elle interrogeait avec appréhension le jeune homme.

-C’est à moi de m’occuper de ça à présent. Reposes-toi Relena. Je vais tout faire pour le ramener à toi.

Un pâle sourire teinté de reconnaissance éclaira un instant son visage avant qu’elle ne repose de nouveau sa tête contre son torse. Elle s’en remettait à lui.

Le jeune chinois tenta aussitôt de rentrer en contact avec le Wing Zéro, mais comme il s’y était attendu, toute communication s’avéra impossible.

Il tenta alors Duo.

-J’appelle O2, tu me reçois.

Le pilote à la natte qui n’avait pas esquissé le moindre mouvement eut un léger sursaut en entendant cette voix.

-Wufei ? répondit-il trop surpris pour éprouver colère ou joie.

-Relena est avec moi, vivante. Il faut que tu retrouves Heero. Dépêches-toi, il a coupé tout contact.

Le pilote reçu cette nouvelle comme un électrochoc.

Millardo le regarda avec stupéfaction se lever d’un bon et se ruer sur le poste de contrôle de la salle de commande.

Il anima tous les écrans qui étaient devenu noir et pianotait à toute vitesse lorsque qu’un premier écran retransmis par le canal intercolonial. Les deux hommes restèrent un instant muet de stupéfaction face à ce que l’image leur révélait. Les Epyons Terros étaient repoussés… par les citoyens… d’autres écrans s’animèrent alors, révélant la même situation… et ils n’y allaient pas de main morte… ils avaient la rage au ventre.

Millardo et Duo se fixèrent un instant, ils ne comprenaient rien. Mais l’important c’était les faits. Ils verraient plus tard pour les explications.

-Pas de temps à perdre, je vais me servir du satellite delta pour retrouver Heero, c’est trop le bordel sur les canaux coloniaux. Wufei je te laisse annoncer la nouvelle aux autres et regarde les infos.

-Reçu.

-OK.

Et la communication fut interrompue.

 

Il fallut plusieurs minutes à Duo pour prendre le contrôle du satellite delta. Mais aussitôt qu’il eut entré son nouvel ordre de mission les capacités hors du commun de l’engin furent à la hauteur de sa réputation, retrouvant la trace du Gundam ailé en quelques secondes.

-Il va pas passer loin, remarqua alors Millardo. Mais où est-ce qu’il va comme ça ?

-… dans le néant. Il va là où il n’y a pas d’existence... Il faut l’intercepter ! On a pas une seconde à perdre !

-J’y vais, déclara aussitôt le prince. Je te laisse te charger de cette base.

Le pilote brun le fixa un instant.

-C’est à moi de ramener Heero… je dois bien ça à ma sœur.

Le comte vit bien son hésitation dans ses yeux violacés, c’était la vie de son ami le plus proche qu’il remettait ici entre ses mains… les mains de celui qui pendant longtemps avait été son plus grand rival.

-Entendu, lâcha-t-il.

Millardo sourit à la confiance qu’il lui accordait.

-Ne t’en fais pas, je compte bien le ramener.

Le pilote à la natte hocha la tête lui signifiant qu’il n’avait pas à se justifier.

-Je sais.

Une ébauche de sourire naquit sur le visage du prince avant qu’il ne fasse volte face et ne disparaisse.

Et alors que le jeune homme suivait du regard le départ de son coéquipier, ses yeux s’arrêtèrent sur le corps étendu.

Son expression se fit plus déterminée. Onze était mort et les Epyons Terros se faisaient repousser par les civils… ce satellite était la dernière grande menace. C’était à lui de terminer le travail.

 

*****************************

 

Millardo rejoignit son armure mobile en quelques minutes, la panique, des Epyons Terros au sein du satellite lui ayant permis de se déplacer sans trop de précautions.

Aussitôt qu’il fut dans l’espace, le Tallgeese fila à la rencontre du Gundam ailé, assisté par le satellite Delta.

