Auteur : Liam63
E-mail : liam63@tiscali.fr
Base : Gundam Wing
Disclaimer : L'univers de Gundam Wing n'est malheureusement pas à moi.

 

 

ENNEMI INTIME

Chapitre XXI

 

Richard passait une excellente soirée. Il appréciait la confortable intimité qui régnait dans la maison, il s' y sentait bien et regrettait que sa présence soit en partie dû aux problèmes de Wufei. Il s'était découvert un certain nombre de points communs avec Duo, dont leur intérêt pour la culture des indiens d'Amérique du Nord et leur passion pour la musique du XXéme siècle. Ils avaient passé près d'une heure à écouter des chansons, pour essayer entre deux rires, d'en deviner les titres, les auteurs, les interprètes et les dates. Wufei, insensible à la magie du passé, et à ce qu'il considérait comme de la mièvrerie et du bruit inutile, les regardait d'un air un peu désolé tandis que les deux autres le traitaient de béotien. Ce à quoi, magnanime, il se contentait de répondre "c'est ça, c'est ça..." en souriant. Mais au cours de la soirée le chinois et l'avocat avaient peu à peu retrouvé leur sérieux. A présent, devant les vestiges du repas, ils étaient même un peu triste, voir soucieux... Et Duo se demandait bien pourquoi. Il sentait une ombre planer sur leur bonheur, elle envahissait l'espace comme se répand une épidémie. L'américain saisit la main de Wufei assis à ses côtés.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce que vous me cachez ?
Richard baissa la tête. C'était à son ami que revenait l'obligation d'expliquer dans quelle désagréable situation ils se trouvaient.
- Rien mon coeur.
L'avocat faillit en tomber de sa chaise. Comment Wufei pouvait-il mentir avec une telle assurance ? Dans quel but ? Duo lui tendait une perche et au lieu de la saisir le Chinois niait. Wufei lança un discret coup d'oeil à son ami qui lui intimait de se taire.
- Tu ne voudrais pas nous faire du café mon coeur ? Le mien est toujours imbuvable.
- Oui... Bien sûr...
Le jeune homme à la natte se dirigea vers la cuisine mais c'était comme si tout son allant du début de soirée s'était dissipé. Dès qu'il fut hors de vue, Richard se pencha vers le médecin pour lui parler à voix basse.
- Mais qu'est-ce que tu fous ?
- On laisse tomber la procédure.
- Ça va pas ! Avec ce que tu m'as dit cette après-midi et nos témoins on a une bonne chance de gagner. Si les conclusions du psy sont positives...
- Et si elles ne le sont pas ? L'interrompit Wufei. Je ne veux pas lui imposer ces entretiens. On commence tout juste à être heureux et je me suis promis que je ne laisserais rien ni personne lui faire du mal. Plus jamais.
- A ce qu'il me semble ce n'est pas une petite poupée sans défenses ! Tu le sous estime et je trouve que c'est presque insultant. C'est un ancien terroriste, un ex pilote de gundam et un survivant de L2 !
- Qu'est-ce que tu connais de lui toi ?
- Moins que toi c'est vrai, mais moi je suis plus objectif. Et puis il s'agit de ton fils bordel !
- Tu crois que je ne le sais pas !
Wufei plongea son visage dans ses mains comme s'il était exténué.
- Combien de temps comptes tu le lui cacher de toute façon ? Repris l'avocat sans pitié. Il finira bien par voir que Shaozu n'est jamais près de vous et il ne lui faudra pas longtemps pour comprendre pourquoi, ou il se trouvera une bonne âme pour le lui expliquer un jour ou l'autre... Qu'est-ce que tu vas faire ? Le mettre sous cloche ?
Un silence pesant s'installa, presque hostile. Lorsque Duo revint avec le plateau il ne pu que constater à quel point Wufei semblait perdu. C'était si insolite... Et inquiétant.
- Ça suffit. Intervint Duo faisant sursauter les deux conspirateurs. Je veux que tu me dises la vérité et je veux que tu me la dises maintenant.
Net et sans appel.
- Richard et moi avions une divergence d'opinion c'est tout.
L'américain s'accroupit prés de son amant et posa ses mains sur les siennes.
- S'il te plaît Fei ne me mens pas. Ne me fais pas ça. L'incertitude est pire que tout.
