Titre : Rencontre (1/3) (Je pensais pas un jour pondre un titre aussi minable que celui-là ! Si vous avez mieux à me proposer, je suis preneuse !!!)
Base : G + W <-> GW. Si des cours chiants sont activateurs, alors on déplace l'équilibre vers la formation du complexe actif GW qui... FAUT QUE J'ARRÊTE L'ENZYMOLOGIE !!!!!!!!!!!
Couples : 2x1. Si. Ou presque.
Genre : Expérimental. Limite PWP ? En fait, j'me fais chier en cours, j'ai besoin de me détendre un peu, faire une pause dans Clair-obscur, et je me fais chier en cours. Et je voudrais savoir si je suis capable de les faire se tripoter un peu, pour de bon. D'écrire un lime quoi. AU aussi, ce qui explique l'éventuel OOC (hey ! ils ont 15-16 ans et ce sont *pas* des terroristes, alors *oui*, quelque part, ils en deviennent fatalement OOC ! ^^;). J'ajouterais une pointe de mélancolie peut-être, parce que si j'écrivais des trucs pas déprimants, ce serait pas tout à fait moi, n'est-ce pas ? ^^;
Auteurs : Meanne77, qui s'excuse.
E-mail : meanne77@noos.fr.

Notes : Hors donc, je me fais un peu chier en cours en ce moment. Et j'ai des heures de trous mal placées. Et j'ai des TD qui sautent. Et il fait froid alors je reste à la bibli, mais on s'y ennuie ferme (comment ? bosser mes cours ? mais vous voulez ma mort ou quoi ??). Et j'ai des profs qui sèchent oh, pardon, qui "tombent malades". Genre. La bonne surprise ce matin de se pointer à 8h30 pour découvrir que finalement, je commençais à 14h... Bref... Je pensais pas écrire cette histoire, c'est plus pour moi qu'autre chose. Elle doit vraiment pas avoir beaucoup d'intérêt et j'y apporte clairement ni le soin ni la réflexion que je mets dans les autres ; du coup, pour une fois, je me permets de vous foutre des petits comm. débiles en pleine histoire ! Hum... en fait... la lisez pas, cette fic ! ^^;

Disclamer : Cher Père Noël, délaisse ta bouteille de Coca 30 secondes pour jeter un coup d'oeil à ma lettre STP. Ça fait quelques années que je t'avais pas écrit, et je m'en excuse, mais j'ai été une bonne fille cette année. Enfin, en moyenne. Je pense. Si on est pas trop regardant. De toute façon, je demande pas grand chose pour Noël, je voudrais juste deux chiffres. Le 1 et le 2, enveloppés l'un avec l'autre, dans un gros ruban rouge. Et ne te soucie pas de les habiller, le ruban seul fera l'affaire. Ils le garderont pas longtemps de toute façon... MERCI BEAUCOUP !!!! ^^


Rencontre.



Heero errait au hasard des rues.
Il ignorait totalement où il se trouvait mais il n'en avait cure ; il en était même heureux : ils le retrouveraient plus difficilement ainsi.
Il marchait depuis plusieurs heures à présent. Au début, il avait simplement fuit le plus vite et le plus loin qu'il avait pu. Lorsqu'il avait compris que son départ était passé inaperçu, il s'était autorisé à se détendre. Il avait flâné en ville ; sa ville, et pourtant il ne l'avait encore jamais visitée. Heero ne sortait pas beaucoup de chez lui. Il devait reconnaître qu'il n'aimait pas la foule. Misanthrope, il préférait rester enfermé dans sa chambre la majorité du temps, pouvant passer des jours sans en sortir, mais là, il avait fallu qu'il parte, qu'il quitte cette maison. Définitivement.
Heero n'était pas quelqu'un d'impulsif, au contraire, et pourtant il n'avait pas prévu de fausser compagnie à son garde du corps. Il avait simplement saisi l'opportunité de s'échapper lorsqu'elle s'était offerte à lui. Et à présent, le soleil était couché, et Heero avait froid.
Il n'avait pas d'argent sur lui, rien qui pouvait lui permettre de se restaurer, se réchauffer, ou dormir à l'abri. Mais il ne rentrerait pas. Pourquoi le ferait-il ? Il en avait assez, tout simplement, assez de cette vie qui était la sienne, de ces mensonges, de ces silences. Il savait que son grand-père lui cachait quelque chose. Et pour être honnête, Heero se moquait totalement de son héritage, que Jay s'en occupe, puisqu'il aimait tant l'argent, puisqu'il l'aimait plus que lui. Heero le lui laissait ; lui voulait simplement partir. Et il l'avait fait.
Mais il avait froid.

