Titre : Celui qui rêvait éveillé, scène 5 et fin.
Base : Gundam Wing.
Genre : Sérieux, torture mentale d'un Hee-chan sans défense sous ma plume, perso parfois kawaï, mais même pas de shonen aï.
Couples : Seulement si on a l'esprit vraiment très mal tourné. Et parce qu'on ne sait jamais ce que l'avenir nous réserve...
Auteurs : Meanne77, avec la collaboration de Seinseya.
E-mails : meanne77@noos.fr et seinseya@aol.com
Notes : Première fic... Remodelage de la chronologie (mais *quelle* chronologie ??), parce que ça m'arrange. Merci à Sein, sans qui cette fic n'aurait pas dépassé la cinquième page... La plupart du vocabulaire utilisé est traduit dans la fic même, enfin, vous verrez... Langage "châtié" de Duo, mais on lui pardonne...
Disclamer : On se cotise, on se cotise. Mais pour l'instant, ils sont pas encore à nous... Kotori et le jeune homme nous appartiennent, mais qui s'en soucie, mis à part nous ?

 

Acte Premier : Heero.
Celui qui rêvait éveillé.

Scène 5 :

 

Lorsqu'Heero sortit de la salle de bain, il fut un peu surpris de ne pas trouver l'Américain étalé comme une crêpe sur son lit. Comme si le fait qu'il ne soit pas dans sa chambre aurait pu l'empêcher de dormir... D'autant que les cinq minutes qui lui avaient été attribuées s'étaient plutôt étirées sur un quart d'heure, Heero ayant un peu traîné sous la douche. Il fronça légèrement les sourcils ; décidement, le natté était vraiment imprévisible. Lui qui s'était déjà préparé à devoir le virer de son lit pour pouvoir le faire... Mais Duo n'était pas là...
Il ne le comprenait pas. Pourquoi avait-il fait ça ? Rester auprès de lui toute la nuit, lui parler, ça, oui, c'était tout à fait son genre. D'autant que... oui, il s'en souvenait à présent, c'était lui qui avait hurlé son nom. Pourquoi le sien ? Parce qu'il avait déjà été là pour lui la nuit d'avant ? Il n'avait pas réfléchi, c'était sorti tout seul. Et Duo était venu. Il était resté, et il lui avait parlé, toute la nuit, pour faire fuir le cauchemar. Mais pourquoi lui avoir raconté ça ? Il ne comprenait pas, non. Duo aurait pu lui raconter n'importe quoi d'autre, comme il le faisait à longueur de journée, alors pourquoi, cette fois-ci, lui avait-il confié son passé ? Et quel passé ! Heero n'aurait jamais pensé que Duo, ce baka, ce bouffon de Duo, avait pu avoir une telle enfance. Dans la mesure où l'on pouvait appeler cela ainsi, ce qui n'était certainement pas le cas. Ce qui le surprenait encore plus était la façon qu'il avait eu de la lui raconter. Il n'avait jamais perdu le sourire, pas un seul moment, sa voix n'avait perdu son entrain habituel. Comment faisait-il cela ?
Heero fit le point sur la situation. Il voyait Duo différemment, se découvrait un respect nouveau pour lui. Il avait déjà appris à en avoir pour le combattant, mais il avait toujours considéré Shinigami comme une sorte d'entité à part, qui prenait le relais lorsqu'il le fallait. Ce n'était pas vraiment Duo. Mais maintenant... La personnalité de l'Américain était bien plus complexe qu'il ne l'avait cru. En fait, il l'avait tout simplement mal jugé, ou trop vite. D'ordinaire, sa première opinion tombait juste. Il n'avait jusqu'ici jamais eu à en changer ; même pour les trois autres pilotes, il les avait cernés immédiatement. Sauf peut-être Quatre, qui s'était rélévé moins faible qu'il ne le paraissait, mais il avait toujours senti chez lui une force sous-jacente. C'était un pilote de Gundam, après tout. Pourquoi avait-il si mal évalué Duo ? Pourquoi avait-il le sentiment qu'il était encore loin de pouvoir le cerner pleinement, même après ses confidences de cette nuit ? Cette impression que malgré tout, Duo n'avait pas tout dit... Et de nouveau, il se demanda pourquoi Duo avait choisi de se confier à lui.
Non, il ne comprenait pas...
Il réprima un soupir de lassitude. Il allait devoir l'observer encore plus. Il observait tout le monde, en permanence, et peut-être d'avantage Duo, baka hyper actif qu'il était. C'était presque devenu un mécanisme d'autodéfence, être prêt à affronter tout ce que l'Américain pouvait sortir de son esprit tordu, mais ça ne suffisait pas. S'il voulait pouvoir le comprendre et il le voulait il allait devoir aller chercher plus loin. Trouver ce qui se cachait derrière le sourire et les moqueries. Ce que le passé de Duo n'avait pas même révélé...

*******

S'il avait fermé les yeux, il aurait pu retrouver la cuisine au bruit. Il se demanda si Duo prenait parfois le temps de respirer. L'odeur vint alors, et une ébauche de sourire naquit sur ses lèvres. Wu Fei s'était occupé du petit déjeuner. C'était une pensée réconfortante. Il appréciait la cuisine du jeune Chinois. Son micro sourire disparut rapidement. Il avait senti la présence de Trowa, en plus de celle de Wu Fei. Il se redressa et gonfla la poitrine ; il n'allait pas être facile d'affronter leurs regards...

- Regarde Hee-chan ! Wu Fei m'a appris à tenir des baguettes ! Qu'est-ce que t'en dis, j'me débrouille pas mal, hein !
Heero jeta un bref coup d'oeil à Duo.
- Hn.
Il s'assit à sa place habituelle, faisant mine de ne pas esquiver le regard que Trowa, impassible, lui lança.
- Dois-je prendre ça pour un "wah ! bravo Duo, tu es vraiment très doué, tu as maîtrisé cette technique en quelques minutes seulement !" ?
Heero leva le nez de son bol et fixa Duo, totalement inexpressif. L'Américain affichait un sourire qui menaçait de lui déricher le visage en deux. Ses yeux descendirent vers ses mains. Il posa ses baguettes et sans dire un mot, il entreprit de corriger la position des doigts de Duo.
- Hn !
Peut-être qu'ainsi, l'Américain se tairait quelques secondes et lui laisserait savourer son riz...
Duo mit en effet plusieurs secondes pour se remettre du geste qu'Heero avait eu à son égard. S'il s'était attendu à ça ! Il en bafouilla.
- Euh, bin, merci mon vieux...
Quatre choisit cet instant pour entrer.
- Bonjour tout le monde !
- Heyyy ! Kitty Quat' !
Quatre lui fit un grand sourire.
- Bonjour, Heero. Comment ça va ce matin ?
- ... Bien.
- Tant mieux ! Je suis content !
En fait, Heero le trouvait un peu trop gai. Et les autres un peu trop compréhensifs. Ils n'avaient encore fait aucune allusion à ce qui s'était passé la veille. Il était pourtant persuadé qu'il avait dû tous les réveiller. Son instinct lui cria de se méfier, et il resta sur ses gardes, attendant que l'un d'eux se décident à mettre le sujet sur le tapis.
Quatre débuta les hostilités de manière plutôt inattendue.
- J'ai un changement de stratégie à vous soumettre, fit-il, toujours souriant.
Quatre regards interrogatifs et quelques sourcils relevés lui répondirent.
- Tu nous as pondu ça quand, au juste, my poussy cat ?
- Sous la douche..., répondit le jeune Arabe en sirotant son thé.
- Effarant... Go ahead, on t'écoute...

