Titre : Ennemi intime
Auteur : Liam63
Disclaimer : L'univers de Gundam Wing n'est malheureusement pas à moi.
Genre : Yaoi, Romance, Fantastique... OOC ? Tout dépend de ce que l'on considère comme OOC.

 

Chapitre 12

17h45

Duo frappa doucement à la porte de la salle de bain mais ne reçu aucune réponse. Il tenta sa chance une seconde fois puis se décida à ouvrir pour glisser sa tête à l'intérieure. Trowa l'observa un instant sans rien dire comme s'il essayait de comprendre quelque chose.
- Je peux entrer ?
- Pour un lieu privé cette salle de bain devient très passante.
Il y avait une grosse dose d'ironie dans ces paroles mais encore plus de peine.
L'américain, un peu empoté, se balançait d'un pied sur l'autre. Il voyait que Trowa n'allait pas bien mais il ne savait pas comment l'aborder, comment lancer le sujet Heero ou tout autre sujet dont le français aurait voulu discuter. Trowa ne montrait jamais d'émotion à proprement parlé, il était toujours égal à lui même et il fallait bien le connaître pour voir au delà des apparences. Ils s'étaient tous un jour ou l'autre appuyés sur lui, même le soldat parfait. Dans leur chaos il avait représenté la stabilité. Il n'était pas froid, il était calme, maître de lui et c'est ce qui le rendait si diffèrent du japonais malgré une apparente ressemblance. Trowa sourit à Duo, c'est pour cela que le français aimait tant ce jeune homme au visage si doux, quelques soient les circonstances on avait toujours envie de lui sourire. Duo avait lui même beaucoup de soucis mais il était là. Duo était toujours là, pour chacun d'entre eux. Quels qu'ait été ses pêchés, pour Trowa il était et resterait une grande âme, une belle âme.
- Mon petit doigt me dit que tu as croisé Heero.
- Il avait la tête d'un type qui vient prendre un 15 tonnes sur le coin de la figure.
- Je crois que j'ai fait une connerie, je ne sais plus...
- Tu le sais parfaitement sinon tu n'aurais rien dit, parce que je suppose que tu lui a dit que tu l'aimais, je ne vois pas en dehors de ça ce qui aurait pu lui causer un tel choc.
- En effet.
- Et... Qu'est-ce qu'il a répondu si ce n'est pas trop indiscret ?
- Rien.
- Comment ça rien ?
- Il a tourné les talons et il est sorti sans une hésitation, pas le plus petit sourire, pas même un froncement sourcil ou un signe de tête. Nada. Je suppose que je devrais positiver et me réjouir du fait qu'il n'ait pas tenté de me noyer dans mon bain.
Duo resta pensif un moment. Se pourrait-il qu'Heero ait eu peur ? C'était bien possible... C'était le genre de situation qu'il ne maîtrisait pas du tout, il pouvait résister à n'importe quel stress en rapport avec un combat, une incarcération, un interrogatoire ou encore une terrible douleur mais ses émotions... Il n'avait jamais trop su les gérer.
- Je suis certain qu'il n'a pas réalisé qu'il te faisait de la peine en restant sans réaction. Il est incapable de nous faire du mal sciemment.
- J'en sais rien, j'ai connu des morceaux de pierre plus chaleureux.
- Mets toi à sa place...
- J'ai déjà fort à faire avec la mienne. Si tu le permets je crois que je vais sortir de cette baignoire et me trouver un coin peinard pour déprimer et maudire le jour où je l'ai rencontré.
- Ok. Si tu as besoin de parler entre deux malédictions tu sais où me trouver.
- Merci Duo.
- J'ai maudit Wufei un nombre incalculable de fois et il faut bien avouer que ça soulage !
L'américain referma sur lui le battant de la porte puis rejoignit ses amis au rez de chaussée. Il n'était pas dupe, Trowa souffrait énormément, mais un seul d'entre eux pouvait apaiser cette douleur et ce n'était pas lui.