 

Tout était vide. Envahi d’obscurité. Plus rien n’avait d’importance face à la grandeur de sa peine. Il venait de commettre la chose la plus inconcevable pour lui. La plus terrible de toutes ses hantises. Et à présent plus rien ne méritait qu’il se batte. Tout ce qu’il voulait c’était rejoindre le néant , rejoindre ce qu’il était devenu.

Un signal sonore retentit alors. Son esprit revint à la réalité, cessant pour un instant de se remémorer inlassablement la destruction de la capsule. Les yeux brouillés par les larmes qu’il ne cherchait même plus à retenir il releva la tête pour apercevoir une armure qui le poursuivait.

Le Tallgeese.

Millardo.

Le jeune pilote voulu modifier sa trajectoire pour l’esquiver mais son état émotionnel rendait ses mouvements hésitants et avant qu’il n’ait pu réagir, Millardo lui barrait le passage.

-Heero ! Heero écoutes-moi ! l’appela-t-il avec autorité à travers son intercom.

Mais sans réponse. Le canal était fermé.

Le prince hésita sur la stratégie à emprunter. Heero semblait incroyablement affaiblit. Il devait en tirer partit.

L’imposante armure blanche rehaussée de bleu dégaina alors son sabre laser.

-Très bien si c’est par là qu’il faut en passer pour te faire entendre raison ! Je te ramènerais Heero, dussé-je aller te chercher moi-même dans ton cockpit ! lança-t-il a travers son intercom inactif.

Le petit brun fronça les sourcils. Et la peine céda sa place à la colère. De la colère pour trouver l’énergie de se battre. L’énergie du désespoir.

Le comte eut un mouvement de recul lorsque le Wing Zéro s’arma et l’attaqua avec une telle vélocité qu’il en fut déstabilisé. La mâchoire de Millardo se contracta. Ça ne s’annonçait plus aussi bien. Comment se pouvait-il qu’il fasse preuve d’une telle aptitude au combat alors que quelques secondes auparavant il se serait cru  face à une jeune recrue ? Manifestement Heero n’était pas prêt à coopérer…

Et la valse guerrière entre les deux hommes s’anima de nouveau. Comme deux ans auparavant. Mais chacun avait le cœur lourd de considérations bien plus intimes aujourd’hui et le combat n’en était que plus dévoué.

Et malgré le temps passé depuis la fin de la Grande Guerre l’habilité des deux pilotes n’avait pas régressée. Et ils restaient encore l’un pour l’autre le plus avisé des adversaires.

 

Cela faisait plusieurs minutes que la lutte ne faiblissait pas entre les deux pilotes. Mais Heero perdait du terrain. Parce que sa volonté de se battre n’était pas réelle. Parce qu’il estimait que son adversaire avait toutes les raisons de vouloir sa mort. S’il avait accepté de le combattre, c’était par respect pour Relena. Parce que le voir mourir de la main de son frère l’aurait fait terriblement souffrire… Mais il avait beau se donner tous les sentiments possibles pour éprouver de la colère envers le prince Peacecraft, cela sonnait trop faux en lui. Il méritait la colère de cet homme. Et il en avait assez de se battre contre lui d’autant plus qu’il prenait le risque de le blesser. Même si le Système Zéro refusait de prendre part à ce combat, un accident n’était pas à exclure.

Il ne le savait que trop bien.

Et il refusait de continuer davantage ce jeu dangereux.

Et alors que le Tallgeese attaquait de nouveau le Gundam s’immobilisa subitement.

-Quoi ! sursauta-t-il en voyant l’attitude de son adversaire.

Le comte réagit avec efficacité mais il lui fut cependant impossible d’éviter l’impact. Et son sabre laser s’abattit sur l’épaule du Wing Zéro.

-Bon sang Heero qu’est ce qui t’a prit ! s’exclama-t-il avec anxiété.

Et cette fois-ci, une voix lui répondit.

-Pourquoi me laisses-tu en vie après ce que j’ai fait…

-Heero, Relena est vivante.

Le silence marqua cette annonce.

-Je n’essaye pas de te tromper. Et je n’ai pas le temps de te l’expliquer parce qu’elle t’attend. Je te demande de me faire confiance.

-… Très bien, déclara-t-il d’une voix atone.

