Disclaimer : Les personnages et l’univers de Gundam Wing ne m’appartiennent pas, en revanche les persos que j’ai créé et l’histoire sont ma propriété exclusive ^^

 

Et bien voilà. Un nouveau tournant de l’histoire est franchi… après le doute et l’incertitude, le temps des révélations est annoncé.

 

Merci aux lecteurs pour tous leurs messages si j’en suis arrivée là ( et j’étais la dernière à m’y attendre ^^’’ ), c’est en grande partie grâce à vous ^___^

 

 

 

L’ESPOIR NAIT DES CENDRES

 

 

Relena, constatant que le voyant de retransmission venait de passer au rouge, se ressaisit et se tourna vers Azim. Le Maganac hocha négativement de la tête. Ce n’était pas de son initiative.

Les deux êtres s’échangèrent un regard au moment même où une explosion occasionna une violente déflagration…

 

La jeune fille fut projetée contre le tableau de commandes, mais avant qu’elle n’ait eu le temps de réaliser ce qu’il venait de se produire, une main puissante l’empoignait.

-Venez ! s’écria-t-il, alors qu’une nouvelle explosion retentissait, plus proche encore.

-Azim ! Attendez…Que se passe-t-il !

-Ce sont les épyons terros, fit-il sombrement alors qu’ils s’arrêtaient, débouchant sur un nouveau dédale de couloirs.

-Comment ! le dévisagea-t-elle soudain. Mon dieu ! C’est parce que j’ai…

-Non. Je les avais déjà repérées depuis un moment. La communication n’a fait qu’avancer l’inévitable… Nous n’avons plus de temps à perdre ! se ressaisit-il après un instant de flottement, l’entraînant de nouveau à sa suite.

Mais la lueur qui avait traversée les yeux du Maganac ne lui échappa pas. Il souffrait, et il avait terriblement peur pour les siens.

-Allez-y, fit-elle alors en pilant soudain.

Azim s’arrêta net de stupéfaction et se tourna dans sa direction.

-Allez sauver les gens que vous aimez, reprit-elle avec conviction, effaçant pendant un instant toute trace de souffrance dans son expression. Ne vous occupez pas de moi. Je resterais ici, cachée.

Le jeune homme resta silencieux, la fixant intensément. Jusqu’à ce qu’un sourire se dessine sur son visage hâlé.

-J’ai promis que je veillerais sur vous Princesse. Et je le ferais, parce que je crois en vous. Ne vous méprenez pas, je n’attends aucune implication de votre part dans ce conflit. Mais je veux que vous restiez en vie.

-Azim…murmura-t-elle, soudain touchée en plein cœur, alors que pour la première fois depuis des jours, l’ombre d’un sourire s’insinuait sur ses lèvres.

-Ne vous en faîtes pas. La population a déjà été évacuée. Et puis c’est nous qu’ils cherchent, ils savent que des rebelles se cachent dans la région. A présent suivez-moi, on va sortir d’ici.

Relena obtempéra et il la conduisit jusqu’au hangar où s’étaient trouvés les Gundams. Et inévitablement, ses larmes momentanément apaisées affluèrent de plus belle. Mais la jeune fille se força à se contrôler. Même si elle était complètement désespérée et que sauver sa vie se trouvait bien être la dernière de ses préoccupations, elle ne pouvait pas ignorer les efforts qu’Azim déployait pour elle. On lui avait trop souvent piétiné les siens pour ne pas accorder de considération à la bonne volonté du jeune homme. Alors même si elle ne se jugeait pas digne d’une telle attention, elle obéit.

-Attendez-moi là, annonça-t-il alors qu’une masse fusiforme se profilait dans la pénombre.

Il s’éloigna, absorbé par l’obscurité et Relena l’entendit grimper sur ce qui devait être une échelle. Un bruit de pistons se fit entendre et une faible lumière apparue.

 

Un avion de chasse.

 

-Venez, l’invita-t-il en lui tendant la main.

La jeune fille sembla marquer une courte hésitation, mais s’avança finalement. Et alors qu’elle accédait à l’échelle, Azim mit la radio sous tension, la connectant sur le canal du Sandrock.

Immédiatement, la voix du pilote retentit dans le hangar.

-Azim ! Azim ici Quatre, au nom du ciel répondez ! appela-t-il pour l’énième fois, sa voix trahissant une vive inquiétude.

-Ici Azim maître Quatre.

-Vous êtes sain et sauf ! Et Relena ? Est-ce qu’elle va bien ?

Le Maganac détourna alors un instant son attention des commandes pour se tourner vers la princesse qui venait de s’immobiliser.

Leurs regards se croisèrent.

-Elle est en vie.

-Dieu soit loué, soupira alors le jeune leader. Relena, Heero est vivant. On l’évacue avec Iria dans les Alpes. La situation n’est pas désespérée.

Aussitôt les yeux de la princesse s’illuminèrent. Elle aurait voulu savoir dans quel état il se trouvait. Mais elle n’en avait pas le droit.

-Prenez soins de lui Quatre, fit-elle alors faiblement, la voix tremblante.

Le petit blond eut un tendre sourire à sa réplique.

-Azim, où comptez-vous aller ?

-A la vérité, je l’ignore, j’ai déjà tout juste eu le temps de penser à un moyen de nous sortir d’ici.

-Alors rejoignez Iria et Heero.

Un silence marqua sa proposition.

-Relena, cette séparation n’a que trop durée, reprit-il alors avec douceur et patience. Il t’appelle, il crie ton nom. Je t’en prie, cesse de te faire ainsi du mal.

La princesse releva la tête et constata qu’Azim attendait son jugement. Une expression douloureuse traversa son visage pâle.

-Je n’ai jamais voulu lui faire de mal. J’aurais aimé rester à ses côtés.

-Et bien alors il n’y a plus une seconde à perdre. Ils vont dans la région de Bolzano, à Valdaora. Je te transmets le plan de vol Azim.

-Ils vont à l’Hespéros [1]  réalisa soudain la princesse.

-Absolument Relena. L’endroit est sûr, personne ne pensera à aller vous chercher là bas. D’autant plus que la neige a déjà pris possession de la vallée. Hâtez-vous.

-Et vous, qu’allez-vous faire ? insista-t-elle.

-Ne t’inquiètes pas, le vent tourne.

C’est alors qu’une nouvelle explosion coupa court à leur conversation.

-Allez-y ! s’écria alors le petit blond.

-Montez Princesse ! l’appela Azim alors qu’il la hissait à l’intérieur et l’installait à l’arrière de l’appareil.

Le Maganac l’attacha par des gestes rapides et précis et lui tendit un masque à oxygène.

-Ne le quittez pas, ça risque de secouer.

Le pilote mit les moteurs en marche et conduisit son appareil jusqu’à l’élévateur alors que le sol tremblait chaque seconde davantage.

-Pourvue que la piste soit dégagée, souhaita-t-il alors que la porte du hangar s’ouvrait.

Ce qu’ils virent fut alors à la hauteur de leur crainte. Des dizaines d’armures mobiles se trouvaient à la surface, s’employant à détruire tout ce qui pouvait leur barrer le passage.

Le chasseur apparut et aussitôt un Gemini se tourna dans sa direction. Mais sans attaquer.

-C’est un MD ! Accrochez-vous !

Soudain Azim poussa les moteurs à fond, projetant d’un tir l’armure qui se trouvait en travers de la pise.

-Gloire au peuple nomade ! s’écria-t-il alors que l’appareil s’élevait dans les airs, bientôt poursuivit par les épyons terros.

 

*****************************

 

Sally installa le corps inerte du jeune homme contre elle.

-Allez Heero, on y est presque, tiens bon mon garçon.

La doctoresse, ignorant le sang et la boue dont il était recouvert, serra le pilote transi de froid un peu plus contre elle.

-J’y vais, annonça-t-elle alors qu’elle refermait le sas de son Taurus.

-Je t’escortes…déclara Wufei d’une voix qu’il lui sembla entendre trembler.

La jeune femme nota cet étrange changement d’intonation, mais pour le moment, l’essentiel, c’était de sortir Heero d’ici.

 

-Allez-y confirma Quatre. On s’en sortira sans vous. On se retrouve sur le Damoclès.

La situation, en l’espace d’une demi-heure s’était complètement retournée.

Par un étrange miracle, le peuple de Sank avait répondu à l’appel de Relena et ils affluaient à présent par milliers vers Newport. Le noyau de rebelles s’étant constitué devant le palais reconstruit. Ces Hommes-là, pour la plupart des membres de la Résistance se trouvaient devant le château depuis le début et étaient maintenant rejoint par un nombre croissant de civils. Ils devaient êtres près de trois cents à présent.

-On se replie ! annonça le jeune leader.

Les Gundams atterrirent alors aux côtés des hommes au sol. Et lorsque les épyons terros arrivèrent devant le palais, une foule silencieuse, encadrée par les armures mythiques, se dressait en travers de leur objectif. Ils pillèrent, stupéfiés.

-Mais…mais ce sont des civils !

-Qu’est-ce qu’ils foutent là bordel !

-Peu importe ! s’exclama alors leur commandant. Nous devons éliminer ces chiens de rebelles !

-Mais ce sont des civils !

-Et ils ne font que défendre leur terre !

-Je refuse de les attaquer ! protesta alors un autre subordonné.

-Nous nous sommes battus pour préserver la paix, mais en réalité, ce sont véritablement eux qui la défendent !

-La Reine Relena a raison ! Elle est vivante, je l’ai entendue !

-Moi aussi !

-Co…Comment ! Hurla le chef d’unité. Vous n’êtes que des traîtres ! Je vous ferais passer en cour martiale !

Mais il fut coupé dans son élan par l’intervention des civils.

Un homme venait soudain d’élever son poing et toute la foule avait suivi dans un cri de défi, porteur de colère et d’espoir. Un élan du cœur d’une telle profondeur qu’il saisit les opposants au ventre.

Un premier Gemini commençait à reculer alors que la foule s’ébranlait.

-Dehors !

-On veut pas d’assassins chez nous !

-On a peut être pas d’armes, mais on défendra notre paix !

-Oui !

-Pour la famille Peacecraft !

-Pour nos princesses !

-Dehors !

Et les premiers épyons terros, impressionnés par la volonté de ces hommes, battirent en retraite.

-Allez au diable ! jura soudain le lieutenant en relevant son canon.

La foule pila, soudain mise en joue.

-Je n’abandonnerais pas mon peuple ! s’écria tout à coup Millardo, se jetant soudain sur l’armure qu’il démembra avec une vélocité redoutable.

Le Gemini retomba lourdement au sol et le silence qui avait marqué l’intervention du Talgeese se transforma soudain en cris de liesse.

-C’est le comte justicier !

-Il n’est pas mort ! [2]

-Le prince est revenu pour protéger son royaume !

Millardo resta un instant interdit lorsqu’il réalisa que le canal extérieur de son armure était ouvert. Mais en voyant le relent de courage qu’il avait provoqué chez ces Hommes, un sourire prit forme sur son visage fatigué et dans un même cri, il releva son sabre laser.

-Le peuple de Sank ne disparaîtra plus jamais !

 

-Mon dieu…souffla soudain Noin. Millardo !

-Attends ! la stoppa le Heavyarms alors qu’elle s’élançait à l’aide du prince.

Le temps que la jeune femme réalise, elle vit un Gemini se retourner contre l’épyon terros qui menaçait le pilote du Talgeese, le mettant hors d’état de nuire avant qu’il n’ait pu comprendre ce qu’il lui arrivait.

Le comte se retourna alors que le Gemini retirait son arme du corps de son « allié ». Il resta un instant stupéfait, jusqu’à ce que le pilote abaisse son sabre et le salue.

-Je suis à vos ordres commandant Millardo.

Plusieurs amures mobiles ennemies suivirent alors le même mouvement et se rallièrent aux Résistants, se retournant contre leur propre corps d’armée.

-On dirait qu’ils ont enfin compris, c’est pas trop tôt, déclara alors Duo d’un ton acide.

C’était la première fois que le pilote du Deathscythe reprenait la parole depuis que Heero avait été blessé. Et même s’il s’était un peu apaisé, on pouvait encore ressentir sa colère noire.

-Oui Duo, ces hommes viennent de réaliser qu’ils n’ont en réalité qu’étés victime d’une gigantesque supercherie. Cette bataille est sur le point de s’achever. Aidons-les à y mettre définitivement un terme.

-…tu as raison Quatre, concéda le natté. Je vais aller affronter mes véritables ennemis. Et je vais leur faire payer !

-Duo ! Attends ! s’écria le jeune chef alors que l’ange de la mort disparaissait en direction de la ville.

-Allez-y !