*******

- Donc, si je comprends bien, c'est une stratégie à quatre... Euh, et Heero ?
Ce dernier s'efforça de rester inexpressif.
- Heero sera notre élément perturbateur, répondit le plus tranquillement du monde le petit blond. Aussi bien pensée une stratégie soit-elle, s'il y a un stratège en face, on prend le risque qu'il nous perce à jour. C'est pour ça qu'il nous faut quelqu'un dont les actions feront en quelque sorte diversion. Paraître dans le plan élaboré mais s'en tenir en dehors, en réalité. OZ commence à nous connaître et s'attend à ce que nous attaquions à cinq. Après le vol de la puce, et sans nouvelle de leur espion, ils savent que nous savons et ils doivent s'attendre à nous voir débarquer. Ils ont conscience que leur force de frappe est supérieure à la notre, mais tu nous as dit que la taupe n'avait pas pu leur révéler en quoi constitaient les améliorations de nos Gundam.
Duo hocha la tête.
- Foi de Shinigami, je certifie qu'il n'a pas menti. Ils savent que nos Gundams ont été modifiés...
- Ils doivent s'y préparer mais, et c'est là que le fait d'affronter des Mobils Dolls et pas des humains joue pour nous, ils ignorent à quoi s'attendre exactement. Ils ne peuvent donc pas anticiper de manière efficace. Il ne sert à rien de dire à une machine de rester sur ses gardes. Ce qu'il est important de se rappeler, c'est qu'il reste malgré tout toujours un humain derrière un ordinateur. Aussi rapides que soit les MD, ce sont des programmes informatiques. Le programme nous connait et sait comment nous réagissons. Il réagit donc lui-même en conséquence. Je pense que nous aurons quelques pilotes en armures mobiles, mais pas en nombre suffisant. Heero devra en partie de charger d'eux, mais plus important, il faut agir de manière inhabituelle. Les MD ont en mémoire nos techniques, notre manière de nous battre. Il faut changer ça. C'est pour ça qu'il nous faut un élément dont le comportement erratique perturbera leur mécanique bien huilée. D'ordinaire, c'est toi Duo, qui tiens un peu ce rôle...
- Erratique, moi ?
- Et irrationnel.
- Vas-y, Trotro, je t'en prie, rajoutes-en. Je ne suis ni erratique, ni irrationnel ! Je suis inventif, c'est tout !
- Cette fois, il faudra t'en tenir au plan, Duo...
- Hey, je peux faire ça ! C'est nettement moins drôle, mais je peux faire ça !
Quatre acquiesça, satisfait de cette bonne résolution.
- Hee-chan en trouble fête... Mort de rire !
- Heero et toi échangerez en quelques sorte vos rôles...
- Je vois... Un peu comme quand le Zero System nous faisait péter les plombs... Si tout va bien, notre stratégie est établie, et s'il y a... le moindre problème, la stratégie en tient compte... C'est subtil...
Quatre eut un léger sourire.
- Tout le monde est d'accord avec ça ?
Hochements de tête général.
- Alors définissons les rôles de chacun...

*******

Ils discutèrent jusqu'au milieu de l'après-midi, peaufinant jusque dans les moindres détails leur plan.
Plus tard, Heero retourna dans sa chambre et se mit à pianoter sur son ordinateur. Un mail de J était arrivé, leur indiquant les coordonnées où leurs Gundams les attendraient. Il étudiait l'itinéraire à suivre lorsque la porte de sa chambre fut ouvert par coup de pied. Aussitôt, il fit volte-face, la main sur son pistolet, et vit, incrédule, entrer Trowa et Duo, portant un lit. Duo exagérait ses mimiques en gonflant ses joues, alors que Trowa ne semblait pas peiner à soulever autant de poids.
Heero les observa en silence, les sourcils froncés et attendant des explications. Voyant Wu Fei entrer à son tour en portant un matelas, il se décida à se lever de sa chaise et se planta au milieu de la pièce.
- Que faites-vous ?
- J'emménage ! Ou je déménage, comme tu préfères...
- Nani ??
- C'est bon, Tro, tu peux poser ! Merci du coup de main, c'était un peu lourd pour moi.
- Hum, hocha Trowa.
- Je peux poser le matelas ?
- Ouais, attends...
Duo aida Wu Fei à installer le matelas sur le lit, sous les yeux écarquillés d'Heero.
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Bin, je te l'ai dit, j'emménage ! Tu m'aides à mettre les draps ?
- Non ! ... Tu ne t'installes pas !
- Ooooh que si !
- Damé !!
- Quatre a besoin de dormir, signala Trowa d'un voix atone, mais que Heero prit comme un reproche.
Le Français le fixa dans les yeux de son air impassible, avant de tourner les talons et sortir. Pour lui, la discussion était close. Wu Fei jeta un coup d'oeil à la ronde puis laissa l'Américain et le Japonais s'expliquer entre eux.
- ...
- Allons, sois pas buté, c'est plus simple comme ça !
- Comment ça, plus simple ?
Duo haussa les épaules.
- Ecoute, on a une mission demain, et tu as besoin de te reposer.
Heero ne retint pas le ricanement méprisant qui lui vint.
- Tu crois peut-être qu'ils ne viendront pas parce que tu seras là ?
- ... Je pourrai toujours te réveiller avant que tu ne te mettes à beugler et réveiller tout le monde, d'une ! De deux, je les empêcherai peut-être pas de venir, mais je les fais partir ; c'est toi même qui l'a dit.
Les joues d'Heero se teintèrent imperceptiblement de rouge.
- Ah ! J'ai l'argument infaillible ! Pour autant que je le sache, je ne parle pas en dormant !
Un sourire malicieux étira ses lèvres.
- Alors ?
Rester calme, ne pas s'énerver, garder le contrôle...
- Fais comme tu veux ! bouillonna le Japonais.
- YATTA !! Je vais chercher mon oreiller ! s'exclama en retour le jeune homme à la natte. Il sortit en trombe de la chambre pour y rentrer aussitôt, laissant ainsi le couloir à Trowa et Wu Fei qui transportaient un autre lit. Quatre passa la tête à l'extérieur de sa chambre et les regarda, intrigué.
- Que faites-vous ?
- ...
- Trowa emménage chez toi.
- Ah ? s'étonna l'Arabe en ouvrant plus largement la porte et en s'effaçant pour les laisser passer. Si tu veux, ajouta-t-il, pas contrariant.

- Et voilà !! fit Duo d'un ton beaucoup trop enthousiaste au goût d'Heero.
Duo scruta sous tous les angles son lit, d'un air satisfait. Pour une fois qu'il était fait... Heero avait repris l'étude de ses cartes, s'efforçant de faire abstraction de son élément perturbateur personnel.
Duo se mit à fredonner, tout en achevant de ranger ses affaires. Quelques paroles en anglais lui échappaient parfois, mais il marmonait trop pour qu'Heero puisse les comprendre. Duo finit par se pouffer sur son lit, poussant un véritable soupir de bonheur. Heero aurait pu s'attendre à l'entendre ronronner. L'Américain continua de fredonner distraitement pendant un moment, laissant ses pensées dériver vers un lieu connu de lui seul. Celles d'Heero, bercées par la voix, ne tardèrent pas à en faire autant...