-Viens.

 

*****************************

 

Wufei avait voyagé à allure réduite, prenant soin d’éviter les armures mobiles ennemies en déroute. Et c’est escorté par Quatre qu’il effectua les derniers kilomètres qui le séparaient de la Colonie. Les deux Gundams progressèrent lentement, prenant soin de ne pas heurter davantage la princesse qui était restée silencieuse, la tête appuyée contre le cou du pilote. Ses yeux obstinément ouverts et resserrant périodiquement sa prise sur le t-shirt du jeune homme. Elle n’avait pas repris la parole et le pilote n’avait pas cherché à la solliciter davantage. Il avait préféré la laisser se reprendre à son rythme. Et puis il ne savait pas vraiment quoi lui dire. Car même s’il avait longuement réfléchi avant de reprendre part au combat, il subsistait en lui en sentiment de profonde culpabilité.

Il espérait juste qu fond de lui que la princesse était suffisamment consciente pour réaliser qu’elle avait gagné son combat.

A leur entrée dans le ciel de L2 Le Sandrock et le Shenlong furent accueillit par des milliers de bras qui se levaient dans leur direction en signe d’acclamation. Tous les habitants semblaient avoir gagné le pavé tant l’affluence était impressionnante.

-C’est à peine croyable… souffla Quatre, marquant par de la même la surprise silencieuse de son coéquipier.

-Nous ne pourrons pas rejoindre le QG, il nous faut trouver un lieu cloisonné suffisamment vaste pour accueillir nos armures et celles des autres.

-Dans ce cas là je ne vois qu’un seul endroit possible.

Wufei avisa le lieu que lui indiquait le jeune leader. Un terrain d’entraînement de foot. C’était un espace découvert, seulement séparé de la foule par une rambarde et un grillade de quelques mètres de hauteur. C’était risqué. Mais d’un autre côté il ne voyait aucune autre alternative.

-Très bien, acquiesça le pilote.

Aussitôt que les armures se stabilisèrent dans le ciel, une foule à mesure croissante s’amassa rapidement autour du terrain, criant leur joie et leur soutient à ces armures légendaires comme si c’était des envoyés du ciel qui descendaient à la rencontre des mortels.

-Je pense qu’il vaudrait mieux rester à l’intérieur, remarqua Quatre.

-Cela ne sert à rien de prendre de risques inutiles. Tant que Heero n’est pas là il vaut mieux ne pas révéler la présence de Relena.

Le Heavyarms fit sont apparition peu de temps après, accueillit par une nouvelle acclamation.

-Noin gère la sécurité de la Colonie, Sally et Raschid s’occupent du satellite, les informa-t-il de son timbre habituel mais un peu plus bas.

Le combat avait été dur.

-Entendu, soupira le petit blond, se permettant un instant de détendre son corps contracté par l’effort qu’il avait dû fournir.

Le silence s’installa alors entre les trois coéquipiers. Une absence de parole qui marquait les limites des pilotes. Tout avait été trop vite. Et ils avaient vraiment crû leurs fins venues. La logique de ce conflit leur avait échappé. Ce retournement de situation tenait du miracle. Et pour quelques instants ils s’autorisèrent à prendre pour eux l’accueil gratifiant que leur offraient ces milliers d’Hommes qui les acclamaient en héros.

Un signal sonore brisa leur recueillement.

-Ils arrivent, déclara la voix calme du grand brun.

-Je vais descendre avec Relena.

-Il vaudrait mieux que tu ne dévoiles pas ton identité.

Les traits tendus de Wufei se détendirent sensiblement à l’intervention de Trowa. Il acceptait encore de lui adresser la parole après ce qu’il s’était passé et sa voix ne trahissait ni colère ni mépris.

-Je le pense aussi, Merci…

Le jeune pilote qui surveillait d’un oeil la jeune fille depuis leur arrivé la resserra alors un peu plus contre lui.

-Relena, Heero arrive, tu penses que tu peux te relever ?

-Si… si tu m’aides, articula-t-elle dans un murmure.

-Bien sûr, répondit-il faiblement.

