Titre : Ennemi intime
Auteur : Liam63
Disclaimer : L'univers de Gundam Wing n'est malheureusement pas à moi.
Genre : Yaoi, Romance, Fantastique... OOC ? Tout dépend de ce que l'on considère comme OOC.

 

Chapitre III

Duo détestait le lundi matin. En fait depuis un peu plus d'un an il détestait tous les jours ouvrables de la semaine. Assis derrière son bureau il contemplait l'affreuse pile de dossiers qui l'empêchait de voir au delà de son aire de travail. Le fameux mythe de Sisyphe(1) venait de prendre toute sa signification. Aujourd'hui il pouvait vraiment dire qu'il comprenait ce qu'avait ressentie ce pauvre roi. Les Dieux étaient vraiment cruels. C'est avec un profond soupir de désespoir qu'il décrocha le téléphone lorsque ce dernier agressa ses tympans sans aucune compassion pour sa migraine. Malheureusement comme c'était une journée particulièrement faste pour notre fonctionnaire son geste brusque renversa son gobelet en plastic. Le café qu'il avait à peine entamer se renversa moitié sur son dossier en cours moitié sur son pantalon. Mais comme tout ne peut pas être négatif, le breuvage, du fait d'un percolateur défaillant, était presque froid.
- Ici Duo Maxwell que puis-je pour vous en cette radieuse matinée ?
- Veuillez ne pas quitter s'il vous plaît, le Docteur Chang souhaiterait s'entretenir avec vous.
Dieu merci elle le mis sur attente, ho juste quelques minutes, mais juste ce qu'il lui fallait pour se remettre du choc et empêcher son coeur de partir en vacances sans le reste de son corps. Durant un bref instant il fut tenté de raccrocher. Ce n'était pas très glorieux certes mais il y a des situations où l'orgueil ne vous est d'aucun secours. Seulement il voulait entendre sa voix, il avait besoin d'entendre sa voix. Et ça c'était plus fort que tout. Mais avait-il bien évalué la situation ? C'était peut-être un autre docteur Chang. Après tout pourquoi Wufei l'appellerait-il après presque deux ans de silence ? Peut-être pour s'assurer qu'il n'était pas mort en recevant ce maudit faire-part... Non. Wufei n'en avait rien à faire de sa souffrance. Elle n'avait pas compté lorsqu'il lui avait annoncé leur séparation. Ni les larmes ni les suppliques n'avaient ébranlé cette citadelle d'honneur qu'est l'âme de ce foutu chinois.
- Maxwell ?
Pas de doute c'était bien lui. C'est à peine si Duo pu s'empêcher de grincer des dents.
- Après l'intimité qui fut la notre je crois que tu peux aujourd'hui encore m'appeler par mon prénom !
- Je pensais qu'il serait plus sage d'établir une distance.
- Une distance ? Tu trouve qu'un univers ne suffit pas ? En ce cas dis moi rapidement pourquoi tu appelles et laisses moi retourner à mes occupations. Je n'ai pas que ça à faire figure toi !
- Duo...
- Épargne moi le ton lénitif et compréhensif du psychiatre. Qu'est-ce que tu veux ? Je suppose que c'est important.
- En effet. Nous avons dans notre service un homme que nous ne sommes pas parvenu à identifier. Pas même avec ses empreintes. Lorsqu'on nous l'a amenait il n'avait absolument rien sur lui. Il était nu de la tête aux pieds.
- Qu'est-ce que je viens faire là dedans je ne fréquente pas tous les fous de l'univers !
- Il semble que celui-ci te connaisse. Il ne parle pas, il est catatonique. Jusqu'à présent nous n'avons pas réussit à établir de connexion avec lui. Nous devons le laver, le nourrir...
- Il est légumisé quoi !
- Passons. Ce qui est important c'est que ce matin lorsque l'infirmier est entrée dans sa chambre il a constaté que les murs était couvert d'écritures. Je te garantie qu'ils étaient tout à fait blancs la veille. Ce type a écrit des centaines de fois "Duo Maxwell". En une nuit il a couvert chaque centimètre carré de sa chambre avec ton nom.
- Et après ?
- C'est le seul signe de vie qu'il ait eu depuis trois semaines. Et ce n'est pas comme si tu t'appelais François Martin ! Je suppose qu'en cherchant sur tous les annuaires nous trouverions plusieurs Maxwell mais un seul Duo Maxwell. Et un catatonique écrit rarement sur les murs !
- Il a très bien pu voir mon nom écrit quelque part ou l'entendre...
- Peut-être oui. Mais je te serais reconnaissant si tu acceptais de venir ici pour tenter de l'identifier.
- Pourquoi est-ce que tu ne me faxes pas tout simplement son portrait ?
- Et bien parce que j'espère qu'en te voyant il aura une réaction.
- Ton client...
- Mon patient.
- Ouai si tu veux, il aurait pas l'air d'un portoricain par hasard.
Duo ne croyait pas véritablement à une telle coïncidence mais il se devait tout de même de vérifier.
- Ce n'est pas flagrant mais c'est possible.
- Faxes moi sa photo.
- Attends.
Duo entendit Wufei donner des ordres secs à sa secrétaire.
- T'es toujours là ?
- Hum hum. Ton personnel ne doit pas rigoler tous les jours.
- Il n'est pas là pour ça.
- Tu te bonifie avec le temps. Ça y est ça arrive.
Le jeune homme se pencha et retira la feuille de l'appareil. Il resta un moment déconcerté devant un visage vide de toute expression. La photo aurait presque pu être celle d'un mort. Il le reconnaissait mais en même temps c'était un étranger.
- Duo ?
- Il s'appelle Luis Ortega. C'est un ami. Je n'arrive pas à y croire ! Là je dois prévenir sa famille. Je serais sur Terre jeudi, je ne peux pas avant, je dois prendre des dispositions. Il me restes des jours de congé mais je dois informer ma hiérarchie.
- Jeudi c'est parfait. Si un membre de sa famille pouvait se déplacer pour les formalités.
- Oui bien sûr... Au revoir Fei.
- A bientôt Duo... Duo !
- Oui ?
- Cela m'a fait plaisir de t'entendre. Tu m'as manqué.
- Plus de distances Chang ?
- Je suis un imbécile tu devrais en avoir l'habitude depuis le temps !
- Je suppose... A jeudi Fei.