- Duo... ?
- Vi ? fit-il, interrompant son pseudo chant.
- A ton avis... pourquoi reviennent-ils ?
Duo se redressa sur le coude et regarda, surpris, son ami. Son silence fit se tourner vers lui Heero.
- Tu me demandes, à moi, mon avis ?
Heero plissa légèrement les yeux et se détourna, rageur.
- Laisse tomber !
- Nooon ! C'est juste que... tu me prends au dépourvu là ! Je ne pensais pas que mon avis, quelque soit le sujet, pouvait t'intéresser...
Il s'assit sur le rebord du lit.
- Je ne sais pas pourquoi, Heero. Sincèrement, j'en sais rien. Je sais pas trop de quoi il s'agit, en fait. Tu ne nous a pas tellement raconté, finalement...
Le silence commença à s'installer.
- Qu'est-ce qu'ils te disent ? Tu veux bien me le dire ?
- ... Ils...
- ... Hum ? l'encouragea-t-il.
- ... Ils veulent se venger... je crois...
Duo grimaça. Heero frotta sa blessure à l'épaule ; la douleur se réveillait.
- ... Me tuer... Lentement...
- Heero... Qu'est-ce que tu as à l'épaule ?
- 'Suis pris une balle...
- Quand ?
- Hier soir.
Silence...
- Heero, fit calmement Duo en se rapprochant de lui, tu réalises ce que tu viens de me dire, là ? Il n'y a eu aucun coup de feu, hier soir. Tu n'as pas pu te prendre de balle...
Heero se tourna alors vers lui, les pupilles légèrement dilatées. Sa main était toujours sur son épaule, et Duo la lui ôta avec douceur.
- Tu vois une trace d'impact ?
- ... Non, admit-il après vérification.
- Mais tu le sens ?
- ... Ça dépend... des fois...
Duo se retint de jurer. Il avait peut-être mestimé la gravité du problème, après tout.
- C'est si réel que ça, pour toi ? souffla-t-il.
- ...
Duo soupira et passa sa main dans les cheveux d'Heero.
- Tu sais ce que je me suis dis, hier ? fit-il en déposant sa main sur son épaule.
Heero fut un instant tenté de se dégager.
- Je me suis dis qu'on se ressemblait drôlement, toi et moi... Mais en fait, ce serait plutôt le contraire...
Heero lui jeta un regard interrogatif.
- Au premier abord, on est diamétralement opposé. Si on y regarde d'un peu plus près, qu'on retire certains détails pour aller à l'essentiel, on peut croire qu'on se ressemble. Mais si on va encore plus loin, on se rend compte que la première idée était la bonne, seulement, on se trompait sur les raisons...
- ..., demanda Heero.
- Toi, tu es trop pur.
Les yeux du Japonais s'agrandirent. Comment faisait-il pour toujours sortir la phrase qu'il s'attendait le moins à l'entendre prononcer ? Pur, lui ?
- Je suis sérieux, Heero. Je ne sais pas quelle idée tu te fais de la pureté, mais moi, je sais. C'est toi.
- C'est ridicule. Je suis un assassin.
- C'est toi ou tes fantômes qui parlent, là ?
- ...
- Tu as beau dire que tu es prêt à assumer la responsabilité de tes actes, moi je crois que si toi, tu l'es, ton âme ne l'est pas, elle.
- L'âme, ça n'existe pas.
- Hey ! C'est pas parce que tu n'y crois pas que ça n'existe pas ! Tu crois aux fantômes et pas à l'âme ? Tu trouves pas ça un peu paradoxal ?
- Eux, je les vois.
- Pas moi. Je dois en conclure quoi, selon toi ? Moi, je la vois ton âme. Et elle est trop blanche pour tout ce sang. Je crois que c'est ton âme qui crie, pas ton esprit...
- C'est ridicule !
- Pourquoi ça ?
- Parce que... parce que...
- Moi, je crois que c'est ça. Ton esprit et ton âme sont en lutte. Il faut que tu la rassures, que tu lui expliques pourquoi tu te bats.
- Pour les colonies.
- Non non, tu n'as pas compris. Pas pour qui, mais pourquoi ?
- ...
- Pour quelle raison tu as choisi de te sacrifier, Heero ? Quelle est ta raison, pour te battre ? Pourquoi tu es prêt à te détruire ? Qu'est-ce que tu veux, toi ?
- ... Et toi ?
- Moi ? C'est plutôt personnel. C'est pas que je veuille pas te le dire, c'est que je suis pas sûr que tu comprendrais vraiment ce que je veux dire...
- ...
- Tu as forcément une raison, une vraie raison, Heero. Tu n'en as peut-être pas conscience, mais elle est forcément là, quelque part...
- ... Pourquoi... tu fais tout ça ?
- Comment ça ? Tout quoi ?
- Hier soir, pourquoi tu... Pourquoi tu m'as dit tout ça ?
- Je sais pas trop, j'en ai eu envie, c'est tout. Je suis pas comme toi, à toujours me poser trois milles questions avant de faire quelque chose.
Il lui sourit.
- Tu te prends trop la tête sur tout un tas de trucs qui n'en valent pas la peine. Tu te souviens de la dernière fois où tu as ri ? Okay, c'est peut-être un peu exagéré, disons alors la dernière fois où tu as souri. Un vrai sourire, je veux dire.
- Les émotions sont interdites.
- Sans rire ? C'est encore tes trucs de Soldat Parfait, ça. Une belle connerie, si tu veux mon avis. Tu crois que tu serais moins bon, avec des émotions ?
- Les émotions sont une faiblesse, une prise que tu offres à ton adversaire.
- Je serais crevé depuis longtemps, à ta place. C'est un truc qui m'a toujours laissé perplexe, chez toi. Comment peux-tu te battre comme tu le fais sans te considérer comme un être humain ?
- Je suis un être humain.
- Tu n'en présentes aucun symptôme, Heero. Sans vouloir te vexer. Regarde-moi, j'arrête pas de ressentir tout plein de choses, et je m'en sors pas trop mal jusqu'ici, non ?
- Tu tomberas un jour.
- Ouaip, comme nous tous, mais en attendant, j'aurais vécu. Pourras-tu en dire autant ?
- On est différent.
- Je sais. Toi, tu es trop pur. C'est là qu'est tout le problème.
A nouveau, le silence s'installa entre eux.
- Tu sais, ça peut paraître cruel de le dire comme ça, mais dans les guerres, c'est toujours les innocents qui trinquent. Toujours. Regarde-nous, à la base ; tu crois pas qu'on mériterait une meilleure vie que ça ?
- On l'a choisie.
- J'aurais voulu pouvoir choisir de faire autre chose de ma vie, Heero.
- Pourquoi es-tu devenu un pilote de Gundam alors ?
Duo haussa les épaules avec indifférence.
- Il faut bien que quelqu'un se salisse les mains, et qui d'autre, sinon Shinigami ? C'est quelque chose que je pouvais faire. Ce qui ne veut pas dire que je ne pense pas à l'avenir. Ça t'arrive, de penser à 'après', Heero ?
- ...
- Non, hein. Je crois que je commence à cerner ton problème. Tu n'as jamais pensé survivre à cette guerre.
- ...
- Pourquoi ? Tu n'estimes pas avoir le droit de vivre ? Y'a rien que tu aies envie de faire, après ? La guerre n'est pas une fin en soit. Bordel, y'a la paix après, quand même !
- Jusqu'à la prochaine guerre.
- Okaaaaay ! C'est un plaisir d'imaginer l'avenir, avec toi !
- ...
- C'est dans des moments comme ça que je rêve que Shinigami croise J dans un couloir, fit-il les dents serrées.
Heero fronça les sourcils.
- Rien, laisse tomber... Duo s'assit sur le rebord du bureau. Y'a vraiment rien qui te fasse envie ? Un truc qui te donnerait envie d'avancer ?
- Ce genre de pensée est interdit. Ça pourrait me distraire de ma mission.
Duo se massa les tempes, soudainement épuisé.
- Je vois..., dit-il après un temps. C'en est presque désespérant. ... Tu était comme ça, avant de rencontrer J ?
- ... J'ai toujours fait ce que me dictait mon coeur.
Duo hocha la tête d'un air entendu.
- Tro m'a parlé de ça ; c'est ta ligne de conduite, c'est ça ? Oui, ajouta-t-il en souriant, pour répondre au regard que lui lança Heero, ça lui arrive de parler. C'est rare, mais ça lui arrive... Ça semble pas idiot, comme précepte.
- ...
- Non ?
- Beaucoup... de gens en meurent...
- ... Donc, ça ne te paraît plus la chose à faire... ?
- Je... ne sais plus. Je... comment prétendre oeuvrer pour la paix si...
- Des innocents en meurent ? Je viens de te le dire, Heero. On ne fait pas d'omelette sans casser d'oeufs.
- De quel droit ?
- Voilà. C'est très exactement ce que je voulais te dire. Tu as beau essayer de te forcer, tu n'es pas prêt à assumer. Tu veux, mais quelque chose en toi fait que tu ne supportes plus. Je vais t'avouer un truc, moi aussi, je commence à être fatigué. Je me battrai encore, autant qu'il le faudra, mais il ne se passe pas un soir sans que je prie pour voir cette guerre se finir. Avec notre victoire, bien sûr ! ajouta-t-il avec un petit sourire en coin.
- Je continuerai à me battre !
- Je n'ai jamais voulu insinuer le contraire, ni même que tu n'étais plus capable de le faire. Mais peut-être que... Je crois qu'il faut vraiment que tu trouves la réponse à cette question, Hee-kun. Pour quelle raison tu te bats ?
-...
- Tu sais, ça fait plusieurs mois qu'on se connait maintenant, je t'ai souvent vu combattre et il y a un truc que j'ai remarqué. Ta façon d'être, sur le champ de bataille, ça va au-delà du sacrifice de soi. On dirait que tu te considères comme déjà mort, que tu ne fais qu'attendre que la Mort vienne te chercher...
"A ne pas aimer la vie, tu n'attireras que la mort..."
- ... et j'ai pas tellement envie de venir prendre ton âme, pour tout dire. Mourir, c'est facile, tu sais... Rien de plus simple, même. Vivre, par contre...
- Tu penses qu'il est facile de mourir ?
Des mains, ses mains, couvertes de sang...
- Oui, il suffit de se laisser aller, et tout devient simple. Mais vivre, Heero, c'est la chose la plus dure qui soit. Choisir consciemment de continuer à vivre, à se battre. Refuser délibérement de lâcher prise. Vivre, c'est résister. C'est difficile, et c'est tous les jours...
"Il te faut souffrir avant."
- Mais tu n'es pas seul, Hee-kun. Tu...
Trois coups toquèrent à la porte et Wu Fei apparut.
- C'est à toi de préparer le repas, Maxwell.
Holly shit, bordel, Wu Fei, c'est vraiment pas le moment !
- Et pas d'intoxication alimentaire, on a une mission demain.
- Je sais ! s'exclama-t-il en se redressant.
Wu Fei eut un léger mouvement de recul. Pourquoi Duo semblait-il si énervé ? Alors quoi, il était le seul à avoir le droit de faire des commentaires ?
- C'est bon, j'arrive, fit-il en le chassant d'un geste de la main. Wu Fei quitta la pièce en grommelant, mais lorsque Duo se retourna vers Heero, il vit à l'expression de celui-ci que le moment était passé. Il enragea, maudissant Wu Fei dans le même mouvement.
Pour une fois qu'on avait une discussion sérieuse, tous les deux ! Alors qu'on allait peut-être arriver à quelque chose !
Mais Heero n'avait plus l'air d'être prêt à l'écouter.
- ... Tu veux manger quelque chose de spécial ?
- Hn.
- Je vois... Tant que c'est comestible, ça ira, c'est ça ?
- ...
- On va essayer...
Heero ne lui jeta pas un regard lorsqu'il sortit de la chambre. Ce ne fut qu'après son départ qu'il se retourna pour fixer la porte...