Ses pas le conduisirent dans une partie de la ville qu'il aurait sciemment évitée s'il ne s'était pas complètement perdu.
Touristique le jour, le coin devenait mal famé dès la tombée de la nuit. Tous les jeunes défavorisés, délinquants, voyous, les dealers, casseurs, tous les êtres de la nuit semblaient se rassembler ici. Les flics n'osaient que rarement s'y aventurer. Trop dangereux. Inutile. Les braves gens savaient qu'ils devaient s'enfermer à double tours le soir, les autres réglaient leurs comptes entre eux, ils n'avaient pas besoin de la police pour ça, et en fin de compte, le plus ils s'entre-tuaient, le mieux tout le monde se portait.
Même Heero savait qu'il y avait des quartiers où il ne fallait pas aller, mais perdu dans ses pensées, il ignorait simplement où il se trouvait. Il s'en moquait, en fait, trop occupé à se frotter les bras pour se réchauffer. La saison était fraîche, et si son débardeur suffisait la journée, ce n'était pas le cas le soir, alors que la brise marine se levait.
Heero commençait à avoir faim aussi, mais ce n'était pas tellement important. Il réalisa par contre qu'il était temps qu'il trouvât une solution pour se mettre à l'abri pour dormir. Il regarda autour de lui. Il n'avait pas de quoi se payer une chambre d'hôtel. Il n'avait plus qu'à se trouver un coin de plage à l'abri du vent. A présent qu'il y pensait, il se trouvait vraiment idiot d'être parti de la sorte, sans avoir ne serait-ce qu'un peu d'argent sur lui. Mais il n'en avait jamais eu, il n'avait toujours eu qu'à demander pour obtenir. Heero soupira en constatant que son grand-père avait raison : l'argent définissait l'identité ; sans biens, on était rien, pas même une personne.
Heero avait toujours tout eu à sa disposition. Il n'avait jamais pensé avoir un jour à se demander comment manger et où dormir. Mais il ne rentrerait pas.