-Mais ! On ne peut pas vous laissez ! protesta Quatre.

-Ne vous en faites pas, Noin restera avec moi. Nous serons bien assez de deux. Partez rejoindre Duo.

-Très bien…merci.

-Vous me remercierez plus tard, allez-y Quatre !

-Trowa.

-Je te suis.

Les deux Gundams décollèrent alors pour rallier la dernière zone qui était encore sous la domination des envahisseurs.

Ils atterrirent pour voir un Shinigami déchaîné mettre à bas toute armure se trouvant sur son passage.

-Dégagez ! cria-t-il alors que sa faux éventrait un énième ennemi.

Il cherchait Onze, toutes ses pensées étaient tournées vers lui. Le dieu de la mort l’avait ajouté à sa liste, et il y passerait, quelque soit le temps qu’il lui serait nécessaire.

Ses deux amis, comprenant que tenter d’apaiser sa colère serait vain, se joignirent alors à lui et entamèrent, entre les civils et les insurgés, d’achever la libération de la ville.

 

*****************************

 

Le Taurus blanc s’était tout juste accroupi que Sally touchait le sol, serrant la tête du pilote contre elle afin de la protéger des à-coups. Aussitôt à terre, la jeune femme courut jusqu'au bâtiment jadis réservé aux soins. Elle ne prêta qu’une attention distraite à Iria et Dorothy, allongeant le jeune homme sur la civière qu’elles lui avaient préparée.

Ignorant le liquide presque noir qui s’écoulait en un flot régulier, Sally se pencha aussitôt au-dessus d’Heero et palpa frénétiquement son crâne. Elle insista une bonne minute et un soupir de soulagement fut presque perceptible lorsqu’elle retira ses mains. Mais la doctoresse resta professionnelle et observa la plaie qui avait immaculé son visage aux traits étrangement détendus. L’incision était profonde, mais nette, certainement due à un morceau de métal aux bords tranchants. Elle descendit ensuite son attention sur la déchirure de sa combinaison, légèrement rougie. La balle n’avait fait que l’effleurer, ce n’était pas le plus inquiétant. La jeune femme parcourut ensuite tout le reste de son corps, vérifiant avec précaution la présence probable d’autres traumatismes. Mais le diagnostic sur une personne inanimée s’avérait toujours délicat. Et qu’Heero n’ait pas repris conscience l’inquiétait. Cela allait bientôt faire une demi-heure.

 

 

-Sally ? demanda doucement la princesse alors que la jeune femme s’était immobilisée depuis déjà plusieurs secondes.

La doctoresse cilla. Elle perdait le fil, la fatigue et l’angoisse commençaient vraiment à lui peser. Mais elle se ressaisit et se tourna vers les deux jeunes filles inquiètes.

-Il ne présente aucune lésion grave apparente. En soit, c’est déjà un miracle. Mais il est tombé la tête la première, et il ne s’est pas encore réveillé. Ce que je crains surtout, c’est une lésion au niveau du cerveau.

Voyant que la nouvelle venait de provoquer une nouvelle vague de désespoir, elle s’empressa d’enchaîner :

-Il me faudrait du nécessaire médical pour quelques vérifications d’usage, il reste encore quelque chose ici ?

-Oui, fit aussitôt Dorothy, venez, je vais vous montrer la pharmacie.

-Merci. Iria, tu peux garder un œil sur lui ?

La princesse sursauta et détacha son regard du visage tuméfié du pilote.

-Comptez sur moi, souffla-t-elle d’une voix diminuée.

 

Iria resta un instant fixée sur la porte qui venait de se refermer, complètement perdue. Mais elle se força à ne pas se laisser envahir par le chagrin et se tourna de nouveau vers le pilote. Et inévitablement son cœur se serra, mais elle surmonta l’appel de sa peine. Un sourire crispé se dessina sur son visage tendu alors qu’elle ravalait ce goût salé qui s’insinuait sur ses lèvres.

Heero respirait à peine, c’était tout juste si on entendait le murmure de son souffle.

La princesse, comme pour se convaincre qu’il était toujours vivant, lui effleura alors insensiblement la joue. Il était si froid. Et pourtant il paraissait si paisible. Elle avait tellement mal, elle souffrait tellement de le voir ainsi étendu, lui Heero Yuy, lui qui lui avait semblé si inébranlable. Lui que Relena avait toujours aimé.

Et sans même s’en rendre compte, la main d’Iria, ignorant l’eau, le sang et la boue mêlés, se fit plus tendre.

Sa paume chaude caressa sa peau de glace et peu à peu elle découvrit ses traits fins qui n’étaient durs qu’en apparence.

-Heero…

 

Quelque chose le brûla soudain.

Le pilote cilla imperceptiblement.

Passé la sensation de chaleur intense, l’impression se fit plus douce, effleurement d’un léger vent d’été sur l’aube d’un printemps encore frissonnant. Non ce n’était pas désagréable, mais cela lui paraissait si lointain. Le soleil semblait vouloir réchauffer son corps d’hivers. Son être qu’il ne sentait même plus…pourtant cette caresse…

 

Un râle profond s’éleva du jeune homme alors que sa cage thoracique se soulevait subitement.

Et la douleur fit place à la douceur. La vie habitait de nouveau son corps affaibli.

Iria, qui s’était figée dans un espoir fou, serrant sa main dans la sienne, accueillit comme une bénédiction l’apparition de ses prunelles bleu ciel.

Heero cilla, mais sa vision resta opaque, brouillard indéfinissable. Seul le contact tiède d’un autre corps lui paraissait distinct. Cette main qui parcourut doucement son front, comme pour apaiser la douleur de son crâne qui résonnait comme un diapason.

-Tu m’as fait tellement peur, lui sourit-elle avec affection alors qu’elle décollait les mèches qui courraient en travers de son visage.

Les yeux du pilote croisèrent un instant Iria, mais ils la traversèrent comme si elle n’existait pas.

Submergé par le martèlement insistant de son crâne, sa tête bascula nonchalamment sur le côté alors qu’il fermait les yeux pour accueillir une nouvelle souffrance silencieuse.

Le regard un instant rassuré de la princesse se fit plus préoccupé, et sans relâcher sa main, elle s’accroupit à sa hauteur, le caressant avec douceur.

-Heero, tu m’entends ? C’est Iria, l’appela-t-elle en plongeant ses yeux qu’elle s’efforça de garder assurés à travers ses paupières mi-closes.

Ses lèvres semblèrent s’animer dans des paroles muettes, mais tout effort de compréhension s’avéra désuet. Heero était dans une autre dimension.

C’est à ce moment là que la doctoresse revint. Il lui suffit d’un regard pour comprendre. Aussitôt elle se précipita au chevet du pilote et reprit les même gestes qu’elle avait faits quelques minutes auparavant. Elle tâta en premier les côtes qui avaient été ébréchées par la balle, vérifiant ainsi sa sensibilité. Le jeune homme réagit aussitôt dans un râle étouffé alors qu’il essayait vainement de se soustraire à cette douleur brûlante.

-Excuses-moi Heero, fit-elle machinalement alors qu’elle parcourait rapidement sa tête puis le reste de son corps.

-Heero, Heero est-ce que tu me reconnais ?  lui demanda-t-elle alors qu’elle relevait doucement son visage emprisonné entre ses mains.

Mais le pilote ne manifesta aucune réaction, si ce n’est le va et vient incessant de ses yeux qui cherchaient désespérément un point fixe.

-Il est sous état de choc. Je vais lui administrer un antalgique pour la douleur. Il faut espérer qu’il reprenne ses esprits rapidement.

La voix du pilote du Shenlong retentit soudain.

-Ennemis en approche. Je ne pourrais que les retarder.

-Entendu Wufei, répondit-elle tout en retirant l’aiguille du bras de son patient, le communicateur étant volontairement resté sous tension.

Sally ignorait pourquoi, mais elle avait pensé que de connaître en temps réel l’évolution de l’état de son ami apaiserait la crainte du chinois. Car c’était bien ça qu’elle avait ressenti dans sa voix, Wufei avait été affecté par l’accident d’Heero. Bien trop profondément à son entendement. Il cachait quelque chose et cela l’inquiétait.

Sans attendre, la Préventers reprit dans ses bras le pilote blessé.

-Nous n’avons plus de temps à perdre. Il vous faut partir avant que les épyons terros ne repèrent votre appareil.

-Mais Heero…

-Je ne peux rien faire de plus. Il lui faudrait des examens complémentaires pour s’assurer qu’il ne présente pas de lésions internes, mais dans l’état actuel des choses, c’est impossible. Surveillez-le, vérifiez qu’il n’ait pas de nausées, de troubles de l’équilibre ou de difficultés de mémorisation ou de compréhension dans les jours prochain. Prenez ça, fit-elle en indiquant la trousse à pharmacie qu’elle s’était préparée.

Mais Iria rongée par la peine et l’inquiétude n’y tint plus.

-Vous plaisantez ! s’opposa-t-elle, sarcastique, alors qu’elle se mettait en travers de son chemin.

Sally pila, trop surprise par l’intervention de cette jeune fille qui lui était toujours apparue si douce et calme.

 Le regard brillant de la princesse se fit plus sombre alors qu’elle rencontrait les yeux de la jeune femme.

-Je refuse ! Je refuse de faire courir de tels risques à Heero ! C’est pour ce pays qu’il s’est battu ! A ma place ! clama-t-elle en portant son poing contre son cœur. La moindre des choses que je lui dois, c’est de faire tout mon possible pour le sauver ! On doit l’emmener à l’hôpital ! Je ne le laisserais pas mourir !

Le visage de Sally, un instant figé se détendit alors. Elle reconnaissait bien là la spontanéité et la grandeur d’âme des princesses de Sank.

-Moi non plus je ne veux pas qu’il meurt. Mais savez-vous ce qu’il vous dirait ? Que votre rôle, c’est avant tout de protéger votre peuple et de préserver la paix. Que ce sont ses choix, et qu’en aucun cas vous ne devez vous sentir responsable. Princesse, je vous en prie, soyez raisonnable.

Les yeux forêt d’Iria scrutèrent le bleu ciel de la doctoresse. Jusqu’à ce la terre s’efface au profit de la mer.

-Ce n’est pas juste…Pourquoi les plus honorables sont-il toujours voués à un tel destin…

-Gardez espoir Princesse, fit alors doucement Sally, son regard à présent teinté d’affection. Ne désespérez pas, Heero en a vu d’autre. Il a une résistance incroyable, croyez-moi, je suis bien placé pour le savoir. Je suis sûre qu’il s’en sortira.

La jeune fille répondit à l’appel de la dirigeante des forces armées rebelles et releva la tête pour rencontrer son regard encourageant.

-…C’est entendu. Je ferais de mon mieux.

Sally lui sourit alors faiblement, reconnaissante et respectueuse.

-Allons-y, je vous expliquerais en chemin ce qu’il vous faudra faire.

 

-C’est bon Dave, confirma la princesse alors que le blessé était fermement encadré par les deux jeunes femmes.

-Demande autorisation de décoller.

-Allez-y répliqua Wufei.

L’hélicoptère s’éleva alors, quittant la terre sombre inondée par l’orage qui ne faiblissait pas.

Une fois l’appareil stabilisé et hors de dangers, les deux jeunes filles allongèrent le pilote inanimé et entreprirent de le soigner. Elles nettoyèrent d’abord son visage puis Dorothy s’occupa de la blessure à l’arcade, au-dessus de laquelle un énorme caillot de sang s’était formé.

-Passez-moi des compresses et de la bétadine.

-Tu comptes le lui enlever ? fit-elle en indiquant la masse de sang noircie.

-Oui, il faut désinfecter et puis ça risquerait de lui faire une belle balafre. On va essayer de le rendre dans l’état où il est arrivé.

Iria apprécia l’effort de Dorothy et lui offrit un pâle sourire.

-Douée comme je suis, c’est plutôt mal parti.

-Ne soyez pas si médisante avec vous-même. Je suis sûre que vous en êtes tout aussi capable que moi.

La princesse lui sourit, qu’à  moitié convaincue, et lui tendit le nécessaire.

La jeune femme se concentra à nouveau. Elle décolla doucement le caillot, le patient s’agita alors insensiblement pour finalement entrouvrir ses paupières. Immédiatement il essaya de se soustraire à la douleur, mais Iria cala son visage entre ses mains.

-Ne bouges pas Heero.

Et le pilote s’immobilisa. Elles se regardèrent, stupéfaite, et Dorothy saisit sa chance, tirant d’un coup sec. Le jeune homme sursauta, mais Iria le contint. Aussitôt Dorothy désinfecta et plaqua une compresse.

-Iria, je vais avoir besoin de votre aide. Il va falloir que vous serriez la plaie pendant que je poserais les strips.