*******

- <MD à 8 heures, 05.>
- <Bien reçu, 04. Je m'en occupe.>
- <03, ils ouvrent le secteur Nord.>
- <Je suis en position.>
- <Bien. 02 ?>
- <Ça roule, ma poule !>

Ils s'étaient couchés tôt, afin de rattraper leur manque de sommeil. Heero n'avait pas fait de cauchemar, au grand soulagement de tous. Avant l'aube, ils s'étaient rendus au point de rendez-vous, afin de réceptionner leurs Gundams. L'attaque fut lancée avec les lueurs de l'aurore. Il ne servait à rien de vouloir prendre des machines par surprise, sauf lorsque celles-ci devaient être activées par des humains.
Le plan se déroulait sans accroc, ils savaient tous parfaitement ce qu'ils avaient à faire. Ils avaient attaqué selon une stratégie à cinq tant que les MD demeuraient dans leurs hangars, mais dès que les premières vagues ennemies arrivèrent, ils se scindèrent et appliquèrent la tactique établie la veille. Ils avaient réussi à détruire un secteur de l'usine avant que les forces d'OZ ne réagissent. Les choses allaient commencer à se corser.
Heero s'efforçait de ne prêter qu'une attention relative aux actions de ses coéquipiers. Il ne devait pas participer à leurs attaques combinées et profitait de ce que les MD fussent principalement envoyés contre ses alliés pour causer le plus de dommage possible. Ils devaient détruire l'usine au plus vite, avant que la totalité des MD ne soit rendue opérationnelle. Même sans la puce, les MD restaient des adversaires plus que redoutables, surtout en aussi grand nombre. Il sourit néanmoins en remarquant que les quelques humains pilotant des mobils suits semblaient être désemparés ; ils ne parvenaient pas à combiner leurs attaques avec celles du programme informatique des MD. Les G-boys n'allaient certainement pas rater une telle aubaine.
Il n'était néanmoins pas évident de modifier son style de combat. Quatre avait lourdement insisté là-dessus ; pourtant Heero avait l'impression qu'il aurait été bien plus efficace s'il avait pu se battre à sa manière. Il détruisit encore trois MD, s'écartant rapidement. Si le programme des MD les rendaient indifférents à la fumée s'élevant lors de chaque déflagration, ce n'était pas son cas. Avec une visibilité réduite, il devait se montrer plus prudent, d'autant qu'il n'avait personne pour le soutenir en cas de besoin. Deux autres MD explosèrent. L'écran de fumée se dispersa , laissant apparaître une petite silhouette, désormais familière. Heero serra les dents. Elle tenait son petit chien dans ses bras, et semblait effrayée par les combats. Elle se tourna alors vers lui, le regard apeuré et suppliant ; malgré la distance, il fut persuadé qu'elle l'appela.
- Tes airs innocents ne prennent plus ! Où est-il ?

- <01 ? Ne reste pas immobile, 01. Des MD se dirigent vers toi.>
Pas plus de réponse que de réaction. Duo fit une nouvelle tentative, l'estomac noué par l'appréhension.

- Où est-il ?? Je sais qu'il n'est jamais très loin de toi !
Sans réfléchir, il pointa son Buster Rifle sur elle, et vit ses yeux s'agrandirent de terreur. Elle avait compris.
- Réponds ! siffla-t-il.
Elle disparue brusquement, mais il sentait toujours sa présence. Il la chercha du regard. Elle ne lui échapperait pas.
- Je ne vous laisserai plus jouer avec moi.
- <01 ? Qu'est-ce que tu fous, bordel ?>
- Montre-toi...
- <01, tu vas répondre, oui ?? Des MD te foncent dessus !>
- Trouvée ! Omae o korosu.
Et il le ferait.


- <02 à 04, 01 a un problème.>
- <J'ai senti ! Sa tension monte, il perd le contrôle !>
- <Désolé, 04, j'y vais.>
- <Couvre le, 05 !>
- <Roger.>
Wu Fei utilisa son jet de flamme pour détruire deux MD qui s'étaient approchés trop près de Wing.
C'est bien le moment, Yuy !