C'était dit avec une telle douceur et une telle sérénité. Wufei caressa l'arrondi de ce beau visage qu'il ne voulait plus voir malheureux et compris qu'il ne pourrait pas l'éviter quoi qu'il fasse. Il laissa ses doigts effilés glisser sur la natte. Un ruban noir liait les cheveux uniquement sur une partie de leur longueur, laissant le reste libre. Et il lui raconta, d'une traite. Au cours du récit Duo ne montra aucune réaction. Il restait calme mais concentré comme à l'énoncé d'une mission. Néanmoins Richard voyait ses yeux peu à peu changer d'expression. C'était comme si l'aura de Duo se résorbait doucement. L'atmosphère qui émanait de cet être en apparence inoffensif quelques instant auparavant devenait... primitive. Il avait beau chercher il ne voyait pas de terme plus approprié. Une force primitive. Quelque chose qui semblait provenir du coeur même de l'univers. Avant de venir, l'avocat s'était renseigné sur les différents cas de dédoublement de personnalités, et ça, il aurait pu jurer sur sa vie que c'était bien d'avantage. Il se secoua les neurones et refusa de céder plus de terrain à son imagination. Mais quand même ce Shinigami avait une sacré présence ! Car il ne doutait pas de l'identité actuelle de Duo. Il eut la certitude quasi instantanée qu'il ne voulait jamais avoir cet être là pour ennemi. Pas pour tout l'or du monde. Il en fut encore plus persuadé quand le regard améthyste se posa sur lui. La dernière fois qu'il avait ressentie cette sensation c'était face à un grizzli, au Canada. Sa première et dernière partie de chasse. Son fusil s'était enrayer et il avait bien cru que ces yeux sauvages seraient l'ultime chose qu'il verrait dans sa vie. Mais coup du destin, protection divine ou désintérêt de l'animal pour ce petit humain insignifiant, l'ours avait fait demi-tour sans l'attaquer.
- Quand aura lieu l'expertise avec le psy ?
- Après demain.
Shinigami reporta son attention sur Wufei.
- Et tu comptais nous en informer quand ? Devant la porte de son bureau ?
Nous. C'était vraiment étrange de l'entendre parler de lui même au pluriel. Richard n'était pas certain de pouvoir s'y habituer.
-En fait Wufei envisageait la possibilité de renoncer à ses droits sur l'enfant. Pour vous éviter cette épreuve, enfin à Duo. Si je peux me permettre il serait judicieux de n'occire personne d'ici l'entretien.
- Après je peux ? Demanda Shinigami moqueur.
- Non, ce n'est pas ce que je voulais dire...
- D'ailleurs qu'est-ce qui vous fait croire que je pourrais vouloir tuer qui que ce soit .
L'avocat réfléchit un instant puis se décida à répondre.
- Les préjugés que j'ai à votre égard sans doute.
- Ben au moins on est pas défendu par un imbécile c'est déjà ça !
- Heu... Merci. Je ne sais pas si Wufei est d'accord avec moi mais je pense qu'il serait préférable que ce soit Duo qui s'exprime devant le psychiatre et le juge.
Shinigami s'était levé et marchait lentement autour de la table comme un prédateur.
- Et pourquoi ?
- Il est plus... Comment dire... Sympathique... Avenant... Rassurant...
Le jeune homme à la natte passa ses deux bras autour du cou de Richard et déposa un baiser sur sa joue.
- Ho mais je peux être très gentil et très câlin moi aussi, n'est-ce pas Wufei ?
Un rictus provocateur étira la bouche du chinois.
- Bien sûr amour. Comme un tigre qui n'a pas mangé depuis quinze jours.
- Ça se paiera ça Chang Wufei...
Et avec l'air canaille qu'arborait Shinigami il n'y avait pas besoin d'avoir un QI supérieure à la moyenne pour savoir où serait le champs de bataille.
- Tu sais que mon honneur m'interdit toujours de refuser un duel. Quelle que soit l'arme...
Richard toussota pour ramener les deux protagonistes sur un terrain moins gênant. Gênant pour lui bien entendu. Il avait l'impression de pouvoir sentir l'électricité dégagée par les deux hommes.
- Heu Mr Shinigami... Nous pourrions revenir au sujet s'il vous plaît.
Duo frotta sa joue contre celle de l'avocat qui avait de plus en plus de mal à se concentrer et qui prenait de seconde en seconde une teinte d'un rouge soutenu tout à fait seyante.
- Il est tellement trognon le petit homme de loi ! C'est bien la première fois qu'on me donne du monsieur !
- Laisse le respirer tu veux ! Ce n'est pas le moment de plaisanter.
- Je vous promets que durant les entretiens je serais aussi sage qu'une image. De toute manière Duo peut parfaitement s'en tirer.
- C'est aussi ce que je pense. Soutint Richard. J'avoue que j'avais un doute avant de le rencontrer, mais il a l'air très équilibré et il dégage une profonde gentillesse. Mon assistant se rendra sur L4 pour rencontrer Mr Winner, puis sur L2 pour trouver d'autres personnes capables de témoigner de son, enfin de votre profond attachement aux enfants et de votre investissement total pour améliorer leurs conditions de vie. J'ai appelé cette après-midi le secrétariat de la reine de Sank et elle m'accorde un entretient demain à 10 heures. Je pense que nous sommes en bonne voie. Par contre y a t-il d'autres éléments dont je devrais avoir connaissance ? Je peux défendre n'importe quoi mais comme je l'ai dit à Wufei ce matin je déteste les surprises. Donc en dehors de votre dossier psychiatrique et de votre passé de terroriste y a t-il quelque chose que la partie adverse pourrait nous opposer ?
