Auteur : Liam63
E-mail : liam63@tiscali.fr
Base : Gundam Wing
Disclaimer : L'univers de Gundam Wing n'est malheureusement pas à moi.

 

Chapitre XIV


Une semaine plus tard chez Heero.

- Donne moi ta veste je vais l'accrocher.
Katsumi tendit son vêtement en laine jaune pale à Heero puis se rendit directement dans le salon comme elle en avait l'habitude. Les débris d'un diffuseur d'huiles essentielles gisaient encore sur le sol. Elle s'accroupie pour en ramasser délicatement les morceaux.
- Laisses, je vais le faire tu vas te couper.
- C'est dommage je sais que tu y tenais.
- Oui enfin sans plus...
Elle saisit une des petite fiole posées sur le guéridon et inspira l'odeur délicate qu'avait offert la nature.
- Tu sais j'ai remarqué que tu ne te décontractais vraiment que lorsque l'odeur de l'Ylang-Ylang envahissait la pièce. Ton ami Trowa te connait bien...
- Bah en réalité c'est surtout lui qui aime ce genre de trucs... Je le soupçonne de me l'avoir offert uniquement pour les moments qu'il passe ici...
- Vous vous êtes disputés ?
- Pourquoi demandes tu ça ?
- Parce que ta voix est triste lorsque tu prononce son prénom et il est rare que tu laisse transparaître une émotion.
- Nous avons eu un différent.
- Et tu t'es vengé sur ce pauvre objet sans défense ? interrogea-t-elle souriante.
Le japonais secoua la tête.
- Ce serait trop long de te raconter ce qui lui est arrivé et surtout tu ne me croirais pas.
- Possible... Tu as des messages.
- Hein ?
- Ton répondeur clignote, tu as des messages.
- Ho...
Heero enclencha le petit appareil qui porta à ses oreilles la voix enjouée de Duo.
"Salut, j'espère que tu vas bien... Je voulais juste te dire que l'avion de Trowa décolle ce soir à vingt heures. S'il part ce sera pour au moins trois ans... Heu Trowa pas l'avion..."
- Baka
" Je te laisse, je voulais juste que tu saches ça... Bye. Ho j'allais oublier, tu veux venir dîner à la maison mercredi, il y aura Quatre et peut-être Zech, j'aimerais beaucoup que tu viennes... Je vais essayé une nouvelle recette t'aurais tord de manquer ce moment unique... Ciao ciao"
- Misère... Dès que Duo est heureux il faut qu'il essaie de nous nourrir !
- Et alors c'est plutôt gentil, je l'ai trouvé super sympa la dernière fois et puis il sait animer les soirées. Ricana la jeune femme.
- Katsumi !
- Ho avoue que c'était quand même un peu marrant.
- Tu trouves ? Mets toi à la place de Liu !
- Entre nous j'y allais parce que j'aime beaucoup Wufei et que c'est ton ami mais elle j'ai jamais pu la souffrir et sa soeur c'est pire ! Une est hypocrite et l'autre est une peau de vache. Les hommes ce que vous pouvez être naïfs. Tu crois qu'elle aurait épouser ton pote s'il avait été un petit salarié et qu'il l'avait fait vivre dans un deux pièces ? Elle est vraiment très belle c'est certain mais ne me dis pas que tu ne t'ai pas rendu compte qu'elle avait essayé de virer du tableau tout ce qui ne faisait pas assez classe notamment Trowa et nous deux.
Heero ne pouvait nier que Quatre et Zech était bien plus souvent invité qu'eux et qu'au final il avait vu Wufei de moins en moins souvent et la plus part du temps hors de chez lui.
- Et tu vas peut-être me trouver mauvaise langue mais je pense qu'elle a accepté d'avoir Shaozu parce qu'elle commençait à se rendre compte que Wufei s'éloignait d'elle. Et ça aurait peut-être fonctionné si Duo n'était pas revenu.
- Dans ce cas pourquoi demande-t-elle le divorce ?