Mais qu'est-ce qui fout ? se demanda l'Américain en voyant Wing viser le sol avec son Buster Rifle. Y va quand même pas tirer, si ? Bon sang, à cette distance... ça revient à une autodestruction !
- <HEEEROO !!!>
Duo poussa ses propulseurs à fond et se prépara au choc. Il percuta Wing de plein fouet, juste au moment où l'énergie se rassemblait autour du Buster Rifle. Le tir dévia, rasant le sol pour aller toucher un bâtiment déjà à moitié effondré. Le souffle de l'explosion força les pilotes 03 et 04 à esquiver, les séparant alors qu'il était capital qu'ils restassent groupés.
- <02, ici 05, tout va bien ?>
- <Aïe. Oui, moi ça va.>
A peu près...
- <On ne peut plus le laisse sur le champ de bataille. Couvre-moi !>
- <05 ? Qu'est-ce que tu... MAIS T'ES COMPLETEMENT MALADE OU QUOI ??> s'écria-t-il en voyant son ami sortir de son cockpit.
Je suis entouré de suicidaires ou quoi ?

Elle était toujours là, quelque part. Et l'autre, où était-il ? Il parcourut frénétiquement la zone de combat du regard.
- <Bien bien bien. On dirait que la surprise partie a commencé sans moi...>, souffla une voix bien trop connue à son oreille.
Heero se retourna d'un seul mouvement vers lui. S'il s'était agit d'un être encore vivant, il l'aurait tué par ce simple regard.
- Je ne te laisserai plus jouer avec moi !
Il rit doucement.
- <Il ne s'agit pas de toi, aujourd'hui... Tu te souviens, je t'avais parlé d'une surprise ? Pas de fête sans cadeau...>, fit-il en lui désignant quelque chose du doigt. A contre coeur, Heero regarda dans la direction désignée.

- Pourquoi c'est toujours moi qui doit me taper le plus gros du boulot ? s'exclama avec humeur Duo, détruisant un MD de plus. Marre !
Mouvement ample de la faux. Wu Fei sauta du bras tendu de Nataku pour s'accrocher à Wing, et commença à l'escalader.
- Complètement malade, pire que moi ! Ah, y va m'entendre, tout à l'heure !
Plusieurs rayons l'atteignirent, les ondes de choc se répercutant douloureusement dans les moindres recoins de son Gundam et de son être.
Ils sont trop nombreux..., pensa-t-il avec une pointe de désespoir.

- Non..., souffla-t-il, incrédule.
Wu Fei évoluait vers lui, sautant et courant souplement le long de Wing.
- <C'est beau, l'amitié, hé ? Mais comme toute chose, ça a une fin...>
Du sang, leur sang sur ses mains...
Une secousse parcourut son Gundam, et il vit avec horreur Wu Fei manquer de perdre l'équilibre. Son soulagement fut intense lorsqu'il le vit se rétablir. Le Chinois poursuivit son ascension, après avoir jeté un coup d'oeil vers lui, puis par dessus son épaule.
Un Gundam noir se dressait devant eux, les protégeant des MD. Mais ils étaient trop nombreux, il commençait déjà à être débordé.

- <Ici 02 ! On aurait besoin d'un coup de main ici !>
- <Débrouille-toi ! 04 ! On doit se regrouper !>
- <Je sais !>
- <Attention à ta gauche !>, s'écria Trowa.
Sandrock se fit ensevelir sous les forces ennemies et disparut.
- <QUAAATRE !!!>

- Je ne te laisserai pas leur faire de mal..., gronda-t-il.
- <Trooop taaaaard !>

Nouvelle secousse, bien plus violente cette fois. Trop. Wu Fei agita les bras, tentant désespérement de retrouver l'équilibre perdu. En vain. Il tomba en arrière, tendant les mains pour se raccrocher à quelque chose, n'importe quoi. Sans succès. Il amorça une chute de près de 10 mètres de haut.
- WU FEIII !!
Heero tendit frénétiquement la main de Wing pour le rattraper avant qu'il ne touchât le sol. Le Chinois percuta la main de métal et rebondit comme une poupée désarticulée avant de retomber pour ne plus bouger.
- Wu Fei !!
Heero se précipita sur l'ouverture de son cockpit.
- <Ne sors pas, 01 !> le rappela à l'ordre une voix. Celle de Shinigami.

Si jamais il est mort...
- Vous allez tous payer ! s'écria-t-il, peu soucieux de s'adresser à des machines. Il redressa Deathscythe et reprit le combat avec une rage nouvelle. Et bien plus meurtrière.
Personne ne pouvait toucher à ses coéquipiers.

Duo fit un carnage de métal. Deathscythe était véritablement mal en point, mais son pilote semblait lui communiquer sa fureur. Même voir son bras gauche gravement endommagé ne put l'arrêter. La douleur que ressentait Duo était en grande partie couverte par la brusque poussée d'adrénaline qui l'avait saisi en entendant le cri de Trowa et en voyant Wu Fei tomber.
Wing serrait délicatement Wu Fei dans son poing, lui offrant la meilleure protection possible. De son autre bras, il pourfendait de son sabre thermique quiconque osait les approcher. Jamais ils n'avaient été aussi complémentaires. Les mots n'étaient plus utiles, la rage guidait leurs gestes. Si le jeune homme était encore là, Heero n'en avait même plus conscience. Ils devaient en finir, vite. Il avait vu la tâche de sang s'élargir autour de la tête de Wu Fei...
Trowa se jeta dans la mêlée, laissant de côté les munitions qui lui restaient encore pour se battre au sabre. Il sortirait Quatre de là.
Sandrock en fut réduit à se battre à main nue. Quatre frappait tout ce qui se trouvait à sa portée, s'efforçant de contrôler la panique montante. Il sentait Trowa tout proche, et cette présence lui redonna courage. Ils s'en sortiraient, tous. S'ils parvenaient à se défaire des MD qui les assaillaient, alors ils auraient gagné... Sa jambe le faisait souffrir mais peu lui importait. Il ne laisserait pas la lueur de Wu Fei s'éteindre.

Un ultime coup de faux eut raison de leur dernier MD. Plus loin, Heavy Arms et Sandrock était toujours submergés. La douleur à son épaule devenait insupportable. La sueur lui coulait le long du visage et sa vue commençait à se troubler. Il se donna une claque mentale et appuya sur le bouton qui le mettait en communication avec les autres.
- <01 ! Wing est en état de vol ?>
- <Haï ! Mais, 05...>
- <Passe le moi !>
Heero hésita un quart de seconde avant de s'exécuter. Il déposa avec une infinie douceur le petit corps fragile dans la paume offerte de Deathscythe et se saisit de la faux que Duo lui fourra entre les mains.
- <Fais le ménage>, lui dit-il d'un ton lugubre.
Heero ne prit pas le temps de lui répondre et poussa ses réacteurs à fond. Passer en Bird Mode lui ferait perdre trop de temps pour une si faible distance. Un temps qui était bien trop précieux pour être gaspillé.
Il se jeta dans la mêlée avec la rage du dernier espoir, fauchant tout ce qui n'était pas ses amis. Il commençait à comprendre la joie quasi jouissive que Duo éprouvait à manier sa faux ; celle-ci était plus qu'efficace. Quatre avait voulu du changement... Il serait l'ombre de la Mort. Pour eux.
Trowa parvint à extirper Sandrock de l'amas de métal, jetant à peine un coup d'oeil au carnage que faisait Wing. En le voyant couper en deux le dernier MD, il lui sembla qu'Heero avait manié une faux toute sa vie, tant le mouvement fut fluide et parfaitement contrôlé. Mais ils n'avaient pas de temps à perdre en félicitations. Ils avaient réussi leur mission, détruisant entièrement l'usine et son contenu. Ils s'en étaient sortis, une fois de plus. Mais ignoraient encore à quel prix...