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Duo détacha sa ceinture dés que l'appareil regagna le plancher des vaches. Il lui tardait de se dégourdir les jambes. En réalité il était complètement stressé. Son esprit ne cessait d'aller et venir entre l'image de Wufei et celle de Luis. Et il n'était vraiment pas certain de savoir ce qui le perturbait le plus ! A ces côtés Amaya semblait tout aussi nerveuse. Dès que leurs semelles touchèrent le sol ils allèrent récupérer leurs bagages. Le spacioport était comme toujours surpeuplé ce qui ne leur facilita pas la tâche. Mais au bout de quelques minutes, valises en main, ils se retrouvaient sur le parking. Duo fit signe à une voiture bleu marine d'approcher.
- Je crois que le mieux est de prendre un taxi.
Amaya acquiesça comme elle le faisait depuis lundi. Désemparée, elle avait laissé Duo s'occuper de toutes les formalités.
- Je vous dépose où ?
- A l'hôpital saint Adèle. Et je vous serais reconnaissant de ne pas nous prendre pour des touristes en nous balladant en ville pour gonfler la facture.
Le chauffeur absolument pas vexé sourit au jeune couple.
- Je ne doute pas que vous soyez pressés d'arriver à cet endroit !
- C'est loin ?
- Nous y serons dans dix minutes.
L'homme n'avait pas mentit et Duo constata avec satisfaction qu'il avait bien prit le trajet le plus court. Il paya puis aida Amaya à sortir du véhicule. Ensuite il prit leurs deux valises puis se dirigea vers l'accueil où un homme grand comme une armoire à glace et aimable comme un bouledogue leur donna envie de fuir à toutes jambes.
- Bonjour. Je suis Duo Maxwell et voici Mlle Ortega. Nous avons rendez-vous avec le docteur Chang.
- Hn.
De toute évidence il avait suivie les mêmes cours d'élocution qu'Heero. MrSympathique consentit néanmoins à décrocher son téléphone pour baragouiner dans le combiné. Ensuite il appuya sur un bouton et un bruit électrique indiqua que la porte grillagée s'ouvrait.
- Vous pouvez y aller.
De toute manière quelque chose disait à Duo qu'il était probablement plus facile d'entrer que de sortir. Ils passèrent plusieurs autres portes du même acabit. C'était vraiment rassurant comme endroit !
- Seigneur on dirait une prison !
Duo silencieux hocha la tête. Amaya de toute évidence appréciait la décoration autant que lui.