Le bruit ambiant le tira de nouveau de ses pensées et il commença à prendre conscience de ce qui l'entourait. Un peu d'inquiétude le gagna lorsqu'il remarqua qu'une bande de voyous l'observait. Mieux valait s'éloigner d'ici...
Rentrant la tête dans les épaules pour se protéger du vent, il entreprit de partir sans avoir l'air de fuir. Un coup d'oeil de biais lui apprit que la bande s'était mise en chasse.
Il accéléra le pas, mais sans se mettre à courir, pour ne pas les exciter d'avantage. Discrètement, il chercha un refuge. Il pensa un instant à entrer dans le premier snack qui se présenterait, mais l'idée lui vint alors que ça ne le protégerait peut-être pas. Rien ne prouvait qu'un lieu public les dissuaderait de s'amuser à ses dépends. Dans ce cas, il ne lui restait plus qu'à les semer. Heero avait conscience qu'ils avaient l'avantage du terrain et oh combien ! mais il ne voyait pas d'autre alternative.
Il entendit des ricanements derrière lui. Bien trop proches à son goût. Il bifurqua sans crier gare au premier embranchement qui se présenta, pour constater qu'il menait à une impasse. Serrant les dents, il fit volte-face, mais sa retraite était déjà coupée.
- Et bien et bien et bien, qu'est-ce que nous avons là ?
Le jeune homme qui venait de parler devait avoir l'âge d'Heero mais le dépassait d'une bonne tête et demie. Brun, cheveux courts retenus par un bandeau rouge autour du front [1], il le regardait d'un air qui ne présageait rien de bon. Dans son dos, sa bande ricana.
Heero sentit sa salive se bloquer dans sa gorge. Ne pas montrer sa peau.
- Qu'est-ce que vous voulez ? demanda-t-il aussi fermement qu'il put, s'efforçant malgré tout de ne pas les provoquer d'avantage.
Le "chef" s'avança vers lui. Heero cloua mentalement ses pieds au sol. Ne pas reculer.
- Mais pour qui y s'prend le Niak ? Il empiète sur not' territoire et y réclame des comptes en plus ?
A nouveau, les ricanements se firent entendre.
- Je n'empiète sur rien du tout, je... me suis perdu.
- Voyez-vous ça !
- C'est sûr, tu as fait plus que te perdre ! railla une rouquine que Heero avait d'abord prise pour un garçon à cause de sa coupe de cheveux.
- Laissez-moi passer, dit-il en faisant un pas en avant.
Le chef le repoussa brutalement.
- Quoi, tu t'plait pas parmi nous ? Tu veux déjà nous quitter ?
- Laissez-moi passer, tenta une nouvelle fois Heero.
La brute le repoussa, plus fort.
- Hey, y veut partir !
- J'me demande bien 'rquoi ?
- Alors on lui fait quoi les gars ?
- Tu nous fais d'la peine tu sais ?
- Et moi qui pensais m'amuser un peu ce soir, reprit le chef avec un sourire carnassier.
- Je n'ai pas envie de jouer. Laissez-moi passer !
- J'crois pas, non...
Et cette fois, le coup fut si violent que Heero en perdit l'équilibre et se retrouva fesses contre terre.
- Faut pas v'nir sur not' territoire.
- Faut une autorisation pour ça.
- Je ne savais pas que...
- C'est pas une excuse.
- Faut payer l'droit d'passage. C'est la règle !
- Ouais, la règle !
- Je n'ai pas d'argent.
- Quoi, pas d'fric ? Tu t'fous d'nous ? s'exclama la rousse de tout à l'heure.
- Alors va falloir payer autrement. J'avais justement envie de me défouler..., fit le chef en faisant craquer les doigts de ses poings serrés.
- Qu'est-ce qui se passe ici ? s'éleva une voix nouvelle.
La bande s'écarta immédiatement, et même le chef se retourna. Heero, toujours au sol, reporta son attention vers son sauveur. Du moins l'espérait-il. A l'attitude des autres, Heero devina qu'il s'agissait du véritable chef de la bande.
Le nouveau venu était un peu plus petit que la brute, d'une tête environ. Il avait les cheveux longs, tressés en une natte qui reposait sur son épaule. Il était entièrement vêtu de noir, jeans, t-shirt et blouson de cuir ; seules ses chaussures, des baskets qui jadis avaient dues être blanches, tranchaient avec l'ensemble. Il faisait trop sombre pour que Heero puisse distinguer la couleur de ses yeux, mais ceux-ci brillaient intensément.
Sortant de la torpeur dans laquelle il avait plongé malgré lui, Heero se releva lentement, s'époussetant machinalement les fesses. Le natté s'était apparemment fait expliquer la situation pendant sa courte "absence". Il se retourna vers Heero et le détailla de haut en bas. Heero savait que son sort dépendrait entièrement de la décision que le natté prendrait. Il n'était pas prêt à se laisser faire. Il avait conscience de n'avoir aucune chance, probablement même pas contre un seul d'entre eux, mais cela ne voulait pas dire qu'il n'opposerait aucune résistance, même symbolique.
Le chef l'examinait toujours, s'attardant sur ses pieds avant de revenir sur son visage. Heero lui fit face aussi dignement qu'il le put.
Puis le natté se détourna.
- Tu fais chier Jack [2], tu vois pas qu'il est pas d'ici ? Y'a qu'à mater ses shoes pour savoir qu'il vient des quartiers chicos, on pourrait bouffer pendant deux semaines avec ce qu'elles ont dû coûter.
- Alors ses shoes feront office de péage.
- Ça t'arrive de réfléchir de temps en temps ? Tu crois peut-être qu'il se la fermera ? C'est pas l'moment d'avoir les flics au cul, siffla-t-il en regardant son ami intensément.
- Y'a qu'à faire en sorte qu'il se la ferme...
- Tu m'emmerdes Jack, casse-toi. Cassez-vous tous.
Lentement, la bande se dispersa. Heero pouvait voir "Jack" trembler de frustration, mais il obéit néanmoins. Quelque part, Heero trouva le temps de s'interroger sur l'autorité qu'avait le natté sur une brute plus grande et visiblement plus forte que lui. [3]
Le jeune chef se tourna alors de nouveau vers lui et le fixa pendant quelques secondes en silence. Heero soutint son regard stoïquement.
- Et toi, t'es con ou juste stupide ? Qu'est-ce que tu fous ici à une heure pareille ? Tu t'es perdu ou quoi ?
Heero prit une lente inspiration pour se détendre.
- Dépêche-toi de rentrer chez toi, t'as rien à foutre ici petit.
Petit ? Une bouffée d'amour propre le saisit. L'autre n'avait que quelques centimètres de plus que lui !
Heero allait répliquer lorsqu'il vit la natte disparaître au coin de l'impasse. Resté seul, il sentit toute sa peur s'abattre sur ses épaules. Il dut s'appuyer un instant contre le mur pour ne pas s'écrouler. Le coeur battant, il se força à prendre de grandes inspirations contrôlées pour retrouver son calme. Il avait eu de la chance, il le savait.
Mais il ne rentrerait pas.
Il devait néanmoins s'éloigner rapidement du coin. Il dormirait sur la plage, comme il en avait d'abord eu l'intention, mais il hésitait à s'y rendre dès à présent. Sans doute d'autres jeunes y traînaient-ils eux aussi, et aller les "provoquer" ne paraissait vraiment pas être une très bonne idée. Peut-être pourrait-il attendre dans un snack qu'ils partent, mais le laisserait-on y rester s'il ne consommait pas ? Heero en doutait fortement. Et tenter malgré tout le coup ne ferait qu'attirer sur lui une attention qu'il ne désirait pas.