- Elle y gagne quand même l'appartement, la maison de campagne et la bagnole ! Il se sent tellement coupable qu'il lui a tout laissé sans discuter. Mais je serais étonné qu'elle en reste là. Elle n'aime pas perdre et si Wufei vit heureux avec quelqu'un d'autre elle perd. Elle aurait pu accepter le divorce s'il était resté se morfondre dans un taudis mais là... Et puis pense à ce que vont dire leurs amis de la haute... Elle sera la femme superbe qui s'est fait plaquer pour un mec. J'imagine déjà les commérages... C'est sans doute tordue mais je pense que lorsqu'elle a parlé de divorce elle ne l'envisageait pas vraiment... Elle ne pensair peut-être pas qu'il accepterait aussi facilement.
- Tu sais que tu es effrayante par moment ?
- Tu verras ce que je te dis...
- Tu veux qu'on aille dîner dehors ?
- Non je vais rentrer, je suis crevée et puis je crois que tu dois aller à l'aéroport. D'ailleurs il ne te reste plus beaucoup de temps.
- Qu'est-ce que tu racontes ?
- Toi et moi on a passé de bon moments ensemble mais je ne suis pas la personne dont tu as besoin et tu n'es pas celle qu'il me faut. On est de bons amis mais pas des amoureux. Tu n'as même plus envie de moi...
- Tu ne peux pas me quitter maintenant !
- Si je peux et c'est le plus grand service que je puisse te rendre. Si cet avion décolle tu le regretteras. Ton ami Duo l'a déjà compris lui.
- Non, bien qu'il soit prêt à tuer le premier qui osera le dire, il est très fleur bleue...
- Ou peut-être qu'il voit les choses avec plus de recul que vous deux. Parce qu'il est votre ami il sait ce que vous ressentez l'un et l'autre.
- Trowa m'a demandé de sortir de sa vie.
- On dit des tas de choses qu'on ne pense pas vraiment lorsque l'on est en colère.
- Pas moi.
- Oui mais toi il faut bien admettre que tu es un peu spécial. Tu ne sais pas communiquer Heero et tu ne te laisses jamais aller, il faut que tu gardes constamment le contrôle, même lorsque tu fais l'amour. Tu dirige ta vie comme une mission...
- Peut-être que je ne suis pas fait pour aimer et pour être aimé.
- Ho si... Je crois avec force que chacun d'entre nous a sa moitié dans l'univers, la personne faite exactement pour nous et nous sommes celle faite pour lui. Tu sais ce que disais Platon sur l'amour ? Il explique dans "Le banquet" qu'au départ l'être humain était composé de deux êtres. Ils étaient de trois sortes, le mâle(composé de deux hommes), la femelle(composée de deux femmes) et l'androgyne (composé d'un homme et d'une femme). Un jour, sûr de leur force, ces créatures attaquèrent les dieux. Zeus qui ne voulaient pas les détruire les a coupé en deux pour les affaiblir. Depuis tous recherche l'autre partie d'eux même, insatisfait tant qu'ils ne l'ont pas trouvé... C'est la raison pour laquelle nous avons besoin d'autrui. Ceux qui était androgynes recherchent l'autre sexe, ceux qui étaient mâle recherche un autre mâle et ceux qui étaient femelle recherche une femme. On se trompe souvent tant on a besoin d'elle, on essaye et on essaye encore d'étreinte en étreinte et peut-être de vie en vie... Je crois qu'on ne doit pas laisser partir quelqu'un avant d'être certain qu'il n'est pas l'autre partie de nous.
- Mais toute cette douleur... Car au bout du compte c'est toujours ce que finit par engendrer l'amour. Le chagrin.
- Vivre, vieillir et mourir seul sans avoir connu l'amour n'est-il pas une plus grande souffrance ?
- Je ne sais pas.
Elle l'embrassa sur la joue et caressa son autre joue.
- Alors je te laisse y réfléchir.