La jeune princesse sembla marquer une hésitation, mais hocha finalement la tête.

-Maintenant !

Iria s’exécuta et serra les contours de l’écorchure, contenant la perte de sang en un mince filet qui traçait un sillon carmin en travers du visage si pâle du pilote.

Elle baissa alors les yeux, suivant l’écoulement pour se trouver soudain happée par le regard d’Heero. Il la fixait, il la sondait, de ses yeux bleus qui se voulaient assurés mais qui n’étaient que vulnérabilité. Heero luttait, il cherchait à comprendre. Il essayait de se protéger derrière ses yeux aciers, comme un animal traqué.

Iria se laissa faire, s’efforçant de ne pas céder à la peine que lui imposait une telle vision.

Ses yeux s’éclairèrent soudain, laissant transparaître le plus profond de son être.

-Ré…Lena…articula-t-il avec espoir.

Dorothy se figea lorsqu’elle entendit le nom de la jeune fille et Iria trop touchée par sa sincérité, se mit à pleurer doucement.

-Non Heero, fit-elle en lui effleurant le front, ce n’est pas Relena…

Le regard du pilote se figea un instant pour ne se faire que douleur. La plus profonde. Celle du cœur. Il ferma alors ses yeux brillants et laissa sa tête retomber, inconsciente.

Les deux jeunes filles s’échangèrent un regard pour constater qu’elles en étaient arrivées à la même conclusion.

-On ne peut pas le laisser comme ça ! intervint soudain Dorothy. Heero ne peut pas renoncer !

Iria la fixa, un instant surprise par son emportement. Non, la petite fille du Duc Dermail était loin d’être insensible. Et elle ne supportait pas de voir un homme comme Heero Yuy, qui avait tant accompli pour ce monde, se trouver à ce point désespéré.

-Tu as raison, il ne mérite pas ça, fit-elle alors en essuyant ses larmes.

La jeune princesse se pencha alors au-dessus du corps étendu et fit glisser la fermeture éclair de sa combinaison.

-Aides-moi à lui enlever ça, demanda-t-elle tout en relevant la tête.

Dorothy plongea ses yeux dans les siens et peu à peu, son regard s’éclaira à nouveau.

Elle prit doucement le pilote par les épaules et le souleva alors qu’Iria lui ôtait ses vêtements, leur révélant un torse hâlé et musclé, barré de cicatrices. Elles se figèrent, un instant frappé par toutes ces traces de violences. Heero n’avait pas été épargné. Mais la princesse se ressaisit et fit glisser sa combinaison jusqu’à ses chevilles. Il était trempé et le froid faisait vibrer ses muscles fins.

Iria se tourna alors, se saisissant des deux serviettes éponges dont une qu’elle lança à Dorothy.

Et, avec douceur, elles parcoururent son corps meurtri. Dorothy enveloppa son crâne dans la serviette et le sécha précautionneusement. Heero cilla et s’éveilla de nouveau. Mais il n’était pas vraiment là, son regard était tellement vague…la seule chose qu’elle purent distinguer clairement, ce fut le nom de la princesse qu’il souffla de nouveau. Elles crurent un instant qu’il allait s’opposer, mais le jeune homme ne tenta pas de se soustraire, et se laissa faire.

 

*****************************

 

Deux heures plus tard, le royaume plongé dans une nuit sans lumière accédait enfin à la victoire. Duo venait d’abattre sa dernière armure, mais toujours aucun lieutenant en vue. Les Gundams cessaient le feu lorsqu’ils virent impuissants, une navette supersonique traverser le ciel.

Un silence marqua la fuite du chef d’armée.

-Le diable vous emporte Onze ! Je vous le ferais payer ! jura Duo, épuisé.

-Allons-nous en, fit Quatre, nous avons tout juste suffisamment de carburant.

-Oui, allez-y, confirma la directrice des Préventers, Maizer, Sylvia, Allan et moi nous occupons du reste.

-Très bien acquiesça le leader.

Le Sandrock décolla, suivit de Noin et des autres Gundams, enfin presque…

Le ventre de Sally se noua lorsqu’elle vit que le Shenlong était encore à ses côtés, immobile.

-Wufei, qu’attends-tu ?

-J’ai été ignoble…résonna soudain une voix tremblante, trahissant des larmes que tous purent percevoir…j’ai été un monstre. J’ai causé leur perte alors que…que…je suis un être pitoyable et faible…comme je l’ai toujours été…je ne suis bon à rien.

 

Le cœur de la doctoresse grimpa en flèche d’une situation que trop longtemps redoutée.

Elle avait essayé, elle aurait tant aimé pouvoir le préserver à nouveau de cette souffrance qu’il s’affligeait à tort. Wufei avait un cœur. Un grand cœur. Mais qui avait tellement mal.

 Du garçon tourmenté, il était devenu un jeune homme certes apaisé, mais néanmoins perdu. Le passé était encore omniprésent dans son esprit, elle le savait. Et cette guerre n’avait fait que le remettre à fleur de peau. Bientôt un an qu’ils partageaient le même emploi, et même s’ils avaient parfois été éloignés l’un de l’autre, ils s’étaient énormément rapprochés et il ne se passait pas une semaine sans qu’ils ne se donnent de nouvelles. C’était devenu une sorte de rituel, un besoin pour elle. Le pilote du Shelong l’avait frappée au premier regard et au fil du temps elle avait appris à comprendre et à connaître cet être accablé par la peine. Toujours digne et fidèle à ses préceptes, Wufei n’était pas quelqu’un de facilement abordable. Il en imposait naturellement  et on le redoutait malheureusement plus que l’on ne l’appréciait. La vérité c’était qu’il ne voulait pas qu’on l’aime, toute cette agressivité ne cachait qu’un homme qui se méprisait. Mais Sally, à force de douceur et de patience avait gagné sa confiance. Le dragon avait retrouvé à travers elle une partie de lui-même. Il avait appris à se considérer et à faire le deuil de celle qui l’avait conduite à bord de ce gundam… Nataku… Le poids de sa disparition et la profondeur de ses convictions ne le quitteraient probablement jamais mais la vie avait su enfin s’ouvrir à lui, son cœur résonnait à présent pour nourrir une existence pacifiste, sans haine ni mépris… avec des gens qui comptaient pour lui, et un but qui n’était que le sien, non plus une quelconque punition pour apaiser une culpabilité inconsidérée.

Le dragon s’était détaché du phœnix auquel ont l’avait lié pour trouver son propre oiseau de feu, cet être de lumière qui avait assuré sa renaissance en tant qu’homme à part entière. Et ses larmes n’étaient pas seulement pour Heero et Relena… mais aussi pour elle.

 

-Sally… pardonne-moi, lâcha-t-il d’une voix qui l’atteignit au plus profond d’elle-même. Jamais encore il ne s’était adressé à elle de cette manière.

Mais avant que quiconque n’ai pu réagir, le pilote poussa ses réacteurs et disparut dans l’obscurité de ce ciel opaque.

-Wufeeeiii ! ! ! cria soudain la jeune femme au bord des larmes.

Mais il était déjà trop tard, le pilote avait coupé toute communication. Et c’est dans un silence de mort que sa voix brisée s’éteignit.

-Je vais essayer de le rattraper, trancha alors Duo.

-Ne fait pas ça, le coupa aussitôt Trowa.

-Mais… On ne peut pas le laisser comme ça ! protesta la jeune femme, désespérée.

-C’est son choix, répondit calmement le pilote, il se tient pour responsable de ce qui est arrivé à Heero et aucun d’entre-nous ne pourra lui faire penser le contraire. Il faut le laisser seul. Lui laisser le temps de réfléchir à ce en quoi il est prêt à croire et en qui il peut confier ses espérances. Ne t’inquiètes pas Sally, il reviendra.

-… partez, changea-t-elle de sujet, s’efforçant à rester concentrée.

Elle ne pouvait pas se laisser aller à sa peine, ne penser qu’à elle. En l’absence de la princesse et de tout autre pouvoir politique, c’était à elle que revenait la gestion du royaume. Et tout un mouvement de libération comptait sur elle.

-Bien… fit Quatre, prit de court par les derniers évènements, alors allons-y.

Et les Gundams quittèrent le pays pour rejoindre le Damoclès qui mouillait près des côtes occidentales de la méditerranée.

 

 

*****************************

 

-Ici Azim, ça commence à se corser ! appela-t-il alors qu’il peinait de plus en plus à maintenir l’avion stable.

Après l’orage qu’ils avaient essuyé au-dessus de l’Autriche, voilà maintenant qu’une violente tempête de neige malmenait l’appareil.

-Ici Kylian, je suis le gérant de l’Hespéros, je vais vous guider.

-Relena ?

-Allez-y Azim, vous pouvez lui faire confiance.

-Très bien, je vous écoute, fit-il en reprenant la communication.

-On a plus d’électricité ici, juste un générateur. Je vais vous guider jusqu’à la piste, mais je ne pourrais l’éclairer qu’au dernier moment.

-Entendu.

 

Les capteurs indiquaient le sol à cent mètres à peine et toujours la même obscurité cotonneuse. Le silence s’était fait dans le cockpit, seulement perturbé par le sifflement des rafales. Soudain deux colonnes de lumières rouges apparurent. Déjà près de trente centimètres de poudreuse recouvraient la piste.

-Accrochez-vous Princesse ! s’écria Azim au moment même où l’appareil touchait terre, déployant son parachute.

Le premier train d’atterrissage ne résista pas à la pression que lui imposa la neige et céda, déstabilisent le chasseur. Mais Azim resta calme et concentré et réussit à maintenir le cap, immobilisant l’appareil en bout de piste, juste à côté du hangar d’aviation. Le Maganac ouvrit le cockpit et la tempête les agressa aussitôt. Il se retourna alors promptement et aida la princesse à se détacher, d’autant plus handicapée par son épaule malmenée.

-Ohé ! Est-ce que ça va ? retentit soudain une voix portante au travers du brouillard floconneux.

Immédiatement Azim fit volte face, sur le qui-vive, pour voir apparaître la silhouette d’un homme encapuchonné.

-C’est bon, c’est Kylian, le rassura-t-elle.

Mais le Maganac préféra se montrer trop prévenant et sautant de l’avion, atterrissant face à l’inconnu.

L’homme emmitouflé se stoppa et il distingua vaguement ses traits dissimulés par l’obscurité.

Sa voix en revanche était claire et franche.

-Vous devez être Azim ! Enchanté ! fit-il en lui offrant une main gantée.

Le pilote n’hésita pas un instant de plus et reçu sa poigne.

-Merci. Je n’y serais pas arrivé sans votre aide.

-C’est rien ! Vous vous en êtes bien sortis avec un temps pareil ! Mais nous discuterons à l’intérieur, ce n’est pas une tenue pour les Dolomites, et je ne voudrais pas que ma petite princesse attrape un mauvais rhume, lança-t-il en relevant la tête pour apercevoir la jeune fille qui se relevait doucement.

Un sourire rassuré se dessina sur ses lèvres lorsqu’elle se retrouva au sol, face à cet homme.

-Kylian. Je suis heureuse de te voir.

-Pas autant que moi Relena, lui assura-t-il tout en lui entourant ses épaules qui commençaient déjà à trembloter.

-Venez avant d’attraper froid.

 

L’homme les fit monter à bord du 4x4 et en quelques minutes, ils se retrouvèrent devant une immense bâtisse de bois et de pierres d’où filtrait une faible lumière.

-Et pour le chasseur ? demanda Azim avant qu’ils ne descendent de la voiture.

-Ne vous inquiétez pas, je m’en occuperais demain à la première heure. Nous avons d’autres préoccupations plus importantes pour le moment.

A cette simple évocation le ventre de la princesse se serra, elle n’attendit pas une seconde de plus et ouvrit la portière, les prenants de court.

La jeune fille sauta l’escalier qui la séparait de l’entrée et ouvrit la porte à la volée.

Elle se figea lorsqu’elle trouva, à peine à quelques mètres d’elle, Iria qui venait dans un même mouvement de se relever.

Leurs yeux se rencontrèrent aussitôt, se reconnurent. La même peine, la même joie, la même complicité. Et dans un élan simultané elles se précipitèrent l’une vers l’autre s’étreignant comme deux enfants perdues.

-Relena, j’ai eu si peur… fut-elle la première à trouver ses mots, la resserrant davantage.

-Je suis tellement heureuse que tu ailles bien, se redressa alors la jeune fille afin de voir les yeux de jade de son amie inestimable.

Les deux princesses se sourirent avec affection lorsque l’attention de la nouvelle arrivée fut attirée vers le sol.