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20h50

Au dîner, l'ambiance fut aussi légère qu'un poêle en fonte et gaie comme un requiem. Heero ne s'était plus montré, sans doute rentré chez lui ; Trowa déprimait comme un pinson aphone, Quatre subissait les affres d'une introspection qui mettait en lumière son comportement de crétin vis à vis de Zech et Wufei passait de la colère à l'inquiétude. Sa belle-soeur était venu en fin de soirée pour récupérer Shaozu à la place de Liu (qui aurait du passer le prendre chez Heero une heure plus tard), et avait expliqué avec une joie frôlant la perversité, que sur ses judicieux conseils, sa soeur avait embauché un privé et donc appris où le chinois résidait réellement. Il n'avait pas du tout aimé son air satisfait et ses allusions sur sa vie de débauché. Amaya, elle, pensait à sa famille et à son prochain départ. La jeune fille savait qu'il y avait très peu de chance pour qu'elle revienne un jour sur terre, les billets étaient bien au dessus de ses moyens. D'ailleurs avec son frère dans le coma même manger risquait de devenir au dessus de ses moyens si elle ne trouvait pas vite un emploi. Duo quant à lui se demandait s'il était également responsable de la disparition des éléphants d'Afrique. Au bout du compte chacun avait le nez plongé dans son assiette et traçait qui des cercles, qui des lignes, qui des carrés dans sa purée. Dès qu'ils le purent ils retournèrent à leur solitude et à leurs angoisses. Cette nuit le futur leur paraissait sombre. Quatre regagna son hôtel, il avait un rendez-vous d'affaires très tôt le lendemain matin. Trowa se noya dans le canapé du salon à défaut de le faire dans la Seine, Amaya retrouva pour la dernière fois la chambre d'ami, Wufei et Duo serré l'un contre l'autre sous les couvertures tentaient l'espace d'un instant d'oublier tout ce qui n'était pas l'autre.

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22h00

Heero zappait d'une chaîne à l'autre dans l'espoir de trouver un programme qui puisse occuper son esprit suffisamment longtemps pour lui éviter un court circuit. Il ressentait comme un gros bug dans son système neuronal. Il avait l'impression qu'à chaque tentative de rationalisation l'écran de sa conscience affichait "fatal error". Il avait fuit. Il s'était conduit comme le dernier des lâches ! Il avait obligé Trowa à reconnaître ses sentiments puis l'avait abandonné seul face à ses incertitudes. Après quelques heures de décantation il avait réalisé son manque total de considération pour les émotions de son ami. Son meilleur ami. C'était une impardonnable trahison. Quand sa culpabilité lui laissait un instant de répit d'autres pensées plus déstabilisantes encore dansaient une valse narquoise dans son pauvre cerveau. Excédé il éteignit la télévision pour lui préférer son pc. Ce n'était plus la peine de se voiler la face, Heero savait ce dont il avait besoin, il lança donc une recherche concernant l'homosexualité sur plusieurs moteurs de recherche . Il surfa de sites sérieux en sites porno. Il avait besoin d'une image précise de deux corps masculins en train de faire l'amour. Il éprouvait la nécessité de rendre la chose plus concrète plus crue. Il voulait visualiser son corps et celui de Trowa à la place de ces inconnus. Mais au final il ne savait plus s'il éprouvait de l'envie, de la curiosité, du désir ou du dégoût. Ce qu'Heero oubliait c'est qu'en matière de sentiments on ne peut pas faire de recherches sur internet et d'analyses mathématiques de la situation. Il occultait le ressenti. Il occultait l'amour qu'il éprouvait pour Trowa et qui ne se résumait certainement pas à l'étreinte de deux corps.