Deathscythe les rejoint et Duo leur annonca qu'il était parvenu à contacter Sally. Elle les attendait non loin de la base rebelle dans laquelle elle avait trouvé refuge. Duo avait installé tant bien que mal Wu Fei dans son cockpit, afin de pratiquer un examen sommaire. Le jeune Chinois était rudement touché à la tête et nécessitait des soins rapides. Seul Wing avait la réelle capacité de voler, aussi leur choix fut-il vite fait.
Heero sortit de son Gundam pour récupérer Wu Fei. Il remarqua la pâleur du teint de Duo, ainsi qu'une large tâche sombre et suintante au niveau de son épaule gauche. Par la radio toujours ouverte, il entendit Quatre déclarer une fracture au niveau de sa jambe droite, mais certifia à Trowa que les soins pouvaient attendre, seul Wu Fei comptait pour l'heure. Heero se mordit les lèvres. Tout était de sa faute...
Non, Wu Fei ne mourait pas...

*******

Duo passa une main lasse sur son visage. Les dernières heures avaient été plus qu'éprouvantes. Deathscythe et Sandrock étaient dans un piteux état, à l'image de leur pilote respectif, même si somme toute, ils s'en tiraient à bon compte pour cette fois. Trowa avait été chargé de mettre Shenlong en lieu sûr, avant de les rejoindre à la base rebelle, alors que Quatre et Duo le précédaient.
Les quelques plaies de Trowa avaient été désinfectées. Il était celui, avec Heero, qui était le moins touché. L'épaule bandée de Duo restait douloureuse mais il avait refusé les médicaments qui lui endormiraient le cerveau en même temps que la douleur. Quatre avait la jambe plâtrée et resterait en fauteuil roulant pendant quelques temps. Quant à Wu Fei... Sally avait pris les choses en main dès son arrivée, mais le jeune Chinois n'avait toujours pas repris connaissance. Elle avait pratiqué tous les examens mis à sa disposition et la vie du pilote n'était pas en danger, mais seul son réveil leur permettrait d'affirmer que tout irait bien. S'il se réveillait. Sally voulait rester confiante, malgré tout, et après s'être occupée des autres, elle était retournée à son chevet. Il ne restait plus qu'à attendre. Les heures passèrent dans un silence pesant et rempli d'appréhension, un silence que même Duo n'essaya pas de rompre.
Il porta malgré lui sa main valide à l'épaule qui l'élançait, mais Trowa stoppa son geste.
- N'y touche pas.
Duo s'efforça de lui sourire.
- Mais j'ai bobo !
- Trowa a raison, ça guérira plus vite si tu la laisses tranquille...
Le sourire de Duo devient un peu plus malicieux.
- Alors cesse de frotter ta jambe...
- Mais ça me gratte ! répondit Quatre sur le même ton que Duo un peu plus tôt. Ils rirent doucement, relâchant ainsi un peu la tension, et même Trowa s'autorisa un léger sourire.
- Au fait, demanda alors l'Américain, où est passé Heero ?
Les trois se regardèrent, réalisant alors seulement son absence.
- Informer les professeurs, j'imagine, répondit Trowa.
- Dans quel état est-il ?
- Peu blessé.
Duo hocha la tête, soulagé. Sally sortit alors de la chambre, arborant ce que Quatre appelait un "sourire à la Duo".
- Il vient de se réveiller. Il ne devrait pas avoir de séquelles, mais des examens complémentaires nous le confirmeront. Ne l'épuisez pas, il doit se reposer.
Les garçons la remercièrent et allèrent voir leur rescapé, Trowa poussant le fauteuil de Quatre.

- Alors, comment tu te sens, Wu-man ?
- M'appelle pas comme ça.
- En pleine forme, à ce que je constate, répliqua Duo avec un immence sourire.
- Ça va, Maxwell, je te remercie.
- Tant mieux... JE PEUX SAVOIR CE QUI T'A PRIS, BOUGRE D'ABRUTI ???
- Maxwell, ma tête !
- Parlons-en, de ta tête, t'es pas un peu malade, sortir de ton Gundam comme ça, non ? A quoi tu penses, nom de Dieu ?
- Maxwell, s'il te plait... Tu pourrais remettre le sermon à plus tard ? Et m'apporter une aspirine ?
- Okay, my friend, mais ne crois pas t'en tirer aussi facilement, tu vas en réentendre parler, crois-moi !
- Oh, je ne mets pas ta parole en doute... Mon aspirine ?
- Je reviens...
Duo quitta la pièce d'un pas léger.
- Winner ? s'enquit Wu Fei en se tournant vers son ami blond.
- Je vais bien, Wu Fei, juste une jambe cassée, mais Sally a dit que la fracture était nette et que ça se ressoudrait très bien.
Wu Fei hocha la tête, un brève grimace venant crisper son visage. Mieux vallait ne pas trop bouger la tête pour l'instant. Un sourire rêveur flotta sur les lèvres de Quatre. Wu Fei savait à quoi il pensait. Comment avaient-ils réussi à tous survivre encore une fois ?
- Et Maxwell ?
- J'ai la forme ! répondit le principal concerné, arrivant au bon moment. L'épaule a un peu morflé mais rassure toi, Wuwu, je vais trèèèès bien ! Et une aspirine pour Monsieur, une ! fit Duo en lui tendant un comprimé accompagné d'un grand verre d'eau.
- Merci, dit Wu Fei en prenant le tout, et ne m'appelle pas comme ça. Duo l'aida à se redresser sur son lit, lui permettant d'avaler le médicament sans se noyer dans son verre.
- Où est Yuy ?
Duo eut un geste evasif.
- Connaissant Heero, il ne peut être qu'à deux endroits : scotché à son ordi, ou dans les bras du deuxième amour de sa vie...
Trois regards perplexes le fixèrent.
- Wing, bien sûr, compléta l'Américain.
- Hum...
- Ça fait tout de même plusieurs heures que je ne l'ai pas vu, mentionna Quatre.
- Ça, on peut pas trop dire qu'il..., commença Duo d'un ton mi-moqueur mi-bougon.
Le visage tourmenté d'Heero apparut sous ses yeux.
- ... s'inquiète...
"Mais, 05... ?" avait-il demandé d'un voix anxieuse.
- ... pour nous...
- Duo ? fit Quatre soudainement alarmé par le changement d'expression de son ami.
"Qu'est-ce que tu cherches ?"
"... Le sang...
", lui avait-il répondu avant de regarder ses mains...
- Duo ?
"Pardon Duo pardon..."
"Duo... ? Vi...vant ?"
- Duo ? Qu'est-ce qui se passe ? Tu es tout pâle !
- Oooh... merde... Il... Il faut le retrouver !
- Duo ? Qu'est-ce qu'il t'arrive ?
- J'ai... J'ai peur qu'il ne fasse une bêtise...
- Une bêtise ?
- Qu'est-ce que tu veux dire, Maxwell ?
- Il... C'est... Je sais pas, j'ai un mauvais pressentiment. Ses cauchemars, je crois que nous... je sais pas au juste, mais les deux fois, il m'a demandé si j'étais toujours vivant...
Les trois amis échangèrent un regard inquiet.
- Il faut le retrouver ! Quatre, tu le sens ? Dis-moi !
- Je... Attends...
L'Arabe ferma les yeux et se concentra, focalisant toutes ses pensées sur le Japonais.
- Je... je ne le sens pas. Il rouvrit les yeux. Il doit être trop loin.
- Je vais le chercher ! Trowa ?
- Je viens avec toi.
- Je vous accompagne !
- Quatre, sois sérieux, tu ne peux pas bouger !
- Mon don sera sûrement utile !
- Bon, d'accord, capitula Duo dans un soupir. Tu restes avec Trowa, on se sépare.
- Je viens aussi, fit Wu Fei en rejetant ses couvertures.
- Là, ça devient du délire ; toi, tu restes là ! T'es pas en état !
- Je suis en pleine forme, et tu ne m'empêcheras pas de me lever, Maxwell ! Je ne laisserai un coéquipier !
- Ne sois pas têtu, Wuffy ! Tu viens à peine de reprendre connaissance !
Mais Wu Fei se mit sur ses pieds, légèrement chancelant.
- Pars de ton côté et ne t'occupe pas de moi !
- Hors de question ! Dans ce cas, tu restes avec moi.
- Bien !
- Ne perdons pas plus de temps, ça fait plusieurs heures peut-être, qu'il... est parti, rappela Quatre, inquiet.
Hochement de tête général.
- On reste en contact. Vous avez tous vos montre-émetteurs ?
Nouvel acquiessement.
- Wu Fei ! Qu'est-ce que tu fais debout ? s'exclama Sally, de retour. Duo, c'est encore toi qui...
- Heero a disparu, Sally, il faut le retrouver !
- Comment ? Que se passe-t-il ?
- Il faut le retrouver, c'est tout ! fit le natté en quittant la pièce à la suite de Wu Fei.
- Mais... Attendez ! Qu'est-ce que... ?
Peine perdue, ils étaient déjà loin...