Relena sauta une inspiration lorsqu’elle vit qui venait de se frotter à sa jambe.

-Enora… souffla-t-elle.

En entendant son nom l’animal se calma un instant et releva la tête dévoilant ses yeux pétillants habituellement dissimulés sous une multitude de poils.

Un sourire innocent éclaira le visage de la jeune fille, un instant redevenue enfant. Elle s’abaissa aussitôt et accueillit dans ses bras celle qui avait été sa meilleure amie pendant tant d’années.

-Mon dieu ! Je t’ai cru perdue toi aussi ! fit-elle alors que le briard au pelage blanc lui offrait de généreux coups de langues [3]

La princesse sourit doucement puis caressa le crâne de l’animal tout en se redressant. Immédiatement la chienne s’apaisa et s’assit aux pieds de sa maîtresse.

Le visage de la jeune fille redevint grave, et alors que Kylian et Azim entraient, elle prit tout son courage et posa la question qu’elle n’avait de cesse de se répéter.

-Heero…Comment va Heero, se reprit-elle.

Un faible sourire accueillit ses mots et les yeux d’Iria se teintèrent de douceur.

-Nous l’avons mis dans ta chambre. Il a quelques côtes fêlées là où la balle l’a effleuré et une blessure à l’arcade. Il est sonné mais il s’en sort bien.

-La balle n’a fait que l’effleurer… souffla Relena soudain incroyablement soulagée.

-Vas-y, répliqua alors Iria en voyant la lueur intense qui habitait les yeux de la jeune fille.

-Je suis désolée. Je suis à peine arrivée que je m’éclipse déjà…

-Arrête de dire n’importe quoi et dépêche-toi, il t’attend ! la poussa-t-elle doucement face à la montée qui menait aux chambres.

-Merci Iria. Je ne sais pas ce que je ferais sans toi.

La princesse aux yeux verts s’immobilisa un instant, fixant son amie.

-Tu m’as énormément apporté Relena. Ne remets jamais ça en doute.

Elles se sourirent de nouveau complices.

-Allez viens, je t’éclaire, lui prit-elle alors le bras, l’entraînant à sa suite sur la grande montée d’escaliers en bois sculpté.

 

Le chandelier s’arrêta face à la porte fermée. Iria avait senti la jeune fille se crisper.

-Tout ira bien, la rassura-t-elle en la relâchant. Je t’ai laissé de quoi te changer. La princesse acquiesça et elle reprit : Il y a de l’électricité, mais nous l’économisons pour l’exploitation. Cependant si tu juges nécessaire d’allumer, alors n’hésites pas. Quelqu’un passera vous voir toutes les deux heures, alors ne t’épuises pas à rester éveillée, tu es convalescente toi aussi je te rappelle.

Relena ne put s’empêcher de se dire que ce n’était vraiment pas l’essentiel pour le moment, mais Iria n’eut pas besoin de ses mots pour comprendre.

-Tu as une mine détestable, et si tu ne prends pas soin de toi, je te sépare d’Heero ! finit-elle sur un air qui se voulait vaguement menaçant.

La jeune fille en position de faiblesse lui adressa un regard en coin, incapable de résister à la provocation.

-Ca va, je sais, je sais… sourit-elle, satisfaite. Aller, vous n’avez déjà que trop attendu, allons-y, trancha-t-elle, se saisissant de la poignée.

La porte s’ouvrit, laissant apparaître deux femmes assises autour d’une bougie.

-Mademoiselle Relena !

-Dorothy, Anna, je suis contente de vous revoir, leur sourit faiblement la princesse avant que son attention ne soit aussitôt attirée vers son lit.

-Bien, nous allons vous laisser, comprit immédiatement la femme de Kylian.

Relena cilla et détourna un instant son intention.

-Merci. Excusez-moi.

-Allons, ne t’excuses pas pour ça, lui sourit tendrement Anna, nous aurons tout le loisir de nous voir plus tard.

La jeune fille lui rendit son geste et acquiesça.

-Tu veux que je te laisse la bougie ?

-Non ça ira, merci.

-Très bien. N’hésites pas s’il y a quoi que ce soit.

-Merci.

-Je t’en prie, lui assura-t-elle une dernière fois avant de refermer la porte derrière elle.

Les lattes de bois crissèrent un instant sous le pas des trois femmes puis le silence se fit.

 

La princesse laissa ses yeux s’habituer à la pénombre, la pièce seulement éclairée par le feu mourrant de la cheminée. La jeune fille hésita quelques secondes à allumer lorsqu’elle entendit la respiration rapide du pilote, mais elle se rassura en se répétant ce qu’Iria venait de lui dire, il allait bien, il était juste épuisé…elle avait eu tellement peur !

Elle s’approcha du lit et aperçut bientôt les formes du jeune homme se dessiner sous la lourde couette.

Son cœur se serra alors qu’elle dégageait les mèches encore humides qui retombaient en travers de son visage, lui dévoilant sa blessure aux contours vifs.

Mais elle se força à ne pas se laisser envahir par la peur, Heero ne se laissait pas abattre aussi facilement, elle devait avoir confiance en lui.

-J’arrive, lui souffla-t-elle alors qu’elle retirait sa main.

Relena connaissait par cœur les moindres recoins de sa chambre, et c’est avec des gestes précis et silencieux qu’elle ouvrit la lourde caisse en sapin qui contenait le bois pour le chauffage. Elle prit plusieurs bûches qu’elle disposa dans la cheminée, une poignée de brindilles et en quelques secondes le feu mourrant s’anima dans une danse lumineuse qui fit crépiter l’écorce des bûches.

La princesse sourit, encore admirative de la beauté d’un feu de cheminé, même après toutes ces années. Dès qu’elle fut assurée que le bûcher ne s’éteindrait pas, elle se releva, se déshabilla et enfila la nuisette qu’Iria lui avait donnée.

D’un geste elle donna une indication à Enora qui alla se coucher près du feu.

La jeune fille se dirigea alors doucement vers le lit et avec d’infimes précautions souleva la couette et se glissa aux cotés du pilote. Il s’agita lorsqu’il sentit la présence de quelqu’un d’autre contre lui mais s’apaisa aussitôt en entendant la voix de la princesse.

Relena entoura alors doucement sa tête tout en continuant à lui murmurer qu’il n’avait plus à s’inquiéter. Elle le serra tendrement contre elle et peu à peu la respiration du jeune homme se fit plus lente pour n’être bientôt qu’un murmure.

-Repose-toi, cette fois c’est à moi de veiller sur toi, lui souffla-t-elle.

Relena le veilla sans faillir, mais à l’aube, la fatigue eut raison d’elle et elle s’endormit.

 

La neige était tombée toute la nuit et accueillait l’aube d’un ciel pur, absent de toute trace de tempête. Un silence cotonneux marqua l’arrivée du soleil, le matin s’éveillait paisiblement dans son drap blanc.

Un souffle, un balancement. Une sensation si douce…

Le pilote reprit doucement conscience et cilla pour ouvrir les yeux sur une vision tamisée. Jusqu’à ce que la douleur revienne l’accabler. Heero se raidit et laissa mourir un cri étouffé. Mais la souffrance s’effaça soudain au profit d’une caresse volatile.

La jeune fille l’avait senti s’agiter et s’était aussitôt réveillée. Elle se relevait doucement et dégageait avec précaution la tête reposant contre sa poitrine lorsqu’elle rencontra ses yeux de prusse.

Elle se figea.

Un éclair de surprise traversa le regard terne du pilote et le cœur de Relena se serra d’un sentiment de culpabilité. Qu’il la repousse aurait été une réaction justifiée pour elle. Mais il en était tout autrement pour Heero.

Les yeux du jeune homme ne restèrent qu’un instant dans la surprise pour s’illuminer d’une joie non dissimulée, d’une telle luminosité qu’elle irradia la princesse jusqu’au plus profond de son être. Complètement à nu, sans aucune retenue, il lui livrait son âme. Le mortel attendait le jugement de l’archange. Et il aurait bien avoué n’importe quoi si le paradis lui accordait à jamais de rester auprès de ces yeux à l’expression si intense… à ce regard qu’il lui aimait tant.

Quel mauvais tour lui jouait encore son être tourmenté ? Relena était-elle vraiment là… ce qu’il avait vu…

A cette simple évocation, le regard du pilote se brouilla. Il n’en pouvait plus, il était fatigué que l’on joue ainsi avec son cœur. Il avait bien trop mal.

Alors Heero fut le premier à briser l’état de distance qui venait de s’instaurer, relevant avec effort son bras pour le laisser glisser le long de la taille de la princesse. La peau fébrile de la jeune fille trembla à son toucher, lui causant à son tour une décharge salvatrice. La vie était bien là, chargée de peine et d’espoir. Le paradis pouvait attendre, il voulait encore y croire. Croire en elle.

Heero cependant trop faible, n’eut pas la force de lutter contre son corps et laissa retomber sa tête contre le tissu de soie, resserrant insensiblement sa prise sur la jeune fille. Relena sourit faiblement et déposa un tendre baiser sur son front, laissant le pilote puiser dans la chaleur de ses lèvres tièdes.

-Dors, lui souffla-t-elle alors qu’elle le caressait doucement, je ne te quitterais plus.

Et alors qu’il sentait contre lui le cœur accéléré de la princesse, il ferma ses paupières et se laissa envahir par la vie qui animait cet être si précieux à ses yeux.

Le pilote dormit d’un sommeil sans chimères, laissant son corps s’abandonner au repos mérité. Relena resta à ses côtés et bénéficia de chaque seconde comme une bénédiction, elle avait cru le perdre et il s’offrait de nouveau à elle.

 

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Le courant fut rétabli en fin de matinée et après un rassemblement en urgence des membres du conseil et la mise au clair des points essentiels, Sally se retira et put enfin céder à son être épuisé

Les guerriers avaient accompli leur part de basses besognes et c’était à présent au tour des politiciens de reprendre leur travail. Mais si la paix semblait acquise à Sank, il en était tout autrement à l’extérieur du royaume et pendant que les pilotes de Gundam se reposaient, Howard et ses hommes remettaient en état les armures mythiques.

 

Les épyons terros étaient peu être partis en perdant, mais la guerre n’était pas terminée. Et la vengeance saurait arriver en temps utile.

Sank leur avait peut être échappé mais ils ne laisseraient pas la propagande s’immiscer au sein des Sphères Unifiées. Dans un souci de préservation, les communications avec l’espace furent coupées, assurant leur domination sur les citoyens des colonies au cas où la situation dégénèrerait sur la planète.

 

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A présent tout était clair. Vouloir s’éloigner de lui avait été une erreur, ne pas écouter son cœur, inconsidéré. Cela revenait peut être à faire taire ses faiblesses mais condamnait par la même occasion tout espoir. Force et faiblesse, un fait immuable pour l’espèce humaine. Il ne fallait pas avoir peur. Wufei avait eu tort. La raison n’est pas le fer de lance des êtres vivants, ce n’est qu’une extension qui permet de tempérer ses émotions. Wufei avait voulu lui faire croire le contraire et s’en convaincre par de la même. Mais lui-même n’y était pas parvenu, il ne faisait que se voiler la face, et cela en avait fait un être de peine et de souffrance. Son cœur était bien là, et il s’exprimait de la façon la plus violente qui soit. Parce qu’il n’avait pas le choix.

L’inquiétude envahit la jeune princesse en pensant au pilote au regard noir. Comment Wufei avait-il réagi à la chute de son ami ? Car il considérait Heero, c’était incontestable, cela l’avait saisie lors de leur «  accrochage ».

Et Heero ? Comment s’était-il retrouvé dans un tel état ?

Elle avait vu ses paumes, barrées de cicatrices encore vives. Cela ne pouvait signifier qu’une seule chose : pour se mutiler ainsi, il avait dû être aux prises avec le Système Zéro. Mais pourquoi ? Et comment ? Heero était l’une des rares personnes à pouvoir contrôler cette intelligence artificielle, elle le savait, malgré cette peur qui l’habitait lorsqu’il se trouvait à bord de son appareil. Dans le fond, elle avait toujours redouté le comportement qu’aurait le pilote à bords du Wing maintenant qu’il était plus « humain »…

Une inspiration plus profonde la sortit de sa réflexion. Elle attendit quelques seconde mais rien ne se produisit. Il dormait toujours profondément. La jeune fille eut un tendre sourire et l’effleura doucement avant de le resserrer contre elle. L’essentiel, c’était qu’il soit là. Les questions seraient pour plus tard, le moment était au bonheur de l’instant présent.

 

Le jeune homme recommença à s’agiter en début d’après midi et elle l’aida à se réveiller jusqu’à ce qu’elle voit apparaître ses yeux pâles à l’expression un peu moins fatiguée.