Et alors qu’il la soutenait contre lui, le Tallgeese et le Wing Zéro prenaient forme dans le ciel.

Le cockpit du Shenlong s’ouvrit, révélant deux êtres. La foule oublia les deux armures qui touchaient terre et son cri se transforma en murmure lorsqu’elle reconnue dans les bras de celui qui devait être le pilote le corps de la princesse pacifiste.

Impossible de déterminer l’état de la jeune fille serrée contre le pilote masqué qui descendait le long de son filin d’acier.

Et la foule si joyeuse se figea dans un silence de deuil lorsque le pilote de l’ange sauta de son Gundam pour se précipiter à la rencontre de la princesse.

-Heero arrive à ta rencontre.

Wufei sentit soudain la jeune fille se tendre et il sursauta presque dans un même mouvement de surprise que la foule lorsqu’elle se libéra de son soutient. Elle se tourna péniblement face à l’armure aux ailes blanches  pour apercevoir l’homme qui courrait à sa rencontre. Son cœur se serra pendant un battement et ses yeux se brouillèrent de larmes. Et ignorant sa douleur et tout ce qui l’entourait, elle avança avec effort dans sa direction, tentant d’articuler son prénom.

Heero sentit la chaleur de ce sentiment si puissant qui l’unissait à elle se raviver en lui comme jamais, et négligemment il ôta son casque, le jettant au sol, avant de prendre contre lui la jeune femme qui comptait tant pour lui. Relena ouvrit ses bras dans une dernière volonté et se laissa retomber contre le pilote qui serra aussitôt avec tendresse celle qu’il avait crû perdue à jamais.

Et leur étreinte dévouée fut acclamée par le cri soudain de tout un peuple. Une expression intense de joie et de partage anima les citoyens dans un même élan que celui dont avaient fait preuve les deux êtres qui s’enlaçaient.

-C’est comme… c’est comme si les citoyens savaient ce qu’ils avaient endurés… fit Quatre.

-Ils le savent, intervint alors la voix de Lady Une. Je vous félicite pour votre victoire, s’inclina-t-elle.

-Je ne crois pas que ce soit véritablement notre victoire… lui sourit le prince du désert.

-Détrompez-vous. La lutte que vous avez menée a déterminé l’issue de ce combat. La votre comme celle de Relena ou de Wufei.

-Que voulez-vous dire ? interrogea la voix posée du pilote du Heavyarms.

-Que quelque-soit l’endroit ou vous ayez combattu, vous avez déterminé le choix des citoyens. Parce que vous avez été vu par toutes les Colonies. Et que Heero et Relena on également été entendu par tous les citoyens.

-Mais ! … Comment ! s’exclama le jeune leader en observant ses deux amis au sol.

-Il semblerait que ce soit une initiative du centre de la Résistance.

-Encore un coup de tordu. C’est du G tout craché.

-Duo !

-Moi-même ! J’allais quand même pas manquer un tel événement ! C’est l’euphorie par ici !

-Content de voir que tout s’est bien passé sur le satellite.

-Hum ? Ah oui t’en fait pas Trowa ils sont à point pour la cavalerie ! Alors comme ça se sont nos deux tourtereaux que l’on acclame ainsi. Et nous alors, on nous oublie ? se plaignit-il en faisant la moue.

L’attitude du pilote à la natte fit sourire ses coéquipiers, leur faisant oublier leurs considérations sur les raisons de leur victoire. Duo avait raison. C’était l’instant présent qui comptait, ils auraient tout le temps pour comprendre le passé.

-Ne t’en fais pas, ils nous sont également reconnaissant, regarde, c’est aussi vers nous que vont leurs acclamations.

-Mais c’est vrai ça ! Et vous ne leur faites pas honneur ? s’indigna-t-il, pour une fois qu’on nous fait bon accueil… Bien, vous me remercierez plus tard.