Il continua de marcher, sans parvenir à prendre une décision tant les possibilités lui semblaient réduites. Il jetait régulièrement des coups d'oeil prudents autour de lui, afin de vérifier qu'il n'excitait pas de nouveau l'intérêt de quelqu'un. En fin de compte, il aurait peut-être dû rester dans son impasse. Il n'y avait vu personne et il y aurait été à l'abri du vent. Mais y retourner à supposer qu'il la retrouve c'était s'aventurer une nouvelle fois sur le "territoire" de cette bande. Et son chef ne se montrerait probablement pas aussi "indulgent" à son égard une seconde fois...
Ainsi en était-il de ses interrogations lorsqu'il entendit un bruit de pneus qui crissent et une voix s'élever à sa gauche.
- P'tain, qu'est-ce qu'tu fous encore là ? Ch't'avais dit de te casser, tu tiens vraiment à te faire violer ou quoi ?
Heero pila net et se retourna lentement vers la voix.
Une moto vibrante sous l'action du moteur, des baskets sales et un jean noir. Un blouson de cuir râpé, une natte dansant sous la brise marine, une frange caressant une peau pale... Et des yeux bleus, presque violets, mais peut-être était-ce un effet de l'éclairage... La vision lui coupa le souffle.
- T'es sourd ou quoi ? Rentre chez toi j't'ai dit ! s'exclama le motard avec colère.
- ... Je ne rentrerai pas.
- Allons bon, un pov'e gosse de riches qui a fait une fugue. Pov'e petit, j'vais t'plaindre tiens ! Allez, sois un gentil garçon et rentre avant que papa-maman s'inquiètent.
- Je n'ai pas de parents.
Le natté ne répliqua rien mais l'étudia plus attentivement. De nouveau, il s'attarda sur ses chaussures.
- T'as bien quelqu'un qui t'attend non ? demanda-t-il finalement, toute trace de colère ayant disparue de sa voix.
Heero haussa les épaules et détourna le regard.
- Rentre gamin, ils doivent s'inquiéter et t'as vraiment pas ta place ici. C'est pas ton monde, rentre chez toi.
- Je ne suis pas un gamin, nous avons le même âge je te signale, objecta Heero en resserrant un peu ses bras autour de lui pour conserver de la chaleur.
Un sourire amusé effleura les lèvres du motard.
- Ouais, p'être, mais c'est surtout une question de maturité.
Il coupa le moteur, cala sa moto avec la béquille et s'approcha d'Heero. Ce dernier se prépara à se défendre, mais le natté ne semblait pas menaçant.
Arrivé la hauteur d'Heero, il fit glisser son blouson de cuir, dévoilant des épaules blanches et un torse musclé sous un débardeur noir moulant. A nouveau, Heero en eu le souffle coupé.
Un poids s'abattit alors sur ses épaules et une soudain chaleur l'enveloppa.
- Là, t'auras moins froid comme ça..., fit le natté en lui passant les bras dans les manches avant de refermer la fermeture éclair.
Heero sentit sa mâchoire s'affaisser légèrement. Il avait chaud tout à coup, le blouson lui semblait être une centrale thermique.
- Allez viens, je te raccompagne, okay ? ajouta le jeune chef de bande en enfourchant sa bécane.
Heero remarqua alors une inscription tagée sur le coté : "Deathscythe" [4]. Il s'interrogea un instant sur une éventuelle signification ironique de la chose nommer sa moto "faux de la mort" avant de répéter :
- Je ne rentrerai pas.
Le natté soupira en mettant le contact.
- Okay, je vois. Laisse-moi au moins t'emmener quelque part où tu seras à l'abri cette nuit, okay ? Un lit au chaud, et s'il en reste, même un repas, ça te va ?
Heero l'étudia en silence.
- Bon, tu te décides, j'ai pas toute la nuit moi !
Heero ne voulait pas, mais il devait bien reconnaître que le jeune motard lui offrait une solution à tous ses problèmes. Il pourrait aviser pour la suite le lendemain.
- Allez, en selle, le moteur tourne.
Heero retint un petit soupir et prit place tant bien que mal derrière le jeune pilote.
- Accroche-toi, on décolle ! s'exclama ce dernier en faisant vrombir le moteur.
Heero chercha à quoi se retenir et resserra les doigts autour de l'armature de métal qui se trouvait sous ses fesses. Les yeux violets se retournèrent.
- A moi, imbécile ; à moins que tu ne veuille valser dans l'décors au premier virage.
Avec hésitation, Heero plaça ses mains de part et d'autre des hanches du natté. Même sans son blouson, ce dernier lui sembla bouillant.
Le motard poussa un soupir exaspéré et saisit sans douceur les mains d'Heero avant de le tirer brutalement vers lui. Heero s'écrase contre son dos avec une exclamation de surprise. Guidant ses mains, le chef de bande referma fermement ses bras autour de sa propre taille. Heero sentit les battements de son coeur s'accélérer. Il n'était pas habitué à une telle promiscuité, avec quiconque.
- Voi-là ! Comme ça ! Tiens-toi bien, c'est-par-tiii !
Du pied, il fit sauter la béquille et poussa les gaz à fond. Deathscythe décolla dans les airs.
Heero dut se mordre la lèvre inférieure pour ne pas crier. Ils allaient si vite, et le vent sifflait à ses oreilles, faisant valser la natte en une danse hypnotisante.
Comment avait-il pu faire confiance à un parfait inconnu ? Un individu peu fréquentable, au vu de son statut social et de ses relations douteuses. Et pourquoi semblait-il se soucier de lui ? Pourquoi prenait-il la peine de s'assurer qu'il serait à l'abri cette nuit ?
Inconsciemment, Heero resserra encore un peu plus son étreinte. Ils allaient trop vite, ils ne ressortiraient pas vivant de cette virée...
Mais le natté était un bon pilote et malgré les infractions de vitesse, il maîtrisait sa machine à la perfection. Deathscythe semblait être une extension de son corps... Mais tout de même, le port du casque n'était-il pas obligatoire ? [5]