- Où a-t-il pu passer ? demanda Duo à voix haute. Wu Fei et lui s'étaient rendu auprès de Wing, par acquis de conscience, mais nulle trace de leur Soldat Parfait.
- Cherchons ailleurs.
- 'Cherchons ailleurs', tu es drôle toi, il peut être n'importe où ! déprima-t-il.
Wu Fei plissa les yeux.
- Alors tu abondonnes déjà ?
- Abandonner, moi ? Jamais ! s'exclama-t-il en repartant. Tu traînes, Wuffy !
- Ne m'appelle pas comme ça ! grogna-t-il en lui emboîtant le pas.

- Je ne sens toujours rien. Si ça se trouve, on s'éloigne de lui !
- Calme-toi et reste concentré.
- J'aurais dû sentir qu'il allait mal ! Et encore une fois, je n'ai rien vu ! geignit-il, les larmes lui montant aux yeux.
- Arrête, Quatre. Tu n'es en rien responsable de ce qui arrive.
- Duo a raison, répliqua-t-il en portant sa main à son coeur. J'ai un mauvais pressentiment...
- Heero n'est pas si faible que ça, déclara Trowa.
Quatre secoua la tête.
- Tu ne comprends pas... Je ne sais pas où il est, mais j'ai l'impression qu'il s'éloigne, là, fit-il en resserrant son poing sur sa poitrine. Comme si nous étions en train de le perdre... Oh, Heero, où es-tu ?

*******

Heero ne fuyait pas, il marchait simplement, laissant ses pas le porter loin de tout. La destination n'importait plus.
Leur sang sur ses mains...
Il n'avait même pas vraiment l'impression de se déplacer, rien n'avait plus vraiment d'importance...
Wu Fei survivrait-il ?
"Comme toute chose, ça a une fin..."
Ses chances seraient plus grandes s'il n'était pas là.
"Tu es perdu, Nii-san ?"
Bien pire que ça...
"Nous étions innocents ! Et tu nous as tué !"
"C'est toujours les innocents qui trinquent ; regarde nous..."
Je tue ceux que je protège...
Il n'avait que vaguement conscience de traverser ce qui devait être une forêt. Les rebelles privilégiaient les endroits reculés où il leur était aisé de se cacher.
"Tu t'attireras que la mort..."
"Tes si chers amis..."
Par sa faute, Wu Fei... Duo... Quatre... Et Trowa ? Il ne savait même pas dans quel état le silencieux jeune homme était ressorti de la bataille.
"Viens me chercher, Nii-san !"
Oui, la retrouver, c'était ce qu'elle voulait dire...
"Tu pensais t'en tirer aussi facilement ?"
Non.
Il comprenait, enfin. Il lui restait une chose à faire...

*******

- Maxwell, attends !
Duo revint vers son ami. Celui-ci tentait de reprendre son souffle, ses mains appuyées sur ses genoux.
- Tu te sens mal ?
- Non... Mais... je te ralentis... Séparons-nous...
- Wu-chan, non ! Tu es tout pâle, je te raccompagne à la base.
- Hors de... question. Séparons-nous... On sera... plus efficaces.
- Je ne peux pas te laisser.
- Maxwell ! s'écria le Chinois en se redressant. Ses yeux brûlaient d'une flamme noire. Il ne m'arrivera rien. Mais il faut le retrouver au plus vite.
Duo se mordilla la lèvre inférieure, preuve de son conflit intérieur. Il répugnait à laisser Wu Fei aller de son côté ; et s'il perdait de nouveau connaissance ? Mais son pressentiment ne le lâchait pas. Il n'était pas empathe, et pourtant... Il devait retrouver Heero.
- Je prends ce côté. Toi, va par là. Nous couvrirons plus de terrain ainsi, Duo.
- D'accord. Si jamais tu te sens mal...
- J'ai mon émetteur.
- Bien. Alors... à toute à l'heure.
Wu Fei lui fit un geste de la main avant de prendre la direction qu'il avait choisie. Duo le regarda partir. Son ami se traînait plus qu'il n'avançait. Pouvait-il vraiment le laisser ?
Ses pensées revinrent vers son autre ami asiatique.
Heero... Où peux-tu être ?
Il fit un tour sur lui-même, scrutant les alentours.
Où as-tu pu aller ?
Il avisa un grand arbre sur lequel il pourrait monter. Trop d'arbres les entouraient pour que cela soit vraiment utile, mais il décida de suivre l'impulsion du moment.

*******

Quatre tombes...
Il appuya son bras tendu contre l'écorse rugeuse d'un arbre.
Oui, il comprenait mieux. Les douleurs physiques ne l'atteignaient pas, c'était pour cela qu'ils n'avaient jamais vraiment cherché à l'attaquer directement.
Il avait mal. Il souffrait, comme jamais auparavant. Ils avaient bien compris quel était son point faible, l'avaient compris bien mieux que lui-même. Ils savaient où frapper.
"Mourir ainsi serait trop facile !"
Oui, il était lâche. Lâche et faible, comme un enfant. Un enfant sanguinaire. Un meurtrier qui devait payer pour ses crimes. Un assassin dont le coeur de glace était en réalité plus fragile que du verre.
Il reprit sa marche.
Une tombe valait mieux que quatre...
Il ne voulait plus de sang sur ses mains. Et surtout pas le leur. Il espérait que tout irait bien pour Wu Fei, pour les autres. Sincèrement.
"Quand comprendras-tu qu'endormi ou éveillé, je te retrouverai toujours ?"
Mais il avait trouvé un moyen pour qu'il ne le retrouvât pas. Il vérifia son chargeur d'un geste professionnel puis fit sauter la sécurité de son arme.
... Et quand bien même il le retrouverait, il ne pourrait plus s'en prendre à ses amis, de cela, il était persuadé. C'était donc juste. Et mérité. Même s'il fuyait, en un sens... Il leva le bras et appuya le canon du pistolet contre sa tempe. Un bref moment, il pensa à Duo. Il lui en voudrait, oui, mais ce n'était pas l'important. L'important était qu'il n'aurait plus leur mort sur la conscience. Oui, c'était ça, l'important. Et ils pourraient encore se battre, pour les colonies, pour leurs idéaux.
"Cours ! J'ai plein d'autres balles !"
Une suffira...
Tu n'es pas là pour te repaître du spectacle ? C'est pourtant le seul moyen que tu aies de réellement appuyer sur la détente...
Une part de lui prit le temps d'admirer le panorama qui s'offrait à ses yeux. Ses pas l'avaient conduit au bord d'une falaise. Au-delà d'une chute d'eau s'étendait une vaste forêt. Ici et là s'envolaient des oiseaux multicolores. Le décors était peut être trop pur, avait-il le droit de le salir de la sorte ?
Je ne courais plus...