-Comment te sens-tu ? l’appela-t-elle doucement tout en reposant sa tête contre le matelas.

Malgré la douleur que provoqua le mouvement, ses gestes délicats atténuèrent sa souffrance. Et pour la première fois depuis sa chute, il retrouva l’usage de la parole.

-Mieux… souffla-t-il en refermant un instant les yeux, s’efforçant à se concentrer sur ce qu’il s’était passé.

-Est-ce que tu veux quelque chose ? l’interrogea-t-elle tout en lui caressant doucement le crâne, le sentant se détendre aussitôt à son toucher.

-… de l’eau… Je veux bien un peu d’eau, se reprit-il.

Relena lui sourit doucement, il ne semblait pas surpris de la voir, cela prouvait qu’il reprenait effectivement le dessus.

-Je reviens, dit-elle à voix basse en se relevant doucement, prenant soin de ne pas le brusquer.

La chambre s’était considérablement refroidie avec le feu qui n’avait pas été réanimé depuis déjà quelques heures. La jeune fille frissonna un instant et passa par la salle de bain afin de se recouvrir d’un peignoir.

-Reste-là, fit-elle alors qu’elle repassait rapidement par la chambre.

Le jeune homme se demanda un instant ce qu’elle avait bien pu dire jusqu’à ce qu’il perçoive un mouvement dans la pièce. Instinctivement il se raidit, mais forcé de constater qu’une simple contraction lui demandait déjà une énergie inconsidérée, il resta immobile. Jusqu’à voir apparaître l’être en faute.

Le patient esquissa un sourire lorsqu’il vit l’animal s’arrêter face à lui et le fixer de la même manière qu’il était en train de le faire. Ce n’était pas la première fois qu’ils se rencontraient.

-Enora… il semblerait que tu ais ma garde…

Le briard dressa les oreilles en entendant son nom et coupa court à la distance qui la séparait du pilote.

Enora s’approcha pour effleurer doucement sa paume de sa truffe tiède. Il aurait juré qu’elle pouvait percevoir sa douleur puisqu’elle se retira aussitôt. Elle resta néanmoins à ses côtés, s’asseyant au pied du lit.

Relena ne fut pas longue à s’absenter et revint quelques minutes plus tard.

Un vague sourire éclaircit son visage lorsqu’elle aperçut sa chienne veillant sur le jeune homme. Elle lui adressa une caresse et l’animal se décala, la laissant accéder au patient. Relena posa alors son plateau sur la commode et retourna son attention vers le pilote.

-Iria va passer te voir, Sally lui a laissé des instructions. Il faudrait que tu t’assoies, tu penses pouvoir y arriver ?

-Ca devrait aller… souffla-t-il d’une voix qui trahissait son incertitude.

Relena sourit devant ses efforts et s’assit doucement sur le rebord du lit.

 

-Je vais t’aider.

Leurs regards se croisèrent et le sourire triste de la princesse s’efforça de rester assuré. Elle se pencha alors et dégagea la lourde couette pour rencontrer son torse bandé. Son cœur se pinça et elle se figea soudain. Tant de violences…

Relena cilla en réalisant tout à coup qu’Heero la fixait. Mal à l’aise, elle s’abaissa vers lui et l’entoura, d’autant moins assurée par la peur de le blesser. Le pilote se laissa faire, sachant faire taire sa douleur, et elle le releva doucement.

La jeune fille lui tendit d’abord un médicament suivit d’un verre d’eau, mais il peinait manifestement à assurer sa prise. Elle posa alors sa main sur le plat du verre et l’accompagna dans son geste.

Le pilote but lentement et la princesse, attentive, retira le récipient dès que sa soif fut étanchée. Elle en profita et détourna aussitôt son attention sur la commode.

Elle était au bord des larmes.

Il le sentait.

Avec effort, il releva alors sa main qui saisit son visage dans un geste tendre.

La princesse se figea… cette paume rendue rugueuse mais qui trahissait tant de douceur…

-Relena, l’appela-t-il d’une voix faible mais néanmoins ferme.

Et la jeune fille répondit, touchée par cet élan de détermination. Elle fut alors happée pour retrouver cette lueur si propre à Heero. Elle était là, elle brillait derrière sa peine et sa douleur. Heero… était bien là.

Le pilote se plongea un instant en elle pour retrouver cette Relena qu’il aimait tant. Mais si triste et affaiblie… de cette peine qui la consumait de l’intérieur.

La jeune fille se sentant soudainement mise à nue baissa les yeux dans un geste de culpabilité.

Heero cependant ne cessa pas de la regarder. Il ne la laisserait pas se détruire ainsi… quelques soient les choix qu’elle ait pu faire, son libre arbitre avait été entravé… elle lui cachait quelque chose, il en était sûr à présent qu’elle se trouvait face à lui, il le voyait… Mais les secondes passèrent et malgré tout l’espoir que retrouver Relena à ses côtés avait fait naître en lui, son cœur pulsa, accéléré par la peur inconsidérée de la perdre véritablement… c’est vrai, que lui cachait-telle ? Pourquoi l’avait-elle repoussée ainsi alors qu’ils s’étaient promis de tout se dire ?

La princesse releva soudain les yeux, et sa sincérité balaya en un instant tous ses doutes.

Elle devait cesser de fuir ainsi et assumer ses erreurs. Même si elle était terrorisée par les conséquences que cette décision pouvait avoir, elle ne mentirait pas à Heero. Elle était impardonnable de l’avoir ainsi fait souffrir, elle n’avait aucun droit sur lui, aucun.

Des larmes silencieuses s’écoulèrent de ces yeux issus des cieux, exorcisant la douleur que cette décision provoquait en elle, mais derrière ses pleurs brillait la force de sa volonté. Elle irait jusqu’au bout.

Heero resta un instant saisit par le désespoir qu’il ressentit en elle, jusqu’à ce que sa voix vienne briser son état de léthargie.

-Heero… Heero écoutes je…

-Non, l’interrompit-il soudain. Non, ne dit rien… je t’en prie… souffla-t-il dans un murmure bientôt inaudible… les paroles s’avéraient plus que futiles à présent que ses yeux hurlaient ce que son cœur lui criait.

Saisie, la princesse fit silence face à la puissance de ses sentiments.

La main pourtant faible d’Heero s’anima alors, caressant avec effort son visage traversé par les larmes. Un imperceptible sourire courut sur les traits tirés du pilote alors que ses phalanges rencontraient ses lèvres fines qu’il avait appris à aimer… tant et si bien qu’il serait capable de les retracer sans avoir à les toucher.

Et peu à peu, la princesse se rapprocha, donnant raison à ce regard passionné. Elle avait tellement envie d’y croire.

Leurs souffles chauds se frôlèrent, une caresse, une inspiration, jusqu’à ce que leurs visages trop longtemps éloignés s’effleurent de nouveau, jusqu’à ce que leurs lèvres se reconnaissent et s’assemblent.

Jusqu’à ce que leur amour leur soit de nouveau révélé.

Leurs yeux surent bientôt se fermer pour laisser place à un baiser tendre et réparateur, laissant leur cœur s’exprimer sans arrière pensées.

Lorsqu’ils se séparèrent, le doute avait quitté leur regard à présent teinté d’une joie rassurante. Ils restèrent un instant silencieux, jusqu’à ce que Heero reprenne la parole.

-Que s’est-il passé ? murmura-t-il alors.

La princesse se crispa et ses yeux se brouillèrent des larmes un instant oublié. Le pilote la caressa dans un geste rassurant, l’incitant du regard à se confier.

Il lui promettait d’accepter tout ce qu’elle lui dirait, elle le voyait dans ses yeux. Elle ne méritait pas ça.

-Je t’ai menti et je t’ai fait souffrir… commença-t-elle en se redressant soudain insondable… insondable pour mieux dissimuler sa douleur. J’ai brisé le serment qui me liait à toi et j’ai frappé ce cœur que tu avais eu le courage de m’ouvrir… pour que tu m’oublies… Je ne mérite pas toute l’attention que tu me portes, je ne te mérite pas Heero ! s’exclama-t-elle soudain alors que, bien malgré elle, ses larmes reprenaient de plus belles.

Elle était prête à s’enfuir tant sa peine était grande. Elle tenait à lui, énormément, ça crevait les yeux. Et il ne la laisserait pas partir. Jamais. Il resserra alors sa poigne et lui parla à voix basse tout en s’efforçant d’apaiser ses larmes. Il se maudissait d’être ainsi faible et de ne pouvoir l’enserrer dans ses bras.

-C’est à moi d’en décider il me semble, souffla-t-il dans un regard empli d’affection. Relena, ne t’affliges pas ainsi, il y a une raison valable à ce que tu as fait. Laquelle est-elle ?

-Parce que j’ai eu peur, se reprit-elle entre les sursauts de son corps. J’ai eu peur que tes sentiments mettent ta vie en danger… alors j’ai laissé parler mes angoisses… fit-elle en baissant les yeux.

-Qui t’as dit ça ? continua-t-il avec répartie.

La jeune fille, surprise se redressa, ne sachant que répondre alors que son ventre se nouait de crainte.

-Relena, avec qui étais-tu avant que nous te trouvions dans ce couloir ? insista-t-il.

-Je crois que j’en ai assez fait comme ça… se défendit-elle, mal à l’aise.

-Non tu n’as rien fait du tout, si ce n’est prendre la décision qui t’a paru la plus juste. Il n’y a aucun mal à agir selon sa conscience. Je ne t’en ai jamais voulu Relena, même si ça m’a fait mal, même si je n’ai pas compris. Je ne me serais jamais permis de revenir sur ta décision si je n’avais pas vu dans tes yeux la douleur qu’elle provoquait en toi. Jamais tu n’aurais fait une telle chose de ton propre bon vouloir. Quelqu’un t’as incité à agir de la sorte, tu étais terrorisée lorsque nous t’avons retrouvée dans ce couloir. Relena qui est-ce qui t’as fait peur comme ça ?

-Wufei… avoua-t-elle finalement du bout des lèvres, résignée.

Quelques secondes passèrent et elle releva la tête, inquiète de n’avoir aucune manifestation de sa part. Elle rencontra alors son visage fermé dans ses pensées… jusqu’à ce qu’il s’obscurcisse.

Comment avait-il pu passer à côté de ça ! Passe encore les regards noirs de Wufei à l’encontre de la princesse, il était bien placé pour savoir qu’il avait du mal avec elle [4] … mais il croyait connaître le pilote du Shenlong et jamais il ne l’aurait pensé capable d’en arriver jusque là… il aurait dû anticiper, il aurait dû comprendre après leur affrontement… mais non, il était déjà bien trop omnubilé par la guerre, enfermé qu’il s’était forcé pour rester concentré… comme quoi Relena s’était fait du souci pour rien… il était pathétique.

Le jeune homme cilla soudain lorsqu’il remarqua qu’elle le fixait avec appréhension.

-Je suis désolé, j’aurais dû m’en rendre compte… après… notre…combat… s’interrompit-il alors que son visage se crispait, sa main lâchant prise en retombant contre le matelas.

Relena intervint aussitôt et saisit son visage pâle entre ses mains.

-Heero… l’appela-t-elle avec inquiétude.

-Ça va, fit-il au bout de quelques secondes alors qu’il rouvrait les yeux pour rencontrer le regard suspicieux de la princesse. Un vertige, se justifia-t-il.

L’expression de la jeune fille se radoucit et elle posa une main tendre sur son visage. Heero apprécia son contact et s’apaisa à son toucher, jusqu’à bientôt fermer les yeux et se laisser aller à sa fatigue.

-On reparlera de tout ça plus tard, lui souffla-t-elle alors qu’il tentait avec effort de ne pas se laisser accabler par son corps.

Heero plongea un instant son regard en elle, mais face à sa douce présence, il obtempéra. Il savait qu’il pouvait avoir confiance.

Des bras l’entourèrent alors et il se laissa manipuler sans résister.

-Restes… souffla-t-il alors qu’il la sentait se relever.

-Je n’avais pas l’intention de partir, sourit-elle faiblement. Je vais attendre Iria. Reposes-toi.

La princesse qui était restée au-dessus de lui s’abaissa alors et déposa un baiser volatil auquel il répondit imperceptiblement. Elle lui sourit et effleura une dernière fois son visage à présent détendu.

-Je t’aime Heero. Je t’ai toujours aimé.

 

C’est à ce moment là qu’Iria entra. La jeune fille pila lorsqu’elle vit la princesse penchée au-dessus du corps d’Heero, sa main perdue sur son visage. Un tendre sourire prit forme sur ses lèvres alors que l’ex-ministre se redressait.