Et puis graduellement, Heero se détendit.
Il ouvrit lentement les yeux, et protégé du vent par le corps du pilote, il se vit dévorer les rues les unes après les autres. Le natté connaissait tous les raccourcis à prendre pour le conduire... où ? Heero se moquait de la destination à présent, enveloppé dans la chaleur, le coeur battant aussi vite que le moteur avalait les distances. Heero se sentit vivre pour la première fois. Ses lèvres commencèrent à s'étirer sur l'extérieur, sans qu'il comprenne vraiment pourquoi ou parvienne à le contrôler, et alors qu'un sourire tentait de se dessiner sur son visage qui jamais encore ne s'était éclairé de la sorte, le natté freina brutalement, faisant crisser la gomme des pneus sur l'asphalte.
Heero s'écrasa de nouveau contre le dos musclé de son "chauffeur" et les coins de ses lèvres retombèrent sans être parvenues à achever leur mouvement. Heero se sentit brusquement vide. La vitesse lui manquait. Les sensations de plénitude, de paix et d'excitation qu'il avait ressentit lui manquaient.
Le natté coupa le moteur et descendit de moto, glissant entre ses bras comme une anguille.
Et la chaleur lui manqua.
- Here we are ! Allez, vire de là.
Heero descendit à son tour, ne sachant pas trop quoi faire ensuite. Le pilote de Deathscythe [6] poussa sa moto jusqu'à l'entrée d'un bâtiment puis se tourna vers lui.
- Dis, tu t'réveilles ou quoi ? Kesk'tu glandes ?
Heero n'était pas bien sûr d'avoir compris la dernière phrase mais il suivit la natte lorsqu'elle pénétra dans l'immeuble.
Le jeune homme le conduisit dans une salle. Sitôt entré, il plaça deux doigts dans sa bouche et un sifflement strident se fit entendre. Plusieurs têtes se tournèrent vers eux et Heero sentit son visage s'empourprer. Une jeune femme d'une vingtaine d'années les fixa d'un air réprobateur et le jeune pilote lui répondit par le plus grand sourire qu'Heero eut jamais vu. Il fut surpris de voir qu'un enfant des rues pouvaient sourire de la sorte, alors que lui-même n'avait jamais été capable d'aller plus loin qu'une simple esquisse.
- Reste ici, lui dit-il avant de rejoindre la jeune femme.
"Monte, rentre chez toi, reste ici", il n'était pas à ses ordres !
Heero bougonna intérieurement en observant les alentours. La pièce dans laquelle ils se tenaient ressemblait à un accueil. Au delà d'une porte se trouvait ce qui semblait être un dortoir. La pensée de passer la nuit dans un tel lieu lui donna des frissons.
Il reporta son attention sur le natté et son interlocutrice, juste au moment où celle-ci lui lança un coup d'oeil circonspect...