"Qui êtes-vous, sinon un assassin qui se complaît sous un masque de justicier ?"
Rien. Plus de masque, plus rien. Je ne veux plus rien d'autre...
- Ah ! Te voilà !
Heero ne réalisa pas tout de suite que cette voix ne venait pas de ses souvenirs.
- Wah ! Sacrée vue !
Il se retourna lentement.
- Tu as toujours eu le goût des lieux grandioses..., lui sourit-il.
Heero ouvrit la bouche, mais il n'y avait rien à répondre.
- Tu t'es perdu ?
"Tu es perdu Nii-san ?"
Duo le fixa, un sourire flottant sur ses lèvres.
"Tu m'as appelé et je suis venu."
Il ne paraissait pas avoir remarqué la position du bras levé d'Heero, ni ce qu'il tenait.
"Je ne les laisserai pas de faire de mal."
"Tu n'es pas seul, Heero. On est tous là."
"On est une équipe, non ?"
"Parce qu'on est les meilleurs. Tous ensemble, tous les cinq."
"On a besoin de toi ! Le groupe ne fonctionne que si on est tous ensemble !"
Il fit trois pas vers lui, sa main valide enfoncée dans sa poche, l'autre reposant sur une écharpe, et souriant toujours, ne le lâchant pas des yeux. Heero ne bougea pas un cil. Le temps parut se suspendre, et d'autres souvenirs affluèrent...
"Quoiqu'il arrive, suis toujours ce que te dicte ton coeur ; ainsi, tu n'auras jamais de regret."
"Reviens !"
"Pour quelle raison tu as choisi de te sacrifier, Heero ? Quelle est ta raison, pour te battre ?"
Je...
Les yeux améthystes le fixaient.
"Comment peux-tu te battre comme tu le fais sans te considérer comme un être humain ?"
Je veux...
Ses yeux étaient si grands... Il aurait pu se noyer dedans.
"En attendant, j'aurais vécu. Pourras-tu en dire autant ?"
Son sourire... chaleureux... confiant...
"Tu n'as jamais pensé survivre à cette guerre."
Je veux vivre...
"Tu es perdu Nii-san ?"
"Pour quelle raison tu te bats ?"
"On dirait que tu te considères comme déjà mort."
Je veux vivre...
"Vivre, c'est résister."
Et... je suis prêt à mourir pour ça...
Il comprenait... Il n'avait cessé de le lui dire, pourtant, mais c'était seulement maintenant qu'il comprenait. Il voulait vivre, et être prêt à mourir pour obtenir ce droit n'avait rien de paradoxal...
"C'est difficile, et c'est tous les jours."
Duo, je sais... je sais à présent...
"Tu n'es pas seul, Hee-chan."
"Tu es perdu, Nii-san ?"
"Tu n'es pas seul."
"Tu es perdu ?"
Duo tendit la main vers lui, et sa main descendit d'elle-même, déposant le pistolet dans la paume offerte. Duo lui offrit le sourire le plus sincère qu'il lui ait jamais vu.
- Je suis content de t'avoir retrouvé.
- Oui...


Owari.


m77 : J'arrive pas à y croire !
Duo : Quoi donc ?
m77 : C'est fini ! J'ai fini une histoire ! J'ai écrit plus de soixante pages ! Et même pas de mort !
Duo : C'est vrai que quand on te connait un peu...
Heero : ... Pourquoi c'est toujours moi qui prend ?
m77 *sourire gêné* : Mais non, c'était l'acte un, c'est tout...
Wu Fei : Parce qu'il y en a d'autres ??
m77 : Normalement, avec un peu de chance, y'en a encore cinq à venir...
Trowa : C'est ta définition du mot "chance" ?
Quatre : Et, euh, on va y survivre ?
m77 : Pas de spoiler. De toute façon, vu le mal que j'ai eu à écrire celui-là...
G-boys *soulagement intense*.
m77 *coup d'oeil malicieux à Duo* : Bon, c'est vrai que j'ai commencé l'acte deux au milieu de l'écriture de l'acte un...
Duo : Les gars, j'aime pas son regard...
m77 : Mais non, je pense qu'il devrait te plaire, à toi, cet acte. Enfin, dans l'ensemble...
Duo : Je me méfie. Au fait, je suis bien grave, dans cet acte, moi...
m77 : Je t'aime comme ça... Bon, ça suffit ! Allez vous coucher, que j'aille en faire autant ! Trois mois pour écrire ça, j'en peux plus moi !
Duo : Ça se voit à la fin.
Heero : Hey ! J'aime la fin, moi ! Je survis ! Tu sais à quel point elle aime tuer ses perso principaux ?
m77 : C'est pas que j'aime ça, c'est que c'est plus... comment dire ? C'est plus, quoi ! Elle te plait pas, ma fin ?
Duo : Elle est un peu... *mouvement pivotant de la main*
m77 : Duo... T'es méchant... TT Pour la peine, je crois que je vais écrire une autre fic dont j'ai eu l'idée y'a pas longtemps.
Duo : Ouais, l'acte deux...
m77 *sourire sadique* : Non, une autre... Enfin, on verra... Dodo maintenant !! L'est 3h25 du mat' !
*se retourne vers ses lecteurs* : Félicitation pour être parvenu(e)s jusqu'au bout ! J'espère que ça vous aura plu... *sourire crispé... Elle a besoin d'être rassurée sur ce coup...*


Lexique : (j'espère ne pas avoir fait d'erreur...)

* Japonais : (merci à tous les fanfiqueurs/euses ! ;op)
- Shinigami = Dieu de la Mort.
- Ninmu ruykaï = mission acceptée.
- Omae o korosu = je vais te tuer.
- Baka = idiot, imbécile, crétin, etc.
- Haï = oui.
- Iie= non.
- Nii-san = grand frère ; c'est comme ça que les enfants appelent les enfants ou ado plus âgés qu'eux, même s'ils ne sont pas de leur famille (d'après ce que j'en sais...)
- Nani = quoi /comment ?
- Kami-sama = mon Dieu.
- Watashi wa shirimasen = je ne sais pas (là, ça doit être *très* littéral, et y'a des chance pour qu'un Japonais dise autre chose, d'après des épisodes de DA que j'ai vu, mais c'est ce que ça veut dire... Normalement.)
- Dame = je suis pas sûre du sens exact, mais c'est une réfutation, qui doit vouloir dire quelques chose comme : non / hors de question / jamais.
- Yatta = c'est une exclamation, une sorte de 'bravo' ! Enfin, je pense que ça se comprenait tout seul...
- Gomen nasaï = je suis désolé(e).
- Owari = fin ! ^^

* Anglais :
- Sorry guy = désolé mon gars (oui, le voc. utilisé est pas bien difficile ; aucun commentaire sur mon niveau en anglais, please !)
- No way = pas question / pas moyen (en gros).
- Go ahead = vas-y (en gros toujours).
- Holly shit = euh, vous y tenez vraiment, à la traduc, là ?

* Berbère : (merci Seinseya, je t'aime ! J'aurais été bête de pas profiter de cette aubaine, aussi, faut dire...)
- Yarbi = oh mon Dieu.
- Samhey = pardon.
- Ortsint minchk at chemh' = je suis tellement désolé (en gros, c'est pas super littéral, mais c'est le même sens...).


Petites notes additives :
* Le rêve de Duo d'un Wu Fei en toge romaine est un délire commun avec Sein... Faut pas nous laisser chatter tard la nuit... Un clin d'oeil pour elle, donc...
* Pour le court passage sur Solo, avec la promesse de rester ensemble, tout ça, je tiens ça d'une (ou plusieurs ?) fic, sans vraiment connaître la part d'authentique et d''invention là-dedans... Donc, bin, voilà, je suis pas trop sûre d'où ça vient exactement... Sinon, le reste vient de l'épisode zéro de Duo, donc, ça, ça doit être bon...
* Cette histoire est bourrée de petites références personnelles à des trucs divers et variés (livres, bd, séries...). Si vous pensez en voir une (mais je crois que c'est pas évident), on pourra toujours en discuter, lol.