Titre : Ennemi intime
Auteur : Liam63
Disclaimer : L'univers de Gundam Wing n'est malheureusement pas à moi.
Genre : Yaoi, Romance, Fantastique... OOC ? Tout dépend de ce que l'on considère comme OOC.

 

Chapitre II

Paris - 3 heures du matin

Assit seul dans la chambre de Shaozu (1) Wufei contemplait les étoiles artificielles qui avaient accompagné son fils vers le pays des rêves. Il avait posé le biberon vide au pied du fauteuil blanc et admirait à travers les petites lumières mouvantes les anges qui ornaient le papier peint. De minuscules angelots potelés au regard améthyste et au visage mutin. C'était la seule chose, avec la veilleuse musicale, que le jeune homme avait choisi. Liu aurait préféré une tapisserie jaune avec des oursons mais Wufei n'en avait tenu aucun compte, et comme c'était la seule décision qu'il ait vraiment prise au sujet du bébé, sa femme n'avait pas insisté. Il sentit une larme glisser le long de sa joue et ne fit absolument rien pour le retenir. Cette nuit il venait de prendre conscience que cette nouvelle vie, aussi précieuse soit-elle, ne parviendrait pas à panser la fêlure de son âme. Elle n'atténuait en rien le vide douloureux qu'avait laissé dans son coeur sa séparation d'avec Duo. Pour la première fois depuis deux ans il se demanda s'il n'avait pas commis une erreur. Malheureusement il n'était plus temps de s'interroger sur le bien fondé de ses décisions. Il avait une épouse et un fils, il était responsable de leur bonheur. Et puis... sans doute Duo avait-il refait sa vie... Il avait largement eu le temps de rencontrer quelqu'un, un homme véritablement digne de son amour, pas comme lui, empêtrait dans son devoir, ses craintes et son éducation. Du début à la fin de leur relation Wufei n'avait cessé de lui faire du mal. Tout d'abord en lui refusant les gestes affectueux dont Duo avait désespérément besoin puis en le traitant comme un objet sexuel. En basant leur aventure sur un plan uniquement charnel il n'avait cherché qu'à se protéger, sans aucune considération pour la souffrance de son amant. Il avait fait payer à Duo cette attraction animale qui l'avait détourné de ses certitudes. Un homme se doit d'épouser une onna afin qu'un héritier puisse voir le jour. Et surtout un garçon ne désir pas un autre garçon. Devant ce berceau blanc Wufei se sentait aussi perdu qu'à la mort de Meiran. Le voile de ses illusions venait de se déchirer le laissant vraiment seul et il ne savait pas comment gérer la douleur qui en découlait. Il était bien placé pour savoir combien l'esprit est une chose complexe, qu'il faut se méfier de son inconscient... et pourtant devant tant de souvenirs il se trouvait aussi démunie que n'importe qui... Il se rappelait de détails infimes comme la légère ombre sous les cils de Quatre lorsqu'il fermait les yeux pour évaluer leur bien-être, ou encore la façon dont Trowa s'était occupé de ce busard blessé lors d'un séjour en corse pour une mission. L'éphémère lueur de fatigue sur le visage d'Heero vers la fin de la guerre et la douceur des mains de Duo lorsqu'il soignait une blessure. Calme et attentif, veillant à ne pas faire souffrir d'avantage. Mais de toutes ses réminiscences la plus lourde à porter était celle du bonheur qu'il ressentait alors en compagnie du jeune homme à la natte. La volupté de leurs étreintes et la sérénité qu'il ressentait après, durant quelques instants... Jusqu'à ce que Duo se montre câlin et que lui s'estime obligé de le repousser, jusqu'à cette lueur blessée qui troublait un moment l'eau claire de ses prunelles... Comment avait-il pu s'aveugler à ce point et se convaincre que ce n'était qu'une question d'hormones et de circonstances ? Sa vie actuelle ne lui suffisait plus, quelque part en chemin il avait perdu l'équilibre qu'il pensait avoir durement acquis. Tous les signes étaient là et il les avait ignoré : Un travail harassant qui ne permettait plus de loisirs, une femme qu'il appréciait mais qui sexuellement l'excitait autant qu'une rage de dents, des "amis" bien sous tout rapport qui le gonflaient prodigieusement et pour finir cet enfant devant lequel il se sentait coupable. Ce dont il avait besoin c'était de ses vrai amis , de ses frères d'arme. Demain... Demain il téléphonerait à Yui. Celui-ci habitait également à Paris, ce serait facile de lui donner rendez-vous dans un restaurant quelconque. Avec sa capacité d'analyse et son objectivité Heero serait de bon conseil.