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23h00

- Wufei tu dors ?
- Plus depuis que tu me secoue. Qu'est-ce qu'il y a ? Tu es malade ? Tu as fais un cauchemar ?
- Non non. Je vais bien. Enfin je... Je dois te parler.
- Je suppose que ça ne peut pas attendre demain.
Wufei tendit le bras vers la lampe de chevet mais Duo s'interposa.
- N'allumes pas s'il te plaît. Je... J'ai...
L'américain se racla la gorge.
- J'ai décidé de rentrer sur L2. Demain... comme prévu. Avec Amaya. A 17h00.
- Et qu'y a t-il de si important sur L2 ?
- Je ne suis pas certain de ce qu'il y a, mais je sais ce qu'il n'y aura pas. Il n'y aura pas d'incube. Enfin pas celui là en tout cas. Tu as vu son regard comme moi, il reviendra malgré ce qu'a dit Trowa.
- Tu préfères la fuite ? Tu ne nous a pas habitué à ça.
- Ouai ben fais toi mettre par un démon moche et qui pue et on en reparlera.
- C'est normal que tu sois perturber. C'est un viol et il y a tout un processus qui te permettra...
- Ho ta gueule avec ton baratin de psy ! Et puis pourquoi est-ce que je devrais tout laisser tomber pour toi ? J'ai une vie moi sur L2, des amis, un boulot, des associations auxquels je suis utile ! Pourquoi toi tu ne viens pas sur L2 ? Tu crois que ma vie est moins importante que la tienne.
- Tu sais très bien pourquoi ! J'ai un fils Duo et tu n'as pas le droit de me demander de l'oublier. Je veux rester près de lui.
- Ou peut-être que tu attends tout simplement que ta femme te siffle pour rentrer au bercail ! C'est vrai après tout ce n'est pas toi qui a pris la décision de divorcer, c'est elle qui t'a jeter dehors. Si ça trouve si elle ne t'avait pas prit en flagrant délit tu serais encore en train de lécher la chatte de bobonne à l'heure qu'il est !
La lumière se fit brusquement et Duo se ramassa une baffe magistrale. Au même instant Wufei compris que c'était ce que Duo voulait et maudit son temperamment un peu trop vif. C'était inconscient mais l'américain recherchait la violence pour expier. Puis il avait peur, il était terrifié à l'idée que le chinois puisse l'abandonner encore une fois alors il prenait les devant. C'était un comportement incohérent mais guère étonnant puisqu'il ne prenait plus de traitement. En fait il allait même plutôt bien étant donné les circonstances. Mais c'était un autre prémices, en plus du récent dédoublement de personnalité, que Wufei ne pouvait pas ignorer. Il inspira et expira avec calme pour retrouver une bonne maîtrise de lui même.
- Excuse-moi je n'aurais pas due.
- Tu sais où tu peux te les carrer tes excuses !
Wufei prit les pilules dans le tiroir de la table de chevet. A nouveau très calme il se tourna vers l'américain.
- Ou tu avales ces cachets gentiment ou je te les fais prendre en suppositoire.
- Alors ça je demande à voir !
- Si tu t'obstines tu pourrais finir par faire des choses répréhensibles et dangereuses aussi bien pour toi même que pour les autres c'est ce que tu veux ? Tu veux prendre le risque de te retrouver un jour coincer dans un asile parce que tu auras perdu le contrôle ? Pendant la guerre cela n'avait pas tellement d'importance et nous avons tout fait pour te couvrir les rares fois où tu disjonctais mais aujourd'hui c'est différent. Ils n'ont plus besoin de jeunes cons idéalistes pour aller se faire tuer.
- Tu es en train de me menacer de me faire interner ?
- Non ! Bien sur que non. Je préférerais me couper un bras que de faire ça ! Mais si un jour tu dérapes mon avis n'aura aucun poids, je ne pourrais pas t'aider alors je t'en supplie laisse moi le faire maintenant. Je t'en prie Duo...
Duo baissa la tête et sa réponse fut à peine audible.
- D'accord. C'est toi qui a demandé à Quatre de me parler ?
- Oui. Je pensais que tu l'écouterais. Qu'il saurait te convaincre...
L'américain prit la gélule et le verre d'eau que lui tendait Wufei puis avala celle-ci sans hésiter d'avantage. Il se rallongea et s'enfouit sous les couvertures. Le chinois se recoucha aussi mais ne parvint plus à trouver le sommeil.

A suivre...

 



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