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- Mais dépêchez vous !
- Je fais ce que je peux.
Heero fusilla du regard le chauffeur de taxi qui montrait si peu de coopération.
- Si vous faites en sortes que j'arrive à temps à l'aéroport je double le prix de la course.
- Écoutez même si vous vidiez le coffre de la Banque de France pour me donner son contenu ça ne nous ferais pas avancer plus vite. Nous sommes coincé dans un embouteillage et je ne peux absolument rien contre cela. Vous n'aviez qu'à partir à l'heure.
Le japonais serra ses mains contre ses cuisses pour s'empêcher d'étrangler l'inconscient qui osait le contrarier. Il n'avait jamais ressentie une telle envie de tuer quelqu'un, pas même ces bâtards de OZ, enfin Romefeller. Heero posa sa tête contre la vitre et prit son mal en patience puisqu'il n'y avait pas d'autre alternative. Après tout ce n'était peut-être pas plus mal s'il n'arrivait pas à voir Trowa. Que pourrait-il bien lui dire ? Il n'avait pas encore envisager cela, il s'était contenté de dévaler les escaliers quatre à quatre et de courir jusqu'à ce qu'il croise un taxi libre. Il recommençait à angoisser, dieu que c'était désagréable ! Il sortit son téléphone portable et composa le numéro de Katsumi.
- Allo.
- Qu'est-ce que je lui dis ?
- Hein ? Heero ?
- Qu'est-ce que je dois dire à Trowa ?
- Qu'est-ce que tu as envie de lui dire ?
- Si je savais ce que je dois dire je ne t'appellerais pas !
- Kami Sama... Je ne te demande pas ce que tu "dois" dire je te demande ce que tu "veux" dire.
- ... ... ... ...
- Très constructif il sera très touché.
- Si j'avais voulu quelqu'un pour se foutre de ma gueule j'aurais appelé Duo !
- Tu veux un conseil ?
- Évidemment.
- Mets toi à plat ventre.
- Nani ?
- Humilie toi, jettes toi à ses pieds, pleure, supplie, accroche toi au bas de son pantalon mais empêche le de monter dans ce putain d'avion parce que crois moi personne d'autre te connaissant ne pourrait avoir envie de vivre avec toi.
- Elle m'a raccroché au nez !
Pour toute compassion le chauffeur haussa les épaules.
- Voilà nous y sommes.
Heero lui jeta un billet de 100 euros et sortit du véhicule comme si on lui avait piqué les fesses. Il traversa la moitié de l'aéroport dans un sprint à faire pâlir d'envie un athlète avant de s'arrêter devant un comptoir.
- L'avion pour la Tasmanie s'il vous plaît.
- Porte 12.
La jeune femme lui indiqua du doigt la direction à prendre.
- Merci.
Heero repris sa course sans s'occuper des personnes qu'il heurtait et qui le gratifiaient de mots plus ou moins aimables voir parfois très vulgaires ; il cru même entendre un "du con regarde où tu mets les pieds" et "va te faire niquer", peut-être ce gentil monsieur était-il clairvoyant puisque la seconde proposition risquait de devenir sous peu une option fort envisageable. Néanmoins arrivé près de la porte 12 l'ex pilote 01 stoppa des quatre fers et... se cacha derrière un pilier. Il se pencha un peu, fouilla la foule du regard aussi discrètement que possible(1). Trowa était en grande conversation (c'est-à-dire qu'il hochait régulièrement la tête sans ouvrir la bouche) avec une femme d'un soixantaine d'années, un homme corpulent d'environ trente ans et un jeune garçon à peine sorti de l'adolescence. Un impertinent que le japonais trouvait un peu trop familier d'ailleurs. Heero s'adossa contre la colonne de ciment de manière à ce Trowa ne puisse pas le voir. Il n'avait pas songé au fait que son ami serait accompagné. C'était pourtant une évidence puisqu'il travaillait la plupart du temps en équipe. Il ne pouvait tout de même pas faire sa déclaration d'amour devant ces gens mais est-ce que Trowa accepterait de l'écouter en privé ? Quelle poisse ! Dire que durant la guerre il parvenait à contrôler son stress au point de tromper une machine. Il pouvait maîtrisait son rythme cardiaque, son flux sanguin... Et là il se liquéfiait comme une glace au soleil. Il se trouvait pitoyable. Il jeta encore un petit coup d'oeil pour vérifier que les passagers n'embarquaient pas. Une chance que le vol ait du retard. " Mais c'est qu'il est en pleine danse de l'accouplement l'acnéique ! Si ce petit con continue de tripoter Trowa je lui fais bouffer le ciment !" Heero se redressa puis avança d'un pas sûr. "Je vais pas me laisser doubler par un ado boutonneux quand même" Il se planta devant Trowa, le corps raide et le visage expressif comme une assiette en pyrex.