L2 - 14 heures

Je profite de mon dimanche pour tenir mes engagements et aller voir ce terrible sorcier qui semble tant impressionner Amaya. Il habite dans le même quartier que Luis. C'est un secteur plutôt prolétaire, ni beau ni moche, ni riche ni miséreux. Sa particularité est d'abriter presque uniquement des portoricains. Et oui c'est ça le progrès, on emménage dans l'espace mais on continue a ranger les serviettes d'un côté et les torchons de l'autre. C'est pareil sur la plupart des colonies mais c'est particulièrement visible sur L2. Vous trouverez donc un quartier chinois, un quartier afro et ainsi de suite. C'est un sous classement de riche, aisé, prolétaire, miséreux et crève la faim. C'est tout une organisation ! D'un autre côté cela permet à chaque ethnie de conserver son patrimoine culturel. Lorsque vous passez d'un arrondissement à un autre le changement peut être stupéfiant. Moi j'aime particulièrement traîner dans le quartier chinois. S'il est vrai que chacun préfère vivre avec ceux qui lui ressemblent, dans aucun de ces quartiers vous ne serez rejeté parce que vous n'appartenez pas à la bonne race et ça franchement ça me remonte le moral. Ho je ne dis pas que le racisme est mort loin s'en faut mais il ne concerne qu'une petite minorité, et à dire vrai il est surtout dirigé vers les new types. Je stoppe devant une agréable maison en briques rouges. Un peu surpris je vérifie l'adresse, non il n'y a pas de doute, c'est bien ici. C'est un endroit plutôt mignon. Il n'y manque que ces affreux nains de jardin ! Vous allez dire que je suis victime des clichés mais je m'attendais à un endroit sombre et mystérieux, le genre de truc avec des têtes de mort, des mauvaises herbes et des trucs douteux suspendus partout. Là je me retrouve devant une petite villa sympathique. Le gazon est nickel et il y a même des géraniums aux fenêtres. C'est le genre d'endroit où vous vous attendez à trouver une vieille dame qui fait des confitures, pas un mage noir. Remarquez je n'ai pas encore vu l'intérieure.

Ben autant pour moi ! Planté bêtement au milieu du salon j'observe les lieux avec surprise tandis que mon hôte m'examine avec un soupçon d'ironie au fond de ses yeux bruns. A l'instant même où il m'a ouvert je l'ai trouvé antipathique. C'est son regard je crois. Le reste de sa personne est plutôt banal. Taille moyenne, cheveux châtain mi long. Il n'a vraiment rien d'exceptionnel pas même dans ses vêtements. Mais en quelques minutes vous avez l'impression qu'il connaît tout de vous. Aucun recoin de votre âme ne semble lui échapper. Les lieux sont d'un commun à pleurer. Enfin ce que je veux dire c'est que ce n'est pas ce que l'on attend d'un jeune homme avec sa réputation. Il voit mon incrédulité. Il me sent un peu déstabilisé. Je perds d'entrée de jeux l'avantage.
- Les choses ne sont pas toujours ce qu'elles semblent être monsieur Maxwell.
Je m'en veux immédiatement pour le petit sursaut que je ne suis pas parvenue à dissimuler mais je lui tiens d'avantage rigueur de ce petit sourire complaisant qu'il affiche. Il commence déjà à m'énerver. C'est un peu comme avec Wufei, il vous regarde avec un air condescendant comme si les choses les plus évidentes vous échappaient.
- Vous voulez dire que vous ne dépouillez pas ces pauvres gens grâce à votre pseudo pouvoir ?
- Mon don est tout à fait réel et ils le savent. Et tout travail mérite salaire même le mien.
- Ben voyons ! De toute manière je m'en fou, je laisse ça aux flics, moi ce qui m'intéresse c'est Luis Ortega.
- Luis... Luis est un imprudent et un imbécile. J'ai bien peur qu'il n'ait récolté ce qu'il a semé.
- Alors vous admettez que vous savez ce qui lui est arrivé.
- Non. Je sais seulement que quelque chose a du lui arriver.
- Comme quoi ?
- Je ne saurais le dire. Il y a des terrains sur lesquels il ne faut pas s'aventurer monsieur Maxwell. Même pour moi. Je n'ai pas été en mesure de l'aider.
- Il est venue vous demander de l'aide, vous lui avez demander de l'argent et comme il n'en avait pas vous l'avez renvoyé...
- Vous êtes trop impulsif, cela vous joue des tours et pourrait bien vous en jouer d'encore plus désagréables.
- Je rêve ou vous êtes en train de me menacer ?
- De vous mettre en garde. Il était trop tard pour Luis. Bien trop tard.
- C'est un ami et sa famille a besoin de lui. Je ferais tout ce qui est possible pour le retrouver.
Au grand étonnement de Duo le jeune homme lui fit signe de s'asseoir.
- Vous désirez boire quelque chose ?
L'ex pilote avait terriblement soif mais il se demandait s'il était bien prudent d'accepter quoique ce soit de la part de cet énergumène.
- Je vous promets de ne pas vous empoisonner. Ni de vous droguer.
- En ce cas...
- J'ai du jus de Goyave.
- J'adore le jus de Goyave, surtout bien froid !
- Je sais.
- Comment ?
Roger haussa les épaules.
- Les pourquoi ne sont souvent d'aucune utilité.
Le jeune sorcier s'absenta et Duo en profita pour poursuivre son examen des lieux. Seuls quelques bougies et signes religieux sortaient un peu de l'ordinaire. Il y en avait plus que ce que l'on trouverait dans une maison normale. Cependant rien ne semblait indiquer que Roger se livra à la magie noire. Duo aurait bien aimé pouvoir jeter un coup d'oeil aux autres pièces mais le maître des lieux revenait déjà. Il offrait un sourire encore plus