- Yo Sally ! Wazzup ? s'avança le natté, tout sourire, vers la jeune femme.
- Duo..., le salua-t-elle en retour en lui filant une taloche derrière la tête
- Hey ! protesta-t-il en rigolant.
- Pour le bruit. Tu viens quémander une place ?
- Naa, j'ai mes combines, tu sais bien. C'est pour lui, pointa-t-il Heero du pouce sans se retourner.
Sally jeta à l'adolescent un coup d'oeil sceptique.
- Une nouvelle recrue ?
- Ça va pas non ? J'l'ai trouvé sur le boulevard, c'est tout. Il a fugué je crois.
- Duo...
- Je sais, je sais, mais il refuse de rentrer chez lui, qu'est-ce que je peux faire ? Tu m'vois m'pointer chez les flics ? Y m'laisseraient plus r'partir ! Juste pour cette nuit, okay ? Reste de la place non ?
- Oui, la saison froide n'a pas encore commencé.
- Super ! Je te garantis qu'il se casse demain, ça te va ? Ça doit pas être bien grave, j'ai vu aucune trace sur son visage ou ses bras et il se déplace normalement... Je préfère juste qu'il traîne pas trop dehors, si tu vois ce que je veux dire...
- Que trop bien. Bien sûr, il peut rester cette nuit ; mais pas plus, on est pas un centre social ici !
- Sally, my love, t'es la meilleure !
- Si seulement tu ne t'en souvenais pas que lorsque ça t'arrange !
Duo fit une petite moue.
- T'es dure avec moi Sall'.
- Amène-moi ton ami et hors de ma vue !
Duo rigola puis se tourna vers Heero et lui fit signe de les rejoindre. Heero obtempéra, non sans se renfrogner un peu plus.
- Bon c'est arrangé, Sally que voilà va s'occuper de toi.
- Bonsoir, lui dit-elle gentiment.
Heero hocha simplement la tête
- Et maintenant écoute-moi bien petit, ajouta le natté d'un ton menaçant que Heero prit au sérieux. C'est juste pour cette nuit, tu entends ? T'as plutôt intérêt à rentrer chez toi, parce que si jamais je te revois traîner où t'as pas ta place, que ce soit demain ou un autre jour, ça chauffera drôlement pour ton joli p'tit cul, understood ?
- ...
- T'as capté ? répétèrent les yeux en dardant des éclairs violacés - et cette fois Heero était sûr que ce n'était pas dû à un jeu de lumières.
Le Japonais hocha lentement la tête.
- Bien, conclut le natté avant de se détourner de lui. Merci Sall', je file.
Elle lui sourit, et Heero ressentit un étrange vide en apprenant qu'il n'allait pas rester. Elle lui passa un bras autour des épaules et l'entraîna vers le dortoir.
- On va te donner un repas chaud pour ce soir ainsi qu'un lit. Si tu as un problème, médical ou autre, n'hésite pas à venir me voir ; je suis infirmière bénévole ici...
Heero se souvint brusquement de quelque chose et fit volte-face, mais la natte avait déjà disparue.
- Attends !
Heero se rua vers l'extérieur, s'attirant une exclamation de la part de l'infirmière. Au dehors, il ne put qu'entendre le bruit d'une moto s'évanouir à l'horizon.
- ... Tu as oublié ton blouson...
Mais la natte se revint pas.
- Allons, fit une voix féminine à son coté, ne reste pas dehors. Le service va bientôt se terminer, si tu veux avoir un repas ce soir...
Heero se laisse entraîner à l'intérieur. Il se sentait épuisé tout à coup...