-Mais Duo c’est…

Mais Quatre fut coupé dans son intervention par une exclamation soudaine des citoyens alors que le cockpit du Deathscythe s’ouvrait sur la Colonie. Le pilote s’avança, révélant sa silhouette fine à la lumière artificielle de L2. La foule se fit de nouveau silencieuse face à celui qui se présentait à eux et Duo put voir dans leurs yeux la crainte respectueuse qu’il imposait. Le jeune homme sourit faiblement sous son casque. Après tout il était connu sous le patronyme du Dieu de la mort et son Gundam avait la réputation d’être rattaché aux flammes de l’enfer. N’avait-il pas été détruit sous leurs yeux plusieurs années auparavant pour renaître de ses cendres plus terrifiant encore. Le sourire du natté s’accentua. C’est vrai que G l’avait pas loupé et qu’à présent il avait vraiment une apparence terrifiante. Mais c’était bien connu, il ne fallait pas se fier aux apparences… tout comme l’habit ne faisait pas le moine. Et d’un seul coup le jeune combattant brandit son poing vers le ciel dans un cri de victoire, son geste aussitôt répercuté par les citoyens qui l’acclamèrent de plus belle. Duo frissonna de tout son corps lorsqu’il vit ses milliers d’Homme répondre à son appel. Il abaissa alors son poing pour ouvrir sa paume et parcourir d’un large  geste le peuple qui l’entourait avant de s’incliner. C’était à eux avant tout que cette victoire revenait. Et la foule en liesse répondit avec plus de ferveur encore, entonnant bientôt le nom des armures mobiles.

 

Les pilotes restèrent silencieux.

 

-Vous pouvez y aller, intervint alors la voix de Lady Une, le professeur G vient de me céder le contrôle du canal des Colonies. Personne ne pourra récupérer de données sur vos identités, je m’y engage.

-Ils vous a cédé le canal ? interrogea Millardo.

-C’est exact. Un message accompagnait le transfert. Il disait que…

Mais la dirigeante des services de renseignements n’eut pas besoin de citer le professeur qui inscrivit à cet instant ses mots sur les écrans des pilotes de Gundams.

 

« Votre combat fut  honorable, pilotes de Gundams.

Il est temps pour vous de cueillir les fruits de cette lutte qui aura durée plusieurs années.

Merci à vous.

Enfants de la souffrance vous avez su redonner l’espoir à l’humanité. »

 

Et sur chacun des écrans des Gundams apparut le nom de son créateur.

 

-Ce sont eux, pas de doutes, déclara Quatre.

-En effet.

Et alors que le visage des pilotes se teintaient de sérénité, Quatre sentit les émotions de ses compagnons se mêler aux siennes. Et sa gorge se serra. Il était tellement heureux.

-Vous avez raison, fit-il d’une voix calme alors qu’il se relevait, nous devons faire honneur à leur accueil.

Et le cockpit du Sandrock s’ouvrit. Puis celui du Tallgeese.

Millardo ôta son casque, répondant aux Hommes qui criaient son nom, déclenchant une nouvelle ovation.

-Tu ne te présente pas à eux ?

Le pilote à terre resté au pied de son armure eut un faible sourire.

-Je n’ai aucun mérite dans cette bataille. Je me suis impliquée dans la vie de Relena parce que j’avais une dette envers elle.

-Tu ne me tromperas pas Wufei, intervint la voix posée de Trowa, tu n’es pas intervenu seulement par acquis de conscience. Si tu es ici aujourd’hui c’est parce que Relena a réussi à te libérer de ton passé. Et qu’à présent tu as de l’estime pour elle. Une grande estime. Comme nous tous.

Le sourire du jeune chinois s’accentua.

-Peut être bien en effet.

Trowa devina son sourire dans sa voix et son visage s’illumina à son tour.

-S’il y a bien une personne à qui l’on doit une telle victoire c’est à toi. Et je suis persuadé que tous ces Hommes ne demandent qu’à te remercier pour ce que tu as fait. Vas-tu leur faire l’affront de ne pas te présenter à eux ?

-Je crois avoir fait suffisamment d’erreurs pour toute une vie, déclara-t-il alors en se redressant, sortant de l’ombre de son Gundam.