Dans son bureau, Wufei, fébrile, triturait son stylo plume. Il craignait que ces retrouvailles ne se passent pas très bien. Duo avait la réputation d'avoir un caractère enjoué mais il ne fallait pas s'y fier, il pouvait se montrer imprévisible et avoir la langue mouillé d'acide. Duo pouvait se montrer instable, très instable. L'existence de Shinigami le prouvait largement. En bon médecin Wufei se demanda si depuis la fin de la guerre la seconde personnalité de Duo continuait à se manifester. Il n'eut pas le temps de pousser bien loin sa réflexion puisque sa secrétaire venait d'ouvrir la porte sur le sujet de ses pensées voir même depuis un mois de ses fantasmes.
Un silence presque mystique s'installa dans la pièce. Chacun des deux hommes semblait fasciné par l'apparition de l'autre. Ils se buvaient littéralement du regard. Néanmoins un certain malaise vint rapidement remplacer cette première réaction. Amaya gênée toussota. Duo se souvint subitement qu'un bon gentleman doit s'effacer pour laisser passer une dame. Sur une invitation de Wufei ils pénétrèrent dans l'antre du psychiatre.
Après une brève accolade Duo se tourna vers la jeune femme.
- Je te présente Amaya Ortega, la soeur de Luis.
- Enchanté Mlle. Je suis le docteur Chang. Comme Duo a du vous l'expliquer je m'occupe de votre frère depuis un mois environ.
- Comment va t-il ?
- Pour être tout a fait sincère pas très bien. Mais asseyez vous je vous en prie. Vous désirez boire quelque chose ? Un café ? Un jus de fruit ?
- Juste un verre d'eau s'il vous plaît.
- Duo ?
- Moi je voudrais bien un café. Noir. Deux sucres.
Wufei enclencha l'interphone pour donner ses instructions puis reporta son attention sur ses vis à vis.
- C'est la nostalgie des prisons de Oz qui t'incite à travailler ici ?
- Certains des patients que nous traitons sont très dangereux nous ne pouvons pas nous permettre une évasion.
- Ha. Et... Comment va ton fils ?
- Bien. Je te remercie. J'aimerais beaucoup te le présenter. Vous devriez venir dîner à la maison ce soir...
Durant quelques secondes Duo se demanda s'il serait vraiment capable de s'asseoir à la table familiale sans avoir une furieuse envie d'étriper la maîtresse de maison.
- Pourquoi pas ? Mais nous ne voudrions pas déranger...
C'était l'occasion ou jamais de tester ses limites.
- Ce ne sera pas le cas. Vous êtes descendu à quel hôtel ?
- Aucun. Avant de quitter la terre j'ai acheté un appartement ici.
- Tu veux dire à Paris ?
- Oui. A Montmartre. J'ai pensé que l'immobilier était un bon investissement. Et puis j'ai toujours projeté de revenir.
Wufei se souvint avec nostalgie que Duo avait toujours eu un faible pour ce quartier. Il l'y avait traîné de nombreuses fois lorsqu'ils avaient eu l'occasion d'effectuer des missions près de la capitale.
Une jeune femme en blouse blanche entra presque sur la pointe des pieds puis déposa un plateau sur le bureau.
- Merci Claire.
Elle ressortie tout aussi discrètement.
Duo ne pu s'empêcher de pouffer.
Wufei et Amaya le regardèrent avec une lueur interrogatrice dans le regard alors que celui de Duo était franchement moqueur.
- La pauvre femme, tu la terrorise. On dirait une petite souris.
- Crétin. Tout le monde n'est pas aussi bruyant et exubérant que toi. Revenons à nos moutons. Votre frère à été trouvé dans une ruelle, assi parmi les déchets, sans aucun vêtement. Dieu merci nous ne sommes que début septembre. Nous lui avons fait passer plusieurs examens et il ne semble pas souffrir de troubles physiques. Toutefois son cas est préoccupant.
- Duo m'a parlé de catatonie, c'est quoi exactement ?
- Hé bien la catatonie se caractérise par un état de passivité stuporeuse, c'est à dire que le patient garde la position que nous avons choisit pour lui, assis, couché... Et par le négativisme, refus de parlé, de manger... Il arrive que ce cycle soit interrompu par des crises violentes et donc dangereuses pour le malade et son entourage mais jusqu'à présent nous n'avons pas constaté ce fait chez Luis.
- C'est un état définitif ? A quoi c'est du ? Il y a quelques semaines mon frère était aussi normal que vous, moi ou Duo.
Le jeune médecin s'abstint de tout commentaire sur la santé mentale de son ami mais ne pu réprimer un vague frémissement de lèvres qui n'échappa pas à l'ex pilote. Wufei était parfaitement conscient que ce n'était pas le moment de ricaner mais ce n'était guère facile. Duo ne fit pas de remarques non plus mais son regard en disait long.