- Hé bien...
Duo porta la main à sa tempe comme s'il souffrait d'une migraine. De toute évidence il y avait un léger conflit entre les deux personnalités.
- Non il n'y a rien.
Wufei observait son amant, un peu étonné. C'était la première fois qu'il voyait Duo reprendre le contrôle de force. En règle générale ils semblaient plutôt se "prêter" le corps du jeune homme sans que l'un ou l'autre ne manifeste son désaccord.
- Tu as suivi la conversation ? Interrogea le chinois.
- Oui. Arrêtes de me regarder avec cet air suspicieux tu veux !
- Toi et Shinigami êtes toujours présents ensemble ? Demanda Richard curieux.
- Non pas toujours mais souvent.
- Je croyais qu'une personnalité occultait les autres dans un cas de personnalités multiples...
- En principe mais pas toujours. Enfin pas chez moi en tout cas. Je ne sais jamais ce que font Meiran et Lucas et inversement, ces personnalités là sont complètement dissociées, mais avec Shinigami c'est un peu différent. C'est un peu comme le sommeil. Parfois je dors profondément et je perds le contact, à d'autres moments c'est comme si je somnolais. Je me sens protégé mais je peux suivre les événements. Je crois que Shinigami est présent avec chacun d'entre nous.
- En toute sincérité je trouve ça étrange et fascinant.
Duo haussa les épaules avec un air désabusé.
- Ce serait plus facile d'être comme tout le monde. C'est très dérangeant de ne pas savoir ce qu'on a pu faire ou dire. Quelques heures de ma vie disparaissent... Et je ne peux qu'essayer de deviner ce qu'elles ont été.
- Pardonnes moi. Ma remarque était stupide. Et je fais preuve d'une curiosité de mauvais aloi.
- Ce n'est pas grave. Nous allons être appelé à nous revoir et il est préférable que tu saches certaines choses. La curiosité est un sentiment plus positif que la peur ou le dégoût. Même la fausse indifférence me tape sur le système. Tu peux poser toutes les questions que tu veux.
- Moi j'en ai une.
Duo ce tourna vers Wufei. Ce dernier n'avait pas haussé la voix mais on percevait une certaine rigidité dans le ton.
- Pourquoi as-tu empêché Shinigami de parler ?
- Je ne l'ai pas fait. J'ai juste voulu reprendre ma place c'est tout.
- Je croyais que tu ne mentais jamais.
L'américain le fusilla du regard mais Wufei resta inébranlable.
- Il y a des parties de ma vie qui ne te concernent pas.
- Shinigami ne semblait pas du même avis.
- Et depuis quand son opinion est-elle plus importante que la mienne ?
- Depuis que la garde de mon fils est en jeu.
- Tu étais pourtant près à y renoncer. C'est un comportement plutôt indigne d'un père.
Duo s'attendait à un éclat de colère mais pas à un visage si triste. Il s'assit sur les genoux de son compagnon et le prit dans ses bras.
- Pardon... Je ne le pensais pas...
Il embrassait son visage comme pour effacer la peine.
- Tu me connais... Ma langue fonctionne plus vite que mon cerveau...
Wufei le serra très fort contre lui.
- Non tu as raison. Je ne suis peut-être pas un bon père...
Par deux fois Wufei avait privilégié le bonheur de Duo. C'était un choix déchirant certes mais il n'avait pas hésité tant que ça au bout du compte. Richard à son tour posa une main rassurante sur l'avant bras de son ami.
- Ce n'est pas comme si tu avais eu l'idée de l'abandonner sur le parvis d'une église. Sa mère et la famille de celle-ci veilleront toujours à son bien-être. Ils l'aiment énormément. Et puis... On a tous des moments de faiblesses même toi...
D'un regard le chinois remercia l'avocat pour ses paroles encourageantes.
- Bon je vais y aller. On a tous besoin de repos. Ha oui, avant que je parte... Pendant l'entretien avec le psy tu seras seul naturellement mais par contre avec le juge tu as le droit d'être assisté d'un avocat.
- Ce n'est pas toi ?
- Si tu le souhaites j'en serais très heureux mais je dois t'informer que tu peux faire appel à un autre avocat.
- Ce serait idiot. Tu connais l'affaire... Et surtout j'ai confiance en toi. Je voudrais que tu sois présent. Wufei pourra être là ?
- Non je ne pense pas. Ne t'inquiète pas tout ira très bien.
- C'est moi ou toi que tu essais de convaincre ? On peut faire appel si le jugement ne nous est pas favorable.
- Pas dans l'immédiat. Il faut qu'il y ait un changement notable pour cela. Bonsoir.
Duo et Wufei raccompagnèrent l'avocat jusqu'à la porte.
- Je vous appel demain soir pour vous tenir au courant.