Et il fut aussitôt accueillit par une acclamation qui supplanta les autres. Le jeune homme tressaillit et fut impressionné pendant un instant par l’importance qu’on lui accordait.

Il releva alors la tête et aperçu Duo face à lui en haut de son Gundam. Il lui faisait signe. De grands signes. Il s’en serait presque sentit mal à l’aise s’il n’avait pas dépassé cet état d’esprit qui l’avait habité ces dernières années. Oui il était impressionné et il ne se sentait pas à la hauteur de l’acclamation qu’on lui faisait mais il acceptait cette faiblesse. Et il reconnaissait également l’aide que Duo lui apportait en amusant les foules avec ses grands gestes.

Et peu à peu le jeune homme s’avança davantage, jusqu’à relever doucement son bras. Ses premières esquisses de mouvement furent hésitantes mais il éleva finalement sa main pour saluer la foule qui lui rendit son geste.

Et sous son casque le pilote sourit. Il était heureux pour la première fois de sa vie. Vraiment heureux.

 

Heero desserra sensiblement ses bras autour de la princesse et alors qu’elle relevait sa tête apposée contre lui, ils réalisèrent en même temps la nature du lieu où ils s’étaient retrouvés. Ils avaient été tellement préoccupés l’un par l’autre qu’ils avaient complètement fait abstraction de ce qui les entourait.

Le visage du pilote se détendit à la vision de ces Hommes qui fêtaient leur victoire. Il parcourut la foule d’un regard circulaire avant de reposer ses yeux sur la jeune fille. Il effleura sa joue d’un revers de main gantée. Elle frémit et cessa de regarder la foule pour retrouver le visage du pilote. Et la joie se fit plus forte encore en lui lorsqu’il vit son expression. Elle était heureuse. Ses yeux brillaient d’émotions et ses traits marquaient la sérénité d’un combat terminé. Elle avait réussi l’impossible. Une fois encore. Elle s’était battue de tout son être et sa volonté lui avait donné raison. Et ce qu’elle vivait à cet instant était le plus beau des présents qui puisse lui être donné. Heero lui sourit tendrement mais elle vit soudainement ses traits se tendrent et son regard traversé par l’inquiétude. Le sourire de la princesse se teinta se plus de douceur encore et elle apposa sa main contre la partie de son visage exposé à la foule. Heero la fixa. Elle savait ce qui l’inquiétait. Sans le vouloir il s’était découvert face à des milliers d’Hommes. Et elle lui conseillait de reprendre son casque à terre. L’inquiétude se dissipa de l’expression du jeune pilote au profit d’un regard doux et serein. Relena le fixa sans comprendre alors qu’un tendre sourire reprenait forme sur ses lèvres. Le regard de la princesse se troubla, elle n’était pas sûre de bien comprendre et ne voulait pas extrapoler à tord. C’est alors qu’en réponse à son incompréhension elle sentit une main qui se posa contre la sienne. Ses pupilles s’agrandirent de surprise et son cœur palpita alors qu’il entourait sa main pour la lui retirer de son visage.

-Je ne veux plus me cacher Relena. Je veux partager ton existence à tes côtés. Pour toujours.

Les yeux de la princesse s’inondèrent de larmes qu’elle laissa s’écouler sans retenue. Parce qu’elles marquaient la plus belle des déclarations et qu’elles accompagnaient de leurs reflets l’éclat de son sourire d’une joie comme elle ne l’avait encore jamais ressentie. Le pilote lui adressa un regard encourageant avant d’effectuer un demi-cercle, l’entraînant à sa suite par sa main toujours dans la sienne, les amenant à se retrouver à se retrouver face à ces milliers de témoins. Relena serra plus fort encore sa main, ce lien qui les unissait à un destin à présent commun. Elle quitta un instant la foule de son regard et Heero fit de même. Leurs yeux s’échangèrent des paroles silencieuses avant que leurs sourires ne traduise leur entente. Leurs visages se tournèrent ensemble vers les citoyens et dans un même élan ils brandirent leurs mains liées, révélant la victoire de leurs sentiments aux yeux de tous.