-Entre, je t’en prie. Il s’est endormi, souffla-t-elle, un vague sourire dans les yeux alors que son regard s’attardait sur le corps étendu.

-Vous vous êtes parlé, constata alors Iria en s’arrêtant à ses côtés.

Relena, surprise se redressa pour se voir confirmer ce que son ton laissait entendre.

-Comment sais-tu ?

Finalement, elle n’était qu’à moitié étonnée.

-Il s’est passé pas mal de choses ici aussi, répondit-elle dans un sourire.

-Qu’est ce que tu me caches ? s’éclaira aussitôt le visage de la princesse.

-Je ne crois pas vraiment que ce soit le moment de parler de ça…

-Il n’y a de « temps » pour parler des choses qui tiennent à cœur. Et apparemment c’est très important pour toi.

Iria fut rassurée de voir ainsi son amie et accepta son offre, s’asseyant face à elle sur le fauteuil en tissus bordeaux.

-C’est d’accord, mais alors je veux savoir pourquoi tu as pleuré.

Elles se regardèrent, complices et l’accord fut entendu.

La jeune fille aux yeux de jade prit alors une profonde inspiration et se lança.

-Quatre et moi sommes ensembles.

Et le sourire de la princesse s’agrandit.

-Pourquoi est ce que j’ai l’impression que tu n’es même pas étonnée.

-Quatre a mis du temps à comprendre. A accepter ses sentiments et à voir ceux que tu as toujours eus pour lui.

-Mais ! Comment…sais-tu !

Le regard de la princesse se fit plus tendre face à sa surprise.

-Je suis ton amie depuis quelques années déjà Iria. Je te connais probablement mieux que moi-même. Tu as toujours eu de tendres sentiments à l’égard de Quatre.

-Oui…seulement…seulement c’est toi qu’il a toujours regardé.

-Les circonstances on « fait que »…mais dès qu’il t’a rencontrée, il t’a appréciée et prise sous sa protection. Et pourtant, malgré les apparences, qu’il adopte quelqu’un de cette manière n’est pas courant. J’aime Quatre, énormément, d’un amour similaire à celui que je te porte et j’ai été envahie par la joie lorsque j’ai compris. Je vous souhaite beaucoup de bonheur, termina-t-elle dans un sourire sincère.

La jeune fille fut à son tour gagnée par l’émotion et dans un élan du cœur, prit Relena dans ses bras.

-Je suis tellement heureuse que tu sois là…

-Moi aussi, murmura-t-elle en répondant à son étreinte. Si tu savais à quel point…Merci pour ta lettre, elle m’a fait beaucoup de bien.

-Il n’y a pas de quoi, fit-elle en se redressant. Tu m’as fait peur. Et tu n’as pas encore très bonne mine. Ton bras indiqua-t-elle d’un regard, il n’a plus aucune force.

-Mon épaule. Une balle.

Iria vit immédiatement la douleur profonde que ce souvenir ravivait.

-Oui.... On en reparlera plus tard, ne te forces pas.

La princesse secoua négativement la tête.

-Non, il ne faut pas que j’aie peur d’en parler. Surtout pas à toi.

Iria lui sourit doucement et hocha affirmativement la tête, elle était là pour l’aider.

-C’est Onze qui a commandité mon enlèvement, et celui d’Heero par la même occasion…il n’aurait jamais dû se laisser capturer…il aurait dû fuir…

La jeune fille aux cheveux ondulés la regarda avec compassion.

-Heero ne serait jamais parti sans toi Relena.

La princesse la fixa un instant et puisa dans son regard encourageant la force de poursuivre.

-C’est ici que j’ai reçu cette balle. Lorsque je me suis réveillée, j’étais à bord d’une navette, Heero à mes côtés…Après mes souvenirs remontent au satellite où nous avons été conduits…

Elle marqua une pose alors qu’une boule se formait dans sa gorge. Elle ne pensait pas que ce serait si difficile pour elle d’en parler…le souvenir était encore vivace, la cicatrice, rougeoyante.

Iria, sentant sa détresse serra alors ses mains dans les siennes, la gratifiant d’un pâle sourire. Elle était inquiète, vraiment. Elle n’avait encore jamais vu Relena hésiter à ce point.

-Ça va aller…

-…c’est là qu’Onze m’a…interrogée…il…il voulait des informations sur les membres de la liste Teddy Bear, arrêter le mouvement de désarmement. Mais je n’ai rien dit, alors…alors il m’a battue.

Le ventre d’Iria se noua et ses mains se crispèrent sur celles de Relena.

-Mon dieu…

-…il m’aurait frappé à mort si Heero n’était pas intervenu…enfin de toute manière cela ne faisait plus une grande différence…

La jeune fille ressentit alors à travers son regard ce que Quatre lui avait expliqué…Relena ne voulait plus se battre…on avait brisé son espoir…on l’avait brisée tout court. C’était un miracle qu’elle soit encore en vie…qu’elle ne se soit pas laissée mourir.

-…mais ce n’était pas encore fini pour moi, et je me suis réveillé sur L1, soignée. C’est alors que j’ai vu ce qui se passait sur Terre. Je ne pouvais pas rester sans agir. Nous avons donc rejoint le siège des Sphères Unifiées et tu as vu ce qui s’est passé…

-Relena, comment es-tu arrivée à cet hôpital à plus de 200km de Glimmer ?

A nouveau le regard de la princesse vacilla, mais la douleur semblait plus vivace ici encore.

-J’ai entendu le communiqué des épyon terros…j’ai vu ma maison en feu…les écuries…et l’annonce de la capture de ma mère et Pagan…ils m’ont frappée une dernière fois, et ça m’a achevé…Je n’ai pas hésité une seconde, et guidée par la peur et le désespoir, j’ai quitté le chalet qui nous servait de refuge et j’ai suivi la première route qui s’offrait à moi. J’allais m’offrir à Onze. Je l’aurais fait si les pilotes de Gundams ne s’étaient pas mis en travers de mon chemin…si Heero ne m’avait pas confrontée à un choix impossible à faire [5]…une fois de plus il a eu raison de moi…Voilà comment je me suis retrouvée à Saint Joseph…

-…et que tu as sauté par la fenêtre du cinquantième étage, remarqua alors Iria.

-Oui. Les pilotes avaient prévu de me faire disparaître définitivement de la scène, espérant par de la même faire réagir les citoyens…c’est ainsi que tu m’as vue mourir…Ils m’ont conduite à Al-jirma, espérant certainement que je me rétablisse…

-Mais tu n’avais pas tout à fait la même vision des choses…

L’anticipation de son amie lui fit retrouver un instant le sourire.

-Non en effet. L’infection a rapidement pris le dessus sur ma volonté déjà réduite au possible. En quelques jours mon état s’est dégradé et au moment où j’ai su que s’était définitivement terminé pour moi, je les ai appelés une dernière fois, leur livrant tout ce que les épyons terros avaient cherché à savoir…mais Heero n’a pas semblé accepter ma décision…et plusieurs jours après je me suis réveillé dans ses bras…fit-elle une vague expression de mélancolie alors qu’elle tournait un instant son regard sur le pilote paisiblement endormi. Il m’a sauvée la vie, reprit-elle en revenant sur Iria. Mais même si mon corps allait mieux…mon cœur…

-C’est la raison pour laquelle tu l’as envoyé à Sank ?

-Oui. Et parce que je savais aussi qu’il saurait t’orienter mieux que personne.

-Je comprends mieux maintenant, fit-elle dans un sourire.

Le regard d’Iria redevint aussitôt sérieux et son amie poursuivit :

-C’est Duo qui a prit ensuite le relais sur Heero…je n’ai pas été particulièrement coopérative, mais il a su se montrer patient et attentionné jusqu’à m’aider bien au-delà de ce que j’aurais pu imaginer. Il m’a énormément apporté. Il a su refaire naître en moi l’espoir. Il m’a redonnée confiance et m’a rendue ma fierté le jour où il m’a conduite au haras d’Al-jirma. Et puis ensuite il y a eu Trowa…et Azim plus tard…je ne les remercierais jamais assez.

-Et Heero, comment c’est arrivé ? ne put s’empêcher de demander Iria dans un sourire qui en disait long.

Relena répondit par le même geste, et reprit :

-Nous nous sommes embrassés une fois avant son départ pour Sank, mais notre relation a vraiment commencé à son retour. Je ne serais pas là à présent s’il n’avait pas été à mes côtés, c’est incontestable. Il m’a guidée doucement vers mon « rétablissement », m’attendant patiemment et m’aidant à franchir les étapes les plus difficiles…il m’a si bien comprise…

-Oui…mais apparemment il y a eu comme un malentendu entre vous deux…

-C’est ma faute…j’ai douté de lui…et regarde où ça l’a mené…s’affligea-t-elle tout en effleurant le pilote endormi.

-Allons ne dis pas ça. Je sais qu’il y a une raison valable à ce que tu as fait.                                                                       

Un sourire parcouru un instant le visage de la princesse.

-Tu ne vas pas t’y mettre toi aussi.

-Quoi ? Heero t’as dis la même chose ?

Et Relena acquiesça.

-C’est vraiment un bon garçon. Faudra que je ne manque pas de le lui rappeler, remarqua alors Iria dans un large sourire.

La princesse, amusée par la spontanéité de son amie se joignit à son geste.

-Dis-moi, tout ça n’aurait pas un lien quelconque avec Wufei ? reprit-elle alors.

A ce nom, la jeune fille se raidit et Iria sut qu’elle avait visé juste.

-Qu’est ce qu’il a fait ?

-Et bien, il a disparu.

La princesse fronça les sourcils.

-Il se tient pour responsable de ce qui est arrivée à Heero…

-Il semblerait en effet. C’est ce qu’il a laissé entendre. Il s’en veut pour toi aussi.

-J’espère qu’il va bien…Et les autres ? Comment vont-ils ?

-Bien. Ils ont rejoint Howard sur un navire au large des côtes du royaume. Ils se reposent. J’ai eu Quatre à l’instant.

Relena eut un profond soupir de soulagement. Elle était soudainement rassurée et libérée d’un poids énorme.

-Et pour Sank ?

-C’est l’euphorie, lui sourit alors son amie. Après que Heero ait été blessé, le peuple a répondu à l’appel de ceux qui se battaient pour défendre leur terre et il s’est soulevé contre l’agression des épyons terros…en à peine une heure, des milliers de citoyens avaient rejoint Newport, s’amassant devant les grilles du palais. Et guidés par Millardo…l’attaque ultime fut lancée.

-Millardo…Millardo s’est annoncé au peuple ! s’exclama la princesse, stupéfaite.

-Oui, enfin il n’a pas fait exprès d’après ce que j’ai compris. Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que ça a fait l’effet d’une déflagration dans les camps adverses également et de nombreux ennemis se sont rangés aux côtés du comte justicier. Et pour ce qui est des autres nations…je crois que leur capital « confiance dans les épyons terros » a définitivement atteint le point zéro depuis l’attaque de Sank. La prise de conscience s’opère, appuyée par les membres Teddy Bear.

-…les épyons terros avaient vraiment misé sur la chute de Sank pour asseoir leur pouvoir…perdre cette bataille a totalement bouleversé l’ordre établi.

-Oui et ton intervention a été un véritable coup de grâce.

Le regard de la noble déchue se fit plus profond.

-Je suis désolée, je t’ai mise dans une situation délicate. Je…j’ai agis sans réfléchir…lorsque j’ai vu la tournure que la bataille prenait…lorsque j’ai vu Heero…j’ai perdu tout espoir. Ma colère et mon amertume ont pris le dessus…et j’ai laissé ma rage s’exprimer…

-Tu n’as pas à t’excuser, fit-elle avec douceur. Tu n’as fait que laisser parler ton cœur…pleurer ton âme…et tous ceux qui t’ont entendue ne s’y sont pas trompés.

La princesse au regard triste lui offrit un pâle sourire et allait prendre la parole lorsqu’elle fut coupée par quelqu’un qui frappa à la porte.

-Entrez.

La poignée s’abaissa alors pour laisser apparaître une jeune fille aux longs sourcils.

-Mesdemoiselles, j’apporte le nécessaire pour soigner le malade. Je ne vous dérange pas ?

-Non, entre Dorothy, je t’en prie.

 

La jeune blonde s’inclina alors devant la princesse revenue de l’outre monde et lui offrit un sourire respectueux.

-Je suis contente de vous voir saine et sauve, mademoiselle Relena.

-Moi aussi je suis heureuse de te revoir. Merci d’avoir veillé sur Iria, rajouta-t-elle avec sincérité.

-Oui tu peux la remercier, parce que je lui en ai fait baver ! s’exclama alors la concernée.

-Mademoiselle Iria a été absolument exécrable avec moi ! se prit alors Dorothy au jeu.