Mangeant ce qui devait se vouloir une soupe, Heero fouilla les poches du blouson de cuir. Il ne put s'empêcher d'être déçu par son contenu. Deux serviettes froissées mais propres du genre de celles que l'on trouve dans les fast-foods. Un briquet, vide, mais pas de paquet de cigarettes ; d'ailleurs, à son plus grand soulagement, le cuir ne sentait pas le tabac froid.
Une carte de fidélité pour un fast-food situé sur le boulevard, avec pour dix menus achetés, le onzième gratuit. Sept cases étaient déjà tamponnées.
Un prospectus pour un... Heero s'étrangla dans sa soupe. Un sex-shop... [7] Il replia avec empressement le papier et le fourra tout aussi vite dans la poche.
Il inspecta le reste mais ne trouva rien d'autre. Finissant sa soupe du bout des lèvres, il n'avait plus qu'une envie, c'était de s'écrouler dans son lit. Son lit, pas celui d'un dortoir pour sans-abris où il ne savait pas qui y avait dormi avant lui. Il préférait ne pas y songer d'ailleurs. A quoi avait-il pensé en s'enfuyant ? Il ne pouvait pas vivre en dehors de sa cage dorée.
Les yeux violets avaient raison, il n'avait pas sa place dans son... ce monde.
Il soupira en se glissant avec répugnance entre les draps frais, dans le lit le plus éloigné de ses voisins qu'il put trouver. Il se sentait seul, tout à coup. Ça ne lui était encore jamais arrivé.
Il garda sur lui ses chaussures et son... le blouson.
Demain, il rentrerait chez lui...


(à suivre dans la seconde partie ! ^^)

 

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[1] Et non, pas celui auquel vous pensiez, lol !
[2] Jack, parce que la fic "Reputation" de Naomi (www.duoxheero.com)...
[3] N'est pas Shinigami qui veut ! (je ferais mieux de me taire, en fait... ^^;)
[4] J'apprécierais que vous ne fassiez aucun commentaire, merci ! ^^;;;;;
[5] Il l'est ! Prudence au volant ! (et au guidon ^^;) ;op
[6] Oh c'est nul ! J'ai honte, pardon !
[7] Ça change du pressing, ne ? ;o)



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