Et la réponse des citoyens fut sans commune mesure, acclamant tour à tour le nom des Peacecrafts et celui des Gundams. Le couple se tourna alors pour honorer l’ovation de tous les Hommes ici présents avant de relever ensemble leurs mains libres pour remercier les autres pilotes de Gundams. Leurs amis sans qui leur histoire n’aurait été qu’un rêve inavoué.

C’est alors que Relena vit avec surprise Trowa retirer son casque et s’incliner pour saluer la foule. Puis Wufei s’avança et fit de même suivit par Duo puis Quatre.

Les pilotes descendirent et le sourire de Relena se fit plus grand encore alors que tous ces êtres si important à ses yeux les rejoignaient.

Seul Wufei resta un peu en arrière, ne pouvant s’empêcher d’éprouver un sentiment de culpabilité à fêter cette victoire au même titre que les autres.

Relena adressa un regard à Heero et il acquiesça.

-Vas-y.

La princesse lui sourit et libéra sa main. Elle se tourna alors vers celui qui l’avait sauvée et le jeune pilote sentit son cœur s’emballer en la voyant se diriger vers lui.

Relena s’immobilisa à quelques centimètres du pilote les yeux brillants. Wufei resta muet, les mots bloqués en lui. La jeune fille lui sourit. Un sourire d’ange.

-Merci.

Et elle ouvrit ses bras pour l’étreindre. Wufei fut paralysé tant l’émotion qu’il ressentit en lui à cet instant fut intense et nouvelle. Personne ne l’avait prit dans ses bras depuis tellement longtemps qu’il ne se souvenait même plus à quel point ce geste pouvait être fort et doux à la fois. Alors c’était donc ça toute la puissance des sentiments ? Il comprenait mieux à présent.

Relena sentit avec joie le jeune homme tendu à l’extrême se détendre peu à peu.

Wufei posa alors avec hésitations ses bras le long du corps de la princesse qui eut un léger sursaut. Mais elle le serra aussitôt un peu plus fort, l’encourageant à continuer. Et le pilote répondit à sa demande l’étreignant à son tour.

-Merci à toi, répondit-il en retour à la jeune fille.

Il se séparèrent au bout de quelques seconde et se regardèrent tous deux souriants, provoquant le même sentiment de joie chez les autres pilotes. C’était la première fois qu’ils voyaient leur ami ainsi.

Heero s’avança alors et Relena s’écarta. Wufei se tendit un instant en voyant le jeune homme se diriger vers lui. Mais il s’apaisa lorsqu’il vit son visage et c’est de surprise qu’il sursauta lorsque la poigne de Heero enserra sa clavicule.

Les deux hommes se fixèrent, le bleu qui n’avait de métallique plus que la couleur et le noir qui venait de s’animer de braises trop longtemps oubliées.

Heero le remercia silencieusement et il hocha la tête, lui signifiant qu’il était à son service, ce qui fit sourire le pilote du Wing.

Ils se détournèrent alors vers leurs amis. Leurs yeux se rencontrèrent, savourant ensemble l’accomplissement de leur plus grande bataille, celle de leur victoire personnelle. Leur paix avec eux-même. Enfin.

Et cette victoire, ils la devaient à l’humanité.

Et d’un accord silencieux ils se tournèrent ensemble vers la foule et levèrent leur poing à l’unisson dans un même cri de victoire.

 

Ces héros de la dernière bataille qui furent acclamés comme rarement dans l’histoire de l’humanité.

 

 

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[1] : Je rappelle que Trowa a détruit l’armure mobile de Duo, le Deathscyhte durant la Grande Guerre

 

[2] : Je ne suis pas spécialiste en matière de choc thermique mais je pense que c’est une situation similaire au choc hydroélectrique : le corps subit un changement de température important en peu de temps : Il y a contraction subite des vaisseaux sanguins et cela provoque un arrêt cardiaque.