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Le lendemain sur L4

Quatre reconduisit maître Albertini jusqu'à l'ascenseur et lui prêta son chauffeur qui l'amena jusqu'au Spacioport où il devait prendre une navette pour L2. Ils avaient longuement parlé de Duo, de son attachement aux enfants, de son passé et de son état mental. Bien qu'elle soit parfaitement maîtrisée le jeune pdg sentait une colère froide courir dans ses veines. Quelqu'un essayait de faire du mal à ses amis et c'est une chose qu'il ne pouvait tolérer. Duo était comme un frère et jamais il ne laissait qui que ce soit s'en prendre à sa famille. La famille et les amis étaient sacrés pour l'Arabe. Son éducation et son caractère le portait à diriger mais surtout à protéger. Protéger la vie, protéger la liberté, protéger ses employés, protéger les siens. Il regagna son bureau à pas lents et mesurés. Il s'arrêta un instant devant celui de sa secrétaire particulière.
- Envoyez moi Ali et Béatrice. Je les veux en face de moi dans moins de cinq minutes.
- Bien monsieur Winner.
Il s'installa dans son large fauteuil noir et tourna le dos à son bureau et aux papiers qui s'amoncelaient pour observer le paysage à travers l'immense baie vitrée. Il songea un instant qu'il aurait bien tout planter là pour rejoindre Zech. Ils prendraient un panier à pique-nique et s'installeraient dans l'un de ces merveilleux jardin artificiel pour profiter de la journée. Oui c'est exactement ce qu'il ferait après cet entretient. Il avait besoin de voir son amant. Un coup discret à la porte le rappela à l'affaire présente.
- Entrez.
Il se tourna vers ses employés et leur indiqua les deux chaises face à lui.
- J'ai un travail à vous confier. On va commencer par vous Béatrice.
La jeune femme rajusta ses lunettes et croisa ses longues jambes avec assurance.
- Vous allez faire des recherche sur Liu Chang, née Tuong et sur sa soeur, je ne connais pas son prénom mais vous devriez trouver facilement. Étendez même vos investigations à son beau-frère et à ses parents.
- Nous cherchons quoi monsieur.
- Tout ce qui pourrait faire mal. S'il y a ne serait-ce qu'une petite flaque vous allez me la remuer jusqu'à ce que la boue remonte.
- Nous disposons de combien de temps.
- Il me le faut pour hier. Puisque vous y êtes, occupez vous aussi du juge Delaraut.
Quatre lui tendis une feuille avec les renseignements dont il disposait.
- Je m'y mets tout de suite monsieur.
La jeune avocate sortit et Quatre accorda son attention à l'homme qui, stoïque, attendait ses instructions.
- D'après l'avocat que j'ai rencontré tout à l'heure le beau-frère de Liu Chang dirige l'entreprise familiale. Une entreprise d'import-export. Cassez la. Je me moque des méthodes que vous emploierez tant que vous restez dans les limites de la légalité et qu'il est impossible de remonter jusqu'à nous. Nous allons leur donner d'autres sources de préoccupations.

A suivre...



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