moqueur qu'auparavant. Il se pencha doucement vers duo pour lui murmurer :
- Ce que vous cherchez se trouve à l'étage...
"Il m'énerve mais il m'énerve..."
Duo s'assit tout en essayant de conserver une apparence sereine. Après tout il était tout de même le roi des acteurs. Il avait réussi à survivre à la guerre et à Wufei il n'allait pas se laisser intimider par ce petit péteux.
- Vous semblez très croyant pour quelqu'un qui pratique la magie noire.
- Évidemment que je suis croyant, quel raisonnement ridicule ! Le fait de pratiquer la magie noire ne fait pas de moi uniquement un sorcier et encore moins dévoué au mal. Il faut savoir regarder au delà des choses et des événements. Luis a cru qu'il pourrait invoquer et contrôler certains esprits. Il voulait les utiliser pour gagner de
l'argent et changer de vie. Seulement ce qu'il a oublié c'est qu'une fois certaines portes ouvertes il est difficile de les refermer, surtout pour un néophyte. De plus, n'importe quoi peu emprunter ce passage pour se faufiler dans notre monde.
- Et c'est ce qui est arrivé ?
- En effet. Une entité plus puissante que les autres. Très puissante. Je n'ai pas eu le temps de l'identifier mais j'ai immédiatement compris qu'il valait mieux ne pas se trouver sur sa route. Je ne crois pas que votre ami puisse revenir vers sa famille.
- Qu'avez vous donné à Luis le soir d'Halloween ?
- Juste un parchemin et divers autres colifichets. Je lui ai dit que ce ne serez pas suffisant pour le protéger. Sa seule chance était de retrouver Lambda.
- Qui ?
- Un sorcier... ou autre chose... personne ne sait vraiment... Mais il est le seul qui puisse combattre cette présence malfaisante. L'ennui c'est qu'on ne sait où le trouver. C'est lui qui vous trouve s'il le souhaite?
Duo le croyait, il ne savait pas pourquoi mais il sentait que Roger ne mentait pas. Il posa son verre sur la table basse puis se releva. Il tendit sa main à son hôte et Roger la prit doucement dans la sienne.
- Je vous remercie de m'avoir consacré un peu de votre temps.
- Ce n'est rien. Vous ne tiendrez aucun compte de ce que je vous ai dit n'est-ce pas ? Le jeune homme songeur pencha la tête sur le côté, il semblait voir bien au delà de Duo.
- Vos amis vous manquent... Ne vous inquiétez pas vous les retrouverez bientôt. Vous construirez à nouveau ensemble. Certaines personnes ont juste besoin de temps.
- C'est le grand moment de la scène de voyance ?
L'ex pilote ne pu évidemment empêcher une certaine ironie d'affleurer dans le ton employé.
- Prenez garde aux illusions monsieur Maxwell. Au revoir et bonne chance.
Duo se retrouva dans la rue à une vitesse hallucinante. Il venait proprement d'être mis à la porte. Il jeta un coup d'oeil à sa montre pour se rendre compte que deux heures étaient déjà passées. Il décida de rentrer chez lui pour passer le reste de la journée sur internet afin de contacter les diverses personnes avec qui il entretenait des relations virtuelles basées sur leur intérêt commun quant au paranormal. Il ne trouva rien de bien utile mais
le message était passé et il n'y avait plus qu'à attendre. Avec un peu de chance...

Paris -17 heures - Hôpital saint-adèle - Un mois plus tard

- Docteur Chang à l'appareil.
- Excusez moi de vous déranger Docteur, c'est François. Il y a un nouvel élément avec le patient de la chambre 43. Je crois que vous devriez venir voir ça.
Sans demander plus d'explication Wufei rejoignit d'un pas vif l'infirmier qui ne semblait pas encore remis de sa surprise. Statique il regardait l'intérieure de la pièce du pas de la porte.
- Alors qu'est-ce qu'il y a ?
Pour seul réponse l'homme se poussa laissant une vue très claire sur la chambre. Wufei s'avança un peu et sentit ses yeux s'élargir comme des soucoupes sans qu'il puisse s'en empêcher. Il devait ressembler à une chouette aveuglée par des phares.
- Putain de merde !
- C'est pas très professionnel ça comme remarque Docteur ?
Personne en dehors de François n'aurait essayé de plaisanter avec Wufei, mais son âge et le fait qu'il prenne bientôt sa retraite lui donnaient quelques avantages non négligeables comme celui-ci. Sans en tenir compte Wufei pénétra dans la pièce pour avoir une vue plus nette. Il colla son nez au mur et là sa mâchoire tomba lourdement agrémentant ses traits habituellement nobles d'un air bovin.

A suivre...



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1) Ce prénom signifie "faites honneur à vos ancêtres" du Wufei tout craché lol