 

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 Ouéééééééééééééé fini fini fini ^____________________________________^

Avec la magnifique musique de fin de Dogora raaaahhhhhhh j’aimerai vous la faire partager (demandez si ça vous intéresse ^^) tellement ont dirait qu’elle a été faite pour cette scène finale ^_______^

Finifinifinifini ^______________^

Kiwi a fini son chapitre, Kiwi a fini son histoire elle est troooooooooooop contente ^____^

Deux ans et demie après avoir pris la plume pour la première fois de sa vie Kiwi est contente d’avoir réussi son défi et d’avoir mené à terme cette véritable aventure de plus de 400 pages ^o^ 

Quand je pense à tout ce que cela m’a apporté…. Ça me rend toute chose…

Mais si avant tout je suis arrivée jusqu’ici c’est grâce à vous, oui vous qui êtes en ce moment même en train de me lire ^^

 Merci beaucoup pour votre fidélité et vos témoignages qui m’ont incité à poursuivre avec application tout au long de ces deux ans.

Il me semble que cette fic est la première grosse histoire traitant de Relena à être achevée, j’espère que vous poserez sur elle un regard différent à présente et qu’encore d’autre auteurs viendront rejoindre le cercle encore restreint des fanficeurs qui reconnaissent la princesse en tant que personnage à part entière, c’est en bonne progression il semblerait, alors continuez ^____^

 

Bon je crois que je vais arrêter ici mes blablatages… ça me fait tout bizarre de me dire que c’est fini, c’est vraiment une drôle de sensation ^^’’’’’

Je ne pense pas continuer à écrire, si mes projets d’avenir se réalisent, je n’aurais plus de temps pour l’écriture donc souhaitez fort pour moi que je ne réapparaisse pas de sitôt siouplez ^^

 

Et je ne peux pas finir sans une pensée pour toutes les personnes que j’ai rencontrée grâce à ce gros pavé particulièrement à :

 

Ma petite protégée que j’ai nommé Sissi : Toi qui a été ma première lectrice et qui prend doucement le chemin de l’écriture ^^ Merci pour le temps que tu m’as accordé, pour toutes tes idées et la tâche ingrate des corrections pour ne pas trop amocher notre belle langue française ^__^

 

Tenchi la terrible qui écrit des trucs pas possibles dans ces grands jours ^__^ Allez Tenchi j’chuis sûre que tu vas encore nous faire verser de chaudes larmes dans tes prochaines lignes ^^’’’ Bravo pour ta qualité d’écriture et tes commentaires sur mes chapitres ^____^. Et en dehors de ça, merci aussi pour ta présence et tes conseils avisés en matière d’existentiel ^__^

 

Katel la timide même si on dirait pas ^^ Je me souviens de la première fois ou je t’ai parlé  ^^ Katel qui doit avoir à son actif la plus grosse collection d’images de Gundam Wing et doit être également la fanficeuse francophone qui a le plus de fics H/R à son actif… vous les voyez pas toutes encore mais je vous assure que c’est impressionnant ^^’’’ Merci pour ta bonne humeur, les gros délires, tes commentaires sur mes chapitres (dommage que j’ai pas le temps sinon je vous aurais fait un bêtisier des meilleurs commentaire de toutes mes bêta lectrices ^__^) et tes corrections de grammaire française, elle est imbattable dans ce domaine là aussi je crois ^o^

 

Bun le Lapin écrivain qui semble s’en sortir plutôt bien dans ce domaine là ^___^ Merci de m’avoir harcelée sans relâche pour avoir des avants-premières ^^’’ Et t’as eu bien raison puisque ça a marché lol. Merci pour ta fidélité sans faille à ma fic ce qui du coup motive bien ^___^  Et pis merci pour nos incontournables discussions sur notre passion commune qu’est l’amour du cheval ^____^

 

Et pour finir j’ai nommé Escargot : « Moi ici ? » tu te dis certainement. Bin oui toi ici  ^^ Parce que je t’aurais pas connu sans avoir commencé par l’écriture ^____^. Et là la liste des remerciements serait trop longues à détailler ^_^

 

Merci à TOUS chers lecteurs ^____________^

 

KiwiDieu.

 

PS : un épilogue viendra peut être, mais je considère tout de même que l’histoire s’achève ici.

 

Chapitre terminé le 08/03/2005

 



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