Relena les regarda, un instant stupéfaite, jusqu’à les voir s’échanger un regard entendu derrière leurs pupilles rieuses.

-Vous avez vraiment réussi à vous entendre…lança-t-elle, incrédule.

Et face à son expression, les deux jeunes filles éclatèrent d’un rire qui devint bientôt incontrôlable, entraînant alors Relena à leur suite dans un élan de joie bienfaiteur.

 

Et lorsque le pilote se réveilla, il fut accueillit par l’image de trois jeunes filles au bord des larmes tant le fou rire était profond. Et inévitablement, la scène lui arracha à son tour un faible sourire. Cela lui faisait incroyable du bien de sentir des être heureux autour de lui, c’était plutôt communicatif comme état d’esprit.

Dorothy fut la première à se ressaisir, inspirant profondément et essuyant le coin de son œil chargé d’humidité.

-Tiens, comment se porte notre petit protégé, fut-elle la première à l’apercevoir. Désolé, nous t’avons réveillé.

A son intervention, les deux princesses se retournèrent à leur tour pour rencontrer un pilote à l’expression presque rieuse. Ce qui était plutôt inhabituel. Seule Relena ne fut pas surprise et lui rendit un doux sourire, lui souhaitant la bienvenue. Ils se fixèrent quelques secondes, se regardant intensément. Puis Heero fut le premier à se ressaisir en sentant deux autres pairs d’yeux qui le fixaient. Il détourna le regard un instant mal à l’aise, ce qui fit sourire un peu plus les trois autres.

-Comment tu te sens ? lui demanda alors doucement Relena qui fut la première à retrouver sa contenance.

-Mieux.

-Je peux ?

-Bien sûr Dorothy, se releva aussitôt la princesse, lui cédant sa place.

La jeune fille s’assit alors sur le rebord du lit et leurs regards se rencontrèrent un instant. Jusqu’à ce que le visage de la petite fille du Duc Dermail se radoucisse.

-Heero, où as-tu mal ?

Le pilote répondit à toutes ses interrogations et se laissa ausculter. Lorsqu’elle eut fini, elle remonta prudemment les couvertures sur son corps.

-Quelle est la dernière chose dont tu te souviennes ?

A cette question les yeux du jeune homme devinrent soudain insondable et son visage se crispa. Dorothy se fit plus sérieuse.

-Heero, c’est important, insista-t-elle

Le regard du pilote se noircit. Il se trouvait soudain acculé. Que pouvait-il dire ? Relena se tenait pour responsable de ce qu’il lui était arrivé…et il ne tenait pas à en rajouter…Cherchant une issue, il détourna la tête pour se retrouver soudain face à la princesse. Il s’était fait surprendre. Il se détourna prestement, mais le mal était fait. Relena, saisie au ventre recula, tentant d’apaiser son cœur emballé, mais en vain…ce qu’il voulait lui cacher…ce qu’elle avait su dès le début.

Heero se retourna au moment même où, n’y tenant plus, elle prit la fuite.

-Relena !

Mais son appel n’eut aucun effet et, dans un élan inconsidéré, le pilote se redressa et saisit le bras de la jeune fille. Mais la douleur fut telle, qu’incapable de résister, il fut contraint de la relâcher aussitôt, s’effondrant sans rien pouvoir faire. Son corps lui fit chèrement payer cette insubordination tant la douleur était profonde à chaque inspiration.

 Mais son intervention avait eu l’effet escompté.

Relena s’était immobilisée. Elle le fixait, stupéfaite et inquiète alors qu’une larme s’était figée au coin de ses paupières embrumées.

-Je ne t’oblige à rien…articula-t-elle alors d’une voix faible.

-Je sais. Approches…

Dorothy qui s’était déjà relevée, se décala, l’invitant à prendre sa place. La princesse sembla hésiter, mais face à son regard, elle ne put lutter.

Mal à l’aise, elle s’installa à ses côtés, s’efforçant à soutenir son affront…mais ce qu’il lui demandait là était si difficile…la jeune fille se sentir faiblir lorsqu’une main emprisonna la sienne, lui demandant de lui accorder sa confiance et s’assurant par de la même qu’elle n’allait pas tenter de disparaître de nouveau.

Une fois qu’Heero fut assuré qu’elle allait rester, son regard se teinta de profondeur et de détermination.

-Relena ce qui est fait est fait. Les remords détruisent. Ne te laisse pas accabler, d’autant plus que tes choix ont étés entravés et que j’ai moi-même décidé de mes propres initiatives. Des circonstances particulières ont induit des évènements inattendus. En aucun cas je ne veux que tu te tiennes responsable de quoi que ce soit.

La princesse sourit faiblement devant ses propos. Elle n’était pas vraiment du même avis. Mais face à sa détermination, elle hocha la tête, lui promettant d’essayer.

Le visage du pilote se détendit alors imperceptiblement et il releva son attention sur les deux jeunes filles face à lui, qui attendaient, silencieuses.

-Que veux-tu savoir exactement ?

-J’ai besoin de déterminer à quand remontent tes derniers souvenirs afin de mesurer l’importance du traumatisme.

-Je ne crois pas pouvoir t’aider puisque la dernière chose dont je me souvienne ne correspond pas à la réalité.

Les jeunes filles se regardèrent sans comprendre jusqu’à ce que Heero, qui avait marqué un temps d’arrêt, termine sa réflexion.

-La dernière chose dont je me souvienne c’est d’avoir vu mourir Relena.

Un sursaut de surprise marqua cette déclaration alors que Heero se tournait vers la princesse qu’il avait senti se crisper à sa main.

Mais Relena soutint son regard. Elle lui sourit tristement alors qu’elle effleurait tendrement son avant bras resté en dehors des draps. Elle comprenait mieux le comportement qu’il avait eu à son réveil.

-Oui c’est vrai fit-elle avec douceur. J’aurais pu mourir, et si Azim n’avait pas été là, c’est certainement ce qu’il se serait produit. Al-jirma a été attaquée juste après mon intervention, s’expliqua-t-elle en se retournant vers Iria et Dorothy.

-Après…ton intervention, répéta Heero pas tout à fait sûr de comprendre.

-Oui…on sait à présent que je suis vivante.

-Mais…pourquoi ? la regarda-t-il, surpris.

-Ça rejoint ce qu’il s’est passé à Sank, je…

La princesse s’interrompit soudain en voyant le regard du pilote se brouiller. Elle éleva doucement sa main libre et la posa contre la joue du jeune homme avant que ne se manifeste un nouveau vertige. Heero se crispa soudain et s’agita, mais sa tête contenue par la jeune fille fut limitée dans ses mouvements.

-Heero… l’appela-t-elle au bout de quelques secondes.

-Ça va, j’ai juste la tête qui tourne un peu…

-C’est sûr oui, après la chute que tu as faite, ne put-elle s’empêcher de rétorquer dans l’humour noir. Pardon s’excusa-t-elle aussitôt en voyant qu’elle venait de le toucher. Ce n’était pas dirigé contre toi.

-Oui, mais c’est quand même inquiétant, intervint alors Iria. Tu as mis plus d’une demie-heure à te réveiller et je ne parle pas du temps qu’il t’as fallu pour reprendre tes esprits…

- On n’a aucun moyen de vérifier s’il n’y a pas de lésions internes ? s’enquit la princesse.

-Non malheureusement…j’ai bien demandé à Sally…mais étant donné l’état de guerre qui règne encore…

Heero assista à l’échange sans trop comprendre.

-Il s’est passé quoi au juste ? les coupa-t-il alors.

Les jeunes filles se tournèrent de nouveaux vers lui, anxieuses. Il ne se souvenait vraiment plus de rien.

-Tu te rappelles de la guerre qui a éclaté à Sank ?

Le pilote mis un instant avant de répondre et son regard se voila à ses sombres souvenirs… comment aurait-il pu oublier la peine qu’il avait ressenti dans la voix de Duo…

-Oui…la dernière personne à qui j’ai parlé, c’est Duo… après ça… le combat… je ne sais plus très bien… murmura-t-il perdu dans ses bribes de souvenirs auxquelles il essayait de donner un ordre logique…mais tout était trop flou.

-Heero… intervint alors Dorothy qui fut la première à sortir de l’état de surprise que cette nouvelle semblait avoir provoquée dans son entourage…ta discussion avec Duo… ça fait plus de 24 heures… et six heures avant ton accident.

Le visage du pilote se détendit de surprise en réalisant soudain.

Il avait vraiment oublié.

Les jeunes filles se concertèrent du regard semblant hésiter à lui révéler ce qu’il s’était passé.

-J’ai perdu le contrôle, c’est ça… fit alors une voix vibrante de colère contenue.

Contenue car il avait braqué sur lui le regard de trois jeunes filles. Mais Relena n’était pas dupe, elle voyait le mépris qu’il avait envers lui-même.

-Oui, fit-elle avec douceur. Mais tu t’es battu, rajouta-t-elle en plongeant son regard doux mais ferme dans ses pupilles bleues.

Le pilote resta un instant subjugué, jusqu’à ce qu’il la sente se libérer de l’emprise de sa main pour inverser les rôles, se saisissant de la sienne qu’elle éleva doucement jusqu’à sa vue, déliant sa paume et lui révélant ses coupures encore fraîches.

Il s’était mesuré au Wing.

-Comment ça s’est terminé ?

-Tu as quitté la ville pour rejoindre les autres Gundams près du palais résidentiel… le Wing Zéro s’est alors immobilisé, le cockpit s’est ouvert…et on t’a tiré dessus. Tu as chuté tête la première… termina-t-elle, affectée.

-Est-ce que… j’ai… le Système Zéro a complètement pris le dessus  ? se risqua-t-il doucement, la crainte au ventre d’avoir tué de nouveau… qui sait ce qu’il avait bien pu faire… Ce que le Wing avait bien pu faire ? Il ne voulait pas… plus personne… plus de morts inutiles…

-Je ne sais pas Heero… hocha négativement la princesse.

-Les communications étaient coupées, reprit Dorothy, et tu étais seul dans la ville…mais tu as l’air d’avoir pas mal affaibli les troupes ennemies…il faudrait demander à Quatre.

-Quatre… répéta-t-il pour lui-même lorsqu’il réagit soudain. Les autres pilotes, comment vont-ils ?

-Bien, la rassura Iria, ils sont avec Howard.

-Je dois leur parler, déclara-t-il alors en tentant de se relever.

Mais une main ferme de la princesse suffit à le stopper.

-Non Heero, fit-elle avec patience, tu en as bien assez fait pour aujourd’hui. Tu as subi un traumatisme important et c’est déjà un miracle que tu puisses tenir une conversation, alors n’abuses pas de ta bonne étoile. Demain, c’est promis.

Relena sentit alors le corps du pilote se détendre et d’un imperceptible hochement de tête il lui indiqua qu’il acceptait. La jeune fille lui sourit tendrement.

-Reposes-toi, tu en as vraiment besoin.

-Tiens d’ailleurs, fit innocemment Iria, si tu prenais un peu soin de toi aussi ?

-Je n’ai besoin de rien, se défendit la princesse.

-Toi peut être pas mais ton corps si ! Alors tu vas me faire le plaisir de descendre avec moi pour un repas digne de ce nom ! Ça fait combien de temps que tu n’as pas avalé quelque chose, hein ?

L’expression coupable de la jeune fille fut plus explicite que nécessaire.

-C’est bien ce que je craignais… soupira Iria… allez ! En bas ! Je vais te remuer moi tu vas voir !

Heero la regarda un instant surpris et décrocha presque un sourire. C’était incroyable comme ce petit bout de fille au regard vert et à l’apparence si douce savait se faire respecter lorsque cela s’avérait nécessaire.

-Vas-y Relena, s’il te plait. S’il y a le moindre problème j’appelle.

-Très bien… céda-t-elle à contrecœur.

 

*****************************

 

Les jeunes filles arrivaient en bas des escaliers lorsqu’un cri de joie retentit soudain.

-Lena ! lança une petite voix claire

-Kissa…sourit doucement la princesse, s’abaissant pour accueillir l’enfant qui courait à elle.

La petite blonde s’agrippa au cou de son aînée la serrant aussi fort qu’elle le pouvait.

-Je savais bien que tu n’étais pas morte moi. Parce que tu as toujours été la plus forte !

La princesse sourit à sa remarque candide et la serra un peu plus fort.

-Je suis désolée de t’avoir causée du chagrin.

-Non j’étais pas triste.

Relena surprise la relâcha la fillette qui devait aller sur ses quatre ans. Elle plongea ses yeux dans ses billes noires et l’enfant à l’esprit vif compris aussitôt.