- Heero ?
Celui-ci abandonna toute réserve et s'agrippa à la veste du français comme une fiancée possessisve.
- Ne pars pas. Ne m'abandonne pas maintenant je t'en prie. Je t'aime.
Trowa parut un instant déstabilisé par ce changement de comportement inattendu mais se reprit presque aussitôt.
- Je suis désolé...
Le japonais sentit son coeur tomber directement à ses pieds pour se briser en mille morceaux, il ne voulait pas entendre ce qu'il allait lui dire, non il ne voulait pas, mais Trowa regarda la femme au cheveux blancs.
- ... Je suis désolé professeur Sergue, je suis bien conscient que vous laisser tomber au dernier moment est très inconvenant mais... Je ne veux plus partir.
Elle posa une main sur l'épaule de Trowa et lui sourit, il y avait une certaine espièglerie dans ces yeux dorés.
- Mon jeune ami, si après une telle déclaration vous étiez quand même monté dans cet avion j'aurais fais de votre vie un véritable enfer durant ces trois années. Vous avez été mon plus brillant élève et je suis heureuse de voir que vous êtes brillant au point de voir où sont vos priorités.
Elle donna une claque sur le derrière d'Heero qui sursauta.
- C'est qu'il est canon en plus ce petit gars ! Nous devons y aller... j'espère vous revoir bientôt si Dieu me prête vie.
- Au revoir professeur. Faites bon voyage. Henri. A bientôt.
Le français serra la main de l'homme qui dut presque courir pour rattraper le professeur qui se dirigeait d'un bon pas vers l'embarquement. Une maîtresse femme à n'en pas douter. Le jeune adolescent posa sa main sur l'avant bras de Trowa mais la retira comme si on lui avait mordu les doigts tant le regard de Heero eu l'air menaçant.
- A un de ces jour.
- Salut Michel. Bon courage.
Il se détourna pour rejoindre ses deux mentors avant que ce fou psychopathe ne décide de le tuer.
- C'est ça du large morveux ! Commenta Heero avec toute l'amabilité dont il était capable.
Le français étouffa un rire.
- Je ne te savais pas aussi jaloux.
- Je ne suis pas jaloux je suis prudent ce n'est pas pareil.
- Ben voyons. Et maintenant ?
- Je ne sais pas, je n'ai pas réfléchit à cette partie de la mission. On pourrait peut-être y réfléchir ensemble à la maison.
- Je pense que c'est une bonne idée mais auparavant j'aurais besoin d'acheter un truc ou deux.
- Maintenant ?
- Au cas ou tu l'aurais oublié, je n'ai même plus une brosse à dents, tout ce que je possède s'apprête actuellement à s'envoler pour la Tasmanie.
Heero passa ses bras autour du cou de Trowa et déposa baiser mutin sur le bout de son nez.
- Non pas tout. Je suis là moi.
Le français l'enlaça pour le rapprocher de son corps. Le sourire d'Heero s'estompa, son teint devint pâle et son visage grimaça. Il porta une main à l'emplacement de son coeur. Celle-ci se crispa sur le tissus de la chemise indiquant une importante douleur.
- Heero qu'est-ce qui t'arrive ?
Le jeune homme tomba brusquement à genoux retenu de justesse par Trowa.
- Je... crois... que j'ai... fais une... autre... connerie...
Le souffle d'Heero était irrégulier et il semblait avoir du mal à respirer. Peu à peu un attroupement se formait autour d'eux. Trowa releva la tête vers ces inconnus pour quémander de l'aide.
- Appelez un médecin ! vite !
Une jeune femme en uniforme se pencha vers eux.
-Quelqu'un est allé cherché les secours. Essayez de vous calmer.
Trowa caressa avec tendresse le visage du japonais. Ce dernier avait perdu connaissance.
- Me lâches pas Heero... Tu n'as pas le droit de me faire ça...

A suivre...



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(1) Je vous laisse imaginer à quel point on peut être discret en train d'espionner derrière un pilier lol