- Certains médecins pensent que cet état est lié à un problème organique, pour d'autres dont je fais partie la cause serait psychologique. C'est une manière de se retirer de la réalité lorsque pour x raison elle devient trop lourde à assumer. Je ne peux absolument pas vous dire si son état perdurera. Je ne pense pas car de toute évidence il cherche à communiquer, pourquoi il a choisit Duo ça ! Ce qu'il faut avoir à l'esprit néanmoins c'est que certains cas de catatonie aigue peuvent évoluer vers la mort c'est pourquoi nous devons profiter du moindre signe d'ouverture pour ramener Luis vers nous.
- On peut le voire ? interrogea Duo.
- C'est pour ça que vous êtes là. Restez calme en sa présence. Parlez lui doucement, en aucun cas il ne doit se sentir agressé. Si vous ne parvenez pas à maîtriser vos émotions sortez de la chambre. Suivez moi.
Ils traversèrent les couloirs blancs. Parfois sur leur passage un cri trouait le silence les faisant sursauter. Duo détestait ce lieu. Il essayait de dominer l'angoisse qu'il faisait naître sans que le résultat soit concluant. Il n'avait qu'une envie courir aussi loin et aussi vite que ses jambes le lui permettraient. Pour se détendre il concentra son attention sur "docteur love". Sous la blouse blanche il devinait une sihouette plus athlétique que jamais. Il se demandait si Wufei possedait toujours cette fascinante chute de rein. Au bout de quelques minutes il se rendit compte que ce n'était pas vraiment une solution efficace pour se calmer. Wufei stoppa enfin devant une porte et regarda à travers un petit rectangle transparent. Il prit ses clefs et ouvrit. Un jeune homme était allongé sur un lit étroit, les yeux grand ouvert; les bras le long du corps. Duo et Amaya s'approchèrent de manière à ce qu'il puisse les voire. Aucun des deux ne savait comment agir, ils se sentaient gauches. L'ex pilote 02 s'assit lentement sur le bord du lit. Il caressa la joue de Luis avec toute la douceur dont il était capable. Wufei nota aussitôt ce geste. Il traduisait une grande intimité entre les deux hommes. Il identifia parfaitement le sentiment négatif qui se glissa de manière sournoise dans son coeur. La jalousie. L'americain se pencha d'avantage pour parler à Luis. Du fond de la pièce Wufei ne pouvait comprendre ce qu'il disait mais cela ressemblait à de tendres encouragements. Amaya plus proche entendait l'ami de son frère lui signifier leur présence et leur amour. Il lui disait combien ils s'étaient inquiétés et combien il leur avait manqué. Il lui promettait de l'aider. Il s'écarta pour qu'Amaya à son tour puisse lui prendre la main et lui parler. La visite ne dura pas longtemps et tout trois sortirent de la chambre très déprimés. Luis n'avait pas eu la moindre réaction.
- Ce que je me demande, murmura la jeune femme, c'est comment il a pu venir sur terre sans être listé. Vous savez aussi bien que moi que c'est obligatoire. Tout départ et tout arrivée doit être mentionné sur terre comme sur les colonies.
Duo haussa les épaules.
- Une navette privée ou commerciale...
Amaya secoua la tête.
- Elles sont elles aussi réglementées.
- En principe oui mais dans la réalité... T'en pense quoi Wufei ?
- Lorsque tu m'a donné son identité j'ai mis à jour mes dossiers et j'en ai informé les autorités. Apparemment il est entré illégalement. Il n'y a aucune trace de lui nulle part. Mais je ne crois pas que ce soit vraiment important... La vrai question est "qu'est-ce qu'il est venu faire sur Terre ?" Bon je vais vous faire un mot pour qu'on vous laisse entrer plus facilement losque vous reviendrez...
- Je préférais que tu me fasse un mot pour que je puisse sortir.
Wufei ignora ce trait d'humour.
- Vous pourrez le voir entre quatorze et quinze heures. Un infirmier ou moi même devra être présent.
- Pourquoi ?
- Par mesure de sécurité.
Ils retournèrent dans le bureau de Wufei qui rédigea rapidement une lettre.
- Vous montrerez cela à l'accueil lorsque vous souhaiterez venir. Maintenant si vous voulez bien m'excuser j'ai encore du travail mais j'espère vous voir ce soir au dîner.
- Bien sûr enfin si tu nous donne une adresse.
- Effectivement.
Il recommença à écrire puis tendit le morceau de papier à Duo.
- A ce soir Duo. Amaya.
Duo demanda à l'infirmier-cerbère posté à l'entrée la permission d'appeler un taxi puis ils purent enfin aller se reposer. Mais la question de Wufei continua de le turlupiner : "Qu'est-ce que Luis était venu faire sur terre ?" Il n'avait jamais mentionné un désir quelconque de s'y rendre.

A suivre...



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1) Pour ceux qui ne connaitrait pas : Sisyphe, roi de Corinthe, était condamné à remonter sans arrêt un rocher au sommet d'une montagne.