-J’étais pas triste parce que Anìron et Enora ne l’étaient pas.

-Anìron est ici !

-Bin vi, répliqua-t-elle avec répartie.

-Kissa, laisses un peu respirer Relena, retentit alors la voix grave et douce de Kylian.

L’enfant s’écarta aussitôt et tendit ses bras, demandant l’asile à son père.

L’homme obtempéra gracieusement et saisit sa petite blonde, la faisant virevolter un instant avant de la reposer contre son torse. La fillette qui riait aux éclats s’apaisa alors et le gérant de l’Hespéros tourna son attention vers la dernière venue.

-Tu as l’air d’aller mieux Relena. Ça me fait plaisir.

La princesse, qui considérait Kylian et sa famille au même titre que ses parents adoptifs, lui offrit un faible sourire et inclina respectueusement la tête.

-Allons ne restons pas là ! Anna t’a préparée ton plat favori.

Le sourire de la jeune fille s’agrandit alors qu’elle lui emboîtait le pas.

-Mais c’est un véritable complot ! s’exclama-t-elle, faussement indignée.

 

Le repas s’allongea finalement et fut bientôt partagé par tous, même Azim fut conquis par l’odeur attirante de ces mets étrangers à son palais.

La nuit était tombée et Relena se dirigeait vers sa chambre incroyablement sereine. Partager un bonheur simple avec des gens chers à ses yeux était le cadeau le plus précieux qui soit.

La princesse suivit le même rituel que la veille, et après s’être assurée que tout était en ordre, elle se glissa aux côtés du pilote qui s’était allongé sur le flanc.

Quelle ne fut pas sa surprise de sentir alors une main venir se perdre contre sa nuque. La jeune fille d’autant plus sensible à cet endroit eu un sursaut de recul instinctif.

-Excuses-moi, je ne voulais pas t’effrayer… souffla alors une voix qu’elle aurait presque sentie inquiète.

-Ce n’est rien… Mais que fais-tu éveillé ? réalisa-t-elle soudain.

-J’ai senti ta présence aussitôt que tu as franchi la porte de cette chambre… Relena, ça va ? l’appela-t-il, cette fois nettement plus inquiet, alors que la jeune fille qu’il pouvait distinguer redressée face à lui, n’avais encore esquissée aucune réaction depuis déjà quelques secondes.

Il allait se mettre en mouvement lorsqu’elle le stoppa d’un geste apaisant.

-Oui. Ça va même très bien, lui souffla-t-elle alors qu’il apercevait à travers la lueur du feu un sourire prendre naissance sur son visage aux traits à présent apaisés.

Elle se pencha alors effleurant sa tempe jusqu’à perdre ses doigts fins dans sa chevelure d’ébène.

Heero apprécia sa caresse, mais garda néanmoins les yeux ouverts, captivé par ce qu’il voyait à travers la princesse.

Ce qu’il avait espéré depuis des mois était sur le point de se produire… elle semblait enfin prête à se libérer pour atteindre sa consécration.

Les yeux de la jeune fille se plissèrent alors et son bleu des cieux devint aussi profond que le firmament.

-Heero, j’ai cru que j’aillais mourir de chagrin lorsque je t’ai vu t’effondrer de ton Gundam… mon cœur a failli s’arrêter pour de bon cette fois-ci... Un faible sourire naquit alors dans son regard bleu… mais ce soir tu es là, sur les terres de Sank, dans cette demeure qui a été longtemps pour moi mon échappatoire. Ma force de tenir contre la vie que je m’évertuais à fuir … d’aussi loin que je me souvienne. Oui j’ai refusé de vivre, pendant des années. Je ne voulais pas, je ne trouvais aucune raison valable à mon existence, moi la petite fille du richissime vice-ministre des affaires étrangère, qu’est ce que cela aurait changé si je disparaissais ? Je n’étais pas à ma place, au fond de moi je le savais. Je n’aimais pas les Hommes, je n’aimais pas ce qu’ils faisaient de leurs pouvoirs et de leurs connaissances… je ne m’aimais pas, moi l’enfant humaine qui détestait sa propre espèce… et puis un jour j’ai rencontré un orphelin et ce que j’ai vu à travers ses yeux… Non, tous les Hommes n’étaient pas mauvais. Alors j’ai décidé d’essayer. Je voulais accorder une chance aux autres, je voulais que l’on me prouve que j’avais tort. Et on me l’a prouvé. Iria a été la première. Et grâce à elle j’ai enfin pu trouver ma place. Elle m’a donnée une chose qui m’était inconnue jusque là : l’espoir. Cet espoir qui a grandi en moi, qui m’a permis de surmonter la mort de mon père ainsi que d’accepter mon statut de princesse. Cet espoir, je voulais qu’il nourrisse mon amour de la vie, de cette merveilleuse combinaison qui avait engendrée une forme d’existence absolument incroyable. J’ai eu foi en l’Homme, foi en sa raison et en son cœur pour apaiser cette folie destructrice qui menaçait de tout anéantir… j’y ai cru autant que je l’ai pu… mais en voyant les attentats se démultiplier… en voyant tous les problèmes que les opposants à la paix causaient et l’apathie de la plupart des pacifistes… j’ai fini par renoncer… sans jamais vouloir me l’avouer… alors je me suis affaiblie, j’ai senti mon corps se fatiguer, m’exprimant ce que je me refusait à entendre… ça a duré ainsi jusqu’à ce que Onze décide d’accélérer les choses…

La jeune fille se tut un instant, prenant le temps d’apprécier les yeux nuits qui la fixaient avec franchise. Heero l’écoutait comme s’il connaissait déjà tout ça. Mais dans le fond elle n’en était pas étonnée. Il avait toujours su voir en elle mieux que quiconque.

-Heero c’est toi qui le premier a su me redonner l’espoir… comment aurais-je pu rester insensible à ton appel, toi l’enfant-soldat qui avait su reconnaître l’humanité qui brûlait en lui… je me retrouvais tellement à travers toi… alors j’ai décidé de rester écouter ce que tu avais à me dire. Parce que c’était toi. Et je n’ai jamais eu à le regretter.

Le pilote aux yeux brillants d’émotions, tellement loin du soldat d’autrefois, esquissa un sourire empli d’affection, se refusant à parler pour ne pas la couper. Le visage de la princesse se teinta de douceur et il sentit à travers ses doigts fébriles les pulsations de son cœur accéléré.

-Grâce à toi, aux autres pilotes, à Inès et aux Maganac, j’avais retrouvé l’envie de vivre… mais après ce qu’il s’est passé entre nous… la guerre… j’ai cru te perdre… et de te retrouver, d’avoir cette deuxième chance, ce don du ciel m’a fait comprendre quelle était vraiment ma place… j’ai retrouvé quelque chose d’essentiel ce soir, j’ai retrouvé l’envie d’y croire. Je veux encore croire en l’Homme.

Le jeune homme se laissa alors basculer sur le dos, libérant ainsi le bras de son côté valide. Il éleva alors sa main qui saisit doucement le visage aux contours fins de la princesse. Et le plus beau des sourires éclaira son visage.

-Je suis fier de toi.

Les yeux de Relena s’agrandirent de surprise autant pour sa phrase que pour la beauté de son visage que lui donnait ce sourire incroyable. Mais l’étonnement céda bientôt sa place à un bonheur envahissant qui s’exprima sous la forme d’un regard empli d’un amour sans commune limite.

La jeune fille répondit alors à l’appel de cette paume chaude contre sa peau frémissante d’envie et se pencha au-dessus du pilote déployant ses bras de chaque côté de son corps étendu. Ils se figèrent un instant, savourant ce temps qui leur avait pendant si longtemps fait défaut. Heero fit alors glisser sa main dans sa chevelure douce et odorante, et la princesse s’abaissa vers lui jusqu'à prendre possession de ses lèvres qui s’offraient à elle. Leur baiser se fit plus passionné et alors que la main du pilote se perdait le long de son dos légèrement cambré, leurs respirations s’accélérèrent.

Relena le sentit soudain se crisper et rompit immédiatement le contact pour voir ses traits se contracter sous l’effet de la douleur. S’étant relevé trop brusquement, son épaule convalescente ne put la soutenir et céda. Et elle eut juste le temps de basculer sur le côté avant de s’effondrer à son tour.

Le souffle court, ils furent condamnés au silence pendant plusieurs secondes.

-Est-ce… est-ce que ça va ? expira alors Heero.

La princesse fut contrainte d’attendre encore un peu avant de répondre.

-Oui… et toi ?

-Affirmatif, soupira le concerné, reprenant volontairement le contrôle de son cœur.

Le silence fut de nouveau de rigueur jusqu’à ce que leurs corps trop sollicités leur donne le droit de s’exprimer.

Un petit rire secoua alors la jeune fille, et le pilote, à présent apaisé put se tourner vers elle pour rencontrer son visage crispé d’un élan d’hilarité contenue.

-C’était tes côtes n’est ce pas ? articula-t-elle avec peine.

Le pilote cilla à l’affirmative avant de lui retourner la constatation.

-Et c’était ton épaule.

-Et bien et bien, reprit-elle dans un sourire, nous sommes totalement impuissant face à la volonté de nos corps convalescent.

-On dirait bien, oui, répliqua Heero, lui aussi amusé par le caractère pour le moins atypique de leur situation.

-Nous devrions dormir, inspira alors profondément la jeune fille, se forçant à se calmer. Tu as encore besoin de repos.

Le jeune homme ne répondit rien, mais elle vit à son regard qu’il obtempérait néanmoins.

-Tu as peut être une capacité de rétablissement absolument incroyable, fit-elle en se rapprochant pour l’enlacer avec précaution, mais tu restes un homme et il est hors de question que tu en fasses trop. Tu m’as baratiné avec ça Heero alors cette fois tu n’y échapperas pas, le taquina-t-elle dans un clin d’œil juste avant qu’il ne repose sa tête contre sa poitrine.

-Mon dieu… Duo est passé par-là… soupira-t-il alors qu’elle le sentait se détendre totalement.

-Rassures-toi, je n’ai pas encore atteint son niveau, tu peux dormir tranquille, sourit-elle une dernière fois alors qu’elle caressait doucement sa chevelure hirsute qu’elle lui aimait tant.

Un imperceptible basculement de tête et la masse plus importante d’un poids inerte indiqua à la jeune fille qu’il s’était endormi. Heero était encore épuisé pour sombrer aussi facilement…

La princesse le resserra un peu plus assurant sa prise et ferma à son tour les yeux, se laissant bercer par le crépitement du feu qui eut bientôt raison d’elle.

 

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[1] : Valdaora existe vraiment, c’est du côté Italien des Alpes tout près de l’Autriche. Dans les Dolomites. C’est très bô ^^ Et pour Hespèros, ce nom provient d’une étoile.

 

[2] : A la fin de la série TV, Millardo est considéré comme mort, il a même une tombe à son nom aux côtés de Treize… en gros ici… bin il fait une énorme révélation ^^

[3] : Je l’ai pas inventé le toutounet ^^ En fait on le retrouve dans l’ending de la série TV… bien sûr il est pratiquement toujours coupé donc bon, je ne suis pas sûre que vous ayez eu connaissance de ce gros chien blanc.

 

[4] : Ça ça réfère à l’oav. Heero et Wufei se battent en duel dans l’espace car Heero veut descendre sur Terre pour tenter de sauver Relena et Wufei, qui ne croit pas en la princesse, s’y oppose… il ne l’aimait pas vraiment à cette époque je crois ^^

 

[5] : Je ne sais pas si vous vous souvenez, mais c’est le moment où grosso modo il lui dit : « Si tu veux passer tu devras me tuer » Euh…chap 4 il me semble ^^

 

Temps écoulé : Deux jours si l’on se réfère au cycle de la Terre et si on se réfère aux heures…tout juste 24 ^^

 

Note du Petit Oiseau au Long Bec : Et voilà… j’avais pourtant dis que j’essayerais de rester sage… mais rien à faire, je vous ai encore pondu un pavé de 29 pages… A croire que c’est plus fort que moi ^_^ L’essentiel c’est que vous n’ayez pas trouvé ça languissant parce qu’à écrire…  vu qu’il n’y a pratiquement que des persos qui blablatent… bin pas facile pour kiwi qui n’est pas une pro des dialogues. Et par dessus le marché j’ai fait un petit rappel chronologique, j’ai pensé que ça n’allait pas faire de mal… au moins pour moi car j’en avais rudement besoin ^^  Enfin ceux qui se languissaient de Heero/Relena ont été servis je pense… Bon bin… j’y retourne ( bientôt fini, z’inquiètez pas ^^ ).

 

Chapitre Commencé le 02/03/2004, Terminé le 13/04/2004

 



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